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  • il y a 7 mois
Elle a été ministre, avocate, dirigé le FMI et la BCE… Avant, Christine Lagarde croyait que le mérite suffirait pour que les femmes accèdent largement à des postes de pouvoir. Aujourd'hui, elle défend les quotas. Voilà pourquoi.

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Transcription
00:00J'ai 40 ans de vie professionnelle, secteur privé, secteur public,
00:04international ou local, je n'ai encore jamais vu une femme venir me demander une augmentation de salaire.
00:11Alors, je peux vous dire qu'en 20 ans de carrière professionnelle comme avocate,
00:17en 10 des fonctions de management, j'ai vu des dizaines de jeunes messieurs,
00:23de moins jeunes messieurs me dire « je mérite un bonus beaucoup plus important,
00:27je suis sous-estimée par rapport à la rémunération ou au bonus qui est proposé. »
00:31J'ai 25 ans de direction d'organisation, soit dans le secteur privé, soit dans le secteur public ou international.
00:36Les deux obstacles qu'on mettait en travers de mon chemin quand je disais
00:42« mais où sont les femmes dans vos groupes ? Où sont les femmes dans vos institutions ? »
00:46On me disait deux choses.
00:47Première chose, on a des femmes mais elles ne veulent surtout pas qu'il y ait de quotas,
00:51elles trouvent que ce n'est pas bien, qu'elles doivent y arriver par leur propre mérite.
00:56Quand j'allais ensuite interroger par derrière les femmes dans ces organisations-là,
01:01la plupart du temps, ce n'était pas vrai.
01:03Je vous dirai un mot si vous voulez sur ce que je pense des quotas.
01:06Donc ça, c'est le premier obstacle qu'on oppose et c'est non recevable de mon point de vue.
01:12Le deuxième obstacle qu'on m'a souvent opposé, c'est « j'aimerais bien,
01:16j'aimerais vraiment bien avoir une femme, des femmes, elles sont tellement formidable, etc.
01:21mais je n'arrive pas à en trouver. »
01:23Alors ça, j'avais une technique.
01:26J'ai suivi un moment entendu ça pour m'y préparer et donc j'avais dans ma poche intérieure,
01:32dans mon sac à main, la liste de toutes ces femmes que je connaissais,
01:38dont je savais qu'elles étaient volontaires,
01:40dont je savais qu'elles étaient compétentes et prêtes pour relever le défi.
01:43Je disais, « vous n'arrivez pas à en trouver.
01:45Mais tenez, voilà une liste de femmes formidables que vous pourriez vraiment utilement interroger
01:50et la prochaine fois qu'on se voit pour discuter de la stratégie, du développement, etc. et des budgets,
01:55ça serait bien que vous ayez fait un peu de modification dans la composition de votre conseil ou de votre groupe de direction. »
02:01Donc, je pense que là, dans ce domaine-là, que ce soit par le biais de la loi que vous votez
02:07ou par le biais de quotas au sein des entreprises ou par le biais de pratiques et de bonnes pratiques instituées,
02:13je pense vraiment qu'on peut faire la différence.
02:15Sur les quotas, M. Ché, je pense que…
02:19Enfin, deux points.
02:20Premièrement, j'ai complètement changé mon approche des quotas.
02:24Quand j'ai commencé ma carrière en fin des années 70,
02:28j'étais convaincue que les femmes progresseraient,
02:31que sur la base de leur simple mérite et de leur valeur, elles trouveraient leur place et toute leur place.
02:37Bon, il ne m'a pas fallu très, très longtemps de carrière professionnelle
02:40pour m'apercevoir que quand je regardais autour de moi dans un grand cabinet d'avocats international,
02:44il y avait 5 % de femmes associées dans la firme et c'est tout.
02:50Et un calcul rapide laissait penser que ça prendrait au moins 140 ans avant qu'on arrive à une certaine parité.
02:57Donc, je suis résolument favorable à des quotas, qu'on appelle ça des quotas ou qu'on appelle ça des cibles.
03:04Il y a tout un débat téléologique qui, moi, m'intéresse assez peu.
03:07Ce qui me paraît très important, c'est que le périmètre soit le bon,
03:11qu'on commence par les incitations et qu'ensuite on évolue vers des choses peut-être un peu plus contraignantes.
03:19Et deuxièmement, qu'on ait un mécanisme qui permette de vérifier parce que ça fait partie aussi des nécessités.
03:29Donc, sur les quotas, un autre point que je voulais mentionner, c'est qu'on ne peut pas se contenter de quotas généraux.
03:36Il faut descendre de manière très granulaire dans l'organisation.
03:42C'est-à-dire que si on dit qu'on aura 40 % de postes à responsabilité, ce n'est pas suffisant.
03:47Il faut vraiment aller dans le détail des postes de direction, postes de sous-direction, etc.
03:55Parce que sinon, on risque de se retrouver avec beaucoup de femmes,
03:59beaucoup plus que les 40 % dans les sous-directions et puis un petit 10 % dans la direction générale.
04:06Donc, il faut être très granulaire, j'espère qu'on peut dire, il faut de la granularité dans l'application des quotas.
04:15Moi, ça m'est apparu de manière très évidente, à la fois chez Becker-McKinsey puisque j'étais 20 ans dans le secteur privé
04:23et ensuite au Fonds monétaire international aussi, où on est vraiment descendu dans tous les grades de l'organisation.
04:33Plus on descendait dans l'organisation, plus on était proche de la cible et plus on montait dans l'organisation, plus on était loin de la cible.
04:42Donc, il faut être de grande granularité, vérifier de manière régulière, inciter, donner suffisamment de temps.
04:51C'est-à-dire qu'on ne peut pas, du jour au lendemain, réaliser les objectifs tout simplement parce que les tuyaux,
04:58je ne sais pas si c'est la bonne traduction, mais en tout cas le vivier dans lequel on peut puiser pour promouvoir des femmes,
05:05leur donner l'information nécessaire, être allé les chercher, les encourager dans leur mission,
05:11le vivier n'a pas été constitué. Donc, il faut non pas donner du temps au temps, mais permettre la constitution de toute une chaîne qui doit monter dans l'entreprise.
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