Croissance, retraite des cheminots, manifestations à Sciences Po... L'interview de Bruno Le Maire en intégralité

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Apolline de Malherbe reçoit Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, dans "Face-à-Face" sur BFMTV et RMC, ce jeudi 2 mai 2024.

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Transcript
00:00 Il est 8h30 et vous êtes bien sur AMC et BFM TV. Bonjour Bruno Le Maire.
00:04 Bonjour Président Malerme.
00:05 Vous êtes le ministre de l'économie, des finances, de la souveraineté industrielle et numérique.
00:09 Eh bien dis donc, ça fait trois mois que je vous attends, que je vous invitais régulièrement, que vous aviez toujours une bonne excuse.
00:15 Vous venez enfin.
00:16 Je travaille vous savez.
00:17 Oui, c'est peut-être parce qu'il y a des bonnes nouvelles surtout. Non ?
00:19 Non, c'est parce que je travaille que les bonnes nouvelles, elles ne tombent pas du ciel.
00:22 Les bonnes nouvelles, elles viennent du travail qui a été fait par le gouvernement, la majorité, le président de la République.
00:27 Donc oui, nous sommes pour la cinquième année consécutive la nation la plus attractive pour les investissements étrangers en Europe.
00:35 C'est le dernier baromètre qui est tombé ce matin.
00:37 Et je pense qu'au bout de cinq fois, on peut reconnaître que ce n'est plus le hasard.
00:42 C'est le résultat de la politique de l'offre qui a été menée par le gouvernement depuis sept ans et que nous continuerons à maintenir parce qu'elle donne des résultats très concrets.
00:50 C'est 40 000 emplois partout dans les territoires, partout dans les régions pour nos compatriotes.
00:55 C'est des usines qui ouvrent, des usines qui s'agrandissent.
00:58 C'est des perspectives de prospérité pour tous nos compatriotes.
01:01 C'est ça que veut dire ce baromètre.
01:03 Ça veut dire du travail et de l'activité pour tous les Français sur tout le territoire.
01:08 Et c'est le résultat de notre politique économique.
01:10 Et puisqu'on est sur les bonnes nouvelles, on va quand même en profiter.
01:13 Il y a eu l'agence de notation Moody's.
01:15 Son verdict était attendu et surtout redouté.
01:19 Finalement, la note de la France n'a pas été dégradée.
01:22 Il y a la croissance du premier trimestre qui n'est finalement pas si mauvaise
01:26 puisque l'on gagne 0,2% en plus de cette information sur le fait que la France est donc restée le pays d'Europe qui attire le plus d'investisseurs étrangers.
01:35 Globalement, vous vous dites que peut-être qu'on repart dans la bonne direction ?
01:39 Mais je n'ai jamais douté que nous étions dans la bonne direction et que notre politique économique était la bonne.
01:44 La politique de soutien aux salariés, valorisation du travail, de soutien aux entreprises.
01:49 Oui, la croissance est là. 0,2% au premier trimestre.
01:53 Ceux qui sont insincères, c'est les prévisionnistes qui ont dit qu'il n'y aurait pas de croissance.
01:57 On accuse le gouvernement d'insincérité.
02:00 D'optimisme excessif sans doute.
02:02 Oui, mais on est là pour être optimiste et volontariste, pas pour jeter des sacs de sang sur la tête des Français.
02:07 Comme beaucoup le font matin, midi et soir parce que c'est leur fond de commerce électoral.
02:11 Ce décadentisme permanent, cette idée que les Français n'y arrivent pas alors qu'ils réussissent remarquablement bien.
02:17 Nous avions dit en 2023 qu'il y aura un point de croissance.
02:20 On a fait 0,9%. C'est le gouvernement qui était le plus sincère.
02:23 Je dis depuis des semaines, sous une volée de critiques et de bois verts, que nous aurons de la croissance.
02:30 Que nous aurons une année 2024 qui sera solide.
02:33 Certains prévisionnistes diraient que ce sera 0,5% au maximum. On a déjà 0,5%.
