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Avec Philippe Juvin, député LR de Courbevoie, chef des urgences de l'hôpital Pompidou

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##LE_FAIT_DU_JOUR-2025-05-15##

Catégorie

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News
Transcription
00:00Et jolie chanson de Michel Sardou qui même me tue.
00:04Eh bien justement, est-ce qu'il s'agit d'amour dans cette histoire de mort ?
00:09Actuellement, deux textes de loi sont éduqués par les députés depuis lundi à l'Assemblée Nationale,
00:14deux propositions de loi sur la fin de vie.
00:16On en a parlé, l'une prévoit la création d'un droit opposable aux soins palliatifs,
00:20l'autre vise à instaurer un droit de l'aide à mourir.
00:23On sait qu'un certain nombre de pays ont déjà franchi le monde,
00:26on appelle ça l'euthanasie, mais justement vous allez découvrir
00:28que c'est plus compliqué que ça.
00:30Et nous sommes heureux d'accueillir Philippe Juvin.
00:33Bonjour Philippe Juvin.
00:34Bonjour.
00:34Vous êtes à la fois député à l'air de Courbevoie,
00:36mais vous êtes, je ne dirais pas surtout,
00:39mais en tout cas depuis plus longtemps,
00:41chef des urgences à l'hôpital Pompidou.
00:44Alors justement, vous êtes évidemment partie prenante dans ce débat
00:47qui a lieu en ce moment à l'Assemblée Nationale.
00:50Et une chose m'avait dit avant qu'on commence l'émission,
00:53dans ce projet de loi qui vise à instaurer un droit à l'aide à mourir.
01:00Vous dites que le mot euthanasie n'existe pas.
01:03Non, c'est un des problèmes de la loi, c'est qu'il ne dit pas les choses.
01:05Le mot euthanasie n'est pas dans le texte,
01:07et le mot suicide assisté n'est pas dans le texte,
01:09alors qu'en réalité on ne parle que de ça.
01:12Et il est même prévu d'ailleurs qu'une fois qu'on vous aura administré,
01:15appelons-la comme ça l'euthanasie,
01:16sur le certificat d'essai, il faudra cocher la case mort naturelle.
01:21Et pas autre chose.
01:21Et pas d'autre chose.
01:23Si vous voulez, moi je pense qu'au-delà de l'aspect technique,
01:26on va parler de la loi,
01:27il y a deux sujets, deux questions de principe qui se posent.
01:30La première c'est, en France, un Français sur deux
01:32qui a besoin de soins palliatifs n'y a pas accès,
01:34parce qu'il n'y a pas de place.
01:36Et donc, quelle société voulons-nous construire ?
01:38Est-ce que nous voulons construire une société du soin,
01:41avec des soins palliatifs,
01:42ou une société où la compassion se résumerait
01:45à l'administration d'une substance létale
01:47au nom de critères fixés par la loi,
01:49qui d'ailleurs évolueront,
01:51puisque déjà certains veulent faire évoluer.
01:53Et puis il y a peut-être un deuxième principe qu'il faut se poser,
01:56qui est, est-ce que l'État peut être mêlé
01:59d'une manière ou d'une autre à la mort d'un tiers,
02:02y compris par la simple autorisation d'un dispositif ?
02:04Moi je ne le crois pas.
02:05Pourquoi ?
02:06Parce que donner la mort, c'est un principe absolu,
02:09et comme vous le savez,
02:10si on commence à donner des exceptions,
02:12à accepter des exceptions à un principe absolu,
02:14il faut s'attendre à ce que dans l'avenir,
02:16d'autres trouvent d'autres exceptions.
02:18Oui, vous dites en fait,
02:19qu'à partir du moment où l'égifère là-dessus,
02:22enfin en disant le, voilà, écoutez,
02:24qui a envie de mourir,
02:26eh bien il peut être aidé,
02:29doit être aidé,
02:30en tout cas si la loi passe,
02:32si ce projet de loi passe,
02:34au fond, vous vous dites,
02:35et vous avez écrit une tribune
02:37dans un jour le dimanche là-dessus,
02:40vous dites, oui, mais où s'arrête,
02:42enfin, où on met le curseur, en fait, c'est ça ?
02:44Absolument.
02:45Alors il faut être,
02:46il faut regarder les choses.
02:48Dans tous les pays où on a légalisé l'euthanasie,
02:51il y a d'abord eu des critères très stricts,
02:53puis qui se sont ensuite amoindris.
02:55Ainsi, dans certains pays,
02:57les handicapés,
02:58les déficients mentaux,
02:59les mineurs,
03:00se voient ouvrir le droit.
03:02Je crois, d'abord,
03:03il faut que les gens sachent
03:04ce qui se passe aujourd'hui.
03:05Qu'est-ce qui se passe ?
03:06D'abord, si vous êtes en fin de vie,
03:08que vous avez des souffrances importantes,
03:11les médecins ont le droit de vous endormir.
03:13Alors, on ne vous tue pas,
03:15mais on vous endort,
03:16mais vous ne vous réveillez pas,
03:17soyons clair.
03:17Ça s'appelle une anesthésie générale,
03:19en fait.
03:19C'est la sédation profonde,
03:20c'est ça ?
