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Après des décennies d'opérations extérieures et d'engagements « choisis », les armées sont aujourd'hui confrontées à des conflits imposés dans des rapports de forces entre grandes puissances. Ce contexte international particulièrement complexe et dangereux, impose au ministère des Armées de mener une veille quotidienne afin d'anticiper les menaces. Pour cela, il peut s'appuyer depuis plus de 60 ans sur la Direction générale de l'armement, qui a pour mission d'équiper les forces, en adaptant leurs matériels aux nouveaux dangers. Récit d'un combat permanent.

Réalisateur : Thomas Romiguier/ECPAD

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Transcription
00:00...
00:00Contrairement aux idées reçues, l'histoire ne se répète pas.
00:21La guerre, elle, se réinvente.
00:24On est véritablement rentré dans une phase de révolution dans les affaires capacitaires.
00:28Et ça, c'est l'observation des champs de bataille aujourd'hui qui nous le montre.
00:38L'industrie du drone en France, et en particulier du drone militaire,
00:42elle a dû se réinventer très rapidement, parce qu'on avait quelque part un peu raté le virage.
00:48Et c'est de ça dont les marins ont besoin pour se défendre face à tout un panel de menaces.
00:55On est en gare 67 !
00:58On est en gare 67 !
01:01On se pose quand même une question qui est assez simple, c'est-à-dire qui tue quoi et à quel prix.
01:11What if ?
01:13Et si, trois points de suspension.
01:14Et ça nous permet de voir des choses que sinon on ne verrait pas.
01:16Dans un contexte international particulièrement complexe et dangereux,
01:21le ministère des Armées mène une veille quotidienne pour anticiper les menaces de demain.
01:27Récit d'un combat permanent.
01:28Après des décennies d'opérations extérieures et d'engagements choisis,
01:43les armées sont aujourd'hui confrontées à des conflits imposés,
01:46dans des rapports de force entre grandes puissances.
01:51Réfléchir aux conséquences du retour de la guerre et aux postures à adapter
01:54est donc plus que jamais indispensable.
01:57Vous constatez un environnement stratégique qui est en pleine mutation,
02:04avec une multiplication des crises, mais également une accélération.
02:08Ça veut dire que bien évidemment il faut qu'on travaille plus
02:10et qu'on s'inscrive dans le cadre d'une défense collective,
02:13avec des alliés, des coalitions ad hoc, des alliances.
02:16Et ça c'est quelque chose qui est très important, ça donne la masse, ça donne la légitimité.
02:19Ça veut dire qu'il faut s'adapter en permanence.
02:21Et je pense que ça pour les armées, c'est quelque chose qui est essentiel,
02:24être capable de s'adapter en permanence,
02:25parce que nos adversaires évoluent sans cesse.
02:28Et il faut d'ailleurs qu'on voit l'adaptation non pas comme un effort à fournir
02:31pour finalement atteindre un état où après on vivrait tranquillement parce qu'on s'est adapté.
02:36En fait non, on ne sera en adaptation permanente.
02:38Et en fait il n'y a pas d'état stable.
02:41Au fur et à mesure il faut continuer à s'adapter,
02:42regarder comment nos adversaires, parce qu'en fait aujourd'hui tout va très très vite.
02:45Alors l'implication entre la DGA et les armées, directions et services du ministère,
02:50elle est essentielle et elle est surtout permanente.
02:53Et nous avons des outils.
02:54Nous avons des outils par exemple pour travailler avec la direction du renseignement militaire,
02:58qui nous permet de caractériser les menaces
02:59et de bien juger du niveau de technologie de nos adversaires.
03:04Les armées s'appuient effectivement depuis plus de 60 ans sur la direction générale de l'armement,
03:09qui a pour mission d'équiper les forces en adaptant leurs équipements aux nouvelles menaces.
03:13Pendant les Jeux olympiques de 2024,
03:21les armées ont mis en place un dispositif anti-aérien conséquent.
03:27Pour assurer la défense aérienne des sites olympiques, notamment à Marseille,
03:31un système lance-missile appelé VL-MICA a été installé sur les hauteurs de la ville.
03:38Ces missiles d'interception, de combat et d'autodéfense
03:41ont été mis en œuvre dans les forces en un temps record,
03:44pour prévenir toute attaque depuis les airs.
