- 17/05/2024
C'est le visage qui a changé les enquêtes sur les enfants disparus. Celui du petit Américain Etan Patz, six ans, évaporé au printemps 1979, en plein New York, sur le chemin de l'école. A l'époque, les parents vont afficher partout la photo de leur fils, cheveux blonds, traits angéliques, sourire innocent. Et pour la première fois dans une enquête criminelle, l'avis de recherches va même circuler sur des boites de lait. L'affaire va ainsi agir comme un électrochoc sur une Amérique qui émergeait des années hippies et d'une sorte d'insouciance, avec tout un pays qui dès lors va se poser la même question: et si ce petit garçon était le vôtre ?
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime avec Jean-Alphonse Richard du 17 mai 2024
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00:00 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
00:05 Jean-Alphonse Richard.
00:06 Etan Patz a disparu en mai 1979.
00:10 Sa mère est la dernière à l'avoir vue.
00:12 Il se dirigeait seul vers l'arrêt de bus.
00:14 Une disparition qui est devenue le cauchemar de tous les parents.
00:18 C'est la plus célèbre des disparitions d'enfants.
00:21 Bonjour, c'est le visage qui a changé toutes les enquêtes sur les enfants disparus.
00:28 Celui du petit américain Etan Patz.
00:30 6 ans, évaporé sur le chemin de l'école au printemps 1979, au cœur de New York.
00:36 A l'époque, sa photo, cheveux blonds, très angélique, sourire innocent, s'affiche partout.
00:42 Pour la première fois dans une enquête criminelle, la vie de recherche est même imprimée sur des boîtes de lait.
00:48 Etan Patz agit comme un électrochoc dans une Amérique qui émerge des années hippie.
00:53 Tout un pays qui se pose la même question.
00:56 Et si ce petit garçon était le vôtre ?
00:59 Jamais, disparition d'enfants n'aura ainsi mobilisé autant d'enquêteurs.
01:04 Deux suspects successifs vont faire figure de coupables potentiels.
01:08 L'un d'eux sera même condamné.
01:10 Mais le corps, lui, ne sera jamais retrouvé.
01:13 Le doute va ainsi s'installer, comme si le rideau de la vérité ne parvenait pas à se lever entièrement.
01:19 Pourquoi et comment ce fait divers est entré dans l'histoire pour devenir l'emblème des enfants disparus ?
01:26 Question posée à nos invités.
01:28 Etan Patz, le petit disparu de Manhattan.
01:32 C'est l'affaire la plus difficile que nous ayons eu à résoudre.
01:35 Etan a été enlevé en une poignée de secondes.
01:38 Pas le moindre indice, mais nous, policiers, on n'abandonnera pas.
01:43 L'enquête de l'heure du crime, la seule émission radio 100% fait divers.
01:46 A tout de suite sur RTL.
01:49 Jean-Alphonse Richard sur RTL.
01:52 L'heure du crime.
01:54 14h30, 15h30. Jean-Alphonse Richard sur RTL.
01:59 L'heure du crime.
02:01 Dans l'heure du crime, aujourd'hui, l'affaire Etan Patz.
02:04 Un nom célèbre dans l'histoire criminelle.
02:06 Celui d'un petit garçon qui, au printemps 1979, va disparaître dans une rue de New York.
02:12 Presque sous les fenêtres de l'appartement familial.
02:16 Le début d'une enquête tentaculaire.
02:18 Vendredi 25 mai 1979, peu avant 8h du matin.
02:24 Julie Patz tente tant bien que mal de s'occuper de ses trois enfants.
02:28 Shira, 10 ans. Etan, 6 ans. Harry, 3 ans.
02:32 D'autant plus débordée que son mari photographe vient de partir à son studio.
02:36 Et qu'une voisine lui a confié sa fille, âgée de 2 ans.
02:39 Les Patz habitent un loft d'artistes au 113 Prince Street, dans le quartier de Soho.
02:46 A l'époque, l'un des plus populaires et des moins chers de Manhattan.
02:49 La maman s'apprête à conduire Etan à l'école.
02:52 Il enfile sa veste bleue, enfonce sur ses cheveux blonds une casquette de la compagnie Eastern Airlines.
02:59 Dans son sac bleu, décoré d'éléphants blancs,
03:02 Julie Patz glisse des petites voitures, des crayons de couleur et une boîte contenant le déjeuner.
03:09 Etan insiste pour se rendre seul jusqu'à l'arrêt de bus.
03:12 C'est juste au coin de la rue.
03:14 Tous ses amis le font, pourquoi pas lui, répète-t-il.
03:17 La maman refuse, puis finit par céder.
03:19 Il insistait tellement que j'ai capitulé, dit-elle.
03:23 Elle lui glisse un dollar dans la main gauche pour qu'il achète un soda à la minuscule boutique à côté de l'immeuble.
03:29 C'est la première fois qu'Etan se rend tout seul à l'école.
03:32 Depuis la fenêtre de l'appartement, la maman observe son fils qui s'éloigne dans la rue brumeuse.
03:38 En début d'après-midi, Etan n'est pas de retour.
03:41 Il n'est en fait jamais arrivé à l'école,
03:44 où on a oublié de prévenir les parents de son absence.
03:50 La police est alertée.
03:52 Le détective William Butler et trois de ses collègues du bureau des personnes disparues sont chargés de l'affaire.
03:59 Les parents sont interrogés, mis hors de cause.
04:02 Le signalement du petit garçon blond aux yeux bleus, 1 mètre pour 20 kilos, est diffusé dans les commissariats.
04:09 Stanley Patz, le papa, fournit de nombreuses photos de son fils.
04:14 Pendant trois mois, le détective Butler arpente chaque jour, dès 7h30 du matin.
04:19 Le chemin qu'a pu suivre Etan, avec l'espoir de glaner un témoignage.
04:24 Un postier formel ! Il a aperçu l'enfant à l'angle de Prince Street et Worcester Street.
04:30 C'est ici qu'on perd sa trace. Etan n'est jamais arrivé à l'arrêt de bus.
04:35 Les parents du petit Etan Patz sont effondrés, mais il ne reste pas les bras croisés.
04:41 La première nuit après l'enlèvement, il a commencé à pleuvoir.
04:44 Je me demandais où pouvait être mon fils s'il était à l'abri, s'il avait à manger.
04:49 Nous, dans l'appartement, nous avions tout ça. Alors, on a décidé de faire quelque chose, raconte la maman.
04:55 Les parents font imprimer 300 000 affichettes sur lesquelles figurent deux photos de leur fils,
05:00 dont l'une avec la casquette qu'il portait le jour fatal, le quartier de Soho.
05:05 Puis bientôt, tout Manhattan se couvre d'affiches.
05:09 Dans les semaines qui suivent, le visage d'Etan est imprimé sur des boîtes de lait.
05:13 Il apparaît sur les écrans géants de Times Square. L'affaire est dans tous les journaux.
