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Brut Philo — “On ne peut plus rire de rien ?” parOlivia Gazalé
Brut
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il y a 2 ans
“On ne peut plus rire de rien !”
BRUT PHILO — C’est une rengaine qui revient régulièrement sur les réseaux ces dernières années. Mais est-ce vrai ? Pour la philosophe Olivia Gazalé la réponse n’est pas aussi simple...
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Parce qu'aujourd'hui, c'est vrai qu'on ne peut plus rire de rien.
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Le « plus », il faut le questionner.
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En général, on se réfère aux années 70,
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comme si ça avait été une sorte d'âge d'or,
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on parle toujours de Coluge, de Déproche, etc.
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En fait, il faut se souvenir d'une chose,
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c'est qu'ils étaient censurés par le RTF.
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Le RTF était sous tutelle du ministère de l'Information
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et ils censuraient à tour de bras.
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La satire politique aujourd'hui, elle va très très très très loin.
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C'est-à-dire qu'à l'époque, Guy Bedos, Coluge, Déproche,
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certes, ils critiquaient le pouvoir politique,
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mais d'abord, ils passaient très peu à la télé,
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donc il fallait aller les voir sur scène.
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Alors qu'aujourd'hui, la satire politique,
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elle nous est servie dès notre réveil
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sur les chroniques des matines à la radio
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et puis tout au long de la journée sur notre portable.
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Il y a un deuxième domaine dans lequel aujourd'hui,
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on peut beaucoup plus rire qu'autrefois,
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où on est beaucoup plus libéral, c'est la sexualité.
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Et notamment, la sexualité féminine.
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Il y a plus d'humoristes femmes et elles s'emparent de sujets
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beaucoup plus intimes.
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Je pense à Blanche Gardin, Marina Rollman,
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qui parle de masturbation.
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Je suis allée voir récemment le spectacle
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« Boys, Boys, Boys » de Florence Foresti,
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qui est très très drôle.
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Elle a 10 minutes sur la vulve.
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Donc, c'est faux de dire que c'est plus censuré
01:15
que si on parle de censure juridique.
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Ce discours, on l'entend régulièrement.
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Il revient à chaque époque de l'histoire.
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Je prends par exemple le XIXe siècle.
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On est exactement dans la même situation qu'aujourd'hui,
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c'est-à-dire que le rire a tout colonisé.
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Il y en a partout.
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C'est l'âge d'or des spectacles de rue,
01:31
des pétomanes, des chansonniers, du théâtre de boulevard.
01:34
Bref, et on entend ce refrain.
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On ne peut plus rire comme autrefois.
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Donc, à Esola qui dit « la vieille gaieté française a disparu »,
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à Balzac qui nous dit « on n'ose plus rien aujourd'hui ».
01:44
Bref, ce n'est pas nouveau comme discours.
01:47
Alors là, précisément, on est exactement dans la même configuration
01:51
qu'au XIXe siècle,
01:52
c'est-à-dire que le rire est partout.
01:55
C'est un continent gigantesque, économique absolument gigantesque.
01:59
Jamais, je crois qu'on a échangé autant de blagues
02:02
sur autant de supports grâce aux réseaux sociaux.
02:05
Et pourtant, on entend cette petite musique qui revient sans arrêt.
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On ne peut plus rire de rien, on ne peut plus rire de rien.
02:09
Il faut savoir de quoi on parle.
02:10
C'est-à-dire, qui censure quoi ?
02:12
Et je crois qu'il faut distinguer trois niveaux très clairement.
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Est-ce qu'on parle d'une censure étatique ?
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Est-ce qu'on parle d'une censure économique ?
02:20
Ou est-ce qu'on parle de l'intolérance sociale ?
02:22
Si on parle de censure étatique, c'est-à-dire du point de vue du droit,
02:26
est-ce qu'aujourd'hui, on n'a plus le droit de rire de rien ?
02:29
Et ça, c'est complètement faux.
02:30
Dès lors qu'il s'agit de comique ou d'humour,
02:34
les tribunaux ont une conception très très libérale de la liberté d'expression.
02:38
C'est-à-dire, ils censurent très rarement.
02:40
En revanche, ce qui est vrai, c'est qu'au deuxième niveau,
02:43
on a une forme nouvelle, enfin une forme de censure économique
02:47
qui est effectivement assez drastique pour le coup.
02:50
C'est ceux qui tiennent les cordons de la bourse,
02:52
c'est-à-dire les patrons des grands groupes médiatiques,
02:55
les annonceurs, les régies publicitaires.
02:59
Il y a récemment un exemple,
03:04
la régie publicitaire de la RATP Média Transports
03:07
a demandé à l'humoriste Walidia de retirer une de ses affiches
03:12
parce qu'il y avait un tatouage sur son visage
03:14
qui était de nature à heurter les voyageurs.