02:38 Donc vous maintenez votre prévision d'un pourcent de croissance pour 2024 ?
02:42 Notre prévision de croissance, dont la crédibilité vient d'être confortée par ce chiffre de l'INSEE 0,2.
02:49 Je ne dis pas que c'est suffisant, je ne dis pas qu'on ne peut pas faire mieux.
02:52 Je dis juste que la France est dans la bonne direction, que son économie est solide.
02:56 Et qu'il serait bon surtout de changer d'état d'esprit.
02:59 Que ce pessimisme permanent, je vois tous ceux qui avaient déjà le sourire au lèvre en se disant "Moody's et Fitch vont dégrader la note".
03:07 Mais qu'est-ce que c'est que cette façon de se réjouir sur les malheurs du pays ?
03:11 Est-ce qu'il ne faudrait pas changer radicalement d'état d'esprit ?
03:14 Avoir un état d'esprit optimiste, volontariste ?
03:16 Oui, Moody's et Fitch ont maintenu la note de la France. Pourquoi ?
03:19 Parce qu'ils croient dans la crédibilité de la stratégie de rétablissement des finances publiques du pays.
03:25 Et parce qu'ils croient dans la puissance de l'économie française.
03:29 Il reste d'ailleurs une troisième agence de notation qui doit donner son verdict d'ici un mois, Standard & Poor's.
03:37 Vous êtes à peu près aussi optimiste ?
03:39 Nous verrons, mais ce n'est pas uniquement une question d'optimisme.
03:44 C'est du travail, c'est de la volonté, ces chiffres de croissance.
03:48 0,2, une croissance qui a été maintenue en 1923, pas de récession.
03:51 Une croissance en 1924 qui est solide et qui sera encore plus solide en 1925 et en 1926.
03:55 Ces emplois qui ont été créés, ce classement de la France comme nation la plus attractive.
04:01 Tout ça, c'est le fruit de tout le travail des salariés, des chefs d'entreprise, des patrons de PME, des patrons de TPE,
04:08 des commerçants, des artisans.
04:10 Moi, je veux leur tirer mon chapeau ce matin et leur dire, vous avez bien raison,
04:14 contre un état d'esprit sombre, de continuer à faire preuve de volonté.
04:19 Vous avez l'air de dire que face à vous, il y aurait tous les pessimistes,
04:23 voire même les pessimistes un peu gargamel qui se réjouissent du fait que ça arrive.
04:27 Il suffit d'allumer sa télévision, de consulter ses réseaux sociaux, de la faire l'opére.
04:32 Vous êtes encore à la faute des journalistes ?
04:33 Non, absolument pas. J'accuse jamais les journalistes.
04:35 Jamais. Ce n'est pas ma pratique démocratique.
04:38 Mais quand j'écoute La France Insoumise, quand j'écoute le Rassemblement National,
04:41 quand j'écoute certaines oppositions, ils n'ont que la critique à la bouche,
04:45 pas contre moi, ça c'est le jeu démocratique, contre les Français.
04:48 Quand on dit qu'il va y avoir une récession, c'est contre le travail des Français qu'on s'exprime.
04:53 Quand on fait preuve de trop de pessimisme, qu'on n'arrête pas de parler de décadence,
04:57 il s'était mieux avant, on n'est pas dans la bonne direction, ça va mal se passer.
05:00 On joue avec les peurs des Français.
05:02 Je comprends bien, mais Bruno Le Maire, il y a un moment où vous avez quand même tiré le signal d'alarme,
05:05 vous-même, de manière très solennelle, un soir, à 20h, en disant...
05:09 Mais sur les finances publiques, bien sûr !
05:10 En disant, il manque de l'argent, il faut trouver en urgence 10 milliards,
05:14 puis vous-même vous êtes revenu, disant, finalement, il va peut-être même falloir 10 milliards de plus.
