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Regardez RTL Soir - Edition spéciale avec Martial You du 20 juin 2024.

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00:00Martial You, RTL Bonsoir, édition spéciale.
00:04Je dissous donc l'Assemblée Nationale.
00:07Le programme du Rassemblement National de Jordan Bardella, c'est un oignon.
00:10Chaque jour, il y a le programme qui se pèle.
00:13Et à la fin, il ne reste que les yeux pour pleurer, parce que ce n'est pas sérieux, que ce n'est pas crédible.
00:17Qui chiffre notre projet à 100 milliards ?
00:19J'ai vu ce chiffre sortir du chapeau du gouvernement.
00:22Quand on a fait 300 milliards de dettes en deux ans, c'est quand même assez savoureux.
00:25Levez la main, les milliardaires. Je m'excuserai auprès de vous de l'effort que je vous demande,
00:30de solidarité et du patriotisme économique que je vous demande.
00:33Débriefing donc jusqu'à 20h45 du grand oral des principaux candidats aux législatives.
00:40C'était ce matin, Salgavau à Paris.
00:43La France a peur.
00:44Alors la France a sans doute peur, comme à l'époque de Roger Gickel.
00:47Le patronat, lui, a peur, effectivement, en ce moment, c'est certain.
00:50Le patronat qui sort donc de sa réserve.
00:53Ce matin, 73 patrons ont signé une tribune commune intitulée « Les patrons sonnent l'alarme ».
00:58Laurent Wronski, bonsoir.
00:59Bonsoir.
01:00Vous êtes un de ces signataires.
01:02Vous êtes patron de la PME Ervor dans l'industrie.
01:05Vous faites des compresseurs.
01:07C'est le…
01:08On est bien d'équipement.
01:09De la porte qui s'ouvre, voilà.
01:10On est dans le dur.
01:11De la porte qui s'ouvre dans les bus.
01:12C'est à Argenteuil, c'est dans le Val-d'Oise.
01:13C'est une PME, je le disais.
01:14Elle vous inquiète, la situation actuelle ?
01:16Ah oui.
01:17Oui, je pense qu'elle est très inquiétante.
01:20Je pense qu'elle est, je n'exagère pas, je pense qu'elle est aussi, au moins aussi inquiétante
01:24qu'au moment du Covid, au moment où on a annoncé le confinement.
01:27Et donc moi j'ai deux casquettes, je suis industriel, mais je suis également secrétaire
01:31général de Croissance Plus, qui est une association professionnelle.
01:33Qui est une autre organisation, voilà, chef d'entreprise.
01:35Donc ça pour dire que je reste pas, je dirais, dans mon usine, mais je rencontre des acteurs
01:39de l'économie quasiment toutes les semaines.
01:41Donc je peux dire aujourd'hui qu'il y a énormément d'inquiétudes.
01:44Ça c'est la première chose.
01:45Et les candidats et leurs programmes, ils vous inquiètent aussi ou pas ?
01:48Oui, ben justement.
01:49C'est la deuxième chose.
01:50Les gens sont inquiets par rapport aux perspectives économiques qui vont découler des programmes
01:55économiques dont nous avons pris connaissance.
01:58Et ce que certaines personnes peuvent voir, c'est que les conséquences économiques ont
02:02déjà commencé.
02:03Il faut bien le comprendre.
02:04C'est-à-dire que vous avez aujourd'hui des projets qui sont mis sur pause.
02:07Vous avez en clair des acteurs économiques qui se disent, oulala, on va voir ce qui se
02:12passe et on décidera après.
02:14Mais ça c'est pas dans six mois, ça a déjà commencé.
02:17D'accord, donc on a déjà mis les aérofreins là.
02:19Absolument.
02:20Alors dans la tribune, on peut lire, la France est aujourd'hui un pays dans lequel on innove,
02:23on développe des entreprises, on crée des emplois.
02:25Ses acquis seront menacés si les partisans du repli et de la fermeture ou ceux de la
02:29confrontation et de la radicalité l'emportent dans quelques semaines.
02:33C'est jamais franc du collier quand même une tribune de patrons.
02:37Là, ce que ça veut dire, ça veut dire voter pour la majorité présidentielle.
02:41Non, ça veut dire… Je pense que vous êtes un peu sévère, Martial.
02:44Je sais bien que rassembler 70 personnes, c'est compliqué, mais là franchement…
02:48Déjà rassembler 70 personnes qui ont leurs opinions politiques, leur passé, leur compréhension
02:54du présent, du passé et de l'avenir.
02:56Écoutez, je vais modestement vous dire ce que moi j'en pense.
02:58Oui, voilà.
02:59Je vous taquine parce que je sais que vous êtes plutôt franc du collier.
03:01Vous avez raison.
03:02Moi, je ne fais pas de politique, ce n'est pas le but.
03:03Simplement, si vous voulez, je crois que quand vous regardez, nous, on est dans le pragmatique.
03:07D'accord ?
03:08Donc nous, l'économie, on l'écrit en réel tous les jours en tant que chef d'entreprise.
03:12Et ce qu'on nous a présenté comme étant des programmes politiques et des programmes économiques…
03:17Alors, des programmes politiques, ils sont très charnus, mais des programmes économiques,
03:20je suis désolé, ce n'est pas un programme économique.
03:22Et ce que je trouve assez effrayant, et je pèse mes mots, c'est que j'entends beaucoup
03:27de choses que les gens ont envie d'entendre.
03:29Mais moi aussi, il y a des choses que j'ai envie d'entendre.
03:31Mais c'est un petit peu, si vous voulez, peut-être qu'il y a des gens qui aimeraient
03:34manger des hamburgers tous les jours.
03:35C'est vrai que ça a l'air appétissant, seulement je vous garantis que si vous en mangez
03:38tous les jours…
03:39Ce n'est pas bon pour la santé.
03:40Ce n'est pas bon pour avoir des problèmes de santé.
03:41Donc là, en tant, je le dis très modestement, en tant qu'acteur économique, j'ai lu
03:45les programmes, ce qui n'est pas le cas de tout le monde.
03:47Je ne suis pas en train de me décerner les palmes de vertu, mais il y a beaucoup de gens
03:50qui ne lisent pas les programmes.
03:51Ou ceux qui ressemblent à des programmes.
03:53J'étais un bon élève ce matin, j'ai assisté à tous les pitchs.
03:56J'étais inquiet avant, j'étais inquiet pendant, et je suis ressorti inquiet.
04:01Parce que je pense qu'il y a des propositions qui sont complètement impraticables et qui
04:05peuvent mettre le pays par terre.
04:06Et je voudrais juste terminer avec une chose.