05:19 « Pour nos enfants, le danger est au coin de la rue », lit-on dans un article.
05:23 Cinq mois après la disparition, la police diffuse le portrait robot d'un homme blanc entre 20 et 30 ans.
05:29 Il aurait été vu en train de parler à l'enfant, non loin de l'arrêt de bus.
05:34 C'est l'affaire la plus difficile que nous ayons eu à résoudre.
05:37 Etan a sans doute été enlevé en une poignée de secondes.
05:40 Pas le moindre indice, mais nous, à la police, on n'abandonnera pas,
05:45 assure le lieutenant Campazzi au New York Times.
05:48 25 mai 1983, quatre ans jour pour jour après la disparition,
05:55 le président Ronald Reagan déclare cette date comme « journée nationale des enfants disparus ».
06:03 Journée nationale aux États-Unis pour les enfants disparus, journée qui deviendra internationale par la suite.
06:10 Elle l'est toujours aujourd'hui.
06:12 Et c'est donc aussi cela l'héritage d'Etan Paz.
06:15 Dans une enquête où il n'y a pas beaucoup d'indices, peu de témoignages fiables,
06:21 et il y a tous les ingrédients d'une affaire qui ressemble à un rap dans l'une des villes les plus peuplées de la planète,
06:28 avec son épicentre manhattan.
06:30 Il va falloir attendre des années pour que des pistes se dessinent.
06:34 On va voir tout cela dans la suite de l'émission.
06:36 Pour l'instant, il faut rester au 113 Prince Street,
06:39 qui depuis cette époque a d'ailleurs bien changé, dans ce quartier de Soho.
06:44 Bonjour Philippe Coste.
06:45 - Bonjour.
06:46 - Merci infiniment d'être aujourd'hui en direct avec nous dans l'heure du crime,
06:50 et en direct depuis New York où vous vivez.
06:52 Vous êtes journaliste, vous êtes correspondant aux États-Unis pour plusieurs médias,
06:56 et vous nous faites très souvent l'honneur d'être avec nous dans l'heure du crime.
07:00 On vous en remercie encore.
07:02 Philippe Coste, je le disais, 113 Prince Street, c'est l'épicentre de cette disparition,
07:09 et sans doute de cet enlèvement.
07:10 Rien à voir avec le luxueux périmètre qu'on connaît aujourd'hui.
07:14 - Non, rien à voir.
07:16 Il faut voir aussi ce qu'était New York à l'époque.
07:20 La ville était en train, pour parler franchement, de se casser la figure un peu partout.
07:25 Mais Soho restait une sorte d'îlot de paie bohème,
07:32 un refuge d'artistes en raison de ses grands lofts très peu chers.
07:39 - On a perdu Philippe Coste, mais on va le retrouver dans un petit moment.
07:44 La loi du direct et la technique parfois nous fait défaut.
07:49 On va retrouver dans cette heure du crime Lisa Cohen.
07:53 Bonjour Lisa Cohen.
07:54 - Bonjour monsieur Richard.
07:56 - Merci infiniment d'être également avec nous dans cette heure du crime.
08:00 Alors Lisa Cohen, vous avez été journaliste télé, productrice, réalisatrice.
08:06 Vous êtes aujourd'hui, je le cite, la directrice du prestigieux prix Dupont Columbia
08:13 à l'école de journalisme de Columbia.
08:15 Et puis, ce qui nous intéresse aujourd'hui, Lisa Cohen,
08:18 c'est que vous êtes l'auteur du livre "After Ettan",
08:21 donc livre qui est publié en anglais aux éditions Grand Central Publishing.
08:26 Vous êtes sans doute la meilleure connaisseuse de cette affaire
08:29 et vous nous faites la joie d'être avec nous aujourd'hui dans cette émission.
08:33 Alors, on a perdu beaucoup de temps dès le début dans cette enquête.
08:37 On a le sentiment qu'on a perdu au moins 24 heures
08:40 puisque les parents apprennent seulement en fin de journée, vers 17 heures,
08:45 que leur enfant n'est pas allé à l'école.
08:48 Plusieurs heures se sont passées avant qu'ils sachent qu'il y a eu un problème.
08:55 Mais quand il n'est pas retourné et il s'inquiétait,
08:58 la mère a téléphoné à un voisin qui vivait sur l'autre côté de la rue
09:05 parce que souvent, Ettan allait après l'école pour jouer avec les voisins,
09:11 pour dire où est Ettan, est-ce qu'il est là ?
09:14 Il disait non, il n'est pas là.
09:17 La petite fille qui était sa copine disait non, il n'est pas là
09:22 et il n'était pas à l'école non plus.
09:25 C'était à ce moment-là que tout s'est passé.
09:29 Effectivement, c'est déjà trop tard.
09:31 On a perdu 24 heures dans un enlèvement d'enfant.
09:34 C'est capital les heures qui passent.
09:36 Lisa Cohen, ce petit garçon, c'est la première fois qu'il part tout seul à l'école.
09:40 Sa maman a été réticente, mais finalement, elle a craqué.
09:43 Il était tellement insistant, le petit Ettan.
09:45 C'est un trajet qu'il connaît, même si c'est la première fois qu'il y va tout seul.
09:50 C'était deux blocs courts, c'était cinq minutes.
09:56 C'était une rue où souvent, il y a eu des autres enfants qui allaient pour aller au bus.
10:03 Il y avait assez de monde dans la rue.
10:05 Il agitait pendant plusieurs semaines pour aller tout seul au bus.
10:10 C'était le printemps, c'était presque la fin de l'année scolaire.
10:13 Il a finalement réussi à convaincre ses parents qu'il était assez âgé pour y aller tout seul.
10:20 Philippe Coste, on vous retrouve dans cette heure du crime journaliste.
10:23 Vous êtes, je le dis, en direct depuis New York, où vous vivez depuis de longues années.
10:27 On entend ce que dit Lisa Cohen.
10:30 Il est parti tout seul, le petit garçon, mais à l'époque, on ne fait pas trop attention à laisser ses enfants dans la rue,
10:37 même dans ce quartier de Soho.
10:40 Oui, ce quartier de Soho était en fait très calme.
10:43 Peu de circulation.
10:46 Il y avait d'ailleurs très peu de commerce en dehors de cette épicerie,
10:52 cette bodega dont on parlera beaucoup au coin.
10:56 C'était un lieu, je disais, un peu bohème,
11:01 mais d'une certaine manière, un îlot de paix dans une ville qui était en chaos.
11:06 La plupart des occupants étaient des artistes, des gens qui se connaissaient entre eux.
11:14 Il y avait une sorte de solidarité villageoise dans ce quartier.
11:17 Et d'ailleurs, souvenons-nous, nous-mêmes à Paris,
11:21 on se souvient encore d'enfants jouant dans le milieu de Paris, sur des trottoirs, dans des rues.
11:28 C'était une époque qui était d'un urbanisme particulier.