03:47Le VL-MICA équipe l'armée de l'air depuis juin 2024.
03:50Nous l'avons reçu à proximité des Jeux olympiques.
03:56Nous avons fait en sorte que nos opérateurs et tout notre écosystème armée de l'air
04:00puissent intégrer rapidement ce système.
04:03C'est un système qui se base sur le MICA, missile utilisé par nos avions de chasse,
04:12Rafale, Mirage 2000, donc missile RR,
04:15qui a été adapté sur un système terrestre que l'on nomme VL-MICA,
04:19VL pour Vertical Launch, lancement vertical.
04:22Nous avons positionné le système à Marseille
04:25afin de renforcer la surveillance grâce au radar
04:29et de disposer d'une capacité d'interception avec le missile
04:34qui était prêt à être employé en cas de besoin.
04:38La sécurisation des Jeux olympiques a finalement agi comme un accélérateur
04:45de l'acquisition des VL-MICA
04:47qui avait déjà été identifié comme un besoin
04:49dans le cadre de la préparation de la loi de programmation militaire
04:52sur laquelle les équipes travaillaient main dans la main avec les états-majors.
04:56Le dispositif particulier de sûreté aérienne
04:58mis en œuvre lors des Jeux olympiques et paralympiques
05:02regroupait différents moyens de défense aérienne
05:08afin de créer une véritable bulle de protection
05:11autour des différents sites à protéger.
05:15Nous devions nous préparer à faire face
05:17à différents aéronefs de plus ou moins grande taille,
05:22éventuellement hélicoptères,
05:23en cas extrême des missiles de croisière.
05:26Nous devions faire face également à la menace émergente des mini-drones.
05:30Désormais, afin de lutter contre les mini-drones,
05:36nous intégrons également à un niveau interministériel
05:40tous les moyens de lutte avec des moyens fixes
05:42capables de détecter avec des radars,
05:46des senseurs électromagnétiques, des caméras,
05:49mais également des moyens mobiles
05:50dans les mains des forces de sécurité,
05:55police, gendarmerie,
05:56ou également des forces militaires déployées sur le terrain.
05:59Le tout coordonné par l'armée de l'air et de l'espace.
06:04Afin de livrer ce système de défense en temps et en heure,
06:07la Direction générale de l'armement
06:09a fait appel à une équipe spécialement constituée
06:11appelée Force d'acquisition réactive ou PHAR.
06:15Objectif, accélérer les procédures d'achat,
06:18répondre aux besoins les plus urgents
06:19et raccourcir les délais de livraison,
06:22afin de permettre aux forces de bénéficier
06:24de matériel de pointe dans des délais parfois très courts.
06:26La force d'acquisition réactive,
06:30elle est activée lorsque le critère délai est prépondérant.
06:35Et ça, ça nous permet de faire les choses différemment.
06:38Nous, on dit de faire autrement,
06:39c'est-à-dire d'avoir une quarantaine d'opérations aujourd'hui
06:43qui sont éligibles à cette force d'acquisition réactive.
06:45Je pense aux ambulances, par exemple,
06:47je pense aux véhicules blindés de type serval
06:49pour faire de la lutte anti-drone,
06:51je pense à la protection de nos frégates en mer rouge.
06:54Ce sont des opérations sur lesquelles on active ces nouveaux outils
06:57et ça porte des résultats dès aujourd'hui.
06:59Elle va aider les équipes à se focaliser sur leur projet
07:03en mode commando.
07:05Et pour ça, on va tout faciliter.
07:06On va essayer de limiter les points durs.
07:09Ça veut dire de mettre à leur disposition
07:11toutes les ressources nécessaires,
07:14que ce soit des ressources financières,
07:15des ressources humaines,
07:16pour que le projet avance le plus vite possible.
07:18Au-delà des Jeux olympiques,
07:25la protection aérienne concerne aussi l'ensemble des forces déployées.
07:30En mer, par exemple,
07:32la multiplication des menaces a obligé à faire évoluer
07:35et moderniser les systèmes d'armes des bâtiments de la marine.
07:39C'est le cas des nouveaux bâtiments ravitailleurs de force,
07:42premier bâtiment de la marine nationale
07:44équipé de lanceurs Simbad RC.
07:48Le Simbad RC est un système d'autodéfense
07:53contre les menaces aériennes
07:55développées pour les bâtiments de la marine.