04:08Depuis 2020, les entreprises collectivement ont géré sept crises systémiques.
04:14Une crise systémique, c'est une crise mondiale.
04:16On a eu une crise tous les six mois.
04:18Avant ça, moi, j'en avais géré six en pratiquement 25 ans.
04:22Ces crises, elles ont quand même mobilisé un petit peu d'argent public.
04:25Non mais peu importe.
04:26Mais ce n'est pas ça la question.
04:29Non, on en parlera.
04:31La question, c'est que les entreprises qui ont traversé ces crises systémiques,
04:35je veux dire, pour certaines, elles n'ont pas pu les traverser.
04:38Et d'autres, je dirais, en sont sortis particulièrement affaiblis.
04:41Donc, la dernière chose dont on a besoin aujourd'hui, on commence un petit peu, je
04:44dirais, à retrouver un petit peu d'oxygène, c'est d'avoir une huitième crise.
04:48Sauf que celle-là, elle ne sera pas systémique.
04:50Elle risque d'être hexagonale.
04:51Que je vous comprenne, là.
04:52Il n'y a rien à récupérer dans les différents programmes que vous avez entendus ce matin.
04:56Vous étiez inquiet avant, pendant, après.
04:58Non, mais quand on dit il n'y a rien à récupérer, on ne va pas créer un nouveau
05:00parti avec des bourses...
05:01Non, non, mais là, il va falloir voter.
05:03Tous ceux autour de cette table et ceux qui nous écoutent, ils vont devoir voter.
05:07Eh bien, donc, simplement, ce que je leur demande, c'est de faire l'effort de bien
05:12lire et de bien comprendre les conséquences économiques de ce que chaque parti propose.
05:17On va se retrouver dans un instant.
05:19Et vous avez entendu Jonathan Boucher-Peterson, éditorialiste à l'IB.
05:24Et on sera aussi avec Christophe Barbier qui va nous rejoindre.
05:27On va continuer à essayer d'y voir clair.
05:29Dans ce moment qui est un peu particulier quand même, où les patrons osent des tribunes
05:34où ils donnent des conseils.
05:36C'est ce qu'on a entendu avec Laurent Wonski.
05:38Et des syndicats de salariés osent carrément appeler pour tel programme.
05:44RTL Bonsoir, édition spéciale.
05:47Martialio.
05:48RTL Bonsoir, édition spéciale.
05:55C'est clairement inédit pour la FSU d'appeler aussi clairement et fermement au vote en faveur d'un programme.
06:02Celui du Nouveau Front Populaire.
06:04Parce que la gravité du moment nous oblige à sortir un petit peu de nos habitudes.
06:08Nous appelons à voter pour un programme.
06:10Mais nous ne nous lions pas les mains sur un éventuel soutien à un éventuel gouvernement qui viendrait après.
06:18La FSU, aujourd'hui Sud Education, la CGT ont appelé à voter pour le Nouveau Front Populaire.
06:24C'est assez rare qu'il y ait une consigne de vote chez les syndicats.
06:28C'est contraire à la charte d'Amiens de 1906, séparation entre le syndicalisme et la politique.
06:35On va y revenir et on est avec Laurent Wronski, patron de l'entreprise industrielle Ervor.
06:40Christophe Barbier, éditorialiste politique.
06:42Et Jonathan Boucher-Petersen, éditorialiste politique aussi à l'IB.
06:46Jonathan, je rebondis juste sur votre petite incise avant la publicité.
06:51Vous disiez, certes la situation est compliquée, mais on a quand même dépensé beaucoup d'argent public.
06:58Vous trouvez Laurent Wronski et les patrons un peu ingrats ?
07:01Non, ce n'est pas que je trouve ingrats.
07:02C'est simplement que moi, je n'aime pas trop quand on dit les patrons d'un côté, le pays de l'autre.
07:07Les crises que vous évoquez, crises systémiques, le pays les traverse.
07:10Le pays se mobilise pour aider l'ensemble des acteurs à la traversée.
07:14L'argent public est mobilisé comme jamais.
07:16Il n'a d'ailleurs pas été spécialement bien fléché.
07:18Donc, effectivement, ça a fait des dettes qui sont absolument énormes.
07:21Personne ne peut s'en affranchir.
07:23Après, j'allais dire qu'une des réalités du pays, c'est aussi la smicardisation du monde du travail.
07:28C'est aussi une paupérisation de cette valeur travail qu'on passe son temps à glorifier.
07:32C'est, sur la période un peu plus longue, un partage de la richesse créée collectivement,
07:37qui s'est déséquilibrée dans un sens plutôt que dans un autre.
07:40Donc, sans être dans l'idée qu'on est face à un grand soir,
07:43oui, je pense que le Nouveau Front Populaire,
07:45puisque c'est quand même globalement le sujet sur la question économique,
07:48en tout cas, moi, ce qui m'intéresse et ce qui pousse ces syndicats à se mobiliser,
07:51c'est évidemment le risque du rassemblement national,
07:53mais presque plus sur des questions de valeur,
07:55et une envie d'un programme de rupture,
07:57d'un programme qui pose la question de la fiscalité,
07:59des PME comme des grands groupes,
08:01la fiscalité des grands patrimoines comme des classes moyennes.
08:04Et quand on entend Boris Vallaud, par exemple,
08:06qui représentait avec Éric Coquerel
08:08le programme du Nouveau Front Populaire ce matin,
08:11moi, je n'ai vraiment pas eu le sentiment d'entendre des gauchistes ou l'extrême-gauche.
08:14J'ai entendu des gens qui affirment une offre politique différente,
08:17mais je comprends que du côté patronal,
08:19la lune de miel avec le pouvoir depuis sept ans,
08:21je comprends tout à fait que vous ayez envie d'une forme de statu quo.
08:24On continue surtout exactement comme avant,
08:27sauf qu'il y a un certain nombre de concepts
08:29qui ont été vendus politiquement,
08:31et ça reste quand même important,
08:32parce qu'une élection, ça se joue évidemment sur des questions économiques,
08:35mais ça se joue sur quelque chose d'un petit peu plus grand quand même.
08:37La question du ruissellement, par exemple,
08:39qu'on a quand même beaucoup évoqué en disant,
08:41et ça valait pour François Hollande avant,
08:42cette politique de l'offre en disant,
08:43on a un intérêt collectif global ou un intérêt général
08:46à ce qu'on desserre les taux,
08:48pour reprendre des mots plutôt patronaux que syndicaux,
08:50sur la création de richesses,
08:52tout le monde en profitera.
