« LCP-Lundi C'est Politique », en partenariat avec franceinfo et Challenges, Francis Letellier reçoit le ministre de l'action publique, de la fonction publique et de la simplification, Laurent Marcangeli.
Francis Letellier présente ce rendez-vous hebdomadaire, où il reçoit les grands leaders politiques, en partenariat avec franceinfo et Challenges.
Alors que l'Assemblée nationale figure plus que jamais au coeur de la vie politique, Francis Letellier interroge chaque lundi à partir de 19h30 les ténors du parlement et du gouvernement.
En première partie de l'émission : un tête-à-tête d'une quinzaine de minutes avec une grande personnalité politique, pour mettre en perspective l'ouverture de la semaine parlementaire, avant les Questions au Gouvernement du mardi.
Francis Letellier est ensuite rejoint en plateau par trois chroniqueurs, journalistes politiques des rédactions de LCP, franceinfo et Challenges, pour un échange avec l'invité.
Pour conclure l'émission, le face à face : une personnalité issue du monde culturel, économique ou social (écrivain, artiste, expert...) interpelle l'invité et réagit à ses propos.
Hugo au Perchoir, « streamer » politique et parlementaire sur Twitch, intervient également lors de l'émission, en relayant les questions de sa communauté.
Francis Letellier présente ce rendez-vous hebdomadaire, où il reçoit les grands leaders politiques, en partenariat avec franceinfo et Challenges.
Alors que l'Assemblée nationale figure plus que jamais au coeur de la vie politique, Francis Letellier interroge chaque lundi à partir de 19h30 les ténors du parlement et du gouvernement.
En première partie de l'émission : un tête-à-tête d'une quinzaine de minutes avec une grande personnalité politique, pour mettre en perspective l'ouverture de la semaine parlementaire, avant les Questions au Gouvernement du mardi.
Francis Letellier est ensuite rejoint en plateau par trois chroniqueurs, journalistes politiques des rédactions de LCP, franceinfo et Challenges, pour un échange avec l'invité.
Pour conclure l'émission, le face à face : une personnalité issue du monde culturel, économique ou social (écrivain, artiste, expert...) interpelle l'invité et réagit à ses propos.
Hugo au Perchoir, « streamer » politique et parlementaire sur Twitch, intervient également lors de l'émission, en relayant les questions de sa communauté.
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00:00Avec le ministère de la fonction publique, Laurent Marcangeli fait partie des ministres clés du gouvernement Bayrou, d'autant plus qu'il est le représentant d'Horizon, le parti d'Edouard Philippe, au sein de cette coalition dominée par des ministres de droite.
00:11Laurent Marcangeli est aussi chargé de mettre en place une loi pour simplifier la vie économique, supprimer des papiers, supprimer des démarches, supprimer des structures, bref, l'économie d'abord.
00:20Laurent Marcangeli est l'invité de LCP, l'Indice Politique.
00:24Générique
00:42Bonsoir et merci de votre filité à LCP. Bonsoir Laurent Marcangeli.
00:45Bonsoir.
00:46Merci d'être sur ce plateau. Je ne suis pas tout seul face à vous ce soir puisqu'il y a à mes côtés Elsa Mondagava de LCP. Bonsoir Elsa.
00:52Bonsoir Audrey Tizon de France Info.
00:55Bonsoir.
00:56Bonsoir Gaël Mac de Challenge.
00:57Bonsoir.
00:58Et bonsoir Hugo Couturier, Hugo Perchoir.
01:00Bonsoir.
01:01Sur la chaîne Twitch LCP Assemblée Nationale qui nous fera passer toutes les questions et les commentaires à votre attention.
01:06Avec vous Laurent Marcangeli, nous allons voir si votre loi va permettre de simplifier la vie des Français réellement puisque vous êtes chargé de la simplification économique.
01:14On parlera aussi de la fonction publique. Y aura-t-il plus ou moins de fonctionnaires dans les années qui viennent ?
01:18Ça pourrait être une question de référendum, ça tient d'ailleurs au passage, pourquoi pas.
01:21Et puis on va également revenir sur l'élection de Bruno Retailleau à la tête des Républicains pour voir si ça peut bousculer l'équilibre politique au sein du gouvernement.
01:28Et avec l'invité qui viendra échanger avec vous à la fin de l'émission, nous parlons de la Corse que vous connaissez bien puisque vous avez été maire d'Ajaccio, député de Corse.
01:36Est-ce que la Corse peut être une exception dans la République ? Eh bien on en parlera.
01:40On va d'abord aller au Château de Versailles, connu dans le monde entier, on le sait bien, et rien de mieux que cet endroit pour convaincre des investisseurs étrangers de venir s'installer en France.
01:48La récolte du 8e sommet de Choose France est bonne avec 37 milliards d'investissements annoncés ou confirmés à cette occasion
01:54et 13 000 emplois à la clé des entreprises américaines, canadiennes ou venues des Émirats arabes, d'Espagne, du Royaume-Uni s'engagent à venir développer une partie de leur activité en France.
02:04En particulier, c'est une dominante cette année dans l'intelligence artificielle.
02:08Laurent Marcangemi, dans le contexte des tensions commerciales avec les États-Unis, avec la Chine, ça veut dire clairement que la France a des atouts à faire valoir ?
02:16Ça veut dire déjà que ce qui a été décidé produit des effets puisque je veux bien croire que depuis 2017, les différentes réformes qui ont été proposées par le président de la République,
02:28par les gouvernements successifs, produisent des résultats.
02:32Ce n'est pas rien dans ce contexte que l'on choisisse la France.
02:36Ce n'est pas rien d'avoir des milliards d'euros d'investissement, ce n'est pas rien d'avoir des milliers d'emplois créés,
02:42c'est le résultat d'un travail constant que le président de la République et les différents gouvernements ont mené.
02:48Vous diriez, au bout de 8 ans de mandat d'Emmanuel Macron, que c'est le bilan d'Emmanuel Macron ?
02:52Évidemment, c'est aussi celui d'Edouard Philippe, c'est aussi celui de Jean Castex, d'Elisabeth Borne...
03:00Pas que le président de la République ?
03:02Non, parce qu'il a eu avec lui des gouvernements, un parlement qui a voté un certain nombre de textes depuis plusieurs années,
03:10qui ont simplifié la vie économique, qui ont permis d'attirer davantage des entreprises venant de l'étranger.
03:16On l'a encore vu au mois de février avec le sommet international sur l'intelligence artificielle.
03:20On investit en France et je crois qu'aujourd'hui la France est leader en Europe, ça ne veut pas rien dire.
03:26Quand on écoute le MEDEF, on a l'impression que la France, c'est un enfer fiscal, administratif, trop de charges sociales, les 35 heures, les salaires, tout y passe depuis des années.
03:35On a l'impression qu'il y a deux mondes, la France vue par les patrons français et celle vue par les patrons étrangers, non ?
03:40Moi, ce que je vois, je le vois aussi avec notamment nos agents de la fonction publique.
03:44Lorsque vous êtes dans la défense d'intérêts catégoriels, vous en voulez toujours plus, vous en voulez toujours davantage.
03:49J'ai connu une période où c'était Pierre Gattaz qui présidait le MEDEF et où il se plaignait énormément des charges fiscales sociales.
03:56Ce que le gouvernement d'Edouard Philippe a fait dès sa prise de fonction, c'est baisser un certain nombre de charges qui pesaient sur nos entreprises.
04:02Et durant les deux mandats d'Emmanuel Macron jusqu'à présent, la pression fiscale sur notamment le monde de l'entreprise a plutôt eu tendance à diminuer.
04:11Et on en voit aujourd'hui les résultats notamment à travers ça.
04:14Il va falloir convaincre le MEDEF ?
04:16Bien sûr, encore une fois, le MEDEF est très exigeant.
04:18Ah, pour l'être, il l'est, en effet.
04:20Respectable et exigeant.
04:21Mais je vous dis, on a même l'impression qu'ils ne vivent pas dans le même pays que les investisseurs étrangers.
04:24Les chiffres, rien que les chiffres, rien que les résultats, là vous voyez, vous avez des milliards d'euros investis encore cette année.
04:29Vous avez des entreprises qui viennent en France, s'installer en France.
04:33Je pose une question, il y a de cela une dizaine d'années, une quinzaine d'années.
04:36C'était plutôt le mouvement inverse.
04:38Mais est-ce que vous ne craignez pas que ces critiques, finalement, participent à une espèce de France bashing qui est préjudiciable à l'image du pays ?
04:45Évidemment, le dénigrement, l'auto-dénigrement, c'est un sport national.
04:50On le voit à peu près à tous les étages.
04:52Mais encore une fois, moi, je comprends les organisations représentatives d'intérêts ciblées comme le MEDEF.
04:58Elles en voudraient plus, elles considèrent qu'il faut obtenir plus.
05:01Vous savez, quand je rencontre les syndicats de la fonction publique, ils en veulent plus aussi.
05:05C'est la défense d'intérêts particuliers.
05:07Mais pour l'image de la France, là, en l'occurrence, si les patrons français disent ça, ça pourrait refroidir d'autres.
05:11Ce n'est pas joué pour son camp, j'allais dire.
05:14Vous savez, je ne pense pas que ce qui est fait et pratiqué aux Etats-Unis depuis que Donald Trump a regagné la Maison Blanche soit forcément l'exemple à suivre.
05:22Alors, ce n'est pas simple de simplifier.
05:24Vous défendez une loi sur la simplification de la vie économique.
05:27On va y revenir, mais on s'y perd parfois dans les mesures, le calendrier.
05:31On va déjà essayer de clarifier et voir quelques exemples.
05:34Avec vous, Elsa Mondingava.
05:35Oui, les députés ont commencé l'examen du texte début avril.
05:38Et puis, vous allez ressiéger le vendredi 30, le samedi 31, pendant l'ascension.
05:42Il y a bien eu du mal à trouver une place pour le projet de loi simplification.
05:46Il est un peu maudit, ce texte, Laurent Marcangeli.
05:48Je ne sais pas s'il est maudit.
05:50Pourquoi, d'abord, avons-nous tant de mal à aller au bout ?
05:54C'est parce que la créativité parlementaire, je la connais bien, notamment en matière de dépôt d'amendements,
05:59elle a frappé très fort à l'occasion de ce texte,
06:02notamment la première partie du texte qui, je vous le rappelle,
06:05traitait de la suppression des comités d'ité audule.
