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Amandine Henry, un autoportrait
Fédération Française de Football
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il y a 2 ans
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À l'époque, il y avait une émission qui s'appelait « À la Clairefontaine » qui
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passait tous les soirs, je crois, et on suivait des jeunes garçons qui étaient au centre
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de formation de Clairefontaine, justement, et quand je voyais ça, c'était vraiment
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ce que j'avais envie de faire.
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Et je disais « je veux faire ça, je veux faire ça, je veux faire ça ».
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Et c'est arrivé un jour où on m'a appelée pour passer la détection au centre de Clairefontaine
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et quand j'ai intégré le centre, là, j'ai dit « waouh, c'est ça le haut niveau
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quoi ». C'est fatigant, au début, je n'assumais pas, vraiment, je m'entraînais
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peut-être deux ou trois fois dans la semaine dans mon quartier, ce n'était pas la même
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exigence et là, il fallait que tu sois performante à l'école, au foot, tu avais le match avec
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les résultats le week-end.
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Quand tu arrives à Clairefontaine, tu as quoi ? Tu as 14 ans, 13-14 ans, tu es en pleine
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phase d'adolescence, donc en fait, tu poursuis ta formation footballistique, mais en plus
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tu as l'école à côté et puis tu deviens une femme.
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Donc, ça a été un tout, ça a été mon adolescence, ça a été les bêtises avec
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les copines, mais en même temps, il y avait le foot à côté, tu prépares quand même
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ton avenir parce qu'à l'école, il faut être sérieuse, tu apprends les règles,
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tu apprends la vie en communauté, tu apprends énormément de choses.
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J'étais vraiment, je mangeais foot, je dormais foot, j'étais vraiment foot à 100 %. Là,
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j'ai découvert le haut niveau et je me suis dit « déjà, je vais jouer au haut niveau
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». Après, en faire une carrière, je ne pensais pas, je jouais sans penser à l'avenir
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en final. Je voulais progresser, donc là, j'ai découvert le haut niveau, les entraînements
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tous les jours, l'exigence. C'est en sortant de Clairefontaine, quand j'ai intégré l'Olympique
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Lyonnais, c'est là que j'ai découvert le monde professionnel. À partir de ce moment-là,
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les résultats comptent. Ce n'est plus la progression, mais les résultats en plus.
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C'était à partir de vers 17 ans.
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J'ai découvert l'équipe de France de football en général, c'était en 1998,
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quand la France a été championne du monde. Là, je me suis dit « waouh, c'est trop
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beau, moi aussi, je veux le faire. Moi aussi, je veux soulever des trophées, moi aussi,
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je veux chanter, moi aussi, je veux tout ça. Je veux les paillettes, je veux les victoires.
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C'était Azizou, surtout qu'il jouait milieu, donc moi, j'avais commencé à me positionner
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en tant que milieu. Après, je ne regardais pas forcément des vidéos pour lui ressembler,
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mais en tout cas, ce qu'il dégageait, c'était très beau.
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Après, au fur et à mesure, quand je suis rentrée à Clairefontaine, il y a les sélections
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jeunes qui ont commencé en 17 ans. Et là, j'ai découvert le premier maillot bleu que
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je pouvais porter. C'est de la fierté, c'est de l'émotion, c'est mon pays, c'est beaucoup
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de choses. Avec les mots, je ne saurais pas dire, mais quand je chante la marseillaise,
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en tout cas, des fois, j'ai envie de pleurer. Je ne sais pas pourquoi, parce que tu représentes
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quelque chose. Tu es sur l'élite de ton sport et tu ne peux pas arriver au plus haut niveau.
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Il n'y a pas de routine. Tu n'as pas le temps d'avoir de la routine. Alors oui, des fois,
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c'est fatigant. C'est beaucoup de sacrifices, parce que des fois, tu ne peux pas participer
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à un mariage ou à un anniversaire. Tu loupes des moments. Mais je pense que ce qu'on vit,
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ça compense. On a beaucoup de chances d'être là. Et il y a beaucoup de personnes qui rêveraient
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d'être à notre place et qu'on n'a pas le droit de se plaindre. Je te dis ça là, mais
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des fois, ce n'est pas facile. Des fois, je me lève un jour, je vais dire, je suis fatiguée,
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j'en ai marre. Mais non, au final, je suis toujours là. Et c'est ce qui me plaît. C'est
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ce qui me fait vivre au final. Quand on va jouer, le stade se remplit de plus en plus.
