DÉLINQUANTS ET ULTRA-RICHES, comment ils ont fait élire Macron
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00:00:00Xavier Niel ne m'a jamais même pas payé un café.
00:00:04Il a utilisé ma bouche, mes seins, mon vagin, mon cul, mon corps, mon intelligence.
00:00:13Il m'a possédé, Xavier Niel, corps et âme.
00:00:17Et puis il fallait fermer ma gueule aussi.
00:00:21Toutes les chaînes de télévision se méfient de l'investigation.
00:00:24Dans les groupes privés, comme celui de Vincent Bolloré, on l'a tué depuis longtemps.
00:00:28Dans l'audiovisuel public, on réfléchit à deux fois avant d'égratigner l'exécutif.
00:00:32Aujourd'hui, pour mettre en lumière cette domestication des médias, on est obligé de faire appel à vous.
00:00:37Quelques mois après l'élection de François Hollande, tous les dimanche soir vers 20h,
00:01:00un balai de taxis s'arrête devant l'Elysée.
00:01:04Dans le plus grand secret, des sondeurs et communicants stars de la place de Paris
00:01:09ont rendez-vous au cœur du palais présidentiel.
00:01:13Pour conseiller le président ? Pas vraiment.
00:01:18Ce beau monde a répondu à l'invitation secrète de son conseiller en charge de l'économie
00:01:23devenu secrétaire général adjoint de l'Elysée.
00:01:26Un jeune techno à l'ambition dévorante, Emmanuel Macron.
00:01:34Tous les dimanche soir, dans l'aile est du palais,
00:01:38lui et Brigitte échangent à bâton rompu avec leurs discrets visiteurs.
00:01:45Ismaël Emelien, étoile montante du géant mondial Havas, l'agence de com' de Vincent Bolloré.
00:01:54Franck Louvrier, ex-dire-com' de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, devenu pilier de Publicis.
00:02:01Un autre géant de la com'.
00:02:06Philippe Granjon, ex-dire-com' du cabinet de conseil Capgemini.
00:02:13Et Brice Tinturier, patron de l'institut de sondage Ipsos.
00:02:22Pour le journaliste Mark Endeveld, Macron pensait dès cette époque à sa propre carrière politique.
00:02:31Dès 2013, il organisait des réunions avec des communicants ou des patrons, des grands patrons,
00:02:37à l'Elysée même, dans le dos de François Hollande,
00:02:40pour préparer justement son ambition politique future.
00:02:44Et même si ce n'était pas dit aussi clairement,
00:02:48déjà, dans sa tête, il visait la présidence de la République, et peut-être dès 2017.
00:02:54Selon ce conseiller de l'Elysée qui a eu vent de ses discrètes réunions,
00:02:58Macron pressentait dès 2013 que Hollande ne brillerait pas forcément un second mandat.
00:03:05Macron fait assez vite, finalement il a eu raison,
00:03:10le constat que François Hollande ne pourrait pas se présenter.
00:03:14Son problème, ce n'est pas sa comparaison à la gauche.
00:03:17Bon, ce qui peut être meilleur que Val, c'est que Hollande ne pourra peut-être pas se représenter.
00:03:21Mais son problème, c'est comment et quelle est la différence entre lui et Alain Juppé.
00:03:26C'est plus ça.
00:03:28À l'époque, en effet, c'est plutôt cet ex-premier ministre de Jacques Chirac, 71 ans,
00:03:34que les milliardaires de la presse tentent de vendre à l'opinion.
00:03:43À 36 ans, l'ex-banquier d'affaires Macron est lui, inconnu des Français.
00:03:48Et il le sait, pour gagner une élection, il va avoir besoin de la presse.
00:03:53Alors, pour booster sa carrière politique, il va draguer les milliardaires de médias.
00:03:59Martin Bouygues, magnat du BTP et de la téléphonie, qui règne sur l'empire TF1,
00:04:04dont le 20h est suivi tous les soirs par 6 millions de Français.
00:04:08Arnaud Lagardère, industriel de l'armement et roi de la presse people,
00:04:12qui fait la pluie et le beau temps sur Paris Match, le JDD et Europe 1.
00:04:17Bernard Arnaud, l'empereur du luxe, qui contrôle la presse économique,
00:04:21les échos, Challenges, et qui s'apprête à rafler le Parisien.
00:04:28Son gendre, Xavier Aignel, ex-roi des mini-telroses et fondateur de Free,
00:04:32qui contrôle Le Groupe Le Monde et bientôt le Nouvel Obs.
00:04:39Patrick Grailly, le champion de l'exil fiscal, qui s'apprête à rafler les échos,
00:04:43SFR, Libération, L'Express, et bientôt BFM TV.
00:04:48Et enfin, Vincent Bolloré, qui monte alors discrètement au capital de Vivendi
00:04:52pour éradiquer l'esprit canal.
00:04:58Une main basse sur l'information, documentée par ce co-fondateur de Mediapart.
00:05:03Des milliardaires qui ont pour particularité de ne pas avoir la presse pour métier,
00:05:07donc des milliardaires qui viennent de l'armement, du luxe, de la téléphonie,
00:05:13viennent, non pas dans des logiques industrielles, mais dans des logiques d'influence,
00:05:19croquer les journaux, les médias, les uns après les autres.
00:05:23Et dans un contexte où les journaux écrits se vendent mal,
00:05:26les actionnaires qui les renflouent régulièrement sont tout puissants.
00:05:30Le poids et l'influence des actionnaires, avec la crise économique qu'on connaît dans les médias,
00:05:35est de plus en plus prépondérante sur la ligne éditoriale des différentes rédactions.
00:05:39Contrairement à François Hollande, qui a toujours essayé d'avoir des relations
00:05:43entre les médias et les actionnaires, il n'y a pas eu d'influence.
00:05:46Il n'y a pas eu d'influence.
00:05:49Contrairement à François Hollande, qui a toujours essayé d'avoir des relations
00:05:53avec les journalistes politiques, parce que c'est comme ça que,
00:05:55en tant que premier secrétaire du Parti Socialiste, François Hollande a clientélisé
00:05:59une sympathie auprès des journalistes politiques, notamment d'une manière générationnelle,
00:06:03Emmanuel Macron a toujours essayé de privilégier ses relations avec les actionnaires de médias,
00:06:08parce que pour lui, c'est là où la décision est prise,
00:06:11tellement il méprise le journalisme et les journalistes politiques.
00:06:16Et de fait, avec Brigitte, dès l'époque où Emmanuel était banquier auprès de David de Rothschild,
00:06:21ils avaient déjà bien réseauté auprès des propriétaires de médias.
00:06:37Dès 2008, l'épouse d'Emmanuel, Brigitte, va réussir une belle prouesse,
00:06:43se rapprocher de Bernard Arnault, patron d'LVMH et homme le plus riche de France,
00:06:48qui règne sur la presse économique.
00:06:53Prof au très sélect lycée Saint-Louis-de-Gonzague dans le 16e arrondissement parisien,
00:06:59elle l'avait rencontrée quand elle enseignait le français à ses fils, Jean et Frédéric.
00:07:05L'empereur du luxe apprend alors à apprécier Emmanuel Macron,
00:07:09comme il le confiera en 2012 à un collaborateur.
00:07:12Hollande ne connaît pas l'entreprise.
00:07:14Je connais un jeune homme très bien dans son équipe, Emmanuel Macron.
00:07:18Il faut l'aider.
00:07:23Après avoir mis Bernard Arnault dans sa poche,
00:07:25le banquier d'affaires Macron va séduire son gendre, Xavier Aignel.
00:07:29Pape du Minitel rose et fondateur de Free,
00:07:32il était tombé sous le charme d'Emmanuel dès 2010,
00:07:35lors des négociations pour racheter le très prestigieux Groupe Le Monde.
00:07:42Je découvre un banquier super cool,
00:07:44intelligent, bonne dynamique, bonne pêche, vachement sympa.
00:07:47Des dents longues, ce qui est une qualité.
00:07:49Il chope mes mots, mes postures.
00:07:51Il a le don de s'adapter avec son interlocuteur.
00:07:58Chez les Macron, cité Falguière dans le 15e arrondissement parisien,
00:08:02Xavier Aignel et sa femme Delphine Arnault, la fille de Bernard,
00:08:05sont désormais régulièrement invités à dîner en terrasse avec Emmanuel et Brigitte.
00:08:13Pour ce cofondateur de Mediapart,
00:08:16c'est lors de ses années comme banquier chez Rothschild & Co
00:08:19que Macron avait pris l'habitude de se mettre au service
00:08:22de la grande bourgeoisie d'affaires.
00:08:28Macron vit bel et bien dans l'univers des ultra-riches.
00:08:33C'est son monde, c'est-à-dire les grosses affaires, les gros deals.
00:08:38Donc il connaît ce monde-là et il l'a connu en tant que banquier d'affaires
00:08:42et puis il l'a connu ensuite comme, je dirais, gestionnaire de politique publique
00:08:48en tant que secrétaire général adjoint de l'Élysée et de ministre de l'Économie et des Finances.
00:08:55Et depuis le secrétariat général de l'Élysée à partir de 2012,
00:08:59Emmanuel Macron va se rapprocher d'un troisième milliardaire des médias,
00:09:03le fils héritier Arnault Lagardère.
00:09:08Lui, il fait la pluie et le beau temps sur le journal du dimanche européen
00:09:13et surtout sur le très influent Hebdo People Paris Match
00:09:17qui assure la com' des politiques depuis 75 ans.
00:09:24Tous les présidents ont utilisé la presse People parce que
00:09:27la cinquième République est un régime People.
00:09:29C'est un régime qui est fondé sur l'incarnation du pouvoir.
00:09:32Et on n'arrive pas seul, on arrive avec un époux, une épouse, une famille
00:09:36et il faut l'avoir montré, l'avoir représenté.
00:09:39Et Paris Match, toute l'histoire de Paris Match, c'est ça.
00:09:41C'est créé en 49 et ça accompagne le mouvement vers la peoplelisation du pouvoir.
00:09:46Et ça, Macron l'a bien compris.
00:09:50Alors en 2013, depuis le cœur de l'État,
00:09:53il va contribuer à arranger les affaires du proprio de Paris Match, Arnault Lagardère,
00:09:57en facilitant la revente de ses actions EADS,
00:10:01un géant franco-allemand de l'armement et de l'aviation civile.
00:10:07À la clé, une énorme plus-value, 1,8 milliard d'euros.
00:10:15Et grâce à Jérôme Cahuzac, alors ministre du budget,
00:10:18Lagardère ne paiera pas 700 millions d'impôts sur cette plus-value comme il l'aurait dû,
00:10:22mais à peine 70 millions.
00:10:25Un cadeau de l'État à Lagardère, selon cette journaliste de Mediapart.
00:10:32Il n'y a pas de petit profit.
00:10:35Merci Cahuzac, Hollande et Macron.
00:10:41Et après Arnault, Niel et Lagardère,
00:10:44Macron va s'attirer les bonnes grâces d'un quatrième milliardaire des médias,
00:10:48Patrick Drahi, le patron de Numéricable.
00:10:53En 2013, avec son banquier fétiche Bernard Mourad,
00:10:56il rêve d'acheter SFR, troisième opérateur téléphonique français.