08:53Franchement, quand on voit qu'il y a 9 millions de pauvres,
08:55quand on voit le bilan de ces années-là
08:57avec des baisses des impôts de production qui ont été massives,
09:00il y a un sujet, il y a vraiment un sujet,
09:02et je trouve qu'il est un peu balayé sur le côté
09:04« circuler, il n'y a rien à voir,
09:06vous avez trop besoin de nous pour nous mettre à contribution ».
09:09D'un dernier mot et après je fais tourner,
09:1190% des contribuables,
09:13que ce soit les particuliers ou les entreprises,
09:15ne sont pas concernés par la mesure fiscale du nouveau fraud populaire.
09:18Ça, il faut l'entendre.
09:19C'est pour ça qu'il y a beaucoup de patrons de PME,
09:20nous on en croise toutes les semaines,
09:21qui honnêtement ne sont pas du tout dans un discours de défiance,
09:24en se disant « oui, moi je trim,
09:26moi je paye ma part d'impôts,
09:27et je vois des très grands groupes qui sont dans l'évitement ».
09:29Ça, on va y revenir, parce qu'il y a sans doute une séparation
09:31aujourd'hui entre le patron de PME
09:33et effectivement le grand patron salarié d'une boîte multinationale.
09:38Simplement, Laurent Wronski,
09:39ce que vous nous dites, c'est que vous, vous voulez le statu quo,
09:41vous ne voulez pas que ça bouge,
09:42et à la rigueur, si c'est la majorité présidentielle qui continue, tant mieux.
09:46Vous avez eu l'impression de voir des gauchistes
09:48avec les représentants du Nouveau Front Populaire ce matin ?
09:52Comment vous avez vécu ça ?
09:53Je vais répondre à monsieur,
09:54parce que je pense qu'il n'a pas bien entendu ce que j'ai dit.
09:55J'ai dit « nous avons collectivement traversé cette crise systémique ».
10:00Collectivement, ça veut dire l'ensemble du pays.
10:02Moi, j'étais dans mon usine avec mes collaborateurs,
10:04je n'étais pas tout seul.
10:05Donc, collectivement, ça veut bien dire ce que ça veut dire.
10:07Moi, j'ai un discours différent du vôtre,
10:09je pense qu'il est éminemment politique,
10:10moi, il est économique.
10:11Ce que je dis, je dis que nous traversons une période
10:14qui est extrêmement risquée au niveau économique.
10:16On le voit bien,
10:17il y a deux guerres actuellement.
10:19Vous avez aujourd'hui des chocs sur les plaques tectoniques géopolitiques
10:23avec une montée en régime et un durcissement des relations avec la Chine,
10:27qui d'ailleurs n'a absolument pas,
10:29si vous voulez jouer selon les règles du commerce extérieur.
10:32Vous avez une transition écologique qui est monumentale,
10:35je veux dire, c'est l'équivalent, voire plus,
10:37de la révolution industrielle.
10:39Donc, il y a des échéances majeures, des enjeux majeurs.
10:42Le pays a 3 100 milliards de dettes.
10:46S'il y a un chiffre à retenir, c'est celui-là.
10:48Donc, moi, ce que je dis, c'est que dans ce que j'ai entendu,
10:52il y a des choses, si vous voulez, qui sont très populistes
10:55et qui sont, pour moi, très dangereuses au niveau économique.
10:58Je dis donc que si aujourd'hui, on fait de l'alchimie avec l'économie du pays,
11:03ça risque d'être catastrophique.
11:05Et là, ça sera également catastrophique pour tout le monde,
11:09c'est-à-dire collectivement.
11:10Oui, du coup, il n'y a pas d'alternative, en fait.
11:11C'est-à-dire que c'est un peu, c'est très angoissant ce discours,
11:13parce que ça fait une dizaine d'années qu'on entend, en gros,
11:15on fait comme ça parce qu'il n'y a pas moyen de faire autre chose.
11:17Et si vous proposez autre chose, vous êtes de dangereux, d'irresponsables.
11:20Moi, j'ai l'impression que le programme du Nouveau Front Populaire,
11:23ça ressemble à peu près à ce que Pedro Sanchez fait en Espagne.
11:25Je n'ai pas le sentiment que le pays soit la Grèce, exactement,
11:27et que ce soit un pays au bord de la rupture.
11:29Donc, c'est vrai que s'il n'y a rien à questionner, en fait, pourquoi on vote ?
11:32Pourquoi on fait des élections s'il n'y a qu'une voie,
11:34qui est la voie raisonnable,
11:35qui est la voie qu'on connaît depuis 15 ans,
11:37qu'on connaît même depuis 20 ans,
11:38d'une politique de l'offre, de la baisse des impôts de production,
11:40il y a peut-être trop de Français qui ne s'y retrouvent pas à la fin.
11:43Je pense que ça doit interroger l'acteur social aussi,
11:45qui est le chef d'entreprise.
11:46Sûrement que vous faites des choses très bien à l'échelle de votre entreprise,
11:49à chaque fois qu'on tombe sur un patron,
11:50on dit « mais moi, chez moi, franchement, ça va ».
11:52Il se trouve que pour beaucoup de gens, ça ne va pas dans ce pays.
11:54Donc, si on ne l'entend pas, je pense qu'on va faire monter
11:56une crise qui sera bien plus grave
11:58que les options politiques mises sur la table par la gauche.
12:00Christophe Barbier, je voudrais qu'on s'arrête parce que,
12:03bon, on le voit dans la tribune,
12:06je taquine un peu Laurent Wronski,
12:08mais on a à peu près compris où balance le cœur du patronat.
12:12On est sur la majorité présidentielle,
12:14les deux extrêmes ont un peu plus de mal à trouver preneur,
12:18même s'il y a sûrement aussi des patrons
12:21qui ont choisi de voter pour le Rassemblement National,
12:24et ça, on y reviendra.
12:25Mais cette espèce de marqueur politique un peu plus affirmée aujourd'hui,
12:29des patrons qui sortent avec une tribune,
12:32des syndicats qui appellent à voter pour un camp plus que l'autre,
12:36c'est quand même assez nouveau.
12:37Ça signifie qu'il y a une vraie crise, un vrai danger ?
12:40Oui, je pense que c'est le fruit de trois phénomènes.
12:42D'abord, la crise démocratique qui a polarisé
12:44beaucoup le débat public depuis des années,
12:46et tout devient politique.
12:47Les sportifs sont politiques, les chanteurs sont politiques,
12:49les syndicats, les chefs d'entreprise doivent transformer
12:51leur conviction d'acteur du débat public en conviction politique.
12:54Il faut mettre une étiquette sur ce qu'on croit, sur ce qu'on veut.