11:33 Et c'est vrai qu'il y avait une relation de confiance dans ce quartier.
11:36 Il n'y avait vraiment pas énormément de crimes, on verra.
11:42 Bien sûr.
11:43 Et simplement, Philippe Coste, je vous coupe,
11:47 il va y avoir une grande campagne pour le retrouver.
11:50 J'ai parlé de ces affiches qui sont placardées partout.
11:53 Il y a quelque chose d'exceptionnel aussi, ce sont ce visage
11:56 qui s'affiche sur des millions de boîtes de lait qui vont partir presque dans tout le pays.
12:00 D'un seul coup, il va être célèbre, Tannepaat.
12:02 Oui, et c'est une des premières, ce qui est extraordinairement caractéristique avec cette histoire,
12:07 c'est que c'est une des premières grandes campagnes nationales de mobilisation.
12:12 On voit d'abord, cet enfant est adorable, il a été photographié parfaitement par un père professionnel.
12:20 Sa photo frappe les consciences immédiatement.
12:24 L'enfant, on s'identifie, c'est l'Amérique entière.
12:29 Très cyniquement, je dirais que si l'enfant avait été noir ou latino,
12:36 il n'y aurait peut-être pas eu une mobilisation à l'époque aussi grande dans le chaos de New York.
12:45 Mais tout le monde s'identifie à cet enfant.
12:47 Il faut dire que le père photographe, ses parents, aussi bohème soient-ils,
12:52 disposent d'un réseau, d'une certaine manière.
12:55 Ils ont des amis dans la presse, ils ont des amis dans les arts.
13:00 Ils sont dans un monde qui est capable de communiquer.
13:04 Et ils en profitent au maximum pendant cette période.
13:10 L'appartement, le loft de Prince Street devient une sorte de quartier général
13:15 où la police se retrouve, où ça devient l'épicentre d'une mobilisation.
13:20 Ça bouge beaucoup. Lisa Cohen, on sait si quelqu'un l'a vue à cet arrêt de bus ?
13:25 Est-ce qu'on sait quelque chose là-dessus ?
13:27 Non, mais il y a eu quelqu'un qui a dit qu'il l'a passée dans la rue avant de tourner,
13:33 avant d'arriver à l'arrêt de bus.
13:35 Mais non, personne ne pouvait se souvenir de l'avoir vue à l'arrêt de bus.
13:42 Les parents ne vont jamais se décourager.
13:44 Tout un pays va suivre la très longue traque.
13:47 Ethan Patz, le petit disparu de Manhattan.
13:50 Je voulais l'emmener avec moi pour le sexe.
13:52 Il m'a suivi, mais je ne lui ai rien fait.
13:55 Je l'ai raccompagné jusqu'au métro.
13:57 L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
14:00 L'heure du crime consacrée aujourd'hui à la disparition du petit Ethan Patz.
14:14 Six ans à New York, printemps 1979.
14:17 Sans doute enlevé par un détraqué, toute l'Amérique jusqu'à la Maison Blanche suit ce feuilleton.
14:22 Neuf ans plus tard, l'ombre d'un suspect se profile.
14:26 Mardi 28 juin 1988, le procureur fédéral de New York et des policiers
14:32 interrogent le dénommé José Antonio Ramos, 45 ans, épaisse tignasse, légèrement grisonnante et grosse moustache.
14:40 Le FBI le décrit comme un vagabond itinérant, mais surtout comme un pédophile.
14:44 Il est en prison pour exhibitionnisme et attouchement dans une communauté hippie en Pennsylvanie.
14:50 On le soupçonne encore du viol d'un garçon de 5 ans.
14:54 Aux enquêteurs, il raconte son attraction irrépressible pour les petits garçons blonds aux yeux bleus,
15:00 dont il découpe des images dans les revues.
15:03 Quand on lui a montré des photos d'Ethan Patz, Ramos a admis qu'il pouvait être son genre.
15:09 Au moment où Ethan a été enlevé, l'homme logeait dans ce quartier.
15:13 Coïncidence, il avait comme petite amie Suzanne Harrington, la baby-sitter du disparu.
15:20 José Antonio Ramos ne semble pas vraiment surpris qu'on l'interroge sur Ethan Patz.
15:25 Il était sûr qu'un jour ou l'autre, on l'accuserait de l'avoir enlevé.
15:29 Lors de l'interrogatoire, il finit par décrire une étrange scène qui se serait déroulée au Washington Square Park.
15:36 Il a vu un petit blond jouer au ballon. Il ne le connaissait pas, dit-il.
15:41 Il lui a demandé s'il voulait le suivre jusque chez lui pour regarder la télé.
15:45 « Je voulais l'emmener avec moi pour le sexe », reconnaît-il.
15:49 Le petit blond l'a suivi chez lui. Il a accepté un soda, mais sur le canapé, a refusé les caresses.
15:55 Ramos jure qu'il ne lui a rien fait. Il l'a accompagné jusqu'au métro de la 8e avenue.
16:01 Selon lui, cet enfant est bien. Ethan Patz, les policiers insistent, demandent au suspect combien de fois il a violé le petit blond.
16:09 L'homme se met à pleurer, mais il assure qu'il dit la vérité. Il n'a pas fait de mal à l'enfant.
16:14 Pendant deux ans, tout est entrepris pour que Ramos soit mis en accusation.
16:18 Mais faute de preuve, José Antonio Ramos ne sera jamais inculpé pour la disparition d'Ethan Patz.
16:26 Mardi 19 juin 2001, 22 ans après la disparition, un tribunal de Manhattan déclare Ethan Patz officiellement décédé.
16:34 « Quand Ethan aurait eu 13 ou 14 ans, je pensais qu'il était toujours vivant.
16:39 Pour moi, il était devenu un grand garçon. Il allait revenir chez nous.
16:43 Aujourd'hui, je ne sais plus si je dois parler de lui au présent ou au passé », se résigne Stanley Patz.
16:49 Le papa est seul à signer l'acte de décès. Son épouse Julie refuse.
16:53 Mai 2010, le procureur rouvre le dossier.
16:56 Deux ans plus tard, la cave d'un immeuble de Prince Street, que possédait à l'époque un voisin d'Ethan Patz, est fouillée en vain.
17:03 « Cela fait 30 ans que j'attends que la justice passe. J'attendrai encore tout le temps qu'il faudra », assure Stanley Patz.
17:11 Et effectivement, 30 ans après, le dossier va ressurgir avec un autre suspect des plus inquiétants.
17:17 Est-il l'individu qui a enlevé et très probablement tué le petit Ethan Patz ?
17:22 On va bientôt le savoir dans la suite de l'heure du crime.
17:26 Des années donc à la recherche d'un coupable.
17:29 Et puis il y a ce premier suspect, Philippe Coste.
17:33 Vous êtes journaliste et en direct avec nous depuis New York où vous vivez dans cette heure du crime.
