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  • 15/11/2024

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00:00Ravis de vous retrouver pour les informer. Votre demi-heure de décryptage à la radio
00:13et à la télévision sur le canal 27 sur France Info bien évidemment et avec Renaud
00:18Delis. Bonjour mon cher Renaud. Avec ce matin nos deux informés également. Bonjour Henri
00:23Vernet. Vous êtes rédacteur en chef adjoint au Parisien Aujourd'hui en France. C'est
00:27deux haltères. Bonjour Louis. Bonjour. Et vous êtes journaliste au service politique
00:31du Figaro. Nous commençons avec notre premier débat. Renaud on s'intéresse aux collectivités
00:36et tout particulièrement aux départements qui sont très très fâchés. Les départements
00:41de France effectivement très fâchés contre le projet de budget présenté par le gouvernement
00:46qui leur réclame un effort substantiel. Les départements de France qui sont réunis aujourd'hui
00:50à Angers pour leur 93e assise. Ils réclament donc au Premier ministre de revoir sa copie
00:56budgétaire. D'ailleurs ils accueilleront Michel Barnier lequel Michel Barnier dans
01:00une interview à Ouest France ce matin évoque des ajustements significatifs dit-il. Rappelons
01:07qu'au total le gouvernement dans son projet de budget demande à l'ensemble des collectivités
01:11locales un effort de l'ordre de 5 milliards d'euros dont un peu plus de 2 milliards aux
01:15départements. Ce qui faisait dire ce matin à Stéphane Troussel le président socialiste
01:18du département de Seine-Saint-Denis que c'était insupportable justement que l'État cherche
01:23à combler son déficit en ponctionnant les départements. Et ce matin aussi il y a quelques
01:31minutes sur ce plateau Maude Bréjon la porte-parole du gouvernement s'est fait l'écho de l'esprit
01:36d'ouverture de Michel Barnier à évoquer de possibles amendements à ce budget Maude
01:42Bréjon. On sait qu'on leur demande des efforts et ce budget il a été écrit en un temps
01:46record. On a dit qu'il était imparfait, qu'il y avait des améliorations à faire. La porte
01:50est ouverte à diminuer l'effort par rapport à celui qui est demandé aujourd'hui parce
01:55qu'on a conscience qu'un certain nombre de départements sont aujourd'hui dans des
02:00situations extrêmement compliquées. On ne fera ni sans eux ni contre eux. Donc on souhaite
02:05avec eux trouver un modus empérandi et un point d'atterrissage bien sûr en gardant
02:10un cadre budgétaire que celui qu'on connaît et qui est très content. Est-ce que c'est
02:13encore possible dans ce cas très contraint justement d'apaiser cette rébellion ? Les
02:17gouvernements gérés par la droite menacent carrément de suspendre le versement du RSA.
02:22Jusqu'où peut donc aller cette rébellion des départements en particulier et de l'ensemble
02:26des collectivités locales en général ? Est-ce que le Premier ministre a encore les moyens
02:29d'apaiser cette colère ? Si on procède par ordre peut-être Henri Vernet, la menace
02:35des gouvernements de droite sur le RSA, Maude Bréjon dit c'est une alerte.
02:39Des gouvernements, des départements. J'ai dit des gouvernements. C'est pour protester
02:43contre la politique budgétaire du gouvernement. Donc la menace des départements. On recommence.
02:47Henri, c'est une alerte dit Maude Bréjon. On est d'accord que ce n'est pas quelque
02:53chose qui va se réaliser ? Non, il faut espérer que ce ne le soit pas.
02:57C'est pour ça d'ailleurs qu'elle a bien insisté sur des amendements qui pourraient
02:59venir et qui pourraient trouver ce qu'elle a appelé je crois un point d'atterrissage.