12:57Ça, c'est un phénomène général qui répond à la crise
12:59de la démocratie représentative.
13:01Elle passe moins par les représentants que par la vie de tous les jours.
13:04Le deuxième phénomène qui explique aussi cela,
13:07c'est la dissolution.
13:08C'est-à-dire qu'on est dans une campagne éclair.
13:10On est dans une campagne où ça va très vite,
13:11donc chacun doit sortir du bois, on ne peut pas prendre le temps
13:13d'attendre et d'avancer masqué.
13:15Donc ça explique beaucoup, je crois, la rapidité des consignes de vote.
13:19La troisième raison, c'est que je pense que cette audition
13:22par les patrons a été faite à un mauvais moment.
13:24Parce que nous sommes dans cette campagne éclair,
13:26donc il faut mettre du miel pour attirer les mouches
13:29que sont les électeurs.
13:30Et il fallait évidemment faire une sorte de surenchère de promesses
13:33dans chaque camp, parce que dans dix jours, ça y est, on vote
13:36et ça sera plié.
13:37Or, ce n'est pas le bon moment pour entendre des gens raisonnables
13:39sur ce qu'ils sont capables d'appliquer comme politique
13:42sans ruiner le pays.
13:44Le bon moment pour auditionner, c'est plutôt au moment
13:46des discours de politique générale d'éventuels premiers ministres.
13:50On aura peut-être une situation à l'Assemblée
13:52qui laissera ouverte une ou deux hypothèses.
13:54Donc il y aura peut-être une compétition des premiers ministres.
13:56Le Nouveau Fonds Populaire nous dit d'ailleurs,
13:58on votera pour les premiers ministres.
13:59Donc on verra tel ou tel aspirant à la fonction dire avec moi,
14:03ça ne sera pas tout à fait ce qu'on a entendu dans la campagne,
14:05ça je le fais, je ne le fais pas, je le ferai plus vite,
14:07je le ferai moins vite.
14:08On l'entend d'ailleurs déjà, puisque parmi ceux
14:10qui peuvent accéder au pouvoir, on a tous les jours
14:13une édulcoration des programmes promis.
14:15La fameuse métaphore de l'oignon utilisée par Attal.
14:18Bien entendu, Bardella et l'ERN reculent sur beaucoup de propositions
14:22qui ne sont pas raisonnables et même pas crédibles.
14:25Mais même ce matin entre Coquerel et Duvalo,
14:28on a l'impression que les électeurs ont fait une croix
14:33sur toutes ces promesses.
14:34En gros, on sait que les promesses ne seront pas tenues,
14:37mais ce n'est pas ça le moteur.
14:39On sait que les promesses n'engagent que ceux qui les croient.
14:42Il y a même sur les réseaux sociaux des images
14:45qui tournent de gaguesques avec le capitaine Haddock
14:48qui dit « moi j'ai voté pour mon lave-linge,
14:50parce que c'est le seul qui respecte le programme ».
14:52On le sait, la gauche a un problème,
14:54elle est en train de faire une sorte de retour vers 1981,
14:57matinée de 2012.
14:58Et on sait que ça a été des actes forts, notamment en fiscalité,
15:01mais que ça a eu aussi des effets pervers.
15:03Que ça s'est retourné contre le pays et surtout contre la gauche.
15:06On voit bien que l'ERN...
15:07— On ne s'y le veut longtemps pas, 1997.
15:09— 1997, il y a eu une croissance,
15:11mais il y a eu aussi un effet pervers différé.
15:13C'est l'impact négatif des 35 heures, à moyen et à long terme,
15:18notamment dans la fonction publique.
15:19Il y a eu un adjordamento là-dessus.
15:21On n'a pas entendu...
15:22— C'était le seul problème de la fonction publique.
15:23— Quand on inquiétait Dominique Stroskane,
15:25ou même François Hollande, des années après 1997,
15:27il y avait un retour critique.
15:28Mais c'est normal !
15:29Toute politique engendre des effets positifs et des effets pervers.
15:33Elle laisse son propre ennemi.
15:34Et on le voit là, dans ce moment, en clé.
15:36Néanmoins, écoutons aussi ce que disent les électeurs.
15:39Ils expriment un discours très fort sur des thèmes favorables au RN,
15:43les quatre « i », immigration, insécurité, islam, inflation.
15:47Et puis ils expriment aussi une aspiration très forte,
15:49en termes de pouvoir d'achat, vis-à-vis de la politique salariale
15:52et de sa corrélation fiscale, exprimée par le FPF.
15:55— On va justement s'arrêter deux secondes sur, finalement,
15:58peut-être le risque politique aussi, pour les syndicats et pour les partis,
16:02les représentants du patronat, de prendre un parti pris.
16:08Et je veux juste vous faire écouter,
16:10parce que parfois on a le sentiment que le patronat se mouille pas trop.
16:14Je vais vous faire écouter une archive de 1981.
16:17C'est le grand jury RTL.
16:19En 1981, François Serac annonce qu'il quitte la tête du CNPF.
16:24Le patron des patrons démissionne,
16:26parce que le CNPF avait appelé à voter pour Valéry Giscard d'Estaing.
16:31— Nous n'avons jamais confondu la responsabilité économique
16:34et la responsabilité politique.
16:36Indépendant, nous étions. Indépendant, nous sommes.
16:39Indépendant, nous resterons.
16:41Je pense que l'une des façons les plus désagréables d'être lâche,
16:45c'est de ne pas dire ce qui est bon quand c'est bon,
16:48parce que c'est fait par le gouvernement.
16:50— François Serac, patron du CNPF en 1981, juste avant de passer la main.
16:55Jonathan Boucher-Pétersen, est-ce qu'il n'y a pas ce risque, effectivement,
16:59et chez les patrons, et chez les syndicats,
17:02de dire « Votez plutôt pour une liste qui ne serait pas le RN.
17:06Allez, on va dire les choses carrées ».
17:09Il y a quand même un tiers des gens, y compris dans les syndicats
17:12et peut-être chez les patrons, qui ont voté RN.
17:14Il ne faut pas les oublier.
17:16— Oui, oui. Spontanément, peut-être que je vais être démenti.
17:19J'ai tendance à dire que le questionnement est presque plus existentiel
17:22pour les syndicats dans le patronat,
17:24où quand même, il y a...
17:26Ça fait quelques années qu'avec ce pouvoir,
17:28ou avec une bonne partie de la politique de l'Ordre de François Hollande,
17:31il y a un pas de deux qui n'a jamais été très conflictuel.
17:34Honnêtement, on a quand même plutôt le sentiment
17:36qu'il y avait une communauté de pensée.
