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Aurélien Rousseau, député NFP des Yvelines, ancien ministre de la Santé, invité de franceinfo le 23 mai 2025

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Transcription
00:00Bonsoir Aurélien.
00:01Bonsoir.
00:02Vous êtes députée des Yvelines Place Publique, le parti de Raphaël Glucksmann,
00:05ancien ministre de la Santé aussi d'Emmanuel Macron.
00:08Les taxis sont toujours en colère, on en parlait à l'instant.
00:11Ils manifestent notamment contre le projet de nouvelle tarification
00:13imposée par l'assurance maladie sur les transports de patients sur prescription.
00:17Je précise que votre femme est numéro 2 de l'assurance maladie, Marguerite Cazeneuve.
00:22L'objectif c'est de contrôler la croissance de la dépense des transports sanitaires.
00:26Elle était de 6,74 milliards d'euros en 2024, en hausse de 45% depuis 2019.
00:34Et il y a 3 milliards qui concernent les taxis.
00:37Est-ce qu'on a laissé le système dériver trop longtemps ?
00:41D'abord, il y a un point qui est important.
00:43Les taxis sont contre cette réforme, ils manifestent contre cette réforme.
00:48Et ils manifestent aussi, ça a été dit, contre la place des VTC.
00:51C'est deux sujets qui sont importants, j'en parle régulièrement quand je prends le taxi.
00:54Et donc oui, les transports sanitaires par taxi ont beaucoup augmenté cette réforme.
01:02Moi je ne suis pas son pilote, je pensais qu'elle était nécessaire quand j'étais ministre
01:07parce que l'augmentation elle est phénoménale.
01:10Et en fait le sujet, la plupart, les deux tiers selon les simulations des taxis
01:14vont être gagnants à cette réforme.
01:16Le sujet, c'est comme souvent, ceux qui font exploser en profitant du système,
01:22en faisant par exemple du trajet à vide.
01:26Et il y a une partie des taxis, une partie petite, mais qui fait plus de 80% de son chiffre d'affaires
01:33sur les transports sanitaires.
01:35Et eux, ils profitent du système ?
01:36Et oui, enfin, ils profitent de l'attente, du retour à vide.
01:40Donc le but, c'est que, et à côté de ça, il y a des gens qui attendent un taxi
01:44pour pouvoir revenir d'un hosto ou aller faire une chimiothérapie.
01:48Donc il faut là-dessus que les taxis prennent plus de malades,
01:54donc moins de trajets à vide.
01:55Quand on regarde les volumes financiers qui sont facturés à l'assurance maladie
02:00de retour à vide, c'est colossal.
02:02Et puis, un point de fond, si je puis dire,
02:05aujourd'hui, on ne peut pas détourner le regard de ce qui se passe
02:08avec le déficit de l'assurance maladie.
02:10C'est notre assurance sociale, elle nous appartient.
02:13Donc oui, quand il y a des dépenses qui augmentent très vite,
02:16même de gauche, il faut qu'on les regarde,
02:19il faut qu'on comprenne, il faut qu'on essaye de les maîtriser.
02:22Donc le gouvernement ne doit pas reculer ?
02:24François Bayrou verra les chauffeurs de taxi demain au ministère des Transports ?
02:29Il ne doit pas reculer ?
02:29Je crois, et là, je ne sais pas, il y a eu un an et demi de discussion.
02:34À la fin, il y a eu une proposition qui est mise sur la table par l'assurance maladie.
02:40Moi, je suis frappé, y compris dans mes discussions,
02:43alors je ne pratique pas les 40 000 chauffeurs de taxi conventionnés de ce pays,
02:48mais je suis frappé d'entendre chez beaucoup d'entre eux
02:51le fait qu'ils connaissent certains de leurs collègues
02:55qui profitent un peu du système.
02:58Encore une fois, le but, c'est d'avoir une répartition plus équitable.
03:03Deux tiers doivent être gagnants.
03:04Après, moi, je ne suis pas aux affaires.
