Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • il y a 6 mois
"C'était une décision qui était difficile, mais nécessaire. Nous n'effacerons pas l'histoire"

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Christophe Robert, bonjour. On va parler avec vous des changements à la Fondation pour le logement des défavorisés, dont vous êtes le délégué général,
00:07mais avant cela, ce qu'on vient d'entendre, où aller maintenant, se demandent ces jeunes migrants évacués de la gaieté lyrique, on l'imagine, ça ne vous laisse pas indifférent ?
00:15Ben non.
00:17Évidemment, vous savez,
00:18cette situation là, mais comme beaucoup d'autres, chaque soir, 7 à 8 000 personnes appellent le numéro 115 d'urgence parce qu'ils ne savent pas où se
00:25mettre à l'abri, donc restent à la rue, dont 2 000 enfants, 8 000, 7 000,
00:308 000 personnes par soir, dont 2 000 enfants, et on voit bien que ce débat est glauque, en fait, c'est-à-dire,
00:36est-ce que ce sont des mineurs, pas des mineurs, pour envoyer la charge de la prise en charge, c'est-à-dire, qui doit s'occuper de ces personnes et les mettre à l'abri ?
00:44Et il y a un débat sur la minorité, si tout le monde avait une place d'hébergement comme on a pu le connaître il y a un certain temps dans notre pays,
00:50on ne se poserait pas cette question-là, de la responsabilité.
00:53Vous l'avez entendu, dans le reportage, il est dit qu'on leur a proposé des places d'hébergement à Rouen, mais que certains refusent.
00:57Oui, mais écoutez, on connaît aussi cette histoire, il peut y avoir des personnes qui arrivent d'autres pays, parce que ce sont des réfugiés,
01:03et on peut comprendre qu'ils peuvent trouver une terre d'accueil, du boulot, un hébergement dans d'autres villes,
01:09mais quand on a soi-même son emploi ici, quand on a effectivement des soins, comme le témoignage qui a été relevé ici,
01:14c'est extrêmement difficile de dire on va partir à 500 kilomètres comme ça.
01:17Donc, je crois que la question qui est posée derrière, c'est celle de la dignité, et puis aussi de l'application de la loi au titre de l'hébergement sans conditions.
01:25C'est vraiment fondamental, on ne laisse pas les personnes à la rue dans ce pays.
01:27Et c'est l'actualité de ce matin, mais c'est votre actualité tous les jours, Christophe Robert à la Fondation pour le logement des défavorisés,
01:36ex-Fondation Abbé Pierre, dont vous êtes le délégué général, qui a donc changé de nom, et qui change aujourd'hui de logo,
01:45on ne verra plus la silhouette du fondateur, qu'est-ce que ça change sur le fond ?
01:50Alors, d'un côté rien, et d'un autre côté beaucoup.
01:53Évidemment, l'Abbé Pierre, c'est notre histoire, c'est notre fondateur, on portait son nom, son visage dans notre logo, dans notre identité,
02:04mais si vous voulez, après avoir eu un premier témoignage, après avoir creusé et découvert plus de 50 personnes victimes de l'Abbé Pierre,
02:13alors que nous avions confié cette mission d'écoute à un cabinet spécialisé dans les violences sexuelles,
02:18nous avions annoncé qu'il nous fallait changer de nom, qu'on ne pouvait pas en rester là.
02:23Par respect pour les victimes, pour les combattants du mal logement, les bénévoles, les salariés de la Fondation,
02:28et c'est vrai plus largement au titre du mouvement Emmaüs.
02:31Donc c'est quelque chose, c'est une décision qui est difficile, mais elle était nécessaire.
02:35Aussi pour nous assurer, c'est là où je dis que ça ne change rien, ça ne change rien au combat, on change de nom, mais on ne change pas de combat.
02:41Le combat est le même.
02:43Et d'ailleurs, pendant toute cette période difficile de crise autour des révélations que nous avons nous-mêmes fait avec le mouvement Emmaüs sur les graves agissements de l'Abbé Pierre,
02:51nous n'avons cessé d'agir auprès des mal logés.
02:53Et il y a un sujet qui est majeur, c'est que la Fondation, pour le logement des défavorisés désormais,
02:58elle n'agit que grâce à la générosité du public.
03:0097% de nos ressources sont des dons qui permettent de financer 800 projets, 800 actions de lutte contre le mal logement,
03:07contre l'exclusion, organisées par nous-mêmes, par 500 associations qu'on soutient de notre réseau.
03:12Et il faut impérativement que nous puissions continuer ce combat, apporter des réponses dans un moment où la situation est très difficile sur le front du mal logement.
