Journée COMETE du 13 juin - Gestion de la ressource en eau, en patrimoine commun, dans les marais du Nord Médoc
Gestion de la ressource en eau, en patrimoine commun, dans les marais du Nord Médoc
Plus que de la concertation, la communauté de communes Médoc-Atlantique, le CPIE Médoc et l’Association patrimoniale internationale choisissent de capitaliser sur la confiance donnée aux acteurs à travers un audit patrimonial, pour dépasser les fortes tensions que génère le changement climatique sur les marais et la ressource en eau et identifier l’intérêt commun à agir.
Intervenants : Patrick Lapouyade, directeur du CPIE Médoc ; Vincent Pupin, directeur adjoint de l’Association patrimoniale internationale Animatrices ; Stéphanie Torrealba, directrice de l'UNCPIE et Philomène Le Maréchal, chargée de mission eau à l'UNCPIE.
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Plus que de la concertation, la communauté de communes Médoc-Atlantique, le CPIE Médoc et l’Association patrimoniale internationale choisissent de capitaliser sur la confiance donnée aux acteurs à travers un audit patrimonial, pour dépasser les fortes tensions que génère le changement climatique sur les marais et la ressource en eau et identifier l’intérêt commun à agir.
Intervenants : Patrick Lapouyade, directeur du CPIE Médoc ; Vincent Pupin, directeur adjoint de l’Association patrimoniale internationale Animatrices ; Stéphanie Torrealba, directrice de l'UNCPIE et Philomène Le Maréchal, chargée de mission eau à l'UNCPIE.
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00:00Bonjour donc et bienvenue pour cette séquence de retour d'expérience sur la gestion de
00:11la ressource en eau en patrimoine commun dans les marais du Nord-Médoc. C'est une intervention
00:19qui va se dérouler dans une séquence avec une présentation à deux voix de cette expérience
00:27de ce travail réalisé par Patrick Lapouillade qui est donc le directeur du CPIE Médoc en Géronde
00:35et Vincent Pupin qui est le directeur adjoint de l'Association Patrimoniale Internationale.
00:41Et nous animerons cette séquence à deux donc avec Philomène, le maréchal chargé de mission eau,
00:51et moi-même Stéphanie Torrel-Bache, directrice adjointe de l'Union Nationale des CPIE.
00:58Donc cette intervention à deux voix, elle va nous permettre d'explorer la situation de ce
01:07territoire de la pointe noire du Médoc et du travail qui est réalisé, qui est en cours,
01:14mais du chemin qui a commencé depuis quelques mois pour l'audit patrimonial dont il sera en
01:24particulier question, mais qui prend ses racines dans une histoire d'action et de développement
01:34au sein de ce territoire du Nord-Médoc. En introduction, quelques mots sur le réseau
01:41national des CPIE que peut-être certains d'entre vous ne connaissent pas. Donc les CPIE,
01:47ce sont des associations qui sont labellisées Centre Permanent d'Initiatives pour l'Environnement
01:53et qui ont tout un ancrage territorial, c'est-à-dire que les 80 associations du réseau
01:59sont implantées dans un territoire d'action dont elles connaissent bien les enjeux environnementaux
02:09et les acteurs et pour lesquels elles développent des actions à différents niveaux dans tous les
02:17registres de la transition écologique et dans des actions de sensibilisation d'information,
02:26d'accompagnement de projets et d'innovation pour faire émerger l'action commune et la
02:32faire vivre dans les territoires. C'est ce qui va être au cœur de l'action qui va être
02:38présentée aujourd'hui. Le réseau des CPIE, c'est aussi 12 unions régionales en France
02:45métropolitaine, une union nationale qui anime le réseau et qui vient soutenir et valoriser
02:51l'action des CPIE et des unions régionales. A l'échelle consolidée nationale, le réseau
02:57des CPIE c'est 10 000 adhérents, essentiellement des personnes morales et 1200 personnes salariées
03:04puisque chaque CPIE est une association professionnalisée qui a une équipe agissante
03:10sur le territoire. Je ne suis pas plus longue, si vous voulez en savoir plus, il y a un stand du
03:17réseau national des CPIE dans l'espace des partenaires et je vous propose d'entrer sans
03:23plus tarder dans le vif du sujet en donnant la parole à Patrick Labolliere. Bonjour à tous et à
03:30toutes. J'ai essayé de vous présenter assez rapidement l'objet du travail qui a été effectué
