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  • 15/05/2024
Deux morts la nuit dernière, des centaines de blessés depuis dimanche et un climat insurrectionnel qui a conduit Emmanuel Macron a convoqué en urgence un Conseil de défense : la vague de violence secoue toujours la Nouvelle-Calédonie. Pour en parler, Sonia Backès, la présidente de la province Sud de Nouvelle-Calédonie.
Regardez L'invité de RTL Midi avec Eric Brunet et Céline Landreau du 15 mai 2024

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Transcription
00:00 Céline Landreau, Eric Brunet, RTL Midi.
00:03 Tout le voisinage, tous les gens, tous les lotissements, tous les quartiers sont barricadés aux entrées.
00:08 Tout le monde est avec des armes à feu.
00:09 Enfin c'est une guerre civile, on a des gens en face qui ne représentent même pas le mouvement indépendantiste.
00:14 Non, ça tire dans tous les sens, c'est le bordel.
00:16 On a un petit magasin de téléphonie, il est brûlé, un piquet brûlé,
00:19 on a pratiquement tous les commerces qui ont été vandalisés,
00:21 on a une grande surface qui a été brûlée.
00:22 Il faut que ça s'arrête très très vite.
00:24 Vous venez d'entendre un habitant de Nouméa, il a été joint par Vincent Serrano pour RTL,
00:30 il témoigne de la vague de violence qui secoue en ce moment la Nouvelle-Calédonie.
00:34 Deux morts la nuit dernière, des centaines de blessés depuis dimanche et un climat insurrectionnel
00:39 qui a conduit, on vous le disait dans le journal, Emmanuel Macron à convoquer en urgence un conseil de défense.
00:44 Bonjour Sonia Bakess.
00:46 Bonjour.
00:48 Et merci beaucoup d'être avec nous en direct de Nouméa.
00:51 Vous êtes, on le rappelle, la présidente de la province sud de Nouvelle-Calédonie.
00:55 D'abord, décrivez-nous s'il vous plaît la situation sur place à l'heure actuelle.
00:59 On a entendu parler de guerre civile, c'est vraiment ça ?
01:02 Oui, c'est vraiment ça.
01:04 On a plusieurs milliers de personnes qui attaquent nos maisons, les commerces.
01:10 Aujourd'hui, il n'y a plus de commerce d'alimentation qui n'a pas été pillé ou brûlé.
01:15 Tout ce qu'il y avait dans le monde économique a brûlé dans le Grand Nouméa.
01:22 Et là, ils s'attaquent à nos maisons, ils font sortir les gens, ils brûlent les maisons
01:27 au cri d'insultes racistes anti-blancs et en nous demandant de quitter la Nouvelle-Calédonie
01:34 quand on n'est pas d'origine kanak.
01:36 Donc, c'est extrêmement violent.
01:39 Et aujourd'hui, les quartiers qu'on a encore sous contrôle,
01:45 il y a des quartiers qu'on a complètement perdus.
01:48 Et ceux qu'on a encore sous contrôle sont gardés en partie par des habitants eux-mêmes
01:53 qui protègent leurs maisons, leurs quartiers, leurs familles.
01:57 Ce sont des milices qui se sont constituées en fait ?
02:00 Je ne sais pas si on peut appeler ça des milices.
02:03 En tout cas, ce sont des gens qui protègent leurs quartiers.
02:06 Il y a 70 000 armes en Nouvelle-Calédonie qui sont réparties des deux côtés.
02:10 Donc, tout le monde est armé aujourd'hui.
02:12 Et effectivement, il y a des deux côtés des gens qui sont armés.
02:17 Du côté des indépendantistes, ils sont sans limite.
02:21 Ils sortent les gens à coups de jets de parpaing pour les faire sortir.
02:27 Ils brûlent les maisons, ils les agressent.
02:29 Les gens sont terrorisés, enfermés chez eux.
02:32 Enfin, c'est un enfer.
02:33 Alors, juste une petite précision puisque vous disiez du côté des indépendantistes,
02:37 ils sont sans limite.
02:38 Vous êtes une figure, j'allais dire, du camp des non-indépendantistes.
02:41 On rappelle quand même que le Front de Libération Nationale Canac est socialiste.
02:44 A lancé lui un appel au calme et demande la levée des barrages.
02:48 Il a des chances d'être entendu ou vous avez le sentiment que la situation est déjà hors de contrôle ?
02:53 Alors en fait, effectivement, ils ont lancé un appel au calme, malheureusement un peu tardif.
02:59 Ils ont été très ambiguës pendant les deux premiers jours.
03:02 Tant mieux, ils ont lancé un appel au calme.
03:05 Mais maintenant, ils ont créé un monstre avec ces comités de lutte qu'ils ne contrôlent pas en partie
03:11 puisque ce sont des très jeunes, des gamins, des très jeunes qui ne comprennent même pas
03:16 ce pour quoi ils se battent aujourd'hui et qui sont dans une opération incontrôlée, incontrôlable.
