Emmanuel Macron impose ses vitraux contemporains à Notre Dame de Paris

Sud Radio

il y a 1 an
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Avec Didier Rykner, journaliste et fondateur de La Tribune de l’Art

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00:00Cathédrale, et pour Macron, pour Emmanuel Macron apparemment, il est venu le temps de changer les vitraux de Notre-Dame de Paris, André, qu'est-ce qui se passe ?

00:07Oui, c'est très intéressant, voilà, on vient de, après l'incendie que vous savez, après le drame qu'il y a eu,

00:13la flèche a été rétablie, bien sûr, dans son intégrité, dans sa fidélité à ce qui avait fait violer le Duc, l'architecte violait le Duc,

00:22et puis voilà, voilà-t-il pas qu'on parle, eh bien les vitraux, les vitraux qui violaient le Duc qui existent, on va en parler avec Didier Rickner,

00:29mais on a dit bah oui, non mais enfin écoutez, il faut être moderne, il faut être moderne, il faut faire de nouveaux vitraux, c'est intéressant,

00:37de nouveaux vitraux, pourquoi ? Eh bien écoutez, on en parle, Didier Rickner, bonjour, merci d'être venu, vous êtes journaliste,

00:45vous êtes fondateur de la Tribune de l'Art, et il y a un hashtag qui vient de s'être créé, saccage Notre-Dame de Paris,

00:51Je ne l'ai pas trop, non, je vous dirai pourquoi si vous le souhaitez, d'accord, oui, oui, bien sûr, mais parlons du fond d'abord,

00:57il y a quand même quelque chose, alors, c'est quoi cette histoire ? C'est-à-dire que, parlez-nous, l'état des lieux, il y avait les vitraux de Violet-le-Duc ?

01:06Oui, les vitraux de Violet-le-Duc existent encore, ils sont toujours en place, ils ont même été restaurés avec l'argent des donateurs en place,

01:12donc voilà, mais, et il était question depuis longtemps, on sait que le clergé voulait faire ça depuis très longtemps, mettre des vitraux contemporains,

01:19le ministère de la Culture a toujours dit non, et encore très récemment...

01:23Qui, qui, pardon, qui voulait mettre des vitraux contemporains ?

01:25Alors, au départ, c'était l'archevêque de Paris, Monseigneur Hustiger, et puis ensuite, c'est revenu après l'incendie, et tout de suite, le ministère de la Culture a dit non,

01:35Roselyne Bachelot a dit non, et là, elle avait raison, sauf qu'il y a continuité de l'état, je ne suis plus certain, puisque Emmanuel Macron,

01:42ne réussissant pas à faire une flèche moderne pour marquer son territoire, il dit, je veux quand même faire quelque chose pour montrer que c'était moi que je suis là,

01:49et donc, je vais remplacer 6 des 7 vitraux du bas côté sud, ça fait beaucoup de verres, beaucoup de vitraux, de très grands vitraux,

01:57par des vitraux contemporains, en enlevant la création de Viollet-le-Duc, avec l'assentiment de Monseigneur Ulrich,

02:03Monseigneur Ulrich, dont j'ai pu, à plusieurs reprises, dénoncer la tendance à ne pas aimer le patrimoine, et c'est un euphémisme.

02:09Mais comment ça se fait ? Juste un mot au cas de l'archevêque de Paris, après tout, enfin, archevêque de Paris, Notre-Dame,

02:14enfin, je ne veux même pas parler de religion, je veux parler de civilisation, de patrimoine, de culture,

02:19comment ça se fait qu'il n'a rien avec le temps long, la permanence ?

02:24C'est malheureusement une tradition de l'église française, il faut se rappeler que dans les années 60-70,

02:28le plus grand vandalisme qu'ont connu les églises en France, est dû à l'église de France, après le Concile Vatican II,

02:35on n'a pas eu ça du tout en Italie, alors que le pape était italien, en France, on a détruit beaucoup dans les églises,

02:41avec l'assentiment et sous le regard indifférent du ministère de la Culture, ça s'était un peu calmé,

02:45mais il y a toujours cette prétention d'une certaine partie du clergé, et je ne parle pas du point de vue religieux,

02:51à faire « moderne », or le modernisme, c'est bien de respecter le patrimoine.

02:56Bien sûr, c'est la moindre des choses. Donc l'idée, ce sont des vitraux de quelle dimension ?

03:01Je ne sais pas la taille exacte, ils sont plusieurs mètres de haut, peut-être 7-8 mètres de haut, je ne sais pas,

03:06sur 4 mètres de large, c'est très très grand.

03:09Donc, il y a eu quand même le Conservatoire, la Commission nationale du patrimoine et de l'architecture,

03:15qui est une commission officielle, si je ne m'amuse.