17:38 Ce premier suspect, c'est José Antonio Ramos. C'est un pédophile, c'est un violeur. Il a le profil idéal.
17:46 Oui, c'est le candidat idéal.
17:49 En plus, cette coïncidence extraordinaire qu'il soit lié à une baby-sitter occasionnelle de la famille Patz,
17:58 ses élucubrations, ses fantasmes.
18:04 Tout de même, la police se précipite parce qu'elle pense justement pouvoir résoudre un crime qui est extraordinairement médiatique, un mystère.
18:13 Mais cette affaire de Washington Park et autres, ça ne correspond pas géographiquement à l'itinéraire de l'enfant.
18:24 Autant d'indices qui paraissent un peu éloignés de la réalité du crime lui-même.
18:30 On sent que la police se précipite parce qu'elle a justement le candidat idéal, un pédophile avéré, déjà arrêté plusieurs fois.
18:40 Mais les premiers doutes, il y a un effet tunnel.
18:44 Oui, il y a un effet tunnel. Mais il dit peut-être tout et n'importe quoi, cet homme, ce José Antonio Ramos.
18:51 Mais peut-être il délire, ça arrive ça, lors des témoignages de suspects.
18:57 Surtout qu'on a tellement écrit sur cette affaire et un tel batage médiatique qu'il peut justement retisser des détails.
19:06 Ou en enlever, bien sûr.
19:09 Ou s'éloigner peut-être de cette scène de crime qu'il aurait commis. C'est possible aussi.
19:14 En tout cas, on va s'interroger.
19:15 Lisa Cohen, auteure du livre "After Ethan", hélas qui n'est publié qu'en anglais aux éditions Grand Central Publishing.
19:24 Vous connaissez parfaitement cette affaire et vous êtes avec nous dans cette heure du crime.
19:29 On en parlait en l'instant avec Philippe Coste.
19:32 Le lien de José Antonio Ramos dans cette affaire, c'est la baby-sitter, c'est sa petite copine, c'est ça ?
19:40 Il y a beaucoup de gens qui disent qu'elle était le baby-sitter.
19:44 Pour Ethan, elle n'était pas le baby-sitter.
19:46 Elle était une femme qui était embauchée par la mère pour promener Ethan et son ami à l'école pendant une grève de bus.
19:57 Elle connaissait Ethan et elle avait un fils aussi.
20:02 Et le fils a réveillé aux gens qu'il a été abusé par Ramos.
20:09 Alors Lisa Cohen, pour bien comprendre, il y a ces aveux qui sont un petit peu en filigrane de ce Ramos.
20:18 Il raconte, on ne sait pas trop ce qu'il dit, s'il dit la vérité, s'il invente, s'il affabule ou si au contraire il fuit ses responsabilités.
20:25 Le fait est que l'on sent bien qu'il y a peut-être quelque chose qui s'est passé.
20:29 On sent bien qu'il y a la présence d'Ethan derrière cet homme.
20:32 Pourquoi est-ce qu'il n'est pas un culpé, Lisa Cohen ?
20:35 Il a dit qu'il a vu un petit garçon dans la rue ce matin.
20:40 Il l'a amené chez lui pour essayer de le molester.
20:46 Le petit a dit non et il l'a laissé aller.
20:50 Il a été 90% assuré que c'était Ethan.
20:56 C'est ce qu'il a dit au policier et au prostituteur.
21:01 Mais comme il n'avait pas de corps et comme après ça il leur a dit "je ne dis plus rien",
21:07 ils ne pouvaient pas l'arrêter pour ça.
21:11 Philippe Causs, c'est assez particulier.
21:13 Effectivement, il faut des preuves pour poursuivre cet homme, José Antonio Ramos.
21:17 Le fait est que les policiers ne vont pas le lâcher cet homme.
21:20 Ils vont continuer à enquêter sur lui, à essayer de le faire parler, à le surprendre.
21:25 C'est bien ça ?
21:26 Oui, quand vous avez le président des Etats-Unis lui-même qui s'en mêle,
21:30 lorsque c'est le fait d'hiver de l'année, voire de la décennie pour une ville de cet endroit,
21:39 il est vrai que la police est sous pression.
21:41 Surtout, il n'y a absolument aucun indice.
21:45 On n'a rien retrouvé, le temps a passé.
21:48 C'est une frustration énorme pour les forces de police de la ville.
21:53 Au même moment, énormément de critiques et l'image de la ville de New York
21:59 descend vraiment dans les baffons à ce moment-là.
22:04 Il y a une énorme pression qui pousse les policiers,
22:07 et d'ailleurs on l'a vu dans pas mal de faits d'hiver New York à l'époque,
22:10 à forcer le trait ou à tenter absolument de circonscrire l'affaire autour d'un seul candidat.
22:18 Oui, c'est ce que vous disiez tout à l'heure, c'est l'effet tunnel.
22:20 Et hélas, ça existe dans les affaires.
22:24 Donc ça, effectivement, c'est très compliqué.
22:28 Vous parliez aussi de Ronald Reagan, président des Etats-Unis.
22:31 Alors lui, il déclare une journée nationale des enfants disparus.
22:35 C'est dire que cette affaire a un retentissement très étonnant.
22:39 On n'imaginerait presque pas ce genre de réaction.
22:43 Ce serait possible, mais les médias sont différents à l'époque aussi.
22:47 Donc il y a une mobilisation d'empathie.
22:51 Mais ce qu'on remarque dans la presse de l'époque,
22:54 c'est que ce n'est pas une mobilisation haineuse comme on pourrait la voir aujourd'hui,
22:59 où on accuserait une partie de la société.
23:02 Là, on se désole, je dirais, on reste interdit devant l'absence de cet enfant.
23:09 Toutes les mères se solidarisent de la famille Patz.
23:15 Mais ça reste une espèce de mouvement tendu vers la résolution de cette affaire,
23:21 qui est en fait un grand mouvement d'empathie dans le pays.
23:25 Je pense que ce serait beaucoup plus violent, acerbe, aujourd'hui.
23:31 Les médias, notamment les télévisions,
23:34 offraient un batage quotidien en cherchant absolument un responsable.
23:39 Là, il y a une sorte de vie, c'est une sorte de crève-cœur collectif qu'on vit à l'époque.
23:45 - Lisa Cohen, c'est vrai qu'il y a de gros moyens qui sont mis en place pour le retrouver.
23:51 Et Tann, la disparition, la police n'arrête pas ses efforts.
23:56 Il y a plus d'une centaine de policiers qui sont mobilisés là-dessus.
24:00 - Oui, et aussi le fait que le père, Stan,
24:04 il était un photographe qui avait beaucoup, beaucoup de photos de Tann.
24:10 Parce que souvent, quand il avait un job, il s'est servi de Tann pour préparer.
24:18 Alors, il avait beaucoup, beaucoup de photos de son fils.
24:22 Comme ça, ça servait bien pour les affiches, les posters,
24:28 montrer partout. Et on dit que le fait qu'il y avait des tas de photos,
24:34 ça a aidé à faire toute l'attention.
