Saïd Omar Oili (sénateur de Mayotte): "Avec les gens qui sont dans les décombres, on va droit à une crise sanitaire sans précédent, c'est une crise humanitaire"

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Près de deux semaines après le passage du cyclone Chido à Mayotte, le nombre de victimes, qui pour l'heure est de 39 selon un dernier bilan officiel, est extrêmement difficile à chiffrer.

Transcript

00:00Quand j'ai vu les images tout à l'heure,

00:03avec ces tombeaux qui sont un peu partout,

00:07bien évidemment, dès le départ,

00:10je me suis toujours posé la question

00:12sur le nombre de décès.

00:14Au départ, on était parti à deux.

00:17Après, on est arrivé à onze.

00:18Et chaque jour qui passe,

00:21on voit que les gens décédés

00:24augmentent de plus en plus.

00:27C'est quand même surprenant.

00:29Parce que dans les bidonvilles

00:32qui sont rasées aujourd'hui,

00:34vivaient environ 100 000 personnes.

00:38Mais elles sont où ces personnes ?

00:39Parce qu'on a du mal à les voir.

00:40Justement, dans les déclarations du préfet,

00:44il n'y a eu que 15 000 personnes

00:46qui sont allées dans les abris.

00:48Vous faites le calcul,

00:49vous verrez facilement qu'il y a environ 85...

00:52Je vous repose la question,

00:53elles sont où ces personnes ?

00:54Exactement, elles sont où ces personnes ?

00:56Lorsque nous avons eu le cyclone passer,

01:01on n'a pas vu des secouristes

01:03venir avec des chiens

01:04chercher des survivants

01:05ou chercher des gens.

01:07Personne n'est venu fouiller dans les décoms.

01:10Donc, quand on va dans les quartiers,

01:12moi je suis un élu local,

01:14ça fait 25 ans que je suis élu local,

01:16je vais dans ces quartiers sur le silence.

01:18Je ne vois pas mes électeurs.

01:19Donc évidemment,

01:20j'ai posé la question dès le départ,

01:22mais où sont ces gens-là ?

01:24On me dit non, peut-être qu'ils sont partis,

01:26je ne sais pas où ils sont partis,

01:27mais ils ne sont pas là.

01:29Une professeure de lycée de Kauini,

01:35dans son lycée c'est 17 000 élèves,

01:39elle est partie à la recherche de ses gamins

01:42parce qu'elle a le répertoire de tous ses gamins.

01:44Hier, elle est passée à la télé,

01:45elle dit « je n'ai retrouvé que 300 »,

01:48et le reste sont où ?

01:49Mais pardon, je vous repose la question,

01:52ça fait des dizaines de milliers de personnes

01:54disparaissent, en tout cas

01:54dont on est sans nouvelles.

01:55Est-ce que c'est-à-dire qu'on pourrait avoir ce bilan ?

01:58Parce que c'est ce qu'il y avait été au début,

02:00des milliers de morts.

02:01Mais moi, je pense que c'est ça.

02:03Peut-être qu'on aura des milliers de morts

02:06et qu'il suffit peut-être d'aller fouiller

02:08dans les décomptes,

02:08mais peut-être que c'est déjà trop tard.

02:10Mais le risque que nous courrons demain,

02:13c'est le risque sanitaire.

02:14Parce que n'oublions pas qu'il y a quelques mois,

02:17à Mayotte, il y a des gens qui sont morts de choléra.

02:20Il n'y a pas d'eau, il pleut, il fait chaud.

02:22C'est un spectre qui a été évoqué évidemment

02:24par les responsables de la sécurité

02:26et de la santé sur place.

02:27Vous pensez que c'est possible, le retour du choléra à Mayotte ?

02:29En masse, j'entends évidemment.

02:30De toute façon, aujourd'hui, avec les gens

02:33qui sont dans les décomptes,

02:34c'est sûr qu'on va aller droit à une crise sanitaire

02:36sans précédent.

02:37C'est une crise humanitaire.

02:38Le maire de Mamoudzou a écrit dans son réseau Facebook,

02:41vous l'avez interrogé tout à l'heure,

02:42vous avez dit, c'est ce que lui craint.

02:44Tout le monde craint.

02:44C'est que, où sont les enfants ?

02:47Où sont les électeurs ?

02:48Où sont, à chaque fois,

02:50et quand j'ai entendu le préfet dire tout à l'heure

02:51qu'on a lancé des appels ici et là,

02:54non, il fallait aller dans les décomptes chercher des gens.

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