"J'ai été filmé à mon insu dans les vestiaires"

Konbini

il y a 7 mois

Notre journaliste, Anouck, a été filmée à son insu dans les vestiaires de la piscine municipale. Elle a pris l'auteur en flagrant délit, a porté plainte... et sa plainte a pourtant été classée sans suite.

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00:00où je me déshabillais, j'ai remarqué un téléphone qui était glissé sous la paroi

00:04et je leur ai tout de suite dit « Je viens d'être filmée,

00:07faites en sorte qu'ils ne sortent pas de la cabine le temps que je me rhabille, s'il vous plaît. »

00:10C'est bête, mais bien sûr que non, je n'arrive plus à me dire que je peux aller tranquillement à la piscine.

00:16Je m'appelle Anouk, j'ai 29 ans et je suis journaliste ici chez Comedy News.

00:21D'habitude, je suis de l'autre côté de la caméra

00:22et aujourd'hui, je suis venue ici pour vous raconter quelque chose qui m'est arrivé.

00:26Il y a un an et demi, dans la piscine Édouard-Pailleron, dans le 19e arrondissement à Paris,

00:31en sortant de ma séance de natation, je suis allée dans le vestiaire pour me changer

00:34et au moment où je me déshabillais, j'ai remarqué au sol un téléphone qui était glissé sous la paroi

00:41et j'ai tout de suite compris que j'étais en train d'être filmée.

00:43Pendant quelques secondes, j'ai été stupéfaite

00:46et ensuite ma première réaction, ça a été de pousser le téléphone en dehors de la cabine

00:50et de dire à voix haute « Je suis en train d'être filmée, je suis en train d'être filmée. »

00:56On était, il y avait du monde à la piscine, il y a ma voisine de cabine de l'autre côté qui est sortie

01:01en m'entendant crier, il y a l'homme de ménage qui est venu aussi

01:04et je leur ai tout de suite dit « Je viens d'être filmée, faites en sorte qu'ils ne sortent pas de la cabine

01:09le temps que je me rhabille, s'il vous plaît. »

01:10Quelques minutes pendant lesquelles, à travers la cabine, ils disaient « Il y a mes prises, il y a mes prises ! »

01:14Mais j'étais absolument sûre de ce qui s'était passé, il n'y avait pas du tout mes prises.

01:17Le fait est que c'était en plein mois de août, la sécurité de la piscine n'était pas là, tout simplement.

01:22C'était un jour où ils n'étaient pas là. Le directeur n'était pas là non plus, donc on a eu un responsable en intérim

01:27qui est venu discuter, qui me croyait, qui en même temps essayait de minimiser un peu le truc.

01:31« Ah, vous êtes vraiment sûre, mademoiselle, de vouloir appeler la police ? »

01:34Et il a fini par le faire et la police est arrivée une quinzaine de minutes plus tard,

01:39il l'a pris dans un coin et il l'a avoué en fait, il l'a avoué tout de suite avoir jeté un coup d'œil.

01:44Je crois que c'était ça l'expression un peu étrange.

01:46Entre le moment où j'ai appelé à l'aide et le moment où il est sorti de sa cabine, il s'est passé 3 ou 4 minutes.

01:51Je pense que dans cet intervalle de temps-là, il a dû supprimer les éléments compromettants qui étaient sur son téléphone.

01:56Et puis je l'ai vu, tout simplement. J'ai vu la personne qui m'avait filmé à mon insu.

02:00Et on était bien loin des clichés. En fait, c'était un homme normal qui avait mon âge.

02:06Et c'est assez déroutant. Et en même temps, il n'y a pas de visage de voyeur, il n'y a que des voyeurs.

02:11À partir de là, la police m'a dit « est-ce que vous pouvez nous suivre au commissariat pour faire un dépôt de plainte tout de suite ? »

02:17J'ai dit « oui, évidemment ». Au même moment où je faisais rédiger le procès verbal, lui était interrogé dans une salle à côté.

