00:00 [Musique]
00:03 Bonsoir Corentin et bravo.
00:05 Tu as été opéré il y a un an et demi à peu près.
00:08 Tu es descendu aux alentours de la 140ème place mondiale.
00:11 La combien de tièmes ?
00:12 140 non c'est pas ça ?
00:13 Ah ok, 170.
00:14 170 tu vois.
00:15 Bon.
00:16 Et on sent que tu as beaucoup travaillé depuis pour revenir à ce que tu estimais être ton niveau.
00:22 Tu étais tout proche de ton meilleur classement.
00:24 Je t'ai beaucoup vu sur les réseaux sociaux dire "je travaille, ça va venir, mon heure viendra".
00:28 Quelque chose comme ça.
00:30 Est-ce que tu peux replacer ce parcours dans la perspective de tout le travail que tu entreprends depuis un an et demi
00:35 pour retrouver ton niveau, tes sensations ? Est-ce que tu as l'impression que ce travail-là paye aujourd'hui ?
00:39 Ouais aujourd'hui il a payé à d'autres moments aussi dans l'année.
00:42 Mais c'était une longue période, c'était dur d'être à une main.
00:45 C'était dur dans la tête, c'était dur dans tout.
00:49 Physiquement les entraînements étaient beaucoup plus intenses d'avoir ce handicap.
00:52 Donc c'était vraiment une période compliquée.
00:54 Mais j'ai eu mon équipe qui m'a soutenu, avec qui on a traversé un peu cette tempête tous ensemble.
01:00 Donc voilà, mais c'est dur parce qu'on remet en question mes choix.
01:05 Les gens avaient oublié aussi que j'avais ce handicap.
01:08 Du coup quand je perdais un match et que je redescendais au classement, ça ne leur paraissait pas normal alors que j'étais à une main.
01:14 Donc non, c'est une période compliquée.
01:16 Mais je suis content parce que ça m'a forgé.
01:18 Je croyais en moi, l'objectif c'était de retrouver cette deuxième main.
01:21 Ça a mis plus de temps que prévu.
01:23 Mais le travail paye toujours.
01:25 Je savais qu'on travaillait bien et que c'était une question de temps.
01:28 Ce n'est jamais linéaire.
01:30 On a beau travailler dans l'ombre, ça ne paye pas toujours tout de suite.
01:33 Donc il faut être patient, ce qui n'est pas facile.
01:36 Mais il faut être patient, continuer de travailler et être persévérant.
01:38 Vous aviez très bien commencé le premier set.
01:43 Puis on a senti que vous perdiez pied un peu.
01:46 L'adversaire jouait très bien aussi.
01:48 On a senti aussi parfois des moments d'agacement.
01:51 Qu'est-ce qui se passe dans vos têtes ?
01:53 Est-ce que ces agacements servent à vous motiver ?
01:56 Ou alors non, vous essayez de lutter contre pour ne pas sortir du match.
01:59 Parfois on a presque eu l'impression, dans le premier set,
02:02 que c'était difficile de rester dans le match.
02:04 Non, ce n'était pas difficile de rester dans le match.
02:06 Je suis assez ambitieux pour vouloir gagner.
02:09 C'est l'objectif principal, c'est de rester dans le match.
02:12 De garder toujours ce lien avec, de rester concentré pour ne pas perdre le fil.
02:15 Mais c'est sûr, c'était agaçant.
02:17 Parce que je jouais plutôt bien.
02:19 Lui, il m'impressionnait.
02:21 Il frappait fort en revers.
02:22 Il servait bien, il retournait bien.
02:24 Même en coup droit, je pensais qu'il allait être plus passif.
02:26 Et il me faisait mal aussi.
02:28 J'ai très bien commencé le match.
02:30 Lui a été un peu plus passif.
02:32 Dès qu'il a commencé à rentrer dans le terrain,
02:34 c'était vraiment dur de trouver des solutions.
02:36 Ça allait vite.
02:38 C'était frustrant parce que j'avais l'impression
02:40 qu'il fallait qu'il baisse de niveau pour que je puisse respirer.
