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  • 01/08/2024
#AVousCognacqJay https://www.facebook.com/profile.php?id=61562875836899 Le journaliste Daniel Pautrat - tout le monde se souvient encore de ses reportages et interviews en direct du Tour de France - est le premier à nous raconter "Son 15 Rue Cognacq-Jay" Je l'ai rencontré ce mercredi après-midi. Grand merci cher Daniel !

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TV
Transcription
00:00Daniel Potra, bonjour.
00:02Bonjour.
00:03Regardez, je vous tends ceci, qu'est-ce que ça vous accouvre ?
00:05Oh là là !
00:07L'heure 15 rue Cognac j'aime, ça c'est...
00:11C'est une adresse fabuleuse, c'est toute l'histoire de la télévision.
00:15Tout est parti de là, voilà.
00:18Et j'y étais presque, pas tout à fait au début quand même,
00:22parce que j'ai fait mes débuts à la radio,
00:25et j'avais la chance.
00:27France Inter se trouvait aux 118 Champs-Elysées.
00:31Et ensuite, en 1964,
00:34le général de Gaulle a inauguré la maison de la radio
00:38dans le 16e arrondissement,
00:40la maison ronde qui existe toujours bien sûr.
00:43Et à ce moment-là, c'était la radio qui était le premier média.
00:48Mais à partir des années 67-68,
00:51juste après mai 68 d'ailleurs,
00:53à partir de 68-69,
00:55la télévision est arrivée en couleur.
00:59Et là, tous les journalistes de la radio
01:03rêvaient d'une chose,
01:05traverser la Seine
01:07pour aller de la maison de la radio dans le 16e
01:11aux 15 rues Cognac j'aime,
01:13à la télévision dans le 7e.
01:16Vous vous souvenez, vous, votre première fois ?
01:19Je m'en souviens, parce que c'est Jacqueline Baudrier
01:22qui était la directrice de la radio,
01:25qui a été nommée directrice de la deuxième chaîne de télévision
01:29qui venait d'être créée
01:31et qui avait pour but de lancer la couleur.
01:35Et je me suis retrouvé à faire la page sportive des journaux télévisés.
01:40Il y avait une page sportive tous les jours dans les journaux télévisés
01:44et le journal télévisé était présenté, entre autres,
01:47par Léon Zitrone même à ce moment-là.
01:50Je me suis retrouvé aussi dans la bande de Raymond Marciac,
01:54un ancien athlète, un coureur de 400 et 800 mètres
01:59qui était devenu le directeur du service des sports de la télévision,
02:03qui était l'un des premiers présentateurs
02:06de l'un des premiers journaux télévisés également.
02:09Et Raymond Marciac, directeur du service des sports,
02:13m'a engagé à ce moment-là
02:17et j'étais à la fois responsable du sport dans les journaux
02:22de la deuxième chaîne aux couleurs
02:25et puis commentateur des grands événements sportifs
02:28et en particulier du Tour de France
02:31avec Richard Lyot et Jean-Michel Lyot
02:34à la télévision puisqu'après les événements de mai 68,
02:38les Roger Coudert, Robert Chappate
02:41qui étaient les grandes figures du service des sports de la télévision
02:45avaient été en conflit avec leur patron Raymond Marciac
02:48et avaient été évincés de la télévision.
02:51Ils y sont revenus en 1975
02:55quand il y a eu la séparation des chaînes
02:58et quand il y a eu la création de TF1, Antenne 2 et France 3.
03:03Vous étiez l'homme des grands directs de sport.
03:07Vous avez dû dire mille fois
03:10ici je ne sais quel terrain de jeu à Vaucognac-Jay.
03:14Absolument, absolument. On le disait en permanence.
03:17Mais ça faisait partie, ça sortait même naturellement
03:20parce que je pense qu'il y a beaucoup de gens peut-être
03:23qui en écoutant se demandaient qu'est-ce que ça veut dire.
03:26Alors de temps en temps, on l'expliquait.
03:30Mais le 15 rue Cognac-Jay,
03:33on y est resté jusqu'en 1992
03:38puisque c'est en 1992 que TF1 d'abord a déménagé
03:44pour s'installer au siège qui est toujours le siège actuel à Boulogne.
03:49Et puis à ce moment-là, moi au sein du groupe TF1
03:53j'ai créé la chaîne Eurosport.
03:56Et en fait, je l'avais créé juste avant le déménagement
03:59le 22 mai 1991 à 19h30
04:04dans un studio improvisé sur le palier du 3ème étage
04:10du 15 rue Cognac-Jay devant un écran noir.
04:14J'ai compté 5, 4, 3, 2, 1, 0.