03:21Et continue,
03:21c'est ce qu'on appelle la loi Léonetti,
03:23que nous pratiquons,
03:24évidemment,
03:25dans les unités de soins palliétifs,
03:26mais aussi dans tous les autres services.
03:28Moi, je suis responsable
03:28d'un service d'urgence,
03:29il nous arrive de faire
03:30des sédations profondes.
03:31Donc, moi, je suis comme tout le monde,
03:33je ne veux pas souffrir au moment de ma mort.
03:35Et donc, ça, aujourd'hui,
03:37nous essayons de l'assurer aux Français,
03:40et nous le faisons au maximum.
03:42Le problème de cette loi,
03:44contrairement à ce que les gens pensent,
03:46ce n'est pas une loi sur la fin de vie.
03:47C'est-à-dire que les critères sont ainsi définis,
03:50que potentiellement des gens
03:51qui ont plusieurs années à vivre
03:53vont pouvoir demander à être suicidés ou utilisés.
03:57Mais Philippe Juvin, quand même,
03:58une question se pose.
04:00Si je suis dans des souffrances terribles,
04:02et vous savez, il y a des gens
04:03dans des souffrances terribles,
04:04si je suis réduit à l'état de légumes,
04:05ou presque,
04:06si je suis paralysé,
04:07que je me dis que c'est sans rémission,
04:09et si je me dis, écoutez,
04:10je n'ai pas envie de continuer comme ça,
04:11et vous savez mieux que moi,
04:13vous avez cité les cas,
04:15écoutez, est-ce que ces gens n'ont pas
04:17le droit et la liberté de dire,
04:19écoutez, moi, je veux en finir ?
04:20Ce n'est pas un suicide,
04:22j'ai trop de souffrance,
04:23c'est trop dur,
04:25et voilà, je préfère arrêter.
04:26Alors, il y a deux choses.
04:27D'abord, dans tout un tas de situations,
04:30la loi le permet déjà,
04:31vous permet d'être endormi,
04:33et donc de ne plus souffrir,
04:34par définition, puisque vous dormez.
04:35La loi le permet.
04:37Par exemple, quelqu'un qui aura une maladie,
04:39qui le paralyse complètement,
04:41et qui n'arrive plus à respirer,
04:42sauf avec une machine,
04:43eh bien, on arrête la machine,
04:44s'il le souhaite,
04:45et on l'endort.
04:46Donc, il y a déjà beaucoup de cas
04:48qui sont réglés.
04:50Je vais vous donner un exemple.
04:51Quand les gens arrivent en soins palliatifs,
04:53le premier jour,
04:54quand ils mettent le pied
04:55dans l'unité de soins palliatifs,
04:563% demandent à mourir.
04:58Au bout de 7 jours,
04:59il n'y a plus que 0,3%
05:01des gens qui demandent à mourir.
05:03Qu'est-ce qui s'est passé en 7 jours ?
05:04Eh bien, en 7 jours,
05:05en fait,
05:06on leur a apporté des réponses
05:07à leur demande à eux
05:08ou aux demandes de l'entourage.
05:09C'est vrai,
05:10mais s'ils ne sont que 3%,
05:11ça veut dire qu'ils ont eu de l'espoir.
05:1297% viennent aux soins palliatifs
05:17avec espoir.
05:18C'est ceux qui n'ont plus eu d'espoir.
05:20Justement,
05:20mon chiffre est le suivant.
05:22Il y a 3% qui disent
05:23moi je veux mourir
05:24et 7 jours plus tard,
05:25ils sont plus que 0,3%.
05:26Pourquoi ?
05:27Parce qu'on a apporté des réponses.
05:28En fait,
05:29l'expérience que j'ai,
05:30elle est ce qu'elle est.
05:31Non, mais elle est ce qu'elle est.
05:33Non, mais elle est ce qu'elle est.
05:34C'est de vous dire
05:34que quand on sait répondre
05:35aux souffrances des gens,
05:37à leurs problèmes
05:37et qui n'est pas d'ailleurs
05:38qu'une souffrance physique
05:39telle qu'on le croit.
05:40sur la solitude,
05:42les problèmes d'argent,
05:43et bien quand vous répondez...
05:44Le petit conjeu qui ment,
05:45le désespoir.
05:46Bien sûr,
05:47le désir de mort est fluctuant.
05:49Quand vous répondez aux demandes,
05:51et bien la plupart
05:52des demandes d'euthanasie s'arrêtent.
05:53Et ce que nous reprochons à la loi,
05:55c'est que c'est très expéditif.
05:57Dans l'Origon,
05:58qui est un état en Amérique du Nord,
06:00quand vous demandez
06:01le suicide assisté,
06:02les critères sont différents,
06:02mais enfin peu importe,
06:03il faut bien comparer ce qui existe.
06:05Vous avez des obligations
06:06jusqu'à 90 jours de réflexion.
06:08Tout à fait.
06:09J'ai un cas personnel,
06:10je ne vais pas l'exposer ici,
06:11je vous en avais parlé,
06:12où effectivement,
06:12on a demandé à la personne,
06:14ma tante en l'occurrence,
06:16trois mois et un peu plus de réflexion.
06:19Absolument.
06:20Et là, dans l'article 6,
06:21je vous lis l'article 6,
06:23je n'en reviens pas.
