Le député Ensemble Roland Lescure a estimé vendredi que la circulaire de Bruno Retailleau sur le resserrement des conditions de régularisation des sans-papiers "va trop loin". Le ministre de l'Intérieur va présenter vendredi ce texte qui remplace la circulaire Valls de 2012 qui régularise notamment des personnes sans-papiers qui travaillent. Les entreprises s'inquiètent de voir cette main d'œuvre peu chère et flexible se réduire.
00:00Alors on en parlait dans le journal, Bruno Retailleau s'apprête à réformer la circulaire Val sur la régularisation de sans-papiers et donc il y a une réaction évidemment dans pas mal d'entreprises qui s'inquiètent forcément.
00:11Bah Bouguin a beaucoup qui s'inquiètent parce que cette fameuse circulaire, on le rappelle, on le disait, elle permet aux préfets tous les ans de régulariser soit pour des motifs familiaux, soit pour des motifs professionnels, des personnes qui travaillent aux alentours de 30 000 personnes qui sont sans-papiers.
00:26Effectivement vous avez beaucoup d'entreprises qui s'inquiètent parce que si on revient là-dessus, ça sera de la main-d'oeuvre qui demain ne sera peut-être plus employable.
00:34Alors évidemment c'est de la main-d'oeuvre employée de manière un petit peu qu'on l'estime, donc à moindre frais, souvent dans des conditions absolument scandaleuses, faut pas se voiler la face, c'est-à-dire que soit il y a un contrat de travail qui est ce qu'il est, soit c'est du black.
00:46Donc ça c'est un vrai sujet. Mais l'autre sujet derrière c'est si demain cette main-d'oeuvre n'est plus employable du tout, est-ce que les entreprises vont trouver du jour au lendemain comme ça des personnes pour remplacer ces travailleurs sans-papiers ?
00:59Je vous rappelle qu'il y a entre 300 et 400 000 emplois qui ne sont pas pourvus en France. Depuis le temps ça serait si ces personnes étaient prêtes à venir travailler.
01:06Donc ça c'est un sujet et en plus ça peut fragiliser les entreprises en question parce que si on n'arrive pas à trouver d'autres personnes pour travailler, d'un seul coup c'est l'entreprise qui produit moins, qui honore moins facilement ses contrats.
01:16Donc c'est toute l'entreprise qui peut être déstabilisée, être obligée de mettre d'autres salariés carrément au chômage ou alors de mettre la clé sur la porte. Donc il y a un vrai sujet derrière tout ça finalement.
01:24Alors les secteurs concernés, on a une petite idée évidemment, BTP, restauration, mais dans quel secteur on s'inquiète le plus ?
01:29Alors effectivement il n'y a pas de chiffre précis sur le nombre de travailleurs sans-papiers dans telle ou telle entreprise, secteur. Mais effectivement si on regarde les personnes qui ont été régularisées grâce à la circulaire valse, on a une petite idée.
01:39Et là effectivement je suis d'accord avec vous, on vient sur le bâtiment. Par exemple on a des chiffres qui nous disent qu'en 2021, 30% des personnes qui avaient été régularisées par cette circulaire valse, c'était des gens qui venaient du bâtiment.
01:52C'était des ouvriers de chantier, c'était des maçons, c'était des carreleurs, c'était des couvreurs. Après effectivement vous avez la restauration, vous connaissez la petite phrase que tout le monde dit, allez voir dans les plus grands restaurants parisiens comment ça se passe, vous allez être surpris.
02:04Bah oui, en 2019 l'INSEE nous dit 15% des personnes qui ont été régularisées, c'était des personnes du secteur de la restauration. Vous avez le secteur de l'entretien, du nettoyage, 25% des personnes régularisées en 2020 d'après l'INSEE.
02:18Et puis après vous avez les services à la personne, 15%, l'agriculture évidemment, des personnes qui font les vendanges notamment, ou encore le gardiennage et la sécurité. Voilà grosso modo mais il n'y a pas de surprise, des secteurs qui sont le plus concernés.
02:28Et donc des secteurs évidemment de premier plan qui concernent pas mal d'entre nous.
02:31Oui, il faut être lucide, il y a des entreprises en France et même des ponts de l'activité économique en France qui sont soutenus à bout de bras parce qu'on a ces travailleurs sans papier.
02:41Donc remettre tout ça en cause c'est très dangereux, politiquement vous avez compris c'est très porteur, économiquement ça peut faire beaucoup de dégâts, c'est pour ça que les organisations patronales sont très mal à l'aise par rapport au sujet.
02:54Donc tout ça est à manier comme on dit avec beaucoup de précautions.
02:57Oui effectivement et ça fait déjà beaucoup de remous, évidemment on va continuer à en parler. Merci beaucoup Guillaume, c'était l'Echo.
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