Cyclisme - Paris 2024 - Benjamin Thomas : "Un jour de gloire pour moi... rien ne pouvait m'arriver, j'étais en mission"
Elle est là la première médaille de l'équipe de France de cyclisme sur piste dans ces Jeux olympiques de Paris 2024, et elle est en Or grâce à Benjamin Thomas sur l'omnium ! Double champion du monde et 4e des derniers JO de Tokyo dans cette discipline, le Français a enflammé le Vélodrome National de Saint-Quentin-en-Yvelines ce jeudi soir, livrant une prestation sensationnelle tout au long des 25 kms et 100 tours de piste de la course aux points, dernière des 4 épreuves au programme. "C'est le rêve d'une vie, le jour de gloire pour moi. Une journée incroyable, il ne pouvait rien m'arriver, les planètes étaient alignées. J'étais en mission", a confié Benjamin Thomas après sa victoire.
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00:00Benjamin raconte-nous l'émotion, j'imagine indescriptible.
00:07L'émotion là, c'est un truc de fou, j'ai une journée incroyable, il ne pouvait rien m'arriver, les planètes étaient alignées aujourd'hui.
00:16Je ne réalise pas, je ne réalise pas encore, toute ma famille qui est là, qui sont venues, c'est un jour de gloire pour moi.
00:27C'était très facile, même la chute, ça n'a pas apparu que de déstabiliser tout ce que c'est.
00:31J'étais vraiment en mission aujourd'hui, ce matin je me sentais vraiment détendu, j'étais vraiment bien.
00:41J'ai eu l'expérience de Tokyo où je suis arrivé au Vélodrome avec la peur au ventre et la boule au ventre.
00:47Et là j'ai couru vraiment libéré, je suis toujours resté focus sur mon objectif, c'était le podium.
00:52Quand j'ai vu à la course au point que ça s'alignait bien pour moi et qu'on allait être à 3 et que j'étais le plus rapide au sprint, j'ai dit saisis ta chance gamin et vas-y.
01:02La chute c'est un détail, tout de suite j'ai glissé, ça brûle mais rien ne casse.
01:13J'ai eu de la chance et tout de suite derrière j'ai regardé le contour, j'ai vu qu'il y avait un sprint qui arrivait dans deux tours.
01:18J'ai dit je remonte après le sprint comme ça je peux aussi faire descendre un peu les pulls, s'y récupérer.
01:22Et c'est ce qui m'a permis dans le final de remettre un petit coup, partir avec le portugais et maîtriser le final.
01:28Est-ce qu'il y a une forme de revanche par rapport à Tokyo où tu es arrivé avec le statut de grand favori ?
01:32Je n'aime pas le mot revanche, Tokyo c'est la course et aujourd'hui il y a aussi un quatrième qui doit être déçu.
01:40C'est sûr qu'on me mettait la médaille autour du cou avant la course et c'était pas terrible, j'avais eu du mal à gérer cette pression.
01:48Là j'ai essayé de me détacher de tout ça, je savais que j'étais attendu pour m'hostiquer comme médaillé d'or.
01:55Mais je n'ai jamais pensé avant pendant et maintenant il est là.
02:01Il y a l'américaine dans deux jours mais c'est quasiment un aboutissement de carrière.
02:05Je penserai à l'américaine aussi samedi, je vais décompresser calmement, profiter un peu de ma famille qui va pouvoir venir à notre hébergement.
02:13On a la chance d'être un peu éloigné du village olympique et ça va me permettre aussi de me soigner.
02:19Je vais voir un peu ce que j'ai, je pense que je me suis bien brûlé.
02:24Demain je pense que j'aurai mal partout mais samedi on va serrer les dents.
02:28J'ai envie vraiment d'offrir le meilleur des cadeaux à la boude pour la dernière de sa carrière, offrir un beau jubilé.
02:34C'était ton objectif, tu nous l'avais dit début 2024 cette médaille d'or, maintenant que tu l'as autour du cou, ça fait quoi ?
02:40Oui, annoncer les objectifs et le faire, je pense que c'était écrit comme ça aujourd'hui, c'était le destin.
02:48Je ne sais pas quoi te dire.
02:53Tu as dit tour de la fin, c'est à ce moment là que tu te dis que c'est fait.
02:57C'est jamais fait jusqu'à ce que tu passes la ligne, j'aurais pu me recasser la figure.
03:01Mentalement, on est trois, il y a trois places sur le podium.
03:07Le portugais a tenté un dernier coup et je me suis dit que si tu arrives à boucher le trou, tu es champion olympique.
