Pierre Chasseray, délégué général de l'association "40 millions d'automobilistes", invité d'ici Paris Île-de-France, le 13 mai 2025.
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00:00La ZFE, la zone à faible émission, pourrait être supprimée ailleurs en France, mais elle resterait obligatoire dans le Grand Paris.
00:07La ministre l'a répétée hier, et vous, alors qu'en pensez-vous ? Vous êtes peut-être un petit peu perdu.
00:12Eh bien, venez poser vos questions à notre invité, le délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes.
00:17Bonjour Pierre Chasserey.
00:19Bonjour.
00:19Il y a un peu plus d'un mois, vous nous disiez chez Corentin Fels que c'était presque plié, la ZFE allait être fixée sur son sort.
00:25On le rappelle, à ce moment-là, les députés avaient voté en commission, c'est ça, à son abrogation.
00:30Là, on est un peu plus d'un mois après, en fait, toujours pas. Est-ce que vous êtes parti un peu en besogne ?
00:36Alors, il faut comprendre déjà pourquoi l'Assemblée nationale n'a pas converti l'essai.
00:41Alors, il y a eu une commission spéciale, dans cette commission spéciale, les députés ont dit, on abroge les ZFE, c'est fini, on n'entendra plus parler, c'est une bombe sociale à retardement.
00:48Merci 40 millions d'automobilistes.
00:50Bon, au final, il faut convertir cet essai dans l'hémicycle.
00:54C'est l'article 15 du projet de loi de simplification de la vie administrative.
01:00Et apparemment, ce n'est pas si simple que ça, puisqu'il y avait 2000 et quelques amendements qui sont tous débattus.
01:05Ça prend tellement longtemps qu'on n'est toujours pas à cet article 15.
01:09Et donc, là, on est à l'Assemblée nationale, on a basculé sur le projet de loi sur la fin de vie, sur les discussions sur le projet de loi fin de vie.
01:15Et donc, le 30 et 31 mai, c'est-à-dire là, maintenant, dans quelques jours, sera enfin débattu, potentiellement, si on va assez vite pour passer les amendements qui restent,
01:27la fin possible, pure et simple, de la ZFE, ce qui fait peur à madame la ministre.
01:31Justement, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, qui a ouvert la porte hier quand même à des ZFE facultatives ailleurs en France,
01:39mais pas chez nous dans le Grand Paris.
01:40Qu'est-ce que vous lui répondez ce matin ?
01:41Ça existe déjà. En fait, Agnès Pannier-Runacher nous réinvente juste l'eau chaude, puisqu'actuellement, les ZFE sont obligatoires sur la métropole de Paris et de Lyon,
01:53et facultatives ailleurs. Donc, elle nous propose de laisser comme c'est actuellement et de ne rien changer.
01:58Je suis un peu... Je suis surpris. Je suis surpris qu'Agnès Pannier-Runacher n'ait pas encore pris véritablement le pouls de la société française.
02:06Comment peut-on plaider d'un côté, en tant que ministre de l'écologie, l'obsolescence programmée, en disant qu'il faut garder les choses longtemps,
02:13qu'il faut arrêter d'être une société qui bascule sur Chine, qui change son lave-linge tous les quatre du mois ?
02:19Il faut garder les choses. D'un côté, l'économie circulaire. On parle d'économie circulaire.
02:23Et de l'autre côté, on dit, bon, les voitures, allez, hop, tant pis, on les jette, tant pis pour vous, vous n'avez pas les moyens d'en acheter une autre.
02:30Comme elle disait, les pauvres n'ont pas de voiture. C'est quand même très gênant.
02:34On voit, la ZFE, c'est la preuve par A plus B qu'il y a une déconnexion totale entre la ministre de l'écologie et les Français.
02:43Oui, il y a quand même les plus modestes qui vivent à proximité des grands axes et qui sont les premiers touchés quand même par ces émissions,
02:49notamment en dioxyde d'azote, qui ont baissé de 40% selon la ministre.
02:52Depuis la mise en place de la ZFE, vous le répondez quoi ?
02:55Alors, quand la ministre nous dit qu'elle fait moins 40% avec les ZFE sur Paris et Lyon,
03:00là où les ZFE, il n'y a pas de verbalisation, donc tout le monde roule quand même.
03:03J'ai envie de dire comment elle a fait. Phénomène Harry Potter, coup de baguette magique.
03:07Je veux lui répondre qu'à Nice, on n'a pas mis en place les ZFE.
03:10Elles ne sont pas mises en place. Et l'amélioration sur les particules fines, c'est moins 50%.
03:14Bon, ben voilà.
03:15Il y a d'autres facteurs qui permettent de faire baisser la qualité de l'air, c'est ce que vous dites ?
03:17Évidemment, il y a d'autres facteurs. Bien évidemment.
03:19Et il faut arrêter ce délire français qui consiste à penser que c'est parce qu'il y a une action politique qu'il y a un résultat.
03:26Alors, qu'est-ce qu'on fait en Ile-de-France, qui est un autre territoire que Nice, qui est quand même bien plus grand ?
