- 15/05/2024
Comment faire face au narcotrafic ? Un fourgon pénitentiaire a été attaqué à un péage en Normandie mardi, 3 agents ont été tués, un détenu s'est évadé grâce à des complices. Ce détenu est mêlé au trafic de drogue... Pour en parler, Valérie Trierweiler, journaliste à "L'Hémicycle", Pablo Pillaud-Vivien, rédacteur en chef de la revue de gauche "Regards", et Laurent Alexandre, entrepreneur, spécialiste de l'Intelligence Artificielle et auteur de "ChatGPT va nous rendre immortels".
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00:00 RTL bonsoir, les grands débats à 19h et quasiment 15 minutes, c'est parti pour trois
00:05 quarts d'heure de réflexion, de confrontation, d'opinion.
00:08 Notre invité Thierry Marx va nous rejoindre dans quelques minutes avec le chef étoilé.
00:12 On aura l'occasion de parler des Jeux Olympiques, de parler de nos assiettes, mais on accueille
00:16 d'ores et déjà autour de la table nos débatteurs du soir.
00:18 Valérie Triaveller, journaliste à l'hémicycle, bonsoir.
00:21 Pablo Piovivien, rédacteur en chef de la revue de gauche Regards, bonsoir.
00:25 Et Laurent-Alexandre, entrepreneur spécialiste entre autres de l'intelligence artificielle.
00:29 Et en plus, je vous invite pour rappeler votre dernier livre, Tchad GPT va nous rendre immortels.
00:33 Bonsoir Laurent.
00:34 On va se poser ensemble cette question maintenant qui est au cœur malheureusement, j'ai envie
00:38 de dire, de l'actualité.
00:39 Comment faire face dans notre pays au narcotrafic ?
00:42 Depuis 18h, on suit cette traque dans RTL bonsoir.
00:45 Un fourgon pénitentiaire a été attaqué à un péage en Normandie.
00:48 Deux agents ont été tués.
00:50 Un détenu s'est évadé grâce à des complices.
00:52 Ce détenu est mêlé précisément au trafic de drogue.
00:55 Justement, la commission d'enquête du Sénat a rendu aujourd'hui un rapport absolument
01:00 alarmant sur le trafic de drogue en France.
01:02 Le plan stup du gouvernement est famélique, c'est ce qu'écrivent les sénateurs.
01:07 On voit aujourd'hui des trafiquants prêts à tuer, capables de monter une expédition
01:11 en plein jour au milieu de témoins sur l'autoroute.
01:13 Quand les sénateurs disent en substance "aujourd'hui la France est submergée", on en a l'illustration
01:18 ce soir Laurent-Alexandre ?
01:19 Alors, on n'en a pas l'illustration.
01:22 On en voit les prémices.
01:23 Moi qui vis en Belgique, j'ai vu depuis 15 ans l'explosion du pouvoir des narco-trafiquants.
01:30 Les juges d'Anvers doivent être protégés par la sûreté en permanence parce qu'ils
01:35 sont menacés.
01:36 On s'est rendu compte qu'à Anvers, les dockers, les responsables de la sécurité
01:42 du port avaient d'immenses hôtels particuliers à Anvers.
01:45 Des magnifiques hôtels particuliers.
01:47 Parce qu'ils gagnent des millions.
01:48 Bien sûr pas en argent déclaré, mais au travers du trafic de drogue.
01:53 Des milliards et des milliards circulent au port d'Anvers et au port de Rotterdam.
01:57 Et la violence des gangs de narco-africains fait froid dans le dos.
02:02 Ils sont prêts à assassiner n'importe qui de façon extrêmement cruelle, extrêmement
02:07 horrible.
02:08 Et on aurait dû surveiller ce qui se passe en Belgique, à Anvers et aux Pays-Bas, à
02:12 Rotterdam depuis plus longtemps.
02:13 On ne l'a pas fait.
02:14 En Belgique et puis aux Pays-Bas, des membres de la famille royale ont été menacés par
02:20 les narco-trafiquants.
02:21 L'héritière du trône ne va plus à l'université, elle a cours au palais royal parce qu'elle
02:27 a été menacée par les narco-trafiquants.
02:29 Ce qui se passe en Belgique et aux Pays-Bas depuis 15 ans aurait dû être surveillé.
02:33 On n'y a pas cru.
02:34 On n'a pas vu arriver l'ultra-violence des gangs de narco.