06:09Et nous avons perdu beaucoup de temps sur l'examen de cette partie du texte.
06:14Comme dans d'autres textes, vous voyez qu'il y a eu, je crois, plus de 1 400 amendements.
06:19Il en reste 900.
06:20Il en reste 900.
06:21On a bien avancé sur la deuxième partie et la deuxième lecture qu'on a pu faire.
06:27J'espère qu'on ira au bout et j'espère que les parlementaires permettront,
06:31on examine ce texte parce qu'il y a d'autres textes qui vont être examinés
06:34dans les mêmes intervalles et qui sont aussi, à mon avis, un terrain d'amendements nombreux.
06:40Vous en avez hérité de ce texte.
06:42Est-ce que c'était un cadeau empoisonné ?
06:44Vous n'auriez peut-être pas fait les choses de la même manière maintenant ?
06:46Non, mais vous savez, il faut accepter les héritages.
06:49Un autre ajaxien disait, de Clovis à la Convention, je prends tout.
06:54Quand vous avez la responsabilité de gouverner le pays,
06:58vous êtes obligé de faire également avec ce texte qui, à la base,
07:01est un texte 100 % économique pour nos entreprises, nos artisans, nos commerçants.
07:04Il y a des mesures importantes, il y a des suppressions de formalité.
07:07On parlait tout à l'heure de l'intelligence artificielle.
07:09Dans ce texte, l'article 15 prévoit notamment de faciliter l'implantation de centres de données,
07:14ces fameux data centers, en mauvais français,
07:16qui sont une clé pour la souveraineté numérique du pays.
07:20Nous sommes très attachés à ce sujet, notamment avec ma collègue Clara Chapaz.
07:24Donc voilà, il faut aller de l'avant et faire voter ce texte.
07:27Mais votre texte, il sera voté quand ?
07:29Je l'espère, le plus rapidement possible.
07:31Le samedi 31, ça suffira pour examiner tous les amendements ?
07:35C'est du bon vouloir. Je suis membre du gouvernement,
07:38je ne suis plus membre du Parlement depuis quelques mois,
07:40c'est du bon vouloir des parlementaires.
07:41S'ils veulent simplifier la vie des Français, il va falloir aller plus vite,
07:45notamment sur le texte sur l'agriculture, la fameuse loi Duplon,
07:49qui précède le texte que j'ai l'honneur de défendre
07:52avec mes collègues Marc Ferracci et Véronique Louvagie à l'Assemblée nationale.
07:55Donc ça veut dire que vous demandez aux députés d'accélérer pour que ce soit voté d'ici fin mai ?
07:59Parce que ça a déjà traîné, c'est ce que vous voulez dire.
08:01Il faut retirer des amendements, presque ?
08:03Je leur demande tout simplement de jouer le jeu de l'examen des sujets des textes
08:07et de ne pas être dans une forme de pourrissement des débats.
08:11Je leur demande de se battre sur les convictions qui sont les leurs.
08:13Il y a des sujets très compliqués dans le texte,
08:15qui se sont invités d'ailleurs par le biais d'amendements votés en commission.
08:19Il faut qu'on donne vraiment l'image d'une Assemblée
08:22qui travaille sur des textes qui parlent au français.
08:24Oui, vous parliez des sujets qui se sont invités.
08:26Ce sont les députés qui, en commission, ont décidé, par exemple,
08:29de supprimer les ZFE, les fameuses zones à faible émission.
08:33Quelle est la position du gouvernement sur les ZFE ?
08:36Vous êtes pour ou vous êtes contre ?
08:38D'abord, il y a la nuance.
08:39La position du gouvernement, c'est la nuance.
08:41Parce que je vois bien que sur ce sujet comme sur d'autres,
08:43et c'est ce qui me désespère un peu dans le débat politique français aujourd'hui,
08:46on a abandonné l'idée de nuance.
08:48C'est tout tout pour, tout contre, tout tout blanc.
08:51Le gouvernement, il a défendu et il défendra
08:57une mesure qui vise à être dans la nuance,
09:00à savoir une implantation raisonnable,
09:03je l'ai déjà dit sur un autre plateau avec vous, monsieur Le Tellier,
09:06Paris-Lyon, et on arrête.
09:10On arrête parce qu'aujourd'hui, la mise en application
09:13de ces ZFE sur l'ensemble du territoire pose d'immenses problèmes.
09:17Il ne faut pas que le remède soit pire que le mal.
09:20Je m'explique.
09:21Vous avez aujourd'hui des mesures telles que celles-ci
09:24qui peuvent être vécues par certains de nos compatriotes
09:27comme des mesures de ségrégation,
09:29comme des mesures d'apartheid social.
09:32C'est ce qui est ressenti par un certain nombre de nos compatriotes
09:35qui ne peuvent pas avoir d'autre solution que la voiture individuelle
09:38qui n'est pas propre pour pouvoir faire cela.
09:40C'est un message, un geste envers les Français
09:43ou envers les maires des villes à un an des élections municipales ?
09:47C'est un geste envers les Français qui sont représentés par leurs maires
09:50qui connaissent la réalité concrète de la vie de leurs concitoyens.
09:55Cela va faciliter la vie de certains maires
09:57qui ne voulaient pas de ces ZFE ?
09:59Cela va faciliter la vie des Françaises et des Français
10:01qui ont le sentiment d'être empêchés d'aller dans les grandes métropoles
10:04pour y travailler, pour s'y faire soigner,
10:06pour y avoir des activités culturelles ou sportives.
10:09C'est ça, la réalité concrète du terrain.
10:11Ils ne peuvent pas faire autrement.
10:13On a entendu votre message très clair et net ce soir.
10:16C'est ce que je veux vous dire.
10:18Monsieur le ministre, on parle de simplification
10:20et vous parlez de la difficulté sur les textes de loi.
10:22Est-ce qu'il ne faut pas aussi simplifier le travail parlementaire ?
10:25C'est vrai que moi, je commente quotidiennement l'actualité parlementaire
10:28et même si c'est mon boulot, des fois, je suis bien normal
10:31d'expliquer certaines choses à l'Assemblée.
10:33Est-ce que ça ne pourrait pas être une solution aussi,
10:35peut-être réduire les discussions générales en termes de durée
10:37vu le nombre de groupes ?
10:38Comment on pourrait simplifier le travail parlementaire ?
10:40Je suis dans un rôle que j'aurais pu occuper plus facilement
10:44en étant ce que j'ai été, c'est-à-dire président
10:46d'un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale
10:48puisque je suis membre du gouvernement.
10:50Le fonctionnement de l'Assemblée, c'est l'Assemblée qui le décide.
10:53C'est à l'initiative de la présidente de l'Assemblée nationale,
10:56ou du président si c'est un président,
10:58que le règlement intérieur de cette Assemblée peut être modifié.
11:00Il y a eu des modifications qui ont été opérées en 2017
11:03suite à la première élection d'Emmanuel Macron.
11:06Ça n'a pas été simple, déjà à l'époque,
11:08de changer le règlement sur un certain nombre de sujets.
11:11Moi, oui, à titre personnel, j'appelle de mes voeux
11:13une simplification de la procédure parlementaire.
11:16On a des discussions générales trop longues.
11:18On ne peut pas traiter de plusieurs textes en même temps.
11:21On n'a pas suffisamment recours
11:23à la procédure de législation en commission
11:25qui nous ferait gagner beaucoup de temps.
11:26Pourquoi ? Parce qu'on a un plec.
11:27– De voter en commission et non pas dans l'hémicycle.
11:29– Voilà, et après, on vote définitivement dans l'hémicycle,
11:31mais on va beaucoup plus vite.
11:32– Mais pas tous les amendements, par exemple.
11:33– On ne refait plus la discussion,
11:34on ne repasse plus par tous les amendements.
11:36Aujourd'hui, faute de consensus politique,
11:38ces procédures de législation en commission appelées plecs
11:40sont souvent rejetées parce qu'il faut l'unanimité
11:42des groupes en conférence des présidents.
11:44Et vous savez très bien qu'avoir l'unanimité,
11:46c'est jamais facile.
11:47– Surtout en ce moment, oui.
11:48– Généraliser les procédures accélérées du gouvernement,
11:51c'est le gouvernement qui peut le décider.
11:53– Oui, mais là, dans le contexte,
11:54il ne faut pas donner l'impression de brutaliser le Parlement.
11:56Moi, je crois que cette évolution de simplification
11:59du travail parlementaire ne pourra provenir que du Parlement lui-même.
12:03– Alors, votre collègue,
12:05ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin,
12:07a donc eu cette idée, enfin a émis cette proposition
12:12de supprimer au moins un tiers des organismes et agences d'Etat.
12:16Il y a 1244 agences,
12:18elle dit qu'elle espère économiser 2 à 3 milliards d'euros.
12:23Manifestement, ce chiffre crée un certain scepticisme.
12:28Que dites-vous à ce propos ?
12:29Est-ce que c'est une priorité ?
12:31Est-ce que c'est une urgence ?
12:33Et est-ce que c'est là le gros gisement d'économie ?
12:35Parce qu'on n'a pas forcément l'impression.
12:36– Ce n'est pas le plus gros gisement d'économie.
12:38On ne va pas raconter des histoires.
12:40En revanche, c'est un gisement potentiel d'économie.
12:42Moi, ce que j'ai proposé, j'ai été auditionné il y a deux semaines
12:45par la commission d'enquête parlementaire sénatoriale
12:48qui travaille sur cette question depuis maintenant plusieurs semaines,
12:51qui a été déclenchée à peu près au moment où j'ai pris mes fonctions de ministre.
12:55J'ai dit des choses très simples.
12:56Moi, je ne donnerai pas de chiffres.
12:58Pourquoi ? Parce que le travail n'est pas terminé.
13:00Vous savez qu'au mois de février,
13:01le Premier ministre a lancé une opération de refondation de l'action publique
13:04qui fait remonter un certain nombre d'informations
13:06pour que le gouvernement ait une vision claire, plus claire,
13:09de ce que fait l'État, de ce qui fait bien, de ce qui fait mal,
13:11de ce qui fait bien avec des démembrements,
13:14de ce qui fait moins bien avec des démembrements,
13:16dont ces fameux agents, ces opérateurs.