05:18 Et puis votre ministre du budget qui dit peut-être 20 milliards l'an prochain,
05:21 le président de la Cour des comptes qui dit il va falloir 50 milliards,
05:25 enfin moi je veux bien, ceux qui sont peut-être un peu négatifs aujourd'hui, c'est vous.
05:28 Non, ne confondez pas deux choses très différentes. Il y a deux façons de faire la politique.
05:31 On comprend qu'on s'en inquiète quand on vous entend.
05:32 On peut faire de la politique avec le sens des responsabilités ou en jouant avec les peurs des Français.
05:37 Je trouve qu'aujourd'hui, dans le débat politique,
05:39 beaucoup trop de responsables politiques, qui sont irresponsables en le faisant,
05:43 jouent sur la peur des Français, sur la peur de déclassement, sur la peur de relégation,
05:48 alors que nous sortons d'une des crises économiques les plus graves que nous ayons connues depuis un siècle, le Covid,
05:54 que nous sortons de la crise inflationniste la plus grave depuis les années 70,
05:57 et que la France s'en sort remarquablement bien grâce au travail, une fois encore, des Français,
06:03 je pense que ça mérite d'être salué.
06:04 Moi, ma responsabilité des ministres des Finances, c'est effectivement de dire,
06:07 écoutez, là, il y a eu une difficulté sur les recettes en 2023.
06:12 Elles ont été moins bonnes que prévues. On corrige.
06:15 Ce n'est pas jouer avec les peurs, c'est faire preuve de sens des responsabilités.
06:18 Et on va rentrer dans le détail. Il y a beaucoup de questions à vous poser.
06:21 D'abord, sur effectivement ces économies. Je n'y suis plus très bien.
06:25 Vous aviez dit 10 milliards, vous avez redit 10 milliards.
06:27 Est-ce qu'aujourd'hui, on cherche 20 milliards pour 2024 ? Mes comptes sont bons ?
06:30 On a déjà trouvé 10 milliards d'euros. C'est le décret que nous avons signé le 21 février avec le Premier ministre.
06:37 Puis, il faut trouver 10 milliards d'euros supplémentaires.
06:40 Nous y travaillons avec le ministre des Comptes publics et là, les comptes sont bons.
06:43 Alors, attendez, vous avez dit on a déjà trouvé 10 milliards. Dans ces 10 milliards, si je me souviens bien,
06:46 il y en avait une partie qui était que vous demandez à chacun des ministères de faire des économies.
06:52 Quand je regarde ce qui s'est passé au ministère de l'Éducation nationale hier,
06:55 vous avez demandé à tous les ministères de faire des économies et au ministère de l'Éducation de faire aux alentours de 700 millions.
07:02 J'ai bon ?
07:03 Oui, tout à fait.
07:04 Le ministère de l'Éducation a donc regardé dans ce qui lui coûte et a demandé au recteur, au recteur d'académie,
07:10 de supprimer un tiers des heures supplémentaires des professeurs pour économiser tout de suite 100 millions d'euros.
07:16 Tollé, reculade, c'est abandonné.
07:18 Et contrairement...
07:19 Donc quand vous dites on a trouvé les sous, en fait non.
07:22 Quand on va en bas de la ligne, ils ne sont pas trouvés. Vous, vous avez dit on arrête.
07:26 Contrairement à ce que j'entends trop souvent, Bercy ne décide pas de tout.
07:30 Les économies et décidences laissent la liberté totale à chaque ministre de décider où il fond les économies.
07:37 Il y en a un montage qui est rendu avec le Premier ministre sur le montant global d'économies.
07:41 Quand ils tentent de faire des économies, ça ne passe pas.
07:42 On a déjà mis en place les 10 premiers milliards. On a, par exemple, réduit l'aide publique au développement.
07:48 On a dit voilà, les temps sont durs.
07:50 On ne peut pas aider autant qu'on le souhaiterait les pays qui sont aujourd'hui les plus pauvres de la planète.
07:54 Donc on va économiser 800 millions d'euros sur l'aide publique au développement.
07:58 Et ainsi de suite pour arriver aux 10 milliards d'euros d'économies.