24:38 - Ah mais c'est une certitude, effectivement, toutes ces photos.
24:41 Puis il faut imaginer, il faut aller voir sur Internet le visage de ce petit garçon,
24:45 blond, presque angélique. Effectivement, tout de suite, il retient ce visage,
24:49 il retient absolument l'attention.
24:51 Juste un petit mot, Philippe Coste, il y a eu des fouilles dans un immeuble à New York,
24:54 dans les caves, on a fouillé, on n'a rien trouvé du tout.
24:57 - Bien plus tard, effectivement, on a recherché dans des endroits
25:03 qui sont assez proches du lieu supposé où Manon avait réduit le crime.
25:09 On n'a rien retrouvé. La certitude de la police, c'est que l'enlèvement de l'enfant
25:16 s'était produit de manière sans doute fortuite et ultra rapide
25:22 et qu'on ne trouverait pas dans le quartier.
25:27 Cette épicerie du coin faisait partie de son plan de recherche,
25:34 mais on n'avait absolument rien retrouvé.
25:36 Et surtout, pas le moindre indice, pas le moindre vêtement,
25:39 pas le moindre accessoire qui ait pu appartenir à l'enfant dans le quartier.
25:44 - Et ça participe au mystère, évidemment, de cette affaire.
25:46 30 ans après les faits, les bavardages d'un homme vont le trahir.
25:50 - Ethan Paz, le petit disparu de Manhattan. Je l'ai étranglé.
25:54 J'ai glissé le corps dans un sac plastique et un carton.
25:57 Il a peut-être été ramassé par les éboueurs de terrifiants aveux,
26:01 mais ce nouveau suspect dit-il la vérité ? C'est à suivre.
26:04 Dans un court instant sur RTL, restez avec nous.
26:06 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
26:11 Jean-Alphonse Richard.
26:13 L'heure du crime. Jean-Alphonse Richard.
26:16 Jusqu'à 15h30 sur RTL.
26:18 - J'espère que mon fils, Ethan, est avec quelqu'un qui prend soin de lui.
26:23 Qui que vous soyez, je ne veux pas me venger, je ne veux pas porter plainte.
26:27 Je veux juste que mon fils rentre à la maison.
26:31 - Retour aujourd'hui dans l'heure du crime sur la disparition d'Ethan Paz,
26:35 un petit garçon de 6 ans à New York en 1979.
26:38 Un corps introuvable, 33 ans après, un nouveau suspect est interpellé.
26:43 Jeudi 24 mai 2012, le dénommé Pedro Hernandez, 51 ans,
26:49 est arrêté à Mappleshade, dans le New Jersey.
26:53 C'est son beau-frère qui s'est décidé à appeler la police à New York
26:57 après avoir vu un reportage sur le cas Ethan Paz.
27:01 Le témoin raconte qu'il y a 30 ans, après une soirée de prière,
27:05 ce Pedro Hernandez a fait une troublante confession à son épouse, Daisy.
27:09 Il lui a raconté avoir un jour à New York agressé un muchacho,
27:14 un petit garçon dans sa boutique.
27:16 Il l'a frappé, il l'a étranglé, a mis le corps dans un sac
27:20 qui a fini dans la benne d'un camion poubelle.
27:23 À l'époque, l'épouse a pensé que son mari délirait,
27:27 mais des mois plus tard, elle a découvert une photo d'Ethan Paz,
27:30 découpée dans un avis de recherche, dissimulée dans une boîte à chaussures.
27:34 À l'époque, le beau-frère a appelé le numéro spécial
27:38 dédié aux disparitions, il dit qu'il n'a pas été pris au sérieux.
27:41 Lui et sa soeur, l'épouse de Pedro Hernandez, ont fini par oublier cette histoire.
27:47 En garde à vue, après 6h30 de silence, Pedro Hernandez accepte enfin de s'exprimer.
27:53 Il raconte qu'en 1979, il était l'employé de la petite boutique de boissons,
27:59 la Bodega, près du 113 Prince Street,
28:02 un magasin fréquenté par les Paz et leurs enfants.
28:06 Ce jour-là, le petit garçon blond s'est arrêté pour acheter un soda,
28:10 il lui a sauté dessus dans un coup de folie.
28:13 L'attaque n'avait rien de sexuel, assure-t-il,
28:16 il n'a pas violé Ethan, mais il l'a étranglé au sous-sol de la boutique.
28:21 "Quand j'ai glissé le corps dans un sac plastique puis dans un carton,
28:24 l'enfant était vivant, j'ai laissé le carton dans la rue, sur le trottoir",
28:29 affirme Pedro Hernandez en larmes.
28:32 "Pedro Hernandez qui précise que le carton a ensuite disparu,
28:35 emporté sans doute par les éboueurs.
28:37 Il a des remords, nous le considérons comme responsable du crime",
28:41 indique le chef de la police.
28:43 Pedro Hernandez est incarcéré.
28:46 Rebondissement tout aussi spectaculaire que providentiel.
28:50 Philippe Coste, vous êtes en direct avec nous dans cette heure du crime,
28:53 journaliste et correspondant aux Etats-Unis pour plusieurs médias.
28:58 On est là plus de 30 ans après, et cette famille de Pedro Hernandez
29:03 qui se décide à raconter cette histoire étonnante que personne ne connaissait.
29:08 - Il semble que Pedro Hernandez ait raconté cette histoire
29:12 à de nombreuses reprises durant sa vie.
29:15 C'était un malade mental, évidemment, des troubles cliniquement définis,
29:22 ce qui fait qu'il racontait énormément de choses,
29:25 mais n'était pas vraiment pris au sérieux.
29:29 Et c'est la coïncidence d'une émission à la télévision,
29:32 une sorte d'avis de recherche américain qui était à cette époque assez populaire,
29:39 qui a permis au beau-frère de faire le lien entre les relatifs détails
29:44 que donnait Hernandez et la réalité, ou du moins l'état de l'enquête.
29:51 Donc il a appelé à ce moment-là, il est évident que la police s'est jetée sur ce cas.
29:58 D'autant que Ramos, l'accusé précédent, était de plus en plus disculpé.
30:07 On voyait qu'il avait sans doute été arrêté,
30:10 il était sans doute en prison ou en détention provisoire au moment des faits.
30:16 - Et oui, tout à fait, donc effectivement, ce Pedro Hernandez tombe à point.
30:20 Lisa Cohen, vous êtes auteur du livre "After Ethan",
30:23 livre publié en anglais aux éditions Grand Central Publishing.
30:27 Et puis vous êtes également directrice du prix Dupont Columbia,
30:30 à l'école de journalisme de Columbia.
30:31 Vous avez beaucoup enquêté sur cette affaire que vous connaissez parfaitement.
