- 12/06/2024
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00:00...
00:08Ce De Gaulle, c'est un apprenti dictateur,
00:10c'est pas un démocrate.
00:11Lui, il soutient les grands démocrates de Vichy.
00:14...
00:15Roosevelt a décidé de liquider De Gaulle.
00:18...
00:26Tout d'un coup, la France existe.
00:29Il n'arrive pas à comprendre.
00:31...
00:38Pour les Etats-Unis, la France est un empêcheur de tourner en rond.
00:41Les Etats-Unis ne veulent pas une autonomie nucléaire.
00:45La France.
00:46...
00:54Il va quitter l'OTAN,
00:55mais pour s'allier avec le Pacte de Varsovie.
00:57Je quitte l'organisation militaire de l'Alliance atlantique
01:00parce qu'elle est aux mains des Américains.
01:03...
01:07Mon grand-père savait que,
01:09comme elle l'avait fait régulièrement
01:12au cours de son exercice du pouvoir,
01:14la CIA pouvait mettre de l'huile sur le feu
01:16comme elle le pouvait, tant qu'elle le pouvait.
01:17C'était visiblement une tentative peut-être de déstabilisation de De Gaulle.
01:51...
02:03...
02:25En à peine un mois,
02:27entre la mi-mai et la mi-juin 1940,
02:30la France s'effondre.
02:33Mal commandée et mal préparée,
02:35l'armée subit l'une des pires défaites de son histoire.
02:39À la surprise générale,
02:40Hitler anéantit en quelques semaines
02:43l'une des plus grandes puissances coloniales du XXe siècle.
02:46...
02:48En dehors de la Grande-Bretagne,
02:50il ne reste plus aucune résistance
02:52face aux ambitions du régime nazi en Europe.
02:55...
02:57Cette France, considérée après la Première Guerre mondiale
02:59comme la première puissance militaire,
03:01en quelques mois, s'effondre.
03:03Donc ça, c'est un choc.
03:05Ensuite, elle n'a pas le ressaut moral
03:08qu'ont les Britanniques,
03:10donc la France apparaît comme un pays fini.
03:12...
03:16Aux premières loges de la défaite
03:18se trouve notamment Harrison Freeman Matthews,
03:20l'ambassadeur des Etats-Unis en France.
03:23Il est l'un des témoins de l'entrée des troupes nazies à Paris
03:26et de l'effondrement de la IIIe République.
03:29...
03:31Matthews contribue à montrer à Roosevelt
03:34l'état de déliquescence du gouvernement français.
03:37Et son influence est importante
03:39dans l'idée que Roosevelt se fait
03:41que la France est vraiment tombée très bas.
03:44...
03:50Côté français, un seul homme se dresse face à Hitler.
03:54Il a 49 ans.
03:56Peu connu, Charles de Gaulle, un général deux étoiles,
04:00et jusqu'au 16 juin, sous-secrétaire d'Etat à la guerre
04:03du gouvernement Reynaud,
04:04vient de rejoindre Londres pour continuer la lutte.
04:07...
04:11Nous espérons qu'un jour,
04:15une force mécanique supérieure
04:18nous permettra d'avoir la victoire,
04:22l'honneur des Français.
04:24Il lance un appel au combat le 18 juin 1940
04:27sur les ondes anglaises de la BBC.
04:30Le 1er ministre britannique, Winston Churchill,
04:34le reconnaît officiellement comme chef de tous les Français libres
04:37le 28 juin suivant.
04:39...
04:42En France, le régime de Vichy
04:45est dirigé par le maréchal Philippe Pétain.
04:47Il vient de recevoir les pleins pouvoirs de l'Assemblée nationale
04:50le 10 juillet 1940.
04:53Installé dans la partie inoccupée du pays,
04:55le gouvernement de Vichy est officiellement reconnu
04:58par les Etats-Unis du président Franklin Roosevelt.
05:00...
05:02Il s'était fait son petit programme.
05:04La France disparaissant, c'était lui qui allait être le garant,
05:08qui allait être le protecteur,
05:11qui allait remodeler la France à sa convenance.
05:13Et avec ses relations avec Vichy,
05:17il allait servir de guide au maréchal, de protecteur.
05:22...
05:25En témoignage de cette confiance réciproque,
05:28et en reconnaissance de cette entente,
05:30le président Roosevelt envoie une cadillac
05:32au chef du régime de Vichy.
05:34Un cadeau qui devient la voiture officielle de Philippe Pétain.
05:39Le chef de la Maison-Blanche dépêche également un ambassadeur à Vichy.
05:43L'amiral Richard Leahy,
05:45qui négocie des accords commerciaux entre les Etats-Unis et Vichy,
05:48est aussi un fervent admirateur de Pétain.
05:51Jusqu'à l'entrée en guerre des Etats-Unis en décembre 1941,
05:54il y aura beaucoup de ravitaillement américain
05:57qui arrivera en zone libre.
05:59Et il y a un ambassadeur qui s'appelle l'amiral Leahy à Vichy,
06:04qui est un ami personnel de Darlan, amiral comme lui,
06:07donc qui se connaît depuis très longtemps,
06:09qui est une grande admiration pour Pétain,
06:12qui est logé somptueusement à Vichy,
06:14qui est fourni en bouteille de whisky par Darlan
06:17et qui travaille beaucoup sur l'amitié franco-américaine.
06:23Le fournisseur de whisky de l'amiral Leahy
06:26est François Darlan,
06:27chef de la marine marchande et militaire de Vichy.
06:30Il devient chef du gouvernement de Pétain en décembre 1940.
06:38Commissariat aux questions juives,
06:40session de base militaire dans l'empire aux Allemands,
06:43Darlan, c'est l'homme de la collaboration effrénée
06:46avec le régime nazi.
06:48Successeur désigné de Pétain,
06:50il travaille aussi main dans la main
06:51avec l'Amérique isolationniste de Roosevelt.
06:56Pour Roosevelt, la politique avec Vichy s'est intéressée.
07:00A la fois, ça lui permet de faire en sorte
07:03que la flotte ne tombe pas aux mains des Allemands,
07:06les colonies sur lesquelles il a des vues, en plus,
07:08qu'on y française.
07:10Jusqu'au débarquement en Afrique du Nord,
07:12la politique de Vichy, c'est la pierre angulaire de sa politique.
07:19Les liens financiers américains avec l'Europe
07:21sont très importants et anciens.
07:24Avec le début de la Seconde Guerre mondiale,
07:26tous ces intérêts doivent être protégés et même développés.
07:31Sans distinction, les Etats-Unis commercent aussi bien
07:33avec la Grande-Bretagne, le régime nazi,
07:36que celui de Vichy.
07:40Ce qui les motive, c'est pas du tout la morale,
07:43contrairement à ce qu'ils prétendent.
07:44C'est pas du tout les grands sentiments,
07:46c'est pas du tout la vieille amitié franco-américaine.
07:49Tout ça, si j'étais trivial, je dirais qu'ils s'en tapent.
07:52Ce qui les a motivés à intervenir, c'est l'argent, c'est tout.
