JO Bashing / Recteur de la mosquée contre l'extrême droite / Attal VS Bardella - Mettez-vous d'accord

  • il y a 4 mois
Avec Alexis Poulin, Journaliste – directeur de publication du Monde Moderne - éditorialiste politique sur Sud Radio le jeudi matin et Poulin sans réserve tous les vendredi 12h-13h / Arnaud Benedetti, Professeur à la Sorbonne, rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire et auteur de “Chaos - essai sur les imaginaires des peuples" (avec Stéphane Rozes) (Editions du Cerf) / Matthieu Baccialone, Communicant, président de M2B Conseil / Nicolas Corato, Président fondateur du think tank Place de la République


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##METTEZ_VOUS_D_ACCORD-2024-05-23##

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Transcript
00:00 (Générique)
00:02 Sud Radio, le 10h midi, mettez-vous d'accord, Valérie Exper.
00:06 Avec vous sur Sud Radio pour commenter l'actualité avec aujourd'hui l'équipe au complet.
00:12 Parce qu'on a eu quelques petits soucis pour arriver, n'est-ce pas Arnaud Benedetti ?
00:18 Tout à fait, je confirme.
00:19 Arnaud Benedetti, professeur à la Sorbonne, rédacteur en chef de la revue Politique et Parlementaire
00:24 et vous avez publié K.O. Essai sur les imaginaires des peuples
00:28 et vous venez de publier un livre qui s'intitule ?
00:32 "Aux portes du pouvoir, R.N. inéluctable victoire" avec un point d'interrogation je précise.
00:37 Voilà, toujours aux éditions Michel Laffont.
00:40 Aux éditions Michel Laffont, absolument.
00:42 Mathieu Bachelon, communicant, président de M2B Conseil,
00:45 Nicolas Corato, président du Think Tank Place de la République
00:48 et Alexis Poulin, journaliste, directeur de la publication du Monde Moderne
00:51 et vous êtes également éditorialiste politique sur Sud Radio tous les jeudis matins
00:55 et Poulin sans réserve, c'est le vendredi à midi.
00:57 Avant de... On va parler du débat de ce soir à Talbardella,
01:01 on va parler du nouveau tour de vise de l'assurance chômage,
01:04 enfin de beaucoup de sujets, mais avant de continuer vos coups de cœur et vos coups de gueule,
01:07 moi je vous ai donné mon coup de gueule d'étonnement sur ce scoop du Parisien
01:12 qui a eu accès aux écoutes de la police,
01:16 qui a eu de la cellule de Mohamed Amra,
01:20 donc celui qui est surnommé "la mouche" qui est l'évadé du fourgon,
01:24 sa cellule était sonorisée, donc on ne peut pas, c'est ce qu'on disait,
01:27 écouter 24 heures sur 24 des détenus,
01:29 mais on se rend compte que celui qu'on nous avait présenté comme un petit caïd,
01:33 en fait, était spécialiste d'extorsion, d'enlèvement, de séquestration avec demande de rançon
01:39 et que depuis sa cellule, il dirigeait des opérations,
01:43 par téléphone il avait un iPhone dernier cri,
01:47 des plusieurs cartes SIM, la chicha pour fumer le soir,
01:50 et un des extraits de l'article qui est si dérange,
01:53 je vous encourage vraiment à acheter le Parisien aujourd'hui,
01:55 il est dans plusieurs conversations captées par les enquêteurs,
01:59 Mohamed Amra dirige en temps réel et en image des gays tapants
02:03 à l'encontre de trafiquants rivaux pour leur voler leur cargaison.
02:06 Alors je cite "Dis-leur de mettre les mains en l'air, fouillez toute la baraque,
02:10 fouille, fouille, fouille, mets la vidéo"
02:12 et puis après il dit "Dis-leur d'arrêter de crier, prends le rebeu, prenez-le,
02:15 barrez-vous, vous m'entendez ? Prenez ce fils de pute, la mode"
02:18 et voilà, et donc avec des vidéos, donc il dirigeait ça depuis la prison.
02:23 Je ne sais pas ce que ça a Mathieu Bachalot,
02:25 alors on savait qu'il y avait des trafics, des choses comme ça,
02:28 mais là d'imaginer qu'un type est en train de commanditer des enlèvements,
02:31 des assassinats, des trafics de drogue depuis sa prison, c'est quand même hallucinant.
02:34 Moi ce qui me marque à chaque fois c'est le décalage entre le discours politique
02:39 avec une grande fermeté, puis des grandes phrases "la République est attaquée",
02:45 "mets un peu la République à toutes les sauces"
02:48 et la réalité du terrain et de la prison.
02:50 Là ceci dit c'est sur la prison, mais ça peut être même élargi, il y a pas mal de thématiques.
02:54 D'un côté on a encore ce mythe d'un état fort et puis d'une prison rédemptrice,
03:01 ce que disait Alexis tout à l'heure, il faut arrêter avec ce mythe de prison rédemptrice
03:07 et vraiment prendre en compte le fait que c'est du moins l'école du crime,
03:12 du moins on le voit, un endroit où toutes les radicalisations sont possibles.
03:17 Là on est au-delà de la radicalisation, on parle d'autre chose.
03:22 C'est un chef mafieux tout simplement, on le met la même chose en Sicile,
03:26 où les chefs mafieux décidaient d'un certain nombre d'opérations dans l'enceinte de leur cellule.
03:34 Non mais ce qui est surprenant c'est que par contre, compte tenu des caractéristiques
03:37 d'une dangérosité absolue, me semble-t-il, enfin en tout cas extrême,
03:42 c'est que le fourgon pénitentiaire n'est pas été escorté en l'occurrence.
03:49 Donc ça c'est tout à fait logique compte tenu du pédigré et des agissements de l'individu.
03:56 - Mais la question, je repense à un papier de Sophie de Monton, c'est "qui est responsable ?"
04:01 C'est-à-dire qu'il n'y a jamais de responsable, c'est "qui est responsable de ça ?"
04:04 - Le responsable dans une prison, c'est le directeur de la prison, en règle générale.
04:07 - L'escorte, c'est le préfet. - Oui.
04:09 - C'est-à-dire qu'il y a un moment où quelqu'un a pris une décision
04:12 de maintenir un niveau de protection, je dirais, standard,
04:16 pour un détenu qui ne l'était pas, et l'article que vous citez le prouve bien,
04:21 ce détenu n'était pas un détenu comme les autres, et personne ne l'ignorait.
04:25 - Non mais ça veut dire peut-être autre chose, excusez-moi,
04:27 mais ça veut dire qu'il y en a beaucoup peut-être comme ça.
04:29 - C'est ça. - Et qu'on n'a pas la capacité, je veux dire,
04:31 vraisemblablement, de les surveiller comme il se doit.
04:33 - C'est ce qu'ont dit les syndicats de la pénitentiaire, en disant qu'il n'y avait pas les moyens,
04:37 et qu'il fallait arrêter avec ces transferts de détenus pour des audiences qui pouvaient être faites par...
04:42 - Oui, et j'en parlais à un des grands flics qui me disait "mais pourquoi est-ce que les magistrats
04:46 ne se déplacent pas, ça coûterait beaucoup moins cher, et moins de danger."
04:50 Qu'est-ce qu'il y a, Nicolas ? - Non, non, ça c'est une grande question,
04:52 il faut leur poser la question, aux magistrats, pourquoi ils ne se déplacent pas ?
04:55 Il n'y a pas qu'en prison qu'ils ne se déplacent pas, ils se déplacent rarement les premiers.
04:58 Pourtant, c'est prévu par notre code de procédure civile et pénale, ça s'appelle les audiences foraines,
05:02 ça a un joli mot, ça veut simplement dire que la cour se déplace.