00:11:02Problème, Martin Bouygues, le roi du BTP et des télécoms, est aussi sur les rangs.
00:11:08Surtout, Drahi traîne une réputation épouvantable d'exilé fiscal,
00:11:12au point d'exaspérer le ministre de l'économie de l'époque, Arnault Montebourg.
00:11:19Nous ce que nous pensons, c'est d'abord qu'il y a un problème fiscal,
00:11:22puisque Numéricable a une holding au Luxembourg,
00:11:25son entreprise est cotée à la Bourse d'Amsterdam,
00:11:28sa participation personnelle est à Guernesey,
00:11:30dans un paradis fiscal de Sa Majesté la Reine d'Angleterre,
00:11:34et que par ailleurs lui-même est résident en Suisse.
00:11:37Malgré ce gros coup de gueule, dans les jours qui suivent,
00:11:40Hollande et Macron valident leur achat de SFR par Patrick Drahi.
00:11:47Nous allons créer ici un champion national, un champion européen,
00:11:51en associant deux entreprises magnifiques,
00:11:54aux parcours différents mais très complémentaires.
00:11:57Si Drahi a coiffé Bouygues au poteau avec SFR,
00:12:00c'est notamment parce qu'Emmanuel Macron avait abreuvé Hollande de notes en sa faveur.
00:12:06Mais pourquoi l'avoir favorisé ?
00:12:08En 2018, le banquier fétiche de Drahi évoquera sur France Inter,
00:12:12l'origine de son lien privilégié avec Macron.
00:12:16Il avait failli l'embaucher en 2008, dans la banque d'affaires Morgan Stanley.
00:12:21Morgan Stanley, vous en parliez, vous avez fait quelques années dans cette banque d'affaires
00:12:25et vous avez reçu un jour un jeune énarque pour un entretien d'embauche.
00:12:30Il s'appelait ?
00:12:32Emmanuel Macron.
00:12:33On était en 2008 ?
00:12:34Oui.
00:12:35On a très peu parlé de banque d'affaires, on a beaucoup parlé de littérature,
00:12:38et notre amitié s'est liée là.
00:12:40On a passé une heure et demie ensemble.
00:12:46Pour ce sociologue qui vient de publier un ouvrage remarqué sur Macron,
00:12:50ce dernier aimait dès cette époque jouer les lobbyistes du privé.
00:12:56Très tôt, il est le relais des grands intérêts économiques et financiers auprès de François Hollande.
00:13:06Tout de suite même, c'est sa fonction même, on pourrait dire.
00:13:09Ça lui permet d'essayer de se faire connaître, de rendre des services,
00:13:16et puis évidemment, il sait que ça lui sera rendu.
00:13:22Selon Arnaud Montebourg, cette politique pro-patron,
00:13:25qui ira jusqu'à accorder 110 milliards d'euros de cadeaux fiscaux aux entreprises en 6 ans,
00:13:30le tout à la grande joie des actionnaires des médias,
00:13:33était directement inspirée par Emmanuel Macron.
00:13:39C'est pour ça qu'Hollande l'avait embauché, il l'avait embauché pour me bordurer.
00:13:44Tout simplement.
00:13:46Ce qu'il a fait d'ailleurs avec talent.
00:13:48Vous avez affaire à des gens qui considèrent que le libre exercice du marché
00:13:53est meilleur que l'intervention de l'État.
00:13:56C'est ce qu'on appelle des libéraux mondialisés.
00:14:00C'est ce qu'est Macron, ce qu'était finalement Hollande.
00:14:02Finalement, il faisait semblant, mais il était d'accord.
00:14:05Il lui a donné raison, finalement.
00:14:07Je dis, il l'a nommé à ma place.
00:14:09C'est pour faire ça.
00:14:10Et il l'a fait.
00:14:12Et le 27 août 2014 à Bercy,
00:14:15quand Arnaud Montebourg est remplacé par Emmanuel Macron,
00:14:18les Français découvrent pour la première fois ce collaborateur de l'ombre si influent et si libéral.
00:14:29Nous n'avons pas toujours eu les mêmes sensibilités.
00:14:31Nous avons souvent eu des débats.
00:14:33Et ils sont largement commentés.
00:14:36Nous n'avons pas toujours eu les mêmes orientations.
00:14:39Mais je crois pouvoir dire qu'au fond,
00:14:42nous sommes deux hommes de conviction qui appartenons à la même famille.
00:14:48Montebourg, lui, est un peu moins enthousiaste.
00:14:53Si j'avais à faire une phrase de fin,
00:14:55je dirais qu'il faut savoir quitter la scène
00:14:58quand on ne sait pas jouer plus longtemps la comédie.
00:15:01Ce jour-là, sous les flashes,
00:15:03Macron semble un peu ailleurs.
00:15:05Sa carrière politique est lancée, certes,
00:15:08mais il a un problème.
00:15:10L'âge de son épouse, Brigitte,
00:15:12à 61 ans, elle pourrait être sa mère.
00:15:34Emmanuel et Brigitte se sont rencontrés à Ramiens
00:15:37quand il était en troisième au Collège de la Providence.
00:15:42Mariée et mère de trois enfants,
00:15:44elle est sa professeure de théâtre.
00:15:56À 38 ans, entre deux répétitions,
00:15:58elle va tomber sous le charme de son élève.
00:16:02Alors qu'Emmanuel est ici dans le rôle d'un épouvantail
00:16:05de 14 ans,
00:16:06elle va entamer avec lui une relation amoureuse.
00:16:13Problème, une personne ayant autorité comme un professeur
00:16:17n'a pas le droit d'entamer une relation intime
00:16:20avec un élève de moins de 18 ans.
00:16:23En France, c'est une infraction pénale.
00:16:31Spécialiste de la pédocriminalité,
00:16:33la journaliste Laurence Benneux s'étonne de la mensuétude
00:16:36dont a longtemps bénéficié Brigitte Macron dans cette affaire.
00:16:44Brigitte Macron aurait pu être poursuivie à l'époque ?
00:16:47Elle aurait dû.
00:16:48C'est pas qu'elle aurait pu,
00:16:49c'est qu'elle aurait dû être poursuivie en justice.
00:16:52Et s'il y avait un rapport sexuel,
00:16:54elle aurait dû être poursuivie pour viol.
00:16:57S'il y avait pénétration.
00:16:59Parce que ça va dans les deux sens.
00:17:02Parce qu'il n'y a pas de consentement avant 18 ans pour un élève.
00:17:05Voilà.
00:17:06Et qu'elle avait autorité sur lui.
00:17:08Donc quand on dit que ce n'était pas 14 ans, c'était 15 ans,
00:17:10on s'en fout, ce n'était pas 14 ans ni 15 ans,
00:17:12c'est 18 ans.
00:17:13D'accord ?
00:17:14Après avoir fait scandale dans les familles
00:17:16Auzière et Macron,
00:17:18l'infraction commise par Brigitte dans les années 90,
00:17:21avoir séduit un collégien de 14 ans
00:17:23quand elle en avait 38,
00:17:25risque de faire scandale dans la presse.
00:17:28Et quand Emmanuel est nommé à Bercy en 2014,
00:17:31c'est bizarrement une version édulcorée de leur histoire
00:17:34qui va être relayée dans les médias.
00:17:40Du très respecté journal Le Monde,
00:17:42propriété de Xavier Niel,
00:17:45jusqu'à Closer et la presse People,
00:17:47on retrouve des éléments de langage identiques.
00:17:52À l'âge de 17 ans, il est tombé amoureux de Brigitte,
00:17:55de 20 ans son aîné.
00:17:57Emmanuel Macron s'est marié avec Brigitte Tronieux,
00:18:00de 20 ans son aîné.
00:18:02De 20 ans son aîné ?
00:18:04Plutôt 25 ans.
00:18:06Et en cette rentrée 2014,
00:18:08les médias mainstream vont populariser
00:18:10un autre petit mensonge.
00:18:12« Celle qui tient fermement sa main n'est autre
00:18:14que la prof de français qu'il a eue
00:18:16lorsqu'il était en première au lycée Henri IV. »
00:18:19Ils se sont rencontrés alors qu'elle était
00:18:21sa professeure de français en première
00:18:23au lycée Henri IV.
00:18:25En première au lycée Henri IV ?
00:18:27Bah, c'était en fait en troisième
00:18:29au collège de la Providence d'Amiens
00:18:31que le coup de foudre est survenu.
00:18:34Pour cet ancien directeur des programmes
00:18:36de France Télévisions, qui avait épluché
00:18:38la presse de l'époque pour un livre-enquête,
00:18:40ces légendes urbaines de nature à protéger Macron
00:18:43auraient été disséminées auprès des journalistes
00:18:45par l'agence Avas
00:18:47d'un certain Vincent Bolloré.
00:18:49Vous vous souvenez ?
00:18:51Celle pour laquelle travaillait Ismaël Emelien,
00:18:53le brillant trentenaire qui coachait discrètement
00:18:55Macron à l'Élysée, dès 2013.
00:19:03« Si on invente cette légende,
00:19:05s'il y a des communicants, quand c'est le métier
00:19:07et donc je sais qu'ils appartiennent
00:19:09au groupe Avas, c'est pas par hasard,
00:19:11c'est parce qu'il faut construire un personnage.
00:19:13C'est-à-dire que dès 2014,
00:19:15il y a l'idée que ce garçon
00:19:17va certainement jouer un rôle
00:19:19assez important dans la vie politique française.
00:19:21Pour qu'on monte un truc pareil,
00:19:23avec des bobards pareils, avec une écriture,
00:19:25une pseudo-biographie inventée,
00:19:27on n'a jamais fait ça pour personne.
00:19:29Donc c'est quand même étonnant. »
00:19:33Étonnant mais efficace.
00:19:35Et une fois devenu président,
00:19:37Macron va à nouveau noyer le poisson
00:19:39face à une personne en situation de handicap
00:19:41sur France 2.
00:19:43« Allez-y, Adrien.
00:19:47Non, vas-y, Adrien.
00:19:49Tu veux préférer que je la lise ?
00:19:51Oui, un peu, c'est mieux.
00:20:01Je la lis pour tout le monde ?
00:20:05Non, toi, pas contraint.
00:20:07Il est le président, il doit montrer l'exemple
00:20:09et ne pas se marier avec sa prof.
00:20:15Quand t'es amoureux, tu choisis pas ?
00:20:17C'est pas bien, tu crois ?
00:20:19C'est pas facile.
00:20:21Elle n'a pas été vraiment ma prof,
00:20:23elle était ma prof de théâtre.
00:20:25Ça compte pas pareil.
00:20:27D'accord.
00:20:29Le malin !
00:20:31Le malin !
00:20:33Mais arrête de me craquer
00:20:35mes photos de fuite !
00:20:41C'est vrai ?
00:20:43Donc,
00:20:45c'est pas comme la prof de maths
00:20:47où j'essaie de négocier.
00:20:53Une fois le scandale pédophilie habilement déminé,
00:20:55reste un second souci.
00:20:57Sept mois après sa nomination
00:20:59à Bercy,
00:21:01France 2 s'amuse à tester sa notoriété
00:21:03dans le Nord-Pas-de-Calais.
00:21:05Est-ce que vous savez de qui il s'agit ?
00:21:07C'est le ministre de je sais plus quoi.
00:21:09Est-ce que vous savez de qui il s'agit ?