07:56Les Etats-Unis voulaient en France
07:59ce qu'ils avaient, bien entendu, voulu avant,
08:01et finalement que Vichy était particulièrement susceptible
08:05d'accorder parce que Vichy était une sorte de gouvernement de rêve.
08:10Je dirais que plus les années passaient,
08:13plus Vichy était en temps.
08:15C'était un gouvernement particulièrement souple.
08:19Les entreprises américaines en France,
08:21elles ont fait des affaires pendant l'occupation
08:25tout à fait conséquentes, tout à fait considérables.
08:29Face à une telle combinaison d'intérêts politiques et économiques croisés,
08:34Charles de Gaulle, le général inconnu,
08:36ne fait pas le poids pour Roosevelt.
08:38Le président ne l'apprécie pas.
08:41Il y a une détestation initiale.
08:43Le général ne lui plaît pas.
08:45Il s'est déjà fait cette idée pratiquement tout de suite,
08:48à l'été de 1940.
08:50Et il n'en démordra jamais.
08:52De Gaulle, c'est un apprenti dictateur,
08:54ce n'est pas un démocrate.
08:56Lui, il soutient les grands démocrates de Vichy.
09:00Et de Gaulle, il le dit lui-même,
09:03c'est l'empêcheur de tourner en rond
09:05qui va compromettre toute sa politique avec Vichy.
09:08Grand-père m'a dit que Roosevelt,
09:11c'était un politicien, déjà fondamentalement,
09:13et il ne m'aimait pas parce que c'est vrai que je ne me laissais pas faire,
09:16que j'avais une grande gueule,
09:17et que c'était comme ça.
09:21À Washington,
09:22les propétains et les adversaires de de Gaulle
09:24se pressent à la Maison-Blanche.
09:26Tous abondent dans le sens d'un rejet du chef de la France libre.
09:32Roosevelt est quelqu'un qui est très influençable
09:35par les gens qui sont d'accord avec lui.
09:37Là, en l'occurrence,
09:40il y a parmi les Français
09:42qui se sont réfugiés à Washington,
09:45il y a des gens qui sont très bien introduits à la Maison-Blanche,
09:49et qui sont, pour des raisons d'ailleurs très variées,
09:52assez férocement anti-de Gaulle.
09:54Il y a un homme qui est très important à cet égard,
09:56c'est Alexis Léger, le grand poète.
09:58C'est un jeune perse qui a eu le prix Nobel plus tard
10:00et qui a été pendant longtemps secrétaire général du Quai d'Orsay,
10:03du ministère des Affaires étrangères à Paris,
10:05et qui se considère comme un grand diplomate.
10:08Et qui...
10:10Alors que de Gaulle l'a, avec considération,
10:12approché pour lui demander son soutien,
10:14il l'a refusé avec hauteur et qui, dès ce moment-là,
10:17a vraiment monté Roosevelt et les siens,
10:20les ministres des Affaires étrangères américains,
10:22contre de Gaulle.
10:25Mais il y a plus inquiétant pour de Gaulle à Washington.
10:29Il y a effectivement le comte de Chambrain.
10:31Le comte de Chambrain, c'est le gendre de Laval,
10:34donc évidemment, il ne peut pas être gaulliste.
10:36Et d'un autre côté, c'est un cousin de Roosevelt.
10:40Donc il est très bien reçu à la Maison-Blanche,
10:43c'est un familier de la maison,
10:45et Pierre Laval appelle son gendre Petit Lapin.
10:48C'est dire s'il y a une espèce de consanguinité.
10:52Et il dit exactement à Roosevelt ce qu'il veut entendre,
10:55donc évidemment, c'est très pratique.
10:59Un autre homme à ses entrées.
11:01Banquier et fin psychologue,
11:03Jean Monnet est un homme très apprécié
11:05par les milieux politiques et d'affaires anglo-saxons.
11:08Monnet a plus de 20 ans,
11:10et il est un homme qui est très bien reçu à la Maison-Blanche.
11:14Monnet a plusieurs casquettes.
11:16Il travaille notamment pour le Royaume-Uni
11:18comme chargé des approvisionnements de guerre.
11:22Jean Monnet ne partage pas...
11:23C'est pas de la détestation absolue,
11:25mais enfin, il n'aime pas De Gaulle non plus.
11:28Il le voit aussi comme un obstacle à ses propres projets,
11:32et donc, lui aussi, comme les Américains adorent Jean Monnet,
11:35ils le connaissent depuis la Première Guerre, etc.,
11:38donc là aussi, c'est une influence supplémentaire.
11:41Roosevelt se laisse convaincre,
11:43et se convainc de manière très profonde.
11:46Lui, l'homme le plus puissant du monde,
11:48il a décidé de liquider De Gaulle.
11:58Un an plus tard,
12:00alors que la Grande-Bretagne a gagné la bataille du ciel,
12:03De Gaulle continue de rallier les soutiens
12:05et d'organiser les forces de la France libre à Londres
12:07et dans l'Empire.
12:09Sur le continent européen, à l'été 1941,
12:13l'Allemagne nazie lance une offensive de grande envergure
12:16à l'est contre l'URSS.
12:21Les Etats-Unis entrent en guerre en décembre 1941,
12:25après l'attaque meurtrière de Pearl Harbor.
12:29Au fil des mois,
12:30l'Amérique de Roosevelt réarme massivement.
12:34Au début de l'été 1942,
12:37les forces américaines préparent une première riposte contre Hitler.
12:44Les Américains, à l'été 1942,
12:47voulaient déjà débarquer en France.
12:50Ils n'avaient que deux divisions à y mettre.
12:52Ils n'avaient pas tiré un coup de fusil
12:55contre les Allemands depuis 1918.
12:58Leurs officiers et leurs hommes étaient encore extrêmement verts.
13:01Et donc, pour les Anglais,
13:03qui étaient quand même au combat depuis 1939,
13:08c'était de l'amateurisme total.
13:10Churchill perçoit de Roosevelt
13:12de débarquer le corps expéditionnaire allié en Afrique du Nord.
13:16Le plan est de défaire l'Afrika Korps de Rommel
13:18pour ensuite attaquer l'Italie de Mussolini,
13:21l'allié d'Hitler sur le flanc sud de l'Europe.
13:23Mais l'Afrique du Nord, ils ne savaient pas ce que c'était.
13:26C'est le consul Murphy qui a dit qu'ils croyaient
13:29qu'ils allaient débarquer dans la jungle
13:31avec des cases en bouts séchés.
13:33Aucune idée de ce que ressemblait l'Afrique du Nord.
13:35Ils se sont documentés assez vite. Ils se sont rattrapés très vite.
13:40Robert Murphy est le représentant personnel de Roosevelt à Alger.
13:44Depuis septembre 1940,
13:46il développe les intérêts économiques américains en Afrique du Nord.
13:50En Algérie française, Murphy noue des relations amicales
13:52avec les milieux d'affaires français vichistes influents.
13:55C'est là qu'il rencontre l'industriel Jacques le Maigre du Breuil,
13:59le grand patron des huiles lecieures,
14:01de l'huile alimentaire et de l'huile pour les moteurs.