02:23Les informations que j'ai ensuite ne sont que des choses qui m'ont été rapportées par l'agent de police.

02:28En gros, cette agression a eu lieu le matin.

02:31Et en fin d'après-midi, j'ai reçu un coup de fil enmasqué sur mon téléphone. C'était la police.

02:36On le garde en garde à vue 24 heures, reconductible 48, parce que c'est la loi, en fonction de ce qu'il trouve.

02:43Et ça s'arrête là.

02:45Il n'y a eu aucune suite à ma plainte.

02:46Au moment de mon dépôt de plainte, la police m'a proposé de faire une confrontation,

02:51c'est-à-dire d'être mise face à face avec l'homme pour pouvoir parler de ce qui s'était passé.

02:55J'ai dit « bien sûr, évidemment, il n'y a pas de souci, appelez-moi s'il y a besoin ».

02:58On ne m'a jamais rappelé.

02:59Le policier m'avait bien prévenu au moment de mon dépôt de plainte,

03:02comme ils ont pu recueillir son identité, qu'il avait un casier judiciaire vierge

03:06et qu'à partir du moment où c'était la première fois qu'il se faisait choper,

03:09il allait sans doute rien se passer.

03:12Moi, c'est le après qui me gêne, parce qu'il a avoué.

03:15Et à partir du moment où quelqu'un avoue, comment ça se fait que ça n'est pas suivi de quelque chose d'autre ?

03:19J'étais quand même confrontée au mur de la justice.

03:22J'ai donc décidé de retourner au commissariat où j'avais porté plainte en samedi.

03:26Ils ne m'ont même pas laissé rentrer dans le commissariat.

03:28Ils m'ont tout simplement dit à travers l'interphone,

03:31« S'il y avait dû avoir une suite, mademoiselle, vous auriez été mise au courant. »

03:36Et je n'ai évidemment été mise au courant de rien.

03:38Il n'y a pas eu de suite.

03:39C'est bête, mais bien sûr que non, je n'arrive plus à me dire

03:42que je peux aller tranquillement à la piscine,

03:44me changer dans les vestiaires et passer un moment

03:47sans me poser la question de ce qui va se passer.

03:49Il y a quelques jours, il y a une journaliste qui s'appelle Lorraine Descartes

03:52qui a témoigné sur ses réseaux de ce qui lui était arrivé,

03:55puisqu'il lui est arrivé la même chose,

03:57dans une piscine pas très lente de là où ça m'était arrivé.

04:00Et puis à la suite de son témoignage, il y a eu énormément de témoignages

04:03de plein d'autres femmes qui sont concernées par le même problème.

04:05Je ne veux plus que ça arrive.

04:07Alors je prends la parole aujourd'hui en espérant que ça pourra faire bouger les choses.

04:10Non, il n'y a pas eu d'agression sexuelle au sens physique du terme,

04:15mais en fait ça ne change rien à ce qui s'est passé.

04:17C'est une intrusion dans mon intimité, ça caractérisait.

04:21C'est un délit, c'est un délit.

04:22J'ai eu honte quand ça m'est arrivé, et en fait je n'ai pas à avoir honte de ça.

04:26Et si jamais ça vous arrive ou si ça vous est arrivé, n'ayez pas honte.

04:29La honte, elle n'a pas à être de votre côté.

Commentaires

Tony Lavaudil y a 7 mois
les vestiaires homme femme ne sont-ils pas séparées ?
Charlotteil y a 7 mois
all men
Dio Brandoil y a 7 mois
oh c’était un timide hein
DidiSidil y a 7 mois
quand des multirécidivistes ne sont pas puni, pour des trucs bien plus grave, alors évidemment que ça niet ! nada ! rien ! Pas que je trouve ça normal, mais c'est pour ça qu'il n'y a rien d'étonnant !
claudy_offil y a 7 mois
j'ai entendu ça à la radio