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L'incroyable histoire du canal de Panama
Les Echos
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il y a 7 mois
Comment un canal commencé par la France a été terminé par les Etats-Unis grâce à la détermination d’un jeune ingénieur français prêt à tout pour sauver le projet. A vraiment tout.
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Vous avez remarqué, à chaque fois que Trump parle du canal de Panama, il dit qu'il veut le reprendre.
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Mais pourquoi un canal d'Amérique centrale appartiendrait aux Etats-Unis ?
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Revenons un peu en arrière.
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On est en 1898 et Cuba vient de déclarer son indépendance,
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soutenue par les Etats-Unis qui entrent alors en guerre contre l'Espagne.
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Une bataille navale se prépare juste ici, au large de la Havane.
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Les Etats-Unis ont besoin de leur tout dernier navire de guerre, l'USS Oregon.
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Problème, il est de l'autre côté du continent, à San Francisco.
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Il entame alors une traversée de 25 000 km tout autour du continent
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et arrive en Floride 66 jours plus tard,
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pilotant pour aider les Etats-Unis à remporter la bataille de Santiago.
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À ce moment-là, ça ne fait même pas 50 ans que les Etats-Unis ont une façade maritime côté Pacifique.
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L'interminable voyage de l'USS Oregon va leur faire prendre conscience de la nécessité de connecter les deux océans.
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C'est le début de l'incroyable histoire du canal de Panama et des Etats-Unis
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et le personnage qui va tout changer, c'est lui, un jeune ingénieur français.
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Sans lui, la République du Panama n'existerait pas et le canal serait probablement au Nicaragua.
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L'idée de relier le Pacifique et l'Atlantique n'est pas nouvelle.
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Il y a des endroits où le continent américain mesure à peine 50 km de large, par exemple ici.
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Du coup, c'est hyper tentant, surtout quand on voit le détour qu'on doit faire.
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Dès les années 1520, l'Espagne construit une route terrestre, le Camino Real,
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pile à l'emplacement de notre canal actuel.
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Pendant des siècles, toutes les richesses de l'Empire espagnol vont y transiter
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avant d'être expédiées en Espagne.
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Et tout ça va se faire à pied pendant 400 ans.
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Mais tout va changer au XIXe à cause d'un français qui adore faire des canaux,
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Ferdinand de Lesseps.
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Ou comme les Américains aiment à l'appeler Ferdinand de Lesseps.
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En 1870, cet ingénieur vient tout juste de terminer la construction du canal de Suez,
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qui évite lui aussi de contourner tout un continent.
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Ferdinand se demande ce qu'il va faire maintenant et il se dit
01:44
« Tiens, si je recommençais pas la même chose au Panama. »
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Entre nous, il aurait mieux fait de s'arrêter après Suez, mais je m'en voudrais de trop vous spoiler.
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Il crée la Compagnie du Panama et les travaux débutent en 1882.
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Très vite, c'est la cata.
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Le chantier est pharaonique et les ouvriers sont littéralement décimés par les maladies
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comme la malaria ou la fièvre jaune.
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Mais de Lesseps s'en tête.
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Pour se financer, il multiplie les emprunts et les émissions d'obligations.
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Au passage, il n'hésite pas non plus à soudoyer un député ou deux.
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En vrai, c'est plutôt 104.
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Et quand le pot au rose est découvert en 1892, tout ça crée une véritable affaire d'État.
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C'est le célèbre scandale du Panama.
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Plus de 20 000 ouvriers sont morts sur le chantier,
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des dizaines de milliers de souscripteurs sont ruinés,
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De Lesseps prend 50 taux,
02:23
et globalement plus personne ne veut entendre parler du Panama.
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Plus personne, sauf lui.
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Son petit nom c'est Philippe Bunovaria et le canal c'est le projet de sa vie.
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Il va être prêt à tout pour le sauver.
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Jeune ingénieur, Philippe était venu travailler au Panama sous les ordres de Lesseps.
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Là-bas, il a monté les échelons un par un jusqu'à devenir directeur général.
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À ce moment-là, le canal c'est vraiment toute sa life à Philippe.
