Elisabeth Levy : "La première urgence, c'est d'arrêter l’immigration"

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Transcript

00:00Elisabeth Léville.

00:01Bonjour Elisabeth.

00:02Bonjour Jean-Jacques, bonjour à tous.

00:03Si nous revenions sur ce rapport sur les frères musulmans,

00:07bon, franchement, est-ce que vous avez trouvé quelque chose de nouveau dans ce rapport ?

00:11Alors, soyons, écoutez, il y a beaucoup d'éléments,

00:14je suis assez pessimiste moi toujours,

00:18mais bon, il y a quand même beaucoup d'éléments précis

00:20qui sont rassemblés, qui sont colligés,

00:23mais évidemment sur le mouvement de fond,

00:26qui voulait savoir s'abait,

00:27il n'y a rien de fondamentalement nouveau,

00:31si vous voulez, sur le phénomène,

00:33qui a lu Gilles Kepel,

00:35qui a lu toutes sortes d'études ces dernières années,

00:38savait cela.

00:39On nous parle par exemple de menaces sur la cohésion nationale,

00:42cette menace, elle est visible à chaque fois qu'un élève refuse d'étudier la Shoah,

00:46qu'un homme exige que sa femme,

00:48ou qu'un homme exige que sa femme soit examinée par un médecin femme,

00:51si vous voulez, je vous cite des petites choses,

00:54pour vous dire que tout ça est connu,

00:56tout ça est documenté par des chercheurs, par des médias,

00:59le problème c'est que ceux qui alertaient,

01:02ceux qui s'inquiétaient,

01:05eh bien ils étaient immédiatement fascisés,

01:07extrême-droitisés et discrédités.

01:10Et à l'extrême gauche,

01:11ceux qui ne voulaient pas voir,

01:12qui après les dizaines de morts,

01:14et de blessés,

01:16et de familles déchirées de 2015,

01:18nous ont expliqué que le grand problème de la France,

01:20c'était l'islamophobie,

01:22eh bien, ceux-là, ils continueront,

01:24ils continuent à ne pas voir,

01:25le général Tapianca d'Aléfi nous a dit hier,

01:28cette fois-ci, l'islamophobie franchit un seuil,

01:31un conseil de défense,

01:33accrédite les thèses délirantes de Retailleau,

01:35et le peine,

01:36vous allez détruire notre pays.

01:38Donc c'est pas,

01:39c'est toujours la même rengaine,

01:40c'est pas l'islamisme,

01:42c'est ces sionistes,

01:43qui détruisent notre pays,

01:45qui séparent une partie des musulmans,

01:47du reste de la société,

01:48ou qui veut le faire,

01:50c'est l'islamophobie.

01:52Bon, alors une partie de la gauche ouvre un oeil,

01:55peut-être même deux,

01:56Françoise, je vous regarde,

01:58mais que de temps perdu,

02:00et on verra ce qui se passera au moment des élections.

02:03– Le diagnostic reste incomplet.

02:05– Oui, d'abord,

02:06parce que les frères musulmans

02:07ne résument pas toute l'influence islamiste,

02:10il y a toutes sortes,

02:11il y a une espèce de nébuleuse salafou,

02:13je ne sais trop quoi,

02:14je ne sais pas comment la caractériser,

02:15qui n'adhère pas strictement aux frères,

02:18mais qui existe.

02:21Et deuxièmement,

02:23si vous voulez,

02:23le rapport,

02:24c'est en ça qu'il est utile,

02:25il ressent, je crois,

02:26beaucoup de vecteurs d'influence,

02:28les clubs de sport,

02:29les ceux-ci,

02:29les ceux-là,

02:29les associations,

02:31mais il est bien incapable,

02:33et c'est vrai que c'est difficile,

02:34de mesurer l'influence,

02:36l'arraisonnement des imaginaires,

02:38jusqu'où ça va.

02:39Et il entretient,

02:40si vous voulez,

02:40la fiction un peu rassurante,

02:42du fait qu'il y aurait d'un côté,

02:44tout à fait séparé,

02:45une micro-minorité islamiste,

02:47et de l'autre côté,

02:48l'écrasant de majorité républicaine.