03:18Oui, tout à fait, elle est chargée de conseiller à la ministre de la Culture.

03:20Elle s'était opposée au projet de création de vitraux contemporains dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, c'est bien ça.

03:25A l'unanimité.

03:26Voilà, et ce sont des experts, ce ne sont pas des lambda...

03:30Il y a des experts, il y a des élus, et il y a également des membres du ministère de la Culture, des fonctionnaires.

03:36Qui étaient tous contre.

03:37Et comme ils étaient contre, ils auraient été obligés de voter contre les instructions qu'ils avaient eu du ministère.

03:41Donc, le directeur des patrimoines, qui avait fait preuve d'un certain courage, a dit,

03:44écoutez, vous pouvez ne pas voter, ne pas prendre part au vote.

03:47Sinon, ils auraient voté contre.

03:48Et les votes exprimés ont été unanimement contre.

03:51Or, même si c'est un avis qui est consultatif, c'est un avis, quand il est unanime,

03:56qui n'a pas force de loi, mais qui peut, devant les tribunaux en tout cas, ça peut avoir une importance.

04:01Donc aujourd'hui, dit Dierick Nair, force, État, la loi sert fort, c'est au Président de la République.

04:08Si le Président de la République, aujourd'hui, à l'heure où nous parlons,

04:10si Emmanuel Macron veut imposer ses vitraux, il les impose ?

04:13C'est ce qu'il croit, mais nous allons tout faire pour les y opposer.

04:15Et il y a plusieurs solutions.

04:17Les solutions, évidemment, légales, c'est...

04:19Comment vous pouvez tout faire ?

04:20Devant de la justice, l'association Cides et Monuments,

04:22prête, elle a dégainé, avocat de tribunaux administratifs...

04:26L'association Cides et Monuments.

04:27C'est la plus ancienne association de protection du patrimoine en France.

04:30Je les ai aidés, on a lancé pour eux,

04:32enfin, je lance pour eux, et il y a sur leur site,

04:35on peut donner de l'argent pour soutenir cette action,

04:37pour payer les avocats.

04:39Quelles données, tout de suite, pour les auditeurs de Sud Radio qui seraient intéressés ?

04:43Oui, ils peuvent donner, ils vont sur le site Cides et Monuments,

04:45ils tapent Cides et Monuments sur Internet,

04:47ils verront la page,

04:49ou ils vont sur le site de la Tribune de l'Art, il y a l'article qui est en accès libre,

04:51et ça donne accès à cette souscription,

04:55une nouvelle souscription, mais il y a une souscription pour défendre Notre-Dame,

04:59et franchement, il faut le faire,

05:01parce que personne n'ira devant la justice, sinon.

05:03Tout cela n'est pas illégal, mais très irrégulier,

05:07et si on ne le fait pas, si les citoyens ne se mobilisent pas,

05:10ça sera fait.

05:11Plus la pétition que j'invite à signer,

05:13une pétition que j'avais lancée en décembre dernier,

05:15qui avait atteint, assez rapidement, jusqu'à 140 000,

05:18142 000 il y a 2-3 jours,

05:20ça stagnait depuis quelque temps parce qu'il ne se passait rien,

05:22et là, évidemment, M. Macron a relancé la machine,

05:25et là, on en est, au moment où je parle, à quasiment plus de 160 000 signatures.

05:29Pétition, le titre de la pétition ?

05:31Non, à la suppression des vitraux violets de Duc, si je ne me trompe pas.

05:34Mais vous tapez vitraux violets de Duc, pétition,

05:36vous trouverez tout de suite la...

05:38Mais quelles sont vos chances ? Quelles sont les chances d'aboutir, à votre avis ?

05:41A mon avis, elles sont bonnes, parce qu'il y a un certain nombre d'irrégularités,

05:45qui sont attaquables devant les tribunaux.

05:47La maîtrise d'ouvrage, c'est l'établissement public de restauration de Notre-Dame.

05:52Or, dans la loi Notre-Dame, qui a été votée par les députés et les sénateurs,

05:55la loi prévoit que cet établissement public est là pour restaurer Notre-Dame,

05:59pas du tout pour faire de la création contemporaine.

06:00Donc déjà, ça, c'est une première irrégularité.

06:02Deuxièmement, ces vitraux, comme je l'ai dit, ont été restaurés avec l'argent des donateurs.

06:07Ils sont entièrement restaurés ?

06:08Ils sont entièrement restaurés, ils ont nettoyé sur place,

06:11ils existent toujours, ils n'ont pas été abîmés par le feu.

06:13Or, c'est un vrai problème d'utiliser l'argent des donateurs,

06:15et ensuite de s'asseoir dessus.

06:17Voilà, il y a la troisième chose qui m'échappe à l'instant.