13:19Et parallèlement, vous avez un travail parlementaire qui n'est pas terminé.
13:23La commission d'enquête finira ses travaux au mois de juin.
13:26J'ai fait déjà une proposition qui suscite parfois un peu de contradictions.
13:31C'est la fusion des établissements publics que sont les cinq IRAs,
13:35les instituts régionaux d'administration,
13:37qui sont un institut de formation des hauts fonctionnaires.
13:42Il y avait un établissement par IRA.
13:46Nous, ce que nous avons proposé, c'est d'en faire un seul,
13:49tout en conservant la présence territoriale.
13:51On ne met pas en question le fait qu'il y ait un IRA à Bastia, par exemple.
13:54Ce serait quand même malvenu qu'un ministre issu de la Corse supprime l'IRA de Bastia.
13:59Et la méthode, c'est la suivante.
14:01On ne s'en presse pas, on travaille avec les parlementaires,
14:04les sénateurs qui vont rédiger ce rapport,
14:06et on travaille avec la donnée que nous avons à notre disposition.
14:08Je vous pose la question parce que c'est souvent quand même assez laborieux.
14:11On a pu le voir par le passé quand il y a eu la fusion impôt-trésor
14:14ou quand on a décidé de supprimer certaines régions.
14:17On ne fait pas toujours des économies.
14:19En fait, on nivelle un peu vers le haut, finalement.
14:22Et puis, ça utilise beaucoup de capital politique.
14:25Et en plus, on a aussi l'impression que parfois, il y a un petit biais idéologique.
14:28On entend bizarrement que celle qu'on veut supprimer, c'est l'ADEME,
14:31c'est l'Office français de la biodiversité, c'est l'Agence du bio.
14:35Donc, on se demande si, sous couvert de simplifier,
14:39on ne cherche pas non plus à s'en prendre à certains thèmes, écologie, par exemple.
14:43Vous ne m'entendrez pas pointer du doigt qui que ce soit,
14:46quel organisme que ce soit, parce que je considère que c'est justement là
14:50où la méthode d'entrée de jeu n'est pas bonne.
14:54Ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a des domaines,
14:57très certainement, au regard de ce que nous allons avoir
15:00de cette remontée d'informations demandée par le Premier ministre,
15:03et au regard du travail fait au Sénat,
15:05où on va pouvoir considérer qu'il est possible de fusionner
15:08un certain nombre d'opérateurs entre eux,
15:10parce qu'ils exercent des missions très proches, parfois les mêmes,
15:13où on va peut-être réinternaliser au niveau de l'Etat
15:16un certain nombre de missions que nous avons externalisées.
15:19Par exemple, qu'est-ce que l'Etat voulait reprendre ?
15:21Je n'ai aucun exemple à vous donner.
15:22Vous ne voulez pas prendre de risques ?
15:23Je ne veux pas prendre de risques, parce que ce sont des sujets sensibles,
15:26mais je peux vous assurer d'une chose,
15:28c'est que lorsque nous aurons pris les décisions, fait les arbitrages,
15:32je prendrai toutes mes responsabilités, je reviendrai vous voir et je vous dirai.
15:35Mais 2 ou 3 milliards, vous y croyez, vous ?
15:37Je ne peux pas vous dire si c'est 2 ou 3 milliards,
15:40mais je pense que la ministre est peut-être plus aux affaires
15:43des comptes publics pour avoir raison sur la question.
15:46L'idée, c'est de faire des économies, quand même.
15:48L'idée, c'est de faire des économies, mais pas que.
15:50L'idée, c'est aussi d'avoir de la lisibilité dans l'action publique.
15:53Vous savez, je pense que...
15:54Oui, mais est-ce que ce ne sont pas les économies, d'abord ?
15:55Ah non, non, non, non, non.
15:57C'est un édifice qui est sur ses deux jambes.
15:59Si vous avez des économies pour les économies
16:01et que vous avez une politique publique qui est illisible,
16:04ça ne marche pas non plus.
16:05Et justement, dans le prolongement de la question de Gaël,
16:07il y a un discours en ce moment qui est très contre les agences,
16:09contre les normes, comme si tout ça n'était créé que pour emmerder les Français,
16:13selon une formule que répètent des politiques.
16:15Je ne vais pas faire le parallèle avec le Dodge américain,
16:17le département de l'efficacité,
16:19mais est-ce que le gouvernement ne surfe pas aussi sur ce discours un peu populiste ?
16:23Je pense, depuis le mois de décembre, avoir justement exprimé l'inverse.
16:29Prenez chacune de mes sorties médiatiques au Parlement.
16:33Moi, je crois à une simplification française
16:36avec un état d'esprit français pour défendre les intérêts français.
16:39Ce qui se passe aux États-Unis, je vous l'ai dit tout à l'heure en matière économique,
16:42mais également en matière de réformes et de communication autour de ces réformes,
16:45ce n'est pas ma tasse de thé.
16:47Et on pourrait dire dans le discours, trop d'agences, trop de normes, trop de fonctionnaires aussi.
16:50Est-ce que, d'après vous, il en faut plus ou moins des fonctionnaires dans les prochains mois ?
16:54Là encore, je le dis, j'ai tellement entendu de choses.
16:58Vous savez, je suis élu depuis quelques années maintenant
17:01et j'ai commencé mon engagement politique partisan très jeune.
17:05Je n'avais pas encore le droit de vote.
17:07J'ai vu pas mal d'élections présidentielles et législatives.
17:11La formule, on diminue de 100 000, de 200 000, etc.
17:15Plus que ça, François Fillon, c'était 500 000.
17:17Vous voyez bien que c'est difficile, surtout.
17:19Il n'a pas été élu.
17:20Vous voyez bien que c'est difficile.
17:22Il faut avoir un peu d'humilité.
17:24Il y a des services publics où il va falloir avoir plus de gens.
17:26La réalité, elle est là.
17:28Donc si on est demain à la serpe avec des grands chiffres et des grands mouvements...
17:32Mais c'est plus à l'avenir ? C'est plus ou moins de fonctionnaires ?
17:35Il va falloir faire mieux avec moins.
17:37C'est ce que nous avons dit.
17:38Pourquoi ? Parce qu'on voit très bien un contexte de raréfaction de nos ressources publiques.
17:42On voit bien qu'il y a des pyramides d'âge.
17:44Donc moins de fonctionnaires, c'est ça que ça veut dire ?
17:46On a le problème de notre système de retraite qu'il faut financer.
17:48On a le problème de nos dépenses sociales.
17:50Si je vous comprends bien, il faudra faire mieux avec moins de fonctionnaires ?
17:52Peut-être que certains sujets devront faire l'objet de diminutions.
17:56Mais je vous le dis encore, peut-être que sur un certain nombre de postes,
18:00de fonctions publiques, il va falloir en avoir plus.
18:02Mais au total, ce sera moins ?
18:04Et peut-être que si on veut mieux les payer, peut-être aussi qu'il faut qu'ils soient moins.
18:07Mais ça, c'est une question qu'il va falloir dans le dialogue social.
18:10C'est ce que je fais depuis le mois de mars avec les organisations syndicales.
18:13Et également, dans un vrai débat politique, un débat important,
18:17qui, à mon avis, sera celui de l'élection présidentielle de 2027.
18:19Juste une petite parenthèse, ça pourrait être un référendum, ça aussi ?
18:22Bien sûr.
18:23Moi, j'appelle de mes voeux un référendum potentiel sur tout ce qui peut avoir à trait la simplification de la vie des Français.
18:30Ça dépend comment on pose la question.
18:32Est-ce que c'est moins de fonctionnaires ou moins de policiers, de juges,
18:36d'enseignants, d'associés ?
18:38Non, mais ce que je voulais dire, c'est qu'un référendum sur l'organisation de l'Etat, ça pourrait être une bonne idée.
18:42Oui, mais pourquoi pas ?
18:43Non, non, non, non.
18:45Et vous, qui êtes ministre des fonctionnaires, qu'est-ce que vous faites pour les protéger ?
18:49On entend de plus en plus de menaces, d'agressions physiques, notamment envers les agents hospitaliers, la pénitentiaire.
18:55Est-ce que vous avez des choses concrètes à nous dire sur ce phénomène ?
18:59Oui. D'abord, vous l'imaginez bien, je ne vais pas vous répondre tout de go,
19:03mais ce que je vois est inacceptable.
19:05J'étais encore vendredi à Marseille, à l'hôpital de la Timone, où je vois des agents qui sont des trésors.
19:11C'est pour ça que moi, je me refuse à être dans le bashing et dans le dénigrement de nos agents publics.
19:15Ce sont des trésors. Ils sauvent des vies.
19:18Ils aident les gens et ils travaillent à améliorer continuellement la qualité du service public qui est le leur.
19:24Ce que je propose, c'est tout simplement de faire en sorte que la protection fonctionnelle s'oriente de telle manière.
19:31L'employeur porte plainte au nom de l'agent.
19:34L'agent peut porter plainte également, mais il ne faut pas que l'agent public soit seul.
19:38Ça, ça n'existe pas aujourd'hui.
19:40Donc je propose que cela soit fait et également d'ouvrir cette possibilité aux ayants droit de l'agent,
19:45les victimes, la famille, les enfants, le concubin, la concubine, le mari ou l'épouse,
19:52pour pouvoir faire en sorte que cette qualité de victime, ce statut de victime soit reconnu également.
19:58Et je propose que nous soutenions les principes qui ont prévalu lors de la rédaction d'une proposition de loi,
20:04qui est celle de Violette Spielbutz, qui n'a pas pu être inscrite encore sur du temps parlementaire.
20:09Alors je le dis aujourd'hui, je suis prêt à transformer cette PPL, cette proposition de loi, en projet de loi gouvernemental.
20:15Et je demanderai à ce que cette proposition de loi transformée en projet de loi soit inscrite sur le temps gouvernemental à l'Assemblée nationale.
20:23Elle est plus bref. Très vite, je l'espère.
20:26Un mot rapide.
20:27Oui, rapide sur les fonctionnaires. Il y a Denis Chou qui dit, je croyais qu'il y avait un problème de chômage.
20:32Est-ce qu'on veut moins de fonctionnaires au travail ? C'est vrai, on en fait quoi de ces fonctionnaires qu'on supprime ?
