Crise économique en France : la France glisse-t-elle suite à la censure ?

Europe 1

06/12/2024

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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Delatorre Dupin.

00:05Et nous sommes toujours dans ce studio avec Jules Torres, avec Jean-Christophe Gallien

00:09qui est politologue et communiquant.

00:11Jules Torres, juste un mot peut-être sur les mots d'Edouard Philippe ce soir, l'ancien

00:15Premier ministre qui s'exprime et qui s'est exprimé à la télévision et qui revient

00:19sur la situation de crise, ce que dit-il ? Il estime qu'on n'est pas très loin d'une

00:24crise de régime, il estime que la censure du gouvernement place la France dans une situation

00:29dangereuse, nous sommes en train d'aggraver la crise économique.

00:31Il est très en colère à cause de l'instabilité politique, la France est en train de glisser.

00:37Oui, on voit très bien ce que veut faire Edouard Philippe ce soir, c'est se mettre

00:40au-dessus de la mêlée.

00:41Ah, c'est le fameux au-dessus de la mêlée que cherche Karim Ouamouane.

00:44Exactement, Edouard Philippe, je n'ai pas écouté l'interview, en tout cas j'ai écouté

00:48le début parce que j'ai malheureusement ou heureusement dû intervenir sur le plateau

00:52d'Europe 1 de Pascal Delatorre Dupin, mais que dit Edouard Philippe ? C'est-à-dire

00:55qu'il nous faut un Premier ministre très rapidement, pourquoi ? Parce qu'on n'est

00:58pas loin d'une crise de régime, parce qu'il nous faut aujourd'hui de la stabilité,

01:01cette stabilité elle est demandée par une très grande majorité de Français et elle

01:05est nécessaire aujourd'hui pour le pays pour voter le budget, pour faire voter des

01:09textes de loi.

01:10On a beaucoup parlé des agriculteurs, du secteur du logement, aujourd'hui on a beaucoup

01:13de plans sociaux à Michelin, à Exxor, à Auchan, donc on voit très bien qu'aujourd'hui

01:19dans le pays il y a un besoin de stabilité et il y a surtout besoin de faire avancer

01:22sur des sujets.

01:23On ne peut pas avoir des débats comme ceux qu'on a eu sur le budget pendant des mois

01:27et des mois.

01:28Autre chose, Edouard Philippe il nous dit que finalement ce retour, c'est un retour

01:33au régime des partis, c'est-à-dire qu'aujourd'hui on voit bien dans les discussions que, est-ce

01:37que je peux contenter le parti socialiste qui a 60 députés ? Est-ce que, attention,

01:41le modem, si je lui enlève 5 députés, ça peut compromettre le prochain Premier ministre ?

01:45On voit très bien que c'est un débat qui ne l'intéresse pas, donc lui il veut se

01:48mettre au-dessus de ça et au-delà du côté de se mettre au-dessus de la mêlée, je le

01:53trouve assez critique sur Emmanuel Macron et notamment sur son allocution d'hier soir.

01:57Il nous dit par exemple que la motion de censure, elle n'est pas anti-républicaine alors que

02:03le Président de la République hier nous a dit que ce front anti-républicain composé

02:07du Nouveau Monde Populaire et du Ration Nationale était anti-républicain.

02:11Donc on voit bien qu'il y a une différence dans la méthode qu'Edouard Philippe aimerait

02:17employer.

02:18Après Edouard Philippe se retrouve dans le même écueil que toutes les personnalités

02:21dont on parle tout à l'heure, c'est qu'il pense lui aussi à la présidentielle de 2027.

02:26On voit très bien qu'il se positionne en voulant tourner la page du macronisme avec

02:31cette interview.

02:32Mais voilà, lui aussi il est dans ce qu'on reproche à François Béroud, dans ce qu'on

02:35reproche à Laurent Wauquiez, dans ce qu'on reproche à Gabriel Attal, c'est de n'être

02:39concentré que sur la prochaine campagne présidentielle.

02:41Alors qui Jean-Christophe Guélien pour incarner ce Premier ministre ? Vers qui Emmanuel Macron ?

02:45Je sais, vous n'avez pas de boule de cristal, mais c'est vrai qu'il est en train de chercher

02:49certainement un Premier ministre consensuel, en tout cas consensuel, mais qui reste-t-il ?

02:55Est-ce que François Bayrou ferait un bon Premier ministre ?

02:59Vous me l'enlevez, moi je pense que c'est non seulement François Bayrou, mais c'est

03:03un attelage avec une offre politique.

03:06Ce qui est en train de se passer à l'instant dans la coulisse, je pense que c'est en partie

03:10lié au fait qu'effectivement il y a une possibilité d'avoir François Bayrou, et François

03:14Bayrou il incarne une volonté depuis toujours, alors évidemment il voudrait être président

03:18de la République, il voulait déjà être Premier ministre, peut-être que ça peut

03:20lui arriver cette fois-ci, mais il a dans ses valises toujours la proportionnelle.