00:21:11Alors là, je sais pas, désolé.
00:21:13Vous savez de qui il s'agit ou quoi ?
00:21:15Non ?
00:21:17C'est une merde.
00:21:19Bah oui, Premier ministre.
00:21:21Non ?
00:21:23Je ne sais plus.
00:21:25Alors, pour populariser
00:21:27Emmanuel Macron auprès des Français,
00:21:29les milliardaires des médias vont lui
00:21:31concocter une campagne de presse.
00:21:33Aux petits oignons.
00:21:41Pendant des mois,
00:21:43nous avons retrouvé,
00:21:45épluché, analysé
00:21:47des centaines d'articles ou de sondages
00:21:49ayant évoqué Emmanuel Macron
00:21:51depuis 2014.
00:21:53Dès sa nomination à Bercy cet été-là,
00:21:55des milliardaires avaient tout fait
00:21:57pour le promouvoir.
00:21:59Paris Match d'Arnaud Lagardère
00:22:01lui avait consacré 5 des 9 photos
00:22:03du remaniement.
00:22:05Chez Xavier Aignel,
00:22:07c'est l'homme de la situation.
00:22:09Et même la bombe Macron
00:22:11pour l'Express.
00:22:13Et très vite,
00:22:15c'est la Macronania.
00:22:17Il est le renouveau,
00:22:19le moderne,
00:22:21l'iconoclaste.
00:22:23Voir carrément un zéphyr
00:22:25de nouveautés.
00:22:27Son parcours dans les médias
00:22:29n'est pas seulement
00:22:31de l'art,
00:22:33son parcours
00:22:35d'apparatchik de la cinquième,
00:22:37Henri IV, Sciences Po, l'ENA,
00:22:39oublié.
00:22:41Ses 3 millions d'euros gagnés
00:22:43dans la banque d'affaires Rothschild & Co,
00:22:45peu évoqués.
00:22:47Alors pourquoi autant d'articles ?
00:22:49C'est pas pour vendre du papier.
00:22:51Parce qu'après on a dit
00:22:53qu'il faisait ça pour vendre du papier.
00:22:55C'est pas vrai du tout,
00:22:57il est rigoureusement inconnu.
00:22:59Donc c'est une campagne organisée.
00:23:01Il y a eu une étape assez énorme
00:23:03entre l'exposition médiatique
00:23:05d'Emmanuel Macron d'une part,
00:23:07en pourcentage,
00:23:09et le pourcentage de gens
00:23:11que le sujet Emmanuel Macron
00:23:13intéressait sur les réseaux sociaux.
00:23:15Donc on pouvait constater
00:23:17qu'il y avait une surexposition
00:23:19médiatique d'Emmanuel Macron
00:23:21par rapport à l'intérêt qu'il suscitait.
00:23:23Inconnu, Emmanuel Macron serait pourtant
00:23:25déjà ultra populaire.
00:23:27Emmanuel Macron, révélation politique
00:23:29Il est populaire,
00:23:31parce que transgressif,
00:23:33parce que...
00:23:35Il s'est passé des choses
00:23:37assez étranges sur les sondages.
00:23:39D'une part,
00:23:41il y a un institut de sondage
00:23:43qui s'appelle le DOXA
00:23:45qui a été créé le jour même,
00:23:47ou deux jours avant,
00:23:49qu'il soit nommé ministre.
00:23:51Ce premier institut,
00:23:53il est de notoriété publique,
00:23:55il est soutenu par Bernard Arnault.
00:23:57Bernard Arnault était en train d'acheter.
00:23:59Il se trouve qu'au même moment,
00:24:01les études de notoriété
00:24:03faites par des gens sérieux
00:24:05montraient que la moitié des Français
00:24:07ne savait pas qui était Macron.
00:24:09Donc c'était un peu difficile,
00:24:11les trois quarts,
00:24:13qu'ils soient aussi contents de lui.
00:24:15Il y avait visiblement un trucage.
00:24:17Le sondage était bidon.
00:24:19Et oui, un mois plus tard,
00:24:21avec l'institut IFOP,
00:24:23c'est la douche froide.
00:24:25Tout derrière Manuel Valls
00:24:27est surtout le grand favori de droite
00:24:29Alain Juppé.
00:24:31Alors pour chasser sur les terres
00:24:33de l'ancien maire de Bordeaux,
00:24:35Macron va se mettre à marteler
00:24:37des thèmes de droite.
00:24:39Dès sa première interview
00:24:41de ministre dans Le Point,
00:24:43il s'attaque à la semaine de 35 heures.
00:24:47« Nous pourrions autoriser les entreprises
00:24:49à déroger aux règles du temps de travail. »
00:24:51Un an plus tard,
00:24:53il va en remettre une couche
00:24:55devant les patrons du Medef.
00:24:57« La gauche, je dois le dire,
00:24:59n'est pas exempte de critiques particulières.
00:25:01Elle a pu croire à un moment,
00:25:03il y a longtemps,
00:25:05que la politique se faisait contre
00:25:07les entreprises,
00:25:09ou au moins sans elles,
00:25:11qu'il suffisait de décréter
00:25:13et de légiférer pour que les choses changent,
00:25:15qu'il n'était pas nécessaire
00:25:17de connaître le monde de l'entreprise
00:25:19et de prétendre le régenter,
00:25:21que la France pourrait aller mieux
00:25:23en travaillant moins.
00:25:25C'était des fausses idées. »
00:25:33Quant à l'assurance chômage
00:25:35à qui Macron montre les poings
00:25:37en mode boxeur dans le Chinédé,
00:25:39il faudrait la réformer.
00:25:41Et ce sont tabous.
00:25:43« Je pense que si j'étais chômeur,
00:25:45je n'attendrai pas tout de l'autre.
00:25:47J'essaierai de me battre d'abord. »
00:25:53Ce discours pro-libéral,
00:25:55les milliardaires des médias en raffolent.
00:25:57Pour Xavier Aignan,
00:25:59Macron est un dynamiteur,
00:26:03un rastignac
00:26:05qui bouscule son camp pour réformer la France.
00:26:11Dans Le Parisien,
00:26:13qui vient d'être racheté par Bernard Arnault,
00:26:15les visions de Macron.
00:26:17Ambiance moine copiste.
00:26:23Selon ce livre,
00:26:25à quelques mois de la présidentielle,
00:26:27les Macron étaient devenus
00:26:29très proches de l'homme le plus riche de France.
00:26:31Début 2016,
00:26:33les Macron dînaient chaque semaine
00:26:35aux presques chez Bernard Arnault,
00:26:37propriétaire du LVMH.
00:26:39Fin 2015,
00:26:41l'institut de sondage Odoxa
00:26:43a reçu un rapport.
00:26:45« Emmanuel Macron, qui est l'objet
00:26:47d'un sondage réalisé par
00:26:49Aviva, Odoxa pour
00:26:51BFM Business. Résultat, 43%
00:26:53des Français estiment
00:26:55qu'Emmanuel Macron pourrait faire un bon président de la République. »
00:26:57« C'est comme si
00:26:59vous lancez une nouvelle série télé. Dans un premier
00:27:01temps, les audiences ne sont pas terribles, mais vous mettez
00:27:03beaucoup de moyens. Et finalement,
00:27:05ça se rejoint et les audiences que vous
00:27:07espérez se concrétisent. Mais dans un premier temps,
00:27:09vous avez bien investi. »
00:27:11Et dans cette série télévisée,
00:27:13tout est prétexte à faire
00:27:15un bon épisode. Même
00:27:17la pilosité de Macron fascine désormais
00:27:19les envoyés spéciaux des milliardaires.
00:27:21Mention spéciale
00:27:23à ceux de Bolloré.
00:27:25« Oh ! Comment ça va ?
00:27:27Oh, il est mignon avec sa
00:27:29petite barbe. On dirait un petit abricot.
00:27:31Elle est toute fraîche. Elle est accroquée.
00:27:33Vous savez que la LDA est à deux doigts de bascule.
00:27:35Bonne petite marguerite.
00:27:37– Vous êtes gravement
00:27:39atteint, là. – On est en pleine
00:27:41macromanie. J'ai trouvé une fan de vous.
00:27:43Elle a envie d'une photo.
00:27:45– Vous êtes beau comme ça, votre barbe.
00:27:47– On est tous d'accord.
00:27:49Non mais c'est accroquée !
00:27:51Elle est accroquée !
00:27:53»
00:27:55Chez TV Drahi, Bourdin la joue
00:27:57caustique.
00:27:59« On ne parle que de lui.
00:28:01Il se laisse légèrement pousser la barbe
00:28:03et voilà qu'il fait la une des magazines.
00:28:05Mais qui ? Emmanuel
00:28:07Macron, évidemment.
00:28:09Vous avez vu notre sondage pour
00:28:11MMC ? Quel est l'homme qui a
00:28:13les solutions pour lutter contre le chômage ?
00:28:15Emmanuel Macron,
00:28:17qui arrive en tête largement. Devant Alain Juppé,
00:28:19Marine Le Pen, Manuel Valls.
00:28:21– Eh bien, c'est heureux.
00:28:23Vous voulez que je vous dise, c'est heureux
00:28:25parce que je vais vous étonner ce matin. »
00:28:27Depuis que Macron est passé devant Juppé dans les sondages,
00:28:29chez Drahi,
00:28:31on sort la brosse à reluire.
00:28:33Et avec Brunet, quand ça frotte,
00:28:35ça brille.
00:28:37« Je suis convaincu que
00:28:39Emmanuel Macron est l'avenir de la gauche.
00:28:41Attendez, j'ai pas fini.
00:28:43Je suis convaincu que Emmanuel Macron est
00:28:45l'avenir de la droite.
00:28:47L'avenir de la droite, ça n'est pas Éric Zemmour,
00:28:49c'est Emmanuel Macron. C'est ce regard
00:28:51magnifique qu'il faut porter
00:28:53sur l'économique,
00:28:55le social, transgressif,
00:28:57subversif, la capacité à réformer
00:28:59qui est incarnée par Macron
00:29:01et certainement pas par la droite de la droite
00:29:03depuis quelques temps. Et j'irai plus loin,
00:29:05Macron, il est, il incarne
00:29:07l'avenir de la France. Voilà, bon. »
00:29:11Et l'avenir de la France, Macron y pense.
00:29:13Et pas qu'en se rasant un matin.
00:29:15Début 2016,
00:29:17il crée discrètement une association
00:29:19En Marche.fr.
00:29:21Pour trouver des fonds,
00:29:23il missionne Bernard Mourad,
00:29:25le banquier fétiche de Patrick Drahi.
00:29:27Vous vous souvenez ?
00:29:29C'est lui qui cajolait Macron sur France Inter.
00:29:31C'est juste l'histoire d'une amitié de 10 ans.
00:29:33Vous continuez à l'appeler mon lapin ?
00:29:35Oui, enfin bon, j'ai vu
00:29:37qu'il y avait des gros tits là-dessus.
00:29:39C'est assez anecdotique. Je lui ai demandé
00:29:41au moment où il a été élu si je devais l'appeler
00:29:43monsieur le président plutôt que
00:29:45mon lapin. Bon, je suis
00:29:47un peu méditerranéen. J'ai tendance
00:29:49à avoir une communication assez affectueuse
00:29:51et chaleureuse avec mes amis.