02:44 C'est frustrant parce qu'on ne sait pas si ça va arriver.
02:48 Des agacements, je pense qu'on en a tous.
02:51 Il y en a qui le montrent plus que d'autres.
02:53 Ça se voit peut-être plus sur ma tête que sur les autres.
02:56 Mais je pense qu'on est tous agacés parfois au fond de nous.
02:59 C'est un équilibre à trouver entre rester motivé,
03:03 essayer de se relancer avec ça, de rester positif.
03:07 Et de ne pas trop en faire.
03:09 Parce qu'après, on peut perdre sa concentration et perdre aussi de l'énergie.
03:13 - Bonsoir Corentin.
03:19 C'est ton deuxième huitième de finale en grand chelem.
03:22 Mais ici c'est à Roland-Garros, donc c'est devant ton public.
03:24 Qu'est-ce que tu peux nous dire, ce que tu ressens intérieurement maintenant, à l'instant T ?
03:29 - Je suis super content, je suis super fier.
03:31 C'est un tournoi que je regarde depuis que je suis petit.
03:34 En tant que Français, qu'on suive le tennis ou non,
03:37 c'est un tournoi qui nous accompagne dans notre jeunesse.
03:40 Quand on est à l'école, ou pour ceux qui révisent le bac,
03:42 moi je ne suis pas allé jusque-là,
03:44 mais pour ceux qui révisent le bac, souvent on le met en fond.
03:47 Moi j'étais en internat, mes 12 à mes 15 ans, on le mettait à la télé,
03:51 pendant que nous on s'entraînait.
03:53 C'était un peu l'objectif pour nous tous.
03:55 C'est quelque chose que tout le monde connaît en France.
04:01 Même les gens qui ne connaissent pas, c'est un peu le seul truc qui relie les gens,
04:07 l'image du tennis en France.
04:09 C'est forcément une satisfaction,
04:13 et je suis super heureux d'être en deuxième semaine ici.
04:16 J'espère aller plus loin, évidemment.
04:18 Mais c'est déjà une bonne étape, et je suis content d'y être.
04:21 - Sans Corentin, tu te replaces idéalement pour la course à la qualification olympique.
04:27 De te dire que tu vas jouer avec l'équipe de France cet été,
04:31 qu'est-ce que ça se passe dans la tête,
04:33 et est-ce que tu as pu en aborder un peu avant avec Paul-Henri éventuellement ?
04:37 - Je n'ai pas eu le temps, parce que je me suis qualifié aujourd'hui.
04:40 C'est un objectif.
04:42 Dès que j'ai su que le lieu était à Paris,
04:46 c'était direct mon objectif principal.
04:48 Évidemment, ça ne délaisse pas les autres,
04:50 mais c'était mon objectif principal.
04:51 C'est un rêve pour moi de jouer aux Jeux olympiques,
04:53 de rencontrer les autres athlètes français.
04:55 C'est quelque chose de mythique en tant que sportif.
04:57 Même si dans le tennis, on a les grands chelets,
05:00 ça a peut-être moins de valeur auprès du public que les autres sports,
05:03 qui est vraiment leur compétition phare.
05:05 Moi, c'est un rêve.
05:07 C'était la première chose à laquelle j'ai pensé quand je me suis blessé il y a un an et demi.
05:10 Je me suis dit que c'était le mauvais timing, je suis 51e mondial.
05:13 Les Jeux olympiques arrivent bientôt.
05:16 C'est le premier truc auquel j'ai pensé quand je me suis blessé.
05:19 Du coup, j'avais peur de les rater.
05:20 Aujourd'hui, je ne sais pas si c'est sûr, en tout cas,
05:22 mais je suis bien placé.
05:24 Je ne peux pas mentir, c'était l'objectif principal.
05:28 On avait même commencé à discuter avec mon équipe
05:30 que si je perdais tôt ici, j'allais peut-être jouer en challenger la deuxième semaine.
05:33 C'est l'objectif d'une vie à Paris.
05:35 C'est quelque chose d'immanquable.
05:37 Merci, bonne soirée.
05:40 Merci.
05:41 [Musique]