03:25Et aujourd'hui, la proportionnelle c'est un instrument assez consensuel au sein de

03:32la classe politique, à mon avis pour les deux principaux partis du moment c'est un

03:36piège, c'est-à-dire que vous avez le Rassemblement National qui considère que c'est toujours

03:41une belle solution pour lui alors que je pense que là ils font une erreur grave, la proportionnelle

03:44c'est un mode de scrutin pour les petits partis, comme François Bayrou, mais il se

03:52trompe complètement, il faudrait même qu'ils demandent l'inverse s'il voulait, le scrutin

03:55britannique, une ligne nominale majoritaire un tour, quand vous êtes un parti puissant

03:58il faudra pouvoir faire un gros levier, et ils vont se tromper, puis LFI c'est une manière

04:02de piéger effectivement LFI parce que M. Mélenchon ne pourra pas s'opposer à ça, et en même

04:07temps vous sortez à ce moment-là, ce qui est en train de se dire, l'EPS de sa vassalisation,

04:12et je pense que si jamais vous me demandez ce qui peut se passer dans les prochains jours,

04:16alors avec Emmanuel Macron je ne crois pas que le plus simple, le plus évident soit

04:19ce qu'il sort tout le temps, mais le ticket Bayrou proportionnel comme acte quasiment

04:25citoyen, vous voyez on va ouvrir enfin quelque chose, une solution pour que demain les législatives

04:30veulent dire quelque chose, que tout le monde soit représenté, et en même temps on pacifie

04:33ce moment, ça le ferait parce que ça donne des solutions pour piéger les deux extrêmes.

04:38Oui mais alors le socialiste par exemple Patrick Canard dit ce soir, il confirme très solennellement

04:42que les socialistes ne participeraient pas à un gouvernement mené par François Bayrou,

04:46on va jamais s'en sortir Jules Thorez.

04:48Malheureusement je pense qu'il n'y a vraiment pas de solution aujourd'hui en dehors du

04:52socle commun centre droit plutôt à droite, c'est-à-dire que certes on pourrait avoir

04:56François Bayrou.

04:57J'ai une question folle, mais Michel Barnier pourrait revenir ou pas ?

04:59Je pense qu'il en a très envie, mais rien ne l'empêcherait de revenir, rien ne peut

05:03l'empêcher de revenir, je pense que lui-même en effet n'a pas très envie, et c'est très

05:09difficile quand même pour le Président de la République de remettre un Premier ministre

05:12qui a été censuré, même pour l'image, pour les Français, ce serait très compliqué.

05:18Ce qu'on peut dire sur François Bayrou, au-delà de la proportionnelle, il aurait un argument

05:23qui possiblement peut porter, non pas chez les socialistes, mais au Rassemblement National,

05:28il y a en effet cette proportionnelle, mais il ne faut pas oublier que François Bayrou

05:31il a donné son parrainage à Marine Le Pen lors de la présidentielle de 2022, alors

05:35qu'elle était à deux doigts de ne pas pouvoir se présenter à la présidentielle,

05:38c'est quelqu'un qui entretient, non pas des bonnes relations, mais en tout cas des

05:42relations de travail, il peut travailler avec le Rassemblement National, on sait que lors

05:46des réquisitions très lourdes, lors du procès de Marine Le Pen, François Bayrou qui a été

05:50mêlé dans la même affaire, un petit peu moindre, il a défendu Marine Le Pen disant

05:53que l'exécution provisoire c'était quelque chose qu'il ne trouvait pas correct, et que

05:58ça pouvait entacher une élection présidentielle, donc il a des arguments.

06:01En revanche, ce n'est pas quelqu'un qui aujourd'hui peut tenir la majorité, c'est

06:05le président du MoDem qui a une quarantaine de députés, donc ce ne serait pas le socle

06:09fort, si je puis dire, de la majorité présidentielle ou du socle commun.

06:14Celui qui pourrait incarner davantage, à mon sens, le socle commun, c'est Sébastien

06:18Lecornu, parce qu'il a plein d'avantages, il a tous les avantages, il est macroniste

06:24depuis sept ans, alors vous pourrez me dire que c'est un désavantage dans la situation

06:27actuelle du pays, ce n'est pas un problème, il a en plus des très bonnes relations avec

06:33le Rational, on se souvient qu'il y avait eu ces révélations sur les dîners qu'organisaient

06:38Sébastien Lecornu, notamment avec Jordan Bardella et notamment avec Marine Le Pen,

06:42donc on voit très bien que ces deux-là, pour l'instant, tiennent plutôt la corde,

06:46après il y a d'autres noms, Bernard Cazeneuve, mais là c'est pareil, est-ce que la droite

06:49accepterait d'avoir Bernard Cazeneuve, est-ce que la droite accepterait d'avoir François

06:53Béroud également, parce qu'on sait que François Béroud n'est pas tout à fait sur la même

06:56ligne que Bruno Rotailleau, est-ce qu'il accepterait que Bruno Rotailleau, par exemple,

07:00il dépose son projet de loi immigration et qu'il le fasse voter, je n'en suis pas tout

07:03à fait sûr, donc c'est vrai que là on est face à une situation qui va être très complexe,

07:07très compliquée, Emmanuel Macron d'ailleurs c'est intéressant, il mène des consultations,

07:11il va avoir au téléphone les insoumis et les communistes alors qu'il refuse d'avoir

07:15le Rational et qu'il nous a dit hier que la France insoumise n'était finalement pas dans

07:20l'arc de gouvernement, pas dans l'arc républicain, ça il nous l'a redit, donc c'est vrai qu'en

07:24seulement quelques heures, tout le monde se dédie à une forme d'incohérence globalisée

07:28qui nous amène à nous poser beaucoup de questions.

07:31Oui, alors les spéculations vont aller bon train, nous avons expliqué à Emmanuel Macron

07:34qu'il fallait changer de cap et qu'il était responsable de la crise que nous traversons,

07:37nous ne souhaitons pas le chaos, nous voulons prendre nos responsabilités, ça c'est ce

07:41que disait Patrick Cannaire, puisque Emmanuel Macron a entamé ses consultations aujourd'hui

07:45avec les socialistes et là il va recevoir dans un quart d'heure les LR, tiens, notre

07:50sondage, c'est ça pour Europe C News et le JDD, 59% des français souhaitent la démission

07:55d'Emmanuel Macron, on va en reparler, c'est quand même 3 points de moins que la semaine

07:58dernière, on en reparle tout de suite, ne bougez pas !

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