03:38à partir de novembre-décembre dernier et qui s'est construit en partenariat avec l'union nationale
03:44des CPIE et Agro-ParisTech et qui répondait à des enjeux assez importants puisqu'on est passé
03:52par une période assez compliquée de conflits d'usage autour de l'eau depuis un peu plus de
03:57deux ans et qui ont eu une sorte d'apogée dans un contexte paradoxal d'ailleurs puisqu'on avait
04:03beaucoup de pluviométrie cet hiver comme une grande partie du territoire national et au contraire
04:10ça a exacerbé effectivement une partie de ces conflits. On cherchait un moyen effectivement
04:14de prendre du recul et de faire prendre du recul aux usagers de ce territoire. C'est pour ça qu'on
04:19s'est rapproché de cette méthodologie avec une question qu'on a mis longtemps à formuler
04:26entre l'union et Agro-ParisTech qui était les conditions et moyens d'une amélioration de la
04:30gestion de l'eau dans la partie nord du territoire de la pointe du Médoc. Vous allez voir que c'est
04:33assez précis avec cette question de base qui était quelle modalité de prise en charge partagée de ce
04:38patrimoine commun. On est sur un territoire qui a une histoire qui est liée effectivement
04:47à l'histoire de l'association. L'association est née en 1993 d'une démarche uniquement bénévole au
04:57départ qui faisait le constat de l'échec d'une activité industrielle qui s'est développée sur
05:02la pointe à partir des années 60. Je ne sais pas Stéphanie si tu peux mettre la diapose suivante
05:07s'il te plaît.
05:08Voilà à partir de ce virage de la fin des années 60, le port de Bordeaux et l'état ont souhaité
05:23impulser un nouveau développement économique à ce territoire avec la création d'un avant-port
05:28ouvert non sur mer qui aboutit à partir des années 70 à une modification très profonde du
05:35paysage de la pointe avec une extension effectivement à l'est de ce qui est devenu
05:40aujourd'hui le terminal portuaire mais un projet qui était beaucoup plus vaste qui concernait la
05:44quasi-totalité des espaces humides de ce secteur puisque le port à cette époque avait une emprise
05:50qui allait au-delà de 4000 hectares et qui devait se transformer en l'équivalent d'un montoir ou
05:55d'un fosse sur mer à la pointe du Médoc dédié à l'industrie prétochimique. Ce qui fait qu'en
06:00très peu d'années on est passé sur un territoire agricole plutôt lié à la polyculture élevage et
06:06finalement une mise un peu en déshérence de ces espaces agricoles au profit d'un projet
06:12industriel qui finalement ne verra pas véritablement le jour puisque l'exploitation pétrolière telle
06:18qu'elle a été pratiquée à la pointe elle n'a duré qu'une grosse dizaine d'années et qu'en 84 le
06:24projet s'est arrêté. Le port de Bordeaux a continué d'essayer de développer des activités
06:31liées à l'import et à l'export de matières premières et derrière on a tout un espace et tout
06:42un tissu de milieux humides, d'espaces naturels, de prairies, de zones de culture dont les usages
06:49avaient profondément changé. Pour autant on est sur des espaces à la pointe qui sont coincés entre
06:53deux masses d'eau, l'océan et l'estuaire de la Gironde et on est dans un territoire vraiment
06:59d'eau où la circulation de l'eau de l'amont qui est en fait cette zone dunaire à l'ouest qui va
07:05s'écouler en direction de l'estuaire est intimement liée effectivement à la modification de ces
07:10paysages depuis le 16e-18e siècle au profit d'espaces drainés qui ont connu diverses activités de
07:18l'exploitation par l'élevage des zones qu'on appelle les palus c'est à dire les zones les plus
07:23les plus basses et puis tout un tas de territoires qui sont dévolus avec une grosse valeur agronomique
07:29qui ont été dévolues à l'agriculture céréalière qui sont plus au sud de ce qu'on voit ici le
07:35Jeunes-sous-lacs et le port de Nérand. Donc tous ces usages là ont été profondément modifiés,
07:41la plupart des propriétaires ont disparu au profit de plus grosses structures et plus
07:48grosses exploitations et on a eu une grande modification effectivement progressive notamment
07:54une partie de l'usage avec là où on avait beaucoup beaucoup d'éleveurs qui faisaient
07:59également des céréales on s'est retrouvé avec essentiellement des territoires qui étaient
08:04dévolus et de la céréalie culture intensive sur le sud notamment avec aujourd'hui donc un
08:08objectif pour nous c'est effectivement de revenir à des choses un peu plus équilibrées ou plus
