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  • il y a 9 mois
Donald Trump à peine investi, a annoncé un nouveau projet d'envergure sur l'intelligence artificielle (IA). Baptisé « stargate », ce projet comprendra des investissements d'au moins 500 milliards de dollars" dans des infrastructures IA aux Etats-Unis. L'intelligence artificielle, sera-t-elle la révolution promise ? L'Europe, va-t-elle rater cette révolution ? Thomas Solignac, spécialiste de l'Intelligence Artificielle, enseignant est l'invité pour tout comprendre dans RTL Soir.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 23 janvier 2025.

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Transcription
00:00RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Il est 18h43, bonsoir Thomas Solignac.
00:05Bonsoir.
00:06Vous êtes entrepreneur, enseignant, spécialiste de l'intelligence artificielle.
00:09Stargate, c'est donc le nom du projet que l'on dit fou, signé par Donald Trump.
00:14500 milliards de dollars pour bâtir d'ici 2029, je cite,
00:18les infrastructures physiques et virtuelles
00:20pour porter la prochaine génération d'intelligence artificielle,
00:23environ 480 milliards d'euros.
00:25Vous pouvez nous faire la traduction Thomas Solignac,
00:27quel est l'objectif, pourquoi faire concrètement ?
00:30C'est une somme qui est absolument immense,
00:32même si on la compare aux investissements annuels des autres pays,
00:35on est sur des multiplicateurs de x10 à minima,
00:38donc c'est absolument énorme.
00:39On sait qu'OpenAI, effectivement, avec ChatGPT, a fait un coup énorme,
00:43non seulement technologique, mais aussi marketing,
00:45puisque d'un seul coup, le monde entier s'est mis à adopter l'IA,
00:48y compris d'ailleurs ce qu'on savait déjà faire,
00:49mais il y a une transformation qui n'est pas que technique,
00:51elle est aussi industrielle, économique.
00:53Et là, d'un seul coup, en mettant autant de billes au même endroit,
00:56en concentrant, alors certes sur d'autres acteurs,
00:58mais principalement OpenAI avec le financement de SoftBank,
01:01on espère avoir cette espèce d'expansionnisme économique et technologique
01:05qui soit démultipliée, et ce, au service des projets du gouvernement de Donald Trump.
01:10On n'est qu'au prémice de l'intelligence artificielle,
01:12mais déjà on évoque des progrès inouïs dans la détection de cancers,
01:16dans la mise au point de vaccins.
01:18C'est vraiment cela qui est en train de se jouer ?
01:20Oui, il y a une grande puissance aujourd'hui technologique
01:23dans ces nouvelles générations qu'on appelle l'IA générative, effectivement.
01:27Tout n'est pas encore au service, tout simplement, des métiers, des activités,
01:31parce que ça prend du temps de descendre depuis une capacité technologique globale
01:35pour redescendre sur des choses du quotidien.
01:38Mais ça va très vite, et même si on a arrêté les technologies aujourd'hui et maintenant,
01:41on en exploite peut-être un millième de 1%, c'est très très faible.
01:46Un millième de 1% ?
01:47Ah oui, à peine.
01:48L'exploit qu'on a réussi technologiquement aujourd'hui,
01:51c'est de dépasser plein de frontières qu'on avait jusque-là techniquement,
01:54et donc ça va changer la face du monde assurément,
01:56parce qu'il y a beaucoup de choses qu'on sait faire,
01:58et qui n'attendent qu'une chose, c'est d'être mis sur le marché par les bons acteurs.
02:00Pourquoi est-ce que ça demande autant d'argent ?
02:02Ça demande beaucoup d'argent, d'abord parce que ça fait 15 ans
02:05que la seule approche qu'on a en IA dont tout le monde parle,
02:08c'est une approche qui demande beaucoup, beaucoup de données,
02:11beaucoup de puissance de calcul,
02:12et qui dit puissance de calcul, dit électricité, dit serveurs, dit infrastructures,
02:16et ça, ça coûte très cher.
02:17Et d'ailleurs, c'est le cœur du projet de ces 500 milliards,
02:20c'est d'aller créer des infrastructures massives
02:22pour apporter la puissance de calcul.