17:38Donc après, il y a des nuances.
17:40— C'est une question aussi sous Hollande, avec la CGT à un moment donné.
17:43— La CFDT, en tout cas. C'est parti, quoi.
17:45Non, mais on sait que c'est une question qui occupe plus régulièrement,
17:48parce qu'il y a des luttes sociales qui prennent le devant de l'actualité,
17:51et que la CGT ou la CFDT sont régulièrement confrontées
17:54à la nécessité de devoir faire cohabiter au sein de leur centrale
17:57des gens qui ont des aspirations politiques différentes.
17:59Donc là, il y a, d'une certaine manière, un choix politique.
18:02Et c'est clairement une position politique qui est assumée par Sophie Binet.
18:05Il y a une interview qui est publiée dans l'EB de Marie-Lise Léon pour la CFDT,
18:08qui n'est pas loin de dire la même chose,
18:10en tout cas qui appelle à faire barrage au rassemblement national.
18:13C'est le moins qu'elle puisse faire,
18:15parce que ça, au moins, ça rassemble dans ses troupes.
18:17Donc oui, il y a un risque, mais je pense qu'il est...
18:19On nous explique que les élections européennes qui viennent de se passer
18:22étaient des élections historiques les plus importantes de l'Histoire.
18:25On se retrouve dans la foulée avec des élections que personne n'avait prévues,
18:28et face à un risque qui lui-même est historique,
18:30sur le plan des valeurs morales, sur le plan de la capacité à vivre ensemble,
18:33sur le plan de la défense de l'État de droit,
18:36presque au-delà des questions économiques.
18:38Et je comprends complètement que ce soit des sujets très importants.
18:40Et l'idée, ce n'est pas de dire que l'économie, c'est subalterne.
18:42Ce n'est pas ça.
18:43Mais je pense que déjà, dans des élections législatives habituelles,
18:45c'est rarement la première motivation de vote pour les électeurs.
18:48Et j'allais dire, cette fois-ci, encore moins.
18:50Ou en tout cas, même si peut-être ça devrait l'être d'autant plus,
18:53parce que la situation est compliquée.
18:55Mais il y a quelque chose de plus grand qui se joue,
18:57de plus grave qui se profile.
18:59Et je pense que c'est aussi l'enjeu, d'ailleurs, pour la gauche,
19:01de ne pas être simplement dans une logique de barrage,
19:03mais de rendre crédible et désirable,
19:05non pas aux yeux de 100% des Français,
19:07mais aux yeux de son électorat, sa proposition.
19:10Parce qu'une gauche, honnêtement, totalement irréaliste,
19:13je ne suis pas sûr qu'elle puisse avoir un score meilleur
19:15qu'une gauche un peu plus raisonnable.
19:17Et je n'ai pas le sentiment que quand la gauche a été au pouvoir,
19:19une gauche d'obédience plutôt socialiste,
19:21on est d'accord, et c'est peut-être ça la bascule,
19:23et c'est ce qui se joue dans le rapport de force aussi,
19:25au sein du Nouveau Front Populaire,
19:27c'est qu'en termes de gestion des finances publiques,
19:29en termes de capacité à accompagner la vie économique,
19:31en termes de capacité simplement à s'inscrire
19:33dans une démarche de croissance, mais de redistribution,
19:36la gauche n'a pas tellement de leçons à recevoir,
19:38et Boris Vallaud, honnêtement, s'il est à ce point-là
19:41engagé dans cette proposition politique,
19:43ce n'est pas tout d'un coup qu'il était secrétaire général
19:45de l'Elysée, adjoint en même temps qu'Emmanuel Macron.
19:47Encore une fois, ces gens-là ne sont pas des gauchistes échevelés,
19:50ce n'est pas Philippe Poutou qui a fait le programme
19:52du Nouveau Front Populaire, et je pense qu'il y a
19:54beaucoup de Français qui sont capables de faire la part des choses,
19:56entre leur difficulté à boucler les fins de mois,
19:58et la nécessité d'avoir en tête le niveau de la dette.
20:00Laurent Wronski, cette question d'un vote qui se fracture
20:04de trois blocs, elle existe aussi certainement
20:07au sein du patronat.
20:09Vous, vous êtes un patron de PME, je l'ai dit,
20:12vous êtes dans le Val-d'Oise, c'est une entreprise industrielle,
20:14vous êtes un patron de terrain,
20:16comment est-ce qu'on en parle de ça ?
20:18Est-ce qu'il y a un vote décomplexé
20:20d'une partie du patronat qui dit
20:22« Bah oui, moi je vote RN »
20:24ou « Moi je choisis l'extrême-gauche,
20:26le Nouveau Front Populaire » ?
20:28Alors d'abord, moi j'écoutais, mais je suis avec
20:30beaucoup d'attention, parce que
20:32je suis dans la concrétude du matin au soir.
20:35Bon, quand vous parlez des idéaux,
20:37alors oui effectivement, les idéaux sont pacifiques,
20:39mais il faut se souvenir que l'histoire est violente.
20:41Et moi je suis dans le monde industriel et je suis à Argenteuil.
20:43Et Argenteuil est une cité quand même
20:45qui concentre beaucoup de problèmes de la nation.
20:47Bon, je peux vous dire que les préoccupations
20:49des gens que je vois tous les jours,
20:51je ne le lis pas dans le journal,
20:53c'est des choses très pragmatiques.
20:55On est très très loin des grands idéaux.
20:57Les gens, globalement,
20:59c'est vraiment la pyramide de Maslow.
21:01Les gens se posent de vraies questions
21:03sur l'avenir de leurs enfants,
21:05ils sont tous en contact avec les 4 piliers régaliens de l'État,
21:07c'est-à-dire en clair, l'école qui marche pas bien,
21:09l'hôpital qui marche pas bien.
21:11Alors pour certains, quand ils testent la justice, ça marche pas bien non plus.
21:13Et la sécurité qui est dans certains endroits
21:15est pratiquement inexistante.
21:17Moi je suis dans une zone où il y a des endroits
21:19où la République a cessé d'exister.
21:21Bon, après il y a des questions économiques,
21:23c'est-à-dire que vous avez des pans entiers qui ont disparu.
21:25Moi je suis le dernier fabricant français de mon secteur.
21:27Donc je peux vous dire que...
21:29Et des gens qui sont les derniers d'eux,
21:31il y en a plein en France.
21:33Donc ce qui est intéressant et ce qui est en plus gratifiant
21:35pour moi en tant que manager,
21:37c'est que maintenant, les gens vous posent des questions à ce niveau-là.
21:39Mais ça ne date pas de 10 jours,
21:41ça fait à peu près 10 ans que ça dure. Pourquoi ?