14:05Le Maigre du Breuil est l'exemple type
14:08de ces grands industriels
14:10qui ont profité de la collaboration pour s'enrichir,
14:14puisqu'ils vendaient de l'huile aux Allemands,
14:16et qui préparent la suite avec les Américains.
14:19Et tout ça aboutit à ce que le Maigre du Breuil
14:23soit une des chevilles ouvrières
14:26de la solution américaine du débarquement.
14:32Roosevelt tient à soigner tous les détails
14:34de ce débarquement à venir en Afrique du Nord,
14:36en plein territoire français sous contrôle de Vichy.
14:40Le président américain a toujours de gaule en ligne de mire.
14:43Et, dans le plus grand secret depuis des semaines,
14:46les Américains cherchent un Français
14:48pour remplacer le rebelle de Londres au pied levé.
14:52Pendant un certain temps,
14:53les Américains essaient de dresser quelqu'un contre de Gaulle.
14:56Et c'est Roosevelt, évidemment, qui tient la main.
14:59Mais de Gaulle avait ses propres sources de renseignements.
15:02Et très vite, il a appris.
15:04Pratiquement, dès le mois d'août, il savait.
15:06Il savait aussi qu'on allait y faire participer le général Giraud.
15:11Henri Giraud est un général cinq étoiles.
15:15De Gaulle sait que cet officier choisi par Washington
15:17pour devenir le chef provisoire de la France
15:20est appelé à devenir l'homme à tout faire
15:21des Américains en Afrique du Nord.
15:24Giraud est tout sauf aéromilitaire.
15:28Il s'est fait capturer assez lamentablement en mai 1940,
15:32encerclé par les Allemands.
15:34Et il est prisonnier jusqu'à son évasion en 1942,
15:41avant de passer en Afrique du Nord via le Portugal et l'Espagne.
15:47Giraud, c'était l'homme rêvé, modérément vichyste.
15:52Il était aussi anti-De Gaulle.
15:54Il pourrait éclipser De Gaulle.
16:04Le 8 novembre 1942,
16:06le débarquement anglo-américain a lieu simultanément au Maroc,
16:09à Casablanca et en Algérie, à Oran et Alger.
16:14Vichy n'a pas l'intention de laisser les Anglo-Saxons
16:16débarquer dans ces territoires sans combattre.
16:19Si Alger tombe facilement en une journée
16:21grâce à la résistance locale,
16:23les combats sont rudes à Casablanca et à Oran.
16:27A Alger, les Américains font une rencontre inattendue,
16:31celle de François Darlan, l'un des hommes forts de Vichy.
16:35Il se trouve que Darlan est en Afrique du Nord.
16:38Il est en Afrique du Nord parce que son fils est très malade
16:41et il est venu le voir.
16:42C'est les hasards de la guerre. On n'y peut rien, c'est comme ça.
16:45Il se trouve là et c'est à lui que tout le monde obéit.
16:47Donc, il va falloir s'entendre avec Darlan.
16:53Les Américains veulent faire cesser les combats au plus vite.
16:57Pour son premier engagement militaire,
16:59avec des soldats non aguerris,
17:00le général Eisenhower tient à préserver le plus de vies possibles.
17:07S'entendre avec Darlan, mais Girod, là-dedans, il arrive après.
17:11Il fait un appel auquel personne n'obéit
17:13parce qu'en Afrique du Nord, Girod, ça compte pas.
17:15Les Américains ne pouvaient pas le savoir.
17:18Ils sont bonhommes et malhants.
17:20Ils sont obligés de s'entendre avec l'homme sur place
17:23qui peut leur fournir un cessez-le-feu.
17:26C'est Darlan à qui on dit qu'ils n'avaient pas tellement le choix.
17:29L'autre dit qu'il faut demander des instructions au maréchal.
17:32Il dit que le maréchal ne connaît pas.
17:34C'est maintenant où on vous met en prison.
17:37On lui laisse entendre que ça pourrait être plus grave que la prison.
17:40Darlan, c'est pas un héros.
17:42Il finit évidemment par faire ce qu'on lui demande.
17:49Un gouvernement vichiste de l'Afrique française
17:51est formé le 14 novembre 1942 par Darlan
17:54sous le nom de Haut-Commissariat de France en Afrique.
17:58Il prend le pouvoir au nom du maréchal Pétain.
18:02Girod se rallie à Darlan en échange de sa nomination
18:05comme commandant de l'armée d'Afrique.
18:07Il reçoit l'aval des Américains.
18:11Le pouvoir américain choisit Darlan.
18:13C'est-à-dire que Darlan, c'est pire que Pétain.
18:16Donc c'est totalement inacceptable, mais c'est le choix des Américains.
18:20Celui qui ne s'en accommode pas, c'est de Gaulle.
18:22De Gaulle le connaît très bien.
18:24Ministre de l'Intérieur de Vichy, ministre des Affaires étrangères.
18:27C'est lui qui est allé rencontrer Hitler à Berchtesgaden, etc.
18:32C'est l'homme des Allemands, Darlan.
18:33Que les Américains et les Anglais puissent s'accoquiner
18:37avec un type pareil, pour lui, c'est la moralité totale.
18:42C'est là que de Gaulle lâche cette phrase formidable,
18:47qui est une phrase dictée par la colère, mais qui résume tout.
18:49Mais finalement, ce n'est pas à Hitler que Roosevelt fait la guerre,
18:53c'est à moi.
18:55Le Haut-Commissariat maintient toutes les lois et mesures d'exception de Pétain,
19:00y compris l'internement des résistants déportés par Vichy
19:03et les lois anti-juives.
19:05Darlan consente des choses absolument stupéfiantes.
19:10Il donne vraiment les clés de l'Afrique du Nord aux Américains.
19:16Il leur donne le commandement militaire, le commandement civil,
19:19le commandement de l'administration.
19:21Et donc, sa politique va être une politique vichyste en Afrique du Nord.
19:26C'est une métastase de Vichy en Afrique du Nord
19:29couverte par l'homme des Américains, Giraud.
19:31Donc c'est une situation un peu aberrante.
19:34L'interlutte d'Darlan est de courte durée.
19:37L'amiral est assassiné le 24 décembre 1942
19:40par un jeune résistant français.
19:43Henri Giraud, devenu commandant en chef civil et militaire,
19:46maintient la même ligne politique.
19:49Il fait arrêter et déporter dans le sud les chefs de la résistance.
19:53Ainsi, l'empire en guerre reste partagé entre deux pouvoirs.
19:57Celui d'Alger, soutenu par Roosevelt,
20:00et le comité français de Londres,
20:02décidé à restaurer la légalité républicaine.
20:05Le 14 janvier 1943,
20:07le président Roosevelt arrive en Afrique du Nord.
20:10Hommage à ses combattants,
20:12il doit aussi sonder l'homme sur qui il a tout misé.
20:16Il rencontre Giraud pour la première fois le 17 janvier.
20:19Et à la fin de l'entretien, il dit à Churchill,
20:24il dit à Churchill, il dit à Giraud,
20:27Et à la fin de l'entretien, il dit à Churchill,
20:30j'ai bien peur que nous nous appuyions sur une planche pourrie.