03:08Je dis simplement qu'on ne peut pas détourner le regard en disant
03:11« Ce n'est pas grave, il y a un déficit de l'assurance maladie. »
03:14Et si le système pète, à la fin, on va tous en souffrir.
03:19Aurélien Rousseau, c'est sans doute le débat le plus décisif de la législature,
03:24dites-vous, dans une tribune.
03:25Vous parlez du texte sur la fin de vie que vous avez contribué aussi à élaborer
03:28en tant que ministre de la Santé.
03:30C'est un texte clivant qui transcende les traditionnelles oppositions.
03:35C'est si impérieux pour vous quand on sait qu'il y a seulement une poignée d'Européens
03:39qui l'autorise, ce droit à mourir ?
03:42Alors, vous avez raison de dire.
03:45On peut commencer par là.
03:47C'est une poignée de pays, mais quand même quelques-uns, y compris hors Europe.
03:53Et je pense à la fin que ça ne va pas être massivement utilisé.
03:57Mais j'étais encore ce midi à Vernouillet, dans les Yvelines,
04:02avec une association de seniors.
04:05Et aujourd'hui, les seniors, ils ont vu mourir leurs parents.
04:09Et on n'entend pas cette voix-là.
04:11Mais l'idée de dire dans ces deux, trois derniers jours de souffrance,
04:16avec une maladie irréversible, avec une faim qui était sûre,
04:22quand une douleur, elle est réfractaire à tous les traitements,
04:25qu'on puisse accompagner la personne en fin de vie,
04:29c'est une loi, je pense qu'elle est nécessaire, elle est attendue,
04:32mais je ne le prends pas comme une loi du type
04:36« congé payé, grande conquête sociale ».
04:38C'est une loi de gravité.
04:41C'est une loi qui est lourde.
04:43Effectivement, elle transcende les clivages politiques.
04:46Et elle inquiète aussi certains parlementaires, même.
04:49Il y a notamment cette notion de phase avancée ou terminale de la maladie.
04:54Certains disent que c'est difficile d'expliquer, de préciser ce que ce serait que cette phase.
05:00Qu'est-ce que vous dites à ceux qui craignent des dérives, tout simplement ?
05:04Qu'elles permettent à des personnes qui ont encore des années de vie devant elles
05:08de demander le droit à mourir ?
05:11Aujourd'hui, les critères cumulatifs,
05:15et qui ont été encore renforcés par le débat toute cette semaine,
05:19et un débat qui avait une très haute tenue,
05:21je le dis, y compris quand on n'était pas d'accord,
05:27les critères sont extrêmement stricts.
05:30C'est une maladie irréversible dont le stade est avancé,
05:37la situation du patient s'est dégradée,
05:39et après il y a un collège de professionnels de santé avec des médecins
05:43qui va se pencher sur chacun de ces cas.
05:46Donc on n'est pas sur un renversement
05:49dans lequel la mort prendrait le pas sur la vie.
05:52Le but des soignants, c'est de guérir, c'est de sauver,
05:56mais pas à toute force.
05:57Et je le dis, pardon, je reprends, je pense souvent à cette phrase de Simone Veil
06:01qui disait au moment de la loi sur l'IVG,
06:04personne, aucune femme ne recourt de gaieté de cœur
06:06à l'interruption volontaire à l'avortement,
06:09parce qu'à l'époque ça n'était pas encore l'IVG.
06:11Je pense que c'est un peu le même état d'esprit dans lequel on est.
06:14C'est une loi de gravité,
06:15mais c'est une loi aussi, il faut entendre,
06:17la parole des aidants, la parole des soignants,
06:19qui sont en grande majorité en faveur de ce texte,
06:22plutôt que de se retrouver à gérer des situations.
06:23Il y a un sondage qui montrait que 74% des soignants étaient favorables au texte,
06:27mais il y a aussi des personnes qui s'inquiètent.
06:29Vous dites qu'il faut soigner.
06:32Justement, c'est ça aussi que pose ce débat pour François-Xavier Bellamy, l'eurodéputé.