07:57Il permet de mettre en œuvre le missile Mistral
07:59de la société MBDA.
08:02Et il permet de traiter,
08:03grâce aux performances du missile Mistral,
08:05un très grand nombre de menaces aériennes,
08:07que ce soit les chasseurs,
08:09les avions de tout type,
08:10les hélicoptères,
08:12les missiles anti-navirs ou de croisière,
08:14et également les drones.
08:16C'est un système qui n'est pas très lourd,
08:18qui s'intègre facilement à un système de combat.
08:22Et donc, le marin qui est derrière sa console,
08:24derrière son joystick,
08:25prend tout de suite le système en main
08:27et il est assez naturel de le piloter.
08:29Donc ça, c'est un gros avantage,
08:30notamment au combat,
08:31où la facilité fait gagner des secondes.
08:33Alors, le bâtiment ravitailleur de la force dispose de deux systèmes de défense antiaérienne,
08:44AE2, le canon de 40 mm et le système Syrbaz,
08:48offre une protection 360 degrés du bâtiment ravitailleur de la force
08:52et ils agissent de manière complémentaire dans une logique multicouche,
08:56avec des capacités d'interception à des distances variables.
08:59Le Symbad a la capacité d'intercepter grâce au missile Mistral à une portée de 8 km,
09:04quand le canon de 40 mm peut faire une interception antiaérienne
09:07jusqu'à une portée de 4 km.
09:09L'évolution de la menace aérienne se caractérise notamment par la prolifération des drones.
09:19Pour y faire face, la marine peut compter sur la polyvalence
09:22et la performance des missiles Mistral.
09:23Suspect 0295, Azimut 526, distance 26 minutes.
09:33Vostil missile, Symbad autorisé, feu Symbad.
09:37Percussion EPR.
09:38Et c'est de ça dont les marins ont besoin pour se défendre face à tout un panel de menaces.
09:45On l'a vu en mer rouge, où l'adversaire peut utiliser autant des drones que des missiles de croisière.
09:51Les drones ont comme caractéristique des cibles de petite taille,
09:54qui sont parfois difficiles à détecter au radar ou à l'infrarouge.
09:58Donc le missile Mistral a un potentiel d'évolution en termes de poursuite et de détection.
10:04On s'aperçoit dans les conflits qu'on observe aujourd'hui que rien n'est disqualifié.
10:09Il n'y a aucun matériel qui finalement ne trouve plus sa place.
10:11Mais je pense qu'en revanche, la place des objets change.
10:13Et ça, on doit bien l'observer.
10:16La deuxième chose, ça veut dire qu'on voit bien que se pose la question finalement du juste niveau technologique.
10:23Et qu'aujourd'hui, alors que probablement c'est un peu comme ça qu'on a réagi dans les 20 ou 30 dernières années,
10:29aujourd'hui, face à un problème, en fait, la solution n'est pas forcément une réponse d'un niveau technologique supérieur.
10:35Dans ce nouveau contexte opérationnel, l'armée se protège de la menace drone,
10:42mais elle compte bien également exploiter cette technologie en tant qu'arme nouvelle.
10:47Objectif, équiper les forces françaises de munitions téléopérées.
10:50On se rend bien compte aujourd'hui que le drone, c'est l'objet qui fait le plus de victimes sur le théâtre d'opération.
10:57Ce sont souvent des drones qui sont téléopérés, qui sont en fait des munitions volantes.
11:01Ça devient quelque part la grenade du fantassin du XXIe siècle.
11:05L'industrie du drone en France, et en particulier du drone militaire,
11:09elle a dû se réinventer très rapidement.
11:11Et là encore, le ministre des Armées a voulu une feuille de route très ambitieuse sur le domaine des drones,
11:16parce qu'on avait quelque part un peu raté le virage.
11:19Aujourd'hui, si on ne s'adapte pas, et si avec les armées, on ne se rend pas compte qu'il faut prendre en compte
11:24cette dronisation massive qui, en même temps, entraîne une obligation de lutte anti-drone,
11:29on sera déclassé.
11:31Pour prendre en compte cette évolution rapide des drones et développer le projet de munitions téléopérées,
11:40l'Agence de l'innovation de défense et le Centre DGA Techniques Terrestres de Bourges
11:44ont mobilisé l'expertise des entreprises de la base industrielle technologique de défense,
11:50autrement dit la BITD, à travers un appel à projet.
