Émeutes au Royaume-Uni : le pire est-il à venir ?

  • il y a 2 mois

Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Thomas Schnell pour débattre des actualités du jour.
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Transcription
00:00On penchons-nous désormais sur un sujet autrement dramatique,
00:03ces violences annoncées à nouveau ce soir au Royaume-Uni.
00:08Est-ce que le pire est à venir, Gilles Boutin ?
00:12En tout cas, les forces de l'ordre britannique veulent absolument contenir la menace.
00:18Reste à voir comment la population va réagir.
00:22Il ne faut pas trop s'avancer.
00:24Je ne suis pas certain qu'on ait affaire à quelque chose d'aussi organisé qu'on l'a prétendu.
00:29Dès lors que vous avez un déploiement de force omniprésent et une réponse pénale qui a été très forte,
00:35il est possible que la nuit soit plus calme.
00:39Maintenant, ce qui est en cause, c'est la réponse du gouvernement britannique
00:45qui a inventé la réponse du martial du politiquement correct.
00:53Pourquoi politiquement correct ?
00:56Il a utilisé des termes extrêmement durs vis-à-vis des émeutiers,
00:59à juste raison dans la mesure où personne n'a le droit de se substituer à la loi et à la force publique,
01:05mais des termes tellement durs sans les accompagner d'éléments pouvant laisser entendre à la population
01:11qu'ils comprenaient l'origine de leur frustration,
01:14qui était liée à la question migratoire, à la question communautaire.
01:18Mais ça, il l'a mis complètement de côté en mettant sur le dos uniquement de l'extrême droite
01:24en assimilant l'intégralité des personnes qui ont manifesté leur colère à l'extrême droite.
01:28Et donc, ce faisant, il ne fait qu'alimenter la frustration de la population.
01:31Il ne faut pas d'abord imposer le rétablissement de l'ordre avant d'entamer le dialogue politique.
01:35Il est évidemment essentiel de rétablir l'ordre, mais il faut avoir cette capacité,
01:39surtout quand on se dit de gauche, de toucher la fibre quotidienne.
01:44Quelle est la réalité de ces gens ?
01:46Et je pense qu'il aurait pu réussir à l'accompagner de ce petit discours en expliquant
01:50« Vous ne pouvez pas faire ça, on vous l'interdit, mais nous comprenons.
01:54Et d'ailleurs, on vous a dit pendant la campagne que nous traiterions les problèmes qui vous inquiètent. »
01:59Alors, les premières sanctions sont tombées, il y a eu des condamnations,
02:02mais malgré cela, est-ce qu'on risque de franchir un cran ce soir, Bernard Konadad ?
02:05On voit que la situation est explosive, qu'elle évolue extrêmement vite,
02:09y compris dans sa radicalité et sa radicalisation.
02:11Mais les problèmes restent les mêmes.
02:13Le problème, c'est une émotion face à un drame inadmissible,
02:18une paupérisation des classes moyennes et des classes ouvrières
02:21qui se radicalisent tout simplement,
02:23parce qu'aujourd'hui elles considèrent qu'elles ne peuvent plus vivre, qu'elles doivent survivre,
02:27et surtout que vis-à-vis des populations aidées,
02:31notamment des migrants,
02:33elles n'ont pas la même qualité de vie.
02:35Et troisièmement, c'est une vraie préoccupation sur l'insécurité.
02:40Et là, ça fait partie aussi des difficultés du nouveau gouvernement britannique
02:46qui devra, comme le prochain gouvernement français,
02:49répondre aux attentes de leurs concitoyens.
02:52C'est ça aujourd'hui qui me semble important.
02:54Le problème des migrants n'est pas nouveau au Royaume-Uni.
02:59Je vous rappelle qu'il y a quelques semaines,
03:01on s'était émus de voir des migrants mis sur des péniches,
03:04considérés qu'ils ne savaient pas où les mettre, donc ils les mettaient sur les péniches,
03:08ce qui serait inacceptable chez nous en matière d'hébergement.
03:12Et puis on voit bien aussi que ce n'est pas que l'extrême droite,
03:15même si aujourd'hui elle a le lit en matière d'organisation,
03:18il y a eu dans ces manifestations, il y en a encore,
03:21des populations d'origine migrante qui sont intégrées au Royaume-Uni
03:24et qui considèrent que leur situation économique et sociale
03:28n'est pas à leur hauteur de ce qu'elles doivent attendre.
03:30Alors là, ce soir, il y a des cibles qui ont été désignées
03:33par les manifestants des cabinets d'avocats,
03:35des centres qui accueillent les migrants.
03:39Ce n'est pas envisageable, une chose pareille en France,
03:41une chasse à l'homme, on peut le dire.
03:43Une chasse aux migrants, une chasse aux musulmans.
03:46En tout cas, ça ne s'est pas produit en France.
03:50Je ne pense pas que ça puisse se produire dans les prochaines années
03:55parce que le cas de figure britannique n'est pas exactement celui de la France.
04:00On pourrait repenser, on y pense naturellement à ce qu'avait dit Gérard Collomb
04:06en quittant le ministère de l'Intérieur,
04:09en disant que nous vivions côte à côte,
04:12bientôt nous serons face à face.
04:14Je pense que sa phrase est prophétique pour la France,
04:18mais elle est déjà en train de s'appliquer.
04:20On est en train de voir le résultat au Royaume-Uni
04:22qui avait des ferments beaucoup plus prolifiques, si j'ose dire,
04:26avec une logique communautariste totalement assumée.
04:29Partant de là, le Royaume-Uni était très mal outillé