20:38Encore une fois, je veux dire, moins de fonctionnaires, ce n'est pas le débat, ce n'est pas prendre le sujet par le bon bout de la lorgnette.
20:46Les Françaises et les Français, qu'est-ce qu'ils veulent ? Ils veulent l'efficacité publique.
20:49Ils veulent l'efficacité publique à un moment où nous sommes, en plus de cela, confrontés à des difficultés financières que personne ne perd de vue.
20:56La France aujourd'hui a une grande difficulté en matière financière, en matière des engagements qui sont laissés, en matière de souveraineté.
21:03Parce que je vous rappelle encore une fois que cet endettement, ce déficit, c'est un problème de souveraineté.
21:08Et si demain, nous ne sommes plus en capacité de tenir le gouvernail, c'est arrivé.
21:15Et ça n'arrive pas qu'aux autres. C'est arrivé au Portugal, c'est arrivé à la Grèce, c'est arrivé à l'Italie.
21:20Et là, le remède, c'est un remède de cheval. Ce qu'il faut faire, c'est éviter d'en arriver au remède de cheval.
21:25Alors, on va parler maintenant du débat qui mobilise actuellement les députés, c'est celui sur la fin de vie.
21:29Ce week-end, l'aide active à mourir a été adoptée, inscrite dans la loi, en tout cas à l'Assemblée nationale, parce que ça repassera au Sénat. Audrey.
21:37Alors, ce n'est pas encore un vote définitif. On a voté en tout cas cet article, l'aide active à mourir.
21:43Vous, Laurent Marcangeli, pour vous, est-ce que c'est une avancée ?
21:48D'abord, quand j'étais président du groupe Horizon et indépendant, j'avais dit, comme pratiquement tous les présidents de groupe de cette Assemblée,
21:57que la liberté de vote s'appliquerait à chacune et chacun des...
22:02Mais là, c'est votre avis à vous.
22:04Ma position, c'est que la manière dont le texte est sorti pourrait m'amener, si j'étais encore député, à ne pas le voter.
22:11Pourquoi ?
22:12Parce que j'ai pris le temps, lorsque j'étais parlementaire, d'aller à la rencontre de personnes concernées par ces sujets,
22:20très pour une avancée significative, d'autres beaucoup moins convaincus.
22:25Mais répondre comme ça, à brûle pour poing, alors que je n'ai pas participé aux travaux,
22:29tout ce que je peux vous dire, c'est que lorsque la commission spéciale précédente avait arrêté ces travaux et que j'étais encore député,
22:36je n'aurais pas voté le texte à l'époque.
22:38Là, j'ai moins parti.
22:39Déjà à l'époque, je vous ai entendu.
22:40Oui, parce que vous voyez bien qu'en plus, j'ai travaillé avec beaucoup...
22:43Mais pourquoi ? Qu'est-ce qui vous bloque ?
22:45La manière dont le texte avait été modifié par la commission spéciale que présidait à l'époque ma collègue et amie Agnès Firmin-Lebaudot,
22:52quand j'étais le président de groupe, nous avait amené à dire que les ajouts de la commission spéciale pouvaient faire que nous ne votions pas tous.
23:01Mais quoi ? Quoi ?
23:03Les évolutions... Il ne faut pas... Sur ce sujet...
23:07Non mais qu'est-ce qui vous bloque ?
23:09Je ne veux pas qu'on crée...
23:11C'est l'ensemble qui vous bloque ?
23:12Pas l'ensemble. Vous avez un certain nombre de dispositions qui ne me choquent pas.
23:16Mais encore une fois, l'état d'esprit qui prévaut...
23:19Je ne veux pas que nous nous retrouvions dans des situations où, comme du côté des pays frontaliers, vous avez parfois des situations qui peuvent, de mon point de vue, créer une forme de dérive.
23:35Comme quoi ?
23:36Est-ce que c'est le fait, par exemple, de pouvoir demander à d'autres personnes de faire le geste final ?
23:41Vous préférez, par exemple, l'auto-administration que la personne en conscience...
23:45Le problème de l'auto-administration, c'est qu'il y a malheureusement des malades en fin de vie qui n'ont plus cette capacité.
23:51Mais vous savez, quand vous allez voir quelqu'un qui travaille dans les soins palliatifs, que vous discutez avec les gens qui travaillent dans ces services,
23:57c'est ce que j'ai fait à l'hôpital d'Ajaccio lorsque le texte était en première lecture avant la dissolution l'année dernière,
24:02et qu'on vous explique qu'il y a des gens qui arrivent avec la volonté de mourir en soins palliatifs,
24:06mais qui, après avoir été soulagés de leur douleur, veulent profiter encore un peu de leurs proches, de leurs familles, de leurs enfants, de leurs petits-enfants, ça fait réfléchir.
24:14Ce que j'entends, moi, dans le grand Marc Angélis, c'est que, de toute façon, vous n'auriez pas voté ce droit à l'aide à mourir, tout simplement.
24:20Non, non, je suis pas dogmatique sur cette question.
24:24D'accord, mais vous l'auriez pas voté. Il faudrait vous convaincre beaucoup.
24:26Jusqu'à aller voter contre, probablement pas, parce que... Je ne sais pas, mais j'ai des doutes.
24:32Et je dois bien avouer que je n'ai pas été assez mobilisé, parce que membres du gouvernement en présence sur d'autres sujets,
24:37par les débats parlementaires qui sont en cours, pour vous donner une réponse suffisamment claire.
24:41Elsa.
24:42Vous n'avez pas forcément pu regarder les 5h30 de l'audition du Premier ministre suivi sur LCP,
24:48mais j'imagine que vous en avez quand même eu des échos.
24:50D'après vous, est-ce qu'il en est sorti renforcé ou encore plus affaibli, votre Premier ministre ?
24:55J'ai vu un homme qui a défendu son honneur devant une commission qui, parfois, virait au tribunal d'inquisition.
25:05Je ne pense pas que ça serve, dans la représentation nationale, d'avoir une telle virulence dans cet exercice
25:13qui a été celui de l'audition du Premier ministre.
25:15La défense n'était pas en reste.
25:16La défense n'était pas en reste, mais à un moment, quand vous êtes face à un tribunal,
25:20parce que ce n'était pas une commission d'enquête, à un moment, c'était un tribunal,
25:23où l'un des co-rapporteurs essaye de pousser à la faute pour que le Premier ministre se parjure,
25:29ce qui est pénalement répréhensible.
25:32On prête serment lorsqu'on dépose devant une commission d'enquête.
25:35Ce n'est pas un travail de politique.
25:37Ce n'est pas un travail de justice.
25:39C'est un travail de tentative de démolition d'un homme.
25:43Je l'ai vu dans le cadre de cette affaire et je l'ai vu dans le cadre d'autres affaires.
25:47Il ne faut pas que les députés aient le sentiment d'être membres de tribunaux d'inquisition.
25:52Sauf que ça lui colle à la peau, cette affaire Bétarame, depuis ses propres déclarations,
25:56un flou qu'il a peut-être lui-même entretenu.
25:58Pourquoi, dans les enquêtes d'opinion, il n'en a pas fini avec cette affaire, le Premier ministre ?
26:02Je pense qu'il a eu le loisir de s'expliquer devant la représentation nationale
26:07constituée en commission d'enquête parlementaire.
26:10Et si demain, il devait avoir à répondre à d'autres questions, il le fera.
26:14Il ne s'est jamais défaussé.
26:16Vous avez parlé des commissions d'enquête.
26:18Est-ce que, comme la présidente de l'Assemblée nationale qui l'a dit hier chez Francis,
26:21est-ce qu'il y en a un peu trop, des commissions d'enquête ?
26:24Mais là encore, c'est...
26:28Le Parlement a des règles.
26:30Et ces règles sont respectées.
26:32On n'est pas dans des détournements de règles.
26:34Après, il y a l'esprit. Est-ce qu'il y en a trop ?
26:36Peut-être.
26:37On voit bien que c'est un instrument politique, faute de légiférer,
26:40de vouloir légiférer.
26:42Certains veulent créer des tribunaux d'inquisition.
26:44Et je ne pense pas que ça soit la bonne méthode.
26:47C'est plus la méthode que le nombre de commissions.
26:50C'est très utile que le Parlement, à travers des commissions d'enquête,
26:53contrôle...
26:54Surtout certaines qui donnent des résultats.
26:56C'est indispensable.
26:57Celle de Nestlé, par exemple, du Sénat, qui révèle...
26:59Bien sûr. Vous avez eu des tas de commissions.
27:01Celle sur Outreau, elle était quand même assez utile.
27:04Il y a 20 ans, j'étais étudiant pour devenir avocat.
27:07À l'époque, j'ai suivi ses travaux.
27:09C'était très intéressant, très important, très décisif.
27:11Mais encore une fois, la loi est créée à l'Assemblée.
27:15Le contrôle se formule à l'Assemblée.
27:17Mais par contre, la justice n'est pas rendue à l'Assemblée nationale.
27:20Il y a les tribunaux pour ça, les vrais.
27:22Justement, en parlant de ça, au niveau Betarame,
27:25c'est, je crois, plus de 60 ans d'actes pédocriminels.
27:28Comment ça se fait, ce déni collectif ?
27:30J'ai lu le silence de Betarame, de Alain Esquerre.
27:33Même la fille de François Bayrou...
27:35Qui était sur le bureau de François Hollande, d'ailleurs.
27:37De François Bayrou, pardon.
27:38Justement, il y a la fille de François Bayrou
27:40qui parle d'un déni collectif.
27:41Comment ça se fait ?
27:42Vous avez été élue locale.
27:43Ou ex-élue, je ne sais plus si vous l'êtes toujours en cours.
27:45Mais comment vous expliquez que pendant des années,
27:47et dans toute la France, il y a des actes pédocriminels
27:50dans des établissements qui sont commis
27:52et que personne n'ose parler ?
27:54Ça aussi, je ne pourrais pas en parler en connaissance de cause
27:59parce que, Dieu merci, moi, je n'ai pas été victime de ces vices.
28:02Mais les mécanismes psychologiques qui se créent
28:05lorsqu'on est victime de viols, d'attouchements,
28:10sont très particuliers.
28:11En parler, c'est très difficile.
