00:00Sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le député renaissance des Yvelines, Charles Rodwell.
00:05Attendez, Anissa, c'est ensemble pour la République, il faut dire maintenant, c'est plus renaissance.
00:09Ensemble pour la République.
00:10Mais c'est moi qui vous l'ai écrit, donc je prends ma part.
00:13Bonjour Charles Rodwell.
00:14Il ne vous en voudra pas.
00:15Bonjour, merci pour votre invitation.
00:17Député EPR, toujours on vous fait la blague un petit peu.
00:19On va être très sérieux ce matin car la situation est quand même particulièrement
00:22préoccupante.
00:23Charles Rodwell, Michel Barnier sera-t-il encore Premier ministre vendredi ?
00:26Rien n'est moins sûr.
00:27Son avenir est entre les mains des parlementaires qui doivent voter cet après-midi le projet
00:32de budget de la Sécurité Sociale.
00:34Le problème étant que le RN est désormais tenté de voter contre ce PLFSS, il y a trop
00:39de mesures, estiment les députés RN dans ce projet de budget de la Sécu, dont ils
00:44ne veulent pas.
00:45Le Premier ministre, en conséquence de quoi, pourrait donc déclencher l'article 49.3
00:50pour une adoption sans vote du budget de la Sécurité Sociale, mais alors il s'exposerait
00:54à une motion de censure.
00:55Est-ce que c'est joué d'avance, Charles Rodwell, ce matin, à l'heure où l'on parle ?
00:59Rien n'est joué d'avance et je ne participerai pas au pointage de doigts des uns des autres
01:04sur la responsabilité.
01:05Chacun peut tout à fait en parler avec plaisir si vous le souhaitez.
01:08Mais je crois que rien n'est joué d'avance tout simplement parce que si le budget du
01:10gouvernement tombe et si la France est précipitée dans une crise politique et financière qui
01:16aura un impact direct sur les Français qui nous écoutent, je pense que les Français
01:20actuels et les générations peut-être futures ne nous le pardonneront pas.
01:23On est dans une situation où on doit...
01:26C'est si grave que ça, vous pensez qu'on vit des heures cruciales pour l'histoire du pays, Charles Rodwell ?
01:29Mais si on prend quelques exemples, ce week-end, beaucoup de Français m'ont dit
01:35« Mais pourquoi est-ce que ce serait si grave, dans le fond, de ne pas avoir de budget ? »
01:38Vous sentez que les Français doutent de la gravité de la...
01:41Il y aurait des conséquences de court terme et de moyen terme.
01:43De court terme impliquerait tout simplement que la France ne puisse pas emprunter sur les marchés.
01:47Donc que nos entreprises ne puissent pas être financées.
01:49Vous exagérez là quand même, Charles Rodwell.
01:51La signature française, pardonnez-moi, quelle que soit la couleur politique du gouvernement...
01:54Je pense que vous le savez bien, vous aussi,
01:56ça impliquerait aussi que les Français qui ont un crédit immobilier,
02:00avec des taux variables, ces taux pourraient être augmentés.
02:02Donc on serait dans une incertitude financière de court terme qui serait, à mon avis, assez grave.
02:07La deuxième conséquence, c'est les plus de long terme.
02:09Si on regarde le monde actuel aujourd'hui,
02:11on voit qu'on est dans un monde où on voit une confrontation qui monte
02:14extrêmement forte entre les Etats-Unis et la Chine.
02:17Avec un empire du côté chinois qui bâtit ses chaînes de valeur,
02:21qui bâtit une géopolitique et une géostratégie mondiale extrêmement puissante
02:25qui a un impact direct sur l'Europe.
02:27On en voit les premières conséquences, par exemple sur les véhicules électriques,
02:30sujet que vous évoquez beaucoup sur votre antenne, à juste titre.
02:33Et on voit du côté des Etats-Unis l'émergence d'une nouvelle politique économique libérale.
02:37Non mais j'entends bien ce que vous dites, Charles Rodwell.
02:38Les grands enjeux, les Français sentent aujourd'hui qu'on est en train de prendre du retard
02:42dans la grande compétition mondiale.
02:44Très concrètement, vous liez la crise politique,
02:47le risque de censure du gouvernement Barnier et la crise financière.
02:51Vous êtes certain que c'est inéluctable ?
02:53Si on n'a pas de gouvernement, on est en crise budgétaire et en crise financière ?
02:56En fait, ce n'est pas juste Mme Irma ou une cassandre qui vous le disent,
03:01c'est qu'on en voit déjà les conséquences aujourd'hui.
03:03En l'espace de deux semaines,
03:05la France s'emprunte déjà à un coût plus élevé que la Grèce sur les marchés financiers.
03:08On est à 2,89 là ce matin, j'ai regardé.
03:10Ça s'est légèrement détendu par rapport à la semaine dernière.
03:13Certes, mais quand on voit la voyarté des marchés asiatiques ce matin,
03:15on voit que l'euro est déjà en chute,
03:17tout simplement parce qu'il y a certains investisseurs
03:19qui anticipent une crise politique et financière sur le territoire français
03:23et qui anticipent une incertitude politique aussi en Allemagne.
03:26Donc tout ça, ça veut dire que les deux sujets,
03:28le sujet politique et le sujet financier,
03:30sont deux enjeux qui sont intimement liés.
03:32Pourquoi ?
03:33Est-ce que c'est la photo IRM ?
03:34Parce que l'économie et les finances sont fondées sur la confiance.
03:38La France est un pays qui, depuis 2000 ans, inspire confiance économiquement.
03:42Malgré les crises qu'on a pu connaître,
03:43on a connu des crises dans notre pays.
03:45Mais la France est toujours un pays qui a su susciter la confiance des Français,
03:49des entreprises, des investisseurs français ou étrangers.