04:18La lumière a jailli. Eurosport démarrait.
04:22Et Eurosport, j'en suis resté le patron jusqu'au début des années 2000.
04:28Et puis il y a une dizaine d'années,
04:31TF1 l'a revendu à un groupe américain, Discovery,
04:35pour un milliard d'euros.
04:38Vous étiez un journaliste de terrain.
04:40Vous aviez un bureau au 15 rue Cognac-Jay ?
04:42Bien sûr, on avait chacun notre bureau quand même.
04:44Il y avait une salle de rédaction
04:46où il y avait plusieurs petites salles d'ailleurs
04:48parce que c'était comme ça.
04:51C'était pas grand la rue Cognac-Jay.
04:54On était un peu serrés.
04:57Mais tout le monde se connaissait,
05:00tout le monde se fréquentait.
05:02Je ne sais pas, il y a des détails.
05:04Par exemple, un jour,
05:06le directeur de la sécurité du 15 rue Cognac-Jay,
05:12je le croise dans les rues de Sèvres où j'habite.
05:16On était surpris de se rencontrer.
05:18Il m'a dit que j'habite Sèvres.
05:20Il était arrivé peu de temps avant.
05:23Je n'avais pas des rapports particuliers.
05:25On se connaissait comme ça.
05:27Mais là, à partir du moment où il était de Sèvres,
05:31où on est devenus copains, on était voisins,
05:33j'étais sûr d'avoir ma place réservée.
05:36Et quand j'arrivais en voiture,
05:38j'avais toujours une place devant le 15 rue Cognac-Jay.
05:41Je n'avais pas besoin de chercher à me garer dans le quartier.
05:45Quand on parle avec les gens du quartier,
05:47ils nous parlent comme vous.
05:49Vous parlez avec cœur, avec affection,
05:51avec passion de cette rue et de cette agitation
05:55qu'il y avait dans leur rue.
05:57La rue Cognac-Jay, ce n'est pas une rue commerçante.
06:01Il n'y avait qu'une chose dans la rue Cognac-Jay,
06:04c'était la télévision.
06:06Il n'y avait rien d'autre dans cette petite rue.
06:09Par exemple, il y a une agence bancaire
06:12au bout de la rue Cognac-Jay, à Pomposquet,
06:15le Crédit Lyonnais, LCL.
06:17Depuis que je suis arrivé en 1969,
06:21au mois de novembre 1969,
06:24rue Cognac-Jay,
06:26ma banque est toujours restée la même.
06:29Pourquoi ?
06:31Alors qu'il y a d'autres agences plus proches de chez moi.
06:34Mais pour moi, c'est toujours un plaisir
06:36de me retrouver rue Cognac-Jay.
06:39Et c'est d'autant plus un plaisir
06:41que j'ai deux filles qui sont mariées,
06:44qui sont mères de famille
06:46et qui habitent toutes les deux
06:48à moins de 200 mètres de la rue Cognac-Jay.
06:52Quand je parle avec vos collègues,
06:54ils parlent avec cette même passion,
06:56avec cette même...
06:57Il n'y a pas de mélancolie,
06:58mais il y a quelque chose de joyeux
07:00de cet immeuble, de ce numéro 15.
07:02Non, mais parce qu'on était des pionniers.
07:04C'est nous qui l'avons fait, la télévision.
07:06Quand je vois Eurosport,
07:08ce que c'est devenu aujourd'hui,
07:10moi, c'est mon bébé, quand même.
07:12Et puis, la télévision en couleur,
07:15elle est arrivée...
07:17Je commentais, je dis,
07:19le Tour de France, les courses cyclistes.
07:21L'hiver, je commentais le ski.
07:23Et puis, je commentais aussi
07:25les Jeux Olympiques.
07:27Je vais vous citer des anecdotes, par exemple.
07:29Un jour,
07:34c'était à la fin des années 80,
07:36sur TF1,
07:38on avait...
07:40J'avais lancé l'hiver
07:42quand le football était au repos.
07:44Il y avait une trêve des footballeurs
07:46en décembre et janvier, à ce moment-là.
07:48Et à la place, j'avais mis une émission
07:50qui s'appelait Téléski.
07:52Et on avait un budget, bien sûr,
07:54qui était géré par un administrateur.
07:57Il s'appelait Jean Barberousse.
07:59Et un jour,
08:01je l'avais fait venir
08:03une cabine
08:05de téléphérique,
08:07ce qu'on appelle les œufs, là.
08:09Je l'avais fait venir
08:11et je l'avais installée dans le studio,
08:13rue Cognacjet.
08:15On commençait à faire des trucages
08:17à la télévision.
