• il y a 4 mois
Thomas Sotto reçoit Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, sur le plateau des 4 vérités.

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Transcription
00:00 [Générique]
00:02 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Yael Broun-Pivet.
00:04 Bonjour.
00:05 C'est donc la présidente d'une assemblée dissoute que je reçois ce matin.
00:08 J'ai décidé de redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote.
00:11 Je dissous donc ce soir l'Assemblée nationale sur les mots d'Emmanuel Macron hier soir à 21h.
00:16 On votera donc les 30 juin et 7 juillet prochains.
00:19 Cette dissolution, est-ce que vous la comprenez ?
00:22 Je la comprends parce qu'il est important toujours
00:26 de regarder la situation en face et d'écouter ce que nous disent les Français.
00:31 On nous dit trop souvent qu'on n'entend pas, qu'on est coupé du peuple.
00:35 Et là, le président a pris une décision suite à un vote très clair des Français.
00:40 Donc en cela, je la comprends.
00:43 Après, il n'y avait pas d'autre choix.
00:44 Il y a toujours d'autres choix.
00:45 Moi, je considère qu'il y a toujours différents chemins qui s'offrent à nous.
00:49 Vous savez que moi, je suis une fervente partisane des accords,
00:53 des ententes, des recherches de compromis, de consensus.
00:56 C'est ce que j'ai essayé de faire pendant deux ans à l'Assemblée nationale
00:59 avec des forces politiques dissemblables.
01:03 Et donc moi, je pense qu'il y avait un autre chemin
01:07 qui était le chemin d'une coalition, d'un pacte de gouvernement.
01:10 Le président de la République a estimé en conscience que ce chemin n'existait pas.
01:14 Il a pris ses responsabilités et je prends acte de cette décision, évidemment.
01:19 Je voudrais vous faire entendre ce que disait Raphaël Glucksmann hier soir.
01:23 Emmanuel Macron a obtempéré aux exigences de Jordane Bardella.
01:28 C'est en fait le Rassemblement national qui fixe désormais le tempo
01:32 de la vie politique française.
01:33 Rien ne l'y obligeait.
01:35 C'est un jeu extrêmement dangereux avec la démocratie et les institutions.
01:41 Et donc moi, je suis estomaqué par un tel comportement.
01:47 Raphaël Glucksmann estomaqué.
01:48 Est-ce que c'est le Rassemblement national qui fixe le calendrier,
01:51 qui a pris la main déjà ?
01:52 Non, absolument pas.
01:54 La dissolution, c'est vraiment une prérogative du président de la République.
01:56 Après, moi, ce qui m'a frappé hier soir,
02:01 ce sont l'ensemble des réactions des forces politiques.
02:04 C'est-à-dire que lorsque l'on regardait les plateaux, vos plateaux, mais les autres,
02:08 tout le monde s'écharpait à nouveau.
02:10 Tout le monde se renvoyait dos à dos les responsabilités.
02:13 Personne n'est responsable de rien.
02:15 Et chacun se remet à cliver le pays.
02:19 Moi, vous savez, je ne fais de la politique que depuis 7 ans.
02:23 Je suis une femme, je suis citoyenne, je suis mère de 5 enfants.
02:28 J'ai décidé de m'engager parce que je pensais qu'on allait faire différemment.
02:31 Je pensais qu'on allait réussir à réunir les énergies
02:35 pour pouvoir avancer dans le sens de l'intérêt général.
02:37 Ça s'est raté, c'est un échec ?
02:38 Eh bien, ça s'est raté.
02:39 Ça s'est raté parce qu'on voit que ce que disaient justement
02:43 ces responsables politiques hier sur les plateaux
02:45 montrent bien qu'on n'arrive pas en France à dépasser ces querelles partisanes,
02:50 à dépasser ces idéologies de partis
02:54 pour essayer de penser ensemble à l'avenir de notre pays.
02:58 Et ça, ça me rend triste parce que je vous dis, je suis mère de famille,
03:01 j'ai 5 enfants.
03:02 Hier, je discutais avec mes enfants de ce qui s'est passé.
03:05 Et on doit leur construire leur avenir.
03:08 C'est comment on va travailler demain, dans quel monde on va vivre,
03:11 quelle écologie pour demain, quelle planète on va leur laisser.
