Salon VivaTech : "Y a pas à rougir à La Réunion"

  • il y a 4 mois
Hanifah Locate, la directrice de la recherche et de l'innovation à la Région Réunion, s'est rendue au salon VivaTech à Paris. Elle accompagne une dizaine de start-ups qui sont venues présenter leurs produits et affirmer la volonté régionale d'être un futur hub pour l'innovation.

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00:00 [Musique]
00:03 - Annie Falocane, bonjour. - Bonjour.
00:05 - Vous êtes directrice du service de la recherche et de l'innovation à la région Réunion.
00:09 Vous êtes un petit peu la cheville ouvrière de déplacement de cette délégation de la Réunion à VivaTech.
00:15 Avant de nous dire exactement en quoi ça consiste, est-ce que vous pouvez nous expliquer quel était l'objectif de la région
00:23 en emmenant une délégation d'une dizaine de start-up comme ça sur VivaTech à Paris ?
00:28 - Un objectif qui est double. Il y a bien sûr un objectif qui s'inscrit dans la politique en matière d'innovation de la collectivité territoriale de la région.
00:38 C'est une politique d'accompagnement des start-up et des entreprises innovantes plus généralement.
00:43 On leur met à disposition un espace pour être visible et pour pouvoir justement se faire connaître des investisseurs, des marchés, des clients.
00:52 Élargir vraiment leur horizon. Et c'est un salon de haut niveau.
00:56 Les personnes qui passent dans ce salon, ce sont des décideurs au sein des entreprises.
01:00 - C'est un salon professionnel, il faut le rappeler. Il n'y a pas de public si demain, samedi, mais sinon...
01:04 - Demain, mais sinon c'est essentiellement vraiment du top niveau exécutif.
01:08 Ce sont les PDG, les directeurs, les directeurs financiers, des gens qui sont capables très vite de provoquer cette décision d'achat d'investissement.
01:16 C'est un salon de haut niveau. Il faut être prêt.
01:19 C'était aussi un travail de préparation de ces start-up. Il ne s'agissait pas seulement de sélectionner les meilleures start-up, mais c'était aussi de leur donner des chances.
01:26 - Comment est-ce qu'on les sélectionnait ?
01:28 - On a fait un petit appel à la manifestation d'intérêt qui est sortie au début de l'année.
01:32 On a eu pas mal de quantitatures, une vingtaine.
01:35 Il y a eu une sélection qui a été opérée par un jury composé de nos élus, mais également de partenaires qui étaient mobilisés dans cette délégation.
01:43 Et sélectionnés sur des critères qui étaient bien sûr qu'elles aient un intérêt à être au salon, puisqu'on ne vient pas dans un salon professionnel juste pour voir.
01:50 On vient si on a un objectif concret, donc un objectif d'investissement, de prise de contact d'investisseurs ou de clients.
01:58 Et surtout, avoir des choses à montrer, parce que vous avez pu vous rendre compte en vous baladant dans les rangées de ce salon.
02:04 On est au milieu de grands groupes internationaux. On a les innovations de Meta, de Google, d'LVMH autour.
02:10 Il faut pouvoir capter l'attention et ça, on le fait parce qu'on a, par exemple, Lampadaire solaire de Runtec, le mur végétalisé de Greenskin,
02:18 qui attire le regard et qui montre aussi le côté concret de l'innovation.
02:23 Donc ça, ça a été vraiment le travail de sélection et aussi de briefer ces entreprises pour des pitchs qui sont très percutants.
02:30 Alors, rappelons ce que c'est qu'un pitch.
02:32 Bien sûr. Alors, le pitch, c'est cette courte présentation de deux minutes environ qui permet très rapidement d'expliquer le projet en anglais.
02:39 Alors, il y a eu quand même un petit peu aussi des pitchs en français parce que ça reste un salon à Paris,
02:44 mais c'est vrai qu'il faut pouvoir jongler entre les deux. Et ça, c'est un exercice intellectuel qui se prépare.
02:49 Donc, on a essayé de réunir vraiment les conditions pour ça.
02:52 Deuxième objectif aussi de cette présence au salon, c'est de commencer à déployer la marque de territoire réunion.
02:58 C'est une marque qui vient d'être lancée et qui va s'appuyer sur des événements de haut niveau comme VivaTech,
03:04 mais aussi d'autres événements à venir pour montrer aussi que derrière la marque réunion, il y a bien sûr le territoire attractif du point de vue du tourisme,
03:12 mais aussi un écosystème économique très performant.
03:16 Et c'est d'ailleurs la bonne surprise de ce salon parce qu'on commence à déployer cette marque.
03:20 Les gens arrivent appâtés par le côté La Réunion, chaleureux, etc.
03:25 On vient voir, vous êtes de La Réunion, etc.
03:28 Et ils sont agréablement surpris de notre qualité, de notre performance économique parce qu'ils regardent les innovations,
03:35 ils regardent nos startups et ils nous disent "mais vous êtes bons, il y a à faire".
