Mort du président iranien : Mohammad Mokhber désigné président par intérim par le guide suprême
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00:00 - Bonjour. - Bonjour Pauline.
00:01 - Alors je le rappelais, il y a bien sûr des gens qui pleurent, on l'a vu aussi dans le reportage,
00:05 qui pleurent la mort du président iranien, mais il y a aussi certaines personnes qui s'en réjouissent.
00:12 Quelles conséquences sa mort peut avoir sur la société iranienne et notamment sur le mouvement Femme, Vie, Liberté ?
00:18 - Ce mouvement, on a bien vu comment il a été réprimé par le pouvoir iranien,
00:23 de manière très féroce, au point que ce mouvement a tendance à être maintenant presque clandestin.
00:29 C'est-à-dire qu'il est descendu dans le souterrain, si on peut dire, pour justement survivre.
00:35 Est-ce que la mort d'Ebrahim Raisi, qui est quand même un pur produit de la théocratie iranienne,
00:43 c'est quelqu'un qui n'a jamais douté, et qui n'a jamais douté d'ailleurs au moment où il a fallu commanditer
00:49 des exactions, des exécutions extrajudiciaires, des disparitions ? Tout ça s'est assumé, parfois du bout des lèvres,
00:59 mais malgré tout c'est documenté. Et puis surtout, il y a la justification suprême, si j'ose dire,
01:06 qui est de complaire au guide suprême et de faire ce qu'il faut pour préserver, dit-on, la révolution.
01:13 Au fond, c'est préserver le pouvoir des molas.
01:15 Alors est-ce que ça peut donner une sorte de bol d'air pur à ce mouvement ?
01:21 Ça n'est pas certain, parce qu'au fond, vous le disiez, il y a une procédure qui est claire, constitutionnelle,
01:27 avec donc dans 50 jours un scrutin, et puis entre-temps le premier vice-président qui va assumer l'intérim,
01:34 et puis surtout, entre-temps, il va y avoir une sorte de campagne ou de rivalité aiguisée
01:42 entre les membres du même sérail, c'est-à-dire entre les membres conservateurs,
01:46 ce qui d'ailleurs a expliqué que la dernière fois, quand Raisi a été élu en 2021, le taux de participation avait été ridicule,
01:54 et que donc c'est le moyen pour la société iranienne de contester les choses.
01:59 Encore une fois, le personnage, si vous voulez, est relativement fallot, y compris pour ceux qui le défendent,
02:04 donc je ne suis pas persuadé que sa mort suscite grand-chose, dans la mesure en plus où il était, comme tout président,
02:13 subordonné et soumis à l'avis du guide suprême.
02:16 - Rahmane Naïm, et justement d'ailleurs, il était pressenti devant prendre sa succession.
02:23 L'annonce de sa disparition ouvre une période politique incertaine dans le pays.
02:27 L'Iran, il faut le rappeler, c'est aussi un acteur majeur au Moyen-Orient,
02:32 une région qui est secouée par la guerre qui se déroule en ce moment dans la bande de Gaza, entre Israël et le Hamas.
02:38 - Oui, on a bien vu que l'un des objectifs de l'Iran, c'est au fond de remporter le pompon, d'être en quelque sorte le phare,
02:45 la figure de proue du monde arabo-musulman, de ce qu'on considère comme les damnés de la terre,
02:53 de ce que Poutine appelle les colonisés, etc.
02:55 Tout d'un coup, vous avez plein de gens qui veulent défendre les personnes qui vivent dans cette région.
03:01 On a vu aussi que pour l'Iran, il y avait des limites, c'est-à-dire que tout ce qui pourrait, d'une manière ou d'une autre,
03:08 contrecarrer ou contrarier l'aboutissement du projet nucléaire iranien,
03:14 tout ce qui pourrait le contrarier, y compris de s'engager dans une guerre contre Israël,
03:20 c'est quelque chose auquel les Iraniens, la direction iranienne, va réfléchir deux fois.
03:25 On a vu par exemple que lors de cette opération qui a consisté à bombarder Israël,
03:30 il y avait eu presque, alors c'est indécent, il y avait eu presque un arrangement
03:34 où les plans des trajectoires des projectiles avaient été connus.
03:39 De la même manière, de l'autre côté, Israël avait riposté, mais d'une manière presque symbolique.
03:43 Pendant ce temps-là, les gens à terre, si j'ose dire, eux, sont dans l'angoisse, dans la peur,
03:48 et puis pour certains, dans la mort.
03:50 Donc, encore une fois, vous voyez que pour les Iraniens, il y a tout ce qui doit être montré comme un show, en quelque sorte,
03:58 vis-à-vis de l'opinion musulmane, arabe et musulmane,
04:03 et puis après, il y a la réalité des objectifs fixés par l'Iran.
04:07 Je remarque juste d'un mot pour conclure, c'est que lorsque, en 2020, Donald Trump avait élaboré un plan
04:14 qui était en quelque sorte, qui consistait à faire de la Cisjordanie une zone industrielle,
04:19 eh bien, ce plan éradiquait totalement, annihilait les revendications politiques des Palestiniens.
04:27 Les Iraniens n'étaient pas à la rescousse pour défendre les Palestiniens.
04:30 Tout le monde croyait d'ailleurs que la question serait mise sous le tapis.
04:33 Quantité de gens qui protestent aujourd'hui en faveur des Palestiniens n'étaient pas là pour défendre les Palestiniens.
04:38 Donc, c'est ça aussi. L'Iran, c'est quelque chose, c'est un pays qui joue sur plusieurs tableaux,
04:43 et parfois, quitte à faire le grand écart.