21:43Parce que vous avez grosso modo
21:45une délégitimisation de la classe politique.
21:47Et qu'aujourd'hui,
21:49il y a eu un coup d'accélérateur avec le Covid,
21:51les acteurs de terrain auxquels j'ai le privilège
21:53d'appartenir ont monté, si vous voulez,
21:55en légitimité.
21:57Et il y a, je pense, une vraie redistribution
21:59des élites qui,
22:01à mon sens, pour beaucoup,
22:03ont plutôt un culot qui leur sert de compétence.
22:05Oui, mais la question de la partage de la richesse, vous n'y répondez pas.
22:07Vous faites un truc en disant que je suis plus crédible que les politiques
22:09et à l'arrivée, on ne comprend toujours pas comment est-ce que les gens
22:11qui n'arrivent pas à boucler leur fin de mois, comment les 9 millions de pauvres,
22:13comment les gens qui sont payés au SMIC,
22:15avec un SMIC qui quand même reste très difficile
22:17pour vivre dans beaucoup de villes,
22:19la question du logement, alors qu'il y a la question de la hausse de l'énergie,
22:21tout ça, c'est tout aussi concret que ce que vous me dites
22:23de je suis le dernier de ma lignée et je me bats,
22:25tant mieux, mais la question c'est comment est-ce que les gens
22:27qui se battent avec vous, vos salariés comme
22:29l'ensemble des salariés, ont le sentiment d'y trouver
22:31leur compte ? On sent qu'il y a aussi une forme de récrimination
22:33et de dualité entre
22:35le monde du travail, alors qu'on le
22:37bassine avec cette idée de la valeur travail à longueur de temps,
22:39à quel moment est-ce que dans le partage
22:41de la richesse, ça permet de donner
22:43une bonne valeur au travail ?
22:45Et je ne parle pas de prime qui abîme l'État ou de baisse
22:47des cotisations. J'entendais Martial évoquer dans une émission
22:49précédente l'arnaque de la baisse des cotisations
22:51qui est en fait un affaiblissement
22:53du bien commun qui est le service public.
22:55Il y a beaucoup de défis et pas de réponses
22:57absolument culottées ou verticales.
22:59Je pense qu'il faut entendre tous les acteurs.
23:01On va rester sur ce vote patronal
23:03parce que moi ça m'intéresse et j'ai pas eu tout à fait la réponse
23:05à ma question à Laurent Wronski.
23:07Et puis on va éplucher les programmes
23:09aussi, essayer de voir s'il y a des choses intéressantes
23:11à sauver. On épluche les prestations de ce matin
23:13comme certains épluchent
23:15les oignons si vous voyez ce que je veux dire.
23:17Le programme du Rassemblement National de Jordan Bardella
23:19c'est un oignon. A chaque jour
23:21il y a le programme qui se pèle
23:23et à la fin il reste que les yeux pour pleurer parce que c'est pas sérieux.
23:25Que c'est pas crédible.
23:27RTL Bonsoir
23:29Édition Spéciale
23:31RTL Bonsoir Édition Spéciale
23:33Si il y a quelqu'un qui a compris
23:35ce que le couple improbable de tout à l'heure
23:37vous a expliqué sur les retraites et bien que
23:39vous l'expliquez parce que moi j'ai rien compris.
23:41On est peut-être moins glamour mais plus efficace.
23:43Le couple improbable
23:45dont parle Bruno Le Maire
23:47c'est Jordan Bardella et Eric Ciotti
23:49qui étaient ce matin ensemble
23:51sur scène pour présenter leur programme économique
23:53au patron. On est avec Laurent Wronski
23:55qui est l'un des patrons qui a assisté à
23:57cette audience et les éditorialistes
23:59Christophe Barbier et Jonathan
24:01Boucher-Pétersen.
24:03Christophe Barbier, il y a un vote patronal
24:05qui s'est déplacé vers l'ORN ?
24:07Oui sans contexte
24:09même si les premières études du vote
24:11aux européennes
24:13ne sont pas descendues jusqu'à ce niveau-là
24:15mais sans contexte il y a eu un durcissement.
24:17Je pense pour plusieurs raisons. Il y a sans doute
24:19une raison économique c'est-à-dire de
24:21voir les super profits des très grands groupes
24:23qui ne sont pas taxés
24:25alors qu'eux ont eu beaucoup de mal à traverser
24:27cela. Donc il y a eu une lutte des classes si j'ose dire
24:29dans le patronat qui s'est installé. Je pense aussi que
24:31les PME qui souvent sont
24:33dans des villes moyennes de province
24:35ou dans ce qu'on appelle leur urbain et bien
24:37les patrons de PME ne sont pas insensibles à l'environnement.
24:39L'insécurité, les problèmes qu'il y a pu y avoir
24:41quand vous voyez Montargy qui après les émeutes
24:43de l'an dernier a eu un vote qui flambait
24:45pour l'ORN, je pense que ça a joué.
24:47Il y a aussi toute une série
24:49d'inquiétudes qui pèsent sur les entreprises
24:51par rapport à une transition écologique
24:53à marche forcée, par rapport
24:55mais c'est très marginal, à des pressions
24:57au sein de l'entreprise quand ce sont des pressions
24:59identitaires parce que là aussi l'islam politique
25:01a essayé de pousser ses pions dans l'entreprise.
25:03Tout cela a pu donner
25:05l'impression aux patrons qu'il leur fallait
25:07un vote protestataire.
25:09Alors ils l'ont cherché. Où est Poujade ?
25:11Il n'est plus là. Et donc la défense
25:13des commerçants, des artisans, des PME,
25:15par où passe-t-elle ? Et là je pense que le Rassemblement
25:17National a réussi à cranter
25:19un vote que les LR
25:21n'ont plus su séduire.
25:23Et là il y a sans doute eu un transfert. Maintenant attention
25:25c'était des européennes, c'était un vote politique.
25:27Au moment de voter pour votre député
25:29vous êtes dans une circonscription, vous avez
25:31une petite entreprise, vous avez des relations
25:33économiques avec le conseil départemental, la mairie
25:35vous avez un autre regard.
25:37Laurent Wronski, vous allez me dire si
25:39je me trompe, mais moi j'ai eu le sentiment qu'avec
25:41la crise des subprimes en 2008, il y a eu
25:43une cassure. On avait un bloc
25:45qui était le patronat, jusque-là
25:47et après il y a eu ces petits
25:49patrons, avec la peur du déclassement
25:51comme tous les français, comme
25:53beaucoup de français, qui regardaient
25:55avec une certaine animosité
25:57les chefs d'entreprise,
25:59dirigeants, salariés des grands groupes
26:01qui les avaient précipités dans une crise
26:03de l'économie réelle, comme on disait à l'époque,
26:05mais pour laquelle ils n'avaient
26:07pas démérité, eux, petits patrons. Est-ce qu'il y a
26:09cette espèce de lutte des classes
26:11comme disait Christophe Barbier, au sein même
26:13du patronat ?
