76% des Français désapprouvent le bilan sécuritaire d'Emmanuel Macron
Tous les samedis et dimanches soir, Guillaume Lariche reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont aux programmes de 18h30 à 19h00.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend
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00:00 Europe 1 soir week-end 18h-19h Guillaume Lariche
00:04 Bonsoir à tous, merci de nous retrouver si vous venez juste de nous rejoindre.
00:07 Ça fait débat tout de suite à 18h35 sur Europe 1.
00:10 Mais pardon, mes deux invités, Emilie Zapalski, communicante politique et fondatrice de l'agence de communication Emilie Conseil.
00:17 Bonsoir Emilie.
00:18 Et Alberto Toscano, journaliste italien et écrivain.
00:21 Bonsoir Alberto.
00:23 Qui est avec nous par téléphone.
00:24 Buonasera.
00:25 Avec cette première information, je voudrais vous faire réagir tous les deux au sondage CSA pour Europe 1, C News et le journal du dimanche.
00:33 76% des Français accordent un bilan négatif à Emmanuel Macron en matière de sécurité.
00:37 C'est plus qu'en 2022.
00:39 C'est mérité pour le chef de l'État ou est-ce que les Français sont sévères, Emilie Zapalski ?
00:43 Déjà, il y a un phénomène, c'est qu'il y a une multiplication ou en tout cas une remontée de la multiplication de ces phénomènes de faits divers, de violences extrêmes.
00:51 Donc forcément, le ressenti, il est très fort chez les Français.
00:53 Donc après, il faudrait s'attarder sur les statistiques pour voir si réellement on a une augmentation de l'insécurité.
00:58 Mais en tout cas, le ressenti est très fort.
01:00 Et depuis le début, on sait que c'est un peu le point faible d'Emmanuel Macron.
01:03 Alors, il a mis Gérald Darmanin, ministère de l'Intérieur, qui a essayé de beaucoup communiquer.
01:08 Moi, je pense que c'est là aussi d'où ça vient l'erreur.
01:10 C'est que Gérald Darmanin communique beaucoup sur les objectifs et finalement, les résultats sont très peu là.
01:15 Il y a peu de résultats concrets et tangibles dont on peut se vanter dans ce bilan.
01:20 Macron a du mal à obtenir des points là-dessus.
01:23 Et en face, on a un rassemblement national dans le cadre des élections européennes.
01:27 Et ça peut d'ailleurs expliquer ces sondages qui mettent Bardella très, très devant.
01:31 Un rassemblement national qui communique beaucoup sur ces sujets, qui fait beaucoup de promesses.
01:36 Globalement, qui dit si nous, on était au gouvernement, l'insécurité, ça serait terminé avec les coupables mis en avant,
01:43 qui sont les étrangers illégaux principalement.
01:46 Donc voilà, je pense qu'il y a ces deux faces à face qui fait que c'est un point réellement très, très faible pour Emmanuel Macron.
01:52 Globalement, le régalien, ça ne lui réussit pas.
01:54 - Alberto Toscano, vous partagez l'avis d'Emilie Zabalski ?
01:58 - Je partage au 100%.
02:00 C'est plus qu'en 2022, parce qu'on est en 2024.
02:05 La perception de l'opinion publique par rapport à l'insécurité ambiante en France,
02:11 et je dois dire pas qu'en France, est évidemment de plus en plus élevée,
02:17 de plus en plus fruit d'une sensation de crainte.
02:23 Il n'y a pas un jour où il n'y a pas une information inquiétante sur le plan de la sécurité.
02:31 Même cet après-midi, les informations qui viennent de ce qui s'est passé à Lyon sont évidemment inquiétantes.
02:40 Et cet aspect de l'insécurité, du point de vue de l'opinion publique,
02:46 a un lien avec la question qui est le fonds de commerce de l'extrême droite, c'est-à-dire l'immigration.
02:54 Et encore aujourd'hui, la personne qui a utilisé un couteau à Lyon,
03:01 à détriment des passagers du métro, était un immigré en situation irrégulière.
03:11 Et cette idée de l'immigration irrégulière de la sécurité est un cocktail dangereux, à mon sens,
03:19 mais surtout du point de vue politique,
03:22 et en train de booster les chances de la liste de la part de l'Etat d'être en première position,
03:32 et même largement en première position, à l'occasion des prochaines élections européennes.
03:37 Alberto Toscano, juste, on a l'impression que, effectivement, peu importe les vrais chiffres des agressions,
03:43 après c'est vraiment ce qui se passe, c'est un petit peu, ça polarise dès qu'il y a un effet comme ça.
03:47 On le cite, là on en parle encore, ces quatre personnes qui ont été blessées à Lyon cet après-midi,
03:52 une agression au couteau, à croire que c'est quand ça fait le buzz,
03:55 une information comme ça reprend le pas, et ça fait peur, ça fait peur aux Français.
03:58 Absolument, c'est exactement comme ça en politique,
04:01 la perception de l'information de la part de l'opinion publique compte parfois encore plus que l'information en tant que telle.
04:10 Et aujourd'hui, la perception de l'opinion publique française, et je répète, pas que française,
04:16 des informations au sujet de l'insécurité est absolument inquiétante,
04:24 et absolument primordiale dans le débat politique en France et en Europe.
04:31 Emilie Zapalski, petite question, excusez-moi de vous avoir coupé, Alberto,
04:34 Emilie, en termes de communication, c'est quoi actuellement la latéralité du gouvernement
04:39 pour justement dire que, lui, son bilan est plutôt positif en termes d'efficacité contre l'insécurité ?
04:45 Il manque de bilan, il manque de bilan positif, comme je le disais, d'action tangible qui est vraiment réussie de ce côté-là.
04:50 Si on pense par exemple aux obligations de quitter le territoire français,
04:53 on ne peut pas dire qu'on est dans des éléments de réussite,
04:55 puisque je crois qu'il n'y en a que 10% qui sont réalisés, et comme le disait Jean-Nélise Titalian,
05:00 forcément, quand on voit que c'est des immigrés illégaux qui commettent ça,
05:04 on fait le lien avec cette impuissance-là de l'État.
05:07 Alors, ce n'est pas que Macron, il faut le dire que ça, c'est des choses qu'on traîne depuis longtemps,
05:12 et on a beau multiplier les lois immigration comme il y a eu à l'automne dernier,
05:16 ça n'arrange finalement rien du tout, on en est à la 20e ou 22e loi.
05:20 Alors, c'est des promesses, c'est beaucoup de travail, on a vu, la loi immigration, ça a été beaucoup de temps pour aboutir,
05:25 et finalement, ça apporte des moyens supplémentaires, on a l'impression que la loi le permet déjà,
05:30 mais c'est surtout cette impuissance qu'on a de raccompagner les gens illégaux, de régulariser tout ça.
05:35 Et ce qui est terrible, c'est que la classe politique est peut-être moins ferme que ce qu'attendent les Français,
05:40 puisque c'est globalement ce qui sortait comme sondage.
05:42 La loi immigration, qui a pourtant été durcie pour satisfaire un peu la droite et pour qu'elle puisse passer,
05:47 les Français voulaient aller presque plus loin, parce que, justement, ils ont ce sentiment d'insécurité.
05:52 Donc on n'est pas au bout, mais il y a quand même cette impuissance de l'État pour traiter ce sujet-là,
05:56 et je ne dirais pas qu'impuissance de l'État, puisqu'on est en temps d'élection européenne, impuissance de l'Europe aussi.