06:23Du projet de loi, là.
06:24Du projet de loi.
06:25Après un délai de réflexion
06:26d'au moins deux jours,
06:29deux jours,
06:30la personne confirme au médecin
06:32qu'elle demande l'administration.
06:33Donc, on est sur une procédure
06:34très expéditive.
06:36Par exemple,
06:37ces deux jours,
06:37ça ne prend pas en compte
06:38une notion que nous connaissons tous,
06:40et particulièrement les psychiatres,
06:41d'ailleurs.
06:42C'est que le désir de mort est fluctuant.
06:45Pourquoi ?
06:45Parce qu'il est souvent multifactoriel.
06:47Encore une fois,
06:48moi, je suis contre
06:49l'acharnement thérapeutique.
06:50J'aurais été favorable,
06:51et je l'ai dit à la Tribune de l'Assemblée,
06:53à une loi
06:53qui permette
06:55au fin du fin,
06:56quand on est au bout du bout,
06:58qu'on a mal,
07:00et on n'entre pas encore
07:01dans les critères
07:02de la loi Léonetti
07:03de pouvoir vous endormir,
07:04éventuellement,
07:05qu'on ait accepté
07:06une exception d'euthanasie,
07:08vous voyez,
07:08mais que ça soit
07:09dans un...
07:10que ça ne soit pas
07:11un système quasiment systémique
07:13qui est mis en place
07:13avec des gens,
07:14et je le répète,
07:15M. Bercoff,
07:15il faut bien l'entendre,
07:16c'est une loi,
07:18les critères sont ainsi rédigés,
07:20c'est voulu ou pas,
07:21mais en tout cas,
07:21c'est ça,
07:22les critères sont ainsi rédigés
07:23que potentiellement,
07:25des gens qui ont plusieurs années
07:26à vivre
07:26peuvent être bénéficiés
07:29de cette loi.
07:29Moi, je suis un homme simple,
07:32je lis les lois,
07:33je lis le texte,
07:34donc je n'invente pas
07:35ce qu'il y a dedans,
07:36et je le lis.
07:36Non mais là,
07:37on va être un peu philosophique,
07:40et il faut l'être aussi,
07:42Philippe Juin,
07:43c'est vrai,
07:43vous avez dit,
07:44là, la loi dit que
07:45les gens qui ont
07:47quelques années à vivre
07:48pourraient demander,
07:49effectivement,
07:50que cette vie soit atténuée.
07:51Elle ne le dit pas comme ça,
07:52mais les critères sont ainsi faits
07:53que ça couvre des gens
07:54qui ont besoin de l'année à vivre.
07:55Mais si, encore une fois,
07:56mais c'est vrai
07:56que c'est un problème philosophique
07:58qui n'est pas simple
07:59et c'est le moins
08:00qu'on puisse dire,
08:01mais s'ils estiment
08:02que ces années à vivre,
08:04le prix est trop cher
08:05pour le payer,
08:06voilà,
08:06qu'est-ce qu'on fait ?
08:07Ah non,
08:07mais je vais vous dire
08:07que Romain Garry,
08:10Monterland,
08:11enfin,
08:11moi,
08:12je n'ai pas...
08:12Ernest Hémigoui,
08:13mais même en prenant
08:14le but du PQ.
08:15Je ne reproche pas
08:15aux gens de se suicider,
08:16ils ont le droit
08:16de se suicider.
08:17Ce que je vous dis simplement,
08:18c'est que si c'est l'État
08:19qui organise les choses...
08:21En fait,
08:22il ne faut pas le droit
08:22au suicide,
08:23quelque part.
08:24Si,
08:24il faut un droit au suicide,
08:25mais ce n'est pas
08:25à l'État de l'organiser.
08:28Une de mes craintes,
08:29c'est que d'abord,
08:29des gens vont demander
08:30le suicide assisté
08:31par défaut d'accès
08:32aux soins palliatifs,
08:33comme une personne sur deux
08:34n'a pas accès
08:35aux soins palliatifs.
08:35À cause de quoi ?
08:36C'est intéressant.
08:37Parce qu'on n'a pas le personnel,
08:38on n'a pas les gens formés,
08:40on en a...
08:40Vous voyez,
08:41il y a des gens...
08:42Moi,
08:42une de mes craintes,
08:44c'est que ça soit une loi
08:45faite essentiellement
08:46par des gens riches
08:47qui ont très peur
08:48de la déchéance
08:48et ce qui s'applique
08:49aux pauvres.
08:50Pourquoi ?
08:51Vous savez,
08:51quand vous êtes grabataire
08:52dans votre lit,
08:53que vous baignez
08:54toute la journée
08:55dans votre sueur,
08:56parfois,
08:56pardon d'être un peu cru
08:57dans votre urine
08:58et votre merde.
08:59Dans vos déjections.
09:00Je suis un peu cru,
09:01mais c'est comme ça
09:02qu'on parle en médecine,
09:02en fait.
09:04Quand il y a une infirmière,
09:0524-24 avec vous,
09:06parce que vous avez
09:07les moyens pour vous laver,
09:08vous nettoyer une aide soignante,
09:10c'est plus facile
09:11que s'il faut attendre
09:12que l'infirmière
09:12qui passe une fois par jour.