02:38 Ils ont des milliards.
02:39 Ils peuvent acheter n'importe qui.
02:41 Ils peuvent avoir des complicités partout.
02:43 Ils peuvent corrompre dans la justice, dans la police, dans les ports.
02:46 C'est quelque chose d'extrêmement sérieux.
02:48 Les sénateurs ont raison.
02:50 Et il faut vraiment regarder chez nos deux voisins la gravité du pouvoir des gangs qui
02:55 sont en train de gangréner l'État, qui menacent même avec leurs milliards la démocratie.
03:01 C'est un avertissement, disent les sénateurs en quelque sorte aujourd'hui.
03:04 On n'en est pas encore à parler de narco-État dans notre pays.
03:07 Mais il y a une forme d'inquiétude dans ce rapport.
03:10 Vous la partagez Valérie Trierweiler ?
03:12 Oui, bien sûr.
03:13 D'abord, je voudrais avoir un mot pour les familles.
03:15 Parce que c'est terrible de savoir qu'il y a deux orphelins ce soir et un enfant à
03:19 naître qui ne connaîtra jamais son père.
03:21 Donc moi, je suis d'abord très émue pour la famille et pour l'ensemble de l'institution
03:27 pénitentiaire et des policiers qui sont aussi souvent menacés.
03:31 Dans ce que dit monsieur, c'est vrai, c'est un constat, mais il n'y a pas de solution
03:36 pour l'instant.
03:37 Vous n'en proposez pas.
03:38 Et je pense que personne ne l'a pour l'instant.
03:40 On a quand même une police aujourd'hui qui a des moyens d'enquête assez avancés.
03:47 Alors qu'est-ce qui se passe pour qu'aujourd'hui on ne mette pas la main sur ces narco-trafiquants ?
03:50 Est-ce qu'on a perdu trop de temps ? Est-ce qu'on a laissé faire parce que c'était
03:55 plus pratique d'avoir des quartiers entiers qui tenaient par la drogue ?
03:58 Et il faut admettre qu'aujourd'hui la drogue est partout et qu'elle pervertit tout un
04:03 système et qu'elle pervertit surtout la jeunesse.
04:05 Et je pense qu'il est temps de mettre des moyens pour arrêter.
04:10 Moi je pense que ce n'est pas le petit fumeur de joint qu'il faut traquer.
04:15 Ce n'est pas lui le problème.
04:17 Tous les fumeurs de joint ont du temps sur les mains, c'est ce que disait le préfet
04:21 de Bretagne.
04:22 Non, on ne peut pas dire les choses comme ça.
04:25 Mais il faut s'attaquer au plus gros.
04:27 C'est à la tête des réseaux qu'il faut s'attaquer.
04:29 Moi je n'ai pas la solution et je ne sais pas si quelqu'un l'a aujourd'hui en France.
04:32 Vous parlez de moyens, les sénateurs dans leur rapport disent "le plan stupéfait à
04:36 venir du gouvernement" je les cite et je cite ce terme parce qu'il est très fort,
04:39 "est indigent".
04:40 Pablo Piovivian, aujourd'hui le gouvernement n'a pas pris, en tout cas c'est ce que disaient
04:44 les sénateurs, la mesure du danger des moyens à investir.
04:47 Ils ont raison en quelque sorte les sénateurs ?
04:48 La question des moyens, enfin ce que pointent les sénateurs qui sont largement de droite
04:54 c'est de dire "en fait il faudrait investir encore plus dans la police, dans la politique
04:59 répressive à l'égard des narcotrafiquants".
05:01 Je pense que c'est une évidence qu'il faut, comme l'a dit très bien Valérie Trierweiler,
05:06 s'attaquer aux têtes de réseau.
05:08 Or aujourd'hui ce n'est pas ce qui est fait.
05:11 Aujourd'hui la réponse du pouvoir en place c'est de dire "on va faire des opérations
05:16 place nette".
05:17 C'est-à-dire en gros on arrive sur un territoire et là on arrête tout ce qui bouge de façon
05:22 assez, je ne dirais pas aléatoire parce que ce sont des gens qui participent aux trafics.
05:27 Efficacité limitée d'après le rapport en tout cas.
05:29 Limité c'est le mot sympathique parce qu'en fait efficacité nulle.