00:29:53Il en fait partie. On n'a pas changé
00:29:55la manière de se parler.
00:29:57Être appelé mon lapin par Bernard Mourad,
00:29:59cela peut servir.
00:30:01Pourquoi ? Parce que
00:30:03depuis 2015, Mourad est
00:30:05le nouveau patron des médias de Drahi.
00:30:07Il règne sur BFM, Libération
00:30:09et L'Express.
00:30:13A deux ans de la présidentielle,
00:30:15il va d'ailleurs reprendre en main le célèbre hebdo-politique.
00:30:21A la clé, 125 licenciements.
00:30:25Séquence émotion devant une caméra de France 2.
00:30:27Sept postes supprimés
00:30:29à la direction des ressources humaines
00:30:31et la paye.
00:30:33C'était il y a trois jours.
00:30:35Un lundi noir dans l'histoire du journal L'Express.
00:30:37Un syndicaliste
00:30:39donne les détails du plan social
00:30:41qui attend les salariés.
00:30:43En tout,
00:30:45125 postes seraient supprimés.
00:30:47Les six postes de la documentation
00:30:49sont supprimés.
00:30:51Voilà.
00:30:53Excusez-moi.
00:30:57Chargé par Drahi
00:30:59de vendre ce plan social,
00:31:01le directeur de rédaction Christophe Barbier.
00:31:03Je pense que ce groupe, il faut le sauver ensemble.
00:31:05L'actionnaire a ses ambitions,
00:31:07il a ses contraintes,
00:31:09il a ses stratégies.
00:31:11Il sera pris à partie par ce syndicaliste
00:31:13dans une séquence devenue culte.
00:31:15... qui se battent pour des moyens.
00:31:17Donc je vais te le dire sénalement, d'accord ?
00:31:19C'est ta dernière chance, je pense,
00:31:21de revenir avec nous et de te battre
00:31:23parce qu'on a besoin de toi.
00:31:25Mais on a besoin de toi avec nous et pas avec Drahi.
00:31:27...
00:31:29...
00:31:31...
00:31:33...
00:31:35...
00:31:37Je ne veux pas que ce groupe
00:31:39passe à une guerre civile
00:31:41avec un camp contre l'autre.
00:31:43Je suis dans une position, je vous l'ai dit, schizophrénique.
00:31:45Je l'assumerai le plus longtemps possible.
00:31:47Il a choisi son camp.
00:31:49Pourquoi ? Parce qu'il voulait sauver sa place.
00:31:51Voilà, il a lâché tout le monde.
00:31:53Il a même collaboré.
00:31:55Et il y avait même un moment,
00:31:57il avait un surnom qui n'était pas plaisant.
00:31:59On l'appelait Klaus.
00:32:01Klaus Barbier, d'accord ? Je vous laisse imaginer.
00:32:03Pourquoi ? Parce qu'il a aidé l'actionnaire
00:32:05à choisir qui il fallait virer,
00:32:07qui il fallait garder.
00:32:09Barbier aidait Drahi à virer les collègues.
00:32:11Pour l'actionnaire, il avait un autre avantage.
00:32:13Il vénérait Macron.
00:32:15Pourquoi Macron plaît ?
00:32:17Par sa jeunesse, par son style,
00:32:19par son brillant, mais aussi par son audace.
00:32:21L'audace de dire que rien n'est écrit
00:32:23et qu'il n'y a pas à respecter les canons
00:32:25de l'ancien temps pour se présenter à la présidentielle.
00:32:27En mars 2016,
00:32:29le duo Barbier-Mourad
00:32:31lance une nouvelle formule
00:32:33de L'Express.
00:32:35Pour la soirée de lancement,
00:32:37Emmanuel et Brigitte sont venues en personne
00:32:39féliciter Christophe et Bernard.
00:32:41Et il y avait de quoi.
00:32:45Près de 14 pages
00:32:47dithyrambiques consacrées
00:32:49aux chouchous de Patrick Drahi.
00:32:51Dans son édito,
00:32:53Barbier appelle même Hollande
00:32:55à renoncer en 2017.
00:33:01En mai 2017,
00:33:03la France n'a pas besoin d'un débat recuit
00:33:05entre Sarkozy et Hollande.
00:33:07Parce qu'il incarne ce mélange d'imagination
00:33:09et de courage qui s'appelle la modernité,
00:33:11Emmanuel Macron est à la une
00:33:13du premier numéro de L'Express.
00:33:15Emmené par Barbier,
00:33:17la rédaction de L'Express
00:33:19pilonne mois après mois.
00:33:21Un président Hollande désormais dans l'ombre.
00:33:23De son flamboyant ministre
00:33:25qui prend toute la lumière.
00:33:29Jacques Tronceau se souvient
00:33:31d'une véritable campagne promotionnelle.
00:33:33Christophe Barbier, lui,
00:33:35son truc, c'est de dire
00:33:37mais moi j'avais les mêmes idées que Macron
00:33:39mais avant Macron, c'est Macron qui m'a copié
00:33:41et c'est pas moi qui ai copié Macron.
00:33:43Donc je n'ai pas aidé à l'élection de Macron
00:33:45puisque globalement j'avais les mêmes idées.
00:33:47Donc c'est Macron qui a gagné grâce à moi.
00:33:49Je caricature.
00:33:51Mais il y a eu
00:33:53un nombre de couvertures
00:33:55sur Macron à l'époque
00:33:57en 2016-2017 qui étaient délirantes.
00:33:59Et une presse qui était
00:34:01très favorable à Macron.
00:34:03Donc la presse drahit particulièrement
00:34:05mais pas uniquement.
00:34:11Et en parallèle de promouvoir
00:34:13Macron dans ses médias,
00:34:15le banquier Bernard Mourad
00:34:17va carrément l'aider
00:34:19à financer sa carrière politique.
00:34:21En avril 2016,
00:34:23depuis Amiens,
00:34:25Macron lance officiellement
00:34:27En Marche.
00:34:29J'ai décidé qu'on allait
00:34:31créer un mouvement politique.
00:34:33Un mouvement politique nouveau.
00:34:35Applaudissements.
00:34:37Applaudissements.
00:34:39Applaudissements.
00:34:41Voilà c'est le nom de ce mouvement,
00:34:43En Marche.
00:34:45Quelques jours après ce lancement,
00:34:47le ministre se déplace à Londres.
00:34:49Dans ses bagages,
00:34:51Bernard Mourad, chargé de convaincre
00:34:53les Français de la City de financer En Marche.
00:34:55Quand la presse révèle
00:34:57ses levées de fonds londoniennes sur fonds publics,
00:34:59un député d'opposition
00:35:01pousse un coup de gueule à l'Assemblée.
00:35:03Nous apprenons par la presse
00:35:05qu'à cette occasion, le ministre de l'économie
00:35:07a parallèlement effectué une levée de fonds
00:35:09pour semble-t-il son micro-parti
00:35:11En Marche.
00:35:13Le premier ministre Manuel Valls
00:35:15monte alors au créneau.
00:35:17Il n'y a eu aucune levée de fonds
00:35:19particulière pour je ne sais
00:35:21quelle association.
00:35:23Quid a recadré son ministre
00:35:25l'air de rien.
00:35:27Ce que je souhaite et ce que nous souhaitons tous
00:35:29et c'est le cas, c'est que les membres
00:35:31du gouvernement soient pleinement
00:35:33et totalement engagés
00:35:35dans leurs tâches.
00:35:37En réalité, Manuel Valls est furieux.
00:35:39Car la veille,
00:35:41Macron avait assimilé ce qui le critiquait
00:35:43à une caste.
00:35:45Ce que je considère comme le symptôme
00:35:47de cette réaction, surtout quand je vois d'où elle émane,
00:35:49c'est de ne pas faire partie
00:35:51de cette caste politique. Je m'en félicite
00:35:53parce que je pense que nos concitoyens sont là
00:35:55de cette caste.
00:35:57Ce cent ans manifestement visé,
00:35:59Valls va prendre à partie son ministre
00:36:01dans un dialogue décrypté
00:36:03depuis par France 3.
00:36:05Pourquoi tu dis ça ?
00:36:07C'est Juppé que je visais.
00:36:09Ben alors dis-le, dis-le.
00:36:11La guerre est désormais
00:36:13ouverte avec le Premier ministre.
00:36:17Mais depuis quelques semaines,
00:36:19Hollande, lui, semble planer.
00:36:21Comme nostalgique du bon vieux temps.
00:36:23Emmanuel Macron,
00:36:25il a été mon conseiller.
00:36:27Même avant que je ne devienne
00:36:29président de la République.
00:36:31Puis ensuite, quand j'ai été élu
00:36:33par les Français.
00:36:35J'en connais le talent et c'est pourquoi
00:36:37j'ai voulu qu'il puisse
00:36:39entrer au gouvernement.
00:36:41Il est à sa tâche.
00:36:43À sa tâche, vraiment ?
00:36:45Les deux journalistes de France 2 n'ont pas l'air d'y croire.
00:36:47Il serait un bon candidat ?
00:36:49Je termine. Il doit être dans l'équipe.
00:36:51Sous mon autorité.
00:36:53Il l'est ?
00:36:55Il est dans l'équipe et il est sous mon autorité.
00:36:57Vous en êtes sûr ?
00:36:59J'en suis sûr parce que c'est,
00:37:01entre nous,
00:37:03non pas simplement une question de hiérarchie.
00:37:05Il sait ce qu'il me doit.
00:37:07C'est une question
00:37:09de loyauté personnelle
00:37:11et politique.
00:37:13Hollande ne mesurait-il pas
00:37:15à quel point Patrick Drahi et Xavier Aignel
00:37:17avaient déjà succombé dans son dos
00:37:19au charme de son ministre ?
00:37:25L'ex numéro 2 de L'Obs
00:37:27se souvient pourtant
00:37:29que ça crevait les yeux.
00:37:31L'Obs a fait 7-1
00:37:33Macron pendant cette année-là.
00:37:35Je ne sais pas si
00:37:37vous vous rendez compte
00:37:39de ce que ça veut dire.
00:37:41Donc,
00:37:43est-il prêt ?
00:37:45Macron le dynamiteur ?
00:37:47C'est du jamais-vu.
00:37:49Pour quelqu'un, en plus,
00:37:51qui avait été brièvement ministre de l'économie
00:37:53et qui était à peu près inconnu
00:37:55de la population française
00:37:57et qui n'avait rien fait d'extraordinaire
00:37:59justifiant une surexposition pareille.
00:38:01Mais il se trouve que L'Obs a fait campagne pour lui.
00:38:03Ils ont eu une éditoriale
00:38:05colossalement en faveur de Macron
00:38:07et les moindres micro-étapes
00:38:09de ce qu'il allait faire
00:38:11de la suite de sa vie politique
00:38:13avaient droit à la une de L'Obs.
00:38:15Une campagne qui va bientôt porter ses fruits,
00:38:17notamment chez Eodoxa,
00:38:19l'institut de sondage financé par Bernard Arnault.
00:38:21C'est le premier renseignement
00:38:23de notre sondage.
00:38:25Une semaine après le lancement de son mouvement En Marche,
00:38:27Emmanuel Macron fait son apparition
00:38:29dans le classement des personnalités
00:38:31que les Français souhaiteraient voir à l'Élysée.