20:34Il est nul comme administrateur, il sera nul comme chef.
20:40Le général de Gaulle, qui n'a ni été consulté
20:43ni mis au courant du débarquement,
20:45arrive en Afrique du Nord le 22 janvier.
20:48Il doit empêcher que le pouvoir n'échappe aux combattants de la France libre,
20:52seul légitime à ses yeux pour rétablir la République.
20:56Pas question d'entente avec les hommes de Vichy.
20:59C'est dans cet état d'esprit qu'il rencontre le président américain.
21:03Roosevelt n'est pas seul.
21:06La première rencontre entre Roosevelt et de Gaulle
21:09se passe mal,
21:12puisque lors de sa rencontre avec Roosevelt, les rideaux bougeaient
21:16et que derrière les rideaux, il y avait des agents de l'OSS.
21:19Armée de mitraillettes Thompson calibre .45,
21:23et le chef des gardes dit que le président nous a dit
21:26que c'était un apprenti dictateur, on ne veut courir aucun risque,
21:29on attend qu'il essaye d'étrangler le président.
21:32Le général avait remarqué, et il dira plus tard,
21:36ils me prennent pour l'assassin de Lincoln.
21:42La rencontre se déroule dans une atmosphère pesante.
21:47Roosevelt lui fait bien comprendre que pour lui,
21:50il n'est en aucun cas le représentant
21:52de la légitimité française et encore moins de l'égalité française.
21:56Pour lui, il est l'égal celui qui le reconnaît,
21:59or il a reconnu Giraud.
22:01Roosevelt ne concède rien à de Gaulle.
22:04Giraud et lui devront s'entendre.
22:06Mais de Gaulle a un allié de poids, les circonstances politiques.
22:11Le président américain, qui brigue un 3e mandat,
22:14a une échéance électorale l'année suivante.
22:17Le problème de Roosevelt, c'était que l'opinion publique,
22:20en décembre et en janvier, exigeait que de Gaulle
22:23soit mis au premier plan.
22:25Et la presse, surtout, la presse qui maniait à l'opinion publique.
22:29Roosevelt s'est dit qu'il faut faire quelque chose de publicitaire
22:33pour montrer que j'accepte qu'on remette de Gaulle en selle,
22:38même si c'est dans une position subordonnée.
22:42Par conséquent, la conférence qui suit à Anfa, au Maroc,
22:46jusqu'au 24 janvier 1943,
22:49n'est qu'une grande mise en scène au profit du président Roosevelt.
22:53Elle, celle pour la presse et l'opinion,
22:55l'association des généraux Giraud et de Gaulle.
22:59On les oblige à se serrer la main.
23:02Magnifique archive, effectivement,
23:04parce qu'on voit de Gaulle se déplier très lentement
23:07et tendre une main molle au général Giraud.
23:10...
23:16Une poignée de main que l'on fait même refaire.
23:19Le cadre doit être parfait pour les photos.
23:21...
23:32Le président sourit, ça a été fait sous son égide,
23:35et donc, voilà, c'est le grand protecteur de Giraud et de Gaulle.
23:39L'opinion américaine n'a plus qu'à se taire.
23:42Il va pouvoir préparer tranquillement sa réélection.
23:45Et en même temps, il y a...
23:47D'une façon ou d'une autre, il va falloir se débarrasser de de Gaulle.
23:51...
23:52Pour cela, Roosevelt dépêche son conseiller spécial,
23:56le français Jean Monnet.
23:57Il doit tout faire pour repeindre Giraud en démocrate
24:01et le faire triompher de de Gaulle.
24:03Dans la foulée, au printemps 1943,
24:06Roosevelt demande à Churchill, en visite à Washington,
24:09d'arrêter son soutien à de Gaulle.
24:11Churchill envoie un télégramme urgent dans ce sens
24:14aux membres de son gouvernement.
24:16Mais à ce moment précis,
24:18différents événements jouent en la faveur de de Gaulle.
24:21Leclerc, qui remonte d'Afrique et qui a gagné,
24:24qui s'est couvert de gloire,
24:26arrive en Tunisie avec son armée.
24:28Il y a une manifestation d'accueil du vainqueur
24:31des troupes françaises libres.
24:33Et là, il monte à la tribune et il dit,
24:36pour la France, il n'y a qu'un chef,
24:39et c'est de Gaulle, vive de Gaulle.
24:40...
24:42Ralliement des forces françaises de Leclerc et à Londres,
24:45le télégramme de Churchill est très mal reçu
24:47par les membres de son cabinet.
24:49Ils répondent à leur premier ministre,
24:52ce que vous proposez là est totalement impossible
24:54pour une douzaine de raisons
24:56auxquelles les Américains n'ont même pas commencé à penser.
24:59L'opinion publique britannique est pour de Gaulle,
25:02le Parlement est pour de Gaulle, la presse est pour de Gaulle,
25:05les gouvernements en exil sont pour de Gaulle,
25:08le roi est pour de Gaulle.
25:09Ce que vous proposez n'est absolument pas possible,
25:12ça nous fera les pires ennuis.
25:14Enfin, concours de circonstances, au même moment,
25:17la résistance intérieure française appuie de Gaulle de tout son poids.
25:23C'est Jean Moulin qui va réunir
25:28tous les mouvements de résistance,
25:30tous les représentants des partis politiques,
25:32de la résistance, de la droite au Parti communiste,
25:35et qui va obtenir la reconnaissance de de Gaulle
25:37comme seul chef et comme seul représentant des Frances libres.
25:44Progressivement, de Gaulle mine l'autorité de Giraud.
25:48Le président américain tente alors le tout pour le tout
25:51en l'invitant à faire une tournée aux Etats-Unis.
25:55Et Giraud fait une grande conférence,
25:56et là, il trouve rien de mieux à dire
26:00que l'Allemagne, quand même, c'est le pays de Luther et Goethe,
26:04jusque-là, ça va,
26:05et le national-socialisme, il n'y a quand même pas que du mauvais.
26:08Et le lendemain, en première page de tous les journaux,
26:11Roosevelt lui-même ouvre le New York Times,
26:14et qu'est-ce qu'il voit ?
26:15Giraud chante l'éloinge du national-socialisme.
26:18C'est vraiment l'effondrement total.
26:21De retour, Giraud s'aperçoit que sa place est prise.
26:25De Gaulle a multiplié les ralliements
26:27et a affirmé au passage son autorité.
26:31Giraud, marginalisé, disparaît totalement
26:33du paysage politique et militaire au début de l'année 1944.
26:39En parallèle, à l'approche du débarquement à venir en France,
26:43De Gaulle s'est secrètement entendu avec le général Eisenhower.
26:47Eisenhower lui dit,
26:48je ne reconnaîtrai que vous une fois débarqué en France,
26:52quelles que soient mes instructions,
26:54en échange, vous me garantissez la paix sur mes arrières
26:58pour que je puisse aller en Allemagne le plus rapidement possible.
27:01De Gaulle, c'est un politique et un historien.
27:04Le nœud de tout, c'est Paris.