05:33 C'est-à-dire qu'on arrête en gros le mec, le gaiteur, le chauffeur, le je ne sais pas
05:37 quoi, le vendeur, mais on n'arrête certainement pas tout en haut de la hiérarchie de ce narcotrafic.
05:42 Donc la première chose à faire effectivement c'est cibler et trier le bon grain de livret
05:47 dans la façon dont on mène les opérations policières en leur donnant davantage de moyens,
05:52 mais pas davantage de moyens sur le sol pour que des gens patrouillent etc.
05:56 Pour aller s'attaquer par exemple au blanchiment d'argent, ce qui est visiblement l'angle
05:59 mort de notre politique aujourd'hui.
06:00 Exactement, le blanchiment d'argent, mais pour ça, ça veut dire que c'est de la police
06:03 spécialisée dont on a besoin.
06:05 Pas de bleus sur le terrain qui hélas ont une efficacité très très faible.
06:09 Les sénateurs proposent une D.I.E. à la française pour que l'OFAS, qui est l'office
06:15 aujourd'hui qui gère la lutte contre les stupéfiants, ait autorité sur les enquêtes,
06:19 sur les moyens.
06:20 La police, la gendarmerie, Gérald Darmanin qui sera l'invité de RTL demain à 7h40,
06:23 pour l'instant n'en veulent pas de cette solution.
06:25 Mais ça c'est une solution qui est pour le coup pas du tout idiote mais qui nécessite
06:28 des moyens très conséquents et surtout qui est orthogonal à la direction qui est actuellement
06:33 prise par le gouvernement et par Gérald Darmanin qui est de dire "on va mettre plus de gens
06:38 surarmés dans la rue".
06:39 Mais j'aimerais continuer parce qu'il y a d'autres choses à faire et notamment c'est
06:43 un directeur du CNRS qui a publié une tribune dans Le Monde ce matin qui s'appelle Sébastien
06:47 Rocher et qui est spécialiste de la question, qui met en avant l'expérience de Boston
06:50 où eux ils sont confrontés en fait à du narcotrafic très très important depuis
06:54 les années 80 et à partir de 96 ils ont mené des politiques.
06:58 Donc un, ils ont ciblé, comme je l'ai dit, les narcotraficants et pas les gens, les gaiters
07:02 etc. en bas des immeubles.
07:04 Deuxièmement, ils ont établi des contacts avec les dealers, c'est-à-dire que les pouvoirs
07:08 publics par les associations ou même parfois directement avec les petits trafiquants, ceux
07:13 qui n'étaient pas encore tombés dans la violence, ils ont établi des contacts pour
07:16 essayer de les sortir de leurs problèmes en leur trouvant notamment des logements,
07:20 en leur trouvant un travail etc.
07:22 Et la troisième chose c'est qu'ils ont soutenu, mais vraiment à gros renforts d'investissement,
07:28 les associations de quartiers pour aussi permettre en fait que se mette en place un écosystème
07:35 autour de ces quartiers qui sont souvent très délaissés à tout point de vue.
07:40 Les écoles sont dans un état lamentable, tous les services publics d'ailleurs sont
07:45 plus ou moins défaillants, les taux de chômage explosent etc.
07:49 Ils ont donné de l'argent aux associations pour essayer justement de sortir les jeunes,
07:54 ceux qui étaient "sortables" de cette situation.
07:57 Alors je vais poser là au milieu de la table ce débat qui va ressurgir fatalement dans
08:01 les jours qui viennent à chaque fois qu'on parle de narcotrafic et à chaque fois qu'il
08:04 y a malheureusement des morts.
08:06 Débat qui fait toujours polémique.
08:08 Est-ce que la légalisation du cannabis, sa vente encadrée, ce n'est pas aujourd'hui
08:12 l'une des solutions pour assécher le trafic ? Laurent Alexandre.
08:15 Je suis très partagé en tant que médecin, je connais les effets secondaires, j'ai
08:21 toujours interdit le hash à mes enfants, mais en tant que citoyen je ne peux que constater
08:26 que la dépénalisation du hashish s'impose aujourd'hui, mais il faut bien évidemment
08:32 une action de santé publique en parallèle parce que le hash est mauvais pour le cerveau
08:35 de nos enfants, ça diminue leur performance, ça diminue leur mémoire, ça les démotive
08:41 au travail, mais de maintenir la pénalisation n'est pas tenable, je pense qu'il faut
08:46 imiter nos voisins qui ont dépénalisé parce qu'aujourd'hui cela favorise plutôt les
08:52 narcotrafiquants de pénaliser, donc je pense, même si je suis défavorable à l'utilisation
08:59 du hashish, qu'il faut dépénaliser aujourd'hui.