30:35 Est-ce qu'on sait si Pedro Hernandez,
30:38 Philippe Kos nous dit qu'il parlait beaucoup de cette histoire,
30:41 même s'il délirait un peu,
30:42 si Pedro Hernandez avait été interrogé à l'époque par les enquêteurs ?
30:46 - Ce n'est pas connu s'il a été interrogé,
30:49 parce que son nom n'apparaissait pas dans les documents de la police.
30:54 Mais c'était possible parce qu'il y a eu une centaine de polices
30:59 qui faisaient leur investigation
31:01 et pas tous les policiers ont fait des notes parfaites,
31:06 les notes comme ils le voudraient.
31:08 Alors on ne sait pas, mais on ne croit pas.
31:10 - Mais juste un mot Lisa Cohen,
31:12 il était connu, Pedro Hernandez, de la police ou de la justice
31:16 avant cette affaire Ethan Patz ?
31:18 - Non, jamais et jamais après non plus.
31:21 C'était pour ça que les gens qui…
31:24 Il y a deux cas, il y a deux listes d'évidence,
31:28 mais les gens qui pensent que c'était Ramos disent
31:31 Ramos a été connu comme un pédophile
31:33 et Pedro Hernandez n'a jamais été arrêté ou condamné pour un crime.
31:39 - C'est ça, il n'a jamais été inquiété par la justice auparavant,
31:43 mais c'est important de le savoir.
31:45 Il est un peu hors des radars de la police.
31:47 Philippe Kos, il y a une question qui me trouble beaucoup,
31:50 c'est que cette bodega, cette boutique de soda
31:53 où le petit garçon devait prendre une boisson,
31:56 je suppose qu'à l'époque on a fait le tour de qui était là,
31:59 qui servait des boissons, qui était de service ce jour-là,
32:05 et on n'a pas interrogé ce Pedro Hernandez ?
32:09 - Oui, ça paraît assez invraisemblable,
32:12 mais ce n'est pas la première fois
32:14 que ce genre de lacune apparaît.
32:17 C'est à l'époque dans des enquêtes de la police de New York.
32:21 Ils étaient sans doute passés et avaient demandé aux vendeurs principaux.
32:25 Hernandez était un manutentionnaire à ce moment-là,
32:29 une personne qui était là occasionnellement,
32:32 qui n'était pas extraordinairement visible dans la boutique,
32:35 qui pouvait se trouver au sous-sol en partie.
32:38 Effectivement, le fait qu'on ne retrouve aucune trace
32:43 d'entretien, d'interrogatoire d'Hernandez à l'époque,
32:50 fait que la police a très probablement exclu d'emblée
32:57 le fait que le crime ait pu être commis
32:59 par quelqu'un qui connaissait l'enfant.
33:01 - Oui, c'est ça.
33:02 - Et a vu ça comme un crime d'opportunité
33:06 par un maniaque qui passait par là.
33:08 Là encore, c'est une erreur qui a été fatale dans cette affaire.
33:14 - Le suspect va se rétracter avant d'être jugé.
33:18 Ethan Patz, le petit disparu de Manhattan,
33:21 merci, merci, merci.
33:23 Justice a été faite pour notre merveilleux petit garçon.
33:26 L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
33:30 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
33:35 14h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
33:40 Jean-Alphonse Richard.
33:42 - Au programme aujourd'hui de l'heure du crime,
33:44 le mystère de la disparition en 1979,
33:47 en plein New York du petit Ethan Patz, 6 ans.
33:50 Une enquête impossible.
33:52 Presque 36 ans après, un homme est pourtant jugé.
33:56 Lundi 5 janvier 2015, Pedro Hernandez, 54 ans,
34:01 crâne totalement rasé, t-shirt gris,
34:04 il apparaît menotté devant le tribunal de Manhattan.
34:08 Ses avocats le présentent d'emblée comme un individu au QI des plus bas,
34:12 en proie à des désordres psychologiques permanents.
34:15 Un homme qui ne ferait aucune différence entre réalité et fiction
34:20 et qui a tendance à raconter n'importe quoi.
34:23 La plus jeune fille de l'accusé, Becky Hernandez,
34:26 confirme l'état psychique désastreux de son père.
34:30 Un mystique qui a des visions, comme cette femme vêtue de blanc,
34:34 qui lui parle à l'oreille et verse de l'eau sur des arbres morts qui repoussent.
34:38 Les avocats de Hernandez certifient que les policiers
34:41 ont joué sur la fibre religieuse de leurs clients pour obtenir ces aveux.
34:46 Ils affirment que d'autres suspects ont été négligés,
34:49 dont le premier, José Antonio Ramos.
34:52 Après 4 mois d'audience, les jurés sont divisés, le procès s'arrête.
34:56 Mercredi 19 octobre 2016, nouveau procès pour Pedro Hernandez.
35:01 Les audiences durent à nouveau 4 mois.
35:04 Les jurés, enfermés pendant 3 jours, visionnent 100 fois les images des aveux en garde à vue.
35:10 Les délibérations ont été difficiles, nous avons longuement discuté,
35:14 pesé tous les arguments, dira l'un d'eux.
35:16 14 février 2017, Pedro Hernandez est condamné à 25 ans de prison pour kidnapping et meurtre.
35:24 Merci, merci, merci.
35:27 Justice a enfin été faite pour notre merveilleux petit garçon, confie le papa, Stanley Patz.
35:34 Et dans cette heure du crime, on retrouve l'un de nos invités, c'est Philip Kost,
35:37 en direct de New York, journaliste correspondant aux Etats-Unis,
35:40 pour plusieurs médias et habitué de l'heure du crime.
35:43 Philip Kost, ben voilà, c'est bon, il y a un coupable dans cette affaire, finalement.
35:47 Il fait l'affaire, Pedro Hernandez, même s'il est illuminé, c'est le moins qu'on puisse dire.
35:52 Oui, les jurés sont très conscients de la pression médiatique,
35:58 et aussi assez échaudés par, je dirais, l'enquête préalable sur Ramos,
36:03 où on s'est précipité aussi sur quelqu'un.
36:06 Les jurés sont méfiants, ne font pas confiance à raison, d'une certaine manière,
36:12 à l'interrogatoire de la police, qui s'est passé dans des conditions plus que douteuses,
36:18 pendant 8 heures, on a interrogé Hernandez, on a utilisé tous les moyens pour le faire parler.
36:24 Il semble qu'on l'ait guidé vers des aveux, et autres.
36:28 Il y a énormément de fautes de procédure, qu'on lui a, à ce moment-là,
36:33 et il est vrai que les jurés se méfient de la police,
36:37 et pensent que la police veut, à nouveau, classer cette affaire,
36:41 trouver un coupable, et autres.
36:43 Donc il y a naturellement une réticence, un débat assez fort,
36:46 qui aboutit au blocage du premier procès.
36:50 Il faut juste dire un mot là-dessus, c'est que lorsqu'il n'y a pas l'unanimité aux Etats-Unis,
36:54 dans un jury, le procès s'arrête, il faut le reprendre,
36:58 et c'est ce qui s'est passé dans cette affaire.