28:12Et même pour les violences, lorsqu'elles sont massives,
28:15c'est visiblement le cas,
28:16c'est très difficile de libérer cette parole.
28:18Avec Gaëlle, on va reparler argent.
28:20C'est normal, vous êtes de challenge.
28:22Les sous.
28:23Voilà, les sous.
28:24Parce qu'après cette épreuve de Bétharame,
28:26je pense que ce sera la prochaine épreuve très lourde de François Bayrou,
28:30de trouver 40 milliards pour préparer le budget 2026,
28:33minimum 40 milliards.
28:35Bon, on voit que des ballons d'essai sont lancés à droite à gauche,
28:38les 10 % des retraits sur les retraités, etc.
28:41C'est quand même un peu un cauchemar.
28:43Donc, où va-t-on trouver cet argent ?
28:46Et est-ce que la fonction publique,
28:48est-ce que votre secteur va être visé particulièrement ?
28:51Parce qu'on imagine qu'il va être sur la scellette.
28:54On va vous en demander, des économistes.
28:56Le problème, c'est que, vous le savez,
28:58je suis ministre de la fonction publique,
29:00mais il s'avère que je suis aussi relié à tous mes collègues.
29:03On essaie de travailler ensemble sur la simplification.
29:05Il y a une ministre de l'Education nationale,
29:07d'Enseignement supérieur et de la Recherche.
29:09Il y a un ministre de l'Intérieur qui s'occupe des policiers.
29:11Il y a eu des lois de programmation qui ont été votées
29:13à de très larges majorités à l'Assemblée nationale,
29:15pour nos armées, pour notre justice,
29:17pour notre sécurité au quotidien.
29:19Et c'est vrai qu'il y a une attente,
29:21dans chaque fonction publique,
29:23d'avoir un certain nombre d'avancements
29:25et autres investissements massifs pour équiper.
29:29On est à la croisée des chemins.
29:31Il faut dire les choses comme elles le sont.
29:33Je ne veux pas éteindre un enjeu de souveraineté.
29:35Si on dévisse durablement,
29:37au niveau de notre déficit public,
29:39à un moment donné, on n'aura plus la marge de manœuvre
29:41où on viendra nous l'imposer.
29:43Est-ce que, puisque l'Etat a la main sur la fonction publique,
29:46il faut faire 40 milliards,
29:48donc c'est la fonction publique qui paiera ?
29:50Non. Nous avons des...
29:52Il y a encore une méthode, il y a un cap.
29:54Il a été fixé par le Premier ministre.
29:56Les arbitrages budgétaires ne sont pas rendus.
29:58Ne comptez pas sur moi pour sortir du rôle qui est le mien.
30:00Moi, je vais participer aux discussions budgétaires,
30:02naturellement, ministre de la fonction publique.
30:04Vous allez même devoir faire des propositions.
30:06Je vais le faire, je prendrai le temps de le faire.
30:08Nous aurons des premiers arbitrages
30:10qui seront rendus très probablement
30:12au courant du mois de juillet.
30:14Et là encore, je vous le dis, avec toute franchise,
30:16vous pouvez me croire, je viendrai défendre
30:18ce que j'ai proposé.
30:20En tout cas, dans le budget de 2025,
30:22ça a été quand même compensé
30:24par beaucoup de hausses d'impôts,
30:26et notamment de hausses d'impôts sur les entreprises.
30:28Cette fois, on nous dit qu'il faut baisser la dépense,
30:30donc on va demander à tous les ministères
30:32de baisser la dépense.
30:34Je pense que c'est un grand sujet, aussi,
30:36cette question de baisse des dépenses publiques
30:38d'Edouard Philippe.
30:40C'est le sujet de sa réflexion
30:42et des idées qu'il met en avant.
30:44Est-ce qu'à un moment,
30:46s'il n'y a pas assez de baisse des dépenses publiques,
30:48on va à la censure ?
30:50Peut-être que s'il y en a trop, aussi.
30:52Je vous rappelle quand même
30:54que ce budget,
30:56il aura besoin, justement,
30:58de ne pas provoquer la censure du gouvernement
31:00pour être adoptée.
31:02Et nous avons bien vu
31:04les conditions dans lesquelles nous avons pris nos fonctions
31:06au mois de décembre dernier,
31:08qu'il a été préparé
31:10dans une situation un peu particulière.
31:12Mais donc, il y aurait un empêchement.
31:14En gros, on ne va pas pouvoir faire les efforts nécessaires
31:16parce qu'il y aura toujours un parti.
31:18Si vous voulez me faire dire que la situation politique
31:20décidée par les Françaises et les Français
31:22démocratiquement au mois de juillet dernier
31:24facilite les choses, vous allez avoir du mal.
31:26Vous savez quoi ? Il y a le président du Sénat,
31:28Gérard Larcher, dont aujourd'hui en France,
31:30le Parisien, lui, il a une idée.
31:32Il dit qu'il faut geler le budget,
31:34reconduire en 2026 le budget de 2025,
31:36de ne pas augmenter les fonctionnaires,
31:38de ne pas créer non plus de postes de fonctionnaires.
31:40Il le dit comme ça, lui. Est-ce que ça peut être une piste ?
31:42Tout est sur la table.
31:44La piste de Gérard Larcher, elle est bonne ?
31:46Le président du Sénat bénéficie d'une autorité,
31:48d'une expérience que je ne me permettrai pas
31:50de remettre en cause.
31:52Ceci étant dit, je suis ministre de la fonction publique,
31:54donc des agents publics.
31:56Les risques
31:58de conflit
32:00sont là.
32:02Et cette proposition
32:04est à l'origine de blocages puissants.
32:06Dans le pays ? Dans le pays.
32:08D'une rentrée sociale tonitruante.
32:10Donc le président du Sénat est irresponsable ?
32:12Non. Gérard Larcher est un homme d'Etat.
32:14En tant que président du Sénat,
32:16un personnage haut placé
32:18au niveau de l'Etat.
32:20Il met le feu aux poudres quand il dit ça.
32:22Il propose. Il est dans son rôle.
32:24Il n'est pas au gouvernement.
32:26Et vous mettez en garde.
32:28Et je dis que les blocages
32:30coûtent aussi très cher.
32:32Je ne sais pas si ça provoquera cela.
32:34Ce que je dis
32:36aujourd'hui, c'est que
32:38le corps social français,
32:40il ne faut pas croire,
32:42c'est de la porcelaine.
32:44Il faut faire très attention à ce qu'on fait.
32:46Et à ce qu'on dit.
32:48Mais c'est surtout ce qu'on fait qui compte.
32:50Au bout du compte, on peut dire beaucoup de choses.
32:52Mais l'idée de geler
32:54le budget 2026
32:56sur 2025,
32:58ça pourrait être une idée ?
33:00Ça peut être une idée.
33:02Je vais faire un cours d'histoire.
33:04Le général de Gaulle, le 31 décembre 1958,
33:06il fait une annonce aux Français.
33:08C'est pas sec et haut parce que c'était nécessaire.
33:10Il y avait même la baisse des pensions militaires.
33:12On était en 58.
33:14Des anciens combattants.
33:16Ça a été accepté à l'époque.
33:18Mais c'était 58, c'était de Gaulle, c'était la France de 1958.
33:20Mais geler le budget,
33:22ça permettrait aussi de ne pas être obligé
33:24de passer par un vote, quasiment.
33:26On pourrait même redupliquer le budget
33:28et passer par le vote, ça serait formidable.
33:30Non, je crois que le principe d'annualité budgétaire
33:32est constitutionnellement reconnu.
33:34Chaque année, il faut passer par le vote du Parlement.
33:36Un mot.
33:38Question de Stéphane, on en est où ?
33:40Des allocations à la source contrôlées par l'État ?
33:42Bref, le prélèvement à la source.
33:44Le versement à la source.
33:46Le versement des allocations automatiques.
33:48Le versement automatique des allocations.
33:50Il faut lui dire que
33:52comme je ne suis pas très certain
33:54de maîtriser techniquement le sujet,
33:56je ne peux pas répondre pour l'instant.
33:58Il ne maîtrisait pas trop bien la question.
34:00Je suis projet Edouard Philippe,
34:02quand je ne sais pas, je ne sais pas.
34:04Bruno Taillot,
34:06votre collègue ministre de l'Intérieur,
34:08est le nouveau président des Républicains,
34:10élu par les adhérents du parti
34:12avec près de 75% des voix,
34:14donc loin de l'envoquer.
34:16Avec François Bayrou,
34:18il est le deuxième chef de parti
34:20à être membre du gouvernement.
34:22Ou d'ailleurs, il entend bien rester.
34:24Il est le deuxième chef de parti
34:26avec près de 75% des voix,
34:28donc loin de l'envoquer.
34:30C'est-à-dire, ce sont nos adhérents
34:32qui ont tranché à 75%.
34:34La question, je considère que
34:36s'il ne voulait pas
34:38que je sois au gouvernement,
34:40alors ça aurait été un désaveu.
34:42Laurent a fait largement sa campagne
34:44sur ce sujet-là.
34:46Bruno Taillot, il est président
34:48maintenant du parti LR,
34:50a élu très confortablement.
34:52Ça renforce quand même le poids
34:54des LR dans ce gouvernement.
34:56Est-ce qu'on a l'impression que ça y est,
34:58ce sont les LR qui vont gouverner ?
35:00Est-ce que ça change un peu les équilibres
35:02au sein de ce gouvernement ?
35:04Personne ne peut gouverner le pays
35:06à lui seul.
35:08C'est encore le choix que les Français
35:10ont exprimé au mois de juillet dernier.
35:12Les LR sont une composante de ce socle
35:14qui soutient le gouvernement
35:16et qui fait en sorte
35:18qu'il y ait des ministres présents.
35:20C'est le pari que nous avons fait.
35:22Nous, ça fait depuis 2022 avec Edouard Philippe
35:24qu'on demandait à ce que les LR gouvernent
35:26le pays avec nous.
35:28On a un LR qui est pratiquement en campagne
35:30pour la présidentielle 2027,
35:32et c'est bien pour ça qu'il a voulu
35:34prendre la tête de son parti,
35:36qui va se retrouver ministre au gouvernement.
35:38Ça ne va pas tirailler de plus en plus.