08:15raisonnées sur ces portions de territoire. On est actuellement nous gestionnaires d'à peu
08:20près 1400 hectares qui appartiennent à la fois au port de Bordeaux et au conservatoire du littoral
08:23et on pourra revenir sur ces questions là mais ces questions effectivement du partage de la
08:29ressource en eau ont cristallisé les acteurs un petit peu les uns contre les autres les occupants
08:35en aquaculture ayant leurs besoins les chasseurs on est dans un secteur où ils sont particulièrement
08:41présents notamment sur la chasse à la tonne de nuit donc les chasses à la fût en nocturne
08:46il y a besoin effectivement d'eau pour attirer les oiseaux et puis des éleveurs qui sont en
08:53bout de ligne finalement de ces écoulements d'eau et qui ont besoin de drainer des territoires pour
08:58rendre l'eau à l'estuaire de la Gironde le plus rapidement possible pour pouvoir effectivement
09:02accéder aux parcelles cultivables. Donc on avait là les ingrédients de situations un peu
09:11compliquées et ce qui était déjà identifié c'était un déficit d'entretien ou un déficit de
09:17gestion mais tout le monde se rejette un petit peu depuis des années la responsabilité de ces
09:21déficits voilà tout le monde s'est un peu déresponsabilisé là où avant on avait effectivement
09:25plutôt une gestion en commun entre les agriculteurs et d'abord parce que trois quarts des agriculteurs
09:31à cette époque là étaient également chasseurs et ils étaient à la fois éleveurs et céréaliers
09:36il y en avait qui connaissaient des gens qui étaient en austréiculture etc on a cloisonné un
09:41petit peu les responsabilités et l'évolution de la réglementation notamment plus récemment avec
09:49le transfert vers les communautés de communes de la responsabilité au niveau de Gemapi ont fait
09:54qu'effectivement la plupart des acteurs de ce territoire se sont en partie effectivement
10:01responsabilisés ou en tout cas identifié des responsables de la gestion de l'eau sur le
10:05territoire qui selon eux n'étaient pas effectivement aptes je dirais à répondre à l'ensemble de leur
10:11problématique et on est monté en conflit comme ça progressivement depuis pas mal d'années et en
10:18tant que gestionnaire d'espace nous on avait du mal à prendre une forme de distance finalement
10:23au niveau de ces questions et parce qu'on était devenus des opérateurs de gestion nous aussi et
10:29donc on était de nouveau nous aussi identifié comme des gens qui avaient des possibilités d'action
10:33et donc potentiellement comme des responsables et un des objectifs et c'est pour ça qu'on en a
10:39longuement discuté avec l'union et avec avec agro-paralytèque c'était effectivement de dire
10:45comment est ce qu'on peut reprendre une forme de distance là dedans remettre tout le monde
10:50autour de la table apaiser aussi les discussions puisque c'était un des premiers objectifs et
10:55et refaire travailler tout le monde à cette à cette vision de cette ressource en eau comme étant
11:00finalement un bien commun sur lesquels tout le monde pouvait avoir sa part à jouer et pouvait
11:06reprendre de la responsabilité sur sur sa gestion et on a commencé ce travail donc à partir de
11:12décembre au dernier avec cette première phase de vie patrimoniale et aujourd'hui on continue ce
11:17travail en essayant d'être un peu fidèle à la méthodologie qui avait été qui avait été déployé
11:22et on pourra peut-être vous en dire plus un peu après. Merci Patrick, donc je passe la parole à
11:28Vincent Pupin qui va nous expliquer ce que c'est que cette audite patrimoniale. Oui bonjour à tous
11:36donc cette méthode de l'audite patrimoniale c'est une méthode qui est adaptée à certaines
11:46situations c'est à dire les situations comme l'a décrite Patrick où nous on qualifie de
11:53complexe et multi acteurs c'est à dire qu'il n'y a pas une seule personne qui peut résoudre ce
12:00problème. En France on a un petit peu l'habitude de de cloisonner comme ça a été dit, où on est
12:09dans la sphère privée où on est dans la sphère publique et généralement le propriétaire privé
12:17il est responsable d'un certain nombre de choses, la puissance publique elle est responsable d'autres
12:23choses et en particulier sur l'eau il y a des compétences définies mais en fait dans la réalité
12:28il y a beaucoup de choses qui sont transverses à ces appropriations publiques et privées.