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On est de plus en plus médiatisé. Il y a de plus en plus de licenciés aussi pour les petits.
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Donc oui, je pense qu'on devient de bons exemples. C'est beau quand tu sors d'un match ou quand tu
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vas à un match et que tu vois tous ces encouragements. Tu ne peux pas imaginer comment
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c'est. Et même des fois sur le match, tu vas être fatiguée. Et là, tu vas entendre les supporters
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et tu vas dire, non, il ne faut pas que je lâche. Il faut que je continue parce qu'ils sont là,
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ils sont derrière moi. Et même quand des fois, parfois, on descend du bus et ils sont tous là
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derrière les barrières à nous encourager. C'est énorme. Ça te donne de la motivation,
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mais fois 100. Et là, je suis dans la phase, il me faut un titre. Parce que c'est bien de faire
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des matchs. C'est bien d'avoir des sélections. Mais si tu n'as pas le trophée ou la victoire au
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bout, c'est bien. Mais j'ai envie que ça soit très bien.
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Trois adjectifs. Alors bonne vivante. Compétitrice. Capricieuse. Capricieuse parce que j'aime avoir
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ce que je veux. Que ce soit pour tout dans la vie en général. Si je n'ai pas ce que je veux,
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ça ne va pas et je vais tout faire pour y arriver. C'est foot, manger, rigoler. C'est ma vie. Je vis
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de ma passion. Pour l'instant, je suis dans l'élite. J'en profite un maximum et j'ai tout
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ce qu'on peut rêver pour être heureuse. J'en profite. Que ce soit des blagues du premier
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degré au second degré. Tout me fait rire. J'essaie de relativiser au maximum les choses. Même si
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des fois, il y a des choses qui vont me blesser ou me vexer, je vais essayer de tourner la chose
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en rigolant. Parce qu'il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Demain, ça ira mieux. Personnellement,
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j'ai besoin de partager, d'échanger, de rigoler et de déstresser avant un match. C'est un match de
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foot. Quand on regarde, c'est qu'un match de foot. Après, c'est une façon de relativiser la
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chose. Parce que parfois, il y a des ambitions, il y a des objectifs derrière. Mais le foot,
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pour moi, ça reste un jeu. Je pense qu'une carrière de footballeuse, c'est assez court
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et qu'il faut en profiter à la fin. La famille, les proches, c'était la base. Parce que dans une
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carrière, tu as des moments durs. Et si tu n'es pas bien entourée, c'est là que je pense que ça
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passe ou ça casse. Pour ma part, j'ai eu une grosse blessure au genou à l'âge de 18 ans. Si
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je n'avais pas été soutenue, je pense que j'aurais peut-être arrêté le foot. Heureusement qu'ils
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étaient là. Grâce à eux, j'en suis là aujourd'hui. Mon père, s'il pouvait venir à tous les matchs,
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il viendrait. Après, j'ai eu les proches, j'ai la sœur, le petit ami aussi qui sont présents. J'ai
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beaucoup de chance. Mon plus beau souvenir professionnel, c'est la première Ligue des
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Champions que j'ai remportée avec mon club. Mon plus beau souvenir en général au foot, c'est
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quand mes copains venaient me chercher après l'école pour aller jouer derrière le stade. Tu
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ne penses à rien, tu t'amuses, tu t'éclates. C'était mes plus beaux souvenirs. C'était ma
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première sélection, c'était face à la Suisse. Après, j'aimerais dire que ce sera en 2019,
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j'espère. Ce serait vraiment le plus beau souvenir. C'est une grosse responsabilité. C'est une fierté,
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mais il y a deux grosses responsabilités. On sait qu'on montre l'exemple et en plus,
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ça sera en France. Tu représentes un pays. Quand tu es dans le pays haute, tu te dis que c'est
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quelque chose. C'est un objectif. En plus, j'avais 28 ans, j'arrive en fin de carrière. Ce serait
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l'apothéose de ne pas finir, mais de remporter une Coupe du Monde en France. Je pense que déjà,
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remporter une Coupe du Monde, c'est quelque chose d'énorme. En plus, dans ton pays, tu ne peux pas
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rêver mieux. Il y a énormément de potentiel. Je pense que si ça se passe bien à la Coupe du
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Monde, ça mettrait un gros coup de pouce. Un mot de conclusion ? Qu'il faut soutenir
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l'équipe de France. J'espère que ça sera un grand rendez-vous et que nous aussi,
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on sera à rendez-vous. J'espère qu'on sera championnes.
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