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  • 30/07/2024

Catégorie

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Éducation
Transcription
00:00Pour le confort de tous, merci d'éteindre votre téléphone portable.
00:10Nous sommes le 2 octobre 2003.
00:30La commune de Saint-Romain-en-Jarée est calme, en ce jeudi après-midi.
00:36Et pourtant, un événement sans précédent va se produire.
00:4516h, c'était à Codis.
01:11J'étais pas de garde ce jour-là, mais une demi-heure avant l'heure d'appel,
01:17j'ai reçu un coup de fil de Solange qui me dit « est-ce que tu pourrais pas me remplacer ? »
01:21parce que ce soir j'ai une réunion de compagnie et j'aimerais bien être présente pour présenter mes projets auprès de mes chefs de centre.
01:31Donc à 16h, on avait rendez-vous sur le parking et puis on était en train d'échanger le matériel.
01:39A ce moment-là, elle reçoit un coup de fil en disant, le Codis lui dit « il y a un départ feu de ferme à Saint-Romain-en-Jarée dans la Vallée du Gé »
01:47donc Vallée du Gé que je connaissais bien puisque j'y avais passé 20 ans.
01:50Donc je lui dis « écoute, assure ta réunion de chef de compagnie et puis moi je vais faire le feu de ferme si nécessaire, si jamais on m'engage à Saint-Romain-en-Jarée. »
02:04Dès lors, des moyens sont engagés sur les casernes des alentours.
02:09Le capitaine Keller va très vite être appelé à se rendre sur les lieux.
02:14Donc j'ai été engagé un peu plus tard, arrivé sur les lieux vers 5h moins 20.
02:18Les engins sont là, donc il y a le CCR de Saint-Martin-la-Pleine, le CCI de Saint-Christophe et le FPTSR et le chef de groupe de Rive-de-Gier.
02:27Ils sont installés, ils sont alimentés sur un poteau à l'entrée à proximité à 50 mètres.
02:33Et je fais ma reconnaissance, le feu est relativement virulent, il est en propagation.
02:38Ils sont en train de bien protéger la maison d'habitation.
02:41Et puis on fait le point avec le chef de groupe, le chef d'agrère et le propriétaire.
02:46À l'intérieur, il y a 150 tonnes de pommes, il y a de la paille, il y a du foin, il y a des cagettes, à peu près 7000 cagettes en plastique et autant en bois.
02:56Donc il n'y a pas de risque particulier, si ce n'est une bouteille de gaz ou deux d'ailleurs, dans le studio qui est au-dessus du hangar, là où habitait le fils du propriétaire.
03:11Donc je fais le point avec eux et on voit très vite qu'il y a un problème d'alimentation en eau.
03:15Donc je vais passer mon message au CODIS pour faire un point de situation sur le fait qu'on n'est pas maître du feu et qu'on a besoin de renforts en eau.
03:26Donc je demande deux CCGC et une MPR.
03:29Et à ce moment-là, je me rends très vite compte qu'il faut se remettre dans le contexte de 2003.
03:32En 2003, on n'a pas encore activé le nouveau CTA CODIS.
03:35Et on est encore sur l'ancien réseau avec l'antenne sur le toit de Saint-Etienne-la-Métare.
03:41Et donc on a des grosses difficultés radio.
03:43Donc je passe une fois, deux fois, trois fois quelques messages.
03:45Donc à ce moment-là, on se rend compte qu'on a de grosses difficultés radio.
03:48Et le contexte de l'époque, c'est aussi que le réseau de téléphonie mobile est très limité.
03:54Donc le Nokia 3310 ne passe pas.
03:57Et donc on n'a pas de réseau téléphonique non plus.
04:00Alors à notre époque, ça paraît un petit peu bizarre, mais seulement 13 ans en arrière, ça ne marchait pas.
04:04CODIS 42, ici Capitaine Carrière par l'Est.
04:0842, ici Capitaine Carrière, si vous me recevez, si vous me recevez,
04:12je demande 2 CTGC en renfort.
04:16Je demande 2 CTGC en renfort.
04:18Reçu, par l'Est.
04:212 CTGC.
04:23Capitaine Carrière.
04:25Capitaine Carrière, ici CODIS 42.
04:28Je vous envoie 2 CTGC.
04:34Donc voilà la situation.
04:36Gros problème d'alimentation en eau.
04:38Demande de renfort.
04:40Et donc on fait la part du feu.
04:42On supprime les lances qui sont inutiles à l'extérieur.
04:44Et on se concentre sur la protection de l'habitation et la protection du studio.
04:49Voilà la situation à mon arrivée.
04:52J'étais sapeur-pompier volontaire civil à Rive-de-Gillet.
04:57Et ce jour-là, j'étais équipier au fourgon.
05:01Je faisais partie du CCR de Saint-Martin-la-Pleine.
05:04Et dans un premier temps, j'étais engagé en tant que BAL.