03:15 Et pour ça, pour ces enjeux-là,
03:17 moi je pense qu'il faut qu'on soit ensemble.
03:20 Mais c'est pour ça que moi je pense que ça suffit, les querelles de partis.
03:24 Il faut qu'on arrive à construire ensemble pour penser l'avenir de notre pays.
03:28 En attendant, il y a des élections législatives qui arrivent dans moins de trois semaines.
03:32 Est-ce qu'il y a un moyen plus simple encore d'ouvrir grande
03:37 les portes de Matignon-Rennes que cette dissolution ?
03:39 Est-ce que ce n'est pas un tapis rouge pour Jordane Bardella,
03:41 pour Marine Le Pen, cette dissolution ?
03:43 Jamais de la vie.
03:44 Jamais de la vie parce que…
03:45 Parce que vous pensez que vous allez gagner ?
03:47 Ce que je pense, c'est qu'il y a un chemin à montrer aux Français.
03:52 C'est ce que veut le président de la République,
03:53 c'est ce que la majorité essaiera de faire, la majorité réunie.
03:58 Le président de la République, pour pouvoir engager la France sur les bons rails,
04:03 a besoin d'une majorité solide,
04:05 mais une majorité qui va devoir se constituer, se reconstruire.
04:09 Et comment vous allez faire alors que votre candidate a fait moins de la moitié du score
04:12 du Rassemblement national ?
04:13 Il y a moins, il y a deux semaines de campagne, comment vous allez faire ?
04:16 C'est quoi la méthode ?
04:17 Mais c'est pour ça que, à nouveau, moi je vous dis,
04:19 je ne crois pas en l'hégémonie d'un seul parti
04:22 et je ne le souhaite pas, pour être très franc.
04:25 Vous dites quoi ? Vous dites mettons-nous autour de la table avec LR, avec qui ?
04:29 Moi, mais c'est ce que je dis depuis deux ans.
04:31 Et c'est pour ça que je suis rentrée en politique il y a sept ans,
04:34 parce que je pense qu'on n'a jamais raison tout seul
04:36 et qu'on a besoin de coopérer avec les autres,
04:39 de coopérer avec le Sénat, avec le président du Sénat.
04:42 Emmanuel Macron a trop pensé qu'il avait raison tout seul.
04:44 Et coopérer avec également les socialistes, les écologistes.
04:47 Moi, j'en ai marre de cette vie politique où on se renvoie
04:51 continuellement la responsabilité des échecs,
04:54 où on considère qu'on a raison à soi tout seul.
04:56 Ce n'est pas celle-là que moi je souhaite faire vivre dans le pays.
04:58 Est-ce qu'Emmanuel Macron a trop pensé qu'il avait toujours raison tout seul ?
05:00 Est-ce que c'est une de ses faiblesses ?
05:02 En tout cas, la faiblesse, c'est de ne pas avoir réussi
05:06 à engager le pays sur cette voie de la coopération des différents partis.
05:11 C'était l'essence même du dépassement qui a été imaginé en 2017
05:16 par le président de la République, qui nous a réunis,
05:20 et qui a réuni les Français, parce que les Français se sont retrouvés
05:23 derrière cette idée de dépassement et de nouveaux visages pour des nouveaux usages.
05:28 Force est de constater qu'on n'a pas réussi cela,
05:31 mais je pense qu'il n'est pas trop tard, il n'est jamais trop tard.
05:33 C'est quand même curieux d'avoir dit pendant des semaines,
05:35 pendant la campagne, que ce qui se passait en Europe restait en Europe.
05:37 En gros, que ça n'aurait pas de conséquences nationales encore en fin de semaine.
05:40 Et pour, au final, annoncer une dissolution, quelle est la cohérence de tout ça ?
05:44 Écoutez, il faudra le demander au président de la République.
05:47 Moi, je pense une seule chose, c'est que lorsque l'on est responsable politique,
05:52 le fait de revenir au peuple, c'est très sain.
05:56 C'est très sain.
05:56 Vous savez, moi, je plaide depuis longtemps pour plus de référendums,
05:59 plus de participation citoyenne.
06:01 Les citoyens ont besoin d'être entendus.
