Xavier Bertrand (LR): "Je n'ai rien à faire dans un gouvernement dont la composition est dictée par Marine Le Pen"

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Xavier Bertrand, président Les Républicains de la région des Hauts-de-France, était l'invité de "C'est pas tous les jours dimanche" sur BFMTV ce dimanche 2 février.

Transcript

00:00Le 23 décembre, François Bayrou doit composer son gouvernement,

00:03vous êtes pressentis pour devenir garde d'Essoe et finalement ça ne se fait pas.

00:05Il faut dire que le Rassemblement National proteste.

00:08Vous mettez en avant un gouvernement formé avec l'aval du RN,

00:11vous grillez la politesse d'Alexis Kohler qui doit annoncer la composition du gouvernement.

00:15Et voilà ce que répond François Bayrou exactement à cette place,

00:18sur ce plateau, le 23 décembre au soir, face à Pauline de Malherbe et moi-même.

00:23D'abord, il n'est pas vrai que quelque influence que ce soit,

00:26se soit exercée sur moi.

00:27J'ai proposé à Xavier Bertrand d'entrer au gouvernement.

00:30Et il m'a dit, je ne veux que la justice.

00:32Et j'ai reçu Xavier Bertrand.

00:35Et il m'a exposé ses vues sur le ministère de la Justice

00:38et je ne me suis pas reconnu dans ses vues.

00:41C'est vrai ce qu'il dit ?

00:42C'est une blague, c'est une blague.

00:44Pourquoi c'est une blague ?

00:45Ce qu'il dit, ma feuille de route était trop dure.

00:47Je lui ai présenté ce que je voulais faire notamment sur les narcotrafiquants,

00:52ce que je voulais faire sur des places de prison supplémentaires

00:55et aussi sur les alternatives à la prison.

00:56Et je lui ai même dit, vous voyez le scandale,

00:58qu'il était quand même pas normal aujourd'hui

00:59qu'il y ait autant d'amendes qui ne soient pas recouvrées.

01:01Et qu'il fallait faire en sorte

01:02qu'il n'y ait pas que les braves gens qui paient leurs amendes.

01:04Et c'est violent ça, c'est pas sérieux.

01:07La vérité, elle est un peu différente.

01:08La vérité est un peu différente.

01:09La vérité, c'est que je fais d'autres propositions à François Bayrou,

01:13mais on le sait bien, Marine Le Pen s'y est opposée.

01:17Et ça a été dit ensuite, elle-même ne s'en est pas cachée,

01:19qu'elle a fait savoir son opposition.

01:20Pourquoi ?

01:22Parce qu'elle a une curieuse conception de la justice, madame Le Pen.

01:25Elle pense que c'est le garde des Sceaux,

01:26compte tenu de mon opposition à madame Le Pen,

01:29qui fait la politique pénale.

01:31Elle ne connaît pas l'indépendance des magistrats.

01:34Moi, je suis convaincu de l'indépendance des magistrats.

01:35Ma nomination n'aurait strictement rien changé

01:38à la décision que prendront les magistrats le 31 mars.

01:40Mais ça en dit long sur la conception de madame Le Pen.

01:43Il y a Marine Le Pen, Xavier Bertrand,

01:44et puis il y a François Bayrou.

01:45Vous considérez toujours que son gouvernement aujourd'hui

01:47est un gouvernement qui est sous surveillance du RN ?

01:51Ça se voit, regardez le début de l'entretien

01:53sur la position du RN sur le budget.

01:55Après, il y a un autre point dans l'entretien là.

01:57Je voudrais aller jusqu'au bout.

01:59Si François Bayrou m'avait dit le lundi matin,

02:03écoute, je ne vais pas te nommer la justice,

02:05je ne peux pas te nommer la justice,

02:07parce que Marine Le Pen s'y oppose.

02:09Je l'aurais entendu.

02:10Vous savez pourquoi ?

02:11Michel Barnier avait été renversé à cause du RN.

02:14François Bayrou, c'est le but de sa vie,

02:16notamment d'être nommé à Matignon.

02:18Il n'a pas envie de se faire renverser tout de suite.

02:20Il me l'aurait dit.

02:22Je n'aurais pas été d'accord sur le fond,

02:23mais je l'aurais clairement entendu.

02:25Il était dans une forme de dissimulation ?

02:27Bien sûr, d'évitement.

02:28Moi, je préfère qu'on ait le courage de dire

02:29que ça plaise ou non,

02:31mais au moins c'est clair et au moins c'est la vérité.

02:34Mais je vais vous dire ensuite une chose,

02:35c'est que j'ai vu qu'ensuite,

02:36on allait indiquer très clairement que j'avais refusé,

02:39que j'avais fait ma diva.

02:40Ce n'est pas le genre de la maison,

02:40je n'avais pas envie qu'on me salisse.

02:42Donc, j'ai dit à partir du moment

02:44où je ne rentre pas dans ce gouvernement,

02:45parce que Mme Le Pen s'y oppose,

02:47je n'ai rien à faire dans un gouvernement

02:49dont la composition est dictée par Mme Le Pen.

02:51Je ne retire pas une virgule à ce que j'ai dit ce jour-là.

02:53Et en même temps, Xavier Bertrand,

02:54ce qui vous a été reproché à l'époque,

02:55c'est cette expression que vous aviez eue.

02:57D'ailleurs, je me souviens, il s'avère que j'assistais

02:59comme reporter à ce discours

03:00quand vous aviez gagné au régional.

03:02Vous vous étiez félicité d'avoir, je cite,

03:03« brisé les mâchoires du Rassemblement national ».

03:06C'est vrai que quand on est dans une majorité relative,

03:08qu'on doit dialoguer,

03:09se dire qu'on ne va pas nommer au gouvernement

03:10quelqu'un qui a utilisé cette expression,

03:12peut-être que ça va de soi.

03:13Est-ce que vous regrettez d'avoir eu cette phrase ?

03:15Certainement pas, parce qu'il faut aussi se souvenir des choses.

03:17Donc vous ne regrettez pas d'avoir dit

03:19que vous aviez brisé les mâchoires du Rassemblement national ?

03:20Mais attendez, les mâchoires des dirigeants du Rassemblement national ?

03:23Oui, mais qu'ils souhaitaient quoi ?

03:26Qu'ils souhaitaient mettre la main,

03:27clairement, sur la région des Hauts-de-France.

03:29C'était déjà le cas en 2015,

03:31avec Mme Le Pen qui a échoué

03:33et qui espérait, six ans après, à nouveau gagner.

03:36Mais alors, j'entends aussi dire

03:38que moi, j'insulte les électeurs du Rassemblement national.

03:40Vous l'avez entendu ça, ce mensonge ?

03:42Je vais vous donner juste un exemple.

03:44Au deuxième tour des élections régionales en 2021,

03:47vous connaissez la ville de Villers-Cotterêts ?

03:49Elle est dirigée par ?

03:50Un maire du Rassemblement national.

03:52Au deuxième tour, en triangulaire,

03:54je fais près de 50 %,

03:5650 % dans cette ville.

03:57Ça montre quoi ?

03:59C'est que les gens dans ma région

03:59qui peuvent voter pour Mme Le Pen au niveau national,

04:01quand je suis candidat,

04:03ils reconnaissent que je me bats,

04:04que je me bats pour tout le monde

04:05et que je ne suis pas sectaire.

04:07Ça montre aussi une chose, c'est que Mme Le Pen,

04:09que ce soit en septembre ou que ce soit en décembre,

04:12elle n'a pas envie qu'au gouvernement de la France,

04:14j'ai les mêmes résultats qu'au niveau de ma région.

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