03:39 Donc là, ce matin, on avait des équipes d'LVMH qui venaient voir l'une de nos startups.
03:44 Hier, on a eu aussi Renaud qui est passé voir une autre startup.
03:47 Ce sont vraiment des grosses boîtes et elles prennent le temps, parfois 15 minutes.
03:52 Ce matin, on avait le ministère des Armées qui est venu 30 minutes aussi voir l'une des startups.
03:57 Ça prouve vraiment l'intérêt. Il n'y a pas à rougir à La Réunion.
04:01 Je pense qu'on a toujours aussi un petit peu, et c'est culturel, ce complexe, cette légitimité qui parfois est questionnée.
04:08 Est-ce qu'on est en capacité, nous, de proposer des choses ?
04:11 Eh bien oui, ce salon montre que La Réunion a sa place dans cet écosystème.
04:16 Donc maintenant, il n'y a plus qu'à continuer et à transformer les essais à travers les contacts qui se font dans le salon.
04:23 C'est la deuxième année que La Réunion est présente sur le salon Vivatech.
04:27 Est-ce que vous avez déjà un retour sur les années précédentes et sur le début de ce salon ?
04:33 Parce que maintenant, ça y est, on approche de la fin quand même.
04:35 Oui.
04:36 Est-ce que vous pouvez dresser un premier bilan ?
04:38 Oui. Alors déjà, c'est très bien d'avoir eu une première édition l'année dernière
04:43 parce qu'on a eu le retour, le feedback de mes collègues qui ont accompagné la délégation et bien sûr de nos élus sur le fait que c'est un salon qui se prépare.
04:51 Donc déjà cette année, on a essayé de préparer, de coacher les startups en amont, ce qu'on disait, de préparer au pitch,
04:59 de leur dire aussi « Préparez-vous en prenant des créneaux parce que les rendez-vous se calent en amont du salon.
05:05 On n'arrive pas à la fleur au fusil dans un salon comme Vivatech. »
05:08 Donc déjà, premier bilan, c'est qu'en étant un petit peu plus préparé, on maximise sa présence dans le salon.
05:15 Et deuxième bilan à chaud parce que là, on est encore dans le salon, dans l'euphorie, c'est vraiment la satisfaction d'un stand qui ne désemplit pas.
05:23 La délégation est extrêmement occupée. On a très peu de temps. Je pense qu'en étant sur le stand, on peut se rendre compte que ça n'arrête pas.
05:32 Il y a des présences de médias nationaux. Il y a des présences d'investisseurs, divers contacts, même institutionnels, des gens qui passent.
05:39 Et il faut sans cesse répondre, montrer vraiment ce qu'on a à montrer.
05:43 Donc déjà, la satisfaction d'un stand qui attire. Et c'est la première mission qu'on souhaitait accomplir.
05:52 Ensuite, la marque Réunion qui a réussi de faire son petit bonhomme de chemin. On a beaucoup de réunionnais de la diaspora qui passent.
05:59 Et je pense qu'on a vraiment intérêt à capitaliser aussi sur ces gens.
06:03 Et s'il y a des réunionnais qui passent, ce sont des réunionnais qui sont déjà patrons, propriétaires de sociétés, de startups, etc.
06:08 Rappelons que là, nous sommes dans un salon professionnel. Donc les réunionnais qui passent sont des patrons de startups ou d'entreprises ou des cadres de grandes entreprises.
06:17 Et on se dit, voilà, la réunion est partout. La réunion économique est partout.
06:21 Et on va pouvoir, nous, s'appuyer demain sur cette diaspora économique qui va pouvoir peut-être constituer des ambassadeurs, des ambassadrices de cette marque.
06:30 Et montrant aussi la force de notre réseau. Nous sommes petits. Nous sommes au milieu de l'océan Indien.
06:35 Mais nous avons des connexions avec l'Asie, avec les États-Unis, avec l'Europe.
06:39 Et aussi des relais importants pour nouer des contacts commerciaux, business, des opportunités.
06:46 Donc vraiment, ça va être, je pense, un atout. Et donc le bilan, c'est que cette marque, elle est visible.
06:52 On a donc une signalétique, la réunion, qui attire un petit peu le monde.
06:56 On est bien placé aussi. On a des grands stands d'entreprises qui sont dans notre allée.
07:01 Donc ça permet de faire venir du monde et nous, après, d'essayer de travailler ces contacts et d'en tirer le meilleur profit.
07:09 Un des premiers objectifs des startups qui sont venues ici cette année, c'était de trouver des investisseurs.
07:14 Alors pas toujours, parce que vraiment, on a un profil assez hétérogène.
07:18 Par exemple, Rontek, qui propose des lampadaires solaires, c'était surtout visibilité.
07:24 Ils sont plutôt sur une cible d'éclairage public, donc plutôt d'institutionnel.
07:29 Mais comme on a beaucoup de régions d'institutionnels, la CCI qui est à côté de nous,
07:34 je pense que c'est pas mal pour eux de s'appuyer aussi sur ce salon pour se connaître.