12:32Par exemple si on prend le cas d'une forêt et bien bien sûr il y a des propriétés forestières
12:39publiques ou privées et à la fois la question du risque d'incendie c'est transverse, ça dépend du
12:47comportement de l'ensemble des acteurs tout comme la biodiversité qui émerge de
12:53de cet ensemble de propriétaires publics et privés. La question de la forêt, la question de l'eau
13:00est aussi, l'eau elle circule à travers les appropriations publiques et privées, elle circule
13:05à travers nous aussi, on est fait de 70 % d'eau donc l'eau et ça nous concerne tous et donc un
13:11acteur seul ne peut pas gérer cette question d'eau quand elles sont vues globalement. Donc par rapport
13:20à ce type de situation complexe et multilacteur, Henri Hollagnon qui a été confronté à ce type de
13:30sujet au début au ministère de l'agriculture puis à Agro-ParisTech, il a mis au point à la fois la
13:38méthode de l'éthique patrimoniale et puis plus largement une approche, l'approche patrimoniale.
13:43Donc là on va se focaliser un petit peu sur la méthode, en fait comment on aborde ces questions
13:48complexes et multilacteurs. Si c'est complexe et multilacteur, en fait ça amène au fait que la
13:57situation à un temps donné, elle est la résultante de l'action de tout un tas d'acteurs en interaction
14:04et que si on veut modifier cette situation qui n'est pas satisfaisante, eh bien il faut viser
14:10la coaction des acteurs ensemble vers quelque chose qui soit plus cohérent, mieux ou qui converge
14:19vers quelque chose, vers une amélioration de la situation. Et en ce sens-là, cette méthode se
14:25distingue d'une concertation par exemple ou d'une consultation où il ne s'agit pas pour nous d'aller
14:34voir les gens et puis ça éclaire une décision d'un acteur public ou en l'occurrence du CPIE.
14:42C'est-à-dire qu'on ne va pas voir les gens pour qu'ils donnent leur avis et qu'après la personne
14:46décide non. L'idée là, cette méthode là, c'est pour mobiliser les acteurs pour qu'ils disent
14:52à quelles conditions moi je vais contribuer à une amélioration de la situation. Donc là vous
15:00avez un petit schéma qui reprend globalement comment ça se passe. Il y a donc un auditeur
15:08ou des auditeurs patrimoniaux. Pour le CPIE, ça se fait dans le cadre d'un enseignement et
15:15d'une formation. Donc c'est un ensemble d'étudiants qui ont fait des entretiens. Donc il y a une
15:20initialisation de la procédure, c'est-à-dire, comme l'a dit Patrick, il a fallu trouver la
15:25bonne formulation de la question d'intérêt commun. C'est-à-dire qu'il faut aller voir tout le monde
15:30en trouvant une question qui intéresse aussi bien les chasseurs, les élus, les agriculteurs,
15:36etc. Tous les acteurs concernés. Il y a la phase de prise de rendez-vous. Donc l'auditeur intervient
15:45comme un tiers acteur facilitateur. Alors j'ai l'habitude de dire qu'il est extérieur, il n'est
15:51pas neutre. On n'est jamais neutre sur ces questions-là. On est toujours acteur à un niveau
15:57ou à un autre. Simplement, comme ces gens-là sont extérieurs au territoire, ils peuvent faire
16:06un pas de côté, comme l'a dit Patrick, et donc d'abord écouter les gens dans un certain contrat
16:15clair, en particulier de confidentialité, qui permet à chacun de pouvoir s'exprimer. Chaque
16:24acteur est considéré comme étant expert de la situation, quelle que soit son expertise.