11:52L'appel à projet a débuté en mai 2022.
11:56Il a été lancé autour de quatre spécifications techniques très simples,
12:00qui sont une précision métrique, une distance, une portée de 5 kilomètres,
12:06une autonomie sur zone de 30 minutes, afin d'attaquer une cible molle ou un véhicule léger.
12:11Deux projets ont été retenus.
12:16On a un projet Sphinx de chez MBDA Novadem et on avait le projet d'art de chez de l'RKNDS.
12:24L'appel à projet a stimulé vraiment cette BITD.
12:26On en a sélectionné deux, mais entre-temps, les industriels, les grands groupes ont continué à travailler sur cette thématique,
12:31vu qu'on s'intéressait de plus en plus à ça.
12:34Et en fait, on voit de plus en plus de projets arrivés ou de produits
12:38qui commencent à sortir des catalogues d'industriels sur des munitions téléopérées coup de portée.
12:44C'est parti.
13:14Dans l'appel à projet que nous avions lancé, il y a la société Delair, bien connue,
13:28qui, avec le groupe KNDS, a conçu une munition, une munition qui s'appelle Oskar.
13:32Ces munitions, on les a livrées à nos partenaires ukrainiens.
13:36Elles sont aujourd'hui utilisées, et je peux vous dire, utilisées avec succès, sur le théâtre d'opération.
13:44Ce ne sont finalement pas les vecteurs qui importent, c'est la résistance au brouillage et à la guerre électronique,
13:50et c'est la charge utile, qu'il s'agisse de renseignements ou de charges utiles de type munitions.
13:55Je pense que peut-être l'armée de terre, demain, aura cinq ou six types de drones différents,
14:00peut-être pour les mêmes missions, ou pour des missions connexes.
14:02Au-delà des attaques drones et aériennes, les menaces s'illustrent parfois de manière plus invisible.
14:14Il y a de nouveaux champs qui s'offrent à l'eau, au-delà des champs traditionnels comme l'espace terrestre, maritime, aérien.
14:22En fait, ça va bien au-delà avec le cyber, l'espace, les grands fonds marins, le champ informationnel.
14:27Et donc, c'est pour ça qu'on a développé la notion de M2-MSU, c'est-à-dire multimilieux, multichamps,
14:32pour dire que l'ensemble des domaines aujourd'hui est concerné par la conflictualité.
14:36Les menaces cyber, par exemple, sont désormais prises en compte dès la conception des nouveaux matériels.
14:41Je crois que la menace cyber, elle est aujourd'hui incontournable.
14:44D'abord parce que le combat moderne, c'est un combat collaboratif connecté,
14:49et l'hyperconnectivité, ça apporte l'hypervulnérabilité.
14:52Donc, quand on spécifie un nouveau système, il doit être cyber-résilient par sa conception même.
15:00Finalement, une frégate, c'est un ordinateur qui flotte, un rafale, c'est un ordinateur qui vole,
15:05évidemment avec toutes les vulnérabilités qui sont associées.
15:11Pour résister aux cyber-attaques, les frégates de défense et d'intervention
15:16ont été conçues par la DGA et les industriels autour d'une nouvelle architecture.
15:20Deux data centers, les cerveaux numériques du navire, équipent ainsi ces frégates de dernière génération.
15:27La réalisation de ces deux data centers sur la FDI a été un réel challenge pour tous les experts Naval Group et ses fournisseurs,
15:37parce qu'il a fallu adapter ces technologies du monde civil à une plateforme mobile qui est un navire de combat.
15:44Les data centers sur la FDI vont être capables de résister aux mouvements de la mer, aux vibrations du bateau,
15:50pouvoir s'adapter aussi à ces nouvelles forces, à ces nouvelles puissances de calcul.
15:56Et on a aussi tout ce qui va être les aspects de discrétion et de cyber-résilience.
16:03L'intérêt d'avoir deux data centers, ça nous permet de pouvoir répondre à des enjeux de résilience
16:10et de durabilité des systèmes vis-à-vis de ce à quoi la frégate peut être exposée.
16:15Le pire des scénarios qu'on imagine et qu'on tente d'adresser, c'est la prise de contrôle d'un de ces systèmes
16:23et la neutralisation du système et ou du bâtiment.