08:00 Donc vous faites confiance. En gros, vous dites ça, je m'en lave les mains.
08:02 Moi, je leur ai demandé de faire des économies. Maintenant, à eux de se débrouiller.
08:04 Mais c'est à eux de discuter avec nous et de dire voilà où nous voulons faire les économies.
08:09 Mais là, c'est 100 millions, par exemple, puisqu'ils ne les font pas.
08:11 Les ministres, comme la ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet, je lui fais une confiance totale,
08:16 ont la responsabilité de trouver les économies là où ils estiment que c'est le plus juste.
08:20 Mais non, ce n'est pas théorique, c'est très pratique.
08:22 C'est un qui sort au contact de leurs administrations et qui dit écoutez, là c'est possible, là c'est plus difficile.
08:30 Ils ont une marge de manœuvre.
08:32 Un ministre, il a la responsabilité de son administration, de son budget.
08:36 On lui dit votre budget est réduit, à vous de trouver les économies nécessaires.
08:39 Donc il va falloir qu'il trouve ses 100 millions ailleurs.
08:41 20 milliards d'euros d'économies de différence avec le budget que vous aviez prévu.
08:45 Et pourtant, pas de rectificatif budgétaire.
08:48 Ça passe.
08:49 Le rectificatif budgétaire, c'est des décisions que nous prenons actuellement.
08:52 C'est bizarre quand même.
08:53 Vous voulez dire pas de loi de finance rectificative ?
08:55 Politiquement, c'est quand même bizarre de ne pas retourner.
08:58 Vous avez discuté d'un budget avec les députés.
09:03 Vous faites finalement 20 milliards de différence par rapport à ce budget qu'ils ont signé,
09:08 qui finalement a été adopté.
09:10 Et vous ne retournez pas devant l'Assemblée nationale.
09:12 Mais nous avons la possibilité de le faire par décret.
09:15 Donc nous le faisons par décret.
09:16 Le choix a été pris, la décision a été prise par le président de la République
09:21 de faire ses économies par voie réglementaire.
09:24 Est-ce que pour autant, ça réduit le débat parlementaire ?
09:27 On comprend quand même en creux Bruno Le Maire que le président a décidé.
09:31 Poliment, vous dites "c'est sa décision, je m'y range".
09:34 C'est vrai que comme ministre des Finances, la seule chose qui m'intéresse,
09:37 c'est qu'au bout du compte, on ait rétabli les comptes de la nation.
09:42 On soit sous les 3% de déficit public en 2027
09:46 et que nous accélérions le désendettement de la France.
09:49 Est-ce qu'il y a un débat ?
09:50 Bien sûr qu'il y a un débat.
09:51 Lundi, j'étais à l'Assemblée nationale.
09:52 Nous avons eu un débat avec les forces d'opposition.
09:54 Mardi, j'étais au Sénat.
09:56 Il y a eu un débat avec les forces d'opposition.
09:58 Et d'ailleurs, plutôt que de s'écharper sur le véhicule par lequel on va faire ses économies,
10:03 j'ai tendu la main et je tends la main.
10:05 On va préciser les choses pour que tout le monde le comprenne bien.
10:08 En réalité, ce qui se joue là, c'est la question de la sincérité ou de l'insincérité d'un budget
10:12 ou de la rectification d'un budget a posteriori.
10:15 J'entends très bien la politique de Badiène.
10:17 Il faut encore.
10:18 Sur la sincérité, ne faisons pas.
10:21 Si vous venez devant l'Assemblée nationale avec votre budget rectificatif,
10:25 avec cette loi de finances rectificative, nous déposerons une motion de censure
10:29 qui sera vraisemblablement signée par les autres oppositions.
10:32 Et donc le gouvernement tombe.
10:34 Je vous avouerai, ce n'est pas la meilleure incitation à faire une loi de finances rectificative.
10:37 Si on vous dit, si vous déposez une loi de finances rectificative, on renverse le gouvernement.
