L'invité de la rédaction : Fabrice Salamone, délégué UFAP-UNSA Justice

  • il y a 4 mois
Un hommage national a été rendu à midi aux deux agents morts dans l'attaque d'un fourgon pénitentiaire dans l'Eure la semaine passée. Une délégation valentinoise sera sur place, Fabrice Salamone le délégué UFAP UNSA Justice du centre pénitentiaire de Valence

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Transcript
00:00 Nomage national rendu à midi aux deux agents morts dans l'attaque d'un fourgon pénitentiaire la semaine dernière.
00:06 Notre invité ce matin Alexandre est un agent pénitentiaire.
00:09 C'est Fabrice Salamone, délégué du syndicat UFAP-UNSA Justice au centre pénitentiaire de Valence.
00:15 Bonjour.
00:16 Bonjour.
00:16 Hommage donc, il y aura une délégation venue de Valence, c'est ça ?
00:21 Tout à fait, nous avons deux camarades qui ont exactement les mêmes missions que nos collègues
00:26 qui ont été lâchement abattus et nos collègues blessés qui sont partis hier de Valence pour être présents
00:33 et apporter le soutien de toute la famille pénitentiaire du centre pénitentiaire de Valence
00:38 directement lors de l'surcamp pour l'hommage national.
00:42 Hommage sans Emmanuel Macron, ça a été décrié par votre syndicat au niveau national, vous, vous en pensez quoi ?
00:48 Écoutez, c'est assez particulier, on ne veut pas mettre de côté ce qui se passe actuellement en Nouvelle-Calédonie
00:56 mais voilà, le niveau d'urgence, force est de constater que pour les uns ou pour les autres, il est à géométrie variable.
01:03 Nous avons un président de la République qui nous explique le matin qu'il est solidaire avec nous
01:09 et que c'est inadmissible ce qui s'est passé et qu'il sera présent
01:11 et l'après-midi qu'il décide de partir sur d'autres horizons.
01:15 Donc voilà, c'est à se poser des questions, je ne mets vraiment pas de côté ce qui se passe actuellement en Nouvelle-Calédonie
01:20 mais un hommage national, il me semble qu'il n'y a pas besoin de l'expliquer, c'est en deux mots, c'est clair, net et précis.
01:27 Bon, sur le fond, après cette attaque du fourgon pénitentiaire, les agents ont bloqué certaines prisons,
01:34 ça ne venait pas des syndicats, ce que vous disiez, c'est une demande du personnel,
01:38 donc il y a eu blocage à Valence, à Privas, partout ailleurs.
01:42 Hier, votre syndical, l'intersyndical a signé un accord avec le ministère de la Justice,
01:48 on va commencer par le positif, qu'est-ce qui est bon pour vous dans cet accord ?
01:53 Alors, cette question est un peu particulière parce que si on prend un peu de la hauteur,
01:58 on se rend compte que tout est bénéfique, tout est magnifique, tout est mirifique,
02:03 mais quand on est au cœur du métier, on se rend compte que c'est une montagne qui a accouché une comète.
02:09 Donc ça paraît beau, ça paraît magnifique, mais il faut revenir dans les détails,
02:14 on a besoin d'avoir un budget chiffré, on a besoin d'établir un échéancier,
02:19 tout ce qui est mis noir sur blanc sur ce document, en fait, n'est que le résumé de choses que l'on dit
02:25 et que l'on décrit depuis 2019, la reprise de ces missions.
02:28 Parce qu'avant, il faut le dire, il faut peut-être l'expliquer, c'était les forces de l'ordre qui étaient chargées
02:33 de transférer les détenus jusqu'au tribunal.
02:35 Oui, les policiers et gendarmes qui s'occupaient des transferments judiciaires et des transferments médicaux.
02:39 Et maintenant c'est à vous, vous l'avez fait ce métier d'ailleurs ?
02:42 Oui, ça a été un moment dans ma carrière, des missions que j'ai pu occuper tout à fait.
02:47 Et vous aviez fait remonter certaines choses depuis très longtemps ?
02:49 Ah mais initialement, initialement.
02:50 Vous avez un exemple ?
02:51 Un exemple, c'est, sur ce relevé de conclusion, on parle de holster.
02:56 Le holster, c'est ce qui contient l'arme quand on le porte sur soi.
03:00 Depuis le début, on demande que ce holster, on puisse le porter au niveau de la poitrine ou au niveau de la cuisse
03:06 et non à la ceinture comme notre équipement est fourni.
03:10 Mais notre administration nous expliquait que non, ça fait peur aux gens,
03:13 que non, on n'est pas des cow-boys, que non, attention, attention.
03:17 Mais là, malheureusement, ce drame nous a démontré que
03:21 ils auraient pu déployer plus rapidement leurs armes
03:25 et peut-être avoir un bilan qui ne soit pas aussi lourd.
03:29 On prend des missions qui sont très importantes.
03:34 On a du matériel qui n'est pas du tout adapté.
03:39 C'est un camion que le boulanger du coin ou le mécanicien du coin peut utiliser