03:19
C'était un tatouage qui disait
03:22
« Macron, c'est comme un père alcoolique,
03:24
il te pourrit la vie à la maison et dehors, il te fout la honte. »
03:29
Un truc comme ça.
03:29
Bon, ça a été jugé non conforme.
03:32
Mais ce n'est pas l'État qui a demandé,
03:34
c'est la régie publicitaire de la RATP.
03:36
Troisième niveau et qui est là aussi une dérive qui est assez préoccupante,
03:42
c'est l'intolérance sociale.
03:45
Donc, ce n'est pas strictement parler de la censure
03:48
parce qu'on n'interdit pas,
03:50
simplement on fait connaître et on exprime sa désapprobation
03:55
d'une manière extrêmement bruyante, parfois violente.
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Ça peut donner lieu à des sortes de lynchages numériques.
04:03
Ce qui est intéressant, c'est qu'il y a une sorte de paradoxe sur les réseaux sociaux,
04:05
c'est que c'est à la fois le lieu où, justement,
04:08
on va, ce qu'on dit, canceller quelqu'un
04:10
ou dire qu'il n'a pas le droit de s'exprimer de cette façon.
04:12
Et en même temps, il y a beaucoup de gens qui l'écrivent sur les réseaux sociaux
04:17
qu'on ne peut plus rire de rien et qui regrettent ce mécanisme.
04:20
Les deux cohabitent.
04:22
Comment vous l'interprétez, ça ?
04:23
– Une des clés d'explication, c'est le fait que le concept même
04:27
de liberté d'expression a évolué dans l'espace public.
04:31
C'est-à-dire que la liberté d'expression,
04:34
telle qu'elle a été élaborée comme concept politique
04:38
depuis déjà le XVIIe siècle,
04:41
au départ, c'était pensé comme une arme des dominés
04:45
pour contester la puissance des dominants.
04:47
Aujourd'hui, c'est tout à fait différent.
04:49
C'est-à-dire que ce qu'on a pu observer,
04:51
c'est que vous avez toujours cet aspect-là de la liberté d'expression qui demeure,
04:55
c'est-à-dire l'aspect contestataire et émancipateur
05:01
contre le pouvoir et contre les puissants.
05:03
Mais vous avez aussi une autre petite musique qui, au contraire,
05:06
consiste à dire, ah mais nous, laissez-nous continuer à dire
05:13
ce qu'on pense sur les catégories discriminées.
05:16
Donc par exemple, je vais être un peu schématique,
05:18
il y a aussi cette petite musique de liberté d'expression.
05:20
Oh bah écoutez, nous, si on a envie de continuer à tenir des propos sexistes,
05:24
homophobes, racistes, islamophobes, antisémites,
05:27
on a le droit au nom de notre liberté d'expression.
05:30
Donc vous voyez, la liberté d'expression, finalement,
05:31
on ne sait plus très bien qui la manœuvre
05:34
et au bénéfice de qui elle est revendiquée, en fait.
05:39
Pourquoi est-ce qu'une blague grossophobe, sexiste, islamophobe, antisémite
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peut heurter des sensibilités ?
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Pourquoi est-ce que ces blagues, elles sont problématiques ?
05:52
Parce qu'elles ont tendance à perpétuer des stéréotypes dégradants.
05:56
Quand on fait une blague sur les Noirs ou sur les Arabes
06:01
en disant qu'ils sont paresseux, qu'ils sont voleurs,
06:03
là, on perpétue un stigmate.
06:05
Donc ce n'est pas du tout la même chose.
06:07
Et ces stigmates contribuent à perpétuer les discriminations
06:15
dont sont victimes les catégories concernées.
06:18
Donc ça, il faut le souligner, c'est pour ça que ça fait réagir.
06:22
Une blague sexiste, ça va, mais 2000 blagues sexistes
06:27
qui vous arrivent par jour sur vos réseaux sociaux
06:30
et qui disent que les femmes ne savent pas conduire,
06:32
que les femmes sont plus cruches, que les blondes sont idiotes, etc.
06:35
Et bien ça perpétue un stigmate.
06:37
Et donc il y a eu une étude récente qui a montré qu'il y a des stigmates.
06:43
En termes ethno-racial, c'est très bien documenté.
06:45
On sait aussi qu'il y a des discriminations sexistes, homophobes.
06:49
On sait les effets délétères qu'elles ont.
06:51
Mais il y a des stigmates dont vous n'avez même pas idée.
06:53
Par exemple, il y a des stigmates sur les blondes.
06:55
On a remarqué, il y a une étude sur laquelle je me base dans mon livre,
06:59
qui montre qu'à compétence égale, âge égal,
07:04
une brune a plus de chances sur le marché du travail
07:07
pour le même job qu'une blonde et elle sera mieux payée.
07:11
Est-ce que la surabondance de blagues
07:15
qui stigmatise la bêtise congénitale des blondes
07:18
y est pour quelque chose ?
07:19
Vraisemblablement.
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