37:00 On a le sentiment, Philippe Coste, qu'il faut un coupable, il faut une condamnation.
37:05 On ne peut pas rester comme ça dans cette affaire, qui a trop duré,
37:08 qui a fait trop de bruit, il faut absolument une punition.
37:12 Oui, on n'a jamais retrouvé un corps, c'est un mystère lancinant,
37:17 des années sans... c'est une affaire qui ridiculise, effectivement, la police,
37:23 d'une certaine manière, et aussi, il y a une forte lassitude
37:29 de la population à ce propos.
37:33 L'idée qu'on se méfie, c'est aussi, effectivement, une époque
37:38 où on interroge de plus en plus les méthodes de la police,
37:43 on voit avec le recul à quel point les agents s'étaient précipités à cette époque-là,
37:50 et avaient multiplié, justement, les fautes dans l'enquête.
37:54 Donc, effectivement, il y a un problème.
37:56 Mais il suffisait, effectivement, d'une seule personne, d'un jury très déterminé,
38:00 pour bloquer le procès, cette première fois.
38:03 Alors, effectivement, ce jury n'arrive pas à l'unanimité,
38:07 le procès est suspendu, mais pas que pour ça.
38:10 Lisa Cohen, on vous retrouve dans cette heure du crime,
38:13 vous avez publié un livre sur cette affaire, vous êtes la meilleure spécialiste de ce dossier,
38:18 vous avez été journaliste, productrice, réalisatrice,
38:20 et vous connaissez, je le dis encore une fois, très très bien cette affaire,
38:23 vous êtes avec nous depuis les Etats-Unis.
38:26 Lisa Cohen, le jury n'est pas d'accord, mais la santé mentale aussi de cet accusé,
38:32 elle pose question, et c'est aussi ce qui provoque l'interruption du premier procès.
38:36 Absolument, absolument.
38:38 Il a dit qu'il y a eu de l'évidence, qu'il a été convaincu,
38:45 et c'est nécessaire d'avoir, on appelle ça, un "beyond reasonable doubt",
38:52 et qu'il avait des doutes, alors que pour ça il ne pouvait pas voter coupable.
38:57 C'est ça, le jury a des doutes, c'est ce qu'on a dit,
39:00 et puis cet état de santé précaire de l'accusé,
39:03 cet état de santé psychiatrique précaire, il a des visions,
39:06 il voit des choses, il fait des cauchemars en permanence, c'est un peu compliqué.
39:11 Lisa Cohen, ce procès, est-ce qu'il est très suivi ?
39:14 Est-ce que les journaux s'intéressent encore des années après à ce dossier ?
39:18 La presse est très présente ?
39:20 Oui, la presse, les gens, les affiches partout,
39:24 je dois dire que c'était une des choses les pires pour les parents aussi,
39:30 c'est l'attention de presse.
39:32 Et finalement ils ont fini par ne pas parler à la presse pendant plusieurs années.
39:38 Philippe Coste, évidemment il y a ce jugement qui tombe, ce verdict,
39:42 cet homme part en prison, c'est un apaisement pour la famille Patz,
39:46 parce qu'il leur fallait une réponse.
39:49 Oui, c'est un apaisement.
39:52 On remarque à quel point d'ailleurs cette famille, au moment du procès,
39:57 le père s'adressera à l'accusé en disant "je ne vous pardonnerai jamais ce que vous avez fait".
40:05 C'est un moment de dévouement, d'ailleurs ils partiront,
40:09 la famille partira de New York peu après le jugement,
40:13 ils étaient restés pendant toutes ces années sur place,
40:17 à la faute d'avoir retrouvé jamais le moindre corps,
40:20 ou la moindre explication sur la disparition de leur enfant.
40:24 Essayons d'imaginer aussi ce qui se passait quand en 2012,
40:28 l'enquête reprend à cause des Hernandez,
40:30 on attaque au Marteau-Piqueur, la cave de la petite boutique de l'épicerie
40:35 où ils allaient tous les jours,
40:37 pour retrouver sans doute, dans l'espoir de retrouver des indices,
40:42 un corps enterré et autres.
40:44 Vous imaginez ce qui se passe dans le cœur de cette famille,
40:49 effectivement ces Marteau-Piqueur et ces fouilles font revivre,
40:53 je dirais, le sceau de l'époque qui a disparu depuis lors.
40:58 Oui, et puis c'était sous les fenêtres de cette famille Patz,
41:01 et c'est absolument effarant, ils ont vécu ça en direct dans leur rue,
41:06 et c'est un cauchemar qui n'a jamais cessé pour eux.
41:09 Avec ce verdict, le dossier se referme,
41:11 même si l'enfant, on l'a dit, n'a jamais été retrouvé.
41:15 Ethan Patz, le petit disparu de Manhattan,
41:17 il symbolisera à jamais l'innocence perdue des enfants.
41:21 L'enquête de l'heure du crime, je vous retrouve tout de suite sur RTL.
41:24 Dans l'heure du crime, aujourd'hui l'affaire Ethan Patz,
41:37 petit garçon de 6 ans disparu à New York au printemps 79,
41:41 plus de 30 ans après, un homme a été condamné pour le rapte et le meurtre,
41:45 verdict qui n'a jamais fait l'unanimité.
41:49 Juillet 2019, 40 ans après la disparition d'Ethan,
41:53 ses parents, Julie et Stanley Patz,
41:55 vendent discrètement le loft du 113 Prince Street pour aller s'installer à Hawaii.
42:01 Ils sont partis pour profiter du reste de leur vie avec leurs enfants et petits-enfants.
42:06 « Ce sont des gens bien, je leur souhaite bonne chance »,
42:09 dit leur voisine, la très célèbre photographe Suzanne Maisel.
42:13 « Ethan symbolisera à jamais l'innocence perdue des enfants »,
42:19 avait dit la procureure Joanne Illouzy lors du procès Pedro Hernandez.
42:26 Peut-être que Pedro Hernandez est un homme différent maintenant qu'il a 54 ans.
42:32 Mais quand il avait 18 ans, il a fait quelque chose d'horrible
42:35 et il doit en payer le prix.
42:37 Il a tué mon fils de manière impulsive et a dupé tout le monde pendant longtemps.
42:42 La voix de Stanley Patz, c'est le père d'Ethan, bien sûr,
42:47 et c'était un document de la chaîne américaine ABC.
42:50 Lisa Cohen, vous êtes avec nous dans cette heure du crime depuis les États-Unis,
42:54 auteure du livre "After Ethan", publié en anglais aux éditions Grand Central Publishing.
43:00 Et vous connaissez très très bien ce dossier.
43:03 Les parents d'Ethan se sont battus jour après jour pendant toutes ces années,
43:08 presque 40 ans pour la vérité.
43:10 C'est un marathon judiciaire.