03:03Parce qu'en effet c'est une alerte très sérieuse. Mais c'est vrai que quand on écoute
03:06les réactions des responsables des élus locaux et des élus des départements qui
03:11ont géré ces finances publiques dans un cadre extrêmement contraint et donc avec
03:14cet étoté qui se resserre encore, on voit bien que les choix sont vraiment draconiens.
03:20En effet, quand vous mettez d'un côté le RSA, j'entendais également un autre élu
03:25parler de choix à faire entre le soutien à des classes d'insertion sur le long terme
03:31et la construction de routes. C'est évidemment que les leviers sont extrêmement à la fois
03:36toujours très sensibles. Et là le RSA, ça parle à tout le monde parce que ça concerne
03:39énormément d'ayant droit. Et donc c'est une menace à prendre au sérieux. C'est
03:45plus qu'une alerte, elle a raison. Oui, moi je me présume de parler d'alerte et
03:48surtout de l'urgence à y répondre. Et c'est ce qu'elle fait, visiblement, c'est
03:51ce qu'entend faire Michel Barnier pour désamorcer ça.
03:53Loueuse Alter, il y a 5 milliards d'économies prévues pour les collectivités, 2 milliards
03:57pour les départements. Bon, est-ce que finalement, petit à petit, on va passer de 5 à 4,5
04:02à 4 etc. Est-ce que ces économies que voulait faire le gouvernement, il ne va peut-être
04:07pas arriver à les faire ?
04:08Oui, d'ailleurs Michel Barnier le sous-entend dans son interview à Ouest France ce matin
04:11où il explique qu'il y aura un geste. Et s'il vient aujourd'hui à Angers devant
04:15l'Assemblée des départements, il va venir avec quelque chose sous son bras au risque
04:19de repartir avec le goudron et les plumes. Ce qui fait que pour le sujet budgétaire,
04:22effectivement, les 60 millions totaux d'économies attendues ne seront peut-être pas au rendez-vous.
04:2760 milliards même.
04:28Pardon, 60 milliards, oui.
04:2960 milliards d'économies que le gouvernement voulait faire. Si vous mettez bout à bout
04:35le geste sur les retraités qui a été annoncé par Laurent Wauquiez, ce geste sur les collectivités
04:40locales, l'éventuel geste sur les exonérations de cotisations pour les entreprises, en fait
04:45pour l'instant, on n'a pas le début d'un indice précis sur la façon dont tout cela
04:49est compensé. Donc, à ce stade, on aura le mot de la fin uniquement au moment du probable
04:5449-3 que Michel Barnier confirme à demi-mot quand il choisira quelles mesures sont retenues
05:00et lesquelles ne le sont pas. Mais pour l'instant, comptablement, on n'est pas du tout sur les
05:0360 millions d'économies.
05:05En plus, on pourrait imaginer que ça donne des idées peut-être à d'autres collectivités.
05:13Par définition, quand on se fixe cet objectif de 60 milliards d'économies dès le budget
05:172025, on fait des mécontents. Et effectivement, ce projet de budget accumule à des mécontents.
05:21Et au fur et à mesure de la discussion parlementaire en particulier, mais aussi des échanges avec
05:27les élus locaux, on voit que le gouvernement est contraint d'essayer de désamorcer une
05:30par une les bombes qu'il a de fait placées dans ce budget.
05:33A chaque fois de reculer d'une certaine façon ?