05:05 C'est prévu, c'est possible, c'est légal, il n'y a pas besoin de faire une réforme législative,
05:08 il faut simplement peut-être une réforme culturelle, un magistrat n'est pas habilité à uniquement juger
05:16 dans les lieux de son palais de justice. Un dernier point pour répondre,
05:19 et peut-être à Sophie de Menton sur qui est responsable, et peut-être aussi les politiques publiques
05:24 et les hommes et femmes politiques qui ont décidé il y a quelques années que les escortes,
05:29 pour des raisons budgétaires, ne devaient plus être systématiquement comme c'était le cas,
05:34 être gérées par des policiers et des gendarmes, mais aussi par l'administration pénitentiaire.
05:39 Il faut se rappeler qu'à l'époque, les syndicats de l'administration pénitentiaire s'étaient élevés
05:43 et avaient protesté sur le fait qu'ils étaient désormais en charge des fameuses extractions.
05:48 - C'était quand ça ? - C'était en 2009.
05:54 - C'est au moment où c'était l'échange électoratique.
05:56 - La fameuse revue générale des politiques publiques, qu'on voulait faire des économies,
06:00 on le paye parfois de la vie de fonctionnaire.
06:02 - Pour rebondir rapidement sur ce qu'a dit Nicolas, c'est vrai que, sans faire du magistrat bashing,
06:06 moi ça m'a fait doucement rigoler de voir les hommages rendus sur les marches des palais de justice
06:11 par les magistrats qui n'avaient pas manqué de mettre leur tenue avec leur décoration bien apparente,
06:18 au moment où des pauvres gars de la pénitentiaire, qui généralement sont considérés comme du menu fretin,
06:23 se sont fait trouver la peau.
06:25 Nicolas a raison, il y a une question qui doit se poser d'un point de vue culturel aussi,
06:29 du magistrat qui peut se déplacer, qui ne doit pas rester forcément dans sa forteresse qu'est son tribunal.
06:35 Et il y a ça, et la question de la responsabilité qui est quand même un point saillant.
06:41 C'est-à-dire qu'on a l'impression sur pas mal d'affaires, et notamment celle-ci,
06:45 que la responsabilité est floue, on ne sait pas qui, et quand bien même on aurait la preuve d'une responsabilité,
06:51 qu'est-ce qui va se passer ? Est-ce que quelqu'un va rendre des comptes pour cette action ?
06:55 Il y a quand même des types qui sont assez sur le carreau.
06:57 - J'ajoute un point, parce que c'est important ce que vous disiez sur la responsabilité des uns et des autres.
07:01 Sur les magistrats, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simono,
07:05 ne cesse de dire que les magistrats ne vont pas suffisamment en prison,
07:09 ne serait-ce que pour se rendre compte, bien entendu, des conditions de détention qui sont déplorables,
07:13 mais aussi de ce qui s'y passe, de la vie qui mène, parfois de manière très standard,
07:19 très confortable, un certain nombre de caïds.
07:21 Bref, ces magistrats qui ont la responsabilité, et ils le font, d'envoyer des gens en prison,
07:25 devraient aussi aller s'intéresser au fonctionnement de la prison,
07:29 et à la manière dont, effectivement, parfois on arrive à ce genre de situation.
07:33 Donc oui, il y a un moment où chacun doit prendre ses responsabilités.
07:37 - On va continuer avec notre tour de thème, Nicolas, vous aviez un coup de cœur pour Giorgia Melloni.
07:43 - Oui, j'ai un coup de cœur, c'est un coup de cœur ironique pour Giorgia Melloni.
07:47 Je trouve ça très intéressant de regarder l'Italie, au regard d'ailleurs de ce que nous nous prévoyons les uns les autres
07:53 pour les années qui viennent, parce que je ne dis pas que comparaison est raison,
07:57 mais c'est toujours intéressant de regarder comment l'extrême droite pratique le pouvoir.
08:00 Il se trouve que les Italiens, le gouvernement italien s'est réveillé, mercredi matin,
08:05 avec au journal officiel, une grande réforme fiscale,
08:09 qui réforme la procédure du contrôle fiscal, et qui venait réhabiliter un vieux système
08:14 qui avait lieu avant du temps de la lutte contre la mafia,
08:17 qui est un système qui permet d'aller éplucher vos dépenses courantes
08:21 pour vérifier que votre train de vie n'est pas différent des revenus que vous déclarez.
08:26 Vieux système. Publication au journal officiel, on réinstaure ce système.
08:30 Que dit Giorgia Melloni ? C'est très intrusif, je ne suis pas favorable.
08:35 Son ministre des Finances, qui est le ministre qui a présenté ce système au Parlement,
08:39 qui l'a fait voter et qui l'a fait publier, dit "Ah mais moi j'y suis très favorable".
08:42 Matteo Salvini dit que c'est une horreur. Bref, c'est très intéressant.
08:45 C'est comme si Bruno Le Maire faisait publier une loi au journal officiel
08:49 et qu'Emmanuel Macron ou Gabriel Attal disaient le même jour "Mais enfin moi j'y suis pas du tout favorable,
08:53 c'est pas mon truc". Donc très intéressant sur la forme de voir quand même
08:57 l'incompétence totale et l'incapacité de gouverner normalement
09:02 de cette bande de bras cassés que constitue l'extrême droite en Italie,
09:06 qui est une extrême droite un peu comme en France, extrêmement divisée,
09:09 qui est d'accord à peu près sur rien, simplement et sur le fond.
09:14 C'est très intéressant l'argument de Giorgia Melloni qui considère qu'il ne faut pas embêter les Italiens
09:18 avec la fraude fiscale. La fraude fiscale en Italie c'est à peu près comme en France,
09:22 entre 80 milliards et 100 milliards d'euros par an. Je rappelle que la première décision de Giorgia Melloni,
09:27 ça a été de supprimer le RSA sous couvert qu'il y avait de la fraude sociale.
09:32 Là aussi, les Italiens et peut-être les Français devraient voir quel est l'effet
09:37 et qui sont les perdants et les gagnants de la gestion par l'extrême droite de leurs affaires publiques.
09:42 - Momo ? - Oui, et puis juste je suis d'accord avec tout ce qui vient d'être dit,
09:46 et de voir qu'en fait l'extrême droite qui a toujours tendance à se présenter comme les chevaliers blancs,
09:50 vous vous souvenez la formule du Front National de Jean-Marie Le Pen des années 90, tête haute et main propre,
09:54 en réalité lorsqu'on creuse et lorsqu'on les voit aux affaires c'est généralement assez différent.
09:59 - Oui, sauf qu'en Italie, Mme Melloni serait vraisemblablement réélue.
10:03 C'est une probabilité aujourd'hui, à ce stade, il faut voir la réalité en face.
10:09 L'Italie, moi je ne mets pas la même... enfin si vous voulez, il y a des nuances dans ce qu'on appelle l'extrême droite
10:15 et encore faudrait-il s'entendre sur ce qu'est l'extrême droite aujourd'hui.
10:18 Mais la réalité c'est que, si vous voulez, en Italie il y a une culture politique qui est très différente de la nôtre.
10:24 Il faut quand même avoir ça en tête, c'est que les alliances multiples et variées de la scène politique italienne
10:31 nous donnent parfois des conjonctures politiques tout à fait particulières.
10:34 Je rappelle que ce n'est pas la première fois que l'extrême droite est au pouvoir en Italie,
10:38 si on laisse bien évidemment de côté la période fasciste,
10:41 c'est qu'il y a eu une alliance entre M. Berlusconi et M. Fini, qui était l'héritier du MSI avec l'Alliance Nationale,
10:50 dès les années 90. Il y a eu une alliance absolument improbable en Italie, il y a maintenant moins d'une dizaine d'années,
10:56 entre M. Salvini et le mouvement 5 étoiles.