43:13 Oui. Alors je dois dire, c'était plutôt le père.
43:17 Je ne dirais pas les parents, je dirais le père.
43:20 Parce que c'était lui qui était tellement, tellement fort.
43:24 Le maire, elle avait moins d'intérêt.
43:26 Elle pensait pourquoi, qu'est-ce que ça sert.
43:29 Mais lui, il voulait la justice.
43:31 Il disait c'est important.
43:33 C'est une affaire, on l'a dit dans cette heure du crime, on l'a raconté,
43:38 mais je voudrais que vous vous entendez là-dessus.
43:40 C'est une affaire qui a vraiment marqué un tournant dans les enfers,
43:44 sur les enfants disparus, dans la méthode de travail de la police,
43:47 dans les investigations, et pas seulement aux États-Unis,
43:50 dans le monde entier, c'est une affaire qui a marqué un tournant, c'est ça ?
43:53 Oui. Mais enfin, ça a changé tout.
43:57 Ça a créé une atmosphère qui a fait des bonnes choses.
44:01 Il y a eu des instituts créés pour trouver les enfants disparus,
44:05 et il y a eu des autres choses pour essayer de faire des cherches
44:11 pour collaborer entre les États.
44:14 Mais aussi, ça a causé un craint qui a changé tout.
44:19 Parce qu'après État, tout a changé dans ce pays.
44:23 Les gens ne laissaient jouer leurs enfants tout seuls,
44:27 ils les accompagnaient partout.
44:29 Ça a eu des changements pour le bien et pour le mal.
44:33 Philippe Coste, vous êtes en direct depuis les États-Unis,
44:37 vous vivez à New York, vous êtes journaliste français.
44:40 C'est très intéressant ce que dit Lisa Cohen,
44:43 parce qu'elle dit qu'il y a eu un basculement après cette affaire.
44:46 Et c'est vrai que tout ce qui concerne les recherches de police,
44:50 même l'attitude des parents, des associations,
44:53 tout ça a évolué très vite.
44:55 Oui, il y a d'une part un début de ce qu'on pourrait presque appeler
44:59 une dérive sécuritaire qui va commencer dans les années 80.
45:02 L'aspect maléfique du crime.
45:05 Vous voyez, quand vous entendez les propos du père,
45:08 le père a presque de la mensuétude pour le criminel en disant
45:13 "il a 54 ans, il est peut-être une personne différente maintenant".
45:17 Il y a quelque chose d'humain.
45:20 La justice devient intraitable ensuite,
45:24 pour des raisons à la fois politiques et sociétales
45:27 sur ces affaires de meurtre et de crimes sexuels sur enfants,
45:32 ou de meurtre d'enfants.
45:34 L'autre aspect, c'est New York.
45:37 New York prend le coup de grâce à ce moment-là.
45:40 Au moment de ce crime, peu après le crime,
45:43 et notamment pendant toute la période de la traque du criminel,
45:48 les gens partent de Soho, c'est la fin de New York,
45:53 on part vers les banlieues, la ville continue son effondrement,
45:57 et c'est comme ça que Soho devient cette espèce de désert
46:01 qui sera re-gentrifiée après,
46:04 et qui est devenu ce lieu de luxe maintenant.
46:06 C'est étonnant, parce que cette histoire
46:08 incarne un changement d'époque.
46:10 Quel est le poids de cette histoire aujourd'hui aux Etats-Unis ?
46:15 On a l'impression qu'il s'étanne cette photo, encore une fois,
46:18 cet enfant blond qu'on voit sur ces affiches, sur ces boîtes de lait,
46:22 c'est toujours le symbole de l'innocence,
46:25 presque une innocence perdue puisqu'on change d'époque.
46:28 Philippe Coste.
46:30 Oui, on parle...
46:32 C'est l'époque, le deuil d'une vie de quartier dans New York,
46:39 le deuil d'une société solidaire, d'une société chaleureuse,
46:47 d'une société différente de celle du New York qu'on a connu après,
46:53 qui devenait un bastion financier, plutôt froid,
46:58 et je dirais, polissé, surveillé par une police extrêmement tatillonne,
47:06 comme dans les années 90 qui ont conçu,
47:09 c'est une époque villageoise,
47:12 et c'est le dernier soubresaut du New York à l'ancienne,
47:15 le New York à la douanno, je dirais.
47:17 Oui, c'est presque une nostalgie autour de cette ville disparue.
47:21 Encore un mot, Philippe Coste,
47:23 il y a toujours des doutes, finalement, sur ces deux suspects ?
47:26 Absolument, absolument.
47:28 D'ailleurs, un détail,
47:30 Hernandez a été condamné à la prison à vie avec une peine de sureté de 25 ans,
47:35 il pourra demander à sortir de prison, mais il ne sortira jamais de prison.
47:43 Mais il y a toujours des doutes,
47:45 d'ailleurs, même l'Innocence Project,
47:47 qui ne prend pas les cas, je dirais, à la légère,
47:51 avait énormément de doutes du fait que tout repose sur ses aveux.
47:58 On n'a absolument aucun indice matériel.
48:00 Il est absolument probable, d'ailleurs,
48:02 que dans la déglingue de New York de l'époque,
48:04 le corps de l'enfant ait effectivement été jeté dans une benne ardure
48:09 et balancé, on ne sait où,
48:12 dans une décharge, oui, bien sûr.
48:14 et ça serait impossible.
48:16 Mais, effectivement, il y a toujours des doutes
48:19 du simple fait que tout repose sur ses aveux,
48:22 qu'il n'y a absolument pas le début d'une preuve matérielle,
48:25 si ce n'est quelques propos qui pourraient avoir incriminé le Hernandez.
48:31 Et ça, c'est quand même encore très étonnant.
48:33 - Et moi, je termine cette émission avec vous.
48:35 Je reprends ma question.
48:37 On entend ce que dit Philip Coste.
48:39 Il y a toujours des doutes sur ces deux suspects, Ramos et Hernandez.
48:42 - Oui, et je ne suis pas la seule.
48:45 Je ne suis pas convaincue par "either side", côté "quoi que ce soit".
48:50 Le père d'Ethan Pate est convaincu maintenant que c'était Pedro Hernandez
48:55 et que le crime a été résolu.
48:58 Je ne suis pas convaincue qu'ils ont condamné les 20 personnes.
49:02 Si j'étais un juré, je lui aurais dit qu'il n'y avait pas assez d'évidence pour le condamner.
49:08 Mais ça ne veut pas dire que ce n'était pas lui.
49:12 - Merci infiniment, Elisa Cohen, de vous être exprimée en français.
49:16 Merci beaucoup, votre français est très bon.
49:18 Et puis, Philip Coste, d'avoir été tous deux les invités de l'heure du crime.
49:20 Merci à l'équipe de l'émission, rédactrice en chef Justine Vignault,
49:24 préparation Marie Bossard, Marie-Lou Goyer, réalisation Nicolas.
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