03:20Mais précisément ces dons, ils sont en baisse, en baisse de 30% depuis le mois de juillet.
03:23Je voudrais vous faire entendre un donateur, en fait un ex-donateur, il s'appelle Jean-Louis.
03:28C'est assez dur peut-être pour vous, mais c'est important que vous l'entendiez écouter.
03:31Je ne donnerai plus d'argent.
03:33J'attends que ces structures aient un comportement correct.
03:35Il y avait des salariés, il y avait des cadres.
03:37Bon, ils n'ont rien dit, mais après ils veulent se racheter en voulant blanchir, changer le nom de l'association.
03:43Maintenant c'est trop tard, pour ce qui me concerne c'est trop tard.
03:45On passe à autre chose.
03:46Voilà, j'imagine que ce n'est pas le seul témoignage de ce type que vous devez entendre.
03:49C'est peut-être difficile, mais qu'est-ce que vous lui répondez ?
03:51Moi je comprends la déflagration que ces révélations ont représenté pour toute la nation, pour tout le pays.
04:00Nous-mêmes, ça a été la sidération.
04:03Et puis après ça nous a provoqué de la tristesse et aussi de la colère en pensant aux victimes de l'abbé Pierre.
04:09Le choix qui a été fait par la fondation, par le mouvement Emmaüs, il y a eu un premier témoignage.
04:14Et on s'est dit, il faut creuser.
04:15Et on a cru les victimes.
04:17Et on a rendu public trois rapports liés à la cellule d'écoute que nous avons mise en place.
04:21Ce que vous dites c'est que ça n'enlève rien, ce changement de logo, ce n'est pas effacer l'histoire de l'abbé Pierre,
04:25ce n'est pas effacer le devoir de vérité.
04:28Chacun ressent comme il ressent les choses.
04:31Je ne suis pas là pour donner aux gens des indications sur comment ils doivent relire ou pas lire l'histoire.
04:37Simplement, nous, notre mission, nous sommes reconnus d'utilité publique à ce titre-là.
04:41C'est combattre le mal-logement, c'est aider les mal-logés, c'est faire évoluer les politiques publiques,
04:45c'est faire des propositions pour faire de nouveaux dispositifs de politiques publiques
04:49qui permettent aux personnes sans domicile, aux personnes mal logées, à celles qui n'arrivent pas à se chauffer,
04:53de trouver des solutions.
04:54Et c'est ça notre action au quotidien.
04:56Et ça, il ne faudrait pas que les graves agissements de l'abbé Pierre et ses révélations dures, dures pour nous tous,
05:02conduisent à affaiblir notre capacité d'action.
05:05Et d'ailleurs, nous avons énormément de messages de donateurs qui disent
05:09bien sûr, continuez votre combat, nous allons vous soutenir.
05:12Donc, je comprends que certains soient perturbés, mais je leur dis, pensez aux mal-logés, aujourd'hui et maintenant.
05:18C'est le message d'ailleurs aussi du parrain de la Fondation, le comédien Philippe Toretton.
05:21La réaction de la Fondation, je la trouve très juste.
05:23On condamne, et puis après on abandonne le nom, évidemment.
05:26Mais restent tous ces gens absolument incroyables et merveilleux qui bossent sur le mal-logement
05:32et qui essayent tous les jours de trouver des solutions d'habitat et d'aide.
05:37Ce soutien, Christophe Robert, il est important, parce que vous faites toujours face à cette baisse significative des dons.
05:43Oui, moi je remercie Philippe Toretton, ainsi que les plus de 60 personnes qui ont signé une tribune de soutien à la Fondation
05:49que vous avez publiée sur votre site de France Info.
05:52Je crois que c'est très important.
05:54Ce combat, on le gagnera tous ensemble.
05:56On a la capacité dans ce pays de régler le problème des sans-domiciles,
06:00une bonne partie du problème de mal-logement en quelques années si on le veut.
06:03Mais ce sont des choix politiques.
06:04Alors nous, on fait ce que l'on peut à notre niveau grâce à cette générosité du public.
06:09Et après, il nous faut des politiques publiques beaucoup plus offensives
06:12pour protéger ceux qui sont en souffrance, ceux qui ont vécu des choses difficiles dans leur parcours.
06:16Voilà, donc je comprends la perturbation, nous sommes nous-mêmes très perturbés.
06:20Mais voilà, le combat il est là, les personnes ont besoin de cette aide,
06:23et je crois qu'il faut leur tendre la main.

Recommandations