06:21Il y a un troisième point qui fait que tout cela est attaquable.

06:24En tout cas, il y a de bonnes chances que vous puissiez gagner.

06:27En tout cas...

06:28Si on ne se bat pas, on ne gagnera pas, parce que personne ne fera ça à notre place.

06:31Evidemment.

06:32Juste un mot, parce que je vous avais posé la question.

06:35Qu'est-ce qui vous gêne dans le hashtag Saccage Notre-Dame de Paris ?

06:39Moi, je suis quelqu'un qui tweet beaucoup sur Saccage Paris.

06:43Saccage Paris, c'est une politique d'ensemble.

06:44J'ai écrit un livre sur Notre-Dame et sur la politique d'Anne Hidalgo.

06:50Et Saccage Paris veut dire quelque chose.

06:52Saccage Notre-Dame, ça ne veut rien dire.

06:53Il faut reconnaître que cette restauration est, dans l'ensemble, bien faite.

06:56Il n'est pas question de saccager tout Notre-Dame.

06:58Donc, je n'aime pas beaucoup qu'on réutilise Saccage Paris.

07:01Et en plus, derrière, il y a une espèce de volonté d'ouvrir vers d'autres combats

07:05qui ne sont pas forcément les miens.

07:06Moi, je me bats pour la cathédrale, et c'est tout.

07:08Mais en fait, comment vous expliquez ?

07:10Moi, évidemment, on a parlé de Ulrich.

07:14Il faut parler quand même aussi de Rachida Dati, qui était ministre de la Culture.

07:18Qu'est-ce qui fait, quand même, que même Rachida Dati,

07:21qui, effectivement, se bat pour reconquérir la mairie de Paris d'ici deux ans...

07:25J'ai eu un peu d'espoir quand elle a été nommée ministre de la Culture,

07:27parce que, finalement, Rachida Dati, qui est l'opposante politique d'Anne Hidalgo,

07:32au ministère de la Culture,

07:33ce qu'on reproche aux ministres de la Culture,

07:34c'est de ne pas avoir fait leur boulot, qui est de défendre le patrimoine à Paris.

07:37Là, on se disait, au moins, elle fera son travail de ministre de la Culture,

07:40pas son travail d'opposante.

07:41Mais comme ça va dans le même sens, on dit, pas du tout, en fait.

07:44Et là, ce n'est pas, évidemment, Anne Hidalgo qui est en cause,

07:46mais, malheureusement, sur tous les dossiers parisiens,

07:48et même sur la plupart des autres,

07:50Rachida Dati, il faut bien constater qu'elle n'a pas fait grand-chose,

07:53et c'est dommage.

07:55Et, en fait, cette histoire, c'est intéressant,

07:58parce que, encore une fois, ça interroge, effectivement,

08:01avec ce qui se passe en France, puisqu'il ne se passe rien, il n'y a rien.

08:04Il est quand même étonnant que le président de la République se combatte,

08:08alors qu'on sait ce qui se passe, et on va encore en parler dans cette émission,

08:12très bientôt, sur le plan des finances,

08:14sur le plan du pouvoir d'achat, sur le plan du chômage, etc.,

08:17la sécurité, etc., etc.

08:19Le grand combat, ou presque, c'est Notre-Dame de Paris, quand même.

08:22C'est absurde, mais je pense que c'est un caprice,

08:24excusez-moi, je vais être un peu pas très gentil pour le président de la République,

08:27pas très respectueux, mais c'est un peu un caprice de gamin,

08:29et on voit bien ça.

08:30C'est quelqu'un, il a son jouet,

08:32il fait croire qu'il est le sauveteur de Notre-Dame,

08:35or, il faut se rappeler que Notre-Dame avait souffert de beaucoup d'abandons avant,

08:39et tous les responsables, pas seulement lui, étaient coupables.

08:41L'incendie est un incendie accidentel,

08:43qui a pu se développer de manière forte,

08:45parce qu'on n'avait pas pris les mesures qu'il fallait.

08:47Rappelons aussi que la restauration de Notre-Dame,

08:50par le jeu de la TVA, et des donations,

08:53va rapporter de l'argent à l'État.

08:54Donc, on dit tous merci à Emmanuel Macron

08:57d'avoir restauré la cathédrale.

08:58Il aurait pu manquer qu'on ne la restaure pas,

09:00mais il n'y est pas pour grand-chose, finalement.

09:02Merci Didier Rigner, je rappelle que vous êtes journaliste,

09:04que vous êtes fondateur de la Tribune de l'Art,

09:06et que vous battez ce pourquoi nous aussi on se bat,

09:10pour qu'on soit dans une certaine fidélité

09:12de ce qu'on appelle le patrimoine.

09:14Merci.

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