05:08Les équipes sur place vont tout faire pour maîtriser le feu.
05:11Mais le pire n'était pas encore arrivé.
05:14Alors que la maison est protégée.
05:16Et que le feu semble baisser d'intensité.
05:37Au moment de l'explosion, je suis à l'arrière du FPTSR.
05:41Avec le fils du propriétaire.
05:43On vient de faire le point avec le chef de groupe.
05:47Et donc là, ça explose de manière très violente.
05:50Ça me projette au sol.
05:52Et quelques secondes après, je me relève.
05:54Je me retourne.
05:55Et là, j'ai une boule de fumée qui me vient dessus.
05:59Et là où étaient les autres avant, je ne vois plus personne.
06:02Et là, je me dis, compte tenu de la violence du souffle que j'ai perçu.
06:06Je me dis, ils sont probablement tous morts.
06:09C'est ma première réaction rapide.
06:14Et là, je ne vois plus personne.
06:16Même pas le fils du propriétaire qui était à côté de moi.
06:18Même pas le conducteur du FPTSR qui n'était pas loin.
06:20Et là, je me dis, il n'y a pas d'autre solution.
06:23Je vais aller appeler les renforts.
06:25Je commence à monter en direction de ma veille à chair,
06:27qui était à peine à 50 mètres de là.
06:30Et en remontant, à peine après avoir fait quelques mètres,
06:34je commence à sentir la pluie, la grêle.
06:37La grêle qui me tombe sur le casque.
06:40Alors, la grêle de débris.
06:42Donc, ça fait toc, toc, toc, toc.
06:45Et puis, ça accélère.
06:47Et puis, d'un coup, un bout de moellon à droite, un bout de moellon à gauche.
06:52Un IPN qui tombe, de la tôle ondulée.
06:56Divers débris évariés qui tombent tout autour de moi.
06:58Et là, je rentre à la tête dans les épaules.
07:00Et puis, je dis, il ne m'a pas eu la première fois.
07:03Il veut essayer de m'avoir la deuxième.
07:05Il veut essayer de me finir.
07:07Alors là, je dis, mais non, je vais résister, il ne m'aura pas.
07:10Donc, je rentre la tête dans les épaules.
07:12Et je monte en marchant doucement jusqu'à la veille à chair.
07:16Le plus rapidement possible, mais le plus en sécurité possible.
07:19Prêt à accueillir le gros morceau qui allait me tomber dessus.
07:25Donc, je marche jusqu'à la veille à chair.
07:26Je n'ai pas de gros morceau qui me tombe dessus.
07:28Il tombe à droite, il tombe à gauche, mais il ne me tombe pas dessus.
07:30Et je suis content, j'arrive à la veille à chair, enfin.
07:32J'ouvre la porte, et à ce moment-là, vlam !
07:35Une palette qui me tombe sur la tête.
07:37Alors, je ne sais pas quel trajet elle a fait cette palette,
07:39mais elle est montée certainement très haut.
07:40Elle m'a laissé le temps d'arriver jusqu'à la voiture.
07:42Elle m'est tombée dessus.
07:43Un morceau de palette, en tout cas, qui me tombe dessus.
07:46Une palette enflammée.
07:47Donc, la voiture a amorti le choc.
07:50Elle me tombe en même temps dessus.
07:51Je ferme la porte, et je rentre avec la palette enflammée dans la veille à chair.
07:58Donc, je jette le morceau de palette enflammée qui est tombé sur le siège
08:03et qui est en train de mettre le feu au siège,
08:05par la fenêtre de droite qui était restée ouverte.
08:07Et là, je dis, ouf, enfin en sécurité.
08:10Et là, du coup, je dis, je suis en sécurité dans ma voiture.
08:15Je vais pouvoir appeler les secours.
08:17Et là, comme les essais précédents de transmission radio n'avaient pas très bien fonctionné,
08:22j'ai lancé un message en l'air,
08:25me disant que forcément, dans la vallée du G, ils allaient entendre mon message,
08:28même si le CODIS ne l'entendait pas.
08:29Le message allait être perçu par les centres de la vallée.
08:34Donc, j'envoie un message, n'étant pas certain d'avoir bien vu clair.
08:40J'ai deux hypothèses.
08:42C'est soit j'ai un peu surdimensionné l'événement,
08:48et ils vont tous très bien, ils sont sur leurs deux jambes,
08:50et puis ils continuent leur opération.
08:53Soit je ne me suis pas trompé, ils sont tous morts.
08:56Donc, je passe mon message.
09:16Et puis là, je dis, bon, maintenant, il faut que j'y retourne,
09:19et que j'aille porter secours à mes collègues,
09:21ou simplement les retrouver en bonne santé.
09:23Donc, je redescends dans cette fumée,
09:26parce que là, la fumée est persistante, elle est moins épaisse, mais elle est persistante.
09:29Et puis, je commence à redescendre.
09:30Et là, il me semble croiser un moment vironique.