02:50En réalité,

02:51très souvent,

02:52chez les gens,

02:52il n'y a pas de frontière nette,

02:53il y a un continuum.

02:55L'islamisme n'est pas complètement extérieur à l'islam,

02:58évidemment.

02:58Le chauffeur de bus qui refuse une fille en mini-jus,

03:02peut-être que vous le verriez dans la vie,

03:04vous diriez qu'il n'est pas islamiste,

03:05un musulman du coin de la rue.

03:07Il n'a peut-être jamais vu un frère musulman.

03:10Le collégien qui nous dit que les couffards de Charlie,

03:13c'est bien fait pour eux,

03:14vous diriez quoi, islamisme, musulman ?

03:16Donc, ce que j'essaye de dire,

03:17c'est que notre problème,

03:18c'est qu'il y a un arraisonnement des imaginaires,

03:22des jeunes musulmans notamment,

03:23et dont l'ampleur, si vous voulez,

03:27n'est pas si faible que ça.

03:28– Emmanuel Macron, cependant,

03:31a demandé des mesures plus drastiques.

03:32– Oui, alors je crois qu'il veut surtout

03:34qu'on saupoudre la chose

03:35de mesures anti-discrimination,

03:37anti-stigmatisation.

03:39Bon, on verra.

03:40Mais j'ai aussi l'impression qu'il y a un peu ça

03:42qu'il ne veut pas assumer, si vous voulez,

03:44le fait qu'il y a peut-être

03:45une bataille culturelle à mener.

03:47Mais à mon avis, la première urgence,

03:49si on veut faire quelque chose,

03:50c'est d'arrêter l'immigration.

03:51Il y a 500 000 arrivés par an,

03:53on le sait maintenant,

03:54et dedans, il y a beaucoup de musulmans,

03:57et dans ces musulmans,

03:58il y en a beaucoup qui sont déjà

04:00travaillés par les frères,

04:01de là où ils viennent.

04:02Vous comprenez bien que les frères,

04:04ça n'existe pas que chez nous.

04:06Et puis bon, il faut dire

04:07qu'il y a aussi beaucoup de popoles

04:09derrière tout ça.

04:10Bruno Retailleau veut être Saint-Georges

04:12qui va terrasser le dragon.

04:13Emmanuel Macron veut enquiquiner Retailleau.

04:15Et puis alors il y a le concours

04:16l'épine des idées,

04:18comme celle de Gabriel Attal

04:20qui découvre qu'il veut interdire

04:21le voile avant 15 ans.

04:23Alors d'abord,

04:23c'est évidemment impraticable,

04:25sauf à vouloir une police du vêtement

04:26dans notre pays

04:27et transformer les adolescentes musulmanes

04:30en martyrs de la cause.

04:32Et puis c'est liberticide.

04:34Moi, je ne veux pas vivre

04:35dans une société aussi liberticide.

04:37Alors bien sûr,

04:37il faut des lois,

04:38il faut de la répression,

04:40il faut du contrôle des associations,

04:41il faut des interdits.

04:43Mais arrêtons de croire

04:43à la baguette magique

04:44parce qu'enlever les mauvaises idées

04:46de la tête des gens,

04:46surtout à l'ère numérique,

04:48on ne sait pas vraiment comment faire.

04:50On ne va pas non plus empêcher

04:52les éditorialistes de gauche

04:53de hurler à l'islamophobie.

04:56Alors oui,

04:56il faudrait mener un combat culturel,

04:59certes,

05:00mais comment et avec qui ?

05:02Ben écoutez,

05:03on verra dans les prochains mois.

05:07Françoise, oui.

05:08Je voulais d'abord féliciter Françoise

05:10pour sa chronique.

05:10Oui,

05:11tout à l'heure sur Israel.

05:12Je voulais juste,

05:13mais moi je vous félicite,

05:15j'aime vous entendre dire

05:16que c'est liberticide,

05:17enfin les idées folles

05:18de Gabriel Attal,

05:19uniquement électoraliste,

05:21c'est complètement délirant.

05:22La grosse colère d'Emmanuel Macron,

05:24hier,

05:24elle est là-dessus.