05:35A chaque fois de reculer, ou de reculer d'un côté et d'essayer d'avancer de l'autre,
05:39évidemment. Donc tout ça, c'est un peu du bonneteau. On retire d'un côté, on rajoute
05:43de l'autre. On a vu effectivement le geste évoqué sur les retraites, en particulier
05:48les petites retraites, et globalement une indexation beaucoup plus importante de l'ensemble
05:53des retraites que ce qui était prévu initialement. On sait qu'il y a un geste, enfin on devine
05:56qu'il y a un geste en préparation de l'autre côté pour satisfaire, après avoir satisfait
05:59LR et Laurent Wauquiez, il va bien falloir donner quelque chose à Gabriel Attal et groupe
06:03Ensemble pour la République. Et à priori, il semblerait plutôt que ça s'oriente du
06:06côté du maintien des allègements de charges pour les entreprises dont les macronistes
06:10ont fait une ligne rouge. Et puis là, il y a les collectivités locales, vous avez raison,
06:14la ponction sur le département peut-elle évoluer, etc. Mais dans ces cas-là, faudra-t-il
06:17prendre à d'autres strates de collectivités locales ? Et là, on touche à un autre niveau
06:21ô combien important aussi dans le maillage territorial. Les départements, c'est un
06:24maillon essentiel, notamment pour les aides sociales, notamment. Mais il y a aussi évidemment
06:29la question des maires, les maires qui eux aussi sont mécontents d'un certain nombre
06:33de transferts de charges, de dotations qu'ils voient baisser. Et les maires qui se réunissent
06:42la semaine prochaine à partir de mardi en congrès à Paris et qui manifestent une fois
06:47de plus, d'ailleurs, ça s'aggrave au fil des années, une forme de grand blues, de
06:50grande déprime des maires face à leur situation. C'est d'ailleurs Henri Vernet, la une du
06:53parisien aujourd'hui en France. Ce grand blues des maires, cette étude de l'AMF qui
06:59est assez frappante quand même d'une use en plus. Oui, qui est alarmante parce qu'elle
07:03montre à quel point les maires sont vraiment victimes de fatigue morale, mentale, quasiment
07:08de burn-out et c'est vraiment frappant. Ils dorment mal, enfin c'est assez incroyable.
07:12Exactement, ils ont des troubles du sommeil, une pression, une charge mentale, comme on
07:16prononce souvent ce terme aujourd'hui, mais qui est très réelle, qui est ressentie parce
07:20qu'ils sont coincés entre de multiples contraintes, de multiples exigences. Alors
07:24à la fois les exigences bien évidemment de leurs administrés, puis on voit que parfois
07:27les choses deviennent rapidement assez brutales. Les exigences aujourd'hui, ça doit être
07:31réglé tout de suite, les conflits de voisinage, les conflits de stationnement, enfin bref,
07:34des choses vraiment qui paraissent petites mais qui à l'allant s'accumulent. Mais surtout
07:38en effet, une pression au-dessus, le sentiment de ne pas être vraiment aidé, de ne pas avoir
07:42leur tâche facilitée par ce qui est souvent dénoncé dans notre pays, c'est-à-dire le
07:47poids de l'avocatie, d'une paperasse, du temps qui est passé à remplir des tâches
07:52administratives et qui est pris sur celui qui serait plus utile à rencontrer ses concitoyens,
07:59à rencontrer vraiment les gens pour lesquels on travaille, à œuvrer, à faire son métier
08:03de maire. Et ça, c'est vraiment quelque chose qui pèse, donc oui, des troubles du
08:06sommeil, des situations de quasi-burn-out, parfois cette impression de se demander mais
08:11finalement est-ce que ce que je fais est utile ? Et ça, c'est quand même très alarmant parce
08:17que ce sentiment de se poser la question de son utilité, évidemment, ça joue sur les
08:23vocations. Et c'est vrai qu'on en a déjà parlé mais depuis 2020, le nombre de démissions de
08:29maires qui ont lâché leur mandat n'a jamais été aussi élevé, je crois que c'est 1800. Si on
08:33ajoute évidemment aussi les conseillers municipaux qui parfois ont ce même phénomène, on arrive
08:36vraiment à des gens qui lâchent l'affaire. Congrès de l'AMF, l'Association des maires de
08:41France, la semaine prochaine, lue aux haltères, Michel Barnier se targue encore dans Ouest France
08:46d'avoir un gouvernement avec des gens qui ont été élus, etc. Est-ce que là-dessus, ça peut quand
08:50même l'aider à gérer ce virage ? C'est plus vrai qu'il y a des représentants des collectivités et