06:37La mort est le lieu d'une injustice immense.
06:40Il explique que vous avez 21 départements dans lesquels il n'y a pas un seul lit de soins palliatifs.
06:46Il y a des gens qui ne peuvent pas être soulagés de leur souffrance
06:48et la réponse que certains veulent leur offrir, c'est
06:50« ne vous inquiétez pas, on va vous montrer la sortie. »
06:53Vous entendez ces arguments ?
06:55Alors, j'entends les arguments...
06:56Le choix est entre souffrir ou mourir, dit-il.
06:58J'entends les arguments intimes, les discussions, il y en a beaucoup,
07:03mais là, ça n'est pas un choix entre souffrir ou mourir, ça n'est pas vrai.
07:09C'est d'ailleurs pour ça, à l'origine, et je l'ai regretté,
07:12à l'origine, le texte, c'était un texte conjoint avec deux pieds,
07:16« soins palliatifs » et « aide à mourir ».
07:18Le gouvernement a fait le choix de les scinder.
07:20Moi, précisément, avec Agnès Firmin-Le Baudot,
07:22qui était ma ministre déléguée, nous avions souhaité
07:24un texte avec ses deux pieds pour bien montrer
07:26que ce n'était pas l'un à la place de l'autre.
07:29Et oui, on a un effort massif à faire sur les soins palliatifs.
07:33C'est une évidence, mais aujourd'hui, ça ne va pas être,
07:36ça ne va pas être cette réalité-là,
07:39où dans certains départements, on va vous dire,
07:41« c'est l'aide à mourir ».
07:43C'est la personne qui va décider, c'est des médecins.
07:45Et si les médecins, ils pensent que la personne pourrait avoir accès
07:48à des soins palliatifs, elle sera transférée dans un établissement
07:52où elle pourra avoir accès à ses soins.
07:53Aurélien Rousseau, le député François Ruffin propose une grande primaire à gauche,
07:57une primaire de Philippe Poutou à François Hollande, dit-il.
08:00Est-ce que ce ne serait pas la solution pour sortir la gauche de l'ornière,
08:03pour qu'elle reconquière le pouvoir ?
08:06La question, c'est le pouvoir, c'est sympathique, mais c'est pour faire quoi ?
08:11Et je pense que de Philippe Poutou à François Hollande,
08:15donc en passant, j'imagine, par Marine Tondelier, le PS, ou Raphaël Glucksmann,
08:22on ne dit pas la même chose sur le projet qu'on a pour la France.
08:25C'est incohérent.
08:26En fait, quand on n'est pas d'accord, par exemple, avec la France insoumise
08:30sur l'Europe, avec un parti très eurosceptique,
08:36quand on n'est pas d'accord sur certaines pratiques politiques,
08:39de brutalisation de la vie politique,
08:41quand on n'est pas d'accord même sur, je ne sais pas, le mix énergétique,
08:45ça serait mentir et prendre les gens pour des imbéciles,
08:49de leur dire, en fait, l'unité, ça supplante tout, non ?
08:55Il faut une ligne.
08:55Là, François Ruffin évoque la ligne, le programme du nouveau front populaire.
09:00Auquel vous avez participé.
09:02Absolument, mais c'est pour moi.
09:02Alors finalement, vous n'en voulez plus de ce programme.
09:04C'est pour moi très différent.
09:05Le nouveau front populaire, le président de la République décide de dissoudre.
09:10Tous les sondages donnent une victoire du Rassemblement national.
09:13Oui, ce qui me différencie de la France insoumise
09:16est moins grand que ce qui me différencie du Rassemblement national.
09:20Et c'est parce qu'on a fait ça qu'on a réussi à bloquer.
09:22Mais là, on parle d'une élection présidentielle
09:24dans laquelle il faut présenter un projet.
09:26Et Jean-Luc Mélenchon, il est très clair.
09:31Lui, il ira.
09:32Et Raphaël Glucksmann, il ira aussi, sans passer par cette primaire.