04:34pour assimiler sa population.
04:36D'ailleurs, ce n'était pas son objectif.
04:38On ne peut pas être surpris par la tournure des événements.
04:42C'est parce qu'il y a eu ce fait d'hiver atroce
04:48avec un jeune garçon de 17 ans qui a tué trois petites filles.
04:52Mais ça aurait été autre chose.
04:54C'est comme les gilets jaunes en France.
04:56Les gilets jaunes, ça a explosé avec une histoire de taxes,
04:58ça aurait explosé sans doute avec autre chose.
05:00Le gouvernement persiste à ne pas nommer l'origine du problème.
05:04Ça alimente la frustration.
05:06Et derrière, la population ne peut que se tourner vers d'autres possibilités.
05:09Gilles Boutin, Bernard Cohen Haddad, vous restez avec nous.
05:11Dans un instant, on va se demander si on reste dans un mouvement purement politique
05:15ou si on bascule dans la violence et le hooliganisme au Royaume-Uni.
05:19Ce sera juste après le rappel de l'actualité sur Europe 1.
05:2419h31, Europe 1 Soir, toujours accompagné de nos débatteurs,
05:27Gilles Boutin, chef des informations du Figaro,
05:30Bernard Cohen Haddad, président du Cercle de réflexion Etienne Marcel
05:33et président de CPME Paris, Île-de-France.
05:35On se demande si le Royaume-Uni va basculer une nouvelle fois ce soir dans la violence.
05:40Une semaine après, un peu plus d'une semaine maintenant après cette attaque
05:43au couteau qui a coûté la vie à trois jeunes filles à Southport
05:46et une rumeur qui s'est répandue concernant l'origine et la religion présumées,
05:51rumeur fausse de l'assaillant.
05:54Ce soir, il y a des cabinets d'avocats qui ont été ciblés par les manifestants,
05:59des cabinets d'avocats qui viennent en aide juridiquement aux demandeurs d'asile
06:03et on a assisté aux premières condamnations aujourd'hui.
06:06Un homme de 53 ans condamné à trois ans de prison pour avoir frappé un policier au visage
06:11la semaine dernière, un autre de 41 ans qui a pris 20 mois de prison
06:15pour trouble à l'ordre public et incitation à la haine raciale
06:18et un autre condamné à deux ans et demi de prison pour avoir incendié un véhicule de police.
06:23Je me demande si ce soir, nous sommes toujours dans une manifestation politique
06:28ou si on bascule dans de la violence pure. Gilles Boutin.
06:32C'est de la violence pure et c'est de la violence qui ne peut pas être justifiée
06:39et c'est le cas dans toutes les démocraties et tous les pays d'ailleurs.
06:45Maintenant, on peut faire comme le gouvernement britannique
06:50et s'arrêter une grille de lecture extrêmement manichéenne ou idéologisante
06:55en pointant du doigt uniquement l'extrême droite.
06:58Mais il suffit effectivement de voir des reportages
07:01où on voit des gens de toutes origines qui s'inquiètent pour leur sécurité
07:05pour comprendre que ce n'est pas des petites factions d'extrême droite qui sont à la manœuvre.
07:11Donc derrière, est-ce qu'on va rentrer dans une ultra-violence ?
07:16C'est difficile à anticiper, tout dépendra de la capacité du gouvernement
07:22à encore une fois faire comprendre à ces personnes qui se sentent frustrées,
07:27qui se sentent extrêmement inquiètes au quotidien pour leur sécurité,
07:30qu'elle soit physique ou alors simplement culturelle.
07:33Donc de la capacité du gouvernement à leur apporter des éléments qui vont les rassurer.
07:38Et là-dessus, Kirstar Murray commet une erreur parce que pendant sa campagne,
07:43ce qu'il lui a profité, c'est qu'il avait pour une fois, pour le camp travailliste,
07:47affirmé qu'il ferait de la question migratoire une priorité,
07:51qu'il contrôlerait les frontières.
07:54Et par son discours, il envoie le signal totalement inverse,
07:59et donc il est en train de s'aborder son début de législature,
08:03ça fait seulement un mois qu'il est aux commandes.
08:06Bernard Cohen, à date, on est face à de la frustration ou du hooliganisme ?
08:10Je crois qu'on est déjà face à une difficulté pour le gouvernement travailliste
08:15qui est tout de suite les mains dans le kangouï, excusez-moi,
08:18face à une rébellion de la base qu'il ne contrôle pas,
08:22puisqu'il est obligé de sanctionner.
08:24Le discours du Premier ministre a été très ferme tout de suite,
08:26il aurait pu être plus conciliant,
08:28ce qui aurait peut-être évité ce type d'exaction et d'attaque.
08:31Moi je pense qu'on est effectivement une partie du hooliganisme,
08:34on est aussi dans une rébellion de territoire, ce qu'on appelle des guérillas urbaines.
08:38Attendez, on fait aussi bien nous à Saint-Sauline, dans les mégavacines,
08:42on sait faire tirer sur les policiers, tirer sur les gendarmes, incendier des véhicules,
08:47on sait faire aussi.
08:48Donc moi je pense qu'il faut être extrêmement prudent quand on veut donner des leçons,
08:51c'est vrai que ce n'est pas facile ce qui se passe au Royaume-Uni,
08:55surtout alors que ça a été bien dit par Gilles Boutin tout à l'heure,
08:58que le programme des travaillistes était plutôt un programme qui était engagé
09:02à faire un certain nombre de réformes qui n'avaient pas été faites auparavant,
09:05ceci étant, ce que l'on vit aujourd'hui au Royaume-Uni,
09:08c'est une attente urgente des populations pour que ça change.

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