09:32Et le premier que je trouve, c'est Manu.
09:35Alors, Manu, c'est particulier, parce que Manu est allongé sous le mur pignon
09:40du hangar agricole qui lui est tombé dessus.
09:43Manu est allongé à plavante, il a la tête sur le côté, il a le bras dans le dos.
09:48Et il me dit, bah Gérard, sors-moi de là, je suis en train de griller comme un steak.
09:52Je me suis retrouvé face contre le sol,
09:57et le bâtiment s'est effondré sur moi.
10:00À ce moment-là, j'ai entendu ma colonne vertébrale qui a craqué.
10:07J'ai eu beaucoup de souffrance, bien sûr, dans cet accident,
10:09mais c'est une poutre enflammée qui était sur ma jambe gauche.
10:13Et j'ai toujours, au fond de l'oreille, ce bruit de crépitement,
10:19comme un steak dans une poêle. Je brûlais vif.
10:22J'ai entendu des bruits de ferraille, j'ai entendu des collègues qui cherchaient.
10:28Et je me suis dit, Seigneur, donnez-leur la force de pouvoir me sortir de là.
10:35Manu, c'est particulier parce que, quand j'étais chef de centre en 1999,
10:41un arbre était tombé sur mes hommes en intervention,
10:45et le premier que j'avais rencontré quand je m'étais rendu sur opération,
10:49c'était Manu, il avait pris l'arbre sur la tête.
10:52Et là, le premier que je trouve sous les décombres, c'est Manu.
10:55Donc Manu me dit de le sortir. Je lui dis, t'inquiète pas, je vais te sortir de là.
11:00Et Manu ne voyait pas à côté de lui Jean-Michel.
11:03Jean-Michel qui, lui, était sous le même mur,
11:06coincé de la même manière, mais il était inconscient.
11:10Et il écume rose.
11:12Quand on écume rose, on se doute que les poumons ne sont pas en très bon état.
11:16Et là, je me dis, Jean-Michel, il est entre la vie et la mort.
11:20Donc je prends mon énergie à deux mains,
11:23et puis j'essaye de lever ce mur de moellons.
11:26Bien sûr, tout seul, je suis dans l'incapacité de le faire.
11:30Donc je dis, il faut que j'aille chercher de l'aide là aussi.
11:33Je dis à Manu, t'inquiète pas, je vais chercher du monde,
11:36et je reviens, je ne t'abandonne pas.
11:38Je me rappelle d'une explosion, un bruit très sourd.
11:41J'ai l'impression que l'image est au ralenti dans ma tête.
11:45Et je sens, tout en ralenti, le souffle me projeter en arrière.
11:51Et c'est à ce moment-là que je me retrouve,
11:54comme on m'a surnommé après, dans les choux,
11:57et puis surtout, dans toutes les bâches de cerfs.
12:02Je me suis retrouvé dessous les bâches de cerfs,
12:05à être complètement perdu.
12:08Je me revois le geste, couché, de m'enlever les bâches,
12:11parce qu'il y avait une sensation, avec les fumées,
12:14d'être asphyxié.
12:16Et après, par contre, perdu.
12:18Plus savoir d'où venait l'explosion, en gros, où était la ferme.
12:22L'intensité du feu, en fait, avait baissé avant l'explosion.
12:26On a cru que...
12:29Il est rentré juste avec son jambe, donc on se demandait ce qu'il faisait là.
12:33Ils étaient venus rechercher les papiers.
12:35Au moment où ça a pété, on a entendu un grand boum.
12:39C'est ce que je me rappelle et que je garderai toujours,
12:41ces galandages qui étaient comme du carton.
12:44J'ai dit, ça va tout s'écrouler.
12:47Et on s'est dépêchés à prendre la sortie.
12:50Et au moment où ça a explosé,
12:54on n'a vu qu'une fumée, et puis...
12:57Moi, j'ai pensé à mon mari.
13:00J'ai dit, Légor ?
13:02On a arrosé, quoi, quelques secondes.
13:04On était juste en-dessus, vraiment, du foyer.
13:07On était au-dessus du foyer.
13:08Vraiment en-dessus, en-dessus.
13:09On a arrosé, quoi, quelques secondes, et là...
13:12Ça a pété.
13:14Une explosion très grave.
13:17Un bruit, un son très grave.
13:19On sentait la force du truc qui nous a poussés.
13:23Moi, dans ma tête, je me suis dit, tu ne vas pas griller là comme un petit cochon.
13:26Donc, j'ai vite remis mon masque,
13:28parce que je savais que je venais de changer ma bouteille.
13:30Donc, j'ai dit, le temps que les autres arrivent avec les échelles
13:33et les lances, ils vont nous secourir, quoi.
13:36Je me suis dit, ça y est, c'est fini, quoi.
13:37Ça n'aura pas duré longtemps, les pompiers, pour moi.
13:39Mais je m'imaginais quand même qu'il y avait Jean-Michel.