27:07Celui qui contrôle Paris, il contrôle la France.
27:09De Gaulle, c'est un politique et un historien.
27:12De Gaulle, c'est un politique et un historien.
27:14Celui qui contrôle Paris, il contrôle la France.
27:17Il lui dit, je suis d'accord,
27:19mais il faut que vous m'aiez dit d'arriver à Paris.
27:22La France doit être libérée par elle-même, en tout cas, l'apparence.
27:28Mais Roosevelt n'a pas dit son dernier mot.
27:31Comme pour les pays pro-nazis, il lance l'opération Hamgot.
27:36Elle vise notamment, dès le débarquement,
27:38à instaurer une administration américaine
27:41pour gouverner provisoirement la France.
27:43C'était significatif, du mépris qu'ils avaient vis-à-vis de la France,
27:47parce qu'il les utilisait.
27:48Imaginez, pour l'Italie, qui a été un pays vaincu,
27:52on pouvait, à l'extrême limite, le comprendre.
27:54Mais vis-à-vis d'un pays allié, c'est quand même un peu différent.
28:01Le chef de la France libre
28:02est très bien informé par son service de renseignement.
28:06Pour contrer la manœuvre du chef de la Maison-Blanche,
28:09il fait préparer une contre-administration
28:11issue de la Résistance.
28:13On va nommer des commissaires de la République.
28:16Et donc, mon père va être chargé de trouver les noms
28:20qui, au fur et à mesure de la libération du territoire,
28:26vont immédiatement se mettre en place
28:28pour, pour que les choses soient claires,
28:31empêcher les Américains d'assurer la domination sur l'administration.
28:36Musique intrigante
28:39...
28:41L'AMGOT prévoit des préfets américains,
28:44mais aussi une nouvelle monnaie calquée au format du dollar
28:47sur laquelle ne sont même pas inscrits les mots République française.
28:51...
28:53Pour De Gaulle, c'est l'insulte suprême,
28:56parce que les attributs de la souveraineté depuis 20 siècles,
28:59c'est de pouvoir battre monnaie.
29:01Si quelqu'un bat monnaie à votre place,
29:03vous lui êtes subordonnés, vous n'êtes plus rien.
29:06...
29:08De Gaulle débarque finalement sur le sol français
29:11le 14 juin 1944.
29:13Ses premiers déplacements en Normandie
29:15ne laissent planer aucun doute.
29:17Le général est bien l'homme que les Français attendent.
29:20Devant cette évidence, Roosevelt,
29:24qui ne le reconnaît toujours pas comme le représentant officiel
29:27de la France, consent à l'inviter à Washington
29:29au début du mois de juillet.
29:32L'idée qu'on pourrait lui reprocher
29:35de ne pas avoir misé sur l'homme qui risque d'être l'homme fort
29:40au moment de la libération de la France,
29:42ça peut lui coûter beaucoup de voix.
29:44Donc il a fait le calcul des voix que ça allait lui coûter.
29:46Il s'est dit, ça peut être embêtant,
29:48ça va donner des ailes à mon concurrent.
29:50Il faut faire quelque chose.
29:52Et le quelque chose, évidemment, c'est de recevoir De Gaulle.
29:56...
30:04De Gaulle n'est pas dupe
30:05des manoeuvres politiciennes du président Roosevelt.
30:08...
30:19Par ailleurs, le contenu de ses déclarations
30:22sur la mainmise américaine du monde d'après-guerre
30:24ne le rassure pas.
30:26Mais dans l'immédiat, ses priorités sont ailleurs.
30:29...
30:32De Gaulle repart quand même avec une très, très grande méfiance.
30:36Il se dit, les Américains, on en a besoin,
30:38mais ils vont nous faire les pires ennuis en Indochine,
30:41en Afrique, ailleurs.
30:43Et donc, évidemment, il voit bien
30:45tout ce que ça peut faire après la libération.
30:47Mais bon, son problème immédiat,
30:49c'est quand même de pouvoir charmer suffisamment les Américains
30:52pour que Roosevelt se soit obligé
30:54d'équiper au moins au minimum les armées qu'il va lever.
30:58...
31:01De Gaulle, de retour en France,
31:03Eisenhower honore sa part du marché.
31:06...
31:07À ce moment-là, Eisenhower laisse la 2e DB rentrer dans Paris
31:11et permet à De Gaulle de s'imposer politiquement.
31:14Mais il le fait quasiment en violant les ordres de Roosevelt.
31:17Le 25 août, la ville est en liesse.
31:19...
31:20Paris brisé, Paris martyrisé,
31:23mais Paris libéré,
31:27libéré par lui-même,
31:29libéré par son peuple.
31:31Mais en coulisse, se joue un combat politique.
31:35La résistance communiste noyotte
31:37toutes les administrations provisoires de la capitale.
31:41Et pour reprendre en main les leviers du pouvoir,
31:43le général demande une dernière faveur aux chefs des armées alliées.
31:47De Gaulle dit à Eisenhower,
31:48j'ai besoin de vous pour intimider les communistes.
31:52Il faut que vous me prêtiez 2 divisions pour...
31:55Et voilà, citation exacte,
31:58pour une démonstration de force à Paris.
32:00Eisenhower lui dit, mon général,
32:03ce que je vous propose, on a 2 divisions qui doivent aller au front.
32:06Je les ferai passer par Paris.
32:08...
32:10C'est pour ça que le 29 août,
32:12vous voyez 2 divisions...
32:14C'est gigantesque, 2 divisions.
32:16Ca fait 25 000 hommes qui descendent les Champs-Elysées.
32:21On a encore les films, c'est quelque chose d'extraordinaire.
32:25Alors, est-ce que ça a vraiment impressionné les communistes ?
32:29On le saura jamais.
32:30Mais ça a impressionné Staline.
32:34Un Staline impressionné.
32:37Et Roosevelt, qui se retrouve être le seul chef d'Etat occidental
32:40à n'avoir toujours pas reconnu De Gaulle.
32:43Au moment où il sait que De Gaulle prépare un voyage
32:47en Union soviétique, il se dit, c'est pas possible.
32:50Il faut... On ne peut plus être les derniers à le reconnaître.
32:54Le monde entier l'a reconnu.
32:56Réponse de De Gaulle,
32:58le gouvernement français
33:01est satisfait qu'on veuille bien l'appeler par son nom.
33:06Il pouvait pas faire autrement, quoi.
33:09Voilà, c'est... On n'a pas à remercier.
33:13De Gaulle ne nourrit aucune illusion
33:16envers le chef de la Maison-Blanche.
33:18D'ailleurs, alors que les troupes françaises
33:20viennent de libérer Strasbourg,
33:22on demande au chef de la France libre
33:24de venir aider à contrer la dernière offensive allemande
33:27dans les Ardennes.
33:28De Gaulle a d'autres plans en tête.
33:31Il sait que l'épisode suivant,
33:34c'est la conquête de l'Allemagne.
33:36Or, les Alliés n'ont pas prévu
33:39de zone d'occupation française.
33:42Et De Gaulle veut la conquérir lui-même.