09:14Et donc,
09:15c'est vrai,
09:15M. Bercoff,
09:18c'est possible quand on est pauvre
09:19que quand on est riche,
09:20que quand on est seul,
09:22que quand on est entouré.
09:23Et ma crainte,
09:24c'est que cette loi,
09:25ça soit une loi faite,
09:26imaginée par des gens riches
09:28et avec un tissu social
09:30qui ont peur de la déchéance,
09:32et je le comprends,
09:32moi aussi j'ai peur de la déchéance,
09:34mais qui s'appliquera d'abord
09:35à des gens pauvres et isolés.
09:36Et aussi,
09:37il faut le dire,
09:38plus cyniquement,
09:39hélas,
09:39pour certains,
09:40on va dire,
09:40on va faire des économies,
09:41la fin de vie,
09:41on sait très bien
09:42que ça coûte très cher
09:43à la sécurité sociale
09:44et aux assurances.
09:45Est-ce qu'il pourrait y avoir,
09:47malheureusement,
09:48malheureusement,
09:48des quelques réflexes
09:49un peu cyniques et afféristes ?
09:51D'abord,
09:53moi je ne suspecte personne
09:54et vraiment pas,
09:55vraiment pas les ministres
09:56qui portent la loi
09:57ou le rapporteur Falorni.
09:59Ce n'est pas,
09:59ils ne le font pas pour ça,
10:00j'en suis persuadé,
10:01je veux vraiment
10:01que les choses soient dites,
10:02il n'y a pas de procès d'intention.
10:03Ce qui est certain,
10:04c'est qu'au Canada,
10:05l'année dernière,
10:06ou il y a deux ans,
10:07le calcul a été fait,
10:08le système canadien
10:09a économisé de l'ordre
10:10de 80 millions de dollars.
10:11Pourquoi ?
10:12Tout simplement
10:12parce que ça coûte
10:14beaucoup plus cher
10:14de maintenir des gens
10:16avec des aides,
10:17etc.
10:17La fin de vie coûte cher
10:18au système de santé.
10:19Mais,
10:19encore une fois,
10:22je crois que personne,
10:24aujourd'hui,
10:25n'imagine faire une loi
10:25pour ça.
10:26En revanche,
10:27il y a la question
10:28des familles.
10:30Moi,
10:30une de mes craintes aussi,
10:31c'est qu'il y a
10:32des abus de faiblesse.
10:34Et,
10:34vous savez,
10:35il y a des héritages
10:36qui sont longs à venir.
10:37Vous savez,
10:38il y a des familles
10:38qui ne sont pas aimantes.
10:39Il y a des familles
10:40qui ne sont pas aimantes.
10:41C'est clair que ça existe.
10:41Tous les jours,
10:42il y a deux procès,
10:44deux condamnations en France
10:45pour abus de faiblesse,
10:46en particulier vis-à-vis
10:47de personnes en tant qu'étapé.
10:47Tous les jours ?
10:48Tous les jours.
10:49Deux en moyenne,
10:49je crois que c'est 600 ou 700 par jour,
10:51par 800 par an,
10:53enfin quelque chose comme ça.
10:54Donc,
10:54c'est très important,
10:55ça existe.
10:56Et,
10:56à partir du moment
10:57où vous ouvrez une possibilité,
10:59qui n'a jamais entendu
11:00quelqu'un vous dire
11:02« Oh, mais,
11:03qu'est-ce que je fais sur Terre ?
11:04Je vous coûte bien cher.
11:05Je vous cause bien des ennuis,
11:08me disait ma grand-mère. »
11:09Eh bien,
11:09ça tombe bien.
11:10Là, il y aura une loi
11:11qui fait que ma grand-mère,
11:12eh bien,
11:13elle peut décider
11:14qu'elle ne pose plus,
11:15vous voyez,
11:16d'ennuis.
11:17En fait,
11:18l'abus de faiblesse,
11:19la pression sur les plus vulnérables.
11:21Dans l'Oregon,
11:22quand vous demandez aux gens
11:23pourquoi,
11:24qu'est-ce qui les motive,
11:25il y a évidemment la douleur,
11:27mais pour 40% d'entre eux,
11:28ils citent
11:29« Le sentiment d'être un poids
11:31pour l'entourage. »
11:32Et donc,
11:33vous aurez forcément
11:34dans le lot des gens
11:35qui iront
11:36parce que c'est plus difficile.
11:38Alors,
11:39c'est tout le problème.
11:39On va en parler juste après.
11:41On va continuer à parler
11:42avec Philippe Juvin
11:44après cette petite pause.
11:45Est-ce qu'il ne faudrait pas
11:46peut-être ajouter
11:47un certain nombre de choses ?
11:49Parce qu'encore une fois,
11:50la question de la liberté
11:50se pose.
11:51Mais vous avez raison,
11:53si la liberté est surveillée
11:54et contrainte,
11:55ce n'est plus une liberté.
11:57On en parle
11:57avec Philippe Juvin.
11:59Restez avec nous
12:00après cette petite pause.
12:02Asie,
12:02soins palliatifs,
12:03choisir sa vie,
12:04choisir sa mort,
12:05on en parle depuis,
12:06et c'est passionnant,
12:07depuis le début de l'émission
12:08avec Philippe Juvin,
12:09qui, je le rappelle,
12:10est député à l'air de Courbeau-Voie
12:11et chef des urgences
12:12à l'hôpital Pompidou.