13:43Ça s'enchaîne super vite, les émotions.
13:45Le manut qui m'ont cherché.
13:46On se dit, ils vont venir me chercher.
13:47C'est des gars qui ont de la bouteille.
13:48Oui, qui ont l'habitude.
13:49J'ai senti que je n'étais pas coincé tant que ça.
13:51J'étais que sur les jambes et encore à peine.
13:53Et en me débattant, j'ai réussi à me sortir.
13:55Et Thomas, lui, par contre, il était enseveli beaucoup plus que ça.
13:58Et c'est là que j'ai sorti un morceau de mur.
14:00Et toi, tu m'as aidé derrière.
14:02Et c'est là qu'on est sortis.
14:03On s'est retrouvés debout.
14:04On avait trois, quatre pas à faire et qu'on avait tombé sur la fenêtre.
14:07Donc, j'ai dit à Thomas, tiens-moi mon aérie.
14:09Moi, je baisse la tête pour regarder si toute maitresse, elle tenait encore.
14:13Je dis si le plancher, il est tombé ou quoi.
14:15Et je fais un pas, deux pas.
14:17Et c'est à ce moment-là que je lève la tête.
14:19Et que, par la fumée qui passait et qui s'arrêtait de temps en temps,
14:23et bien là, on a vu le fourgon, le toit défoncé.
14:27Et on a vu Gérard qui arrivait à ce moment-là vers nous.
14:31Et là, comme par hasard, quand je vais vers le milieu du bâtiment, en quelque sorte,
14:37sortent de cette fumée épaisse mes deux héros.
14:41Mes deux héros, c'est Thomas et Anthony.
14:44Ils sortent comme dans les films américains.
14:48Ils sortent de cette fumée avec l'aérie de travers.
14:52Pas de masque, plus de casque.
14:54Enfin bon, ils sont tout noirs.
14:56Mais ils sortent en marchant lentement et en revenant vers moi.
14:59Et là, je dis, c'est quand même incroyable.
15:02Il y en a deux qui sont survivants et qui ont l'air en bonne santé.
15:05Même s'ils saignent un peu à droite, à gauche, ils ont l'air quand même en bonne santé.
15:08Et là, on entend râler, on baisse la tête.
15:11C'est ce que je me souviens. On baisse la tête.
15:14On les voit tous les deux, un face terre, un face ciel.
15:17Agonisant.
15:18Ils râlaient. Même Jean-Mi, on ne l'entendait plus, je crois.
15:21C'était Manu qu'on entendait, il me semble.
15:23Alors que moi, je m'imaginais que c'est lui qui allait nous sauver.
15:26Ça, c'était balèze.
15:28Et à nous trois, avec leur force et leur jeunesse, on arrive à lever ce mur.
15:34De quelle manière exactement, je ne me souviens plus très bien.
15:37On arrive à dégager Jean-Michel et on arrive à dégager Manu.
15:43On va ensuite découvrir Éric Therrier qui est sous l'échelle, sous les gravats.
15:49Éric Therrier qui est complètement tétanisé.
15:51Moi, je n'ai aucun souvenir de l'explosion, ni aucun bruit dans ma tête, ni aucune douleur.
15:57J'ai simplement cette image, et je l'ai toujours encore,
16:00c'est que j'avais la tête en l'air, je venais de la voir pénétrer à l'intérieur de l'appartement.
16:05Et je me suis en train de me dire, je ferme les yeux et je me dis,
16:07mais pourquoi tu fermes les yeux ?
16:10Et plus rien.
16:12Je le revois allongé, et je me tiens plus ou moins à sa tête,
16:16puis je pense qu'il n'entendait pas.
16:19Et je lui dis, ce n'est pas grave.
16:21Je me revois dire, ce n'est pas grave.
16:23C'était l'idée de rassurer.
16:25Et là, il y a d'autres gars qui arrivent, qui reviennent,
16:29qui étaient derrière le bâtiment, qui commencent à nous rejoindre.
16:32Marc Staron, qui est de Saint-Christophe-en-Gerais, qui est très costaud.
16:35Le Marc, il vient, et je lui dis, on va prendre la porte qui est là,
16:39et on va mettre Jean-Michel dessus.
16:41Donc il y avait une porte en bois qui traînait là,
16:43il fallait évacuer tout de suite, parce que le feu était en train de reprendre de plus belle,
16:46après le souffle, et il fallait évacuer tout le monde le plus loin possible.
16:49Donc Marc Staron, on met Jean-Michel sur la porte,
16:54on évacue Jean-Michel sur la porte,
16:57ensuite on évacue Éric Therrier sur un escabeau,
17:00avec des marches en bois et des tubes en ferraille.
17:03Donc on le met là-dessus, d'une manière très inconfortable,
17:06on n'avait que ça pour brancarder.
17:08Et puis le pauvre Manu, on le met sur une bâche souple,
17:12avec le bras dans le dos, toutes ses fractures.