11:00 C'est-à-dire qu'encore une fois la vie politique italienne,
11:02 elle est intéressante parce que c'est très souvent un laboratoire par rapport à ce que nous, nous pouvons connaître par la suite,
11:07 mais elle est vraiment, je vais dire, sur le plan de la culture politique, sur la culture des alliances, très différente de la nôtre.
11:13 On n'est pas dans le même, on n'est pas tout à fait dans le même registre.
11:15 On se retrouve dans un instant, on va parler de la mosquée de Paris, on va parler d'Anne Hidalgo et des peines à jouir. A tout de suite.
11:22 Avec vous sur Sud Radio, on est ensemble jusqu'à midi.
11:33 Alors on continue, coup de cœur, coup de gueule. Alexis, allez-y.
11:36 Ah bah moi c'est, je sais pas, c'est peut-être un coup de cœur pour la maire de Paris qui parle des JO en termes fleuris.
11:44 On peut l'écouter peut-être ?
11:46 Oui, on va l'écouter, on va écouter Anne Hidalgo.
11:48 Râle bol du bashing des jeux, quoi. Arrêtez, mais râle bol.
11:52 Râle bol à tous ces peines à jouir qui n'ont pas du tout envie qu'on puisse célébrer quelque chose ensemble.
12:02 Râle à casquette.
12:04 Voilà, je suis rassuré parce que la tradition de l'accent de Piaf, d'Arletti est maintenue par contre.
12:12 C'est vrai, il y a certains qui disaient "elle serait établie au bar d'un PMU", ça pourrait être pareil, parce qu'elle a l'attitude du truc.
12:19 Au-delà de la forme...
12:20 Et c'est pas misogyne que de dire ça.
12:21 Non, non, c'est pas surjoué du tout sur le côté "voilà, vous nous emmerdez", c'est ce qui m'énerve avec ces jeux, c'est l'injonction à s'amuser.
12:29 Vous n'avez pas le droit de dire que les JO, c'est emmerdant, notamment pour le transport public dans Paris, mais aussi pour les finances.
12:37 Et là, en gros, c'est "écoutez, la joie, la liesse publique, elle est obligatoire", comme le QR code d'ailleurs.
12:43 Et si vous êtes contre, alors vous êtes un salopard, un peine à jouir, un machin, enfin, trouvez toutes les insultes que vous avez dans la poche
12:49 pour dire que vous n'avez pas le droit de critiquer les Jeux Olympiques parce que c'est formidable.
12:53 Bordel !
12:54 À un moment, non, on peut dire que c'est très beau, les Jeux Olympiques, très bien de célébrer les valeurs du sport,
12:59 alors ce serait mieux si on le faisait sans des sponsors qui font la promotion de la malbouffe par exemple,
13:03 mais il y a un vrai problème derrière sur cette injonction de dire "il faut aimer les Jeux Olympiques, on n'a pas le choix".
13:09 On peut dire aussi qu'on n'en a rien à foutre de ce machin qui va emmerder la vie des Parisiens pendant des semaines.
13:16 Des mois, ça commence maintenant.
13:19 Des mois, ça commence maintenant, c'est vrai, avec des ponts qui sont déjà fermés, les risques sécuritaires, etc.
13:24 Et de dire "écoutez, très bien, ça vous amuse vous, d'accord, mais laissez ceux qui ne veulent pas s'amuser, ne pas s'amuser ou s'amuser autrement".
13:32 Il y a plein d'autres façons.
13:33 Moi, ce qui va m'amuser, c'est le 23 juin, date qui a été choisie pour la baignade officielle dans la Seine de la maire de Paris, Anne Hidalgo, avec Laurent Nunez.
13:41 Et le président de la République ?
13:42 Et peut-être le président de la République, je ne sais pas, ils vont sans doute trouver des excuses.
13:45 Le plus malin, ça a été Dupont-Moretti qui a dit "moi, je ne me baigne pas dans de l'eau à moins de 28°".
13:49 Pour les autres, ils sont obligés.
13:51 Alors, voir Laurent Nunez en slip de bain, ça va être déjà assez chouette.
13:55 Anne Hidalgo, peut-être qu'elle choisira la combinaison en néoprène, aux couleurs de ratatouille, je ne sais pas.
14:00 Mais en tout cas, merde quoi ! On a le droit de dire que les jeux nous emmerdent.
14:04 C'est juste qu'on va parler de comédie d'algo.
14:05 Alors vous, vous êtes ?
14:06 Moi, non, mais moi, je ne suis pas d'accord avec Alexis Boulin, parce que j'ai envie de m'intéresser à ces jeux,
14:11 et moi, j'aimerais bien m'amuser, célébrer et fêter les JO.
14:15 Mais qui sont les peines à jouir dans cette histoire ?
14:17 Ce n'est pas Alexis Boulin.
14:19 Ce sont ceux qui nous ont dit qu'il ne fallait pas rester en région Île-de-France,
14:23 ceux qui nous ont vendu des places à 300 euros pour aller voir des huitièmes de finale,
14:28 ceux qui ont demandé aux étudiants de laisser leur studio pendant l'été pour accueillir des athlètes,
14:35 ceux qui nous disent que, attention à la sécurité, ça va être très renforcé,
14:38 ceux qui nous disent qu'on ne pourra pas aller dans certains quartiers de Paris sans le fameux QR Code,
14:43 qui est devenu quand même la médaille d'or française, puisqu'on l'a inventé quand même.
14:46 C'est nous qui avons inventé le QR Code pendant le Covid,
14:48 et je pense qu'on peut être fiers de cette grande invention française.
14:50 Les Chinois, peut-être, non ?
14:51 Non, mais sur l'attestation, c'est français.
14:54 L'hyper démocratique.
14:56 Le QR Code japonais, on l'appelle.
14:57 Moi, j'avais envie de m'amuser pendant ces JO.
15:00 Je pense que c'était effectivement une belle opportunité de faire.
15:02 Moi, j'avais trouvé ça formidable, l'idée de JO dans la ville.
15:06 C'était un très beau concept. Mais où sont ?
15:08 Moi, je n'avais pas compris que dans la ville, ça voulait dire dans la ville,
15:10 mais sans les habitants et sans les Parisiens.
15:12 Moi, j'avais envie de m'amuser, et je considère qu'effectivement,
15:15 les peine à jouir ne sont pas nécessairement ceux qu'on imagine,
15:17 et que ce sont ceux, quand même, qui nous ont organisé des jeux,
15:20 en nous disant finalement, circulez, il n'y a rien à voir, mais vous ne pourrez rien voir.
15:24 Non, mais c'est-à-dire que la population est circulée.
15:26 La population francilienne, et plus particulièrement la population française,
15:31 la population parisienne est la variable d'ajustement
15:34 du défaut manifestement d'organisation de ces Jeux Olympiques.
15:37 Et ça, ça pose problème, en effet.
15:39 On pourrait très bien organiser des Jeux Olympiques...
15:41 On pourrait faire une émission sur les JO, parce que...
15:43 De manière plus sobre, peut-être aussi.
15:44 Il y a aussi la douloureuse sociale.
15:47 Quand on voit chaque profession qui monte au créneau avec les syndicats en disant
15:51 "Attends, il y a les JO, moi je veux une prime",
15:53 comme les policiers, comme les éboueurs, comme les machins,
15:55 c'est juste incroyable.
15:57 Et là encore, c'est Bernard Thibault qui en parlait dans Le Parisien en début de semaine,
15:59 en disant "Depuis 2017, on prépare ces Jeux, on aurait pu déjà en parler avant,
16:03 c'est seulement l'an dernier qu'un ministre s'est réveillé pour dire
16:06 "Ah, qu'est-ce qu'on fait pour les primes, etc."
16:09 Donc, impréparation à tous les étages.
16:11 - Et puis, juste, j'ai vu sur les réseaux,
16:14 il y a toujours des billets disponibles, si vous voulez assister à la cérémonie d'ouverture.
16:18 9600 euros.
16:21 9600 euros, je vous assure.