06:03 Et donc, là, ils vont être entendus pour les législatives.
06:07 J'espère qu'ils donneront une majorité cohérente pour diriger le pays,
06:11 loin des extrêmes, parce que les extrêmes ne font que nous diviser.
06:15 Et là où nous, ou moi, je souhaite rassembler...
06:17 Vous n'avez pas toujours besoin d'eux pour vous diviser, si je peux me permettre.
06:20 On n'a pas toujours besoin d'eux.
06:22 Mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'eux, ils divisent les Français.
06:24 Ils les dressent les uns contre les autres.
06:26 Et ça, c'est pire que tout.
06:27 Vous l'avez appris quand, vous, cette dissolution ?
06:30 Hier soir, lorsque j'ai été consultée par le président de la République.
06:33 C'est-à-dire que ce n'était pas prévu, ce n'était pas anticipé ?
06:36 Écoutez, peut-être que c'était anticipé dans son esprit,
06:39 mais en tout cas, moi, j'ai été consultée,
06:41 telle que l'exige la Constitution, hier soir à l'Élysée.
06:44 Donc le minimum ?
06:46 Ce n'est pas le minimum ou le maximum, c'est ce qui est prévu par les textes.
06:50 Et vous savez que moi, je suis extrêmement attachée au respect de nos textes,
06:54 de nos institutions, de l'État de droit.
06:56 Vous savez, la démocratie, c'est notre main bien le plus précieux.
07:01 Et cette démocratie, elle ne peut pas fonctionner sans les citoyens.
07:04 Et vous savez, on parle de la grande avance du Rassemblement national.
07:08 Mais hier, quel est le camp qui a le plus rassemblé nos citoyens ?
07:13 Le camp de l'abstention, toujours et encore le camp de l'abstention.
07:17 Et donc, il faut aussi que nos concitoyens, tous collectivement,
07:20 se réveillent et se rendent compte que la démocratie est en danger.
07:24 C'est notre main bien précieux, il faut la protéger.
07:26 Donc, il faut aller aux urnes.
07:27 La démocratie est en danger aujourd'hui, ce matin ?
07:30 Oui, parce qu'on le voit.
07:32 Les populistes ont gagné ou en tout cas ont progressé dans l'Europe entière.
07:37 Et lorsque les populistes sont au pouvoir, c'est l'État de droit qui est menacé.
07:42 Et donc, oui, évidemment, la démocratie est en danger lorsque les populistes gagnent.
07:46 Votre allié du MoDem, François Bayrou, a dit hier qu'il appelait à une refondation.
07:50 Ça veut dire quoi, une refondation ?
07:52 La refondation, c'est, je pense, ce qu'on a essayé de faire en 2017.
07:56 C'est tout ce qui n'a pas marché depuis sept ans ?
07:57 Ce n'est pas tout ce qui n'a pas marché.
07:59 Je pense qu'il y a beaucoup de choses qui ont marché.
08:01 On a fait beaucoup de choses pour le pays, beaucoup de transformations,
08:05 beaucoup de progrès importants.
08:07 La réussite sur le chômage, sur la réindustrialisation,
08:12 le retour d'une certaine souveraineté économique, sanitaire, etc.
08:16 Donc, il ne faut évidemment pas jeter le bébé avec l'eau du bain.
08:20 Ce qui est sûr, c'est qu'on n'a pas réussi à réinventer la vie politique.
08:23 Moi, c'est pour ça que je me suis engagée à nouveau.
08:25 Et donc, réinventer la vie politique, c'était une dose de proportionnel
08:29 pour justement favoriser les coalitions, la fin du cumul des mandats,
08:34 le non-cumul dans le temps, avoir plus d'oxygénation de notre vie politique,
08:39 des référendums plus fréquents, etc.
08:42 Tout ça, on n'a pas fait. Donc, il faut le faire.
08:44 Quel rôle, vous, vous voulez jouer dans cette refondation ?
08:47 Écoutez, le rôle d'une citoyenne qui s'est engagée il y a sept ans
08:52 parce qu'elle croyait qu'elle avait un rôle à jouer
08:55 et que nous avions besoin et nous avons besoin de bâtir une nation d'engagés.
08:59 Donc, je ne sais pas quelle place je dois prendre.