17:15Il fallait évacuer le plus vite possible,
17:17et puis on n'avait plus qu'un passage,
17:20à droite du FPTSR, les 5.000 autres cagettes extérieures
17:24étaient en train de prendre feu,
17:26et le feu se propageait au FPTSR.
17:29Le feu se propageait au FPTSR,
17:31ça ne nous laissait plus de place pour remonter à droite du fourgon,
17:34donc on passait à gauche, et relativement rapidement,
17:37parce que le rayonnement était de plus en plus fort.
17:40Donc on évacue ces trois premiers.
17:43À un moment aussi, je me souviens appeler au milieu de la fumée,
17:47et j'appelle, je dis « il y a quelqu'un, il y a quelqu'un ? »
17:49pour savoir s'il y avait quelqu'un d'autre,
17:51et là je sens une main, et c'est Jean-Louis Janela qui est là.
17:55Et je l'attrape au ceinturon, il s'écroule,
17:57et enfin il était sorti des fumées, ça faisait bien un bon moment qu'il était déjà là.
18:01Il était content de trouver enfin une sortie,
18:04et lui aussi on l'évacue, à l'aide des pompiers qui sont valides.
18:10Et puis il y a également Anthony qui m'appelle,
18:13et il me dit « il y a Mickaël là-bas, viens vite voir, il y a Mickaël ».
18:18Et il y avait Mickaël un peu plus loin,
18:20qui avait été catapulté de son échelle à coulisses,
18:24et donc il avait fait une chute de plus de 8 mètres avec l'élan,
18:27parce qu'il était en contrebas.
18:29Et donc Mickaël avait une autoragie à droite, autoragie à gauche,
18:33enfin bon, il avait un beau trauma crânien, et il était inconscient.
18:37Je me suis senti complètement partir,
18:40j'ai vu que je partais, que je tombais de très très haut,
18:43et ça m'a paru long.
18:47J'ai vu défiler plein plein de choses,
18:51et pour moi, de mon point de vue,
18:56quand j'ai vu comment j'allais tomber,
18:59je savais que j'allais mourir.
19:03Et là je me suis dit, lui il est aussi dans un état très sérieux,
19:07comme Jean-Michel, il faut l'évacuer également.
19:10Là il est un peu plus loin, donc on a attendu un petit peu avant de l'évacuer,
19:13que la VSAV arrive.
19:15Bon après violente explosion,
19:17au moins dix blessés,
19:19au moins dix blessés,
19:21dans cinq graves,
19:23au moins dix blessés dans cinq graves,
19:25des sapeurs-pompiers,
19:27des patates civiles en inconfiné appel.
19:30Je confirme demande de renfort,
19:33de plusieurs équipes médicales,
19:36ainsi que les dizaines de VSAV.
19:41La VSAV arrive avec le lieutenant Collard,
19:44chef de centre de Rive-de-Gilles à l'époque,
19:47qui était les premiers secours arrivés en renfort,
19:50quand il a entendu mon message envoyé en l'air,
19:53le message de 17h11.
19:55Quand il y a eu l'explosion et le message de Joachim Keller,
20:01j'étais au standard à ce moment-là,
20:04et on est partis,
20:06on a pris le codice en disant on s'engage,
20:08et je suis parti avec la VSAV.
20:11Quand je suis arrivé sur les lieux,
20:13tous les pompiers qui avaient été ensevelis et blessés
20:17étaient tous regroupés au pied d'un mur en pierre,
20:24qui était sur leur droite,
20:26et ils étaient tous assis contre le mur.
20:31L'image marquante, c'était qu'on ne les reconnaissait pas les uns des autres,
20:35c'est-à-dire qu'ils étaient tous noirs recouverts de suie,
20:39même Jean-Michel Urban qui était blond avec des yeux très bleus,
20:43il était entièrement noir, même les cheveux étaient noirs,
20:46et ce qui nous permettait plus ou moins de les reconnaître,
20:48c'était leur galon.
20:50Et ça, c'était dur.
20:52On avait vraiment peur qu'il y ait des morts.
20:54Par ailleurs, j'ai vu aussi Alain Raymond,
20:57dans le pré à un moment, accompagné par deux pompiers.
20:59Lui, il était vraiment au cœur du bâtiment,
21:01et il est sorti par je ne sais où.
21:03Dans le hangar, finalement, on n'a pas entendu un gros...
21:08Entre l'explosion et qu'on s'est retrouvés avec Jean-Louis dessous,
21:12j'ai l'impression que ça s'est fait en quelques secondes.
21:16Après, j'ai un trou noir, après je ne sais plus,
21:18je vois sous les cônes un morceau de ciel,
21:22je revois, et je suis sorti par là,
21:25et après, comment je suis descendu de...
21:28J'ai vu que lui, il avait la tête en sang, etc.,
21:31mais il marchait, il était accompagné par d'autres pompiers.