00:38:33Et donc, si je vous donne à manger du Macron tous les jours,
00:38:35j'ai même pas besoin
00:38:37de mettre du contenu,
00:38:39vous allez juste avoir une opinion de plus en plus positive.
00:38:43Cette machine à laver les cerveaux
00:38:45va néanmoins buter sur un nouveau grain de sable
00:38:47de nature à fortement inquiéter
00:38:49Brigitte et Emmanuel.
00:38:51Depuis l'été 2015,
00:38:53une vilaine rumeur
00:38:55court les couloirs du ministère des Finances,
00:38:57de la place Beauvau
00:38:59et bientôt, les dîners en ville.
00:39:05À Bercy,
00:39:07Emmanuel Macron aurait eu une liaison
00:39:09avec l'un des policiers chargés de sa sécurité.
00:39:19En 2019,
00:39:21le journaliste Marc Endeveld
00:39:23évoquait la rumeur en ces termes
00:39:25dans son livre,
00:39:27Le Grand Manipulateur.
00:39:31Macron aurait eu une aventure
00:39:33au cours de l'été 2015
00:39:35avec l'un de ses gardes du corps,
00:39:37issu du service de la protection,
00:39:39SDLP.
00:39:41Un bruit qui court du côté des policiers,
00:39:43des services de renseignement et de la place Beauvau
00:39:45sans qu'aucun fait vienne l'étayer.
00:39:47Homosexuel,
00:39:49Emmanuel Macron ?
00:39:51À deux ans de la présidentielle,
00:39:53il craint que cette rumeur
00:39:55ne torpille son élection.
00:39:57D'autant qu'elle réjouit
00:39:59ses adversaires politiques.
00:40:01Manuel Valls,
00:40:03qui est à couteau tiré
00:40:05avec son ministre dans la perspective de 2017 ?
00:40:07Son entourage se répand sur le thème.
00:40:09Les Français ne diront jamais
00:40:11à un homosexuel à l'Élysée.
00:40:13Nicolas Sarkozy,
00:40:15Nicolas Sarkozy qui rêve
00:40:17de rempiler à la tête de la France ?
00:40:19Dans le point,
00:40:21l'ancien président lâche en avril 2016
00:40:23à propos de Macron.
00:40:25Que voulez-vous que j'en pense ? Il est cynique.
00:40:27Un peu homme, un peu femme, c'est la mode du moment.
00:40:29Androgyne.
00:40:35Androgyne,
00:40:37qui présente certains des caractères sexuels
00:40:39du sexe opposé.
00:40:41Face à ses insinuations,
00:40:43sa mère Françoise Noguez
00:40:45se serait irritée.
00:41:01Si Emmanuel fait le dos rond,
00:41:03Brigitte, elle,
00:41:05accuse le coup.
00:41:11Lors des dîners
00:41:13que le couple organise
00:41:15dans leur logement de fonction
00:41:17à Bercy début 2016,
00:41:19Brigitte ne peut s'empêcher d'aborder la question.
00:41:23Vous savez,
00:41:25on dit qu'Emmanuel est homosexuel,
00:41:27mais c'est totalement faux.
00:41:29Pour venir en aide
00:41:31à Brigitte et savoir s'il existe
00:41:33des photos de Macron en présence d'un homme,
00:41:35Xavier Aigné leur est sondé
00:41:37ses voisins milliardaires des médias
00:41:39dans le 16e arrondissement parisien,
00:41:41comme Vincent Bolloré
00:41:43ou Arnaud Lagardère.
00:41:45Sans résultat.
00:41:51Alors, à la fin de l'été 2016,
00:41:53le propriétaire du Monde invite Brigitte
00:41:55à un goûter dans son hôtel particulier
00:41:57du 16e arrondissement parisien.
00:41:59À huit mois de la présidentielle,
00:42:01il a une amie à lui présenter.
00:42:03Michèle Marchand,
00:42:05dite Mimi, la reine de la presse people.
00:42:09Problème,
00:42:11ni elle ni Mimi qui vont jouer un rôle clé
00:42:13dans l'accession des Macron à l'Élysée
00:42:15ou un passé délinquant
00:42:17plutôt sulfureux.
00:42:21Voici leur histoire.
00:42:39En cet été 2016,
00:42:41cette femme invitée par Xavier Aigné
00:42:43à la prendre le thé avec Brigitte Macron,
00:42:45Michèle Marchand,
00:42:47a eu mille vies.
00:42:49Garagiste dans les années 70,
00:42:51elle prend l'habitude de fréquenter des truands,
00:42:53comme le rappelait récemment
00:42:55complément d'enquête.
00:42:57En 1986,
00:42:59elle va connaître pour la première fois
00:43:01la prison pour des chèques sans provision.
00:43:051988,
00:43:07retour derrière les barreaux
00:43:09pour deux ans cette fois.
00:43:11A sa sortie,
00:43:13elle épouse Maurice,
00:43:15profession braqueur.
00:43:19Avec lui,
00:43:21elle va repasser par la casse-prison.
00:43:23En 1994,
00:43:25Mimi est arrêtée
00:43:27au volant d'une fourgonnette
00:43:29dans le sud de la France,
00:43:31en provenance du Maroc.
00:43:33À bord,
00:43:35500 kg de hachiches.
00:43:41Condamnée pour trafic de stupéfiants,
00:43:43son mari est cop de 6 ans.
00:43:45Elle va passer à peine 2 mois en détention.
00:43:51À sa sortie de prison,
00:43:53Mimi ouvre plusieurs boîtes de nuit à Paris.
00:43:55Très vite, dans ce monde
00:43:57de grands flics, voyous, avocats
00:43:59et célébrités du showbiz,
00:44:01celle que l'on surnomme désormais
00:44:03« Mimi Chazal » tisse sa toile,
00:44:05engrange des infos.
00:44:07Alors qu'en 1996,
00:44:09elle se recycle dans la presse People,
00:44:11les scoops tombent en cascade.
00:44:13Liaison Johnny Depp-Vanessa Paradis,
00:44:15mariage de Vincent Lindon,
00:44:19enfant caché de PPDA
00:44:21et Claire Chazal.
00:44:25Mais Mimi ferait aussi
00:44:27dans le bidonnage,
00:44:29comme cette soi-disant interview exclusive
00:44:31du corps de Lady Di en 1998.
00:44:33En 1998,
00:44:35voici sort l'interview exclusive.
00:44:37Le garde du corps
00:44:39se confie.
00:44:41C'est Dodi qui a décidé qu'Henri Paul
00:44:43conduirait la Mercedes pour quitter le Ritz.
00:44:47Quelle est votre réaction quand vous découvrez cette une ?
00:44:49On s'est immédiatement dit
00:44:51qu'il fallait attaquer Voici,
00:44:53puisque non seulement Trévoris Jaune
00:44:55ne s'était pas venu à Paris depuis un certain temps,
00:44:57mais il n'avait pas accordé cette interview,
00:44:59ni d'ailleurs aucune interview.
00:45:01C'était donc nécessairement
00:45:03une interview fictive.
00:45:05Trois pages d'entretien
00:45:07et des réponses précises.
00:45:09Physiquement,
00:45:11j'ai complètement récupéré,
00:45:13mais j'ai encore quelques petits détails esthétiques à régler.
00:45:17Comme les paparazzi nous suivaient,
00:45:19la princesse a demandé aux chauffeurs
00:45:21de faire attention à eux.
00:45:25Tout était faux.
00:45:27Tout était faux.
00:45:31Viré de Voici suite à cette affaire,
00:45:33Mimi prétend avoir quitté la presse People.
00:45:35C'est ce qu'elle affirmait sur Canal+,
00:45:37en 2002.
00:45:43Ma tari est à la retraite
00:45:45et elle a décidé de partir
00:45:47planter ses tomates
00:45:49en province.
00:45:51En 2009, pour vérifier si Mimi
00:45:53est bien partie planter des tomates,
00:45:55l'analyste de Canal décide de la tester
00:45:57avec un petit scoop vidéo.
00:45:59La chanteuse Jennifer qui s'énerve contre un paparazzi.
00:46:01Le sujet est sensible.
00:46:03Jennifer s'énerve.
00:46:05D'accord, et moi j'ai le droit de ne pas répondre
00:46:07à votre interview de merde.
00:46:09Nous pressentons que cette vidéo
00:46:11peut intéresser Michel Marchand.
00:46:15Oui, je veux voir Michel.
00:46:17Deuxième étage.
00:46:19Oui.
00:46:21Surprise.
00:46:23Mimi n'est pas partie planter des tomates.
00:46:25Elle l'accueille en personne dans son agence.
00:46:27Trois téléphones,
00:46:29un ordinateur.
00:46:31Ma tari n'est pas du tout à la retraite.
00:46:39En caméra cachée,
00:46:41il va capter une séquence rare.
00:46:43Mimi tentant de caser son scoop dans la presse People.
00:46:45C'est du harcèlement, je m'en fous.
00:46:47D'accord, et moi j'ai le droit
00:46:49de ne pas répondre à votre interview de merde.
00:46:53Ça vaut quelque chose, ça.
00:47:03Par peur d'un procès, elle refuse de diffuser
00:47:05ce genre de vidéo sur purepeople.com.
00:47:07Mais en quelques minutes devant nous,
00:47:09elle contacte la plupart
00:47:11des rédactions People de Paris.
00:47:17C'est une photo de Jennifer
00:47:19qui met sur la gueule d'un caméraman à l'aéroport.
00:47:21C'est un truc où tu vins, toi.
00:47:23OK, ma jolie,
00:47:25à bientôt, au plaisir.
00:47:27Même aussi.
00:47:29J'ai pris la photo de VSD,
00:47:31elle m'a dit non, on va pas là-dessus.
00:47:33Closer, je l'ai appelée sans lui donner de détails
00:47:35parce que je la connais bien.
00:47:37Elle m'a dit non, j'irai pas.
00:47:39Puis c'est au tour des magazines choc
00:47:41et entrevues.
00:47:43Je vais t'envoyer ton numéro de portable
00:47:45à un monsieur.
00:47:47Tu vas t'appeler de ma part.
00:47:49Essaye de me rappeler avant 3 jours.
00:47:51Bisous.
00:47:53Mata Hari nous confirme
00:47:55qu'elle travaille pour toute la presse People.
00:47:57On se connait tous.
00:47:59Je m'en rends des sujets à tous les journaux.
00:48:01C'est une boucle aujourd'hui.
00:48:03Pour finir,
00:48:05elle contacte le rédacteur en chef d'Issy Paris
00:48:07et fait l'article de notre vidéo.
00:48:09J'ai vu la vidéo du monsieur,
00:48:11elle tape le caméraman dans l'aéroport.
00:48:13Il va en vouloir un billet de 1 500.
00:48:19Comme si tu dois lui faire une pige
00:48:21parce que tu n'as pas de solution autrement,
00:48:23si tu lui fais la billette de 2 000,
00:48:25il te la laisse à mon avis.
00:48:27Je te baisais.
00:48:29Je suis bonne.
00:48:31Je viens de vous vendre 2 000 euros à Issy Paris.
00:48:35En 2004,
00:48:37pour avoir versé des dizaines de milliers d'euros
00:48:39au culte à des informateurs de voici,
00:48:41Michel Marchand va retourner en prison.