03:24 Tout à l'heure, on a signé il y a deux heures un communiqué commun Front indépendantiste
03:31 et Camp non indépendantiste pour d'une part dire qu'on est sur le point de trouver un accord politique
03:39 et d'autre part appeler au calme conjointement.
03:43 Donc j'ai l'espoir que ce communiqué commun permette de faire cesser les affrontements.
03:51 Mais en attendant, il faut qu'on ait le soutien cette nuit de l'armée
03:55 parce que très clairement les forces de l'ordre sont dépassées en nombre.
04:00 Et les Caïdoniens sont épuisés.
04:03 Un conseil de défense a été convoqué, on le disait tout à l'heure, par le président de la République.
04:08 Vous attendez quelque chose de Paris ?
04:11 Oui, on attend plus que quelque chose de Paris.
04:14 On attend des moyens pour nous sauver, excusez-moi de l'expression qui paraît sans doute excessive vue de Paris.
04:23 J'ai passé la journée à gérer des gens en larmes qui étaient terrorisés, enfermés chez eux, à se faire agresser.
04:32 On m'a dit que des membres de votre famille d'ailleurs ont été pris pour cible. C'est vrai, Sonia Bakass ?
04:37 Oui, la première nuit, mon père a dû être exfiltré par le GIGN
04:42 parce que pris pour cible dans sa maison qui a entièrement brûlé. Il a 79 ans.
04:48 Mais aujourd'hui ça se passe dans tous les quartiers de Nouméa.
04:53 Tous les gens qui ne sont pas d'origine canaque sont pris pour cible, insultés, agressés, battus, caillassés
05:02 et pour finir par incendier les maisons, les commerces et tout ce qui se trouve sur leur chemin.
05:09 Vous disiez qu'on attend beaucoup de Paris. Très concrètement, ça se matérialiserait comment dans les heures qui viennent ?
05:16 Concrètement, il y a beaucoup de forces militaires en Nouvelle-Caïdonie qui ne sont aujourd'hui pas du tout mobilisées
05:21 puisque pour pouvoir mobiliser les forces militaires, il faut qu'il y ait un décret qui soit pris,
05:26 soit l'état d'urgence, soit un décret du président de la République qui permet aux forces militaires d'intervenir sur ce conflit.
05:33 Pour l'instant, les forces militaires n'interviennent pas pour protéger la population,
05:39 pour protéger les gendarmeries ou les différentes institutions.
05:43 On a deux mairies du Grand Nouméa qui ont déjà pris feu sur quatre.
05:47 On a besoin aujourd'hui d'être protégées et donc ces forces-là, elles sont présentes.
05:54 Là, il y a des forces supplémentaires qui vont être envoyées.
05:57 Ça a été annoncé par le ministre de l'Intérieur, j'espère qu'on les aura en nombre.
06:01 Mais il y a 24 heures de vol, donc le temps qu'elles arrivent, de toute façon, il faut gérer la nuit là maintenant.
06:07 Et pour gérer la nuit, il faut que les forces militaires puissent intervenir.
06:10 Est-ce qu'on peut réduire ces émeutes à un affrontement entre deux communautés ?
06:15 Vous parliez des blancs, des métropolitains et des blancs qui sont en Nouvelle-Calédonie contre les Kanaks.
06:22 Ou est-ce qu'on ne peut pas être aussi abrupt que cela ?
06:25 J'imagine qu'il y a une communauté Kanak qui est plus modérée.
06:29 J'aimerais vous entendre là-dessus. Est-ce que c'est vraiment tranché à ce point ou pas ?
06:35 Non, heureusement, il y a évidemment une partie de la communauté Kanak qui n'est pas dans ces affrontements.
06:45 Mais il y en a quand même plusieurs milliers qui sont là-dedans et qui, encore une fois, nous agressent au cri de "Abas les blancs !"
06:55 Et quand je dis "Abas", je suis sur des mots sans injure.
06:59 Et rentrez chez vous, ici c'est Kanaki, vous n'avez pas votre place ici.
07:04 Donc voilà, il y a quand même plusieurs milliers qui disent ça.
07:11 Et il y a évidemment et heureusement certains qui sont plus modérés.
07:16 Mais ce n'est pas que les blancs de l'autre côté, c'est toutes les autres communautés, toutes celles qui ne sont pas Kanaks.
07:22 Merci beaucoup Sonia Baques, présidente, je rappelle, de la province sud de la Nouvelle-Calédonie.
07:27 Merci d'avoir été avec nous en direct dans cette édition d'RTL midi.
07:31 Et dans un instant on revient sur la mobilisation des agents pénitentiaires dans tout le pays,
07:35 au lendemain de la mort de deux d'entre eux, Fabrice et Arnaud, tués lors de l'évasion de Mohamed Amra hier.
07:41 RTL Pour tout comprendre de l'actualité

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