10:41 Ce n'est pas une incitation.
10:42 Allez dans cette direction-là.
10:44 Mais peu importe.
10:45 La seule chose qui compte pour la nation, l'intérêt supérieur de la nation, c'est le rétablissement.
10:50 Écoutez, moi, je ne me dérobe jamais.
10:51 Ce n'est pas du tout mon genre de beauté.
10:54 La seule chose qui compte pour moi, c'est que les comptes soient rétablis,
11:00 qu'ils soient rétablis dans un dialogue démocratique avec les forces d'opposition.
11:04 Je leur ai tendu la main lundi à l'Assemblée, mardi au Sénat,
11:07 et je continue à leur tendre la main en leur disant,
11:09 l'intérêt supérieur de la nation pour protéger les Français demain,
11:12 s'il y a un nouveau Covid, s'il y a une crise géopolitique,
11:14 c'est que les comptes soient rétablis et qu'on ait les réserves financières pour protéger les Français.
11:19 Travaillons ensemble.
11:21 Je le redis ce matin à votre micro, à toutes les forces d'opposition,
11:24 travaillons ensemble à ce rétablissement des comptes.
11:27 Parmi les économies et les pistes pour faire encore des économies,
11:31 pour réduire les dépenses, il y a l'idée de réformer l'assurance chômage.
11:35 Et dans le même temps, on a la SNCF,
11:40 entreprise dont le capital est à 100% détenu par l'État,
11:44 qui accepte dans une négociation avec ses salariés,
11:48 de revenir en gros sur les effets de la réforme des retraites.
11:51 Vous avez bataillé sur cette réforme des retraites.
11:53 Vous nous avez dit à nous tous, Français,
11:55 qu'il fallait faire des efforts, qu'il fallait travailler plus longtemps,
11:58 que le compte n'y était pas.
12:00 Et pendant ce temps-là, à la SNCF, ils ont obtenu de partir deux ans avant l'âge légal,
12:04 18 mois avant l'âge légal, précisément, avec 75% de leur salaire.
12:07 Vous trouvez ça normal ?
12:09 C'est pour ça que cet accord n'est pas satisfaisant à mes yeux,
12:13 et qu'il y a eu un dysfonctionnement.
12:15 J'ai en partie, avec d'autres, la tutelle de la SNCF,
12:19 notamment la tutelle financière.
12:21 Un accord est signé qui engage, effectivement, les équilibres de la réforme des retraites,
12:25 les équilibres financiers de la SNCF.
12:27 Je n'ai pas été averti.
12:29 Alors, je reconnais bien volontiers que c'est au président-directeur général de la SNCF
12:34 de gérer les relations avec les organisations syndicales,
12:38 mais le ministre de tutelle, un des ministres de tutelle, doit être tenu au courant.
12:43 J'ai donc convoqué le président-directeur général de la SNCF
12:46 pour qu'il me rende des comptes sur cet accord,
12:48 qui donne un sentiment de deux poids deux mesures,
12:51 qui est très provoquant pour beaucoup de nos compatriotes
12:56 qui travaillent dur et qui ont accepté la réforme des retraites,
12:59 et qui voient que cette réforme des retraites est nécessaire,
13:02 précisément pour financer notre régime de retraite,
13:05 par répartition, par solidarité.
13:07 Donc, j'ai convoqué M. Farandou, et je tiens à ce qu'il m'explique
13:10 comment est-ce qu'il finance cet accord qu'il a conclu avec les syndicats,
13:13 sans, une fois encore, que nous soyons avertis, dans les tout prochains jours.
13:17 Et s'il n'a pas une explication qui vous paraît suffisamment à la hauteur ?
13:21 J'attends une explication convaincante, et je veux régler un dysfonctionnement.
13:26 Mais est-ce que ça veut dire, Bruno Le Maire, que vous pourriez,
13:28 en tant que justement tutelle de la SNCF, dire "cet accord, on n'est pas d'accord" ?