33:44Il sait que s'il abandonne Strasbourg,
33:46il n'aura plus aucun point d'appui
33:48pour passer en Allemagne et conquérir la zone d'occupation
33:51sans laquelle la France ne plaisera pas
33:53dans le concert international.
33:55Mais pendant que De Gaulle sécurise la place de la France
33:59dans le monde d'après-guerre,
34:01l'administration de Roosevelt avance ses pions en Afrique du Nord.
34:05Son objectif ?
34:06Mettre fin à l'Empire français,
34:08faire main basse sur le pétrole,
34:10et préparer la lutte anticommuniste
34:12en soutenant les mouvements indépendantistes.
34:18En Algérie, on voit très bien
34:20que les Américains ne vont pas garder les bras croisés
34:23et qu'ils ont bien l'intention de jouer un rôle discret,
34:26mais efficace.
34:28L'objectif des Américains, c'était de faire de l'Afrique du Nord
34:31une sorte de base militaire et économique
34:34contre l'Union soviétique.
34:35Et donc, effectivement, ils aidaient au niveau d'armement.
34:41Et le 8 mai 1945,
34:44le jour même de la victoire alliée sur le nazisme,
34:47de violentes émeutes éclatent à Sétif, en Algérie.
34:51Les manifestants sont des Algériens de confession musulmane.
34:55Ils veulent l'indépendance.
34:57La répression est d'une extrême brutalité.
35:00Officiellement, les autorités françaises
35:03estiment que le drame fait 103 morts chez les Européens
35:06et plusieurs milliers chez les musulmans.
35:10Après enquête,
35:12les services secrets français font une découverte.
35:15Les services français, la DST, en l'occurrence,
35:18a découvert que,
35:20peu avant ces événements,
35:24les indépendantistes algériens avaient été chauffés à blanc
35:27par des agents américains, dont le propre cousin de Roosevelt,
35:31Kermit Roosevelt, qui était un agent de l'OSS,
35:34qui viendra très important plus tard à la CIA.
35:40Les émeutes sont durement réprimées.
35:43Si de Gaulle est depuis toujours hostile aux liens colonials,
35:47il tient à partir en paix.
35:49Il n'a pas le temps de mettre en place sa politique de décolonisation.
35:53Il quitte le pouvoir en janvier 1946.
35:58S'ouvre alors pendant 6 ans une grande période de soumission.
36:02La 4e République, inféodée politiquement et économiquement
36:05aux Etats-Unis, bascule dans les guerres coloniales,
36:08provoquant une grave crise politique au printemps 1958.
36:14Quand Cotti se tourne vers de Gaulle,
36:16il n'y a plus aucune solution de rechange.
36:19Les Américains ne veulent plus prêter d'argent à la 4e,
36:22qu'ils ont soufflé à bout de bras pendant 12 ans.
36:25Ils ne voient plus que cette solution-là,
36:27à la fois parce qu'elle peut créer un choc psychologique pour l'économie,
36:31et parce qu'ils pensent qu'ils sont les seuls à avoir autorité sur l'armée
36:35qui commence à se rebeller.
36:39Mais ce qu'ignore de Gaulle,
36:42c'est que les Américains sont à la manœuvre pour le faire élire.
36:45Depuis l'ambassade,
36:47Wells Stabler, un diplomate employé de la CIA,
36:50achète les politiques français depuis des années.
36:53Pour cette élection,
36:55il met en place un stratagème avec Guy Mollet,
36:57le patron de la SFIO, le parti socialiste,
37:00pour faire investir de Gaulle président du Conseil,
37:03le 2 juin 1958.
37:04Eisenhower craint beaucoup un coup d'État communiste
37:07et demande à la CIA
37:10d'aider au retour du pouvoir de de Gaulle.
37:12Et comment la CIA va le faire ? C'est tout à fait extraordinaire.
37:16Et ça montre la porosité
37:18entre les intérêts américains et la classe politique française
37:21en demandant à une partie du groupe SFIO, socialiste,
37:25de voter l'investiture à de Gaulle.
37:35Dès son arrivée à Matignon,
37:37de Gaulle met les choses au clair avec les Américains.
37:40Au secrétaire d'État John Foster Dulles, qui lui rend visite,
37:44il explique ses vues sur une politique souveraine de la France
37:48qui abrite notamment le siège de l'OTAN
37:50et de nombreuses bases militaires américaines.
37:55Quand de Gaulle arrive au pouvoir en 1958,
37:58ça va de pair avec une défense des intérêts français
38:01et donc une opposition à tous ceux
38:03qui cherchent à la mettre en cause.
38:05Donc, les Américains vont être naturellement, spontanément,
38:09à partir de 1958, des adversaires, des nouveaux concurrents
38:13de de Gaulle et de ses partisans au pouvoir.
38:16Ils s'étaient habitués tous à ce que la France n'existe pas.
38:22Tout d'un coup,
38:25la France existe.
38:27Ils n'arrivent pas à comprendre.
38:30En parallèle, la guerre s'intensifie en Algérie,
38:33mobilisant de plus en plus d'hommes de l'armée régulière et d'appelés.
38:40C'est dans ce cadre que le Premier ministre Michel Debré
38:43lance une enquête secrète auprès de ses services
38:46sur les moyens dont dispose le FLN,
38:48le Front de libération nationale algérien.
38:54Les Américains ont fait apporter tous les soutiens qu'on imagine
38:57au FLN.
38:59L'argent.
39:00Et on s'aperçoit que le financement américain
39:04du FLN
39:06provient d'ailleurs avec un cheminement assez simple
39:09des banques suisses et notamment de l'Union des banques suisses, l'UBS.
39:13Tout le monde jouait contre la France.
39:15Il y avait le consul américain en Algérie qui quasiment s'affichait.
39:20Il y avait le président de la Chambre de commerce locale.
39:24Un homme joue un rôle considérable en Algérie.
39:27Il s'agit d'Irving Brown.
39:29Issu du milieu syndical américain, c'est un agent de la CIA.
39:33Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale,
39:36il est le représentant pour toute l'Europe de l'AFL-CIO,
39:39la Fédération américaine du travail.
39:43L'AFL-CIO, la Fédération syndicale américaine,
39:46très liée à la CIA,
39:48a aidé à faire un travail
39:51financièrement et même à armer les maquis algériens et notamment le FLN.
39:57C'est un fait certain
39:59dont la DST de l'époque était parfaitement avertie.
40:04Devant la montée en puissance de la guerre et l'impasse de la violence,
40:08De Gaulle soumet le destin de l'Algérie à un référendum,
40:12le 8 janvier 1961.
40:1475 % des votants répondent oui à l'indépendance.
40:19Une opposition armée s'organise en février 1961.
40:25Dans la foulée, une poignée de généraux
40:28tentent un putsch à Alger, en avril 1961.
40:32Et là, maintenant, on va tout faire
40:35pour limiter son pouvoir, le déstabiliser.
40:39Alors, puisque l'affaire essentielle,
40:42c'est l'indépendance,
40:45L'OS, c'est-à-dire l'organisation de l'armée secrète,
40:49a été l'incarnation, le bras armé
40:52du refus d'une grande partie des Européens d'Algérie
40:56d'accepter l'idée même de l'indépendance.