12:14Alors, Philippe Juvin,
12:15est-ce qu'il n'y aurait pas,
12:16effectivement,
12:17parce que le problème
12:18qui est posé,
12:18c'est une loi
12:19qui est valable
12:20pour tout le monde,
12:22est-ce que dans ce cas-là,
12:23ça veut dire quelque chose ?
12:24Et deuxièmement,
12:25qu'est-ce qu'on peut faire ?
12:26Est-ce qu'on arrête là
12:27où il y a des choses
12:28quand même à améliorer
12:29ou à préciser
12:30dans ce qu'il y a de traitement ?
12:32Et surtout,
12:32j'allais dire,
12:33est-ce que l'une des priorités
12:36n'est pas d'augmenter,
12:37alors vous allez me dire,
12:38où est-ce qu'on va trouver l'argent
12:39pour les unités de soins palliatifs ?
12:41Vous dites qu'un Français sur deux
12:42ne peut pas en bénéficier.
12:44D'abord, oui,
12:44vous avez raison,
12:45la priorité,
12:46c'est que d'abord,
12:46il faut qu'on se donne les moyens
12:47pour pouvoir soigner les gens,
12:50et d'ailleurs,
12:50pas seulement les soins palliatifs,
12:51parce que quand vous êtes chez vous
12:53et qu'il y a quelqu'un
12:55qui vient vous laver
12:57deux fois par jour,
12:58c'est mieux qu'une fois par jour
12:58et ce n'est pas du soin palliatif.
12:59Donc, il y a tout cet accompagnement
13:01et ma crainte,
13:02je le répète,
13:02c'est qu'il y a des gens
13:03qui choisissent le suicide assisté
13:05ou l'euthanasie
13:05par défaut d'accès aux soins.
13:07Premier point.
13:08Deuxième point,
13:08vous me dites,
13:09vous me posez la question,
13:10au fond,
13:11quelle aurait été la bonne loi
13:12à part augmenter
13:14l'intensité des soins
13:15qui est fondamentale ?
13:16D'abord,
13:17je vous répète,
13:18la plupart des cas,
13:19aujourd'hui,
13:19sont couverts,
13:20on a le droit
13:20de vous endormir
13:21pour que vous ne souffriez pas.
13:22Mais c'est vrai
13:23que j'aurais aimé,
13:26parce qu'on aurait légalisé
13:28une exception d'euthanasie,
13:31disons-le comme ça,
13:32c'est le mot
13:32qu'avait utilisé
13:33le Conseil d'éthique
13:33il y a une dizaine d'années,
13:34une exception d'euthanasie.
13:36C'est-à-dire des cas exceptionnels.
13:37Dans des cas exceptionnels,
13:38à la fin du fin,
13:39quand le patient n'en peut plus,
13:41que le médecin voit
13:42que c'est fini.
13:43Voilà, pourquoi pas ?
13:45Mais vous voyez,
13:45le problème de la loi,
13:46c'est que du coup,
13:47elle englobe tout,
13:48elle est générale
13:50et on le voit
13:51à la lecture du texte
13:52qui est là,
13:53c'est que du coup,
13:53ça va couvrir
13:54des tas de gens
13:55qui ont potentiellement
13:56des années à vivre.
13:57Et vous me dites alors,
13:59autre question,
14:00avec la loi actuelle,
14:00qu'est-ce qu'il faudrait faire
14:01pour l'amender ?
14:02Outre ce que je viens de vous dire,
14:03préciser ou améliorer.
14:04Moi, par exemple,
14:05j'aurais fait quelques propositions.
14:06Je vais dire qu'il faudrait
14:07une obligation de voir un psychiatre,
14:10des délais plus longs.
14:12J'aurais souhaité exclure
14:14de principe
14:14certaines catéories de gens,
14:15par exemple,
14:16un déficient mental.
14:17Vous ne pouvez pas me dire
14:19que son consentement
14:21est libre et éclairé.
14:22Oui, qu'il a son libre arbitre.
14:23Quelqu'un qui est sous tutelle,
14:24qui n'a pas le droit
14:24de signer un chèque,
14:26la loi prévoit
14:27qu'il a le droit
14:27de demander l'euthanasie.
14:28Donc, vous n'avez pas
14:29le droit de signer un chèque,
14:30mais vous pouvez demander
14:31l'euthanasie.
14:31Convenez qu'il y a
14:32une difficulté intellectuelle.
14:34Un problème.
14:35Et globalement,
14:36toutes les maladies psychiatriques.
14:37Et là,
14:37je me fais le relais
14:38de mes confrères
14:39et mes collègues psychiatres
14:40qui sont très inquiets
14:41parce que face aux demandes
14:42de suicide,
14:42qui est notre quotidien
14:43et qui est le quotidien
14:44des psychiatres.
14:44Quand vous dites
14:45que c'est un quotidien,
14:46c'est vraiment un quotidien ?
14:48Quelle est la proportion
14:49de morts de suicides ?
14:50Dans un service d'urgence,
14:52l'ANBDA,
14:52vous avez tous les jours
14:54des gens qui viennent
14:55soit parce qu'ils veulent
14:56se suicider,
14:57soit parce qu'ils ont essayé
14:58de se suicider.