05:25Elle est sur Gabriel Attal.

05:26Il parait qu'il était fou de rage

05:26après Attal.

05:27Fou de rage,

05:27mais les murs ont...

05:28Ça c'est structurel.

05:29Depuis un moment,

05:30il est toujours fou de rage.

05:31C'est vrai,

05:32les murs ont tremblé

05:32sur Gabriel Attal

05:33et Bruno Retailleau.

05:34Et là,

05:34moi je suis d'accord

05:35sur comment on mène le combat

05:36parce que c'est ça la réalité.

05:38Je trouve qu'il faudrait arriver,

05:40vous savez,

05:40hier par exemple,

05:41dans Les Vraies Voix,

05:41l'excellente émission

05:42à laquelle j'ai l'honneur

05:43de participer,

05:43il y avait un excellent représentant

05:47de la communauté musulmane,

05:48Soufi,

05:48de l'obédience Soufi,

05:49évidemment les Soufis

05:50qui sont les premiers

05:51à se faire massacrer

05:52par les frères musulmans.

05:53Et qui disait...

05:54Soufi,

05:54c'est la sagesse,

05:55c'est la sagesse très profonde,

05:57c'est les grandes communautés

05:58au Sénégal par exemple

05:59qui arrivent quand même

06:00encore à étouffer

06:01l'islamisme radical.

06:04Eh bien,

06:04ils disaient

06:05c'est ce combat

06:06qu'il faut mener

06:06dans les mosquées.

06:07Et je trouvais ça

06:08tellement lumineux,

06:10je trouvais ça tellement fort.

06:11Je pense qu'on se grandirait...

06:12Ce sont les musulmans

06:13qui doivent conduire

06:14les premiers le combat.

06:16On se grandirait,

06:17nous républicains,

06:18si vous voulez,

06:19on se grandirait

06:19à avoir un gouvernement

06:21qui décide finalement

06:22de soutenir véritablement

06:24cette parole libre

06:25et ces gens

06:26qui sont capables

06:26d'aller au combat

06:27directement dans les mosquées.

06:29Moi,

06:29si je vais dans une mosquée,

06:30tout le monde s'en fout.

06:31Non mais vous avez raison

06:32sur le principe,

06:33mais un,

06:33si vous voulez,

06:34ce n'est pas la force

06:35qui a le vent en poube

06:36dans l'islam planétaire

06:37ni dans l'islam français

06:39malheureusement.

06:39C'est le wahhabisme.

06:40Les frères musulmans

06:42commencent à être interdits,

06:43sont déjà interdits

06:44dans plusieurs pays arabes

06:45et de plus en plus souvent.

06:47Regardez la Jordanie

06:48récemment.

06:49Ce que j'essaie de vous dire,

06:50c'est que dans l'islam,

06:51c'est plutôt l'islam politique

06:52et radical et rigoriste

06:53qui avance aujourd'hui

06:55au détriment

06:56de ces pensées,

06:58si vous voulez,

06:59beaucoup plus tolérantes,

07:00beaucoup plus ouvertes,

07:00etc.

07:01Mais ce que je voulais dire,

07:03c'est qu'en fait,

07:03si nous n'assumons pas,

07:05d'abord,

07:05il faut assumer effectivement

07:06une forme de combat culturel,

07:08non pas contre les musulmans,

07:10évidemment,

07:11mais contre certaines idées

07:12et contre certaines pratiques.

07:14Je pense qu'il y a deux temporalités.

07:16Il y a celle des interdits,

07:18des associations,

07:18il y a quand même du fric,

07:20il y a quand même

07:20beaucoup de choses à faire

07:21parce qu'ils subvertissent

07:23un certain nombre d'associations.

07:24– Le financement des mosquées,

07:25vous êtes d'accord,

07:25par exemple ?

07:25– Pas seulement les mosquées,

07:27par exemple,

07:28les associations

07:28genre éducatives,

07:30ceci, cela.

07:30– Oui, oui,

07:30je suis d'accord avec vous là-dessus.

07:31– Et la deuxième temporalité,

07:34c'est celle, effectivement,

07:35d'un combat culturel.