26:15Je pense que le terme lutte des classes,
26:17c'était pour avoir une métaphore compréhensive.
26:19Un bas et un haut.
26:21Maintenant, je pense
26:23que oui, il y a une chose intéressante,
26:25vous avez des chefs dans l'entreprise
26:27et vous avez des chefs d'entreprise.
26:29Moi je suis un chef d'entreprise,
26:31c'est-à-dire un entrepreneur.
26:33Donc si demain, je croise les doigts,
26:35je plante mon entreprise,
26:37je ne vais pas avoir une retraite chapeau,
26:39personne ne viendra à mon secours et je vais
26:41être caution sur mes biens personnels, etc.
26:43Je pleure sur l'épaule de personne, mais je tiens
26:45à le préciser. Et c'est assez
26:47désagréable quand vous avez des chefs
26:49dans l'entreprise, qui ne se comportent pas bien,
26:51qui ont des primes à l'échec
26:53parce qu'ils ont eu des contrats
26:55extrêmement bien ficelés par les avocats
26:57et que ces gens-là,
26:59si vous voulez, sont pointés du loin,
27:01tout le monde en prend pour son matricule.
27:03Ce qui est particulièrement injuste.
27:05Donc je pense qu'il est important
27:07de faire la distinction.
27:09Et effectivement,
27:11vous avez aussi beaucoup de fantasmes
27:13et d'idées reçues qui circulent
27:15autour du patronat.
27:17Je voudrais juste répondre à monsieur, je voudrais
27:19vous remercier d'avoir parlé du partage des fruits de la croissance.
27:21Parce qu'à l'évidence, vous ne connaissez pas Croissance Plus,
27:23qui est la première association
27:25qui est à l'origine,
27:27dont c'est l'un des piliers
27:29de mettre en place tous les systèmes
27:31de partage des fruits de la croissance.
27:33C'est une des valeurs, je dirais, cardinales et adhérentes
27:35de notre association.
27:37Merci d'en avoir parlé.
27:39Sachant que oui, effectivement,
27:41Croissance Plus, pour ceux qui nous écoutent,
27:43parce que ce n'est pas le mouvement patronat le plus connu,
27:45même si c'est un des plus anciens dans ce pays,
27:47a plutôt tourné
27:49vers les entreprises dites de croissance.
27:51C'est que les entreprises de croissance.
27:53Je pense que c'est très intéressant l'idée de distinguer
27:55le patronat
27:57des patrons en France.
27:59Mais le patronat, c'est aussi un acteur
28:01qui a une responsabilité, parce qu'il s'exprime.
28:03C'est à lui, pour le coup, de prendre en compte
28:05ce qu'est la diversité des patrons de France.
28:07C'est-à-dire que le patronat, on entend quand même une voix
28:09que Pierre Gattaz en mode provocateur.
28:11Honnêtement, si on fait le bilan de
28:13Pierre Gattaz, c'est globalement catastrophique.
28:15Je ne sais pas exactement...
28:17Je ne ferai pas le bilan en tant que
28:19chef d'entreprise, mais en tant que représentant du patronat,
28:21je pense qu'il a fait beaucoup de mal au patronat.
28:23Et oui, sans parler de lutte des classes, en revanche,
28:25il y a plusieurs niveaux, il y a plusieurs réalités. Et derrière des mots,
28:27évidemment qu'on englobe tout le monde.
28:29Mais il se trouve que dans les gens qui structurent
28:31le débat public, c'est vrai qu'on entend plus un Alexandre
28:33Bompard que des patrons qui ont pris
28:35leurs risques et qui ont lancé leur boîte.
28:37Alexandre Bompard, on le voit, même les rapports de Rex & Co
28:39pointent les rémunérations totalement
28:41hallucinantes, et le décalage qu'il y a entre
28:43la réalité du manutentionnaire,
28:45tous ces métiers potériers...
28:47Mais ce qui est intéressant, et c'est ce que vous disiez, Laurent,
28:49c'est que ça affleure.
28:51C'est-à-dire que maintenant, ça existe.
28:53Véritablement, il y a, y compris
28:55chez les patrons, cette revendication de dire
28:57« Moi, je suis un entrepreneur, je mouille la chemise
28:59et je risque ma maison ». C'est ce que vous nous direz.
29:01Si vous voulez, je pense que de penser que les patrons
29:03sont comme un banc de sardines, et que quand il y a
29:05la sardine de devant qui va à gauche, à droite, au centre,
29:07que tout le monde suit, non, c'est une illusion complète.
29:09La preuve, c'est que vous avez énormément d'associations
29:11patronales. Maintenant, ce qu'il faut bien comprendre,
29:13c'est que nous vivons de l'héritage de la Seconde
29:15Guerre mondiale. Vous avez, je dirais, des
29:17associations, c'est le cas du MEDEF,
29:19qui sont, en clair, partenaires
29:21sociaux, et qui sont invités aux négociations.
29:23Ce n'est pas le cas de Croissance Plus.
29:25Donc, ça change tout à fait la donne.
29:27On va marquer une dernière pause, on verra s'il y a des boîtes
29:29de sardines ou pas, et ensuite, on se retrouve
29:31pour conclure cette émission.
29:43Je ferai de la baisse des factures d'énergie.
29:45C'est la priorité de mon action, en permettant
29:47à la France de déroger aux règles européennes
29:49de fixation des prix, pour permettre immédiatement
29:51une baisse de 30% des factures.
29:53Nous allons donc créer une mutuelle publique
29:55à 1 euro par jour, pour un retraité
29:57de 70 ans, c'est une économie
29:59de 90 euros par mois.
30:01Nous porterons le SMIC
30:03à 1 600 euros net.
30:05Laurent Wronski, vous êtes patron
30:07de PME. J'ai mis 3 propositions
30:09de chaque camp, là, pour ne pas qu'il y ait de jaloux.
30:11Laquelle vous prenez ? Laquelle vous inquiète ?
30:13SMIC à 1 600,
30:15énergie, moins 30%,
30:17ou encore, contribution
30:19complémentaire à 1 euro par jour.
30:21Moi, je n'en prends aucune, parce qu'il manque un élément essentiel.