16:30Et dans cette situation, dans ce processus, les entretiens sont approfondis. Ils sont,
16:45on dit, semi-directifs, c'est-à-dire qu'on a une grille d'analyse qui s'appelle IDPA. Vous le voyez
16:50au centre, la grille IDPA, qui est I pour identification, D pour diagnostic, P pour
16:55prospective et A pour production d'action. C'est-à-dire qu'on demande à chaque acteur de
17:03faire un état stratégique de la situation, y compris avec les actions dont il a, la façon
17:08d'agir dont il a aidé. Puis on essaye de trouver les intérêts communs entre les acteurs. Donc c'est
17:13orienté vers qu'est-ce qui pourrait jouer ensemble. Donc il y a une phase d'intégration selon cette
17:18grille d'analyse et une phase de restitution qui est proposée. La restitution est à la charge du
17:23commanditaire parce que notre souci, c'est aussi de sécuriser les personnes qui prennent cette
17:28initiative de faire un audit. L'audit, c'est à la fois cette méthode-là, écouter les gens,
17:35le restituer pour voir, pour montrer tous les points de vue et les dimensions en jeu et les
17:42propositions possibles. Et c'est à la fois une méthode de mobilisation des acteurs autour d'un
17:48commanditaire. Et ça c'est très important, c'est-à-dire que le fait que des auditeurs aillent
17:56voir des acteurs différents au nom de quelqu'un, ça repositionne cette personne comme étant
18:01quelqu'un qui accepte justement cette diversité de points de vue, qui accepte que les gens s'expriment
18:07librement et que ce soit retranscrit par quelqu'un d'extérieur qui va faire ce travail d'intégration,
18:15qui a un travail de diplomatie, parce que parfois il y a des expressions qui peuvent être violentes,
18:22et l'idée c'est qu'on aille vers le positif, vers le commun, sans nier les problèmes qui sont réels,
18:31et donner une sorte d'effet miroir aux acteurs, et à la fois une prise de distance de la part de
18:38l'auditeur pour dire voilà moi j'ai vu tous ces gens-là et voilà ce que je ressens. Donc voilà
18:43très rapidement la présentation de ce que c'est qu'un audit patrimonial. Merci Vincent,
18:50alors je redonne la parole à Patrick, je vais remonter un peu dans le diapositif parce que
18:56je me rends compte que vous n'étiez pas forcément bien ordonné, pour que Patrick tu nous dises le
19:00don que vous avez bénéficié de cette audite patrimoniale sur le territoire d'une ORMEDOC
19:05réalisée par ETHEC avec ses étudiants. C'était donc un audit qui a été commandé ensemble par
19:12l'Union Nationale du CPIE et le CPIE, et cette audite dans le moment de restitution a mis en
19:20avant, mis en valeur des choses, et qu'est-ce que le CPIE en a tiré, qu'est-ce que ça a révélé pour
19:29le territoire, et qu'est-ce qui s'est passé depuis, puisqu'on est au milieu ? Alors le premier
19:37bénéfice effectivement pour nous ça a été vraiment cette remise au centre du CPIE comme étant
19:46un acteur qui, c'est ce que disait Vincent, accepte effectivement la remise en question,
19:52accepte l'écoute auprès des acteurs et même la facilite en fait. Et donc de ce point de vue là,
19:57le premier effet ça a été effectivement de réidentifier cette possibilité pour nous,
20:04ce rôle là à notre niveau, c'était très important parce que ça faisait quelques années qu'on était
20:08nous réidentifier comme étant avant tout un opérateur de gestion finalement, et on avait
20:14perdu en tout cas auprès de certains acteurs cette légitimité de porter des choses de façon plus
20:20générale et notamment dans ce cadre très apaisé. Donc ça, ça a été vraiment le premier succès,
20:26il y a beaucoup de préjugés y compris pour nous, c'est-à-dire que même dans ce qu'on a entendu de
20:33ce qui est ressorti des acteurs, il y a des choses qui nous ont nous-mêmes surpris, c'est-à-dire qu'on
20:37avait forcément nous aussi des biais d'interprétation, on travaillait au plus près de l'ensemble des