09:35Mais il faut une force sociale-démocrate
09:38qui s'assume en tant que force,
09:41qui n'ait pas peur des mises à l'index de la France insoumise.
09:45Et c'est cette ligne qui donnera de la force.
09:48C'est ce qui s'est passé aux Européennes.
09:50Et c'est ce qu'on peut faire en encore plus grand.
09:52Est-ce que c'est Glucksmann ? Est-ce que c'est un autre ?
09:55La question, elle est d'abord de structurer cette offre de social-démocrate.
09:59En tout cas, Raphaël Glucksmann ne participera pas à cette primaire.
10:03Non, on ne participera pas à une primaire
10:05qui ferait croire qu'il ne serait pas loyal vis-à-vis des Français.
10:10Quitte à passer pour le diviseur ?
10:13Aujourd'hui, en fait, toute la journée,
10:15quand on est élu, quand on porte...
10:18On est sous les colibés,
10:21les attaques de la France insoumise.
10:24Donc en fait, personne n'a donné de leçons de division.
10:29Personne n'a donné de leçons de gauche.
10:32Et par ailleurs, moi, accessoirement,
10:33je pense que la gauche, elle ne peut pas être ambiguë sur l'antisémitisme.
10:36Elle ne peut pas être ambiguë sur l'universalisme.
10:38Elle ne peut pas être ambiguë sur les pratiques démocratiques.
10:41Donc, à des moments, il vaut mieux assumer des différences
10:44que faire semblant d'être d'accord quand on ne l'est pas au fond.
10:47Quel est votre candidat pour le congrès du PS ?
10:49Les adhérents commenceront à voter mardi.
10:51Alors moi, j'ai un principe,
10:52c'est que j'essaie d'être le moins commentateur possible.
10:56Et comme je ne suis pas membre du Parti Socialiste
10:57et que je ne vais pas voter,
10:59je pense que le plus important,
11:01c'est que sorte de ce congrès une ligne politique
11:05et que les socialistes,
11:06et je pense que c'est le sens des trois propositions,
11:10se disent où ils sont
11:13et ce qu'ils veulent.
11:15Voilà.
11:15Et moi, je souhaite que le lendemain de ce congrès,
11:17quel que soit celui,
11:19j'allais dire ou celle,
11:20mais je crains malheureusement
11:21que ce soit juste celui qui sortira vainqueur,
11:25on puisse discuter avec lui,
11:26avec Place Publique.
11:26Rapidement, Rien Rousseau,
11:27vous sortez de Matignon,
11:28vous étiez reçu par le Premier ministre
11:30avec Raphaël Glucksmann, justement.
11:32Pour parler de la proportionnelle,
11:34que vous a dit le Premier ministre ?
11:35Est-ce qu'il va la faire, cette réforme ?
11:37Quand ?
11:38Alors, on était avec Raphaël Glucksmann
11:39et Aurore Laluc,
11:40qui sont les co-présidents de Place Publique.
11:43Le Premier ministre,
11:43il semble tout à fait résolu à y aller
11:46et à y aller rapidement.
11:48Nous, nous pensons que la proportionnelle,
11:50c'est précisément,
11:52en écho à ce qu'on disait tout à l'heure,
11:53une chance,
11:54c'est l'occasion de présenter
11:56d'abord son projet
11:58et d'être jugé par les Français
12:01sur son projet,
12:02plutôt que de faire d'abord un accord
12:04pour être les plus forts possibles
12:05aux scrutins.
12:05Concrètement, ça détacherait les socialistes
12:07de la France insoumise ?
12:08C'est pouvoir ne pas être forcé
12:11de faire des alliances
12:12qui, quelquefois,
12:12sont un peu douloureuses.
12:13Merci beaucoup Aurélien Rousseau
12:15d'avoir répondu aux questions de France Info.
12:16Merci.
12:17Merci beaucoup Agathe Lambré.
12:18Retour de l'invité politique,
12:19lundi à 18h30.
12:20Merci.
12:21Merci.
12:22Merci.

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