03:14Il n'y a pas de meilleure motivation et quand je suis rentré sur lui, j'ai vu qu'il y avait la cassure, j'ai dit c'est bon, on en profite.
03:23On t'a vu arronger un petit col à fou.
03:26C'est que du plaisir, c'était incroyable, je vis pour ça, je vis pour me faire plaisir sur le vélo.
03:33Aujourd'hui, je me suis amusé un truc de fou.
03:35Comment tu voulais construire ce domaine ?
03:39Je savais qu'à la pédale, il y avait des coureurs super forts comme Ethan Haither, Aaron Gate.
03:44J'ai pris chaque course les unes après les autres.
03:49J'ai essayé de surveiller ces coureurs pour éviter qu'ils prennent trop d'avance au classement.
03:54Limite, laisser plus des outsiders comme Fabio ou Yuri devant et après être en position de chasseur.
04:00C'est beaucoup plus facile qu'être devant et défendre.
04:04Fabio a été super fort.
04:06Rester sur la boîte en étant en tête avec des Larsen, des Ethan Haither, des Aaron Gate qui vous attaquent, il faut un sacré physique.
04:16J'ai profité de cette situation.
04:18C'était la stratégie que j'avais mis en place.
04:21Pas non plus prendre la tête trop tôt, à la tempo j'ai laissé un peu filer.
04:24Mais toujours en gardant un oeil sur Gate qui fait 9, Haither qui fait juste derrière moi.
04:29C'était les éloignés du podium.
04:31Derrière, c'est toute la tactique de l'omnium et la stratégie.
04:36Aujourd'hui, c'est passé comme sur des roulettes.
04:38Tu en as déjà connu des Marseillaises ?
04:40La Marseillaise olympique du coup.
04:43Je n'ai pas réussi à la chanter.
04:45Je pense que si je chantais, c'était faux tellement j'étais ému.
04:48Devant toute l'équipe de France, mes parents qui étaient en tribune, je voyais mon père encore pleurer, se cacher.
04:54Pour moi, c'est trop.
04:56Le fait de partir sur le tempo, c'est stratégique, c'est pas uniquement pour te préjurer ?
05:00Oui, c'est pour faire moins d'efforts aussi que les autres.
05:02Je voyais que dès le scratch, il y en avait qui avaient envie d'en découdre.
05:05L'omnium, c'est long.
05:07On peut faire beaucoup de différences sur la course au point.
05:10Je crois qu'à la course au point, j'ai marqué 60 ou 70 points.
05:13Alors qu'à la tempo, se mettre minable pour aller faire 36 points au lieu de 30, des fois, il faut calculer un peu.
05:19C'était bien aussi de laisser Fabio, Youri prendre la tête.
05:24Pour moi, c'était excellent parce que ça faisait un coureur qui contrôle et moi derrière en chasse.
05:29Profiter des coureurs qui attaquent, qui relancent et l'obliger à lui à faire les efforts.
05:33Marquer les points, leur mettre la pression.
05:35Quand on a doublé, je savais que c'était dans la tête.
05:38Sur la course au point, tu arrives à savoir tout le temps à quel niveau tu en es ?
05:42Oui, tu as le classement imprimé dans la tête.
05:46Après, tu regardes l'écran.
05:48Tu sais, à chaque sprint, je lui ai repris deux points.
05:51Du coup, j'en ai 8 d'avance, etc.
05:53Après, c'est les automatismes.
05:55Mais moi, j'aime bien tout calculer.
05:57Je savais qu'à l'avant-dernier sprint, je mettais un gros écart.
06:01Après, j'avais plus qu'à rester dans sa roue.
06:04La clé, ça a été de boucher cette cassure-là quand il a essayé d'attaquer.
06:11L'élimination ?
06:12Oui, l'élimination.
06:14C'était une course mouvementée.
06:19C'était hyper agressif comme course.
06:21Ça frottait sale, comme on dit.
06:25Il n'y a pas eu de chute, mais ce n'est pas passé loin.
06:27Steven nous a dit que tu avais lu un livre cet après-midi.
06:30Comment ?
06:32Franchement, j'étais serein ce matin.
06:34C'était un truc de fou.
06:35Je n'ai jamais été aussi tranquille avant un Omnium.
06:38On a la chance de ne pas être au village olympique.
06:43Vous coupez ça.
06:46On est à la maison de la performance.
06:48On est top.
06:49On est un peu à l'écart.
06:50On peut vraiment couper un peu de la pression médiatique, etc.
06:54C'était quoi le livre ?
06:55Je ne sais pas.
06:58Merci Benjamin.
06:59Bravo.
07:00Merci Steven.
07:01Bravo.