07:38 Après, il y a effectivement, comme Torscale, des startups qui sont dans une phase de recherche d'investisseurs.
07:44 Et il faut se tenir prêt.
07:45 Est-ce que ça a marché pour eux ?
07:46 Elle me dit qu'elle a fait quelques rendez-vous. Maintenant, il faut formaliser tout ça.
07:50 On a aussi d'autres startups qui ont des résultats.
07:53 Alors, on n'a pas sur notre stand cette année une startup qui était présente,
07:57 donc c'est Crowda, qui vient de réaliser une levée de fonds importante et qui a son propre stand à Viva.
08:02 Donc là, c'est un parcours de succès aussi qui montre que le passage à VivaTech peut être un point de succès et d'accès.
08:08 Il y a Jean-Christophe Abbott aussi, qui, avec sa société, j'ai oublié son nom.
08:13 Avec Philbath, qui est dans une phase de croissance importante.
08:16 Et qui a obtenu une levée de fonds importante.
08:19 Exactement. Et Philbath qui était présent l'année dernière, Greenskin aussi.
08:23 Alors justement, c'est mon autre question. Il y a plusieurs entreprises qui étaient déjà présentes l'an dernier,
08:28 qui sont là à nouveau cette année.
08:30 Et pour avoir discuté avec eux, ils disaient que c'était bien.
08:34 Que la première année, quand on arrive, on découvre.
08:38 Mais surtout, on se prend une gifle.
08:40 On se prend une claque.
08:41 Et qu'il faut du temps. Et que quand on vient la deuxième fois, on est bien plus performant.
08:46 Exactement. Et c'est pourquoi nos élus n'ont pas souhaité fermer l'accès aux startups qui étaient présentes l'année dernière.
08:53 Disant qu'on laissait la chance à tous.
08:55 Si effectivement, on avait eu dans l'échantillon des gens qui avaient répondu,
09:00 des startups qui n'étaient vraiment pas assez matures pour être montrées,
09:03 on aurait pu faire ce choix de ne montrer que des anciennes.
09:06 Et en même temps, il y avait dans les nouvelles des pépites.
09:08 Par exemple, on ne regrette vraiment pas d'avoir donné une chance à Runtech,
09:13 qui a fait l'effort de venir avec son lampadaire solaire.
09:16 Mais le nombre de visiteurs qui sont venus pour voir ce lampadaire,
09:20 qui s'étaient renseignés en amont, voire même des médias nationaux,
09:23 qui venaient pour voir ce lampadaire.
09:25 Donc c'est la preuve qu'il faut, je pense, travailler ce mix entre startups déjà présentes,
09:30 qui ont une maturité, qui peuvent aussi coacher les nouvelles.
09:33 Et les nouvelles qui ont cette fraîcheur et qui viennent pour découvrir,
09:38 mais aussi avec parfois des objectifs très concrets.
09:41 Donc je pense qu'on a là une délégation qui est assez représentative aussi
09:44 de l'état de notre écosystème, avec des entreprises à différentes phases,
09:48 qui travaillent sur différentes verticales métiers,
09:51 sur les filières prioritaires que sont l'énergie, la partie sanitaire aussi avec Torskal.
09:57 C'est plutôt une fierté. On a de belles entreprises.
10:00 Est-ce qu'on peut déjà annoncer qu'il y aura un VivaTech 3 pour la région Réunion ?
10:04 Ça va être difficile d'y échapper parce que je crois qu'il y a une énergie
10:09 et une envie de repartir. Maintenant, il faut créer les conditions de succès.
10:13 Vous avez dit en préambule, nous sommes les chevilles ouvrières.
10:16 Donc on va se remettre au travail dès lundi parce qu'un salon comme celui-là
10:20 se prépare bien longtemps en avance. Il y a aussi peut-être à construire
10:24 la sélection, la délégation, peut-être, pourquoi pas, élargir un peu ce stand,
10:30 tout en gardant aussi cette qualité de la sélection.
10:33 C'est-à-dire que ce qui fait aussi la crédibilité de notre stand,
10:37 c'est d'avoir des entreprises qui sont toutes capables de se défendre
10:41 et de montrer parce qu'il faut faire attention.
10:43 VivaTech, ce n'est pas un monde de bisounours. Il faut vraiment se préparer.
10:47 Il y a aussi, bien sûr, l'enjeu, on n'en a pas parlé, de la propriété,
10:51 de la protection, de tout ça. Il ne faut pas être naïf.
10:55 Il y a beaucoup de gens qui viennent aussi pour voir, pour espionner,
11:00 pour acheter, etc. Il faut se préparer. Et c'était aussi la sensibilisation
11:04 qu'on avait menée en amont, préparant nos startups dans ces salons
11:08 à expliquer leur innovation, mais à les protéger en même temps aussi.
11:11 Très bien. Merci.
11:13 [Musique]

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