30:23Je veux voir les économies, au niveau du
30:25budget de l'État, en face. Donc, toute proposition
30:27qui n'a pas en face, qui va coûter de l'argent,
30:29je veux voir des économies en face. S'il n'y en a pas, je ne prends pas.
30:31Jonathan
30:33Boucher-Pétersen,
30:35c'est vrai que, depuis le début,
30:37on a le sentiment qu'il y a les économistes,
30:39notamment du Nouveau Front Populaire,
30:41qui disent « Mais si, c'est financé ! »
30:43Et de l'autre, l'impression que
30:45cet argent-là est un peu de l'argent magique et qu'on a du mal
30:47à mettre les recettes en face.
30:49Vous allez être rassuré ou encore plus inquiet,
30:51mais il y a une conférence de presse demain à midi,
30:53organisée justement par le Nouveau Front Populaire,
30:55qui va chiffrer les mesures,
30:57annoncer leur financement,
30:59avec des politiques, des économistes.
31:01Je remarque toujours quelque chose qui m'amuse
31:03dans le monde médiatique, même si je n'aime pas du tout cette expression,
31:05c'est quand on présente certains économistes
31:07comme des économistes, et d'autres, on finit en disant
31:09« Merci Michael Zemmour, ou merci Esther Duflo,
31:11vous êtes économiste de gauche. »
31:13Et ça revient à ce qu'on disait au tout début,
31:15sur cette idée qu'il y a un seul bloc raisonnable,
31:17une seule option,
31:19et qu'en fait le reste, c'est comment est-ce qu'on arrive
31:21à se mettre sous ces fourches codines.
31:23J'entends les réalités de ce pays,
31:25tout le monde vit dans le même pays, personne n'a envie
31:27que la France, tout d'un coup, paye sa dette
31:29trois fois plus chère. Toutes ces réalités,
31:31je pense qu'il ne faut pas faire le procès
31:33de l'inconséquence à des gens
31:35qui posent simplement la question de l'égalité.
31:37Vous disiez que la question de la répartition de richesses
31:39était quelque chose qui vous parlait.
31:41En tout cas, je pense qu'il y a un constat objectif,
31:43et qui ne cherche pas à mettre en cause les gens,
31:45c'est qu'on est plutôt dans l'échec en ce moment.
31:47Et que toutes les solutions, et je le redis encore une fois,
31:49méfiez-vous en tant que salarié.
31:51Quand on vous dit « baisse des cotisations »,
31:53c'est la seule voie pour augmenter votre salaire.
31:55Je rappelle que le service public, c'est l'éducation,
31:57c'est beaucoup de choses fondamentales
31:59dans la vie de nos enfants, dans la vie de nos aînés,
32:01et que plus on abîme l'État, plus on affaiblit l'État,
32:03moins ce bien commun
32:05peut être au rendez-vous des attentes.
32:07Christophe Barbier, j'ai l'impression
32:09qu'on a du mal à faire croire
32:11à ces différents programmes politiques
32:13au niveau économique,
32:15et presque, je vais terminer avec une petite provocation,
32:17mais tout le monde s'en fiche.
32:19Oui, il y a une forme de désillusion, parce qu'on sait bien
32:21que les programmes ne sont généralement pas complètement
32:23appliqués, et quand ils sont appliqués, parfois ils ne marchent pas.
32:25On a bien vu en 1981 que
32:27ce qui était socialiste ne marchait pas, et ce qui marchait n'était pas socialiste.
32:29Et de ce côté-là, Emmanuel Macron
32:31a eu aussi des réussites et des échecs,
32:33mais au ruissellement, ça n'a pas fonctionné.
32:35Et on reste avec un problème, en effet, de salaire
32:37et de partage de la richesse. Et les promesses qui sont
32:39mises sur le tapis, évidemment,
32:41parient sur une crédulité des Français qui est désormais
32:43bien émoussée. Néanmoins,
32:45les Français veulent envoyer
32:47des signes aussi, et dire quelles sont leurs priorités.
32:49Le problème que j'ai, moi, avec
32:51le Front Populaire et son programme, c'est qu'il
32:53ne tire pas les leçons de ses échecs passés,
32:55et qu'il n'anticipe pas ce que
32:57la politique qu'il va mener, à côté des effets
32:59bénéfiques, va entraîner comme effet
33:01maléfique. Et il y en a à chaque fois.
33:03Il n'y a pas eu d'autocritique à gauche des 35 heures.
33:05Il n'y a pas eu d'autocritique à gauche du choc fiscal
33:07de 2012, qui était une mauvaise idée, mal appliquée.
33:09La gauche propose
33:11des choses dont l'idéal est évident.
33:13On a un problème salarial. On a un problème de
33:15répartition de la richesse. Il y a trop de pauvreté.
33:17Elle propose un chemin et une méthode
33:19qui ne sont pas éprouvés, et qui ne sont pas garantis.
33:21Et ça, je trouve que ce n'est pas raisonnable pour des...
33:23— On a fait le bilan du CUCE, rassurez-vous.
33:25— Merci. — Vous faites le bilan
33:27des adversaires. — Non, c'est le français hollande
33:29qui a fait le CUCE, ce n'est pas les adversaires.
33:31— Si, c'est vos adversaires. C'est une bouche anti-hollandaise.
33:33— On va devoir passer le...
33:35— Il y a des choses qui n'ont pas marché en
33:371982, en 1987.
33:39— Oui, mais revenez dessus.
33:41Si vous arrivez à y analyser pourquoi
33:43ça n'a pas marché... — On vous laisse 2 minutes d'entrée,
33:45mais on est sur les Chars, sur les Champs-Élysées dans 2 minutes.
33:47— On ne va pas se donner 2 minutes de plus,
33:49d'ailleurs, parce qu'il y a un match de foot qui démarre.
33:51— Par exemple, travailler moins, ça ne marche pas.
33:53Ça n'a pas marché. — Non, non, c'est pour ça que...
33:55— Imminuez le temps de travail. Donc, ceux qui disent 32 heures,
33:57ceux qui ne veulent pas réfléchir, ça ne veut pas dire qu'on va mettre les gens
33:59à 48 heures, mais travailler moins,
34:01ça n'a pas marché. Et donc, dites-vous
34:03pourquoi. — Merci beaucoup.
34:05Merci. — Merci beaucoup.
34:07— On a d'autres émissions, ça va continuer jusqu'au 2e tour.
34:09Merci Laurent Wronski. Donc, vous êtes le patron
34:11de la PME Ervor, Christophe Barbier et Jonathan
34:13Boucher-Peterson, éditorialiste
34:15politique. Il existe des
34:17économistes de gauche, il existe des patrons de gauche aussi.
34:19— Ouais.

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