16:23 Si vous voulez être au pont de l'Alma, c'est 9600...
16:25 Alors peut-être que vous avez droit à une coupe de champagne,
16:27 mais 9600 euros, je vais être comme Madame Hidalgo,
16:30 de la gueule de qui se moque-t-on, se fout-on.
16:32 - On va parler de jeux populaires, Paris-France.
16:35 - La déclaration d'Hidalgo, c'est un peu à la vœu de faiblesse,
16:37 parce qu'on sent bien que ce côté autoritaire,
16:41 "Avec vous, vous nous emmerdez", c'est exactement ce que disait Nicolas.
16:43 On a dit aux gens pendant des mois,
16:45 "Restez pas là, les étudiants, les dégages, les SDF,
16:48 il vaudrait mieux qu'ils soient pas là dans le décor."
16:50 On se rend compte qu'à juste titre, il y a quelques réticences,
16:54 il n'y a pas un enthousiasme débordant.
16:56 Et là, on dit quand même, il faut que ces Jeux soient une réussite.
17:00 Avec cette injonction à l'amusement, ça me fait penser à Philippe Muray,
17:03 et l'homo festivus, et la société de la...
17:07 La mairie de Paris, qui est quand même assez dans cette tradition-là,
17:10 on a l'obligation, maintenant, "Soyez heureux, vous avez intérêt à..."
17:14 - Tous ensemble !
17:15 - Alors que, moi aussi, j'étais plutôt...
17:17 J'essayais de partager, parce que je me disais, des JO à Paris,
17:20 ça peut être intéressant, au cœur de la ville,
17:22 on peut avoir une superbe cérémonie, on peut être fier de ce qui va être fait,
17:25 sauf qu'en réalité, on se rend compte que les prix sont exorbitants,
17:28 qu'on ne peut pas circuler, et qu'on va être au mieux...
17:31 On va rester chez nous, avec un télétravail et des QR codes,
17:35 et au pire, on va nous dire de partir pour se mettre au vert.
17:38 - Alors, les places qui restent, vous avez la "Opening Ceremony",
17:42 donc là, vous pouvez être à l'ALMA pour 9500 euros,
17:45 et le 7500 euros, une place en tribune et l'accès au salon de Tokyo et cocktails dînatoires.
17:51 7500 euros !
17:53 Alors, c'est vrai que les places les moins chères ont dû partir en premier, mais...
17:57 - Sinon, il y a les bateaux-mouches, ça marche, les émissions chères...
18:00 - Mais c'est des entreprises ou des institutionnels qui...
18:02 - Oui, c'est du sponsoring, à ce niveau-là.
18:05 - Mais c'est vrai que, regardez la vidéo d'Anne Hidalgo,
18:07 elle est assez étonnante de rage, mais là, encore une fois, vous avez pas le droit d'amer...
18:12 - Ce n'est pas de la rage, c'est de la désavolture, je trouve,
18:14 par rapport à ceux qui, en effet, considèrent que ces Jeux posent problème dans leur organisation.
18:19 - Dans l'organisation et financièrement, il y a un moment...
18:22 - Elle n'est pas la seule responsable, parce qu'on parle de l'Amérique de Paris,
18:24 mais, attendez, il y a les Jeux Olympiques, il n'y a pas que l'Amérique de Paris,
18:26 même si elle joue un rôle important, il y a la région aussi.
18:29 Je rappelle que l'augmentation du ticket de métro, c'est entre autres dû à la région.
18:34 Il y a l'État, il y a plusieurs acteurs, et en fait, ils tiennent à peu près tous le même discours, globalement.
18:39 - Et vous, qui êtes une spécialiste des médias, Valérie, je pense aussi que ce qui est intéressant,
18:42 c'est qu'on va avoir... J'ai l'impression que ces Jeux ont été conçus pour faire de très très belles images.
18:46 Quand on voit les sites qui sont en train d'être installés, on va avoir des images magnifiques de Paris,
18:51 et à mon avis, une promotion de la ville sublime.
18:53 Après, la seule chose, effectivement, comme le dit Mathieu Bachelon,
18:56 il ne vaut mieux pas être là.
18:57 Donc, ne nous demandez pas, ne nous intimez pas de nous amuser.
19:01 - Mais ça cesse d'être là et de nous amuser.
19:02 - Ce type d'événements, qui sont en réalité, surtout des cartes postales envoyées à l'international,
19:05 avec des compétitions qui se font sans la population locale.
19:08 - Donc, l'argument d'Agnès Dalbaud...
19:09 - Ça veut dire qu'elle n'avait pas besoin des Jeux Olympiques pour faire sa promotion.
19:11 - Non, on aurait pu balayer par terre, on aurait pu mettre des jolies plantes au pied des arbres,
19:18 on aurait pu enlever les palissades...
19:22 - Mais on n'est pas des figurants.
19:23 - Le nouvel mode, c'est d'enlever les barrières des parcs pour mettre des grillages.
19:27 - Bon allez, on est nia-nia-nia ce matin.
19:30 - On est complètement nia-nia-nia.
19:32 - On se retrouve dans un instant avec vous sur Sud Radio.
19:36 - Beaucoup de commentaires autour de vos coups de cœur et de vos coups de gueule aujourd'hui.
19:46 On pourra néanmoins parler du débat Attal-Bardella ce soir.
19:50 Que faut-il en attendre ? Mais avant, Arnaud Benedetti, vous avez un coup de gueule.
19:56 - Oui, clairement, c'est les déclarations du recteur de la Grande Mosquée de Paris,
19:59 qui d'un côté appelle à faire barrage à l'extrême droite,
20:03 et qui, dans la même journée d'ailleurs,
20:06 tweet et reçoit Madame Rima Hassan,
20:11 candidate sur la liste LFI,
20:13 qui quand même a les plus grandes difficultés à condamner le Hamas
20:17 et à considérer qu'il s'agit d'une organisation terroriste.
20:21 Moi, je me méfie toujours que lorsque des organisations de l'autorité religieuse
20:25 interviennent dans un processus électoral,
20:27 non pas qu'elles ne soient pas illégitimes, qu'elles interviennent dans le débat public,
20:31 mais dans un processus électoral, moi, il me semble que ce n'est pas leur place, en l'occurrence.
20:35 Ça, c'est un premier point.
20:36 Deuxième point, je pense que c'est une déclaration
20:39 qui ne fait que renforcer l'idée qu'il y aurait un vote communautaire,
20:43 ce qui, à mon sens, est plutôt négatif,
20:47 parce que ça donne une perception d'une communauté musulmane
20:50 qui serait soudainement homogène dans son expression électorale,
20:54 ce qui n'est pas forcément le cas.
20:56 Alors, ça dépend évidemment des coins.
20:58 Troisième point, c'est une ingérence étrangère,
21:00 parce que, clairement, il faut quand même rappeler que la Grande Mosquée de Paris
21:02 est financée pour un tiers par l'Algérie,
21:05 que le pouvoir algérien intervient directement
21:08 dans la nomination du recteur de la Grande Mosquée.
21:12 Donc, je pense que ce n'est pas sa place, en tout cas, d'intervenir.
21:15 Et surtout, là, on voit bien qu'il y a une concordance, si vous voulez,
21:17 entre d'un côté un appel au vote contre ce qu'il appelle l'extrême droite,
21:22 c'est-à-dire, clairement, le Rassemblement National et Éric Zemmour,
21:25 voire peut-être M. Benhamy, je n'en sais rien, en l'occurrence,
21:28 et puis le fait de recevoir la candidate LFI,
21:31 qui est une des candidates quand même sur la liste LFI,
21:33 qui est certainement les plus controversées.
21:35 Donc, c'est comme si, finalement, d'une certaine manière et de façon subliminale,
21:39 finalement, la communauté musulmane a voté pour LFI.
21:42 - Oui, c'est assez limpide.