13:32 Je vais écouter les explications du président-directeur général de la SNCF,
13:36 mais la démocratie pour moi c'est la transparence.
13:39 Je ne vais pas vous dire "j'ai été informé, c'est pas mal".
13:42 Non, voilà, le ministre de tutelle, un des ministres de tutelle,
13:45 n'a pas été informé, il apprend cet accord,
13:48 cet accord ne me paraît pas satisfaisant, il pose des problèmes financiers.
13:53 Je rappelle que nous avons trouvé 35 milliards d'euros, il y a quelques années,
13:57 lorsque la SNCF avait besoin de rééquilibrer ses comptes,
14:00 je suis en droit de demander des comptes aussi.
14:02 Mais est-ce que, je vous repose la question,
14:04 est-ce que vous avez les moyens, Bruno Le Maire, de revenir sur cet accord ?
14:06 Je tiens à connaître les moyens de financement de cet accord.
14:09 Le président-directeur général de la SNCF doit nous rendre des comptes.
14:14 Total Energy pourrait battre Pavillon Américain.
14:18 Le patron de Total a laissé entendre qu'il pourrait faire de Wall Street
14:22 sa place de cotation principale.
14:25 Le journal Les Échos parle même d'une distance croissante
14:28 entre les champions du CAC 40 et l'Hexagone.
14:31 Total, j'ai quand même plusieurs questions à vous poser,
14:33 parce qu'on sent bien qu'il y a eu une forme de bras de fer,
14:35 quand même parfois, de soutien, souvent, mais aussi de bras de fer,
14:38 quand vous avez estimé que Total n'avait pas joué le jeu.
14:41 Et là, ils envisagent ce projet, partir quand même pour une cotation américaine.
14:47 D'abord, est-ce que vous prenez ce projet au sérieux ?
14:49 Bien sûr que je prends ce projet au sérieux.
14:51 Est-ce que vous le redoutez ?
14:52 Pas là pour redouter, je suis là pour faire en sorte que ça n'ait pas lieu.
14:56 Parce que je pense que c'est une décision qui est grave.
14:58 Nous avons besoin de Total.
15:00 J'ai eu l'occasion, à plusieurs reprises, de dire à quel point c'était un atout pour la France
15:04 d'avoir une grande compagnie pétrolière comme Total,
15:07 avec, par exemple, lorsqu'il y a des prix de l'énergie qui explosent,
15:10 des prix des carburants qui explosent,
15:12 un géant de la distribution et de la distribution de pétrole, d'essence ou de diesel,
15:18 qui dit "je vais plafonner à moins de 2 euros le prix du carburant à la pompe".
15:24 Si vous n'avez pas Total, vous ne pouvez pas le faire.
15:25 Donc c'est important de garder Total.
15:27 C'est important de garder le siège social de Total en France.
15:31 Et c'est important que la cotation principale de Total reste en France.
15:36 Ils vous entendent ? Ils vous écoutent ?
15:38 Est-ce qu'il n'y a pas entre vous une forme presque de provoque, de chantage ?
15:44 Au fond, c'est un peu une manière de vous dire "écoutez, lâchez-moi".
15:47 Non, ce n'est pas comme ça que doivent fonctionner les relations entre le ministre de l'Économie et des Finances.
15:54 Je veux bien croire que ce n'est pas comme ça que ça doit fonctionner,
15:55 mais est-ce que ce n'est pas comme ça que ça fonctionne ?
15:57 Et un dirigeant d'une entreprise aussi importante que Total,
16:00 ce qui doit nous guider, comme pour les finances publiques, comme pour l'économie,
16:04 c'est l'intérêt supérieur de la nation.
16:06 Est-ce que l'intérêt supérieur de la nation est de garder le siège social de Total en France
16:11 et la cotation principale de Total en France ?
16:13 Oui.
16:14 Et donc je me battrai pour ça, parce que c'est l'intérêt supérieur des Français.
16:18 De quoi est-ce que Total a besoin ?
16:20 Total a besoin de financement.