00:48:47Hasard de la vie,
00:48:49à cette période,
00:48:51son avocate Caroline Tommy
00:48:53défend aussi un certain Xavier Aignel,
00:48:5537 ans, déjà roi d'internet.
00:48:57Il est sur le point d'être placé
00:48:59en détention provisoire
00:49:01pour proxénétisme aggravé.
00:49:03Pour comprendre
00:49:05comment l'actuel propriétaire du monde
00:49:07s'est retrouvé en prison à la santé,
00:49:09il faut se replonger dans les années 80.
00:49:15À cette époque
00:49:17où Internet n'existe quasiment pas,
00:49:19France Télécom popularise
00:49:21une petite machine marron
00:49:23sur laquelle les Français accèdent
00:49:25à des informations en ligne,
00:49:27le Minitel.
00:49:29On y retrouve l'annuaire, la météo
00:49:31ou encore des résultats d'examen.
00:49:33Mais aussi,
00:49:35en tapant 3615 sur son Minitel,
00:49:37la possibilité d'échanger par écrit
00:49:39avec des hôtesses érotiques,
00:49:41payées pour vous faire fantasmer à distance,
00:49:43quitte à plomber sa facture téléphonique,
00:49:45comme le racontait Antenne 2 en 86.
00:49:4977 centimes toutes les 45 secondes
00:49:51dont 48 tombent
00:49:53dans l'escarcelle du serveur.
00:49:55Un jackpot.
00:49:57Très vite,
00:49:59le nombre de pubs pour différents opérateurs
00:50:01de Minitel Rose se multiplie à la télé.
00:50:21C'est dans les années 90
00:50:23que Xavier Aignel s'installe
00:50:25avec quelques jeunes animatrices
00:50:27C'est là qu'en quelques mois,
00:50:29il va devenir millionnaire à 24 ans
00:50:31grâce au Minitel Rose.
00:50:4330 ans plus tard à Marseille,
00:50:45on a retrouvé une de ses animatrices de l'époque,
00:50:47Isa.
00:50:51Donc on était dans une salle
00:50:53un peu petite,
00:50:55avec des Minitel partout,
00:50:57des fils de partout,
00:50:59crados un peu.
00:51:03Chaque fille avait plus ou moins
00:51:05deux Minitel,
00:51:07parce qu'on se créait plusieurs personnages.
00:51:11Parmi les collègues d'Isa,
00:51:13cette jeune brésilienne.
00:51:19Retrouvée 30 ans plus tard,
00:51:21elle va nous raconter comment elle excitait des clients
00:51:23en se rendant compte de l'actuel propriétaire du monde.
00:51:27On dit qu'on a tel âge,
00:51:29qu'on est habillé en portière telle,
00:51:31qu'on a un petit décolleté,
00:51:33qu'on fait 90 B,
00:51:35qu'on a de belles fesses,
00:51:37et puis au fur et à mesure,
00:51:39on va introduire une espèce de dialogue
00:51:41qui va créer une espèce d'excitation
00:51:43dans le cerveau de l'homme,
00:51:45enfin du client.
00:51:47Le but de 3615,
00:51:49ce n'est pas d'exciter le mec,
00:51:51c'est de faire gagner de l'argent
00:51:53parce que plus le client reste branché,
00:51:55connecté plutôt,
00:51:57et plus on a de l'argent.
00:51:59Donc le but, c'est ça.
00:52:01C'est du vrai proxénétisme intellectuel.
00:52:07Un business du cul un peu bordeur,
00:52:09dont les affiches incitaient parfois les hommes
00:52:11à frapper les femmes
00:52:13ou les petits garçons à fantasmer sur leur mère.
00:52:21Son passé dans le Minitel rose,
00:52:23l'actuel propriétaire du monde
00:52:25a manifestement du mal à l'assumer.
00:52:27En 2020,
00:52:29il l'évoquait avec pudeur sur LCP.
00:52:33Vous allez développer des centaines de 3615,
00:52:35qu'autres rencontrent, etc.
00:52:37Qu'est-ce qui vous attire
00:52:39dans le business de l'érotisme ?
00:52:41Rien ne nous attire là-dedans.
00:52:43Le sujet, c'est que quand j'ai l'âge de 16 ans,
00:52:45tous les groupes de presse
00:52:47se mettent à vouloir éditer des services Minitel,
00:52:49sauf qu'ils n'ont pas le savoir-faire technologique
00:52:51pour le faire.
00:52:53Vous avez retrouvé des très belles images.
00:52:57Là, vous êtes au maximum
00:52:59de ce qu'on appelle.
00:53:01Vous êtes au top du top.
00:53:05C'est ça, le Minitel rose.
00:53:07Je vous jure, vous avez poussé le truc
00:53:09à des niveaux qu'on ne voyait pas à l'époque.
00:53:13Tous ces groupes de presse voient un moyen
00:53:15de générer et d'obtenir des recettes supplémentaires,
00:53:17sauf qu'ils n'ont pas le savoir-faire technologique
00:53:19pour créer ces choses-là.
00:53:21Vous avez un groupe d'ados
00:53:23dont je fais partie
00:53:25qui vont aller travailler pour tous ces sociétés
00:53:27pour aller créer leurs services Minitel.
00:53:29Sauf que quand j'ai l'âge de 18 ans,
00:53:31plutôt que d'aller travailler au travers d'intermédiaires,
00:53:33je vais faire ça pour mon compte
00:53:35et je commence à faire ça pour mon compte.
00:53:37Mais selon Claudia Tavares,
00:53:39Niel était moins pudique
00:53:41quand il incitait ses employés
00:53:43à travailler sous des pseudos
00:53:4511 ans à défoncer.
00:53:47Jeune fille 11 ans à défoncer.
00:53:49C'est un pseudo ça ?
00:53:51C'est des pseudos, oui.
00:53:53Jeune fille
00:53:55à dépousser l'âge à 13 ans.
00:53:57Petit cul à élargir.
00:53:59Le client est roi.
00:54:01Il faut le garder.
00:54:03Pour le garder,
00:54:05il fallait avoir une petite chatte sans poils.
00:54:07On avait une petite chatte sans poils.
00:54:09Quand je pense à ça,
00:54:11ça me donnait envie de vomir.
00:54:13Ça me donnait envie de vomir.
00:54:15Tous ces pseudos qui passaient dans le truc.
00:54:17C'est des pseudos qui pouvaient attirer des pédophiles ?
00:54:19Pour attirer les pédophiles, ça attirait les pédophiles, bien sûr.
00:54:21Xavier Niel, c'était le premier d'ailleurs
00:54:23à créer des faux pseudos pour attirer les gens.
00:54:25Et j'étais là à l'époque.
00:54:27Et j'ai eu une fois,
00:54:29je suis rentré dans le bureau une fois,
00:54:31quand je vois 11 ans, jeune fille enculée,
00:54:33je vais rentrer dans son bureau
00:54:35et je dis, mais putain, c'est quoi ce bordel ?
00:54:37Comment tu peux accepter ?
00:54:39Oui, c'est pour voir si vous êtes alerte,
00:54:41si vous travaillez bien.
00:54:43Non, je n'ai jamais trouvé qu'une excuse était bonne.
00:54:45Deux géants de serveurs ont été interpellés
00:54:47aujourd'hui par la gendarmerie.
00:54:49Ils auraient diffusé et transmis des images
00:54:51de mineurs à caractère pornographique.
00:54:53En 1996, alertés par des photos pédophiles
00:54:55sur les serveurs internet de Niel,
00:54:57les gendarmes perquisitionnent sa société.
00:55:01Ils ont saisi deux disques durs
00:55:03et l'un des deux serveurs
00:55:05qui les intéressait particulièrement,
00:55:07c'est Worldnet,
00:55:09une organisation de recherche de la gendarmerie,
00:55:11y a repéré des images d'enfants
00:55:13à caractère pornographique.
00:55:15Défense de l'un des directeurs de la société,
00:55:17internet est très difficile à contrôler.
00:55:21Quand les services de gendarmerie sont arrivés,
00:55:23ils ont trouvé, ils ont eu accès
00:55:25à de la pédophilie,
00:55:27provenant d'on ne sait où,
00:55:29probablement d'une machine très éloignée
00:55:31qui avait été déposée par une personne anonyme.
00:55:33Le seul moyen d'éviter ce type de choses,
00:55:35c'est qu'au niveau mondial,
00:55:37les pays puissent trouver une législation
00:55:39qui s'adapte à internet et qui évite
00:55:41ce type d'abus qui sont répréhensibles
00:55:43au plus haut point et scandaleux.
00:55:45Est-ce qu'avant l'arrivée des gendarmes,
00:55:47vous aviez Niel sait qu'il y a des images pédophiles ?
00:55:49Bien sûr que si !
00:55:51Il sait très bien,
00:55:53on ne peut pas être propriétaire
00:55:55des centres serveurs,
00:55:57d'avoir autant de militaires et ne pas savoir
00:55:59ce qui se passe, bien sûr que oui.
00:56:01C'est quoi l'histoire ?
00:56:03Ce site
00:56:05hébergeait des gens,
00:56:07des pédophiles à l'époque,
00:56:09qui faisaient des rencontres entre eux.
00:56:11Ça c'était hébergé chez nous,
00:56:13je me rappelle,
00:56:15comme c'était maintenant.
00:56:17Et je me rappelle aussi cette descente de policiers
00:56:19parce qu'on était dans nos bureaux,
00:56:21on ne savait pas quoi faire
00:56:23et on avait interdiction
00:56:25de parler aux gendarmes à l'époque.
00:56:27Sauf qu'il y a un truc,
00:56:29c'est qu'à la veille, je me rappellerai toute ma vie,
00:56:31avant que les gendarmes arrivent,
00:56:33il y a eu une tonne de papier,
00:56:35une tonne,
00:56:37vous ne pouvez pas imaginer,
00:56:39qui a été foutu dans la poubelle,
00:56:41dans les machines à l'époque,
00:56:43pour couper tout ça.
00:56:45Qui vous a dit de faire ça ?
00:56:47Xavier Niel.
00:56:49Avant l'arrivée des gendarmes ?
00:56:51Il vous a dit quoi ?
00:56:53Il faut se foutre la poubelle,
00:56:55tous les archives.
00:56:57Le mot c'est plutôt des archives,
00:56:59parce qu'on avait beaucoup d'archives.
00:57:01En marge de problèmes
00:57:03de pédocriminalité dans ses serveurs,
00:57:05Xavier Niel investit
00:57:07dans des sex-shop et des pipe-show
00:57:09à Paris et Strasbourg.
00:57:11De véritables machines à cash,
00:57:13le tout au black.
00:57:15Chaque fin de mois,
00:57:17c'est la tournée des popotes.
00:57:19Des exécutants ramassent
00:57:21des milliers d'euros en liquide
00:57:23qu'ils rangent consensueusement dans des enveloppes.
00:57:25Un abus de bien social,
00:57:27selon ce journaliste
00:57:29qui avait chroniqué le procès de Xavier Niel
00:57:31en 2006.
00:57:37Beaucoup de black,
00:57:39parce que dans les sex-shops,
00:57:41les gens payent en cash
00:57:43et les tenanciers
00:57:45se payent en dividendes sauvages.
00:57:47Il avait aimé,
00:57:49ça l'excitait.