03:52Je crois sincèrement que le vote du budget aujourd'hui
03:55et le vote du budget cette semaine,
03:56même si nous avons des désaccords de l'extrême gauche à l'extrême droite
03:59en passant par le centre...
04:00Mais alors, qui doit lâcher dans cette affaire, Charles Rodoualle ?
04:03Est-ce que c'est au gouvernement de dire
04:05on va faire les concessions qu'exige de nous le Rassemblement national ?
04:08Est-ce que vous dites au Rassemblement national
04:10c'est à vous de voter ce budget,
04:11même s'il y a des choses qui ne vous conviennent pas,
04:12au nom de l'intérêt supérieur de la France et des Français, Charles Rodoualle ?
04:15Vous savez très bien que ça ne se passera pas comme ça.
04:17La réponse politicienne que je pourrais vous faire,
04:19c'est dénoncer l'irresponsabilité des socialistes, de Marine Le Pen,
04:23de qui que ce soit qui refuse de travailler avec nous.
04:25Et honnêtement, c'est ce que je pense intimement,
04:29mais fondamentalement, on a des projets politiques
04:30sous lesquels nous avons été élus,
04:32avec des promesses différentes que nous avons faites aux Français.
04:34Et donc, il est légitime que chaque parlementaire
04:37porte les mesures qu'il a portées auprès des Français.
04:39Mais on est dans une situation où, et les uns et les autres,
04:42nous devons faire des compromis,
04:44non pas des concessions, mais des compromis
04:45pour le bien des gens qui nous entourent.
04:47Oui, il y a des décisions difficiles.
04:49Je vous prends un exemple.
04:50Moi, je me suis engagé pendant les législatives
04:53à ne pas voter de budget qui augmente les impôts
04:56des entreprises et des Français.
04:57C'est loupé, là.
04:58Factuellement, je vous dis une chose,
05:00ça fait maintenant trois semaines qu'on fait baisser la facture
05:02sur le coût du travail.
05:04On nous avait proposé un projet de loi de finances
05:06qui proposait d'augmenter le coût du travail de 4 milliards d'euros.
05:09On a baissé cette facture à 1,6 milliard d'euros.
05:12Donc oui, le coût du travail veut augmenter de 1,6 milliard d'euros,
05:15mais on a déjà fait baisser cette facture de près de 3 milliards.
05:18Voilà un compromis.
05:19Et ce que c'est, ces compromis, on est capable de les trouver
05:22entre députés, pour le bien des gens,
05:24pour le bien des Français qui nous entourent.
05:25Oui, ce budget, il est imparfait.
05:27Honnêtement, je suis sûr que vous avez une liste de mesures
05:29sur vos notes qui indique que ce budget aura des conséquences.
05:33Je voudrais répéter ce qu'a dit, par exemple,
05:35Laurent Saint-Martin, hier, ministre du Budget,
05:38dans un entretien au journal Le Parisien,
05:41qui a, semble-t-il, beaucoup agacé Michel Barnier,
05:42parce qu'il semblait dire que toute la responsabilité
05:45de l'échec budgétaire serait sur les épaules du RN.
05:49Il disait quand même, Laurent Saint-Martin,
05:50voilà ce qui se passe si on n'a pas de budget.
05:52On a 380 000 foyers français qui vont entrer dans l'impôt sur le revenu.
05:55C'est vrai.
05:56Parce que leurs revenus ont augmenté,
05:57mais le barème de l'impôt sur le revenu ne sera pas revalorisé.
06:00On a 17 millions de foyers qui paieront plus d'impôts sur le revenu.
06:03Il n'y aura pas de hausse des budgets de la justice,
06:04de l'intérieur des armées, etc.
06:05Alors oui, les entreprises n'auraient pas les surtaxations
06:08qui leur sont promises ou les plus hauts revenus.
06:10Mais voilà, du très concret quand même.
06:11Effectuellement, si je prends l'une des mesures que vous citez,
06:14je suis rapporteur sur le budget de l'immigration.
06:17Sans ce budget,
06:19nous aurons une coupe de plusieurs centaines de millions d'euros
06:21dans le contrôle des flux migratoires
06:23ou dans ce qu'on appelle la rétention administrative
06:25pour renvoyer les étrangers qui n'ont rien à faire
06:27sur le territoire français chez eux.
06:30Est-ce que c'est vraiment cela que les socialistes
06:32ou que Marine Le Pen veulent ?
06:33C'est-à-dire avoir un impact de plusieurs centaines de millions d'euros
06:36sur ce type de budget.
06:37Je pourrais vous prendre le même exemple.
06:38Vous l'avez cité sur la justice, sur les armées.
06:40Mais de toute façon, ce sont des choix politiques qu'ils doivent faire.
06:44C'est-à-dire que le compromis,
06:46nous avons déjà proposé un compromis
06:48à près de 10 milliards d'euros la semaine dernière.
06:4910 milliards d'euros.
06:51Si on considère que ce n'est pas suffisant,
06:53j'ai du mal à comprendre comment un parti peut à la fois dire
06:55qu'il faut rétablir les comptes publics
06:56et en même temps demander 20 milliards d'euros
06:57de compensation supplémentaire.
06:59Moi, vraiment, j'appelle,
07:01quelle que soit la couleur politique de chaque député,
07:03à une responsabilité sur ce budget
07:05qui, à mon avis, peut avoir des conséquences
07:07très lourdes sur le court terme,
07:08mais également des conséquences historiques majeures
07:10sur lesquelles nous ne devons pas nous tromper collectivement.
07:13Merci Charles Rodoelle, député Ensemble pour la République des Yvelines,
07:16avec nous ce matin sur Europe.
07:17Bonne journée à vous.
07:18Bonne journée à vous.