02:24Et donc, ce serait certainement une bonne idée en IA
02:26qu'on commence à faire des systèmes un peu plus intelligents
02:28au sens où ils seraient plus efficients,
02:29mais on ne sait pas encore faire.
02:30Pour le moment, on joue la carte de la puissance,
02:32et ça arrange bien les Américains.
02:33Mais on va créer des mégas ou des immenses data centers,
02:36je ne sais pas, dans le désert ou je ne sais où ?
02:37Exactement. Alors, le désert, entre autres,
02:40mais on cherche aussi tous les endroits effectivement
02:41où ça facilite pour plein de raisons l'accès à l'eau,
02:43le refroidissement, etc.
02:44Effectivement, ce sont des espèces d'énormes fermes
02:46dans lesquelles on a ce qu'on appelle ces fameux serveurs
02:48avec le maintien, le refroidissement, etc.
02:50Et ça coûte des sous considérables tout simplement
02:53parce que c'est du matériel de pointe,
02:55et l'IA en particulier demande du matériel très spécifique.
02:58À l'heure actuelle, qui sont les investisseurs
03:00dans le secteur de l'intelligence artificielle ?
03:02Alors, celui qui s'est beaucoup distingué ici,
03:04c'est SoftBank, qui doit être un des principaux fournisseurs
03:08de ces montants-là.
03:10Aujourd'hui...
03:10Pardonnez-moi, SoftBank, c'est une banque ?
03:12Alors, SoftBank, c'est un acteur japonais
03:15qui, effectivement, investit et qui est connu
03:17notamment pour sa branche SoftBank Robotics,
03:20qui est très développée sur le plan de la robotique,
03:22tout simplement.
03:23Et alors, il y a beaucoup d'acteurs aujourd'hui
03:24dans le monde qui s'y mettent.
03:25Il y a un ou deux acteurs, d'ailleurs,
03:27qui sont de la partie plus orientale du monde,
03:30qui se positionnent également sur ce projet-là.
03:32Ce qu'on sait, c'est que globalement,
03:34ça va être un projet dans lequel l'investissement
03:36va se faire très clairement au service des États-Unis,
03:38certainement contre d'autres blocs.
03:39Et là, tout l'enjeu, ça va être de se dire,
03:40OK, cet investissement, il peut venir de partout dans le monde,
03:43mais est-ce qu'il va être au profit du monde en son intégralité ?
03:45Est-ce que ça va être l'Europe contre la Chine ?
03:48L'Europe... Pardon, les États-Unis contre la Chine.
03:50Les États-Unis contre l'Europe.
03:51Est-ce que ça va être au service du plus grand nombre ?
03:53Et dans ces moments-là, où on sait que
03:55tous les acquis sociaux sont en train d'être remis en cause,
03:58il y a une vraie question de dire, mais finalement,
03:59ces 500 milliards qui ne sont pas régulés,
04:01à quoi ils vont servir ? Et surtout, ils vont servir pour qui ?
04:03Il y a eu une crainte de se mettre dans la route des Américains ?
04:06Oui, très clairement, parce que
04:08ils sont en train de déployer une force pure.
04:10Au niveau européen, on a choisi une approche qui est celle
04:13de la régulation, qui marche un temps,
04:15parce qu'elle nous permet de protéger notre industrie,
04:17nos assets numériques, mais à terme,
04:19il va falloir, face à la force brute, qu'on fasse autre chose.
04:21Peut-être même qu'on revendique nous-mêmes,
04:23je dirais, une approche qui soit expansionniste,
04:25non pas par la violence elle-même,
04:27mais tout simplement par la force de nos idées qui,
04:29j'espère aujourd'hui, seront peut-être plus progressistes
04:32que cette espèce de retour réactionnaire
04:34qu'on est en train d'observer par ailleurs.
04:36Et finalement, dans un monde qui est en train de changer dans tous les sens,
04:38si on veut porter notre idéologie,
04:39elle va se porter par la technologie forcément,
04:42puisque, pour rappel, l'IA a cette particularité,
04:44au-delà d'être juste un véhicule technique et une possibilité,
04:47de porter une vision du monde,
04:49et donc une vision politique, une vision éthique.