00:57:51Non pas que lui soit un client de ce genre d'établissement,
00:57:53pas du tout, c'est pas son truc.
00:57:55Mais il aimait bien un peu le côté
00:57:57je fais des bénéfices
00:57:59à l'arbre en bois le nœud,
00:58:01on fait du black,
00:58:03ça l'excitait.
00:58:05C'est ça qui l'excitait en fait.
00:58:09En 2004,
00:58:11Niel le confirmera sur procès verbal
00:58:13dans le bureau du juge Renault-Vanderenbeek.
00:58:19J'ai vu un double intérêt à investir
00:58:21dans cette activité.
00:58:23Un retour sur investissement intéressant
00:58:25et un retour fiscalisé,
00:58:27car le fonctionnement reposait sur une comptabilité occulte
00:58:29et des recettes en espèces non déclarées.
00:58:33Sauf que très vite,
00:58:35Vanderenbeek se demande si tout ce cash
00:58:37ne serait pas généré par de la prostitution clandestine
00:58:39dans les pipes chaudes de Niel.
00:58:43Certaines des
00:58:45hôtesses d'accueil,
00:58:47pour ça qu'on veut,
00:58:49se laissaient toucher,
00:58:51pénétrer ou autre.
00:58:53C'est là qu'on leur bascule vers le proxénétisme.
00:58:55Alors en juin 2004,
00:58:57Niel et son associé Fernand de Velleter
00:58:59sont mis en examen pour recel d'abus
00:59:01de biens sociaux d'une part,
00:59:03et proxénétisme aggravé d'autre part.
00:59:07Quand Niel est écroué quelques semaines
00:59:09à la prison de la santé à Paris,
00:59:11l'info fait la lune du 20h de TF1.
00:59:13Xavier Niel a été écroué,
00:59:15il est suspecté d'avoir investi
00:59:17dans plusieurs établissements à caractère pornographique
00:59:19qui auraient même servi de couverture
00:59:21à des activités de prostitution.
00:59:23Il aurait perçu en argent liquide
00:59:2550 à 80% des recettes
00:59:27des pipes chaudes.
00:59:29Juin par téléphone, son avocat rappelle que son client
00:59:31n'était qu'un des actionnaires des sociétés incriminées,
00:59:33qu'il ignorait tout des activités de proxénétisme.
00:59:35Le PDG de Free.fr
00:59:37ainsi qu'un associé et deux dirigeants
00:59:39des pipes chaudes ont été incarcérés.
00:59:4320 ans après ce passage en prison,
00:59:45lors d'une campagne de promotion
00:59:47de son nouveau livre,
00:59:49Niel racontait l'épisode à l'animateur
00:59:51d'une de ses boîtes de prod.
00:59:53Il y a eu un reportage en ouverture d'un journal
00:59:55sur la première chaîne de télévision où on dit
00:59:57qu'il y a un milliardaire en prison. Très sympa.
00:59:59Et donc je suis assez vite identifié. Dans la douche, j'ai un camarade
01:00:01qui me dit, écoute, moi je suis venu ici en métro
01:00:03mais je sens que je vais repartir grâce à toi en Twingo.
01:00:05Donc j'ai une chance, c'est que là on me sort
01:00:07de la prison standard et on me met en VIP.
01:00:09Ça veut dire quoi ? C'est que je suis avec des juges,
01:00:11des policiers, des douaniers, des gens comme ça qui ont un risque
01:00:13dans la prison. Et je vais rester un mois et c'est le moment
01:00:15le plus dur. Alors je vais avoir une chance, je vais perdre
01:00:1710 kilos parce que franchement c'est dégueulasse,
01:00:19on mangerait très mal. Par contre ça va être
01:00:21super parce qu'il va me faire faire pour la première fois
01:00:23de la musculation. Comme je faisais deux balades par jour
01:00:25et que c'était au mois de juin bronzé. Les gens m'ont dit, t'es pas allé en prison en fait.
01:00:27T'es incroyable, t'as fait une cure.
01:00:31Xavier Niel échappera
01:00:33finalement à une condamnation pour proxénétisme.
01:00:35Il dira ignorer
01:00:37que des hôtesses se prostituaient dans ses sex shops.
01:00:39En gros,
01:00:41il exploitait un bordel mais il savait pas ?
01:00:43C'est mieux ce qui se passe
01:00:45chez Fri, vous pensez ?
01:00:47J'espère pour lui.
01:00:51Renaud Lecadre rigole
01:00:53mais à l'époque, pour avoir osé chroniquer son
01:00:55procès, Niel l'avait collé au
01:00:57tribunal.
01:00:59Par contre, c'est un effet qui a eu
01:01:01que des contre-indulgences.
01:01:03Mais comme il ne supporte pas
01:01:05qu'on parle de tout ça,
01:01:07parce qu'il voulait se faire une espèce de virginité,
01:01:09oublier tout ce passé un peu
01:01:11plus ou moins sulfureux,
01:01:13donc j'ai le droit à
01:01:15cinq plaintes en affirmation. Non, une
01:01:17qui était même pas sur un de mes articles
01:01:19mais sur le commentaire d'un internaute
01:01:21sur le site internet Libération.fr.
01:01:23Non seulement il a été relaxé cinq fois,
01:01:25mais aussi il a été condamné
01:01:27à nous verser 6000 euros de dommages à intérêt
01:01:29pour procédures abusives.
01:01:31Il aura modestement contribué à refouler l'IB.
01:01:33A défaut de nous racheter.
01:01:35Pour s'être rémunéré au black
01:01:37avec l'argent liquide de ses sex-shop,
01:01:39Niel sera finalement condamné
01:01:41à deux ans de prison avec sursis
01:01:43et 250 000 euros d'amende
01:01:45pour recel d'abus de biens sociaux.
01:01:51Vingt ans plus tard,
01:01:53alors que le Tout Paris se presse à ses
01:01:55one-man show où il explique
01:01:57comment devenir milliardaire,
01:01:59il a tendance à minimiser son sulfureux passé.
01:02:01Comment vous vivez ça
01:02:03à la prison à ce moment-là ?
01:02:05Vous avez 36 ans, je crois.
01:02:07C'est 2004, oui, 36 ans.
01:02:09Vous craquez, vous avez vos mots.
01:02:11Déjà, je ne sais pas ce que je fais là.
01:02:13C'est le premier élément.
01:02:15Je ne comprends pas pourquoi je suis là.
01:02:17J'ai l'impression d'avoir déconné fiscalement
01:02:19et pour moi fiscalement, je ne vais pas aller en prison
01:02:21parce que je n'ai pas payé mes impôts.
01:02:23Lorsqu'il se retrouve aujourd'hui
01:02:25sur un plateau de télévision face à Léa Salamé
01:02:27et d'autres, et qu'il explique
01:02:29qu'il ment ouvertement
01:02:31disant qu'il n'a jamais compris
01:02:33pourquoi il s'était retrouvé en prison,
01:02:35qu'il s'est retrouvé en prison
01:02:37pour de la fraude fiscale,
01:02:39ce qui est complètement faux.
01:02:41Il n'a pas fait de prison préventive pour de la fraude fiscale.
01:02:43Imaginez bien que pour se retrouver
01:02:45en préventif pour fraude fiscale
01:02:47aujourd'hui en France, il faut quand même
01:02:49y aller très très fort.
01:02:51Et personne,
01:02:53moi c'est ça qui me choque absolument parmi nos collègues,
01:02:55personne
01:02:57ne le confronte.
01:02:59Personne ne le confronte à ce qu'il a réellement fait.
01:03:01Chez Léa Salamé,
01:03:03Niel ira jusqu'à s'amuser
01:03:05des rapports qu'il avait habilement tissés
01:03:07avec le célèbre magistrat
01:03:09qu'il avait envoyé en prison.
01:03:11J'ai un juge qui s'appelle
01:03:13Renaud Vandruynebec
01:03:15Ah c'était vrai ça alors ?
01:03:17C'est lui qui vous parle de la ligne jaune ?
01:03:19Oui c'est ça.
01:03:21Et qui va m'entendre trois fois
01:03:23et qui va me dire écoutez il y a une ligne jaune
01:03:25franchement vous êtes génial, il est très gentil, très sympa
01:03:27il me dit mais vous l'avez quand même dépassé
01:03:29roulez juste dessus, ça va très bien se passer
01:03:31tout le monde va vous adorer mais ne la passez pas
01:03:33de l'autre côté.
01:03:35Et puis en parlant de Vandruynebec, j'ai eu le plaisir de le revoir
01:03:37quand il n'était plus juge.
01:03:39Il m'a dit tant que je suis juge je ne vous revois pas
01:03:41et puis il n'est plus juge et on était mangé un couscous ensemble
01:03:43il y a deux ans et c'était très sympa.
01:03:45C'est vrai ? Et il rit à gorge déployée
01:03:47et il ose dire face caméra
01:03:49sans trouver aucun contradicteur
01:03:51que les seules personnes aujourd'hui
01:03:53dans ce pays qui disent que c'est
01:03:55un interventionniste et qu'il intervient
01:03:57dans les rédactions nombreuses qu'il possède
01:03:59ce sont des gens qui ont
01:04:01des problèmes psychiatriques
01:04:03psychiatriques et Léa Salamé
01:04:05et les autres le laissent dire
01:04:07moi je trouve que c'est d'une
01:04:09gravité extraordinaire.
01:04:13Et selon Lancelin qui avait été
01:04:15virée de l'Obs par Xavier Aignel en 2016
01:04:17son bras droit Louis Dreyfus
01:04:19président du directoire du Monde
01:04:21jouerait lui aussi sur la toute puissance du groupe
01:04:23pour faire taire les critiques.
01:04:25Cela forcément me remet en mémoire
01:04:27la phrase
01:04:29prononcée à l'époque de mon licenciement
01:04:31barçon sbire numéro 1
01:04:33Louis Dreyfus, il avait dit de toute façon
01:04:35personne ne nous attaque
01:04:37et n'osera nous attaquer
01:04:39car aujourd'hui en France
01:04:41soit les journalistes travaillent pour nous
01:04:43soit un jour ils travailleront pour nous.
01:04:45Ce qui est moins connu
01:04:47dans l'incroyable destin de Xavier Aignel
01:04:49c'est qu'en tant que patron
01:04:51de Minitel Rose
01:04:53il aurait eu tendance à entretenir
01:04:55avec une de ses hôtesses une relation
01:04:57pas toujours bien vécue.
01:04:59Pour s'être brièvement
01:05:01prostituée dans sa jeunesse
01:05:03et avoir fait de la prison
01:05:05Claudia Tavarez était dans une situation
01:05:07administrative délicate
01:05:09quand elle travaillait pour Aignel
01:05:11passage Crimée à Paris.
01:05:15En 1995
01:05:17elle lui envoie cette photo
01:05:19depuis ses vacances au Brésil.
01:05:25Je lui envoie une photo
01:05:27bien sûr on voit ma comblure
01:05:29on voit que je suis à deux pièces et tout
01:05:31et quand je reviens
01:05:33du Brésil
01:05:35on parle et Xavier Aignel
01:05:37je vais dans son bureau
01:05:39et il me dit
01:05:41donc
01:05:43tu as le cul
01:05:45je fais ouais mais j'ai un cerveau
01:05:47et tu le sais bien.
