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00:00Et il y a quasiment 9h moins 20 sur Europe 1, nous accueillons Alexandre Devecchio pour son édito.
00:07Bonjour Alexandre. Bonjour les naïfs. Alors on vous en a parlé dans les journaux ce matin et vous aussi Alexandre,
00:12vous voulez répondre à une question, pourquoi Donald Trump est-il aussi brutal ?
00:16Oui les naïfs, car ce qui choque une partie de l'opinion et des médias concernant Donald Trump,
00:20c'est souvent moins le fond que la forme. Certes, le président américain horrifie
00:24les progressistes par son positionnement anti-woke ou sa fermeté en matière d'immigration,
00:28mais il faut aussi reconnaître qu'il indispose nombre de conservateurs.
00:32Plus que sa politique, ces derniers lui reprochent son style, qu'il juge inutilement brutal
00:36et finalement contre-productif. Il ne voit en lui qu'un clown agressif.
00:40Il est vrai qu'on peut se demander s'il était bien nécessaire d'humilier publiquement Zelensky,
00:45quand bien même on serait partisan de chercher un compromis avec Vladimir Poutine.
00:49Pourtant, on aurait tort de voir dans cette violence la simple expression du caractère de Donald Trump.
00:54Si la brutalité de Trump est liée à son tempérament impulsif,
00:57elle s'inscrit aussi dans une véritable stratégie et est le fruit de l'époque et du contexte politique.
01:02Pourquoi est-ce que vous dites ça, Alexandre ?
01:04Trump est le retour de bâton de quatre décennies de faillite des élites de gauche et de droite.
01:08Aux yeux d'une partie des Américains, les solutions à leurs problèmes
01:11ne peuvent plus venir des élites technocratiques dites responsables.
01:15Celles-ci sont jugées au mieux déconnectées, au pire nuisibles.
01:18Comme l'explique l'intellectuel américain Rod Dreher,
01:21la majorité des classes populaires américaines considère que le système
01:24ne peut plus être réformé mais doit être remplacé.
01:28Ils considèrent que seules des solutions radicales peuvent sauver l'Amérique.
01:32Trump n'est donc pas plébiscité malgré ses excès,
01:34mais au contraire, précisément parce qu'il est aux yeux de ses électeurs
01:38le seul à pouvoir renverser la table et faire voler les assiettes.
01:41Trump, c'est la grenade dégoupillée que s'est choisie l'Amérique ordinaire
01:45pour faire exploser une technostructure juridico-administrative
01:48désormais perçue comme nocive pour la démocratie et la liberté.
01:52Avec son vice-président J.D. Vance, il forme un véritable binôme.
01:56Non moins dur sur le fond, Vance est plus policier sur la forme.
01:59Quand Trump mène la révolution, son vice-président prépare la reconstruction.
02:03Est-ce que vous pensez, Alexandre, que le modèle Trump est transposable en France ?
02:06Ce n'est pas l'option choisie par Marine Le Pen
02:08qui a au contraire choisi une stratégie de dédiabolisation
02:11consciente que les transgressions et les outrances de Jean-Marie Le Pen
02:14ont fait perdre des années à ses idées et son parti.
02:17Mais l'époque a changé.
02:18Beaucoup de Français pensent que l'heure n'est plus à la nuance
02:21et qu'il faut tordre le bâton dans l'autre sens
02:23pour reprendre l'expression d'Éric Zemmour.
02:26Quand les peuples comprennent qu'ils vont mourir,
02:28ils ont un sentiment de panique qui les pousse à empêcher leur mort d'advenir,
02:32expliquait récemment le président de Reconquête dans les colonnes du Figaro.
02:35Le trumpisme et ses avatars ne sont rien d'autre que le sourceau désordonné
02:39des peuples qui ne veulent pas disparaître.
02:41Et c'était l'édito d'Alexandre Devecchio, merci Alexandre Ademain.