20:42partenaires depuis toutes ces années et ça a permis effectivement de prendre ce recul là
20:49pour affronter la suite et pour se dire bon du coup maintenant que tout ça s'est posé, comment
20:55est-ce qu'on peut avancer ? Très clairement par exemple, pour donner un exemple, on est dans le
21:04cadre d'un travail avec le conservatoire du littoral sur une mutation agricole et on n'avait
21:12pas forcément perçu la capacité de certains occupants agricoles aujourd'hui à s'inscrire
21:18vraiment dans cette volonté eux aussi de changer une partie des activités, des actions, d'avoir
21:24ce niveau-là d'ouverture et de se dire ok on est prêt finalement à parler, on est prêt à faire
21:29un certain nombre d'actions avec vous. Donc ça c'était véritablement précieux. L'autre étape qu'on
21:37avait probablement sous-estimé aussi à notre niveau, c'était que les élus du territoire puissent
21:45effectivement se réapproprier aussi cette question-là et s'en servir pour réinterroger la
21:52gouvernance territoriale. Alors je vais être très honnête avec vous, de mon point de vue à moi les
21:58choses ne vont jamais assez vite et le verre ne se remplit jamais assez rapidement mais ça sert
22:07aussi à ça, les échanges qu'on peut avoir y compris les échanges qu'on a continué à avoir avec
22:10Vincent et avec l'union nationale, c'est de voir aussi qu'il y a ce parcours-là qui se fait. Alors
22:15la frustration peut-être c'est qu'on reste dans des temps qui sont assez longs. Il faut effectivement,
22:22et ça c'est la plus grosse difficulté qui est devant nous actuellement, c'est d'inscrire tout
22:26le monde dans cet effort de patience. C'est-à-dire qu'il faut qu'on continue ce travail, il faut
22:31qu'on continue de s'écouter, il faut qu'on continue d'avancer et les choses ne peuvent pas aller très
22:37vite. Il y a plein d'acteurs aussi et nous je m'inscris pareil, nous aussi il y a des choses
22:42qu'on aimerait voir avancer beaucoup plus rapidement. On voit bien qu'il faut prendre un
22:46temps si on veut vraiment parler de mise en commun et cette notion de patrimoine commun,
22:51elle demande une réappropriation des choses et que chacun comprenne bien quelle est la position
22:56de l'autre, quels sont ses besoins, quelles sont ses difficultés etc. Et ça finalement on se dit
23:04oui je sais ce que c'est l'élevage, je sais comment ça marche, je sais quelles sont leurs
23:07problématiques etc. Non non c'est beaucoup plus spécifique que ça et beaucoup plus complexe
23:12parce qu'il y a aussi les rapports humains qui viennent s'intégrer à l'intérieur de tout ça.
23:16Donc aujourd'hui la plus grosse victoire je dirais de ce travail ça a été effectivement de permettre
23:23à tout le monde de prendre conscience de ça, qu'il fallait ce temps là, qu'il fallait effectivement
23:27s'écouter et autres. De fait depuis on a recréé deux ateliers d'échange et de travail, toujours
23:33sur cette question on a fait deux ateliers, un sur la question des réseaux hydrauliques,
23:37la circulation, quels étaient les freins etc. Et là on sort il y a une semaine d'un travail sur la
23:43qualité de l'eau avec des intervenants extérieurs, notamment de l'université de Bordeaux. L'idée
23:48c'est, ce qui est vraiment positif c'est de s'apercevoir que tout le dialogue a repris de
23:55façon nettement plus apaisée, même s'il y a des choses qui sont encore dites de façon,
23:59ce que disait Vincent tout à l'heure, de façon parfois assez violente. Mais au moins les gens
24:03ont cet espace de discussion et nous notre travail c'est systématiquement de leur redire
24:10que oui on peut tous dire dans le respect et que derrière on va reformuler effectivement ces actions
24:15et de nouveau eux revalident derrière et donc se sentent aussi légitimés et acteurs de ça. C'est
24:21à dire que derrière c'est bien ce que j'ai dit, on m'a redemandé mon avis pour qu'on en fasse un
