La bande de “Julie jusqu’à minuit” réagit au trait d'humour de Jean-Luc Mélenchon comparant la Martinique qui "cultive une élite intellectuelle à la Lozère qui "n'a pas ça"
00:00Et on commence par vous, Natacha Polony, avec cette petite phrase de Jean-Luc Mélenchon qui ne passe pas auprès des habitants de Lauserre.
00:06Des propos tenus par Jean-Luc Mélenchon lors de l'université d'été de la France Insoumise en août,
00:12il refond surface sur les réseaux sociaux le chef de file de la France Insoumise qui fait les louanges de la Martinique
00:17et qui tacle au passage Lauserre, une plaisanterie qui ne passe pas tellement. On écoute Jean-Luc Mélenchon.
00:24Vous savez que la Martinique est un lieu assez spécial, parce que c'est un tout petit endroit quand même, malgré tout,
00:29ils sont 300 000, et c'est, alors pardon pour les autres, les Guadeloupéens, mais ils ont toujours cultivé un certain sentiment d'élite intellectuelle.
00:40Et la vérité, c'est qu'ils le sont. Et ben oui, parce que quand vous faites à la fois Césaire, Franck Fanon, Glissant et Chamoiseau,
00:50vous ne pouvez pas dire « on est n'importe où ». En Lauserre, vous n'avez pas ça. Alors ben oui, vous n'avez juste qu'à vous en rendre compte.
00:58— C'est un trait d'humour qui passe un peu mal, ou c'est plus que ça ?
01:02— Je dis que le département de Lauserre a répondu en parlant du cabotinage. C'est exactement ça.
01:10Je pense que, justement, les Insoumis ont souvent, à juste titre, été outrés par les propos méprisants d'Emmanuel Macron
01:20sur telle ou telle part du citoyen français. Donc quand on donne ce genre de leçons, il vaut mieux être irréprochable
01:29et laisser tout le problème des orateurs qui veulent flatter leur public. C'est que pour flatter le public, on se laisse aller à des facilités.
01:39Et il y a là une forme de mépris pour une partie de la France, en particulier pour la France rurale,
01:47qui ne passerait pas si c'était adressé à d'autres gens, à d'autres populations. Pourquoi les habitants de Lauserre
01:56ou de la Creuse, on peut se foutre de leur tronche ? Pourquoi on peut les mépriser ? J'aimerais comprendre.
02:02Et j'avoue que je n'arrive pas à comprendre ça. La Lauserre, la Creuse, le Cantal, c'est la France.
02:11C'est la France immense qui a produit une civilisation formidable. Et j'adore Aimé Césaire, j'adore Chamoiseau, j'adore Frantz Fanon.
02:19Je trouve qu'en effet, il y a dans cette culture quelque chose d'extraordinaire. La fameuse créolisation dont nous rebats les oreilles,
02:27Jean-Luc Mélenchon, c'est formidable. Mais la France, dans sa diversité, dans l'ensemble de ses territoires, a produit aussi des splendeurs
02:37avec, là aussi, une sorte d'aspiration intellectuelle qui ne me semble pas négligeable. Donc voilà, tout simplement, c'est lamentable.
02:46Est-ce que c'est un retour du refoulé ? Peut-être.
02:50Qu'est-ce que ça traduit pour vous, Christophe Barbier ?
02:53Oui, c'est cette inscription de Jean-Luc Mélenchon dans une sociologie, ce qu'il appelle le peuple, et tout le monde n'est pas dans le peuple.
03:00Donc voilà, le peuple, c'est l'électorat qui l'intéresse. Le reste, ça compte pas, c'est pas le peuple.
03:05C'est du mépris, Raquel Garrido ? Comment vous le voyez, vous ?
03:09Je pense que l'humour de Jean-Luc Mélenchon, c'est un humour toujours un peu grinçant, toujours un peu méchant.
03:14Jean-Luc Mélenchon manque notoirement de la faculté d'auto-dérision, qui est une qualité humoristique qui est très forte et qui est très saine.
03:21Elle est plus forte en Angleterre qu'en France, d'une façon générale.
03:24Et rare chez les hommes politiques, c'est vrai.
03:26Mais quand même, avoir à ce point une absence totale d'auto-dérision, à mon avis, ça prouve que Jean-Luc Mélenchon, et ça j'ai pu le constater,
03:37est entouré de gens qui rient grassement à toutes ses vannes, même quand elles sont pourries.
03:41Et donc ce qu'il faut, c'est qu'il y ait des gens autour de lui qui, de temps en temps, disent « en fait, c'est pas drôle, ne répète pas cette vanne, en fait, c'est pas drôle ».
03:48Et personne n'ose lui dire ?
03:49Ben non, ils tous rient même quand ils trouvent pas ça drôle.
03:52Arnaud Stéphan ?
03:53Le politique, c'est vrai, très vite, très vite aussi, mais peut aussi, c'est vrai, parfois se perdre dans sa propre prise de parole,
04:05pensant que c'est une bonne chose et qu'on est entre nous et que le public demande ça.
04:11Ça s'appelle se payer de mots.
04:12Voilà, se payer de mots. C'est pas le seul, c'est pas le premier, c'est pas le dernier.
04:17On a vu plusieurs fois des hommes politiques faire des retours en arrière en disant « non, c'est pas vraiment ce que j'ai voulu dire », etc.
04:24Jospin étant le spécialiste intercontinental de cette pratique.
04:28Mais il n'en demeure pas moins que c'est particulier et que c'est très insultant pour une partie de la France, cette France rurale.
04:35Moi, je n'y mettrai pas plus que ça, je ne vais pas me retourner en disant « c'est horrible, c'est affreux, les pauvres, la loser, la main sur le cœur »
04:41en train de parler en langage local.
04:44Mais c'est un utile vote qui traduit quelque chose, c'est Jean-Luc Mélenchon, c'est ce que vous dites.
04:47Non, ça ne traduit pas quelque chose.
04:50Ça traduit plutôt une pratique politique de l'homme politique perdu dans son propre discours
04:57et qui en oublie même la raison et le respect des autres pour se payer de mots et faire rire son auditoire.
05:02Oui, et qui flatte son public, parce que moi, c'est ça qui nous gêne, en fait.
05:05Oui, vous êtes à Diversité, c'est mieux que c'est Plouc de la campagne.
05:10Oui, il y a ce côté-là aussi.
05:11Mais pour connaître un peu les politiques, je sais qu'ils sont capables de se prendre les pieds tout seuls dans le tapis.
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