16:22 Je pense que la meilleure façon de répondre aux besoins de Total,
16:24 c'est de mettre en place, ce pour quoi nous nous battons avec le président de la République,
16:27 l'union des marchés de capitaux.
16:29 Mais est-ce que ce n'est pas une manière de vous dire "n'envisagez même pas la taxe sur les superprofits" ?
16:32 Non, mais Total me dit que la taxation sur les superprofits,
16:36 en l'espèce c'est une taxation sur les rachats d'actions que nous envisageons de mettre en place,
16:40 je pense qu'on peut le dissocier de cette question de la cotation
16:44 et de la présence de Total en France avec son siège social.
16:47 Total me dit "nous avons un problème de financement, nous n'arrivons pas à trouver de financement".
16:51 Ma réponse est "nous allons mettre en place une union des marchés de capitaux
16:55 pour que vous puissiez lever des sommes beaucoup plus importantes à l'échelle européenne
17:00 pour vos activités, notamment vos activités dans la transition énergétique,
17:04 nous ferons cette union des marchés de capitaux, vous pourrez lever l'argent nécessaire,
17:08 donc vous n'avez plus de raison d'aller vous faire coter à New York".
17:11 Il y a un des sous-traitants de Stellantis, MA France,
17:13 qui fabrique des châssis et des cabines qui risquent le dépôt de bilan.
17:17 Stellantis, dont le patron est quand même rémunéré 36,5 millions d'euros,
17:21 on l'a appris la semaine dernière, qui délocalise donc cet équipementier en Turquie,
17:26 parce que ce serait moins cher là-bas. Est-ce que vous trouvez ça normal ?
17:29 Je réunirais toute l'industrie automobile, toute la filière automobile lundi,
17:33 avec le ministre de l'Industrie Roland Lescure.
17:35 Cette industrie traverse une phase qui est difficile,
17:38 la transition du véhicule thermique au véhicule électrique,
17:42 une transition comme ça, il en arrive une fois par siècle,
17:45 je veux accompagner la filière automobile comme je le fais depuis maintenant sept ans.
17:49 Et pour accompagner la filière automobile, il faut que chacun joue le jeu,
17:53 et que les grands donneurs d'ordre, que ce soit Stellantis et Renault,
17:56 fassent une attention beaucoup plus forte à leurs sous-traitants
17:59 et à la situation de leurs sous-traitants.
18:01 Ça fera partie des discussions que nous allons mêler.
18:03 Vous estimez donc qu'ils ne doivent pas lâcher M.A. France ?
18:05 J'estime que les donneurs d'ordre, Stellantis et Renault,
18:07 dans cette période de transition qui est très brutale, très rapide,
18:10 où la compétition est féroce, notamment avec la Chine,
18:13 doivent faire attention à leurs sous-traitants.
18:15 Ça a toujours été ma ligne de politique économique,
18:18 que ce soit sur l'aéronautique, sur l'énergie, sur l'industrie automobile,
18:22 les grands doivent faire attention aux petits.
18:24 M.Laurey dit aussi qu'il va lancer une nouvelle usine de méga-factory de batteries.
18:31 Je ne vais pas vous annoncer toutes les bonnes nouvelles ce matin.
18:33 Je vais en garder encore quelques-unes pour les semaines à venir.
18:37 Mais celle-là, je comprends bien qu'elle est dans votre manche.
18:39 Vous verrez.
18:40 Elle est dans votre manche.
18:41 Vous verrez, il y a des présidents de régions qui sont très impliqués,
18:43 des présidents de la région bretale, des présidents de la région grand-est,
18:46 et je salue leur implication, parce qu'on a beaucoup travaillé ensemble
18:49 depuis des mois sur ce projet.
18:51 Laissez-nous encore un peu de temps.
18:54 La super nouvelle est dans la manche, mais vous attendez un peu pour la donner plus officiellement.