21:44 - Voilà, c'est comme ça que ça peut être interprété.
21:45 Donc, je suis assez surpris, voire un peu choqué, par cette déclaration.
21:49 - Oui, oui, beaucoup de réactions, et aucune réaction non plus
21:55 sur ces images absolument atroces qui ont été diffusées ce matin
21:59 de jeunes femmes israéliennes otages face à des soldats du Hamas
22:04 qui disent "on va vous mettre enceintes, c'est absolument ignoble".
22:08 Et il y a peu de réactions.
22:10 Mais il y a deux jours, le recteur de la mosquée de Paris
22:13 avait également appelé à aller voter, il avait commencé comme ça,
22:19 et puis à voter aussi aux élections algériennes.
22:21 C'est, je ne sais pas, une réaction, Nicolas Corato ?
22:24 - Toutes les religions perdent à chaque fois qu'elles s'immiscent ou qu'elles s'ingèrent
22:28 dans le débat public et politique, elles n'ont rien à faire dans ce schéma-là.
22:33 Que le recteur reçoive des personnalités du monde musulman
22:36 ou du monde politique, très bien, mais il y a des périodes
22:39 dans lesquelles manifestement c'est plus que symbolique,
22:42 et donc effectivement ça manifeste une forme d'ingérence dans le débat électoral
22:46 avec effectivement cette forme de condescendance qui serait de croire
22:49 que les musulmans, comme d'autres, les catholiques,
22:52 pourraient voter comme un seul homme pour tel ou tel parti.
22:55 Toutes les études démontrent le contraire.
22:57 Il n'y a pas de vote catholique en France, malgré les fantasmes,
23:01 tout comme il n'y a pas de vote musulman, en tout cas,
23:04 qui n'a jamais été documenté.
23:06 Donc vraiment ces personnalités politiques ont une responsabilité
23:09 qui est parfois une responsabilité aussi de discrétion,
23:11 je reprends un mot peut-être de M. Chevènement,
23:13 en tout cas dans l'espace public, politique et laïc français,
23:16 les religions n'ont pas à s'immiscer dans les processus électoraux.
23:19 - Ils peuvent intervenir dans le débat public, ce qui est tout à fait normal,
23:22 après tout sur les grandes questions sociétales,
23:25 moi je ne vois pas de difficultés à ce qu'ils interviennent
23:28 pour rappeler en tout cas tout simplement quelle est leur position.
23:30 Mais dans un processus électoral à trois semaines d'un scrutin,
23:34 je trouve ça quand même, pour le moins, je veux dire,
23:36 assez explicite quant à la position du recteur.
23:38 - Oui, le recteur qui a reçu d'ailleurs, les auteurs du livre
23:41 "La France tu l'aimes mais tu la quittes"
23:43 qui a reçu énormément de promotions,
23:45 il a fallu que Fergan Azeri lise le livre pour raconter
23:50 ce qui était à l'intérieur et la façon dont ce livre avait été fait,
23:53 avec des militants de l'ex-CCIF qui ont utilisé les réseaux du CCIF
23:59 pour faire la promotion de ce livre qui est tout à fait malhonnête.
24:04 Alors, pour revenir au recteur, M.Bachelon...
24:06 - Pour revenir au recteur et à la Mosquée de Paris de manière plus large,
24:08 ce n'est pas la première fois que la Mosquée de Paris fait de la politique.
24:10 Je voudrais revenir un peu en arrière et se souvenir que
24:13 avant les attentats de Charlie Hebdo,
24:15 Charlie Hebdo a subi de nombreux procès,
24:17 et notamment un procès pour une de ses unes,
24:20 et la Mosquée de Paris était à l'attaque à l'époque,
24:23 avec M. Francis Piner d'ailleurs,
24:25 qui était l'avocat de la Mosquée de Paris,
24:28 et Richard Malka de l'autre côté.
24:30 Donc la Mosquée de Paris fait de la politique,
24:32 elle le fait de temps à autre,
24:35 et là pour le coup, cette rencontre qui...
24:38 Moi je suis d'accord, ça ne me choque pas qu'un responsable religieux
24:42 reçoive des responsables politiques pour dialoguer, pour échanger...
24:46 - Le timing est quand même...
24:48 - Ce qui est différent, c'est le timing et la communication qui en est faite.
24:52 Puisque je rappelle que c'est un tweet du recteur,
24:55 avec cette belle photo bien mise en scène,
24:57 et le mot qui l'accompagne.
24:59 Donc clairement, ce n'est pas du hasard,
25:02 et il y a une instrumentalisation de ce rendez-vous.
25:06 - Juste une deuxième chose, je finis.
25:08 - Ce qui est assez savoureux, et je le rappelle ici à chaque fois,
25:11 c'est de voir que la France Insoumise,
25:13 qui a eu et qui a toujours plus ou moins,
25:15 comme leader, Jean-Luc Mélenchon,
25:17 qui pendant des années a été,
25:19 et on ne peut pas lui enlever,
25:21 d'une intransigence totale
25:24 avec l'immixion du fait religieux
25:27 qui était le représentant d'une laïcité très Troisième République,
25:31 a complètement laissé tous ses anciens principes au vestiaire.
25:35 Et maintenant, lui et ses amis se vautrent
25:38 dans un communautarisme et un clientélisme des plus effrénés.
25:41 - Vous n'allez pas savoir un tweet du recteur,
25:43 c'est un tweet de la Grande Mosquée.
25:45 - C'est la Grande Mosquée.
25:47 - Ce qui porte encore un autre problème,
25:49 parce que là c'est l'institution.
25:51 - C'est la Grande Mosquée.
25:53 - Je suis d'accord sur la discrétion
25:55 des leaders religieux dans le processus électoral.
25:58 - Et puis Rima Hassan, c'est pas neutre.
26:00 - C'est une candidate de la France Insoumise, bien sûr.
26:03 Et je trouve qu'il y a effectivement
26:05 une erreur à penser que le vote communautaire
26:09 peut changer la donne ou existe.
26:11 - C'est le pari de Mélenchon.
26:13 - C'est un pari, oui, évidemment, clairement.
26:15 Mais c'est le pari de Bolloré aussi, d'une certaine façon.
26:19 Enfin, on peut dire, voilà, en disant...
26:21 Et je crois que la France n'est pas ça.
26:24 Il y a la laïcité, qui est mal traitée, mal menée au quotidien,
26:28 mais qui fait qu'on a quand même une façon
26:30 d'organiser le débat public très différente
26:33 d'autres pays, y compris européens,
26:35 où la religion a davantage pignon sur rue.
26:37 - En tout cas, ça a fait beaucoup réagir,
26:39 ce tweet de la Grande Mosquée.
26:41 Je pense que c'est pas forcément...
26:44 Enfin, ça va pas lui rendre service.
26:48 - Je pense que c'est très contre-productif.
26:50 - Absolument.
26:52 On va marquer une petite pause,
26:54 et puis on va passer tout de suite
26:57 au débat Bardella-Attal.
26:59 A tout de suite.
27:00 Alors, ce soir, débat Attal-Bardella.
27:10 Un débat qui a failli ne pas avoir lieu
27:12 en raison de la grève à France Télévisions,
27:15 dans tout le groupe d'audiovisuel public.
27:19 Et l'audiovisuel public a décidé de recourir
27:21 à des moyens privés pour assurer ce débat.
27:23 On en parlait tout à l'heure dans l'émission Média.
27:27 - Ça commence bien.
27:29 - Oui, ça commence bien.
27:31 On n'est pas à la brise, ce qu'on disait avec Gilles Gonsman
27:33 ce matin, peut-être de happening.
27:35 Ça passe par la régie finale.
27:37 Donc il peut y avoir des choses...
27:39 - Ah oui, au dernier moment.
27:41 - Au dernier moment.
27:42 - Pas que dans Belgique, pour l'Eurovision.
