LIGNE ROUGE - Portable en main, des femmes filment les coaccusés du procès Mazan
Au terme de la première semaine d'un des procès les plus choquants de ces dernières années, les équipes de Ligne Rouge dressent le portrait de Gisèle Pelicot, victime d'un calvaire inimaginable, face à cinquante hommes accusés de l'avoir violée.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Parmi les co-accusés, 32 hommes comparaissent libres.
00:04Le visage souvent dissimulé derrière une capuche, un masque et des lunettes de soleil,
00:09ils empruntent les mêmes entrées et sorties que les partis civils et le public.
00:14Et à certaines suspensions de séance, ils sont hués.
00:18Côte à côte, comme pour une haie du déshonneur,
00:30des femmes téléphonent en main, filment ces co-accusés sortir de la salle d'audience.
00:35Quelle honte, quelle honte. La justice française, c'est zéro.
00:40Ce jour-là, un avocat tente d'intervenir et demande à cette femme pourquoi elle filme.
00:46Ça m'apporte que, exactement comme la radio, comme la télé, comme tout ça,
00:50ça m'apporte que j'ai des traces et que dans 20, 30, 40 ans,
00:54je pourrais montrer à mes filles, regardez, on était à ce procès,
00:57c'était incroyable, on était solidaires entre femmes.
01:00Solidarité et colère.
01:03Malou est venue de Suisse pour assister aujourd'hui au procès.
01:07Comme un leitmotiv, pour elle comme pour les autres, la honte doit changer de camp.
01:13Que ce soit bien dénoncé pendant 10, 15 ou 20 ans, qu'on s'en souvienne,
01:17que les gens qui les côtoient sachent ce qu'ils ont fait, ces gens-là, voilà.
01:21Je leur ai juste dit que c'était triste de pouvoir violer une dame dans son sommeil
01:25et de ne pas l'assumer ensuite en portant un masque dans un tribunal.
01:33Car dans une atmosphère de plus en plus crispée,
01:35certains co-accusés ne cachent plus leur énervement.
01:39La presse est notamment prise à partie, parfois très violemment.
01:45La tension monte aussi d'un cran à l'extérieur du palais de justice.
01:55Des militantes féministes se font ici invectiver par l'un des co-accusés.
02:09J'étais en train de donner une interview à Radio-Canada.
02:12Je ne m'intéressais pas du tout à ces hommes qui étaient en train de sortir.
02:16Ils ont vu les caméras et ils se sont mis à hurler qu'on mettait en danger leur famille,
02:21qu'ils avaient droit à leur vie privée, qu'à cause d'eux leur mère était en danger, etc.
02:26Et ils nous ont menacés.
02:28On est dans une inversion là quand même.
02:30C'est quand même eux les criminels, c'est eux qui sont jugés.
02:33Nous, on est là juste pour demander la justice.
02:35On veut juste que les hommes arrêtent de violer les femmes.
02:37C'est vraiment basique.
02:40Blandine est membre d'un collectif féministe d'Avignon.
02:44Elle assiste chaque jour au procès et dénonce ce qu'elle appelle la fraternité masculine des co-accusés,
02:50qui affiche selon elle une attitude non-chalante malgré les accusations qui pèsent contre eux.
02:57On les voit arriver assez contents.
02:59On dirait qu'ils viennent au travail, ils viennent passer leur journée.
03:02Ils arrivent le matin et checkent mon frère.
03:04Bonne journée, voilà.
03:06Et à midi, ils vont boire leur petit café tous ensemble, dans la rue, comme ça.
03:10Pas un n'a écrit à la police, même anonymement.
03:14Aucun n'a dit c'est illégal ce qu'on fait, c'est dangereux, c'est un crime, ou c'est inhumain.
03:22Aucun n'a même fait demi-tour.