16:27En d'autres termes, les data centers, en centralisant l'ensemble des capteurs du navire,
16:33permettent des remises à jour faciles et régulières, de manière à s'adapter à la menace éliminée.
16:38Intégrés dans ces data centers, un cerveau numérisé capable de scanner en temps réel
16:43l'état de santé numérique du bateau et d'alerter les marins en cas de danger.
16:48On a également un système dédié à la cybersécurité à bord, qui s'appelle le CYMS,
16:52pour le Cyber Management System, qui lui concourt à la surveillance cyber
16:56de toutes les installations du bateau.
16:59Cette nécessité de lutter contre les menaces cyber s'étend au-delà des programmes
17:04et systèmes du ministère des Armées.
17:06Les attaques cyber concernent également les entreprises françaises de défense.
17:10Je pense qu'on a un vrai impératif de résilience de notre base industrielle
17:13et de technologie de défense.
17:15On parle au passage beaucoup de cyber, mais également physique.
17:18Et on voit bien que les attaques cyber, en tout cas, elles ont augmenté.
17:20Elles ont augmenté de plus de 50% depuis le début du conflit ukrainien.
17:25Donc c'est de la responsabilité aussi de la DGA que de pouvoir fournir d'abord un diagnostic,
17:30de fournir des outils permettant de lutter contre ces menaces cyber de la BITD.
17:44La Direction Générale de l'Armement pense également les combats du futur.
17:48Afin de garder un temps d'avance, elle a lancé depuis 2020 un programme d'un nouveau genre appelé la Red Team.
17:54Ce projet réunit auteurs de science-fiction, chercheurs et militaires,
18:04afin d'imaginer les conflits futurs sous les aspects technologiques, économiques et environnementaux.
18:12La science-fiction, c'est des récits qui consistent à se poser une question qu'on appelle « what if ».
18:20Et si, trois points de suspension. C'est-à-dire qu'on va prendre une situation, on va changer des paramètres.
18:25Et ça nous permet de voir des choses que sinon on ne verrait pas.
18:28Dans le cadre de la Red Team, on ne nous a pas demandé d'être Madame Irma
18:31ou d'essayer d'identifier ce qui pourrait arriver dans le futur.
18:37On nous a demandé de nous positionner dans un cône de vraisemblance,
18:41c'est-à-dire de raconter des choses qui étaient vraisemblables.
18:43Il s'agit par exemple d'employer un drone et de brouiller.
18:47C'est un des éléments importants de la méthodologie Red Team,
18:50c'est qu'on leur adjoint à la fois des experts militaires,
18:53pour qu'il y ait une crédibilité militaire dans ce qu'ils nous proposent,
18:55et également des experts scientifiques,
18:58pour qu'il y ait une crédibilité scientifique derrière leur scénario.
19:00Encore une fois, ce n'est pas inventer le sabre laser,
19:02ni le voyage dans le temps, ça ne nous intéresse pas.
19:04Ce n'est même pas inventer les voitures volantes,
19:06c'est plutôt imaginer les embouteillages.
19:08Donc, un modèle de société, une menace.
19:11Derrière, en 2030, qu'est-ce que ça veut dire
19:12à l'horizon de la loi de programmation militaire ?
19:15Et qu'est-ce que ça veut dire aujourd'hui
19:16pour pouvoir ne pas subir ce type de menaces ?
19:19Depuis 2024, la Red Team a fait peau neuve en devenant le projet Radar.
19:26Elle sollicite désormais la société civile plus largement.
19:29Étudiants, scientifiques, financiers, philosophes,
19:32sur des sujets plus proches dans le temps,
19:34sur une échéance de 10 ans.
19:35Le programme Radar, il a pris le pari
19:39de travailler des enjeux de rupture et de crise
19:43qui concernent l'ensemble des composantes de la nation.
19:47Le double défi du programme Radar,
19:50c'était d'intéresser les militaires
19:53à tout un tas de phénomènes
19:54qui se passeraient hors de la zone de la confectualité classique
19:57et d'intéresser des interlocuteurs civils,
20:00notamment économiques,
20:02à des événements de crise
20:04qui auraient un impact décisif
20:06sur leur environnement
20:08et sur les modes de fonctionnement de la société.