21:35Donc là, je commençais à en récupérer quand même quelques-uns,
21:38mais le vrai souci, c'est que je ne savais pas
21:41où étaient tous les hommes et combien il en manquait.
21:44Au moment où je suis arrivé à Saint-Romain-en-Jarée,
21:50la vision que j'ai eue en arrivant,
21:52c'est une vision un petit peu apocalyptique
21:55en arrivant dans le village,
21:57puisque déjà en bas du village,
22:00on avait des tuiles un petit peu partout au milieu de la route.
22:03C'est un petit village et on ne pouvait pas circuler,
22:06donc il fallait impérativement bloquer tous les secours en bas
22:09pour pouvoir remonter un dispositif,
22:11parce que je savais que dans le village, ce n'était pas possible.
22:14Et je me suis rendu à proximité du lieu de l'explosion,
22:20et là, j'ai fait le point avec le lieutenant de Kiel Air à l'époque,
22:25et la première question que je lui ai posée,
22:29sachant que je savais pertinemment que ça lui ferait mal,
22:32c'était de savoir si tous ces gars étaient là.
22:35Il me demande, tu as fait le point,
22:37est-ce que tu sais combien il en manque ?
22:40Et là, je lui dis,
22:42ben non, Daniel, je ne sais pas combien il en manque,
22:44je ne sais pas combien, on n'a pas fini l'appel,
22:46ni des pompiers, ni des civils, en quelque sorte,
22:48donc je ne savais pas.
22:50Et de quels moyens tu disposes ?
22:52Je dis, je ne dispose de plus aucun moyen,
22:54tous les engins sont indisponibles.
22:57Carnus, capitaine Kiel Air,
22:59je demande des renforts en SPT pour remplacer ceux qui sont détruits.
23:04Je demande des SPT en renforts avec les personnels
23:07pour remplacer les SPT qui sont détruits.
23:09Normalement, c'est en rouge, mais je les confirme.
23:12Moi, quand je suis arrivé sur les lieux avec le colonel Carnus,
23:15on est donc arrivé par la petite rue qui monte
23:18dans le centre-ville de Saint-Romain-en-Jarret.
23:21On ne connaissait pas bien exactement le lieu où se trouvaient les victimes,
23:25et effectivement, ce qui nous a vraiment frappé,
23:27c'est qu'on a roulé sur des bouts de toiture,
23:30des bouts de verre, des vitres,
23:32donc on a mesuré qu'il y avait eu une grosse explosion
23:35parce qu'il y en avait vraiment tout le long de la rue.
23:37J'ai demandé au lieutenant Collard
23:39de prendre en charge les sapeurs-pompiers qui étaient blessés,
23:43et là, on a mis en place, entre guillemets,
23:48un semblant de poste médical avancé
23:50au niveau du gymnase de Saint-Romain,
23:53et moi, j'ai pris en charge l'opération.
23:57La difficulté, c'était que je ne savais pas
24:01si tous les gens, tous nos sapeurs-pompiers,
24:04étaient sortis de l'explosion,
24:09donc j'ai fait le tour de la maison, au milieu des gravats,
24:14en appelant et en recherchant un petit peu les collègues.
24:20Ce qui est impressionnant, c'était, malgré la catastrophe,
24:26c'était un silence, un silence,
24:30tourner autour de cette maison, rechercher les collègues,
24:34appeler et rien entendre,
24:37puisque je ne savais vraiment pas si tous les gens étaient sortis.
24:40Ensuite, très difficile et très frustrant, je dirais pour ma part,
24:43c'est qu'il fallait remonter un dispositif,
24:46sachant qu'on avait des collègues qui étaient blessés,
24:49blessés gravement, blessés plus légèrement,
24:52et à aucun moment, j'avais des informations concernant leur état de santé.
24:58Et donc, je dirais que c'est un petit peu le côté frustrant,
25:03parce qu'on est inquiet et on n'a pas de nouvelles, on ne sait pas.
25:07Je voyais passer les hélicoptères, mais c'est tout ce que j'avais comme informations.
25:10Après l'explosion d'un entrepôt agricole à Saint-Romain-en-Jarret,
25:14dix pompiers sont toujours hospitalisés, deux sont entre la vie et la mort.
25:18Une enquête a été ouverte en question des engrais chimiques
25:21qui étaient stockés dans le hangar.
25:24Madame, Monsieur, bonsoir.
25:25Vingt-quatre heures après le drame de Saint-Romain-en-Jarret,
25:28où deux pompiers sont toujours dans un état critique,
25:30on s'interroge sur la rare violence de l'explosion.
25:33Une enquête devrait être ouverte sur la présence autorisée
25:36de ces engrais chimiques lorsqu'ils ne sont pas en trop grande quantité.
25:39Reste qu'ils sont potentiellement dangereux
25:41et que les équipes de pompiers ont dû affronter un site à risque
25:44au point d'ailleurs que deux des leurs sont entre la vie et la mort.