14:59C'est tous les jours,
15:01dans tous les services.
15:02Et face à ce risque,
15:04que font les psychiatres ?
15:05Ils développent des dispositifs
15:06destinés à améliorer
15:08la santé mentale.
15:09Le risque,
15:10c'est qu'avec cette proposition,
15:13on va troubler les repères.
15:15On va troubler les repères.
15:16On explique qu'il faut
15:17prévenir le suicide,
15:18mais on va potentiellement
15:20l'organiser.
15:21Mais on ouvre une porte, quoi.
15:22J'aurais aimé, par exemple,
15:23qu'on exclue
15:24toutes les maladies mentales,
15:25les schizophrènes,
15:26les dépressifs.
15:28Est-ce que vous croyez
15:28que vous êtes libre
15:29quand vous êtes en dépression ?
15:31Les psychiatres savent que non.
15:33Donc la décision de mort
15:34que vous prenez
15:35et qui n'est pas exclue,
15:37le syndrome dépressif
15:38n'est pas exclu.
15:39Ce qui est exclu,
15:41c'est quand la personne
15:42n'est pas libre
15:43et éclairée.
15:44Mais dans les discussions
15:45parlementaires,
15:46je vois très bien
15:46mes collègues
15:46qui considèrent que
15:48certains patients
15:49en dépression,
15:50certains schizophrènes,
15:51certains bipolaires
15:52peuvent donner
15:54un consentement
15:54libre et éclairé.
15:55Moi, je pense que non.
15:57Je pense que
15:57quand on souffre
15:58d'une maladie psychiatrique,
15:59par définition,
16:00son consentement,
16:01en tout cas pour demander
16:02la mort,
16:02n'est pas libre et éclairé.
16:03Eh bien, il faut exclure
16:04ces gens-là.
16:04Et alors,
16:05est-ce que le projet de loi
16:06de ceux qui défendent
16:08le thalasie,
16:09même s'ils ne le nomment pas,
16:12est-ce qu'ils prévoient
16:13l'abus de faiblesse,
16:14de voir un peu
16:14ce qui peut se passer
16:15en cas d'abus de faiblesse
16:16et autres ?
16:16Eh bien, bien sûr que non.
16:17C'est un de nos combats.
16:19C'est pas prévu, ça.
16:19C'est pas prévu.
16:21Alors,
16:22ce qui est prévu,
16:24c'est qu'il y a un médecin
16:25qui va vous examiner,
16:26qui va étudier votre dossier,
16:27qui aura 15 jours,
16:28qui va prendre des avis,
16:29sans d'ailleurs
16:31que les gens
16:31qui donnent votre avis
16:32vous voient.
16:33C'est-à-dire que vous pourrez
16:34physiquement ne voir
16:35qu'un seul médecin.
16:36D'accord.
16:37Un seul ?
16:37Oui.
16:38Ça, c'est l'obligation.
16:39Vous pourrez peut-être
16:39en voir un deuxième
16:40si le deuxième veut vous voir.
16:42Mais s'il dit
16:43non, non, moi,
16:43le dossier me suffit,
16:44vous n'aurez rencontré
16:45en tout et pour tout
16:45qu'une personne.
16:46Donc déjà,
16:47c'est un sujet, ça.
16:48Et c'est à ce médecin-là
16:49de s'assurer
16:50qu'il n'y a pas d'abus de faiblesse.
16:51Mais quand vous êtes tout seul,
16:53quels sont les moyens
16:54de s'assurer
16:54que vous n'avez pas d'abus de faiblesse ?
16:56Non, moi, je...
16:57Non, mais est-ce que le médecin
16:57ne doit pas voir, pardon,
16:59les proches, les gens ?
17:01Est-ce qu'il y a une enquête ?
17:03Pardon.
17:03Est-ce qu'il y a une enquête ?
17:04Non, non.
17:04Le médecin,
17:05il recueille l'avis
17:06d'un second médecin
17:08qui n'est pas obligé
17:08de vous voir.
17:09D'accord.
17:09D'un auxiliaire médical
17:11d'un infirmier
17:12qui vous soigne éventuellement
17:13qui n'est pas obligé
17:14de vous voir.
17:15Et il peut demander aussi
17:16à un psychologue,
17:17à un psychiatre
17:18sans que ceux-ci
17:18soient obligés de vous voir.
17:19Donc, il faut bien comprendre
17:20que la procédure
17:22est ainsi faite
17:22qu'à la fin du fin,
17:23il y a des gens
17:24qui bénéficieront
17:25de l'euthanasie
17:25mais qui n'auront rencontré
17:27que leur médecin.
17:28L'abus de faiblesse,
17:29c'est très important.
17:30Si nous étions frères
17:31tous les deux,
17:32nous sommes de la même famille,
17:33vous avez le droit
17:34ou j'ai le droit
17:34de vous donner un rein
17:35si vous souffrez
17:36ou si je souffre
17:37d'insuffisance rénale.
17:37Ça s'appelle
17:38le don d'organe intrafamilial.
17:40Pour s'assurer
17:41que vous êtes d'accord
17:41et que je suis d'accord,
17:43que prévoit la loi ?