40:59C'est à ce moment-là que les Etats-Unis
41:02opèrent un changement de politique en Algérie.
41:05Le président de l'Union Européenne,
41:08Emmanuel Macron,
41:11De Gaulle ne tient pas compte de leurs intérêts.
41:14Il décide alors de miser sur l'OAS,
41:17une organisation terroriste anticommuniste
41:20et pro-Algérie française.
41:22Et on va voir arriver,
41:24de même qu'on avait vu arriver du soutien à des dollars
41:28dans les caisses du FLN,
41:30du soutien à des dollars par les sociétés,
41:33dans les caisses des gens de l'OAS.
41:36Le trésor de l'OAS, c'était pas rien.
41:39Il y avait beaucoup de fonds secrets
41:41qui transitaient notamment par l'Espagne.
41:44Financement, camps d'entraînement en Espagne,
41:47armements divers.
41:49L'important soutien américain à l'OAS
41:52provoque une réaction française.
41:54Le chef de la CIA, en poste à Paris,
41:57qui s'appelait Hulmer, a été dégagé pour ça.
42:00Le gouvernement français, l'Elysée en particulier,
42:03a considéré qu'il s'était beaucoup trop engagé
42:06dans certaines opérations,
42:08dans l'entourage des gens de l'OAS.
42:11Donc, ils ont demandé son rapatriement aux Etats-Unis.
42:21Finalement, les accords de paix déviants
42:24sont signés le 18 mars 1962.
42:26Ils mettent fin à 7 années et 5 mois de guerre en Algérie.
42:32L'OAS, jusqu'au boutiste,
42:34tente d'assassiner de Gaulle et sa famille
42:37pour stopper le processus de paix.
42:43En quelques mois,
42:44l'organisation est totalement démantelée.
42:47La paix civile est rétablie aussi bien en France qu'en Algérie.
42:51De Gaulle a souhaité faire la paix en Algérie
42:54parce qu'il pensait que c'était inéluctable,
42:57mais aussi pour se débarrasser de ce fardeau
43:00d'une activité internationale qui restitue à la France son rang.
43:05A la Grande frayeur des Etats-Unis,
43:07le premier outil du rétablissement de l'indépendance de la France
43:11et de son affirmation sur la scène internationale
43:14est la fabrication d'un arsenal nucléaire militaire.
43:17D'abord, la bombe A, puis la bombe H.
43:21Pour les Etats-Unis, la France est un empêcheur de tourner en rond.
43:25C'est l'ancienne puissance dominatrice en Europe.
43:28On ne veut pas la remettre en sel,
43:30mais le but de De Gaulle est de remettre la France en sel
43:33et de lui donner les moyens d'une défense autonome.
43:36Les Etats-Unis ne veulent pas une autonomie nucléaire
43:40de la Grande-Bretagne ni de la France.
43:42La Grande-Bretagne se soumet, mais la France n'en est pas question.
43:46La France doit être armée, elle aussi,
43:50et de telle sorte
43:52qu'aucun Etat ne puisse penser à la tuer
43:55sans risquer de lui-même la mort.
43:58De Gaulle va expliquer que d'abord, on va faire la bombe française.
44:02Hourra pour la France, la bombe A.
44:05Ça lui paraît indispensable, au nom de l'idée
44:08que dans l'histoire, et Carante l'avait vérifiée,
44:11jamais un pays n'est prêt à se sacrifier pour défendre un autre.
44:17Dans le désert algérien, le 13 février 1960,
44:20tout le monde retient son souffle.
44:23Gerboise bleue est le plus puissant 1er essai nucléaire jamais réalisé.
44:27Il fait de la France la 4e puissance nucléaire mondiale.
44:40À minuit, 1h du matin, mon père était Premier ministre.
44:44Mon père nous réveille.
44:47Il met ses enfants à moitié endormis
44:52et il dit, mes enfants, la France est devenue indépendante.
44:56La France est rentrée dans le club des grandes puissances.
45:00Elle a réussi sa 1re explosion.
45:07Alors que le président Kennedy respecte la volonté gaullienne
45:11de redonner à la France son rang, son vice-président et successeur
45:15a une vision du monde radicalement opposée.
45:19Johnson arrive et là, tout ce qui avait pu être débloqué
45:23à la fin du mandat Kennedy s'est rebloqué,
45:26et s'est rebloqué, je dirais, au centuple.
45:29Des directives très précises ont été données
45:32aux grandes entreprises américaines pour ne plus vendre de technologie,
45:36notamment informatique, aux Français.
45:39Le nouveau chef de la Maison Blanche veut empêcher la France
45:43d'acquérir la technologie lui permettant de fabriquer la bombache.
45:47Lyndon B. Johnson est sous l'influence d'un maître espion de la CIA.
45:51Spécialiste de la guerre secrète contre l'Union soviétique,
45:55James Jesus Hingleton est le tout-puissant chef
45:58du contre-espionnage américain.
46:00Hingleton, c'est un homme qu'on appelle le fantôme gris,
46:03qui ne se montre jamais, car il est gris couleur de muraille.
46:07On ne lui connaît qu'une passion, ce sont les fleurs,
46:11et encore pas le jardinage, parce qu'il prendrait le risque de se couper.
46:15C'est les fleurs sur son balcon.
46:17Elle est orchidée, mais ça ne va pas plus loin.
46:20C'est la seule passion qu'on lui connaisse.
46:23Et Hingleton, il a une obsession.
46:25Faire passer de Gaulle, non seulement pour quelqu'un de dangereux
46:29et d'irresponsable en matière internationale,
46:32mais pour un authentique agent soviétique.
46:37Hingleton retourne des agents de toute nationalité.
46:40L'un d'eux, Philippe Thirot de Vaujoly,
46:43est le responsable du service de documentation extérieure
46:47et de contre-espionnage français, le SDEC, aux Etats-Unis.
46:51C'est l'agent de liaison français Thirot de Vaujoly,
46:54un agent du SDEC, installé à Washington,
46:57qu'Hingleton a phagocyté.
46:59Il a fait un de ses agents.
47:01C'est un transfuge, c'est rare,
47:03mais c'est un transfuge français vers le camp américain.
47:06Il a organisé le cambriolage par des services spéciaux d'Hingleton.
47:11Hingleton lui-même est entré dans l'ambassade de France.
47:14Ils ont eu des choses sur le chiffre français,
47:17sur les mots de passe, sur des codes,
47:20sur des câbles ultra-secrets qui étaient envoyés.
47:26Entre-temps, Hingleton a mis la main
47:28sur un autre espion transfuge soviétique.
47:32Anatoly Golitsyn, major au KGB,
47:34est chargé de planification stratégique.
47:41Il fait des révélations et il dit
47:43qu'il y a des gens dans les services français
47:46qui sont des agents soviétiques.
47:48Il dit qu'il y en a un aussi à l'Elysée.
47:55La personne qui était visée, c'est Jacques Faucard,
47:58le monsieur Afrique de De Gaulle,
48:00mais aussi l'homme qui s'occupait
48:02de tous les services spéciaux, les polices parallèles, etc.
