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  • 29/05/2024
Jean-Luc Chorier est le président de l'ADAPEI de la Drôme, l'association de proches de personnes handicapées mentales. Il évoque le succès du film "Un p'tit truc en plus", d'Artus. 4,3 millions d'entrées au cinéma. Une montée des marches à Cannes, est-ce de nature à faire bouger les mentalités ?

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Transcription
00:00Le 6-9, France Bleu Dromardèche, à la télévision, sur France 3 Ronald.
00:058h moins le quart, un mois après sa sortie, le phénoménal succès du film Un Petit Truc en Plus tourné dans le Drôme.
00:11Va-t-il aider, peut-être, à changer le regard sur le handicap mental ?
00:15On en parle avec notre invité, Emmanuel Champal.
00:17Bonjour Jean-Luc Chaurier.
00:18Bonjour.
00:19Président de l'ADAPI 26, association qui accompagne les familles qui font face à une situation de handicap mental.
00:24Vous l'avez vu ce film ?
00:26Bien sûr, je suis allé le voir, c'est un film incontournable.
00:30Parmi tout le microcosme du handicap, à l'UNAPI, à l'ADAPI, et puis nous les amis sur les réseaux sociaux,
00:39on en avait beaucoup parlé, donc j'ai pris mon temps, mais je suis quand même allé le voir.
00:43Et vraiment, j'en suis ressorti bouleversé, séduit.
00:47Alors évidemment, en plus on a des belles images de la région.
00:50Je me suis empressé de le dire à tous mes amis en France qui m'ont fait des compliments sur le film.
00:56Je leur ai dit, mais ça a été tourné dans la Drôme, et on en est fiers, parce qu'il y a des très belles images.
01:00Mais oui, c'est bouleversant, et puis c'est plein de...
01:03Enfin, tout ce que les personnes de la situation de handicap dans le film vivent, disent, etc.,
01:10c'est quasiment toutes des situations que j'ai connues lorsque je visite des établissements,
01:14lors de fêtes, des choses comme ça, sur les dialogues, etc.
01:17A mon avis, les dialogues n'ont pas été écrits, ou alors je ne sais pas,
01:21parce que c'est tellement criant de vérité, quand on fréquente ces personnes-là,
01:26et puis qui nous apportent tellement que...
01:29Je ne connais pas une personne à qui j'ai fait visiter des centres,
01:32ou qui on les a rencontrés, qui en sont ressortis...
01:35J'allais dire indemne, non, ce n'est pas le mot, mais qui n'en sont pas ressortis bouleversés,
01:39parce que ce sont des personnes attachantes, extrêmement attachantes,
01:42et puis c'est vrai, quand elles vous font sourire, c'est vrai,
01:45ce n'est pas un sourire déguisé, quand elles vous disent quelque chose,
01:48c'est une vérité, si le matin vous n'êtes pas très bien rasé,
01:51ou si vous avez votre col de travers, on vous le dit.
01:54Il n'y a pas de filtre, exactement.
01:56Et il ne faut pas en avoir peur, en fait, c'est aussi un des messages de ce film, finalement,
01:59c'est de dire, attention, ces personnes ont un handicap mental,
02:02elles ont un petit truc en plus, mais osons les rencontrer,
02:06et osons leur parler normalement.
02:08Bien sûr, et au contraire, ce qui est blessant pour eux, c'est quand on détourne le regard,
02:11bien sûr, allons vers eux, rencontrons-les, il y a plein de possibilités,
02:16il faut vraiment aller à leur rencontre, aller les voir, leur parler,
02:21vraiment, j'encourage tout le monde,
02:23parce que le plus difficile, pour nous, c'est pareil,
02:26quand quelqu'un détourne le regard de nous.
02:28Vous avez une fille qui a un petit truc en plus,
02:30vous avez souffert de ça, de ces regards qui se détournent ?
02:34Oui, parce que ma fille, aujourd'hui, elle a 37 ans,
02:37ça remonte un petit peu, mais oui, ça a été difficile,
02:41bien qu'il faut aussi regarder le verre à moitié plein,
02:45et qu'il y a aussi plein de personnes qui sont bienveillantes,
02:47mais c'est vrai que quand on est jeune parent,
02:50que votre fille se met à crier dans le magasin, etc.,
02:52on a tendance à vouloir un peu la faire taire, à minimiser,
02:55voire à s'en aller, et c'est des choses qu'il ne faut pas faire,
02:58parce que c'est une façon que Mélanie, ma fille, s'exprime.