17:48Il a le droit
17:49de donner son rein
17:49à M. Juvin
17:50parce qu'il est d'accord.
17:51Tous les deux sont d'accord.
17:54Moi, je souhaitais
17:54qu'un juge puisse dire
17:56que la procédure
17:57a été respectée.
17:58Et là, il n'y a pas de juge
17:59dans le circuit.
18:00Même pour quelqu'un
18:02qui est sous tutelle.
18:03Il n'y a aucun juge
18:05qui rentre dans le circuit.
18:06Il n'y a pas d'enquête
18:06sur la famille,
18:07les proches, etc.
18:09Pour vous mettre sous tutelle,
18:11il faut un juge.
18:12Et c'est normal.
18:13Eh bien, le même
18:14qui est sous tutelle
18:14qui va bénéficier d'euthanasie
18:16ne verra pas de juge.
18:17Vous trouvez ça normal ?
18:19Non, en fait,
18:20ma crainte, si vous voulez,
18:21c'est qu'on prétend
18:22qu'il y a des critères
18:23mais ces critères
18:24ne sont pas stricts.
18:25C'est ça, notre inquiétude.
18:27Et c'est que du coup,
18:27ça soit ouvert
18:28à bien d'autres gens
18:30et des abus de faiblesse.
18:31Et comme disait l'autre,
18:32quand il y a du flou,
18:33il y a un loup.
18:33Absolument.
18:34Et là, on parle de mort.
18:35Alors, il y a une commission
18:36de contrôle
18:37qui va contrôler
18:38mais a posteriori
18:39quand vous serez mort.
18:40A posteriori.
18:41Exactement.
18:42C'est intéressant.
18:42Donc, effectivement,
18:43si les critères
18:44n'ont pas été respectés,
18:45ça vous fera une belle jambe
18:46si je puis me permettre
18:47cette expression un peu vulgaire.
18:49Donc, non.
18:50Il nous faut des critères.
18:52Il faut exclure des catégories,
18:53en particulier
18:54les malades psychiatriques.
18:55Ça, c'est pas possible.
18:55On ne peut pas accepter
18:56qu'un schizophrène
18:57ou un déficient mental
18:59puisse demander l'euthanasie.
19:01Alors, on me répond
19:02mais le médecin saura dire non.
19:04Sauf qu'il est tout seul.
19:06Peut-être qu'il y en a
19:07qui diront oui quand même.
19:07Non, mais pardon.
19:11Je reviens à ce que je vous dis
19:12moi qui me scandalise
19:15en tout cas, qui m'étonne.
19:16C'est que par exemple
19:17quelqu'un qui a demandé
19:18qui demandera
19:19selon le projet de loi
19:20Il faut qu'il ait des critères,
19:21bien sûr.
19:21Il faut qu'il les souffre.
19:22Non, non, bien sûr.
19:23Mais est-ce que par exemple
19:24il n'y a pas le devoir
19:25de demander à ses proches
19:26sa femme ou son mari, etc.
19:30Est-ce qu'il y a
19:30dans la procédure
19:32le devoir de, en tout cas
19:34de consulter l'entourage, etc.
19:36Enfin, de faire une enquête.
19:37Je vous lis le texte.
19:39Le médecin recueille
19:41l'avis écrit
19:42d'un médecin,
19:43d'un deuxième médecin
19:44qui peut ne pas vous voir,
19:45d'un auxiliaire médical
19:46qui peut ne pas vous voir.
19:48Il peut pas obliger
19:49à recueillir l'avis
19:50d'autres professionnels
19:50de santé,
19:51en particulier psychologues.
19:53Et lorsque vous êtes
19:54sous tutelle,
19:55il informe,
19:56il informe la personne
19:58chargée, le tuteur
19:59et tient compte
20:00de ses observations.
20:01Tient compte,
20:01mais on ne sait pas comment.
20:02Et enfin,
20:03il peut,
20:04à la demande de la personne,
20:05peut pas obliger
20:06recueillir
20:07l'avis
20:07de la vie
20:08de la personne
20:09de confiance.
20:11En fait,
20:12pas d'enquête.
20:13Nous avons une auditrice,
20:14nous avons Régine
20:15qui nous appelle de foie.
20:16Bonjour Régine.
20:17Oui, bonjour.
20:19Bonjour à vous André,
20:20à votre invitée.
20:21Bonjour.
20:22Moi, je suis d'une famille
20:23où nous avons des Alzheimer's
20:25dans la famille.
20:26Et les Alzheimer's,
20:27justement,
20:27ne sont pas du tout concernés
20:29par cette loi,
20:32puisque une personne
20:33atteinte d'Alzheimer
20:34à un stade avancé,
20:35je dis Alzheimer,
20:36et tous les problèmes
20:36de sénilité profonde.
20:38quand on est
20:41dans un stade avancé,
20:42bien sûr qu'on
20:42n'est plus maître
20:44de soi
20:45et de ses pensées.
20:47Mais même si on demande
20:4810 ans avant,
20:4920 ans avant,
20:50qu'au moment où,
20:51justement,
20:52on n'est plus capable
20:54de rien faire,
20:55on veut
20:55pouvoir bénéficier
20:57de ce...
20:58de cette aide à mourir,
21:02cette euthanasie.