03:45 avec aucune protection balistique.
03:47 Là, pour cette fois-ci, pour ce qui est le drame qui s'est passé en Normandie,
03:51 il y avait un seul détenu à l'intérieur.
03:53 Mais ça, on a aussi tendance à l'oublier.
03:55 Ces extractions se réalisent souvent à deux, trois, des fois quatre, sinon cinq détenus dans le véhicule.
04:03 Le bilan aurait pu être plus lourd.
04:05 Le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd.
04:07 Et comment aurait réagi la famille des détenus qui aurait pris une balle
04:12 alors qu'ils y étaient strictement pour rien ?
04:14 Malgré tout, il y a plusieurs de vos demandes.
04:17 Vous dites que ces demandes existaient avant ce drame
04:21 et qu'il a fallu malheureusement ce drame, c'est ce que vous dites,
04:24 pour que le gouvernement y accède.
04:26 Malgré tout, il y a des choses dans cet accord que vous demandiez
04:30 et qui vont vous être accordées, visiblement.
04:32 Alors il n'y a pas des choses que l'on demandait,
04:34 il y a l'intégralité des choses qui viennent du terrain.
04:36 Toutes ces remontées-là, l'armement, matériel, équipement,
04:40 une mission, des moyens en matériel et des hommes.
04:45 J'ai un exemple flagrant, nous avons la députée de la circonscription,
04:49 Mme Clapot, qui est venue à notre contact.
04:52 Et j'ai été frappé par le discours d'un de mes camarades
04:55 qui a pleinement cette mission et qui explique
04:57 que le mardi soir de la semaine dernière, il avait déjà fait 34 heures de service.
05:03 On est aussi sur la base des 35 heures.
05:06 Donc bien sûr, on ne lui a pas dit "Monsieur, vous êtes gentil,
05:10 vous avez fait votre compte à d'heures, rentrez chez vous".
05:12 Non, nous avons les heures supplémentaires qui explosent.
05:15 On a un compte à d'heures qui ne peut pas être mis en paiement
05:19 au-delà des 108 heures par semaine.
05:22 Donc les heures qui sont effectuées aujourd'hui,
05:24 l'agent n'en aura le bénéfice que dans deux ans ou trois ans.
05:27 On a une administration qui vit à crédit sur nos côtes, pardon du terme.
05:31 Mais ça rentre aussi là-dedans.
05:33 Donc on ne veut pas surfer sur la partie indemnitaire,
05:36 pas forcément surfer là-dessus quand il y a un drame qui se réalise là.
05:39 Mais ça fait aussi partie des choses, les agents qui pratiquent ces missions
05:44 au jour le jour manquent de moyens et ont une cumule d'activités
05:48 qui fait qu'en milieu de semaine, ils sont éreintés.
05:50 - Et ça fait prendre des risques.
05:52 - Et ça fait prendre des risques.
05:54 Le taux de réaction d'une personne en pleine capacité,
05:57 de ses moyens, qui n'a pas de niveau de fatigue,
05:59 et quelqu'un qui est déjà écrasé par les heures de service,
06:03 je pense que tout un chacun peut comprendre
06:05 que le taux de réaction ne sera pas le même.
06:07 Nous sommes une administration française,
06:10 nous avons des missions régaliennes, mais nous sommes oubliés.
06:13 Tous les différents gouvernements depuis 30 ans
06:16 ont lancé lors des élections des campagnes
06:19 "on va faire ci, on va faire ça".
06:20 Prenons notre président actuel, quand il a été élu au premier mandat,
06:23 il a dit qu'il y aurait un plan de construction de 15 000 places de prison.
06:26 Ça ne s'est pas réalisé.
06:27 - La surpopulation est d'ailleurs dans l'accord.
06:30 - On atteint des niveaux records, on est à plus de 20 000 détenus en plus
06:34 par rapport à notre capacité d'accueil.
06:36 Donc tout ça, ça rentre en ligne de compte.
06:38 Nos camarades au jour le jour,
06:41 travaillent dans des conditions qui sont déplorables.
06:44 Nous avons ces camarades,
06:47 je suis un peu impris par l'émotion,
06:50 qui ne demandaient qu'à faire leur travail le mieux possible,
06:53 mais ils ont été lâchement assassinés.
06:54 Nous voyons une montée de la violence qui passe des niveaux.
06:57 Nous ce que l'on veut aussi, c'est que nos niveaux à nous,
07:00 pour pouvoir nous défendre et protéger les concitoyens,
07:03 soient réévalués et concrètement, avec de vraies mesures.
07:06 Ne soyons plus dans le discours, soyons dans l'action.
07:09 S'il vous plaît messieurs, mesdames de notre gouvernement.
07:12 - L'accord a été signé, mais vous attendez effectivement des actes
07:15 qui doivent arriver dans les prochaines semaines.
07:20 Merci beaucoup Fabrice Salamon d'avoir été avec nous ce matin.
07:23 Délégué du syndicat UFAP, une sa justice au centre pénitentiaire de Valence.
07:27 On rappelle hommage national qui sera rendu à midi
07:30 aux deux agents morts la semaine dernière lors de l'attentat.

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