08:19Et le réalisateur avait réussi
08:21à faire comme si de la neige tombait.
08:23Et j'étais, moi, en tenue de ski
08:25pour présenter l'émission.
08:27Et j'avais même fait venir mes deux petites-filles
08:29à ce moment-là, qui avaient
08:315 ou 7 ou 8 ans,
08:33qui étaient en tenue de ski aussi.
08:35On avait des skis également.
08:37Et le lundi matin, je vois
08:41l'administrateur
08:43qui me faisait la gueule un peu.
08:45Il me dit
08:47« Mais avec quel budget vous avez déplacé ?
08:49Vous êtes allé au reportage
08:51au sport d'hiver ? »
08:53Ce n'était pas prévu.
08:55Il n'y avait pas de budget pour cette émission.
08:57Il n'avait pas compris qu'on avait fait un trucage
08:59et que tout s'était passé
09:01dans la rue Cognacjet.
09:03Un autre truc encore.
09:05Quand on est revenu des Jeux olympiques
09:07de Séoul en 1988,
09:09il y a
09:11un cavalier français,
09:13Pierre Durand,
09:15qui avait remporté la médaille
09:17avec son cheval, Japlou.
09:19Le lendemain,
09:21quand il est rentré en France,
09:23avec Yves Mourousi, dans le journal
09:25de 13 heures, on a fait venir
09:27Japlou dans le studio de la rue Cognacjet.
09:29C'est la première fois,
09:31la seule fois d'ailleurs, où un cheval
09:33a pu venir.
09:35On a vécu
09:37on était des pionniers,
09:39on était des amoureux,
09:41on était des passionnés.
09:43Notre passion ne se perd pas.
09:45Notre passion continue.
09:47Il suffit de repasser
09:49rue Cognacjet pour rajeunir
09:51de 20 ou 30 ans.
09:53Vous avez cité un nom qui pour moi
09:55est indissociable du vôtre, Jean-Michel Leliot.
09:57Oui.
09:59Pour moi, vous étiez, non pas
10:01inséparable, mais vous êtes deux voix
10:03du sport.
10:05Il y en avait quelques-uns.
10:07La première génération,
10:09c'était avec
10:11Chapade dans le
10:13cyclisme,
10:15Thierry Roland dans le football
10:17et Coudert dans le rugby.
10:19Et puis après, il y a eu
10:21une autre génération avec
10:23Michel Drucker,
10:25Michel Drey dans le football,
10:27Leliot,
10:29Dio et Potra
10:31dans le cyclisme.
10:33Moi, j'étais dans les sports d'hiver avec
10:35Perrault.
10:37Et puis,
10:39c'est comme ça.
10:41Après, ça a continué d'autres générations.
10:45Une plaque, aujourd'hui, dans quelques
10:47mois, sera imposée à la façade
10:49du 15 du Cognacjet pour rappeler
10:51effectivement les pionniers, les Pierre Sabag,
10:53le fameux à vous Cognacjet, les studios.
10:55C'est important qu'il y ait quelque chose
10:57pour se souvenir de ce lieu ?
10:59Bien sûr, parce qu'il faut
11:01entretenir cette mémoire.
11:03Ce souvenir des pionniers,
11:05il faut les remercier parce que
11:09on travaillait avec des
11:11bouts de ficelle. C'était vraiment
11:13du bricolage. Parfois, la télévision,
11:15j'ai vu toute l'évolution
11:17de cela.
11:19La télévision était en noir
11:21et blanc d'abord. Elle est arrivée
11:23vers 68-69
11:25avec les Jeux Olympiques de Grenoble
11:27et ceux de Mexico avec la couleur.
11:29Ensuite, même avec les Jeux
11:31Olympiques en 76,
11:33j'ai vu l'arrivée du magnétoscope.
11:35En 1980,
11:37avec les Jeux Olympiques de Moscou,
11:39c'est la vidéo qui a remplacé le film.
11:41En 1988,
11:43avec les Jeux Olympiques de Séoul,
11:45c'est la haute définition qui est
11:47arrivée. En 92,
11:49avec les Jeux Olympiques d'Alberville,
11:51c'est la fibre optique.
11:53En 96, à Atlanta, aux Jeux Olympiques,
11:55on a découvert l'Internet.
11:57Et là, maintenant,
11:59en 1924,
12:01les Jeux Olympiques de Paris
12:03sont les Jeux de l'intelligence artificielle.
12:05Le progrès,
12:07ça ne s'arrête pas.
12:09Mais à l'origine du progrès, il y a les pionniers.
12:11Et les pionniers,
12:13ils se trouvent où ?
12:15À vous, Coyenges !

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