08:56plus globalement des régions, moins parisiens, depuis son gouvernement que ce qui était le cas
09:00avant avec des gouvernements composés par Emmanuel Macron. C'est vrai, il y a moins de sociétés
09:04civiles, comme on l'appelle, mais qui en fait c'est surtout des émanations de la technocratie ou de
09:07grandes entreprises. Plus de gens qui ont l'habitude des élus locaux parce qu'ils sont élus locaux
09:12eux-mêmes. Après, je pense que ce débat reviendra tous les ans au moment du budget et il revient
09:18tous les ans tant qu'on n'aura pas clarifié deux choses, qui est le millefeuille de collectivités,
09:23parce que les maires sont perdus mais les premiers qui sont perdus c'est aussi les administrés,
09:27parce qu'ils ne comprennent plus du tout qui fait quoi, et les ressources des collectivités. Parce
09:31que depuis la suppression de la taxe d'habitation, il n'y a plus vraiment de ressources propres,
09:34de leviers sur lesquels peuvent agir les maires, qui tous les ans du coup, les maires et les autres
09:39élus locaux, se retrouvent à les quémander à l'État la garantie de leurs ressources, alors même
09:44que dans la Constitution il y a normalement un principe d'autonomie. Donc tout cela est un vaste
09:49bazar auquel personne ne comprend rien. Je ne pense pas que ce Michel Barnier qui pourrait le remettre
09:53sur la table parce qu'il n'a pas la légitimité, la force politique suffisante, c'est un sujet
09:57d'élection présidentielle mais il est très important à régler à moyenne échéance.
10:00Et avant la présidentielle, c'est vrai que cette semaine est décisive parce qu'il y a le Congrès
10:02des maires de France, vous le disiez, il y a la colère des départements qui se réunissent
10:04aujourd'hui, et le projet de loi de finances est en débat au Sénat. Et précisément le Sénat qui
10:08est supposé être l'assemblée des territoires qui se fait l'écho en général des collectivités
10:12locales. Évidemment ces récriminations-là vont se faire entendre lors de ce débat.
10:16On va continuer d'en parler Renaud Delis, vous restez avec nous. D'abord le Filinfauneur 16,
10:21Marie Maheu.
10:22Nous avons fait le choix de laisser le débat se dérouler défendant Michel Barnier dans
10:27Ouest-France. Mais le Premier ministre utilisera probablement, c'est ce qu'il dit, le 49.3 pour
10:32faire passer le futur budget, largement remanié par la gauche. Un ancien militant du Front
10:38National condamné à 6 mois de prison avec sursis à Quimper pour un salut nazi en criant
10:43« Heil Hitler » lors d'une réunion publique. Il a reconnu les faits mais dit avoir été provoqué
10:47par des participants qui chantaient l'international. Un mégaport chinois au Pérou inauguré hier au
10:54nord de Lima. La naissance d'un nouveau corridor terre-mer entre l'Asie et l'Amérique latine se
10:59félicite le président chinois. Xi Jinping rencontre aujourd'hui son homologue américain Joe Biden à
11:04Lima. Un nouveau média quitte le réseau social X après le Guardian outremanche le quotidien
11:11espagnol La Vanguardia. C'était la revue dessinée chez nous qui claque la porte. Depuis son rachat
11:16par Elon Musk, le réseau est une caisse de résonance des idées d'extrême-droite, du
11:20racisme et du complotisme, explique le Média dans un dernier poste.
11:33Et toujours avec Louis Osalter, journaliste au service politique du Figaro et Henri Werner,
11:39rédacteur en chef adjoint du Parisien. Aujourd'hui en France, Louis, on peut s'interroger quand même
11:45sur les compétences aussi des départements. On sait que les départements, ils ont en charge l'aide
11:51sociale, la gestion des collèges et les routes départementales. Mais certains disent, il faudrait
11:56peut-être arrêter qu'ils financent aussi des sports, de la culture et que sais-je ? Alors ça,
12:00c'est un sujet français qui n'est pas résolu, qui s'appelle la compétence générale des
12:04collectivités, que le précédent gouvernement avait essayé de réduire un petit peu. Mais ça
12:08veut dire quoi ? Ça veut dire que chaque collectivité peut s'emparer de tel ou tel sujet
12:12pour intervenir dessus. Alors que normalement, effectivement, il y a des prérogatives, il y a
12:17des budgets affectés. Les départements, c'est quoi ? C'est essentiellement un guichet social.