35:40Si d'aventure il souhaitait,
35:42comme vous le dites,
35:44à ce stade,
35:46c'est son droit le plus absolu,
35:48et nous verrons bien
35:50comment les choses se passent.
35:52Ça n'a pas empêché d'autres
35:54d'être à l'époque Premier ministre
35:56et candidat à l'élection présidentielle
35:58ou des ministres à l'être aussi.
36:00Mais là, il est président de parti,
36:02de surcroît, au gouvernement,
36:04dans un gouvernement de coalition,
36:06ça lui donne un poids supplémentaire.
36:08Premier ministre et président de parti.
36:10Oui, mais lui, il est deuxième dans ce cas.
36:12Moi, je vais parler de ce que je connais le mieux.
36:14Mon président de parti, il a fait le choix
36:16d'être candidat à l'élection présidentielle.
36:18Il aurait pu rentrer au gouvernement
36:20en 2022, en 2023, en 2024
36:22et peut-être même en 2025. Il n'a pas fait.
36:24Et donc ?
36:26J'en tire comme conclusion,
36:28d'abord que je suis,
36:30avec Charlotte Parmentier-Lecocq,
36:32représentante de mon parti au sein du gouvernement.
36:34Nous avons fait le choix de la responsabilité.
36:36C'est très bien que Bruno Retailleau l'ait fait également
36:38au mois de septembre l'année dernière,
36:40parce qu'on ne pouvait pas se priver
36:42de la droite républicaine des Républicains
36:44au gouvernement, que Bruno Retailleau,
36:46je pense, a plutôt bénéficié de sa présence au gouvernement
36:48dans l'opinion publique.
36:50Et que ça nous permet de travailler ensemble
36:52et que je pense qu'on va devoir travailler ensemble à l'avenir.
36:54Mais c'est intéressant ce que vous dites, parce que vous dites,
36:56moi, mon patron, entre guillemets, c'est Edouard Philippe,
36:58il a choisi de ne pas être ministre.
37:00Oui, je vous confirme que...
37:02Non, mais j'ai bien compris. Donc ça veut dire que,
37:04finalement, si Bruno Retailleau pouvait prendre sa liberté
37:06et ne plus être ministre, ça serait plus clair.
37:08Non, pas du tout, non.
37:10Moi, je suis très heureux de siéger au gouvernement
37:12à côté de Bruno Retailleau.
37:14Il y a deux logiques, alors. Quelle est la meilleure ?
37:16Ça, c'est l'avenir qui le dira.
37:18En 1995, Jacques Chirac avait fait un pari deux ans avant,
37:20c'est de ne pas être Premier ministre de cohabitation
37:22et de laisser Edouard Balladur.
37:24Tout le monde a dit que c'était un mauvais choix.
37:26Au final, il a gagné.
37:28Alors que Laurent Wauquiez, lui, c'est le contraire.
37:30Il a perdu en ne voulant pas entrer au gouvernement.
37:32Je ne pense pas que ce soit ça qui l'ait fait perdre.
37:34Qu'est-ce qui l'a fait perdre ?
37:36C'était le moment Retailleau, tout simplement.
37:38Parfois, il y a des vagues qui sont trop hautes.
37:40Surtout quand on voit l'écart.
37:42Je ne vais pas commenter des militants LR.
37:44Pour le coup, c'est vrai.
37:46Quand vous voyez Bruno Retailleau,
37:48vous vous dites que ce sera un concurrent
37:50contre Edouard Philippe en 2027 ?
37:52Pas forcément.
37:54Vous pensez qu'il se ralliera à Edouard Philippe ?
37:56On sent qu'il a de l'ambition, Bruno Retailleau.
37:58Pour le coup, il fait 74 %.
38:00Encore une fois, moi, ça fait depuis 2022
38:02que vous me posez des questions, dans des déjeuners,
38:04sur la stratégie d'Edouard Philippe.
38:06Je vous dis ce que je pense.
38:08Je pense que sa stratégie est la meilleure.
38:10Depuis 2022, et même avant,
38:12il est bien dans le jeu.
38:14Je pense que les Français ont bien connu
38:16quand il était Premier ministre.
38:18J'étais à Marseille.
38:20J'ai vu quelqu'un qui se prépare
38:22durement pour être président de la République.
38:24Ce qu'on nous dit autour de lui,
38:26c'est que vous allez voir, à la fin,
38:28tout le monde ira derrière lui.
38:30C'est pas la fin.
38:32On n'est pas encore à la fin.
38:34Vous restez prudents.
38:36Je vais vous faire une révélation massive,
38:38comme le programme que nous présenterons.
38:40Il ne sera pas seul candidat à l'élection présidentielle.
38:42Il y aura de la concurrence.
38:44Il ne sera pas seul, peut-être,
38:46même au Bloc central.
38:48C'est un gros risque.
38:50Ceux qui le prendront devront le mesurer.
38:52Qui le prendra ?
38:54Tout le monde le prendra.
38:56C'est Edouard Philippe à qui on le reprochera.
38:58Je crois que nous sommes encore loin
39:00de l'échéance.
39:02D'abord, il y a des élections municipales,
39:04et après, il y aura les présidentielles.
39:06Par contre, je vais vous dire une chose
39:08dont je suis particulièrement convaincu.
39:10Le meilleur candidat, c'est Edouard Philippe.
39:12Audrey ?
39:14S'ils sont 5 ou 6 sur la ligne de départ,
39:16on fait comment pour les départager ?
39:18Il n'y aura pas de primaire.
39:20On a créé un parti politique,
39:22c'est pas pour partir en primaire.
39:24Personne n'en veut.
39:26Je pense pas que Gabriel Attal en veuille non plus.
39:28Il n'y aura pas de primaire.
39:30Vous comptez sur la sélection naturelle
39:32de votre candidat ?
39:34Je pense que nous aurons,
39:36le moment venu,
39:38une photographie suffisamment claire
39:40pour savoir qui est le mieux placé.
39:42Je pense qu'on en a déjà une certaine idée.
39:44Il y a des enquêtes d'opinion qui le démontrent.
39:46Pour l'instant.
39:48C'est constant.
39:50Vous imaginez un candidat unique
39:52pour le bloc de centre et de droite ?
39:54C'est souhaitable.
39:56Ça va d'où à où, ce bloc ?
39:58Ce bloc, ça va
40:00des démocrates aux républicains.
40:02Ça va pas du côté de
40:04Sarah Knafo ou Éric Zemmou ?
40:06Des démocrates aux républicains.
40:08C'est ce qu'a proposé
40:10Daur Philippe à Lille lors du précédent
40:12congrès décentralisé, et c'est ce qu'il a répété
40:14avec autant de verbes
40:16et de convictions à Marseille, samedi.
40:18Est-ce que c'est pas,
40:20vous l'avez dit, la photographie,
40:22le sondage, il est le mieux placé ?
40:24Est-ce que c'est vraiment un avantage ?
40:26Vous êtes tous traumatisés par Alain Juppé,
40:28trop tôt, et à la fin, c'est pas lui
40:30sur la ligne de départ.
40:32J'ai eu l'honneur de faire
40:34campagne aux côtés d'Alain Juppé et d'Édouard Philippe,
40:36entre autres, en 2016.
40:38Je peux vous dire
40:40qu'Édouard Philippe,
40:42je le connais suffisamment
40:44maintenant pour le voir
40:46à l'ouvrage.
40:48Il y a du chirac en Édouard Philippe.
40:50Beaucoup. C'est quelqu'un
40:52qui va combattre jusqu'au bout.
40:54Il est en train de prendre une épaisseur
40:56qu'il n'avait pas encore
40:58en 2022, lorsque je suis devenu
41:00le président fondateur de son groupe
41:02à l'Assemblée nationale, parce qu'il se prépare,
41:04parce qu'il va à la rencontre des Françaises et des Français,
41:06parce qu'il travaille, parce qu'il rencontre
41:08des gens en vue de préparer son projet
41:10qu'il dévoilera à un moment venu.
41:12Je suis quelqu'un de constant dans l'engagement,
41:14mais également de constant dans la confiance
41:16qu'Édouard Philippe m'inspire.
41:18C'est une peur, quand même, chez vous,
41:20on a le sentiment.
41:22Je semble pétrifié de peur.
41:24Vous dites que dans deux ans,
41:26c'est loin, et en même temps,
41:28Édouard Philippe est parti très tôt en campagne.
41:30Je ne veux pas apparaître comme quelqu'un de prétentieux
41:32et de trop sûr de son fait.
41:34Il va falloir qu'on gagne ensemble, qu'on rassemble,
41:36qu'on ne reste pas sur notre petit précaré,
41:38parce que d'abord, il va falloir gagner,
41:40puis ensuite, il va falloir gouverner,
41:42et ça ne va pas être de la tarte.
41:44Hugo.
41:46Question qui vient d'Instagram, de LCP.
41:48A quand une application unique
41:50pour toutes les démarches ?
41:52Édouard Philippe, c'est la retraite à 67 ans.
41:54D'abord, encore une fois,
41:56le projet n'est pas sur la table.
41:58Il a été dit, redit,
42:00et je profite de l'occasion que vous me donnez pour le redire,
42:02le projet, c'est à partir de mai 2026.
42:04Donc la retraite à 67 ans, c'est pas forcément dans le projet.
42:06Ça n'est pas arrêté.
42:08Vous avez même pu lire dans des quotidiens
42:10qu'il y avait d'autres options qui étaient sur la table,
42:12des gens visiblement très bien informés
42:14sur ce sur quoi travaillent Édouard Philippe et ses équipes
42:16dans le cadre de l'édification
42:18d'un projet pour la France.
42:20Gaël ?
42:22Encore une fois, le programme
42:24viendra en son temps.
42:26L'élection à la proportionnelle,
42:28ça revient quand même dans le débat,
42:30et vous êtes contre. Pourquoi ?
42:32Je suis contre parce que c'est contraire à l'esprit des institutions
42:34de la Vème République.
42:36Je suis contre parce qu'il n'y a aucun pays d'Europe
42:38qui a deux têtes d'exécutif,
42:40un Premier ministre ou une Première ministre,
42:42un président ou une présidente de la République.