24:25compte rendu et l'objectif c'est d'aller maintenant vers l'élaboration avec tout le monde en intégrant
24:32à partir de cet automne dans la discussion les élus vers l'élaboration d'un plan d'action. Moi je
24:40veux pas être trop trop ambitieux non plus mais c'est effectivement d'essayer d'évaluer où sont
24:47les actions que les gens aimeraient qu'on fasse ou que collectivement ce qu'on aimerait faire,
24:51mais en même temps de faire ce travail d'identification de où sont les freins,
24:55quelles sont les difficultés économiques, quels sont les modes de gouvernance à mettre en place
25:01pour y arriver et donc ça va être long encore. On sait qu'il va y avoir des étapes et qu'on va
25:07avancer comme ça là-dedans de façon très progressive. Merci Patrick, le temps file,
25:15il est déjà 15h28. Je vais arrêter le partage d'écran, un certain nombre d'entre vous sont
25:20arrivés en cours de route donc j'espère que vous avez pu garder le fil de tout ça. Est-ce que des
25:30questions ont été posées sur le chat Philomène ? Non ? Alors est-ce que certains d'entre vous
25:36souhaitent poser sa question directement aux intervenants pour qu'ils puissent éventuellement
25:44compléter leurs propos ? Si vous n'avez pas ouvert votre micro, on n'est pas très nombreux donc ça
25:55permet de prendre facilement la parole. Alors combien de temps prend la démarche de l'éthique
26:04patrimoniale ? Dans le cadre d'un audit d'étudiants, c'est assez contraint parce qu'il y a le calendrier.
26:18Je crois qu'ils passent deux semaines sur le terrain et ils s'intègrent ensuite pendant deux
26:30semaines et il y a une restitution. Donc on va dire la démarche c'est sur deux mois en tout,
26:35à peu près. On a été encore plus vite que ça, il y a des territoires où effectivement le temps
26:42a été assez court. Nous on a opté pour une version éclair, ils ont fait dix jours de terrain avec
26:53l'ensemble des entretiens etc. Ils ont dû terminer honnêtement dans le week-end, le samedi ou le
26:58dimanche, ils sont repartis, ils ont refait les synthèses, ils sont revenus sur le territoire le
27:02mardi suivant pour la restitution. Je ne sais pas si tous les retours d'expérience sont identiques
27:09mais dans le cas présent, ça a été vraiment intéressant parce que le fer a été particulièrement
27:16chaud dans tous les sens du terme et le fait de refaire la restitution le mardi, de mobiliser les
27:24gens, ça a été vraiment efficace parce que là aussi c'était vous avez mis en place des shows,
27:29vous avez écouté etc. et de suite vous faites et de suite on est dans l'action entre guillemets,
27:35c'est à dire qu'on voit le résultat et on voit qu'on a été entendu, on voit la manière dont ça a
27:39été reformulé et ça je pense que ça a été aussi une des clés du fait que ça a été bien perçu,
27:44voire même très bien perçu. Après dans un cadre professionnel, il n'y a pas le nombre d'étudiants
27:54comme là, je ne sais pas combien il y en a, mais il y en a une quinzaine, une vingtaine. Mais après
28:01il faut autant de temps, 20 fois cinq personnes par auditeur, donc ça fait beaucoup de temps,
28:15d'autant plus que ce sont des entretiens qui sont, si on veut bien écouter les gens, il ne faut pas
28:24dire que ça va durer une heure ou deux heures, en fait c'est le temps que les gens ont envie de
28:29nous accorder en tant qu'auditeurs pour aller au fond des choses et pour aller au-delà de la
28:35posture et de ce qu'ils disent habituellement. Donc moi ça m'est arrivé de faire des audits
28:41qui durent six heures, sept heures, huit heures si c'est nécessaire, surtout dans des situations
28:46d'extrême conflit comme par exemple j'ai travaillé dans les suites du barrage de Syvins dans le
28:53Tarn où il y avait une zade, où il y a eu un mort, donc là il y avait un territoire à feu et à
28:59sang et là les gens ont besoin de parler longtemps, avec une moyenne de trois, quatre heures d'entretien.