12:20Ils versent le RSA, ils s'occupent aussi, vous l'avez dit, des routes, des collèges, des transports
12:27dans une certaine mesure. Mais il y a un certain nombre de collectivités qui, loin de se contenter
12:35de ces prérogatives qui sont déjà très importantes, interviennent et dépensent dans d'autres domaines.
12:39Là, je ne parle pas que des départements, et puis je ne parle pas de tous les départements.
12:42Tout le monde intervient partout.
12:44En créant plusieurs strates de collectivités, on crée aussi des formes de baronies qui sont
12:47en concurrence les unes avec les autres et qui veulent, pour avoir une image auprès des électeurs,
12:52parce que tous ces gens sont élus, c'est pour ça qu'on a des élections régionales, départementales,
12:55municipales, qui veulent, pour affermir leur image, intervenir dans divers domaines. Tout cela revient
13:03à créer ce que je disais à l'instant, qui est que personne ne comprend qui fait quoi. Comme au
13:08moment des élections régionales, on ne sait pas vraiment ce que font les régions. Au moment des
13:11départementales, on ne sait pas vraiment ce que font les départements. Cela supposerait,
13:15normalement, rationnellement, une clarification générale, mais chacun va évidemment vouloir
13:21défendre sa petite boutique. Et l'État, en l'occurrence Michel Barnier actuellement, n'a pas
13:27suffisamment de force politique pour imposer ça. Ce n'est pas possible, ça créera trop de débats.
13:32Et le Sénat, qui effectivement, comme le disait Renaud, se fait l'écho des récriminations des
13:35collectivités, se mettra en travers de sa route. Mais pourtant, ça me paraît nécessaire. C'est une
13:40question démocratique, c'est de vitalité démocratique. On voit l'abstention progresser
13:44dramatiquement, élection locale après élection locale. Même les municipales, où on disait les
13:48gens identifient au moins leur maire, même les municipales ne sont plus épargnées par ça.
13:51On parlait des régions, je rappelle les régions, c'est notamment les lycées et les trains. Un mot
13:55Henri Vernet encore. Non mais c'est vrai que c'est frappant à quel point simplification est un mot
13:58d'ordre qui est la bouche de tous les gouvernements depuis des années, voire des décennies, et que
14:03non, en réalité, on assiste mandat après mandat à une complexification vraiment croissante et
14:08surtout une décentralisation qui est vraiment le chantier perpétuel français. Il y avait eu un
14:12réel progrès, un réel avancé en ce sens, qui est quand même ce qui se passe dans la plupart de
14:17nos démocraties voisines. Vraiment, il y a une vie locale, régionale, qui est importante dans la plupart
14:22des pays européens, chez nos voisins. Et en France, on n'y arrive toujours pas. C'est vrai que la
14:26décentralisation, en gros, depuis 1980, c'est quelque chose qui n'avance pas réellement, qui est
14:31sans cesse sur le chantier. Et même une réforme, il y a quelques années, qui était supposée simplifier
14:35un peu plus. Vous vous souvenez de la réforme de la création des grandes régions sur le mandat de François Hollande ?
14:39Ça n'a absolument rien simplifié. Au contraire, ça a complexifié un peu plus la
14:44situation. Si vous ajoutez à ça le développement de l'intercommunalité, évidemment, on en arrive à
14:47un millefeuille devenu illisible. Bon, Renaud, on va passer à notre deuxième sujet, si vous le
14:51voulez bien, parce qu'on a parlé de la colère des départements. Mais ce ne sont pas les seuls à
14:55être en colère. Il y a aussi les pilotes, les cheminots, les fonctionnaires, les agriculteurs.