27:44 - Oui, mais il y aura peut-être un petit délai,
27:46 vraisemblablement, de 5 minutes
27:48 ou 5-10 minutes pour prévenir.
27:50 - Ce sera dans les conditions du direct.
27:52 - Je pense, je n'ai pas d'informations sur le sujet.
27:54 Qu'est-ce que vous en pensez de ce débat, Attal, Bardella ?
27:58 Il y a le dessin très bon ce matin de Ranson,
28:00 toujours dans le parisien,
28:02 qui dit...
28:04 Attendez, je retrouve le dessin
28:07 où il disait avant il fallait supplier
28:09 pour pas que la droite participe
28:11 et maintenant, en gros, c'est l'inverse.
28:13 On les supplie...
28:15 Attendez, je vais le retrouver.
28:17 Autrefois, on refusait de débattre avec l'extrême droite,
28:19 maintenant on doit les supplier pour qu'ils acceptent.
28:21 C'est un peu ça, quand même, non ?
28:24 - Il y a déjà eu des débats
28:26 entre des leaders de la majorité au gouvernement
28:30 et l'extrême droite.
28:32 On se souvient d'autres duos
28:34 qui ont fait légende.
28:36 Là, j'ai envie de dire,
28:38 Gabriel Attal, il a été nommé à Matignon
28:41 pour faire ce débat.
28:43 - Oui, c'est vrai.
28:45 - Il ne pouvait pas ne pas avoir lieu.
28:48 La seule raison de la nomination
28:50 de Gabriel Attal à Matignon,
28:52 c'est ce qui va se passer ce soir.
28:54 Cette confrontation...
28:56 - Ce qui va se passer le 9 juin.
28:58 - Ce débat, c'est la raison
29:00 de la nomination de Gabriel Attal.
29:02 - C'est risqué, quand même.
29:04 - C'est un jeu d'apprenti sorcier phénoménal.
29:07 Jamais on n'a fait la courte échelle
29:09 de manière aussi évidente
29:11 à l'extrême droite
29:13 pour de mauvaises raisons politiciennes.
29:15 Il y a déjà eu de très mauvaises raisons
29:17 politiciennes d'instrumentalisation
29:19 de l'extrême droite en France.
29:21 On est dans une forme de tradition,
29:23 mais là, les choses s'accélèrent.
29:25 Surtout, elles s'accélèrent avec
29:27 un gouvernement qui est à la peine
29:29 et un camp républicain,
29:31 qui n'est plus majoritaire dans le pays.
29:33 La responsabilité du Premier ministre
29:35 et du Président qui sont à la manœuvre
29:37 de l'organisation de ce débat,
29:39 elle est quand même essentielle.
29:41 - On a invité ce matin Jean-Jacques Bourdin.
29:43 Pour lui, c'est un déni de démocratie,
29:45 ce débat. C'est la droite face à l'extrême droite
29:47 et le service public qui organisent ce match.
29:49 - Bien sûr.
29:51 Moi, j'ai voulu faire mon coup de gueule là-dessus
29:53 à un moment. En plus, ce qui est énervant,
29:55 c'est la façon dont c'est vendu.
29:57 On a l'impression que c'est un match de MMA.
29:59 Il y a le choc, avec d'un côté
30:01 Bardella, d'un côté Attal, avec tout le storytelling
30:03 insupportable qu'il y a sur
30:05 ils ont quasiment le même âge,
30:07 ils sont de la même génération.
30:09 On survend ce match-là, avec ce que disait Nicolas
30:11 et très juste aussi, ce
30:13 pas de deux insupportable depuis
30:15 2017, où
30:17 on nous vend, année après année,
30:19 le match, toujours,
30:21 entre la majorité
30:23 donc, appelez-le comme vous voulez,
30:25 La République En Marche, puis Renaissance
30:27 et le Rassemblement National.
30:29 Moi, j'étais,
30:31 vous voyez, j'ai regardé dans un style totalement différent
30:33 le débat que vos confrères
30:35 d'LCI ont fait avant-hier,
30:37 j'ai trouvé ce débat beaucoup plus intéressant, parce qu'il y avait
30:39 huit candidats, donc il y avait des candidats qu'on ne voyait pas souvent
30:41 comme Marie Toussaint, ou comme
30:43 Léon Desfontaines, ça allait vraiment sur le fond.
30:45 Alors,
30:47 certes, ces élections européennes,
30:49 on va pas se mentir,
30:51 votre question c'est, est-ce que
30:53 le débat va changer ? C'est très rare qu'un débat change
30:55 les intentions de vote, et celui-là ne changera pas
30:57 grand-chose non plus, mais
30:59 au moins, ce débat avait le mérite
31:01 de mettre en avant
31:03 les têtes de liste, c'est quand même
31:05 la moindre des choses, à voir...
31:07 À la limite, on aurait eu un débat entre
31:09 Jordan Bardella et Valérie Haillet,
31:11 là, il y aurait eu une cohérence.
31:13 - Il a eu lieu. - Il a eu lieu,
31:15 mais il y a eu une cohérence.
31:17 - Mais la question c'est pourquoi Gabriel Attal ?
31:19 - Parce qu'il est le chef de la majorité,
31:21 il est le chef du gouvernement,
31:23 et qu'il a dans son adhérent la communication.
31:25 - Donc à partir de là, ça traduit quand même l'extrême faiblesse
31:27 de la tête de liste de la majorité,
31:29 puisqu'on considère qu'aujourd'hui, du côté de l'Elysée,
31:31 que cette tête de liste,
31:33 n'arrive pas à faire le job, puisque les intentions
31:35 de vote montent un écart qui est grandissant
31:37 d'ailleurs entre la liste du Rassemblement
31:39 national et sa propre liste, et qu'elle risque même
31:41 d'être peut-être dépassée par M. Glucksmann.
31:43 Donc ça traduit ça, ça traduit finalement
31:45 une majorité qui est en panique à trois semaines
31:47 du scrutin
31:49 du 9 juin.
31:51 Alors là où moi je pense que si vous voulez...
31:53 C'est vrai que c'est très artificiel
31:55 sur le plan de la communication, je suis d'accord avec vous,
31:57 mais si vous voulez, ce qui se passe
31:59 depuis 2017 n'est pas artificiel, c'est que
32:01 c'est vrai qu'aujourd'hui vous avez deux gros blocs politiques
32:03 qui correspondent à
32:05 une couverture sociologique qui
32:07 malgré tout s'est imposée
32:09 dans le débat politique, qu'on le veuille ou non,
32:11 aujourd'hui il suffit de regarder les études
32:13 sociologiques d'idémique
32:15 électorale, le Rassemblement national
32:17 couvre un spectre
32:19 qui est quand même très large socialement,
32:21 des classes populaires, d'une partie des classes moyennes,
32:23 et que le
32:25 spectre politique
32:27 d'Emmanuel Macron, ça correspond
32:29 aussi à une sociologie, et la politique
32:31 c'est aussi de la sociologie. Les offres politiques,
32:33 les autres offres politiques, les autres
32:35 concurrents politiques n'ont pas réussi à
32:37 capter d'une certaine manière
32:39 ses parts de la société pour
32:41 être suffisamment fortes et imposer
32:43 d'autres débats que ceux auxquels
32:45 on est contraints d'assister.
32:47 - Il y a à la fois l'histoire
32:49 du FN devenu RN et puis l'histoire médiatique
32:51 aussi de ce parti, d'un
32:53 Jean-Marie Le Pen qui était interdit d'antenne
32:55 où c'était un événement la première fois
32:57 qu'il est invité à la télévision, rappelez-vous...
32:59 - Il n'a pas été interdit longtemps...
33:01 - C'est Mitterrand qui lui permet l'accès.