20:11Très clairement,
20:12si on voulait obtenir la décision de tout le monde,
20:14il ne s'agissait pas de faire de la science-fiction
20:15pour faire de la science-fiction.
20:16Parmi les scénarii retenus,
20:18certains ont déjà eu un impact direct
20:20sur les programmes d'armement.
20:21C'est un scénario de l'arrêt de Team Défense,
20:24chronique d'une mort culturelle annoncée,
20:26qui nous a fait réfléchir sur notre préparation
20:28vis-à-vis de ces menaces,
20:30de ces menaces dans des champs immatériels,
20:32lutte informationnelle,
20:33qu'on a lancé très rapidement,
20:34un projet, myriade,
20:36pour investiguer, explorer
20:37les méthodes de guerre cognitive,
20:39qu'elles soient défensives, offensives,
20:41comment on se prépare,
20:42qu'est-ce que ça permet de faire,
20:44quelles sont les menaces qui portent sur nous.
20:45Cette menace,
20:46qui est une menace extrêmement prégnante,
20:48on l'a vu dans les premières heures du conflit à l'Ukraine,
20:51je rappelle qu'un deepfake,
20:53c'est-à-dire une imitation par intelligence artificielle
20:56du président Zelensky,
20:57avait été injecté et diffusé,
20:59appelant les habitants et les citoyens d'Ukraine
21:02à déposer les armes.
21:03Alors c'était mal fait,
21:05mais néanmoins,
21:06on voit bien cette tentation permanente
21:08de faire de la désinformation.
21:17Autre exemple très concret,
21:19un certain nombre de menaces imaginées
21:21par la Red Team ont influencé
21:22les spécifications du porte-avions
21:24nouvelle génération
21:25en termes d'autoprotection.
21:33Cadre privilégié des auteurs de science-fiction
21:36depuis des décennies pour imaginer le futur,
21:39l'espace est également un champ déjà investi
21:41par le ministère des Armées.
21:42Au-delà des scénarii imaginés,
21:46la guerre spatiale est déjà lancée.
21:50Là où on a eu des grosses difficultés,
21:52c'était sur le scénario sur l'espace.
21:54Parce que 2040-2060,
21:57en termes de conquête spatiale,
21:59et au vu de l'évolution des technologies spatiales,
22:01c'est pas si important comme pas de temps.
22:03Et donc on s'est beaucoup posé de questions
22:04de jusqu'où on pouvait tirer au maximum les curseurs
22:06sans tomber dans l'invraisemblable.
22:09L'invention d'un nouveau moteur de fusée
22:10radicalement novateur,
22:13c'est assez peu vraisemblable
22:14en 2040-2060, 2080, même 2100.
22:18En revanche, la robotisation
22:19d'un certain nombre d'actions dans l'espace,
22:21c'était possible.
22:22Je pense que le spatial,
22:23c'est ce qu'il y a sans doute
22:24de plus important aujourd'hui.
22:26Et tout le monde est convaincu
22:28que le prochain conflit
22:29démarrera dans l'espace.
22:31D'où cette nécessité d'adapter
22:33la stratégie spatiale de défense
22:35qui avait été publiée en 2019,
22:36c'est aussi un sujet d'organisation
22:38et donc il y a des commandements spécifiques
22:40qui sont mis en place.
22:41On a déjà depuis un certain temps
22:42un commandement de l'espace.
22:43On a développé des organisations
22:45qui permettent finalement
22:46de mieux prendre en compte
22:48ces nouveaux champs de conflictualité
22:49mais aussi de mieux travailler
22:50avec nos alliés.
22:54On travaille dans l'ensemble
22:56des domaines d'appui
22:57aux opérations spatiales
22:59qu'il s'agisse effectivement
23:00d'informatique,
23:01qu'il s'agisse d'aider
23:01et de soutenir le commandement de l'espace,
23:04qu'il s'agisse aussi
23:05de dérouler des projets d'innovation
23:07montrer que nous ne sommes pas déclassés
23:10et que nous n'accepterons pas
23:12d'être déclassés non plus.
23:15L'incertitude fait désormais partie
23:17de la mutation stratégique en cours.
23:21Pour gagner la guerre avant la guerre,
23:23il faut s'adapter en permanence.
23:25Dans ce contexte international instable,
23:28les chefs militaires ont compris
23:29que l'audace n'est plus un choix
23:30mais une obligation.
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