01:05:49Et puis Claudia de temps en temps
01:05:51elle se faisait appeler au bureau
01:05:53son bureau
01:05:55c'est comme nous on était ici
01:05:57et son bureau il est là.
01:05:59Donc même
01:06:01psychologiquement parlant
01:06:03on n'a pas de pause
01:06:05il faut cravacher
01:06:07cravacher et la pause
01:06:09c'est chronométrique.
01:06:11Et puis du coup
01:06:13je pense que comme
01:06:15Xavier Aignel
01:06:17s'intéressait à elle
01:06:19physiquement
01:06:23elle ça lui donnait aussi l'opportunité
01:06:25de faire un peu de pause.
01:06:31Et ça va commencer
01:06:33avant une espèce d'atmosphère
01:06:35et elle vient me voir moi je lui réponds
01:06:37regarde
01:06:39oh c'est ta photo
01:06:41je pense encore à ta photo
01:06:43allez viens
01:06:45je vais
01:06:47montre moi tes seins
01:06:49ça va tu connais mes seins
01:06:51tu m'as vu un truc
01:06:53oh non mais je voulais le toucher
01:06:55et ça va commencer comme ça
01:06:57il va fermer la porte
01:06:59il va baisser le petit rideau
01:07:01pour que les filles qui sont de l'autre côté ne voient pas
01:07:03et c'est moi qui commence là dessus
01:07:05une petite attouche
01:07:07le blessin
01:07:09la masturbation
01:07:11il va sortir son sexe il va se masturber
01:07:13et je vais accepter
01:07:15je vais pas dire qu'il va pas forcer
01:07:17et on va commencer comme ça
01:07:23Au fil des semaines
01:07:25Claudia Tavares prend l'habitude de céder aux avances de Niel
01:07:27toujours dans son bureau
01:07:29toujours entre deux portes
01:07:33Xavier Niel
01:07:35il ne m'a jamais même pas payé un café
01:07:37il a utilisé ma bouche
01:07:39mes seins
01:07:41mon vagin
01:07:43mon cul
01:07:45mon corps, mon intelligence
01:07:47il m'a possédé Xavier Niel
01:07:49corps et âme
01:07:51et puis il fallait fermer ma gueule aussi
01:07:53parce que je pense que ça aurait été une autre fille
01:07:55et il se serait pas permis
01:07:57mais en fait
01:07:59Claudia elle était tellement dans une position
01:08:01un peu
01:08:03de se racheter
01:08:05un peu
01:08:07une vie commune
01:08:09ça veut dire sortir
01:08:11un peu
01:08:13de la vie
01:08:15de sortir
01:08:17de la vie
01:08:19de sortir
01:08:21ça veut dire sortir
01:08:23de la prison
01:08:25sortir de la prostitution
01:08:27donc tout ça
01:08:29Xavier le savait
01:08:31donc elle qui voulait se
01:08:33racheter un peu une vie
01:08:35commune, lambda
01:08:37ben il en profitait
01:08:39parce que
01:08:41elle avait un contrat de travail
01:08:43elle avait un salaire qui tombait
01:08:45régulièrement pour payer son loyer
01:08:47voilà c'était un peu
01:08:49c'était un peu
01:08:51une prise au piège quoi
01:08:57Et du coup
01:08:59elle, elle était ok
01:09:01pour les fellations, pour avoir des relations
01:09:03sexuelles avec lui ?
01:09:07Non ok, non
01:09:09c'était un chantage
01:09:11c'était un chantage parce que
01:09:13je vous dis quand vous voulez vous racheter
01:09:15un contrat de travail
01:09:17et avoir un salaire en fin
01:09:19de mois pour payer votre loyer
01:09:23sans vous demander de sucer
01:09:25vous sucez
01:09:29Je tremble là
01:09:31en parlant de ça
01:09:33et ça devient une habitude
01:09:35cette habitude que je n'aime pas
01:09:37d'ailleurs parce que j'ai un mec
01:09:39dans ma vie, je suis en train
01:09:41de retourner amoureuse
01:09:43Sébastien
01:09:47Et à partir
01:09:49de ce moment là
01:09:51je vais trouver une solution
01:09:55pour ne plus s'aider
01:09:57à ces avances
01:09:59je ne le déteste pas
01:10:01mais j'ai une sorte de rage
01:10:03intérieure
01:10:05qui me dit mais pourquoi tu acceptes ça ?
01:10:07je ne dirai pas
01:10:09il m'a renforcé
01:10:11intellectuellement, psychologiquement
01:10:13oui, parce que
01:10:15ça c'est de l'harcèlement
01:10:17c'est imposer à quelqu'un
01:10:19viens me voir, combien de fois
01:10:21non, ce non n'a jamais été
01:10:23considéré comme un non
01:10:25et quand on dit non
01:10:27c'est qu'on n'a pas envie
01:10:29et on ne doit pas forcer une femme
01:10:31qui dit non, femme, homme, travesti, trans
01:10:33qui que ce soit, mon corps m'appartient
01:10:35et tu n'as pas le droit de le toucher
01:10:37si je ne suis pas d'accord
01:10:39Et quand vous disiez non, il n'entendait pas ?
01:10:41Bah non, ça rentait dans son oreille
01:10:43oui, j'aime ça, oui, voilà
01:10:45c'était ça Xavier Niel
01:10:47ça m'aurait puni plus que autre chose
01:10:49mais c'était mon patron
01:10:51et par peur
01:10:53et c'est là où je veux venir
01:10:55et c'est là où je disais
01:10:57c'était une espèce de chantage
01:10:59de mon maison, en connaissant
01:11:01mon identité française
01:11:03mon identité brésilienne
01:11:05et cette
01:11:07cette espèce de domination
01:11:09humiliante
01:11:11je fais de toi ce que je veux
01:11:17En 2021, Claudia Tavares
01:11:19a raconté son histoire dans ce livre
01:11:21O'Niel est surnommée
01:11:23El Satanas
01:11:25Contacté
01:11:27le propriétaire du groupe Le Monde
01:11:29n'a pas souhaité s'exprimer dans notre documentaire
01:11:31En cette année 2016
01:11:33ce sont donc ces deux fortes personnalités
01:11:35passées par la casse-prison
01:11:37et qu'on croirait sorties d'un roman de Balzac
01:11:39qui vont jouer un rôle déterminant
01:11:41dans l'accession des Macron à l'Elysée
01:11:43l'arme de Michel Marchand
01:11:45pour faire oublier les bruits qui courent
01:11:47sur l'homosexualité d'Emmanuel
01:11:49exposer fièrement
01:11:51un couple hétérosexuel
01:11:53à la une des journaux People
01:11:55Le Monde
01:11:57c'est l'histoire
01:11:59d'Emmanuel Paul
01:12:29qui vont devenir des personnages de la presse People
01:12:31mais à chaque fois c'est verrouillé, contrôlé
01:12:33par Mimi Marchand
01:12:35qui empêche les autres journalistes
01:12:37toutes les photos sont retouchées
01:12:39tout est verrouillé
01:12:41et tout est contrôlé par Brigitte et par Mimi Marchand
01:12:45Fausses déambulations sur la plage
01:12:47paparazzades
01:12:49montées de toutes pièces
01:12:51Au bras d'Emmanuel, une Brigitte
01:12:53qui fait dix ans de moins
01:12:55Devant les photographes de Mimi
01:12:57le couple se met en scène
01:12:59s'assume toujours plus amoureux
01:13:03se laisse paparazzer
01:13:05en mode coucher de soleil
01:13:13à en devenir
01:13:15chabadabada
01:13:19Une fois son couple hétérosexuel
01:13:21crédibilisé aux yeux des Français
01:13:23Emmanuel Macron
01:13:25quitte le gouvernement
01:13:27en marche vers l'Elysée
01:13:31C'est pourquoi
01:13:33je suis candidat
01:13:35à la présidence de la République
01:13:37Au même moment
01:13:39tous ses adversaires sur la route de l'Elysée
01:13:41tombent un à un comme des mouches
01:13:43Nicolas Sarkozy et Alain Juppé
01:13:45grands favoris de la droite
01:13:47En novembre 2016
01:13:49ils sont sèchement éliminés lors de la primaire de la droite
01:13:51par François Fillon
01:13:55Début décembre
01:13:57c'est au tour de François Hollande
01:13:59de jeter l'éponge
01:14:01J'ai décidé de ne pas être candidat
01:14:03à l'élection présidentielle
01:14:05Fin janvier
01:14:07après que le canard enchaîné ait révélé
01:14:09un emploi fictif de sa femme Pénélope
01:14:11François Fillon entame un calvaire
01:14:13qui le fera échouer dès le premier tour de la présidentielle
01:14:1520 ans
01:14:17À la même époque
01:14:19Manuel Valls est éliminé
01:14:21de la primaire de la gauche
01:14:23Sur BFMTV
01:14:25il ne reste plus qu'un seul
01:14:27homme politique courageux
01:14:29pour montrer du doigt les oligarques des médias
01:14:31qui s'apprêtent à propulser
01:14:33Macron à l'Elysée
01:14:35À travers Emmanuel Macron
01:14:37ses grands intérêts financiers auraient le pouvoir
01:14:39Et d'ailleurs c'est très simple
01:14:41Posez-vous une question
01:14:43Pourquoi ces heures et ces heures
01:14:45de télévision
01:14:47en direct
01:14:49Pourquoi ces couvertures de magazine
01:14:51Pourquoi ces pages et ces pages
01:14:53de photographie couleur
01:14:55autour de sujets qui sont
01:14:57vous l'avouerez assez vides
01:14:59Mais trois mois plus tard
01:15:01J'ai décidé de faire
01:15:03à Emmanuel Macron une offre d'alliance
01:15:07Le candidat marche désormais
01:15:09sur l'eau
01:15:11Faut pas tomber là
01:15:13À trois mois du premier tour
01:15:15sur les conseils de Mimi
01:15:17il va même brouiller une dernière fois les pistes
01:15:19sur les rumeurs d'homosexualité qui lui collent au basque
01:15:21en montant en épingle une rumeur bidon
01:15:23une supposée relation
01:15:25entre lui et Mathieu Gallet
01:15:27alors patron de Radio France
01:15:31Si dans les dîners en ville
01:15:33si dans les boucles de mail
01:15:35on vous dit que j'ai une double vie
01:15:37avec Mathieu Gallet, qu'est-ce que c'est ?
01:15:39C'est mon photographe
01:15:41qui soudain m'a échappé
01:15:47L'opération est un succès
01:15:49la rumeur provisoirement enterrée
01:15:51et pour ceux
01:15:53qui n'auraient pas compris
01:15:55trois jours plus tard
01:15:57un hebdo people dirigé par une proche de Mimi
01:15:59en remet une couche
01:16:01C'est donc un candidat
01:16:03pas gai
01:16:05que Michel Marchand et Xavier Aignel
01:16:07seront parvenus à imposer
01:16:09dans l'esprit des français
01:16:11En quatre ans
01:16:13le couple favori des oligarques
01:16:15aura réussi son pari
01:16:17Le 14 mai 2017
01:16:19c'est au bras d'une Brigitte
01:16:21endimanchée de pieds-en-cape
01:16:23par Bernard Arnault
01:16:25qu'Emmanuel remplacera
01:16:27François Allié
01:16:29Pour le meilleur
01:16:31et pour le pire