33:03 - Bien sûr, c'est pour ça, on va parler
33:05 d'un certain moment de sélection, mais parlons d'un autre
33:07 grand débat télévisuel qui avait été mis en scène
33:09 qui avait d'ailleurs valu son poste
33:11 à Paul Amart, c'était Tapie contre Le Pen,
33:13 il sort les Grands Box,
33:15 là, vous voyez le niveau, on passe de
33:17 Tapie à Le Pen à Talbardella,
33:19 bon, c'est pas tout à fait la même chose...
33:21 - Juste une question importante, Tapie n'était pas
33:23 Premier ministre. - Non, non, il n'était pas Premier ministre,
33:25 mais c'était déjà une mise en scène
33:27 en disant, voilà, et ce que je disais, c'était mon
33:29 évito ce matin sur ce débat et sur les Européennes
33:31 en général, l'adage en politique
33:33 veut dire qu'à choisir son
33:35 opposant, en fait, on nomme son
33:37 successeur, quasiment, là, c'est
33:39 clairement un aveu d'échec de la
33:41 Macronie, de dire qu'aujourd'hui
33:43 les opposants
33:45 numéro un, ceux qui nous inquiètent
33:47 et ceux qui sont loin de vendre dans les sondages,
33:49 c'est le Rassemblement National,
33:51 qui est en train, en plus,
33:53 de dire qu'il ne siégera pas avec l'AFD,
33:55 enfin, qui est en train d'aller encore plus loin dans la
33:57 normalisation, pour dire "nous ne sommes
33:59 plus l'extrême droite", c'est à peu près ça
34:01 le message qui va être entendu, et ce soir,
34:03 celui qui a tout à perdre, c'est Gabriel Attal,
34:05 évidemment, qui va dire, et ce débat
34:07 a déjà eu lieu, Attal-Bardelat,
34:09 en 2022, l'un n'était pas
34:11 Premier ministre, l'autre était déjà
34:13 bien placé sur les listes de la Reine, mais voilà...
34:15 - Le PS et le LR ont saisi
34:17 l'Arkom pour dénoncer le manque
34:19 de pluralisme... - Mais bien sûr !
34:21 - Et ce qui est terrible, c'est de se dire que c'est
34:23 le service public qui organise ça !
34:25 - Mais c'est la responsabilité,
34:27 encore une fois, c'est qui a
34:29 cette idée, qui organise ça, qui...
34:31 - A cette idée, c'est l'Elysée.
34:33 - C'est le commande !
34:35 - Emmanuel Macron était prêt à débattre avec Marine Le Pen,
34:37 je le rappelle aussi.
34:39 - On a vu
34:41 aussi hier qu'il y a des affiches de campagne
34:43 qui sont en train d'être
34:45 publiées, qui montrent
34:47 Valérie Hayé avec Emmanuel Macron.
34:49 - C'est la fiche officielle !
34:51 - C'est ça, c'est la fiche officielle !
34:53 - C'est ce que vous recevrez en propagande à l'Escalade.
34:55 - En 2019, je le rappelle, il était seul sur la fiche Macron.
34:57 Il n'y avait même pas Madame Loiseau.
34:59 Donc il a progressé
35:01 de ce point de vue-là, dans le partage
35:03 de l'image. - Mais il y a un côté, vous faisiez référence
35:05 au match de boxe, il y a un peu, il y a un côté
35:07 "on veut voir du sang", on veut...
35:09 - Oui, on veut pas... - Est-ce que
35:11 ce débat va être regardé pour les
35:13 bonnes raisons ? - Non, mais...
35:15 - Est-ce que ce débat sert à quelque chose ? - Oui, c'est ça, est-ce qu'il sert à quelque chose ?
35:17 - Peut-être que ce débat, c'est...
35:19 Alors je sais pas si c'est l'apogée ou si c'est le pire du
35:21 pire de l'imprécation
35:23 ou de la prise
35:25 en otage par les techniques de
35:27 communication du débat public. - Oui, je pense
35:29 qu'on est... Alors c'est pas nouveau,
35:31 mais on arrive vraiment à
35:33 une sorte de ras-le-bol, d'ailleurs, qui est
35:35 comprise par les Français, je pense qu'il y a vraiment...
35:37 Aujourd'hui, tout est transparent, on voit bien.
35:39 Qu'est-ce qu'on va apprendre ?
35:41 En quoi le débat de
35:43 ce soir va pouvoir orienter
35:45 un quelconque choix d'un quelconque
35:47 électeur ? C'est pas le sujet. C'est même plus
35:49 un débat politique. - Non, c'est un spectacle.
35:51 - On a envie de regarder deux jeunes gens, brillants,
35:53 pour voir quel est celui qui a pris
35:55 les meilleurs cours de médiatrainé, qui le montre le moins.
35:57 On a envie de savoir qui a le meilleur sur
35:59 TikTok. Du coup, on va parler, on le
36:01 fait le débat, on va parler d'autorité, donc pendant
36:03 deux heures, ils vont parler d'autorité,
36:05 à leur manière, avec leur nuance, pour
36:07 paraître les plus crédibles l'un et l'autre.
36:09 Voilà, ça c'est le fond. Moi, je vous le fais, ça c'est le fond.
36:11 Sur la forme, c'est ce qu'on attend.
36:13 On attend de voir ces gens,
36:15 la manière dont ils se regardent, la manière dont ils sont habillés,
36:17 la manière dont ils se positionnent.
36:19 C'est ça le débat public aujourd'hui ?
36:21 - Il faut voir le débat
36:23 Bardella avec Valérie Ayé, la tête
36:25 de liste Renaissance, où
36:27 Jordane Bardella avait sciemment réutilisé
36:29 les éléments de langage d'Emmanuel Macron
36:31 lors du débat avec Le Pen. C'est impressionnant.
36:33 - J'ai vu ça. - Impressionnant. Et donc c'est vraiment
36:35 la marque, en fait,
36:37 du fait que ces débats ne sont que du spectacle,
36:39 que de la com'. Il n'y a pas de fond,
36:41 il n'y a plus de fond, en fait. Et d'ailleurs,
36:43 c'est pas seulement les débats politiques, mais la politique en général
36:45 qui est devenue totalement prisonnière
36:47 de la com politique. - Pour remondir sur ce que disait Nicolas tout à l'heure,
36:49 effectivement,
36:51 Gabriel Attal a été placé là pour ça.
36:53 Et d'ailleurs, on dit toujours, Gabriel Attal, c'est
36:55 un excellent communicant. - Oui.
36:57 On verra.
36:59 Mais c'est vrai qu'on peut
37:01 s'interroger sur l'utilité
37:03 de ce débat et sur ce qui va... - D'ailleurs, on peut s'interroger
37:05 sur le fait qu'Emmanuel Macron
37:07 ait nommé M. Attal Premier ministre
37:09 au mois de janvier. Enfin, mon avis, c'est une erreur.
37:11 Il aurait dû largement
37:13 attendre avant de changer de Premier ministre.
37:15 - Attendre après le 9 juin ?
37:17 - Attendre après le 9 juin, oui. - Ce que vous avez dit en préambule,
37:19 c'est qu'il a été nommé pour ça, pour
37:21 cette campagne. - Ah mais oui, c'est sûr. - Et il ne faut pas
37:23 sous-estimer le RN, le piège
37:25 dans lequel est en train de tomber la majorité
37:27 présidentielle, c'est la petite
37:29 musique, la grosse musique, la grosse
37:31 fanfare de Marine Le Pen et de Jordan Bardella
37:33 sur le référendum anti-Macron
37:35 et sur l'exigence
37:37 d'une dissolution
37:39 ou d'une motion de censure
37:41 passer le résultat du 9 juin.
37:43 M. le Premier ministre,
37:45 qui va ce soir affronter
37:47 le tête de liste
37:49 Rassemblement National, d'une certaine manière,
37:51 il signe pour ça. - Bien sûr.
37:53 - Dans la tradition de la Ve République. Je ne sais pas ce qu'il en reste
37:55 de la tradition de la Ve République, entre nous.