21:02De cette aide à mourir,
21:04on ne puisse pas le faire.
21:06Absolument.
21:06Moi, ça me pose problème.
21:08Oui, je comprends, madame,
21:09et c'est une question
21:09que nous nous sommes posées.
21:13Mais il a été décidé,
21:14et je crois que c'est bien,
21:15qu'on ne pourrait pas
21:17procéder à l'euthanasie
21:18à quelqu'un
21:19qui ne serait pas capable
21:20au dernier moment
21:20de vous dire non.
21:22Or, par définition,
21:23si vous avez dit
21:24que vous vouliez bénéficier
21:25de l'euthanasie
21:26il y a 10 ans,
21:27que vous devenez dément,
21:28je prends des mots
21:29un peu crus
21:29pour que tout le monde
21:29comprenne,
21:30et que du coup,
21:32au moment de votre démence,
21:33vous n'avez plus
21:33votre libre arbitre,
21:34par définition,
21:35vous n'êtes plus capable
21:36de dire non,
21:36de confirmer, en fait,
21:37votre demande,
21:38eh bien, il ne faut pas le faire
21:39parce que les demandes de mort,
21:41elles sont fluctuantes.
21:42Un jour, je veux mourir,
21:43un jour, je ne veux pas mourir.
21:46Et je pense que ça serait
21:49très dangereux
21:50d'administrer la mort
21:50à quelqu'un
21:51qui n'est pas capable
21:51au dernier moment
21:52de vous dire stop.
21:53En fait, c'est très intéressant
21:54et très difficile,
21:55et encore plus difficile.
21:57Philippe Juvin,
21:57quand on entend Régine,
21:58le vrai problème,
21:59et vous, vous posez
22:00en toute conscience
22:01et cohérence ce que vous dites,
22:03et ces familles-là,
22:04et je ne dis pas
22:04qu'elles ont raison au tort,
22:05ce n'est pas le problème,
22:06c'est que quand on vit ça
22:07au quotidien,
22:09c'est très difficile.
22:10C'est ça.
22:10Madame, en fait,
22:11j'ai vécu la même chose que vous,
22:12donc je sais exactement
22:13ce dont vous parlez.
22:15Et moi, je ne veux pas vivre
22:17comme ça,
22:17je sais ce que c'est,
22:18j'ai vu cette déchéance,
22:20c'est épouvantable.
22:22C'est un enfermement mental
22:24qu'ont ces personnes.
22:25Elles ne peuvent plus
22:26s'exprimer.
22:26Et vous, vous dites, Régine,
22:28que si ça vous arrive,
22:28vous ne voudriez pas vivre ça.
22:31Moi, je ne veux pas vivre ça.
22:33Absolument pas.
22:34Il y avait un travail
22:35qui a été bouillé
22:36quelques années,
22:37on prenait des jeunes
22:39qui avaient un accident de moto
22:41et qui devenaient paralysés
22:42des quatre membres.
22:43Et on leur demandait,
22:44le premier jour de leur accident,
22:45est-ce que votre vie
22:46vaut le coup d'être vécue ?
22:48Évidemment,
22:48la réponse était non.
22:49La veille, il marchait,
22:50le lendemain, il ne marchait pas.
22:51Et puis, au fur et à mesure
22:52que les mois passaient,
22:54eh bien,
22:54ils voulaient vivre un peu plus.
22:57Donc, la demande de mort,
23:00elle varie aussi avec le temps.
23:02Mais ce qui est intéressant...
23:03Mais là, ça ne peut plus varier, là.
23:05C'est passé de l'autre côté.
23:07Bien sûr.
23:07Mais il y avait une deuxième chose,
23:08c'est qu'au même moment,
23:09on demandait aux soignants,
23:10qu'est-ce que vous en pensez ?
23:11Est-ce que sa vie
23:11vaut le coup d'être vécue ?
23:12Eh bien, à tous les moments,
23:13les soignants,
23:14c'est-à-dire les gens bien portants
23:15et l'entourage disaient non.
23:17Enfin, voyaient la vie pire
23:19que le patient lui-même.
23:20Madame, je comprends
23:22tout ce que vous dites,
23:23sauf que je pense
23:24qu'on ne peut pas donner
23:24l'euthanasie à quelqu'un...
23:26Enfin, il ne faudrait
23:27ne pas donner l'euthanasie
23:28à quelqu'un
23:28qui ne serait pas capable
23:30de dire non au dernier moment.
23:31Vous voyez ?
23:32Eh bien, c'est de la maltraitance mentale.
23:34Excusez-moi.
23:34C'est de la maltraitance.
23:35C'est un débat compliqué.
23:36C'est un débat très compliqué,
23:38effectivement.
23:38Je crois qu'on ne va pas
23:40se mettre d'accord là-dessus.
23:41D'ailleurs, il n'est pas question
23:42de se mettre d'accord.
23:43Mais merci Philippe Juvin.
23:44En tout cas, vous avez exposé
23:45ce qui se passe aujourd'hui
23:47et à chacun de dire
23:49ce qu'il a à dire.
23:51Et c'est très, très important
23:52en tout cas qu'on ait des témoins
23:53et des témoins aussi
23:54qui sont dans la pratique de la chose.
23:58A tout de suite.
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