42:44Je ne suis pas pour parce que je crois que ça va institutionnaliser
42:46le désordre dont nous avons parlé,
42:48avec l'Assemblée nationale, avec des groupes
42:50qui se font face, s'affrontent
42:52et ne construisent pas de consensus
42:54parce que nous ne sommes pas, comme d'autres pays,
42:56des pays où la coalition est facile.
42:58Je suis aussi contre parce que
43:00le président de la République qui sera élu
43:02en 2027, il ne faut pas lui
43:04ligoter les pieds et les points avant même qu'il ne soit candidat.
43:06Surtout si c'est Édouard Philippe, par exemple.
43:08Est-ce que vous seriez prêt à aller jusqu'au bras de fer,
43:10vous et votre parti, avec François Bayrou,
43:12sur ce sujet ?
43:14Là, je vous dis quelle est ma position, à titre personnel,
43:16qui, en plus, s'avère être, je le pense,
43:18la position unanime du parti
43:20dont je suis membre.
43:21Ça peut créer des tensions dans la coalition et au gouvernement, ça ?
43:23Oui.
43:24Parce que François Bayrou, il y tient, la proportionnelle.
43:26Il y tient. En revanche, vous ne m'entendrez pas dire
43:28que François Bayrou était légitime
43:30sur la question. Il défend cela depuis 30 ans.
43:32D'accord, mais ça peut créer des tensions, du coup.
43:34Vous êtes contre, il est pour. Ça peut créer des tensions.
43:36Je n'y suis pas d'accord. J'ai l'impression qu'une grande majorité du groupe
43:38Ensemble pour la République que préside Gabriel Attal est contre.
43:40Je me suis laissé dire que du côté
43:42de la droite républicaine, ce n'était pas forcément
43:44particulièrement souhaitable et souhaité
43:46et que le groupe que j'ai présidé pendant
43:48deux ans et demi est aussi
43:50contre à l'unanimité.
43:51Donc ça peut faire faire marche arrière à François Bayrou,
43:53sous-entendu ? Je ne sais pas.
43:55Audrey, une dernière question qui concerne
43:57cette fois les réseaux sociaux, parce que c'est un sujet
43:59sur lequel vous avez travaillé.
44:00Oui, la question de la majorité numérique.
44:02Également, ça revient régulièrement
44:04dans le débat politique, le fait d'interdire
44:06strictement les réseaux sociaux
44:08aux adolescents. Gabriel Attal l'a proposé
44:10récemment et tiens, tiens, je vois que
44:12cette règle, vous l'avez déjà fait voter
44:14Laurent Marcangeli en 2023.
44:16Alors pourquoi cette loi n'est pas appliquée ?
44:18D'abord, voilà,
44:20vous le disiez tout à l'heure,
44:22cette loi a été promulguée par le président de la République
44:24le 7 juillet 2023, après un vote
44:26unanime à l'Assemblée nationale et au Sénat.
44:28Tout simplement, c'est le règlement
44:30européen qui rend inapplicable
44:32ce texte. Pourquoi ?
44:34Parce que les règlements européens décidés
44:36à l'époque où M. Breton était
44:38commissaire européen sont moins
44:40de 10 ans que ce texte, notamment en matière
44:42de majorité numérique. Donc moi je dis une chose très simple,
44:44si on veut donner
44:46un signal de puissance publique et non pas
44:48d'impuissance publique, faisons en sorte
44:50que la loi que j'ai fait voter
44:52soit applicable et appliquée parce qu'il s'agit
44:54d'une demande très forte, très forte
44:56sur le terrain. Je crois que ce qui se passe aujourd'hui
44:58dans le monde des réseaux sociaux doit nous interpeller
45:00en tant que parents, en tant que citoyens
45:02et que si on ne fait rien, le mal sera à mon avis
45:04trop avancé. Vous demandez donc à ce que les décrets
45:06d'application de votre loi soient tout simplement signés.
45:08Je l'avais demandé au Premier ministre Gabriel Attal
45:10qui avait d'ailleurs fait un très beau discours en disant
45:12tout le bien qu'il pensait de la loi Marc-Angéli.
45:14Et maintenant François Bayrou...
45:16Gabriel Attal, il a un double disque, il n'a pas pu le faire.
45:18C'est à François Bayrou de le faire.
45:20Peut-être qu'il a oublié que c'était mon texte au départ.
45:22Il avait prononcé un discours en tant
45:24que Premier ministre en parlant de la loi Marc-Angéli.
45:26Donc François Bayrou doit le faire.
45:28J'espère qu'il le fera.
45:30On va maintenant accueillir une invitée tout à l'heure
45:32qui, dans quelques instants, va parler
45:34avec vous de la Corse, votre terre d'élection.
45:36La Corse qui a une place à part dans la République française.
45:38Le portrait de l'invité est signé
45:40Marco Pommier.
45:42Face à vous, Laurent Marc-Angéli,
45:44une experte de la loi suprême
45:46la Constitution.
45:48Maître de conférence des universités
45:50en droit public, enseignante à Sciences Po.
45:52Dans son nouveau livre,
45:54elle s'interroge sur la Vème République.
45:56Fragile, dit-elle, en crise.
45:58Mais ce soir,
46:00elle interpelle le Corse que vous êtes
46:02sur le statut spécifique de l'île,
46:04quitte du processus d'autonomie.
46:06François Bayrou avait pris
46:08un engagement.
46:10Un calendrier a été fixé
46:12conformément aux orientations du président
46:14de la République pour la Corse.
46:16Pour aboutir à une évolution
46:18constitutionnelle fin 2025,
46:20ce calendrier sera respecté.
46:22Une autonomie,
46:24oui, mais pourquoi faire ?
46:26La Corse est déjà pionnière en matière
46:28de décentralisation.
46:30Une collectivité territoriale unique,
46:32avec la double compétence
46:34de départements et de régions,
46:36alors faut-il aller plus loin,
46:38au risque de remettre en cause
46:40le principe de l'indivisibilité de la République.
46:42Dans le projet d'écriture constitutionnelle,
46:44le gouvernement tente
46:46d'écarter cette possibilité.
46:48Un statut d'autonomie pour la Corse
46:50au sein de la République,
46:52qui tient compte de ses intérêts propres,
46:54liés à son insule arrêtée méditerranéenne,
46:56à sa communauté historique,
46:58linguistique, culturelle,
47:00et angulier à sa terre.
47:02Mais pour les détracteurs de l'autonomie de l'île,
47:04le projet pourrait ouvrir la boîte de Pandore,
47:06un risque de contagion
47:08dans d'autres régions,
47:10de la Bretagne au Pays Basque,
47:12en passant par l'Alsace.
47:14Face à vous, Anne-Charlene Bézina.
47:16Anne-Charlene Bézina arrive sur ce plateau.
47:18Je vous laisse saluer le ministre.
47:20Bonsoir, Anne-Charlene Bézina.
47:22Je vous laisse vous installer.
47:24Vous avez 10 minutes pour débattre
47:26avec Laurent Marcangeli.
47:28Quand vous parlez de Corse,
47:30sensible.
47:32Bonsoir, monsieur le ministre.
47:34J'avais une première question à vous poser
47:36à propos de cette loi constitutionnelle
47:38à venir sur le statut de la Corse.
47:40Expliquez-nous, qu'est-ce qu'elle pourrait changer ?
47:42Pourquoi ce statut dérogatoire
47:44apporterait quelque chose,
47:46alors qu'on sait que la collectivité territoriale de Corse
47:48est déjà spécifique par rapport aux autres ?
47:50D'abord, je suis obligé de faire un retour
47:52historique, proche.
47:54Nous sommes en 2022.
47:56Cela fait maintenant
47:58trois élections régionales,
48:002015, 2017,
48:022021, on appelle chez nous
48:04des élections territoriales,
48:06que des autonomistes,
48:08d'abord alliés à des indépendantistes,
48:10puis ensuite, autonomistes seulement,
48:12ont gagné les élections
48:14à de très larges majorités.
48:16La dernière, j'étais le principal opposant.
48:18J'ai été battu. C'est la seule élection
48:20que j'ai perdue.
48:222022, Yvan Colonna est agressé
48:24dans sa salle de sport
48:26de la maison d'arrêt d'Arles.
48:28Il y perd la vie.
48:30Pendant plusieurs jours,
48:32en mars 2022,
48:34des scènes d'émeutes urbaines
48:36se sont déroulées dans la ville
48:38dont j'étais le maire. Le tribunal judiciaire
48:40a été incendié. Il y a eu
48:42des scènes d'une extrême violence
48:44où chaque soir, je me couche
48:46avec la boue à l'estomac en me disant
48:48est-ce qu'il va pas y avoir un jeune homme
48:50qui va prendre un mauvais coup, ou un policier
48:52ou un gendarme qui va prendre un mauvais coup.
48:54Les élections
48:56présidentielles sont en cours
48:58et le ministre de l'Intérieur,
49:00mon ami Gérald Darmanin, qui est mon collègue aujourd'hui au gouvernement,
49:02vient à Ajaccio. Nous sommes le 17 mars 2022.
49:04Il y a encore beaucoup de policiers
49:06dans la rue et beaucoup de problèmes
49:08et il dit qu'il va travailler
49:10avec le président de la République qui lui a donné l'autorisation
49:12de dire sur un statut d'autonomie de l'île.
49:14Qu'est-ce que ça apporterait de plus ?
49:16Je pense qu'il faut...
49:18Je sais que vous êtes pressé.
49:20D'abord, c'est de reconnaître la Corse
49:22avec une spécificité
49:24qui n'est que celle de la Corse,
49:26celle d'une île de Méditerranée
49:28à la démographie vieillissante
49:30qui bénéficie
49:32d'un certain nombre
49:34de points positifs
49:36mais qui patient également
49:38de points négatifs en matière économique et sociale.
49:40C'est important peut-être que vous nous redisiez
49:42pourquoi ce statut constitutionnel
49:44il importe à l'île.
49:46Est-ce que c'est uniquement par rapport à la langue ?
49:48Est-ce que c'est pour reconnaître une spécificité territoriale ?
49:50Qu'est-ce que la Corse va gagner
49:52à devenir demain une Nouvelle-Calédonie ?
49:54Une Polynésie ? Est-ce que ça change vraiment quelque chose ?
49:56D'abord, pour moi,
49:58le fait de plaquer les modèles
50:00auxquels vous faisiez référence
50:02n'est pas ce que j'ai soutenu.