14:59J'en oublie, je crois que je suis à peu près exhaustif. En tout cas, le gouvernement fait
15:04face à une série de braises, sinon peut-être crises sociales. Et une série d'appels à la grève,
15:09vous le disiez à l'instant. Dans ce contexte budgétaire extrêmement complexe, on peut se poser
15:13la question de savoir si l'hiver social ne va pas monter en température. Est-ce que l'hiver
15:18social va être chaud ? Effectivement, vous l'aurez un peu lié. On a la mobilisation des syndicats du
15:22transport aérien contre l'augmentation de la taxe sur les billets d'avion. On a les cheminots qui
15:28appellent à un mouvement illimité à compter du 11 décembre pour protester en particulier contre le
15:32démantèlement du fret. Le mouvement des agriculteurs qui revient, en quelque sorte, une saison 2 après
15:37le mouvement long et puissant de l'hiver dernier, avec des mobilisations des agriculteurs qui doivent
15:42débuter dès ce lundi. L'appel notamment de la FNSEA et de l'ensemble des organisations agricoles.
15:47Et puis effectivement, la quasi-totalité des syndicats de la fonction publique qui ont lancé
15:51hier un appel à la grève le 5 décembre avec une foultitude de revendications. Je propose d'écouter
15:57Luc Farré qui est le secrétaire général de l'UNSA Fonctions Publiques. Le ministre s'est
16:06exprimé. Il n'a pas répondu à nos principales demandes et la note est salée pour les agents
16:11publics puisqu'il maintient ses amendements à son projet de loi de finances concernant les trois
16:18jours de carence et l'indemnisation des congés de maladies ordinaires réduit de 100% à 90% de la
16:26rémunération, qui sont pour nous, à l'UNSA, une véritable attaque contre les agents publics.
16:32Alors il y a ce dossier, notamment des trois jours de carence que le gouvernement envisage
16:37de mettre en place dans la fonction publique, qui incite d'ailleurs Force Ouvrière à faire
16:41bande à part puisque le syndicat Force Ouvrière appelle à trois jours de grève pour trois jours
16:45de carence, les 11, 12 et 13 décembre. Ça c'est la fonction publique. Et puis il y a toutes ces
16:48mobilisations, à commencer par celle des agriculteurs, particulièrement redoutées
16:52par les pouvoirs publics au vu de la puissance d'une part de ce mouvement l'hiver dernier,
16:56mais aussi de sa popularité d'ailleurs auprès de l'opinion. Comment le gouvernement peut-il faire
17:00face à cette avalanche de mouvements sociaux ? On a vu que d'un point de vue calendaire,
17:05lue aux altères, il y avait semble-t-il certains mouvements qui allaient être en même temps.
17:10Est-ce qu'il y a un risque, une possibilité de « convergence des luttes » ?
17:14Alors c'est rarement le cas quand on a des revendications catégorielles. C'est surtout
17:18effectivement des coïncidences de calendrier. Par exemple, il y a une grève de la SNCF en plus,
17:22à partir de la mi-décembre, qui est illimitée, qui pourrait s'étendre jusqu'aux vacances de Noël.
17:28Donc là on voit venir, mais pareil c'est un petit peu tous les ans, le spectre de transports
17:32perturbés. Il faut voir aussi, jusqu'à où prospère la grève assez inédite du secteur aérien,
17:37puisque le syndicat qui appelle à cette grève est assez hégémonique, notamment chez les pilotes
17:42d'Air France. Il y a ce côté, je distinguerais en fait ce côté catégoriel avec les fonctionnaires,
17:48les cheminots, le secteur aérien. Il ne faut pas oublier aussi le secteur privé,
17:53où les plans sociaux s'enchaînent. On a vu Michelin, on a vu Auchan, mais même la ministre
17:57du Travail, même le ministre de l'Industrie ont concédé que ce n'était que le début et que
18:01l'hiver social effectivement serait violent dans ce domaine-là. Et là, ce sont des gens qui ne
18:06se battent pas pour deux jours de carence pour leurs arrêts maladie. C'est des gens qui vont
18:10perdre leur emploi, alors qu'on nous parle de réindustrialisation depuis plusieurs années.