09:02 En tout cas, vous avez envie de continuer à vous battre.
09:04 J'aurai toujours, évidemment, ce même engagement.
09:07 Renaissance décidera demain des investitures pour les législatives.
09:11 Est-ce que vous serez candidate, vous, dans votre circonscription ?
09:14 Je réfléchis. Je réfléchis parce que je pense que la situation est grave
09:21 et qu'il faut se battre pour de bonnes raisons, pour une bonne cause.
09:28 Donc, vous doutez ce matin de votre candidature ?
09:30 Ce n'est pas que je doute, mais j'y réfléchis parce que ce sont des choses
09:33 extrêmement sérieuses, extrêmement graves.
09:36 Il en va de l'avenir de la France. Il en va de l'avenir de la démocratie.
09:40 Il en va de l'avenir de nos enfants.
09:42 Est-ce qu'on est capable aujourd'hui de donner un nouvel espoir ?
09:45 Ce n'est pas quand c'est grave qu'il faut prendre ses responsabilités ?
09:47 Justement, mais il faut les prendre avec gravité, donc après réflexion.
09:52 Et donc, c'est dans cette réflexion que je suis aujourd'hui.
09:55 Juste un mot, Stéphane Séjournet a dit hier que la majorité
09:57 ne présenterait pas de candidats aux élections législatives
09:59 contre des députés sortants faisant partie du champ républicain.
10:03 C'est quoi le champ républicain ? Parce qu'on ne comprend plus.
10:05 Vous savez bien que moi, je n'ai jamais parlé de champ républicain.
10:12 Il n'y a pas trop du parti dont vous êtes élu.
10:14 Oui, mais j'ai toujours considéré, moi, en tant que présidente de l'Assemblée nationale
10:17 jusqu'à hier soir, que les 577 parlementaires qui siégeaient à l'Assemblée nationale
10:22 étaient dans le champ républicain à partir du moment où ils avaient été élus par les Français.
10:27 Après, comme je vous le disais, moi, je souhaite qu'il y ait des accords
10:31 et des coalitions les plus larges possibles pour pouvoir apporter un vrai projet pour la France.
10:37 Et donc, savoir que l'on peut travailler comme je le fais au quotidien à l'Assemblée nationale
10:41 avec des socialistes, avec des écologistes, avec des républicains,
10:44 c'est exactement la façon dont je veux faire de la politique.
10:47 J'ai encore deux toutes petites questions qui sont un peu de cuisine institutionnelle,
10:50 mais vous êtes toujours la présidente de l'Assemblée nationale.
10:52 Que se passe-t-il pour les textes qui étaient en débat ces jours-ci ?
10:54 On pense notamment aux textes très importants sur la fin de vie.
10:56 Tout ça est stoppé ?
10:57 C'est ce qui me chagrine le plus parce que c'est stoppé.
11:01 Le texte sur la fin de vie, tout ce que l'on a fait jusqu'à présent
11:05 comme chemin parlementaire est anéanti.
11:07 Moi, j'ai présidé la plupart des séances.
11:10 On me disait souvent que l'Assemblée nationale, c'était le bordel.
11:14 Eh bien, je peux vous dire que les débats sur la fin de vie
11:17 ont été d'une dignité et d'un respect absolus.
11:19 Mais là, toute activité de l'Assemblée s'arrête maintenant.
11:22 Donc, il n'y a plus aucun texte, plus de questions au gouvernement,
11:24 plus d'activité de l'Assemblée nationale.
11:26 On assure les affaires courantes et le texte sur la fin de vie
11:31 devra être redéposé par un nouveau gouvernement.
11:35 Et tous les débats qui ont eu lieu en commission spéciale
11:37 et dans l'hémicycle n'existent plus.
11:39 Merci beaucoup, Hielbron-Pivet, d'être venu dans les 4V.
11:41 Bonne journée à vous.
11:42 Merci à tous les deux.
11:43 Il y avait un autre chemin que celui de la dissolution.
11:46 Il y avait la coalition Hielbron-Pivet qui appelle à coopérer avec les Républicains.
11:50 Merci aussi à Frédéric Chevalier pour la traduction langue des signes.
11:53 A tout de suite avec l'inimitable Marc-Antoine Levray.

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