03:29Oui, en Ile-de-France, on peut tout simplement regarder toutes les sources de pollution, faciliter le trafic,
03:35et ne pas avoir chaque matin le point sur les embouteillages qui tombent,
03:39parce que la situation la plus pénalisante pour les bouchons, la phrase n'est pas de moi, c'est de l'ADEME,
03:43les émissions les plus pénalisantes, ce sont les bouchons.
03:47Donc, il faut faire en sorte de limiter les bouchons.
03:50Il faut créer des parcs de stationnement gratuits, surveillés, aux entrées des villes,
03:53pour permettre à certains ce qu'ils souhaitent, de pouvoir emprunter les transports en commun.
03:57Des transports en communs, ils doivent être plus nombreux,
03:59parce que si c'est pour être bondés et entassés dans la ligne 13, je ne vois pas trop l'intérêt.
04:03Il faut, en fait, une politique de mobilité et de transport, c'est quelque chose qui s'organise.
04:08On a d'ailleurs un excellent ministre des Transports actuellement, Philippe Tabarro.
04:11Moi, ce que je ne comprends pas, c'est qu'on a un ministre des Transports qui, il y a deux ans,
04:13tirait la sonnette d'alarme sur les ZFE.
04:15Philippe Tabarro, il disait au Sénat, attention, ZFE, il faut arrêter.
04:18On ne l'écoute pas, c'est lui qui devrait tenir ce chantier des ZFE,
04:22et pas le ministère de l'Écologie, ça n'a pas de sens.
04:24Est-ce qu'il faut un retour de la prime à la conversion ?
04:26Est-ce qu'il faut aider les Franciliens à changer de véhicule ?
04:28Vous voulez donner une prime de quelques milliers d'euros ?
04:315 000 à l'époque, avant cette suppression.
04:32Mais même 10, si vous voulez, 10 000 pour acheter un véhicule qu'on vaut 40,
04:36quand vous n'avez pas, vous n'avez pas.
04:38Qu'est-ce qui est intelligent ?
04:40Est-ce que l'écologie, c'est de mettre à la poubelle quelque chose qui marche encore ?
04:43Moi, c'est vraiment la question que je me pose.
04:45Et puis, petite question à tous les parlementaires qui vont bientôt voter.
04:48On a tous un smartphone, on tweet, on va sur ChatGPT, OpenAI et compagnie.
04:53Et au final, on sait très bien que ça, ça va être responsable de 20% des émissions polluantes plus tard.
04:57Comment peut-on vouloir condamner et assigner à domicile une partie de la population française,
05:02alors qu'on est soi-même, sans montrer l'exemple,
05:05et en train de développer une autre source de pollution ?
05:07Dernier petit point, allez, je l'annonce aujourd'hui parce que ça suffit
05:11et que je vois aujourd'hui à l'Assemblée nationale ce qui se passe.
05:14Et cet état d'esprit qui vise chez certains groupes politiques
05:18à bloquer l'arrivée du texte des ZFA.
05:21Je dis bien à bloquer, parce que s'il a été autant débattu,
05:24ce projet de loi sur la simplification de la vie administrative,
05:26c'est parce qu'il y a des groupes politiques qui bloquent.
05:28Vous visez quel groupe en particulier ?
05:30Le Bloc de Gauche, la France Insoumise, le Parti Socialiste et les écologistes.
05:36Qu'est-ce que vous allez faire du coup avec 40 millions de mobilistes ?
05:38Très simple, je publierai par nom, nominativement,
05:44sur notre site internet, le nom de chaque député
05:47et son vote sur l'abrogation des zones à faible émission.
05:51Je veux que chaque Français...
05:51C'est transparent, c'est sur le site de l'Assemblée.
05:53Et ça sera transparent, mais vous savez,
05:54les Français ne vont pas forcément sur le site de l'Assemblée.
05:56Là, on fera quelque chose de simple.
05:58J'ai un fichier à 3 700 000 personnes à l'association.
06:02Je peux vous dire que chaque Français saura précisément
06:04si son député le représente véritablement dans l'hémicycle ou pas.
06:07C'est une menace, Pierre Chasserey ?
06:08Non, ce n'est pas une menace, c'est un ras-le-bol.
06:11C'est un ras-le-bol de parlementaires qui ont oublié le sens de leur rôle.
06:14Le rôle du parlementaire, c'est d'être le représentant de la population.
06:18On n'a pas élu à l'Assemblée nationale des hommes et des femmes
06:22pour qu'ils fassent l'inverse de ce que veulent les Français.
06:25Il y a aujourd'hui 8 Français sur 10 opposés aux zones à faible émission.
06:29Donc, qu'est-ce qu'on fait ? C'est un ras-le-marée.
06:31S'il y avait un référendum, on arrêterait.
06:33Donc, dans ces cas-là, je demande à chaque parlementaire,
06:35en son âme et conscience, d'oublier son appartenance politique,
06:38les questions de bienséance politique
06:40et de voter ce que veulent enfin les Français.
06:43Le message est passé.
06:44Merci Pierre Chassery d'être venu ce matin dans le studio d'ici Paris-Ile-de-France,
06:47délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes.
06:50Bonne journée à vous.