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  • 05/04/2025
Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste et politologue, s'exprime sur les critiques envers les juges après la condamnation de Marine Le Pen, et surtout savoir si cette stratégie est une politique payante.

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Transcription
00:00Année zéro, c'est le sujet de votre choix du 20h.
00:02Et oui, moi je vais vous parler de gouvernement des juges et on va voir que c'est quelque chose sur lequel nous sommes
00:06complètement gangrénés, en réalité, par un discours absolument populiste.
00:10Alors, c'est quoi ce discours ? En fait, ça existe aux Etats-Unis depuis 1920.
00:13Et nous, en France, depuis l'an 3, on se pose la question de savoir comment est-ce que nos juges peuvent intervenir dans la vie politique.
00:19Et à chaque fois qu'ils le font, c'est le même niveau de critique.
00:22Alors, quel est le discours porté, précisément ?
00:25Alors, c'est un discours complètement anti-juge. Il y a des bords politiques qui vont le faire mieux que d'autres,
00:28notamment le RN, ça fait vraiment partie du parti FN aussi, qui utilisait une rhétorique anti-juge,
00:35anti-tous les juges, en réalité, Union européenne, Europe des droits de l'homme, Conseil constitutionnel,
00:40et même juge rouge, finalement, qui serait trop politisé.
00:45Mais le Parti communiste aussi avait, en 1958, une position assez hostile au Conseil.
00:48Est-ce qu'il y a, malgré tout, des bords politiques qui utilisent cette critique plus que d'autres ?
00:52Alors, voilà, comme on l'a dit, une prédominance. Mais ce qui change, en réalité, c'est qu'aujourd'hui, ce discours se diffuse.
00:57Prenons, par exemple, l'épisode de la loi Immigration 2023.
01:00On a le groupe Les Républicains, qui est le premier à tomber à bras raccourcis sur le Conseil constitutionnel.
01:07Bruno Retailleau, lui-même, dit, à propos de l'immigration, qu'il est dans une forme de lutte contre l'impossibilisme juridique.
01:13C'est difficile à dire.
01:14Donc, rien de nouveau sous le soleil. Est-ce que ce phénomène est exclusivement français ?
01:18Et non. C'est là que, justement, on se dit qu'il y a une forme de vent qui souffle, pas forcément uniquement de la part des États-Unis.
01:25C'est Viktor Orban, le premier, qui théorise ce point-là.
01:27Ça s'appelle la démocratie libérale.
01:30Et en Amérique du Sud, on appelle ça le constitutionnalisme populaire.
01:33Je vous le décrypte. En gros, aucun intermédiaire entre un élu et le peuple, c'est vous qui décidez.
01:38Et les Cours suprêmes, c'est niet.
01:40On diminue les pouvoirs des juges, et surtout des juges constitutionnels.
01:44Est-ce que ça marche ?
01:45Alors, la victoire de Donald Trump pourrait nous laisser le penser.
01:47Avec le RN, il faut attendre un petit peu.
01:50Mais moi, je me demande si l'idée, c'est pas surtout que ça permette de gagner une élection, mais une seule,
01:56en laissant ensuite un pays complètement désuni derrière soi.
01:59Alors, je sais qu'en France, on est...
02:01C'est la faute à Montesquieu, tout ça, parce qu'on est des maniaques de la séparation des pouvoirs.
02:04Mais vous savez que les Français s'en veulent parfois encore un peu d'avoir tranché la tête du roi.
02:07Alors, pourvu qu'ils ne tranchent pas celle des juges.

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