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  • il y a 2 ans
Dans son édito du 25/06/2024, Élodie Huchard revient sur le podcast dans lequel Emmanuel Macron est intervenu avant les élections législatives. 

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Transcription
00:00La politique avec vous, Élodie Huchard, le président de la République, n'en finit plus de prendre la parole. Hier, il s'est exprimé
00:05longuement, presque deux heures, sur un podcast, sur internet, Génération Do It Yourself.
00:11Et il joue, une fois de plus, vous le dites, sur les peurs des Français, Emmanuel Macron.
00:16Oui, alors d'abord, on rappelle que la consigne de son camp était extrêmement claire. Le président de la République devait parler
00:21le moins possible. Eh bien, résultat, finalement, il parle de plus en plus, alors qu'au début, on était plutôt
00:26sur un rythme prévu de trois interventions par semaine. Désormais, on est à une intervention quotidienne.
00:31Vous avez peut-être aimé la lettre aux Français. Vous allez aimer cette interview. Fleuve, du coup, de deux heures
00:35à un podcast. Et surtout, pour ceux qui en doutent, ça n'est plus permis de douter. Emmanuel Macron est bel et bien
00:40en campagne. Et donc, qu'est-ce qu'il y a de mieux en campagne que de jouer sur les peurs pour tenter de grappiller
00:45quelques voix ? Jusque-là, on avait le célèbre choix, désormais, entre le bloc d'extrême-gauche, le bloc de droite
00:50et le bloc central. Eh bien, maintenant, c'est beaucoup plus simple. Emmanuel Macron propose une nouvelle division
00:55de la classe politique. C'est la guerre civile ou, lui, rien que ça. Je vous cite précisément ce que le président de la République
01:00dit dans ce podcast. La réponse de l'extrême-droite en matière d'insécurité, parce qu'elle renvoie les gens
01:05à une religion ou à une origine. C'est en ça qu'elle divise et qu'elle pousse à la guerre civile.
01:10Quant à la France insoumise, elle proposerait, selon lui, toujours une forme de communautarisme. Mais c'est ça, aussi.
01:15C'est la guerre civile. Derrière, plus c'est gros, plus ça passe. Ça pourrait être le nouveau slogan de la majorité.
01:20Et surtout, une fois de plus, le président de la République méprise les millions de Français qui ont fait le choix
01:24de ces parties et qui, peut-être, vont d'ailleurs se tourner encore plus vers ces parties d'ici quelques jours.
01:28Alors, est-ce que cette technique fonctionne ?
01:30Elle fonctionne très bien, si vous voulez tenter de faire monter le Rassemblement national. Ce qui n'est peut-être pas la stratégie
01:34du président de la République. A priori, non. Mais, en tout cas, c'est l'effet, finalement, que ça finit par produire.
01:39Alors, les principaux intéressés, bien sûr, ont répondu rapidement au chef de l'État. Du côté de Jordan Bardella,
01:44on dit qu'un président de la République ne devrait pas dire cela. Du côté de Jean-Luc Mélenchon, on accuse Emmanuel Macron
01:49d'être toujours là pour mettre le feu. Et, effectivement, Emmanuel Macron tente de mettre le feu.
01:54On ne sait pas ce qu'il cherche parce qu'il y a plusieurs jours, l'un de ses proches nous disait, je le cite,
01:58« Taper sur l'ORN n'est pas la meilleure stratégie. On énerve leurs électeurs. Ceux qui ne soutiennent pas le président
02:02les envoient directement vers le Rassemblement national. » Et cet intime du chef de l'État expliquait que, oui,
02:07il faut aller contrer l'ORN, par exemple, sur les idées, sur les programmes, sur les mesures, mais qu'il faut arrêter
02:11avec les caricatures, comme de dire que l'ORN est un parti pro-Frexit, ce qui n'est pas vrai, ou en utilisant
02:16des grosses ficelles qui ne fonctionnent plus. Jouer sur les peurs ne sert à rien. Les Européennes l'ont prouvé.
02:21Et puis, surtout, finalement, personne ne croit à une guerre civile en cas de victoire de l'un de ces deux blocs.
02:26Et on se demande même si l'exécutif n'anticipe pas des débordements des manifestations qu'il cherche déjà à excuser.
02:31Alors, peut-être que par « guerre civile », le président de la République entend renverser le système.
02:35Alors, attention, parce que c'est précisément ce que cherchent à faire les Français en votant pour l'un des deux blocs.
02:39Et, finalement, au lieu d'agiter toutes ces peurs irrationnelles, le président de la République devrait peut-être
02:43prendre un petit peu de hauteur et jouer ce fameux rôle de rassembleur, lui, qui veut incarner le camp de la raison, il l'a dit.
02:49Gabriel Attal, vous nous dites, va dans le même sens ce matin. Dans les colonnes du Figaro, il est en une.
02:54Il dit « le pays joue sa peau ».
02:59Exactement le même type d'arguments et de rhétoriques. Dans une première citation, il dit qu'il veut convaincre les Français
03:04que la victoire du RN ou de la NUPES menacerait notre économie, l'épargne et la sécurité des Français.
03:09Quand on voit notamment le bilan de la majorité sur la sécurité des Français, on ne sait pas qui est la vraie menace.
03:14Il ajoute plus loin « mon adversaire prioritaire, c'est ceux qui carburent à la division, à la haine, à la stigmatisation d'une partie des Français
03:20qui s'éloignent des valeurs de la République et qui mettent en danger notre économie ».
03:23Mais on peut se demander, justement, qui carbure à la division quand on parle de guerre civile en cas de victoire des adversaires ?
03:29Qui stigmatise, justement, les Français en n'acceptant pas le verdict des urnes ?
03:32Et puis, surtout, qui, aujourd'hui, peut légitimement se dire qu'il est le garant des valeurs de la République ?
03:36Et puis, il ajoute cette dernière citation « Cette tenaille nous fait porter le risque de la grande déchirure du pays, avec des tensions et des violences à la clé ».
03:43Toujours la même rhétorique, comme si des tensions et des violences dans la rue, on n'en avait pas vu ces derniers mois ou ces dernières années.
03:48On voit finalement que la majorité ne sait plus comment argumenter et qu'une fois de plus, au lieu d'aller sur le fond,
03:52elle reprend des ficelles, des grosses ficelles de la vieille politique, ce que les Français ne veulent plus entendre, en théorie, dans la bouche de nos dirigeants.
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