09:01 Valérie Trier-Waller.
09:02 Je pense aussi, sauf que est-ce que c'est le vrai débat ? La marijuana aujourd'hui
09:05 je pense qu'on parle de drogue beaucoup plus dure, on parle de cocaïne, on parle de...
09:09 bon je ne suis pas experte en la matière, mais on parle de toutes sortes de drogues,
09:14 chimiques, puisque vous parliez l'un de la Belgique et l'autre de Boston, peut-être
09:19 il est temps de faire un sommet international sur comment les pays peuvent s'attaquer ensemble
09:24 parce que la drogue elle vient de quelque part, elle vient en général de l'étranger,
09:29 elle passe par la Belgique, elle passe, souvent elle vient d'Amérique du Sud ou d'ailleurs.
09:33 Ou du Maroc.
09:34 Ou du Maroc, peut-être qu'il est temps de faire vraiment un G20, un G40, je ne sais
09:39 pas, de la drogue pour que vous trouviez...
09:41 Vraiment c'est en train de ruiner toute la jeunesse du monde entier.
09:45 Les Etats-Unis ont dépensé des milliards, l'administration américaine de la drogue
09:49 a dépensé des milliards pour couper les sources d'approvisionnement de Colombie.
09:53 Oui mais ça ne va pas du tout.
09:54 Ça a été un échec catastrophique, c'est-à-dire qu'après des milliards investis pour couper
09:58 les routes de la cocaïne de Colombie vers les Etats-Unis, il y avait, après ces milliards
10:03 investis, encore plus de drogue qui venait de Colombie qu'avant.
10:06 Donc en réalité, les grandes actions pour couper la route de la drogue jusqu'à présent,
10:11 ça a toujours échoué.
10:12 La légalisation, Pablo Piovivien ?
10:13 Oui, moi je suis assez d'accord avec ce qui vient d'être dit, désolé de ne pas être
10:17 dans la contradiction.
10:18 Mais ça arrive parfois.
10:20 Mais ça arrive, tout le monde est d'accord.
10:22 Mais d'ailleurs, sur la question de la marijuana, globalement, je pense qu'en France, l'opinion
10:27 publique, et d'ailleurs les sondages le disent, les études d'opinion le disent, les Français
10:32 et les Françaises sont plutôt pour la légalisation, même pas que la dépénalisation, pour la
10:36 légalisation du cannabis.
10:38 Après, le problème c'est que, comme l'a très bien dit…
10:40 La différence entre légalisation et dépénalisation, je me permets, c'est que légalisation, ça
10:44 veut dire une vente encadrée, donc des recettes pour l'Etat et un contrôle du produit aussi.
10:49 Exactement, et un contrôle des approvisionnements.
10:51 Et tout le problème, et dont on n'a pas parlé ici, c'est qu'effectivement, en France,
10:56 ça crée de la violence et de la mort, tous ces narcotrafics.
11:00 Mais alors, je ne vous raconte pas, quand on est de l'autre côté de l'Atlantique,
11:04 là aussi ça produit de la violence, de la mort, dans des proportions qui sont d'ailleurs
11:08 autrement plus problématiques et dramatiques qu'en France.
11:12 Vous allez dans les pays qui sont les producteurs de cocaïne, c'est compliqué.
11:18 Et là, on peut parler…
11:20 Mais ce n'est pas le marché du H.
11:21 Non, voilà, on est sur une drogue beaucoup plus difficile.
11:24 On est sur la coque.
11:25 Valérie Triaveller, Pablo Pio, Vivien, Laurent Alexandre, vous restez autour de la table,
11:29 les grands débats de RTL Bonsoir continuent, c'est jusqu'à 20h, on va changer de sujet
11:32 et accueillir notre invité dans un instant, Thierry Marx, chef étoilé, futur porteur
11:37 de flamme olympique.
11:38 On va se demander avec lui s'il faut se réjouir avant les JO parce qu'on manque visiblement
11:42 de personnel dans nos hôtels et nos restaurants, j'en m'en étouffe.
11:45 Et Thierry Marx publie aussi un guide de recettes pour mieux manger sans se ruiner.
11:49 Donc on va se pencher sur nos assiettes à l'heure du dîner également.
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