18:15Enfin, Renaud m'en a mentionné, il y a les agriculteurs. Pareil, ce n'est pas une profession
18:18qui peut faire grève. En revanche, elle peut bloquer des routes et avoir une forte influence
18:25parce qu'il y a plutôt un soutien de l'opinion publique envers les agriculteurs qui nourrissent
18:30le pays. Il y a le chantier du Mercosur, pour lequel ça sent assez mauvais à Bruxelles et
18:36que la Commission européenne va visiblement imposer, ce traité de libre-change que redoutent
18:39beaucoup les agriculteurs. Donc, je ne dirais pas convergence des luttes, parce qu'on a affaire là
18:44à des revendications assez différentes. Mais tout cela, mis bout à bout, donne en fait un
18:49climat économique et social. Économique parce que l'économie ne va pas bien et les mesures
18:54d'économie dans le budget donnent un signal aux entreprises qu'ils le traduisent par une forme
18:59d'attentisme, engelant les investissements et les embauches. Et c'est pour ça que dans le secteur
19:03privé, l'univers social sera chaud. Et puis social, parce qu'il y a ce doute qui s'empare
19:07de plusieurs catégories de la société. Quant à leur possible déclassement, on revient en fait à
19:13cette peur générale qui touche à la fois l'agent de la fonction publique, l'ouvrier du secteur privé,
19:18l'employé ou l'agriculteur. Henri Vernet, le gouvernement, face à tout cela, et j'allais dire
19:22face à cette quasi mosaïque finalement, parce qu'il y a plein de revendications sur plein de
19:27sujets assez différents. Est-ce que le gouvernement doit arriver, espérer, essayer, désamorcer,
19:34crise après crise ? Alors, il doit essayer, c'est son métier, oui. Mais il peut, non. Il peut vraiment
19:39que sur certains aspects. Ça a été évoqué tout à l'heure, c'est-à-dire cette pêche,
19:45cette recherche de milliards par-ci, par-là, et qui fait que ça a essémé les colères parce qu'on
19:50prend. Et là, dans tout ce qui a été énuméré comme mouvement de grève, on voit bien qu'il y a
19:53ça. Il y a les 1,4 milliards qui sont pris un petit peu sur le transport aérien, ceux qui vont
19:57être pris sur d'autres terrains. Et donc, évidemment, vous mécontentez comme ça énormément
20:02de monde. Et donc là, les réponses qui peuvent être portées, ça mettrait en péril les économies
20:09qui devraient être refaites, les fameuses 60 milliards. Si, par exemple, pour désamorcer la
20:13colère des fonctionnaires, le gouvernement, finalement, revenait sur 3 jours de carence,
20:17ce qui n'est pas du tout ce qu'a annoncé le ministre concerné Kasparian, pas du tout,
20:20il est au contrat qu'il faut maintenir. Mais s'il veut vraiment désamorcer, bah oui, peut-être qu'il
20:25faudrait passer à 2 jours de carence, mais non plus à 3. Si le secteur aérien, peut-être qu'il
20:30ne va pas tripler la taxe, la fameuse taxe Chirac. C'est la quadrature du cercle avec
20:33l'aspect budgétaire. Exactement, voilà. Et vous recréez le problème des 60 milliards. Donc,
20:37d'une part, il y a ça. Ce seraient, de toute façon, des réponses, des petits sparadraps,
20:40mais qui, au fond, ne seraient pas vraiment crédibles parce qu'à la fin, on n'arriverait
20:44pas à rééquilibrer, enfin, le gouvernement n'arriverait pas à rééquilibrer ses finances
20:47publiques. Ça montre vraiment aussi le caractère disparate de ce budget tracé en 15 jours,
20:52comme l'a répété votre invité Maude Bréjean tout à l'heure. Bon, ça, c'est d'une part. Mais,
20:56en revanche, sur les colères, les autres colères qui ont été citées, c'était notamment des
21:02industrialisations, les fermetures d'usines, bah là, les réponses, par définition, ne peuvent
21:05être qu'à très long terme. On voit bien, d'ailleurs, Marc Faraci, le ministre, quand il
21:08parle de favoriser des conversions, des, comment dire, d'éventuelles reprises, mais dont on sait
21:15bien qu'elles ne sont vraiment pas à l'ordre du jour. Bref, tout ça, en revanche, c'est très
21:18long. Et donc, là, non, ce ne sera pas désamorçable comme ça. Renaud Delis.