37:57 Mais, moi qui ne suis qu'un
37:59 citoyen parmi d'autres, j'ai été
38:01 quand même éduqué sur le fait qu'effectivement,
38:03 quand on engage sa responsabilité politique,
38:05 on en tire les conséquences. Et donc,
38:07 il faudra bien une conséquence politique pour
38:09 ce Premier ministre qui aura débattu avec le tête
38:11 de liste Rassemblement National, si celui-ci
38:13 fait plus de 30%.
38:15 - Je vous conseille de lire le livre d'Anne Toulouse,
38:17 "L'art de tromper" ou "Comment la politique de Donald Trump
38:19 a contaminé le monde". C'est-à-dire que la façon
38:21 de faire de Trump, qu'on
38:23 l'aime ou qu'on l'aime pas... - Vous savez comment c'est avant Trump ?
38:25 Berlusconi, par exemple, en Italie,
38:27 justement, on parlait d'Italie, pareil, aussi.
38:29 Même Sarkozy, d'une certaine manière,
38:31 il avait quand même transgressé
38:33 un certain nombre de codes
38:35 de l'expression politique
38:37 et même de la pratique politique.
38:39 Sauf que Trump, il est allé peut-être
38:41 de la manière la plus incandescente dans cette trajectoire-là.
38:43 - L'auditeur me dit
38:45 de toute façon, ces deux personnes n'ont jamais travaillé
38:47 de leur vie. Qu'est-ce qu'ils connaissent vraiment de la société ?
38:49 Je suis assez d'accord avec ça. J'en parlais avec
38:51 le maire d'une commune qui me disait
38:53 en fait, et surtout sur le RN
38:55 qui revendique "travail famille patrie"
38:57 d'une certaine manière, c'est-à-dire que
38:59 quelle expérience, quelle épaisseur humaine
39:01 vous avez à 28 et 35 ans
39:03 quand vous êtes...
39:05 - Quand vous êtes désapparatchik.
39:07 - Et d'ailleurs, Jordan Bardel, à 19 ans, il touchait déjà
39:09 1400 euros des emplois fictifs du RN
39:11 au Parlement européen pour un mi-temps.
39:13 - Est-ce que c'est pas ça le stade ultime
39:15 de la normalisation ? - Non, non, mais ça pose le personnage.
39:17 - Eux aussi deviennent désapparatchiks. Comme il y en a eu dans tous les autres partis.
39:19 - Oui, mais enfin, ce que voient les Français,
39:21 ce que ressentent les Français d'un débat
39:23 entre deux jeunes hommes...
39:25 - Je veux dire,
39:27 l'honnêteté nous oblige à dire que la vie politique
39:29 a toujours produit des professionnels
39:31 de la politique. Certains ont... - Bien sûr.
39:33 - Même par le passé, on avait seulement
39:35 qu'une carrière politique. - Jean-Luc Mélenchon ?
39:37 - J'en avais été quand même avocat. - Jean-Luc Mélenchon ?
39:39 - Voilà, donc ça a toujours existé.
39:41 Mais c'est vrai que là, il y a eu un coup de rajeunissement
39:43 avec l'élection de Macron en 2017.
39:45 C'est-à-dire qu'une élection de Macron,
39:47 de ce jeune homme qui avait même pas 40 ans,
39:49 qui était le plus jeune président de la République
39:51 que la France ait pu avoir, a fait pousser
39:53 des ailes à toute une génération qui croit que finalement
39:55 tout est possible aujourd'hui. Alors, moi je suis...
39:57 Je nuancerais parce que je pense que
39:59 on peut être jeune et avoir peu d'expérience et avoir des choses
40:01 à dire et apporter dans le débat public.
40:03 Je pense qu'il faut qu'on fasse attention à ça.
40:05 Moi, ce qui me marque quand même, et c'est pas une boutade,
40:07 c'est que qui vote
40:09 en France ? Les vieux.
40:11 Le corps électoral est un corps vieillissant en France.
40:13 Et c'est très étrange et très intéressant
40:15 sociologiquement de voir finalement
40:17 une population vieillissante qui vote pour des responsables
40:19 politiques de plus en plus jeunes. - Mais ils ont pas le choix !
40:21 - Mais ils ont pas le choix ! - Il y a peut-être derrière ça
40:23 un peu plus qu'une question
40:25 d'offre et de choix politique, il y a peut-être aussi
40:27 le désir de faire passer des
40:29 politiques de plus en plus conservatrices
40:31 par le support
40:33 d'hommes de plus en plus jeunes, ce qui
40:35 donnerait l'illusion que finalement nous ne serions
40:37 pas aussi réactionnaires que nous entendons là.
40:39 - Mais c'est vrai que le contraste est impressionnant.
40:41 - Mais Macron s'est fait élire en 2017
40:43 sur une ligne
40:45 qui se veut progressiste. Après il a évolué
40:47 en exercice.
40:49 - Je suis assez d'accord sur
40:51 à la fois le jeunisme
40:53 qui est partout dans la société, le fait de dire qu'effectivement
40:55 il y a un truc psy, et puis le contraste
40:57 avec les Etats-Unis. Vous avez
40:59 Trump et Biden quand même, donc là
41:01 on est vraiment sur autre chose.
41:03 Et puis il y a un peu le renouvellement,
41:05 la mise en scène du renouvellement des générations politiques
41:07 à marche forcée, en disant
41:09 "voilà maintenant ce sera eux".
41:11 Comme je disais, voilà, Tapie Le Pen, maintenant vous avez
41:13 Attal Bardella, avec des
41:15 questions aussi au sein des partis,
41:17 sur la gouvernance. Regardez Jean-Luc Mélenchon
41:19 qui est censé partir en disant "faites mieux"
41:21 et qui est omniprésent à la France Insoumise.
41:23 Marine Le Pen qui regarde Jordan Bardella
41:25 avec inquiétude. C'est partout
41:27 la même chose. - Bien sûr. - Oui, je suis assez d'accord
41:29 sur le côté de la modernité de façade, c'est-à-dire
41:31 que, certes
41:33 ils sont jeunes,
41:35 mais les politiques qu'ils veulent mettre en avant
41:37 sont pas forcément... Il y a un côté très giscardien
41:39 là-dedans. Il y a un côté très giscardien
41:41 de cette modernité qui est
41:43 uniquement sur la jeunesse affichée.
41:45 Et sur l'image, et pour le coup,
41:47 quand on regarde les idées et la politique qui est proposée,
41:49 c'est pas forcément... - Non, pas très jeunes.
41:51 - Sauf que la moyenne d'âge des ministres
41:53 giscardiens
41:55 durant les 7 ans était quand même beaucoup plus élevé,
41:57 beaucoup plus âgé. Et quand même,
41:59 c'était des gens qui avaient traversé d'autres périodes historiques.
42:01 Beaucoup, quand même. C'était des gens qui
42:03 parfois avaient fait la guerre, étaient issus certains
42:05 de la résistance, y compris chez les giscardiens.
42:07 Donc, qui avaient quand même, je veux dire,
42:09 une épaisseur d'expérience humaine
42:11 qui était peut-être un peu plus importante
42:13 que celle des nouveaux produits politiques.
42:15 - Vous regardez ce soir ou pas le débat ?
42:17 - Bah oui. - Non. - Si vous nous demandez, on regardera.
42:19 - Oui. Non, non. - Mais vraiment,
42:21 il faut que ce soit à devoir du soir.
42:23 - Oui, oui, je vais le regarder. - Oui.
42:25 - Je pense que je vais commencer, Pierre.
42:27 - Moi, généralement, je regarde les écho.
42:29 - Je ferai deux, trois trucs, voilà.
42:31 - Merci à vous. On se retrouve demain.
42:33 Très bonne journée sur Sud Radio.
42:35 Sud Radio, parlons vrai.

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