48:05Semer le doute dans les plus hautes instances
48:08de l'administration française.
48:10Tout est fait pour tenter de déstabiliser
48:13les services secrets français et faire vaciller De Gaulle.
48:16Mais le major du KGB ne permettra de démasquer
48:19qu'un seul espion français,
48:21Georges Pac, qui travaille comme chargé de presse à l'OTAN.
48:25Il n'a pas accès aux informations sensibles.
48:29Non seulement c'est un mauvais allié, De Gaulle,
48:32mais il prépare en sous-main un changement d'alliance complet.
48:37Il va quitter l'OTAN pour s'allier avec le pacte de Varsovie.
48:42La CIA, encouragée par la présidence Johnson,
48:45continue d'alimenter la rumeur d'une proximité de De Gaulle
48:49avec l'Union soviétique.
48:52Pour De Gaulle, il s'agit simplement d'une question de souveraineté.
48:57Il y avait un sujet sur lequel De Gaulle ne voulait pas transiger,
49:01c'est qu'il ait sur son territoire des armes nucléaires américaines
49:05qui auraient été déclenchées par les Américains.
49:08On garde beaucoup de contacts avec l'OTAN.
49:11On ne rompt pas définitivement tous azimuts avec l'OTAN.
49:15Mais on dit qu'il faut s'installer ailleurs.
49:18L'OTAN était installée en France. Il y avait des bases encore.
49:22Après la guerre, il y avait des bases américaines.
49:25De Gaulle a été très ferme.
49:27Je quitte l'organisation militaire de l'Alliance atlantique
49:31parce qu'elle est aux mains des Américains.
49:34Je refuse l'armée européenne
49:36parce que c'est mettre l'armée française sous le commandement américain.
49:40Je ne vais pas accepter l'organisation militaire de l'Alliance atlantique
49:44qui consiste là à décider à la place de la France.
49:49Pas question pour De Gaulle de s'éloigner de l'Alliance atlantique.
49:53Mais la sortie de la France de l'OTAN,
49:56les discours de De Gaulle à Phnom Penh et au Québec
49:59contre l'impérialisme américain ne sont pas digérés par Washington.
50:05Ils sont le prétexte idéal
50:07qu'attendent les Américains pour jeter de l'huile sur le feu.
50:12Le chef du contre-espionnage, Hingleton,
50:14monte une nouvelle opération d'intoxication.
50:19Il instrumentalise Vosjoli, le transfuge français.
50:22L'ex-espion doit faire des révélations mondiales
50:25sur les espions soviétiques de l'Élysée.
50:29Vosjoli écrit ses mémoires qui paraissent d'abord aux États-Unis.
50:34Ils sont traduits immédiatement au Canada.
50:37Le livre explique que De Gaulle est un agent soviétique,
50:42qu'il y a une taupe à l'Élysée.
50:45Les bonnes feuilles du livre sont présentées dans Life Magazine,
50:499 millions d'exemplaires, avec une couverture extraordinaire
50:54qui est une photo de Vosjoli pris de dos.
51:04Le département d'État américain co-finance un film de fiction.
51:09Le scénario est celui de l'espion français.
51:12Le réalisateur est la référence mondiale du thriller d'espionnage.
51:16Alfred Hitchcock, qui traverse une mauvaise passe financière,
51:20accepte le projet.
51:22Au casting de Topaz en anglais, Leto en français,
51:26Philippe Noiret et Michel Piccoli.
51:32C'est l'histoire d'un président de la République qui sacrifie
51:36ses meilleurs agents, l'amitié franco-américaine
51:40en faveur de l'Union soviétique.
51:43L'opération internationale est lancée au tout début de la crise de mai 68.
51:47Le calendrier n'est pas anodin.
51:50Ca arrive à un moment, peut-être opportun pour les Américains,
51:54qui veulent lucier un peu la planche.
51:57C'était visiblement une tentative de déstabilisation de De Gaulle,
52:01qui d'ailleurs va être déstabilisée là, concrètement,
52:05dans le cadre de l'opération internationale.
52:10Et la crise sociale, universitaire, etc.,
52:13et la crise politique que ça va engager, y compris chez lui,
52:17parce qu'il va intérioriser cette histoire,
52:20et il va décider à moyen terme de quitter le pouvoir.
52:24Pendant les événements de mai 68,
52:27les Etats-Unis déploient un important dispositif de renseignement.
52:31La CIA infiltre tous les collectifs étudiants.
52:35S'agit-il seulement d'une simple collecte d'informations
52:39ou d'une tentative de déstabilisation ?
52:42C'est pas impossible qu'en 68,
52:45il y ait beaucoup de gens qui considéraient
52:48que c'était peut-être l'occasion de se débarrasser de De Gaulle
52:52et de pousser des pions.
52:54Il faut avoir une alternative.
52:56Pousser De Gaulle pour le plaisir de pousser De Gaulle,
53:00ça n'a pas beaucoup de sens en politique.
53:03Si vous n'avez pas le type avec qui vous allez soutenir,
53:07le machin, le truc...
53:09La CIA a suivi les événements.
53:11C'est comme pour l'OS.
53:13Il fallait se tenir informé, avoir des gens partout.
53:16Si De Gaulle a écrit sur mai 68 dans ses mémoires,
53:19il n'y fait aucune mention des Etats-Unis pendant cette période.
53:23Pourtant, quelques mois avant sa mort,
53:26il s'est confié à ses petits-fils.
53:28Il leur a révélé un secret
53:30sur l'un des leaders de la crise étudiante qui,
53:33s'il était avéré,
53:35en dirait l'on sur les pratiques américaines en France.
53:39J'ai entendu mon grand-père nous expliquer
53:42qu'il savait que la CIA,
53:44comme elle l'avait fait régulièrement
53:47au cours de son exercice du pouvoir,
53:50de mettre de l'huile sur le feu,
53:53parce que l'intérêt des Américains était d'affaiblir De Gaulle.
53:58De façon à ce qu'il soit moins présent sur la scène internationale,
54:02il savait que la CIA finançait.
54:04Il nous avait donné le nom.
54:06Il dit par exemple que c'est la CIA qui finance Sauvageot.
54:10Sans donner d'éléments particuliers de démonstration et de preuve.
54:14Mais je l'ai entendu.
54:19Difficile de mettre en cause
54:21les informations émanant d'un homme comme De Gaulle.
54:24Mais ni la CIA, ni la famille Sauvageot
54:27n'ont souhaité s'exprimer.
54:29De Gaulle quitte le pouvoir sur un revers politique intérieur
54:33le 28 avril 1969.
54:35Il part non sans s'être finalement réconcilié avec le pays
54:39qui lui a tant mené la vie dure depuis 1940.
54:42C'est surtout grâce à Richard Nixon,
54:45président nouvellement élu des Etats-Unis en novembre 1969.
54:49L'entente entre les deux hommes qui se connaissent
54:52depuis les années 1950 est totale.
54:55Elle le sera jusqu'au décès de Charles de Gaulle
54:58en novembre 1970.
55:22Sous-titrage ST' 501
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