29:04Et dans ces cas-là, on peut intervenir de façon flash, mais plus on a un peu de temps
29:10pour intégrer, plus la précision de l'intégration est bonne.
29:16Alors il y a Céline qui demande si l'objectif c'est d'arriver à un plan d'action dans l'audit
29:26patrimonial. Alors non, l'objectif c'est pas ça, l'objectif c'est de sortir aussi des systèmes
29:36dans lesquels on est tous enfermés avec les projets de territoire, c'est-à-dire qu'on fait
29:42un beau diagnostic avec les données, on le présente aux gens, on ne sait pas s'ils sont
29:49d'accord, et ensuite on fait un plan d'action, on fait des ateliers, on fait des plans d'action,
29:55etc. Ça ne marche pas comme ça en fait. Pour nous, dans une situation complexe, il faut un mode
30:02d'action complexe, il faut un mode d'action qui tienne compte des allers-retours, etc. Donc
30:08l'objectif c'est de faire un état des lieux stratégique, c'est-à-dire d'avoir rapidement
30:15toutes les dimensions en jeu, y compris les propositions d'action, c'est-à-dire de faire
30:22état de ce que les gens ont dans la tête en matière d'identification de la situation, des
30:27problèmes, de ce qui a déjà été fait, comment ils voient l'avenir et qu'est-ce qu'ils portent
30:32comme façon d'agir. Faire cet état des lieux et de croiser tout ça, et on n'est pas dans une
30:38représentation statistique, on est dans une représentation stratégique, c'est-à-dire quels
30:44sont les acteurs importants qu'il faut rencontrer pour avoir toutes les dimensions en jeu. Parfois,
30:49il y a très peu d'acteurs qui portent une dimension très importante de la situation.
30:54Par exemple, vous voyez, dans beaucoup de sujets sur lesquels j'interviens qui sont liés aux vivants,
31:01les agriculteurs aujourd'hui sont ultra minoritaires en France, et pourtant ils ont un
31:06rôle très important dans la gestion du vivant. Donc on ne peut pas l'évacuer. Mais c'est vrai
31:15pour les forestiers, si on travaille sur la forêt, le rôle des bûcherons est très important.
31:23Donc en fait, c'est faire d'abord un état des lieux stratégiques et l'autre objectif,
31:31comme on l'a dit, c'est de repositionner le commanditaire, la personne qui porte la
31:36responsabilité de lancer cette audite, comme étant un acteur reconnu par l'ensemble des
31:43autres acteurs pour porter cette rencontre et cette négociation pour avancer. Ça peut être,
31:49bien sûr, assez payeux, ça peut être une collectivité, des fois c'est les services
31:53de l'État. J'interviens par exemple sur la question de la réduction de l'exposition des
31:58personnes aux pesticides en Occitanie. Comment l'État sort d'une position où il va être uniquement
32:04dans le réglementaire, à une position où il dit, sur cette question-là, en particulier les
32:09pesticides dans l'air, la réglementation ne permet pas de résoudre les questions à la fois de santé,
32:17de production agricole, etc. Comment l'ensemble des acteurs, dans des territoires volontaires,
32:22acceptent de travailler aux côtés de l'État pour essayer de trouver des nouvelles façons d'agir ?
32:29Merci Vincent. On est déjà arrivé au terme de ce retour d'expérience. Une petite précision
32:39quand même en réponse à la question posée. Le réseau des CPIE, enfin les CPIE qui sont dans
32:44les territoires, se place dans une perspective de faire avancer le territoire dans la résolution de
32:52ses problèmes environnementaux et la mise en action. Et l'action est un horizon de leur
33:00contribution et de la démarche vers l'action commune qu'ils essayent d'animer, de mettre en
33:07place avec les autres acteurs. Donc l'audit patrimonial est une étape déterminante dans
33:14ce cheminement, qui reste aussi un cheminement vers l'action. Donc c'était, je pense, important
33:19de le spécifier. Merci beaucoup pour vos interventions Patrick et Vincent. Merci à
33:27tous pour votre participation et je vous invite à retourner sur la plateforme numéro pour pouvoir
33:32retrouver les différents accès pour la séquence que vous avez choisie sur le temps à venir. Merci
33:41beaucoup.