21:21Et souvent, d'ailleurs, en la matière, et Marc Faraci l'a aussi évoqué, c'est des réponses
21:24peut-être plus européennes, même que nationales. Il y a évidemment des urgences nationales,
21:27mais il y a aussi, pour essayer de conforter la réindustrialisation d'un certain nombre de sites,
21:32des réponses à apporter à l'échelle européenne. Je pense qu'effectivement,
21:34dans ces mouvements, il y a des choses extrêmement différentes, déjà par nature,
21:38dans les revendications, et peut-être dans le risque politique qui pèse sur le gouvernement.
21:43Puisque vous posez la question judicieuse, Adrien, de savoir comment est-ce que le gouvernement
21:46pouvait y faire face. Il y a un certain nombre de mouvements, effectivement, catégoriels,
21:50c'est-à-dire presque pour certains, rituels. Un dépôt de préavis de grève à la SNCF,
21:55à l'approche des fêtes de Noël. 15 fois en 20 ans.
21:57C'est lui déjà vu. Ça se gère, c'est encadré par les syndicats. Il est possible que ce soit
22:04à l'arrivée un peu coûteux pour les finances publiques, effectivement. Mais ça se gère.
22:08C'est aussi le cas, d'ailleurs, du mouvement dans le transport aérien. Et aussi, d'ailleurs,
22:13des revendications des fonctionnaires. Je pense que le mouvement des agriculteurs
22:16est probablement politiquement plus dangereux. Là, je n'évoque pas, mais les perspectives
22:21effectivement très sombres dans le secteur privé lié à l'avalanche de plans sociaux. Plus dangereux
22:25parce qu'il est extrêmement peu payant dans l'opinion, qu'il y a effectivement le chiffon
22:28rouge du Mercosur qui peut avoir un effet de déflagration. On sait qu'il sera d'ailleurs
22:33aussi à l'ordre du jour du G20 la semaine prochaine. Et que si jamais, finalement,
22:37l'Europe signait ce traité, on peut imaginer que ça enflammerait un peu plus des braises,
22:42ce qui ne demande déjà qu'à s'enflammer parce que les agriculteurs sont très mécontents.
22:45Ils ont le sentiment d'avoir été floués de ne pas avoir vu l'argent, la couleur de ce qui leur
22:53avait été promis à l'issue du mouvement de l'hiver dernier.
22:55Grand merci à vous, à vous aussi Renaud Delis, grand, grand, grand. Merci Renaud,
23:01merci Louis Osalter, journaliste au service politique du Figaro. Merci à vous Henri Vernet,
23:07rédacteur en chef du Parisien Aujourd'hui en France. On voit les unes du Parisien,
23:12on l'a donné, celle du Figaro en deux mots, Louis Osalter.
23:14Sur la fragilité justement de la santé des entreprises dans ce climat économique incertain.
23:17Merci à vous trois pour ces informés qui reviennent bien sûr ce soir à 20h.
23:22Restez sur France Info.

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