04:50Et donc cette conquête technologique qu'est l'IA,
04:52c'est une fois de plus, par Trump, une conquête idéologique.
04:55Donald Trump, qui évoque le chiffre de 100 000 emplois créés,
04:59c'est crédible pour vous ?
05:01Oui, c'est assez crédible,
05:02tout simplement parce que l'IA, ça a un effet de ruissellement considérable,
05:06tout simplement parce qu'à chaque fois qu'on met en place
05:08des serveurs, des technologies, qu'on met en place des choses,
05:11on crée énormément de métiers autour qui vont venir,
05:13tout simplement, exploiter ces technologies-là.
05:15Et donc ça ruisselle à tous les niveaux,
05:17depuis la recherche fondamentale,
05:18jusqu'à l'application quotidienne, en fait, sur les marchés,
05:21que ce soit, vous parliez tout à l'heure des hôpitaux,
05:23il y a tout simplement des nouveaux métiers,
05:24par exemple du médical, adapté aux nouvelles technologies.
05:27Donc ça ruisselle vraiment sur tous les métiers,
05:29et dans toutes les industries.
05:30Et dans le même temps, combien d'emplois détruits ?
05:33Il y aura certainement, absolument, des changements dans les emplois.
05:36Je dis changements, tout simplement parce qu'on sait
05:39qu'au global, on va plutôt vers une augmentation,
05:41une densification de l'activité,
05:42mais clairement, la stabilité de l'emploi est quelque chose
05:44qui est en train de disparaître.
05:45Donc il faut s'apprêter, de plus en plus,
05:47à avoir une vie professionnelle qui soit changeante,
05:50avec des renouvellements réguliers,
05:52puisque, tout simplement, les compétences sont en train de périr
05:54dans un renouvellement qui est de plus en plus rapide.
05:57Alors, petite question, vous allez peut-être prendre ça pour de la provocation,
06:00mais est-ce qu'on peut conseiller aujourd'hui à un étudiant en médecine
06:03d'entreprendre des études de radiologie,
06:06sachant que dans dix ans, lorsqu'il sera diplômé,
06:09l'intelligence artificielle interprétera les radios et les scanners
06:13beaucoup plus vite que lui, et sans doute plus précisément ?
06:16Vous avez pris, je pense, le meilleur exemple pour ça.
06:18Absolument, la réponse est certainement non.
06:20C'est-à-dire qu'aujourd'hui, ce sont des métiers dans lesquels il y a deux options.
06:23Soit on va aller vers de l'ultra-expertise de pointe,
06:26dans lequel on va travailler de concert avec l'IA,
06:28voire au service des IA,
06:30pour comprendre comment elles fonctionnent
06:31et comment porter des systèmes de plus en plus efficaces.
06:33Mais on sait que le métier, la vocation de radiologue telle qu'elle est aujourd'hui,
06:37je dirais dans sa fonction la plus logistique d'observation visuelle,
06:40clairement, elle n'apporte plus la satisfaction suffisante,
06:43et ce n'est plus dans l'intérêt des patients que d'avoir des radiologues humains.
06:46Une toute dernière question, je vous demande une réponse rapide.
06:48La France organise le sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle
06:51les 10 et 11 février 2025.
06:53Est-ce que c'est un rendez-vous important ?
06:55Est-ce qu'il va s'y jouer des choses intéressantes pour nous, en tant que Français ?
06:58Oui, parce que c'est l'endroit sur lequel on peut constater un petit peu
07:01ce qui se passe sur notre territoire,
07:02et c'est très important parce qu'aujourd'hui,
07:04on a besoin de redorer notre puissance économique et idéologique aussi,
07:08au service de l'IA et l'IA à notre service,
07:10et donc c'est un endroit dans lequel on peut se rencontrer à ce sujet-là.
07:12Oui, un nom, on est bon en IA en France ?
07:14On est excellent.
07:16Merci infiniment Thomas Solignac, spécialiste de l'intelligence artificielle.
07:20Je rappelle votre livre « L'intelligence artificielle en 50 notions clés »
07:24qui est paru aux éditions First.
07:26Dans un instant, un homme simple doté d'une intelligence sans aucun artifice
07:30et sans chichi, Marc-Antoine Lebrès, c'est le Breaking News.
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