03:04Ce film d'Arthus, selon vous, il va vraiment faire changer les choses,
03:08ou pas, par rapport à la vision qu'on a du handicap mental ?
03:11Oui, bien sûr, moi ça fait 30 ans que je me bagarre là-dessus un petit peu,
03:14pour essayer de faire connaître l'ADAPI,
03:17nos établissements, les personnes, etc.
03:20Un film plus efficace que votre action depuis 30 ans ?
03:23Il est plus efficace, ça va être à l'éphémère,
03:25je sais très bien que l'actualité va passer sur autre chose,
03:27donc il faut surfer un petit peu dessus,
03:30et je vous remercie de m'habiter ce matin,
03:31parce que ça permet justement d'en parler,
03:33mais c'est avec des choses comme ça,
03:34L'Huitième Jour avait fait beaucoup aussi,
03:36c'est avec des films comme ça que ça fait bouger un petit peu les choses,
03:40alors on est quand même dans ce mouvement-là,
03:43on est quand même dans le mouvement d'intégration,
03:45même s'il reste beaucoup à faire,
03:47mais avec ce film-là, c'est une accélération,
03:49c'est un peu comme si vous tournez la poignée des gaz d'une moto,
03:53d'un coup vous accélérez, vous vous sentez pousser,
03:55comme si vous décollez d'un avion d'école,
03:57alors ça ne va pas durer,
03:58mais en tous les cas, c'est les personnes qui l'ont vu,
04:01quand je l'ai vu dans le cinéma,
04:03il n'y a personne, ça m'a un peu étonné,
04:06parce qu'en général quand le film se termine,
04:08dès que la lumière se rallie un petit peu,
04:10tout le monde s'en va,
04:11et là j'ai vu tout le monde,
04:12alors on n'était pas très nombreux,
04:13parce que c'était une après-midi,
04:15mais pour le coup, les gens restent assis,
04:19et regardent le générique,
04:23mais je pense que surtout,
04:24elles ont besoin après de digérer un petit peu,
04:28de se remettre un petit peu,
04:30des émotions qu'elles viennent de vivre.
04:33Jean-Luc Charrier, vous êtes président de l'ADAPI26,
04:35vous connaissez par cœur ce sujet du handicap mental,
04:38le monde du handicap aussi,
04:40on parle de ce changement de regard,
04:42mais finalement quand on se rend compte
04:44qu'à Cannes par exemple,
04:45Artus a été obligé de porter Sofiane,
04:48un des acteurs,
04:49parce qu'il n'y a pas de rampe handicapée
04:51pour accéder à la grande salle,
04:53vous vous dites quoi ?
04:54Vous vous dites qu'il reste encore énormément à faire ?
04:58Je me dis que beaucoup a été fait,
05:00si on remonte longtemps en arrière,
05:02où les personnes ont les cachés,
05:04elles étaient dans les fermes,
05:05enfin c'était difficile,
05:06donc beaucoup, je remonte loin,
05:08que les plus jeunes n'ont pas connu,
05:10mais beaucoup a été fait,
05:12mais évidemment beaucoup reste à faire,
05:13alors bien sûr sur l'accessibilité,
05:15les plans ADAPT sont loin d'être là,
05:17j'étais hier en partie une commission
05:20qui donne des dérogations
05:21pour des moments où c'est pas possible
05:23matériellement de le faire là,
05:25il y a encore pas mal de dérogations
05:26qui sont demandées,
05:28donc il y a beaucoup à faire,
05:29mais beaucoup a été fait,
05:30alors de quel côté il faut regarder ?
05:31Moi je regarde du côté bleu,
05:33de la radio France Bleu,
05:34et de ma chemise,
05:35je regarde plutôt du côté bleu
05:36en disant qu'on est sur le chemin
05:38et que nous en tous les cas
05:39on va tout faire pour que ce chemin
05:41perdure et dure,
05:44et ce film, un petit truc en plus,
05:47ce sera peut-être un gros truc
05:49qui nous permettra d'avancer plus rapidement.
05:51Beaucoup a été fait,
05:52et il reste beaucoup à faire,
05:54c'est votre message,
05:55Jean-Luc Chaurier bouleversé par ce film,
05:57vous aussi, un petit truc en plus,
05:59je rappelle que vous êtes président
06:01de l'ADAPTI, de l'ADROME,
06:02passez une belle journée !
06:03Merci beaucoup !

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