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Il n'est pas question de le laisser à l'abandon.
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Son idée, c'est de faire reprendre le chantier par les États-Unis.
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Sauf que les États-Unis, ils ont déjà commencé à bosser de leur côté.
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Et dans leur tête, le canal sera au Nicaragua.
02:53
Là-bas, il y a un énorme lac en plein milieu du continent,
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et il suffit de faire deux petits canaux de chaque côté pour relier les océans entre eux.
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Pour parvenir à ces fins, Bunovaria doit convaincre les États-Unis de deux choses.
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D'abord arrêter leur propre projet au Nicaragua,
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et ensuite reprendre le sien au Panama.
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Alors comment faire ?
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Il s'associe avec un avocat, William Cromwell.
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Ensemble, ils vont dézinguer le projet du Nicaragua.
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Et une occasion en or se présente,
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l'éruption du volcan Momotombo, au Nicaragua donc.
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Ce volcan, il est à plus de 1000 km du projet de canal des États-Unis,
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mais c'est pas très grave pour Philippe.
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À grands coups de courrier, avec pile le teint qu'il faut,
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et d'articles dans la presse,
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le duo finit par discréditer totalement l'idée d'un canal au Nicaragua.
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Et du nom.
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Reste à faire reprendre le chantier du Panama aux États-Unis.
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L'idée les séduit, mais ils veulent garder le contrôle sur le canal après les travaux.
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Seul souci, à l'époque, le Panama, ça n'existe pas.
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C'est une région de la Colombie.
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Et la Colombie fait savoir qu'elle a pas du tout l'intention de céder quoi que ce soit aux États-Unis,
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alors que ça passait crème avec la France.
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Sacre bleu.
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Mais Philippe, à ce moment-là, il est vraiment en mode Game of Thrones.
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Y'a plus rien qui l'arrête.
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Alors il se rend au Panama, et il fomente une révolution avec les indépendantistes.
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Il leur garantit le soutien des États-Unis pour leur nouveau pays,
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en échange de la cession du canal.
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Et au passage, il se fait nommer ambassadeur du futur Panama.
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On est en 1903, et Philippe Buno Varia vient de réussir l'exploit d'être le premier officiel du Panama,
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alors que le pays n'existe pas encore.
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Lorsque la révolution éclate effectivement quelques semaines plus tard,
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les États-Unis envoient leur flotte militaire pour mettre un petit coup de pression à la Colombie,
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qui ne moufte pas.
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Et à ce stade, Philippe Buno Varia, c'est le seul officiel du Panama.
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C'est donc lui qui va organiser et signer le traité qui porte son nom,
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deux semaines après l'indépendance du pays,
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et sans aucun Panaméen dans la pièce.
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Le traité Hey Buno Varia autorise les États-Unis à reprendre le chantier,
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et à exploiter le canal.
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Mais surtout, il leur cède une bande de 8 km de part et d'autre du canal.
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Cette bande, une véritable esclave des États-Unis appelée Canal Zone,
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coupera le pays en deux jusqu'en 1979.
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Le canal sera finalement achevé en 1914,
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et comme prévu, il a complètement bouleversé le commerce mondial.
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6% du trafic maritime de la planète y transite chaque année,
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ça fait quand même 140 000 bateaux.
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Enfin, le 31 décembre 1999, les États-Unis le rétrocèdent définitivement.
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Donc ça fait jamais que 25 ans que les États-Unis ont lâché le canal de Panama,
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et c'est pour ça que Trump a l'impression qu'on lui a pris son jouet et qu'on veut pas lui rendre.
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Par ailleurs, la droite américaine a toujours défendu bec et ongle le canal de Panama.
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Écoutez ce qu'on disait à un certain Ronald Reagan en 1976.
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Merci d'avoir regardé cette vidéo jusqu'au bout.
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Si vous avez un canal à aller percer, je vous laisse parce que je sais que c'est du taf.
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En revanche, si c'est pas le cas, prenez une minute pour vous abonner à notre chaîne,
05:36
nous ça nous fait super plaisir.
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