07:36Ça, c'est très difficile

07:37à décréter,

07:38c'est-à-dire que,

07:40évidemment,

07:41ça passe d'abord

07:41parce que,

07:42si vous voulez dire

07:43à des gens

07:44« Entrez dans ma culture »,

07:45il faut aussi que vous sachiez

07:46ce qu'est votre culture,

07:47un petit peu.

07:48Ça, c'est mieux.

07:49Et je crois

07:50qu'il faut à un moment

07:51dire aux musulmans

07:54qui sont des citoyens

07:57adultes et égaux

07:58qu'il y a un certain nombre

08:00de choses

08:00qui sont tout à fait…

08:02Moi, par exemple,

08:02je suis tout à fait

08:03contre l'interdiction

08:04du voile dans la rue,

08:05même si je n'aime pas

08:06la multiplication des voiles.

08:08Mais voilà ce que nous

08:09n'acceptons pas.

08:10Par exemple,

08:11les clubs de sport,

08:12c'est terminé.

08:13– La loi ?

08:15On applique la loi ?

08:16– Non, mais attendez.

08:17– Ce n'est pas la loi,

08:18pour l'instant.

08:18– Non, non, non.

08:19Je voudrais…

08:20Je suis d'accord

08:21si ce sont les fédérations

08:23qui fixent la loi.

08:23– Je comprends très bien

08:24sur la temporalité.

08:25Moi, je pense que le délit

08:26de communitarisme, par exemple,

08:27peut être quelque chose

08:28qui peut…

08:28Ça, c'est Gabriel Attal,

08:29c'est ce qu'il y a de moins bête

08:30dans sa proposition.

08:32Mais là où je suis d'accord

08:33avec vous,

08:34il faut aider.

08:35C'est-à-dire aussi,

08:35il y a la responsabilité médiatique

08:37et des réseaux sociaux.

08:38Le wahhabisme a tout envahi.

08:40En gros, c'est le wahhabisme.

08:42– Oui, mais…

08:42– Pardon.

08:42– Avec l'argent,

08:44avec les milliards…

08:44– Pardon, mais on est complices.

08:46– Pardon, mais tous les gouvernements

08:48du monde…

08:48– Est-ce que…

08:49– Est-ce que…

08:51– Est-ce que…

08:51– Mais je suis d'accord

08:51avec vous.

08:52– Un Boeing un autre,

08:52bien sûr.

08:52– Monsieur Trump qui reçoit

08:53un Boeing du Qatar.

08:54– Laissez-je en parler.

08:55– Un Boeing du Qatar.

08:57Mais il est complice de tout cela.

08:58– Mais je suis d'accord

08:58avec vous.

08:59– Il est complice.

09:00– Nous sommes complices.

09:00– Et Rassi Dandani

09:01qui donne la Légion d'honneur

09:03à l'État.

09:03– Nous sommes complices.

09:04– Allez finir,

09:05j'allais le dire.

09:06Évidemment que nous faisons carpette

09:08devant l'Arabie saoudite

09:09même si Mohamed Ben Salman

09:11est un peu différent.

09:12– C'est le Qatar

09:13qui finance avant tout

09:14les frères musulmans.

09:16– Mais je parle…

09:16– Pendant des dizaines d'années,

09:18ça a été le wahhabisme

09:20qui a envahi l'ensemble

09:22de la sphère mondiale

09:23avec des milliards

09:25pour prêcher cet islam rigouriste.

09:27Donc je dis,

09:28il faut nous aider…

09:28– J'ai le droit à une phrase encore.

09:30– Il faut aider les bonnes

09:31à résister.

09:32– Une phrase, allez vite.

09:33– Il y a quelque chose

09:35juste sur la France.

09:36Arrêtons surtout,

09:37mais ça on ne peut pas le décréter,

09:39mais les discours victimaires,

09:40les discours qui disent

09:41tout le temps aux petits musulmans,

09:43aux jeunes musulmans,

09:44vous êtes des paria,

09:45vous êtes des ceux-ci,

09:45vous êtes des ceux-là,

09:46ça ne leur fait trop bien.

09:48– Non mais ça c'est…

09:48– 8h22, 8h22.

09:51– Non !

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