50:04Ce que j'ai soutenu, c'est d'abord
50:06une écriture constitutionnelle
50:08qui devra donc faire convoquer
50:10le Parlement en congrès
50:12qui nécessitera donc les 3 cinquièmes des voix
50:14des parlementaires, députés et sénateurs.
50:16C'est-à-dire de l'Assemblée nationale et du Sénat auparavant.
50:18Et voilà. Ça, c'est la modification de la Constitution.
50:20Ensuite, vous êtes constitutionnaliste.
50:22Le principe qui avait été validé
50:24à Beauvau sous la direction de Gérald Darmanin
50:26mais également sous la direction du Président de la République
50:28qui l'a même impliqué personnellement
50:30il a fait un discours en septembre 2023
50:32à Jacques Soulon dans ce sens,
50:34c'est d'avoir aussi des lois organiques
50:36qui vont venir expliquer ce que sera l'autonomie de la Corse.
50:38Et là, ces lois organiques, aujourd'hui,
50:40elles ne sont pas rédigées.
50:42Le processus législatif constitutionnel
50:44va ouvrir une porte.
50:46Ensuite, les parlementaires
50:48auront à charge de définir
50:50cette autonomie.
50:52Mais quid justement du blocage actuel du Sénat ?
50:54Parce qu'en fait, ce qu'on réplique, c'est que
50:56la particularité régionale de la Corse,
50:58si finalement demain elle était reconnue,
51:00elle pourrait conduire à une forme
51:02d'effet de contagion.
51:04Et qu'est-ce qu'on fait pour garder l'indivisibilité de la République
51:06si on propose des lois différentes
51:08pour certains territoires ?
51:10Et qu'est-ce que c'est la particularité de la Corse
51:12pour pouvoir sauver cette indivisibilité
51:14alors qu'on ne l'a reconnue que pour l'outre-mer ?
51:16D'abord, c'est une autonomie
51:18qui s'installe
51:20dans la République.
51:22Encore une fois,
51:24je peux être suspecté de beaucoup de choses.
51:26Mais s'il y a bien une chose dont on ne peut pas
51:28me suspecter, c'est d'être
51:30un séparatiste, d'être un ennemi
51:32de la République. Je vous ai rappelé tout à l'heure
51:34l'attachement que je portais au texte de 1958
51:36à travers
51:38la proposition sur la proportionnelle,
51:40sur la stabilité de nos institutions.
51:42Ceci étant dit, je suis issu d'un territoire
51:44particulier, doté
51:46d'un statut déjà particulier,
51:48doté également
51:50d'une histoire récente,
51:52avec des résultats
51:54démocratiques, électoraux,
51:56qui, aujourd'hui, nécessitent
51:58à mon avis de la prise en compte de la Corse
52:00à travers un nouveau statut,
52:02un nouvel outil mis à disposition
52:04de celles et ceux qui sont légitimement l'UE.
52:06On n'a rien inventé avec l'écriture de Beauvau.
52:08C'est également validé à la quasi-unanimité
52:10des élus de l'Assemblée de Corse.
52:12Toute tendance confondue.
52:14Et à un moment, il faut aller au bout.
52:16Il faut aller au bout du débat.
52:18Vous savez, les parlementaires,
52:20sur un projet de loi constitutionnel,
52:22ils peuvent réécrire les choses.
52:24Ils ne sont pas forcés de dire
52:26oui ou non, comme dans un référendum.
52:28Est-ce qu'ils ne peuvent pas ajouter
52:30de nouveaux territoires ?
52:32Quand on ouvre le chapitre constitutionnel,
52:34on peut reparler de tout,
52:36de la durée du mandat du président de la République,
52:38y compris de plein de choses.
52:40Ce que je souhaite, c'est qu'on ne parte pas
52:42dans un concours lépine
52:44de propositions concernant
52:46d'autres régions, même si je sais
52:48que certains présidents de régions,
52:50on en fait entendre leur volonté
52:52de s'inscrire dans la même logique.
52:54La Corse, de par son histoire,
52:56de par son insularité,
52:58de par ses difficultés,
53:00mais également ses avantages,
53:02doit, je le pense, pouvoir bénéficier
53:04d'un statut qui lui est propre.
53:06C'est, en tout cas, ce pour quoi je milite.
53:08Est-ce que la régionalisation
53:10est, à votre sens, quelque chose
53:12qu'on devrait, qu'on pourrait envisager
53:14à cadre constitutionnel évolué ?
53:16Est-ce que la question fiscale
53:18importe dans ce nouveau statut ?
53:20Est-ce que ces éléments doivent être réfléchis ?
53:22Moi, d'abord, je pense que le débat
53:24sur la décentralisation
53:26doit s'accompagner du débat
53:28sur la déconcentration.
53:30Vous ne pouvez pas avoir un débat
53:32sur le pays en deux. Il faut redéfinir
53:34les responsabilités de l'Etat sur les territoires
53:36en matière déconcentrée.
53:38C'est valable pour l'ensemble du territoire national
53:40dans son entièreté.
53:42Il faut avoir une réflexion autour
53:44de ce que sont les territoires qui forment le pays.
53:46Est-ce qu'il faut
53:48une organisation territoriale
53:50des collectivités uniques, immuables ?
53:52Pour moi, je vais vous le dire,
53:54c'est à titre personnel que je parle,
53:56je suis contre l'uniformisation.
53:58Je pense qu'aujourd'hui, vous pouvez avoir
54:00dans tel territoire de la République
54:02une manière d'organiser.
54:04Est-ce que c'est davantage les départements
54:06qui doivent avoir des responsabilités ?
54:08La différenciation existe déjà.
54:10C'est toujours ça, le risque.
54:12Comme on l'a dit, la particularité régionale,
54:14il faut qu'elle s'inscrive dans cette indivisibilité.
54:16La seule dérogation qu'on a reconnue,
54:18c'est celle des populations d'outre-mer.
54:20Pourquoi les populations d'outre-mer
54:22ont eu égard à ce caractère assez éloigné
54:24à cette ancienne colonisation ?
54:26C'est une histoire particulière.
54:28Si on installe ça pour une collectivité
54:30qu'on peut qualifier de métropolitaine,
54:32on n'est pas dans quelque chose de complètement différent.
54:34Est-ce qu'on ne change pas le paradigme
54:36de cette indivisibilité ?
54:38C'est pour ça que la Corse demande un statut constitutionnel,
54:40puisqu'on sait que le Conseil constitutionnel
54:42a déjà eu plusieurs fois, en 91, en 2002,
54:44à renoncer ou à faire renoncer,
54:46en tout cas le législateur,
54:48à des avancées sur la langue
54:50ou sur la notion de peuple corse.
54:52La notion de peuple corse, c'est un arrêt
54:54connu et célèbre du Conseil constitutionnel.
54:56Donc en matière d'enseignement
54:58et de pratique de la langue corse,
55:00il y a des décisions qui ont été prises
55:02et qui ne pouvaient pas être reportées
55:04jusqu'à leur terme, puisque la Constitution
55:06précise bien qu'il n'y a qu'une seule langue,
55:08celle qui est la langue française.
55:10Encore une fois,
55:12je veux, aujourd'hui,
55:14ôter de tout doute
55:16et sans paraphraser
55:18un souverain pontife bien connu,
55:20je vous dirais, n'ayez pas peur.
55:22C'est pas du séparatisme ?
55:24Non, si c'est défendu par Laurent Marcangeli,
55:26je peux vous assurer que ça ne peut pas être du séparatisme.
55:28Moi, mon parcours,
55:30l'entièreté de mon engagement public,
55:32il a été dans la famille républicaine et gaulliste.
55:34Je ne peux pas être, aujourd'hui,
55:36qualifié
55:38comme un dangereux indépendantiste.
55:40Mais vous considérez qu'on peut garder
55:42l'indivisibilité de la République
55:44avec un statut régional poussé ?
55:46Qu'est-ce que ce serait que ce statut
55:48au sein de l'indivisibilité ?
55:50C'est un statut qui permettra, très simplement,
55:52d'adapter les lois et les règlements
55:54à la réalité concrète d'une île
55:56qui a bénéficié, je vous l'ai dit,
55:58d'avantages particuliers, mais également
56:00de désavantages, qui a un handicap
56:02sur bien des points, notamment son économie.
56:04Ça pourrait être la possibilité
56:06d'avoir une responsabilité politique
56:08qui s'exercera au plus près de nos concitoyens
56:10dans le respect des règles démocratiques.
56:12Mais on pourrait le dire pour d'autres régions ?
56:14Et ça pourrait être contrôlé, parce que je rappelle encore
56:16que même si c'est un contrôle a posteriori,
56:18les mêmes modes de contrôle,
56:20les mêmes modes de saisine
56:22du président de l'Assemblée,
56:24du président du Sénat et des parlementaires
56:26pourront être mis en oeuvre.
56:28Je ne vois pas aujourd'hui de risque de dérive
56:30et je répondrai à celles et ceux qui sont
56:32continentaux, puisque c'est comme ça qu'on dit
56:34chez moi, qu'ils ne sont pas une île.
56:36Je peux vous dire que
56:38quand on est annasulaire, on voit la différence.
56:40Peut-être simplement qu'on se dit
56:42que ce débat-là est un débat
56:44sur la régionalisation de la République
56:46qui ne dit pas son nom.
56:48Et notamment que la discussion constitutionnelle
56:50doit s'ouvrir sans tabou.
56:52Un débat sur la Corse qui remonte à loin,
56:54qui s'appuie sur une démocratie
56:56qui a fait ses preuves.
56:58C'est un débat qu'on peut avoir.
57:00Je ne parle pas des autres régions
57:02à travers ce sujet, je parle seulement de la mienne.
57:04Mais un jour, peut-être encore une fois,
57:06on aura encore un grand débat.
57:08Merci Anne-Charlene Bézina. Je rappelle au passage
57:10le titre de votre dernier livre,
57:12Cinquième République, l'anatomie d'un régime noir en crise,
57:14aux arènes, avec mon confrère Thomas Négaroff.
57:16Merci à Marc Angéli d'avoir accepté notre invitation
57:18dans l'Indice Politique sur LCP,
57:20qui revient la semaine prochaine à la même heure.
57:22Bonne soirée sur la chaîne parlementaire.