25:47Loïc Delamornay, Guillaume Michel.
25:51Vingt-quatre heures après, les ruines sont encore fumantes.
25:54Et dans le village, grêlé d'éclats et de débris,
25:57les habitants sont très marqués par la déflagration d'hier soir.
26:03Un champignon énorme, trente mètres de haut, rempli de flammes et de fumée,
26:06mais vraiment la forme du champignon, énorme.
26:08Et puis un petit souffle, je l'ai ressenti même en conduisant.
26:11Choqués plus encore les pompiers de la caserne voisine de Rives-de-Gillet
26:15qui ont payé cher leur intervention.
26:17Rares sont ceux qui acceptent de se remémorer la scène,
26:20l'image de ses copains, comme ils disent, allongés sur le sol.
26:23Ce soir, sur les trois pompiers gravement atteints,
26:26l'un semble hors de danger.
26:28Pour les deux autres, le pronostic est toujours réservé,
26:30mais, petite lueur d'espoir, leur état est devenu stable.
26:33Toujours est-il que 2003 est définitivement une année noire pour les pompiers.
26:38C'est le coeur de la zone interdite aux alentours de l'entrepôt.
26:42Un périmètre de sécurité en éloigne les habitants.
26:45Sous ces décombres, les pompiers ne savent toujours pas ce qu'ils restent
26:48comme produits potentiellement dangereux.
26:51Il y a eu une bonne partie qui a été évacuée par l'explosion,
26:54une bonne partie d'ammonitrate.
26:56Par contre, un certain nombre de produits ne sont pas encore identifiés clairement,
27:01ce qui explique la raison pour laquelle nous maintenons un périmètre.
27:04Dans l'explosion, le premier étage du bâtiment s'est effondré,
27:07causant de nombreux blessés chez les pompiers.
27:10Anthony Fraisse est de ceux-là. Il vient de sortir de l'hôpital.
27:13La déflagration, elle est partie horizontalement.
27:16Et nous, par chance, on avait la dalle du plafond qui nous a protégés avec mon collègue.
27:21Par contre, elle s'est effondrée au sol.
27:24Avec vous ?
27:25Avec nous, oui.
27:26Son collègue, le sergent Terrier, lui, n'a aucun souvenir de la déflagration.
27:30Ce soir, deux pompiers sont toujours dans un état critique au CHU de Saint-Etienne.
27:34Leur état est stable, mais c'est bien là le problème.
27:36Leur santé ne se dégrade pas, mais elle ne s'améliore pas non plus.
27:39Les médecins sont particulièrement inquiets pour l'un des deux.
27:43Dans les jours qui ont suivi l'intervention, il y a eu plein d'événements.
27:48Je pourrais vous parler des visites à l'hôpital, des briefings dans les différentes casernes,
27:52notamment celui à Saint-Martin-la-Pleine,
27:55où on est arrivé à repositionner l'ensemble des intervenants sur une carte
28:00pour savoir exactement où était chacun sur l'intervention.
28:05Mais s'il y a un événement marquant que je retiens,
28:10c'est bien les six heures d'audition à la gendarmerie.
28:13Deux jours après, six heures d'audition à la gendarmerie, tout seul,
28:17face à un, deux, trois gendarmes qui écoutent autant l'histoire
28:23qu'ils mènent en même temps leur enquête.
28:28Donc je suis là tout seul sur la chaise du coupable.
28:31Ils posent les bonnes questions, racontent votre histoire,
28:34et puis après, ils savent aussi nous dire qu'est-ce que vous avez fait,
28:38qu'est-ce que vous n'avez pas fait, qu'est-ce que vous auriez dû faire.
28:42Et donc là, la chaise du coupable, c'est assez terrible,
28:45parce que cette culpabilité, les écrits que vous laissez,
28:49ils vous suivent tout au long de la procédure qui dure des années.
28:52Et à chaque fois, cette culpabilité revient avec un regard,
28:56un petit mot, un geste, un compte-rendu de séance.
29:01Et donc cette culpabilité, je pense que c'est le meilleur,
29:06le plus gros point qui reste après l'opération, en quelque sorte,
29:13même s'il y a plein d'autres événements,
29:16plein d'autres événements plus agréables que celui-ci,
29:21comme le retour en bonne santé ou en meilleure santé des uns et des autres,
29:27et la mise à l'honneur de tous ces blessés par les différentes autorités,
29:33ça, c'était des moments plutôt de retour au calme et de résilience de l'établissement.
29:39Deux jours après l'accident, pour des besoins d'enquête de la direction de la sécurité civile,
29:47on avait besoin de remplir tous les formulaires liés aux accidents,
29:50et dans ce formulaire, il faut donner tous les numéros de série et d'agrément des tenues des pompiers blessés.
29:58Donc lors du plan rouge, on avait gardé toutes les tenues dans des sacs poubelle,
30:03et deux jours après, on a ouvert les sacs et on a sorti un à un les habits des blessés,
30:11donc des habits découpés pour les besoins des soins, avec une odeur de sang, de fumée, de mouillé qui a macéré,
30:23donc une odeur pas très agréable et des sensations très très désagréables d'être obligé de revoir ses habits deux jours après.
30:32S'il y a un événement que je n'oublierai jamais et qui restera dans ma mémoire toute ma vie à chaque fois qu'on évoquera cet événement,
30:38c'est l'alignement des hommes le long du mur là-haut.
30:43Alors des hommes hébétés, des hommes ensanglantés, des hommes tout cassés, tout noirs, et puis des hommes près de la mort.
30:51Ce mur, cet alignement le long des murs, ça fait des images assez troublantes.
30:56Je suis sûr que le lieutenant Collard a ce même souvenir quand il arrivait avec son ambulance,
31:01qu'on avait aligné tous les hommes là-haut, qu'il arrive et qu'il voit tous ces hommes à lui.
31:04L'alignement le long de ce mur, c'est une image vraiment très forte qui est perturbante de longue nuit,
31:09et qui s'estompe avec le temps, comme toutes les douleurs.
31:14Mais celle-ci, je m'en souviendrai toute ma vie.
31:17Si je devais résumer, c'est deux images très fortes.
31:20L'image apocalyptique que j'ai pu avoir en arrivant dans le village,
31:24un village complètement dévasté avec des tuiles de partout.
31:28Vraiment, on avait l'impression que le village avait été bombardé.
31:33Et l'image des collègues sapeurs-pompiers qui avaient subi l'explosion,
31:38et la vision de ces yeux à gare des différents personnels,
31:44qui ne comprenaient pas vraiment ce qui était arrivé.
31:47Mon épouse, lorsque j'étais rentré à trois heures du matin de l'hôpital,
31:52l'hôpital où j'avais vu l'ensemble des blessés, sauf trois qui étaient dans un état trop grave pour que je puisse les visiter,
32:00donc deux qui étaient plutôt du côté de la mort plutôt que du côté de la vie.
32:05Quand je suis rentré à la maison et que j'ai expliqué les événements à mon épouse,
32:12et alors qu'il y avait mes deux gamins de 7 et 8 ans dans la chambre à côté,
32:17je leur ai dit que j'aurais préféré être à leur place, à la place des « futurs morts ».
32:24Là, elle a encaissé, elle n'a rien dit.
32:27Et puis cinq ans après, alors que les choses s'étaient un petit peu apaisées,
32:33elle avait besoin de me le raconter, et elle m'a dit « Est-ce que tu te souviens de ce que tu m'as dit ce soir-là ? »
32:40Et elle m'a dit « Je t'en ai voulu énormément à ce moment-là ».
32:43Donc vous voyez que l'impact psychologique sur la vie personnelle, on a beaucoup de mal à le mesurer,
32:49il dure dans le temps cet impact, et il n'est pas seulement sur vous mais il est aussi sur votre entourage,
32:55vos amis, votre famille, mais c'est très difficile de vous dire quelle aurait été ma vie personnelle sans cet événement.
33:04Il y a eu une grosse solidarité, les sapeurs-pompiers se sont, je pense, tous entraînés,
33:11je crois que les gens sont restés humbles, ils ont été, moi je pense, à la hauteur.
33:18S'il y a un élément que je retiens, et auquel je tiens, c'est la balance des enjeux, peser les enjeux de l'intervention.
33:30Alors à chaque fois que je rencontre des jeunes officiers, que ce soit à l'école nationale ou dans mon département avec de jeunes officiers,
33:38je leur explique de bien peser tout ça, qu'un hectare de forêt, deux meubles IKEA ou trois voitures, ça ne vaudra jamais la vie d'un homme.
33:50Autrement dit, la balance doit être équilibrée, et pour qu'une balance soit équilibrée, il faut qu'il y ait la même charge de chaque côté.
33:57Donc c'est une vie d'un côté, une vie de l'autre, mais un meuble ne sera jamais à comparer avec une vie.
34:05Le danger, il est là. Il existe et il peut être n'importe où, sur n'importe quelle situation.
34:11C'est très très très important. Même si on est serein, qu'on croit qu'il n'y a pas de risque, ce jour-là, on n'aurait jamais cru qu'il y avait des risques.
34:21Et finalement, le risque il est partout.
34:25Parce que c'est vrai qu'on est partis sur cette intervention.
34:27Ah ouais, on était heureux, enfin heureux, on faisait un gros feu, on dormait, on voyait la fumée.
34:31On jouait de partir ce soir. Dès qu'on a passé la colline, on a vu ce feu et ce panache, on était emballés.
34:39Il faisait beau ce jour-là, il faisait un ciel bleu.
34:43Ça finit dans le brouillard.
34:45Ça finit dans le brouillard, ouais.
35:01Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
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36:01Crédits
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