18:59 Atos, qui est chargé d'une partie de la cybersécurité des Jeux olympiques,
19:02 notamment, Atos en très grande difficulté,
19:04 vous avez annoncé que vous proposiez de racheter les activités les plus sensibles,
19:09 les plus sensibles notamment sur la question du nucléaire
19:11 ou sur la question en effet de la cybersécurité.
19:13 On en est où ?
19:14 J'ai déposé une lettre d'intention le week-end dernier,
19:17 ce qui veut dire que nous protégerons, comme je l'ai toujours indiqué,
19:20 toutes les activités stratégiques d'Atos,
19:23 que ce soit sur la cybersécurité, sur les supercalculateurs ou dans le domaine nucléaire.
19:28 Et je tiens à dire face aux critiques, nous avons fait ça au bon moment.
19:31 Certains ont dit qu'il fallait agir beaucoup plus tôt.
19:33 Agir beaucoup plus tôt, ça veut dire quoi ?
19:34 Ça veut dire que l'État éponge les dettes à la place des créanciers ou des actionnaires.
19:40 Très franchement, le contribuable, si on était intervenu beaucoup plus tôt,
19:43 il serait fondé à dire "Mais monsieur le maire,
19:45 pourquoi est-ce que vous épongez les dettes à la place des banques, des créanciers ou des actionnaires ?
19:49 J'interviens au bon moment, quand c'est nécessaire,
19:52 pour protéger sans dilapider l'argent du contribuable."
19:55 Bruno Le Maire, vous avez entendu les mots qui ont été lancés à l'endroit de Raphaël Glucksmann
19:58 dans les cortèges des manifestations du 1er mai ?
20:00 "Casse-toi", "Palestine vivra", "PS salaud".
20:03 Comment vous voyez ce moment politique ?
20:07 C'est pathétique.
20:10 C'est pathétique de la part de tous ceux qui prononcent ces mots.
20:14 J'apporte évidemment mon soutien à Raphaël Glucksmann dans ce qu'il a vécu il y a quelques heures.
20:20 Cette violence n'a pas sa place dans le débat public,
20:23 mais dans le fond, ça dévoile aussi le vrai visage de la France insoumise.
20:27 Cet événement, comme d'autres depuis des semaines et des mois,
20:30 la France insoumise, c'est à la fois la France intolérante et la France islamiste.
20:35 Voilà ce qu'est devenu la France insoumise.
20:37 Un parti intolérant qui, lorsqu'il voit qu'il perd pied, devient brutal, violent.
20:43 On l'avait déjà vu dans l'attitude de M. Mélenchon il y a quelques années.
20:47 Et la France insoumise, c'est aussi la France islamiste,
20:49 parce qu'il récupère la colère sur Gaza, l'inquiétude sur Gaza,
20:55 qui peut être légitime, on est tous bouleversés par ce qui se passe à Gaza,
20:59 pour défendre des positions politiques de séparatisme,
21:03 de valorisation de l'islam le plus radical,
21:05 au détriment d'ailleurs de beaucoup de nos compatriotes musulmans
21:07 qui voient ça avec beaucoup d'effroi,
21:09 parce qu'ils savent que ça va se retourner contre eux.
21:11 Donc tout cela est condamnable,
21:13 tout cela doit être combattu avec la plus grande fermeté et le plus grand cadre.
21:17 Il y aura tout à l'heure à 10h une réunion à l'École de Sciences politiques de Paris,
21:22 à l'Institut d'École de Sciences politiques de Paris,
21:24 à 10h avec à la fois les professeurs, la direction, les étudiants,
21:28 tous les étudiants seront invités,
21:31 des différents obédients si je puis me permettre,
21:33 puisque désormais chacun est un peu dans sa case.
21:35 Qu'est-ce que vous en attendez ? Est-ce que vous en espérez quelque chose ?
21:37 Le regard de Gabriel Attal sur la situation de blocage de la semaine dernière
21:40 a été très dur.
21:42 Est-ce que vous aussi vous estimez que ce qui se passe à Sciences Po est néfaste ?
21:46 Une école c'est fait pour étudier et débattre.
21:51 Ce n'est pas fait pour avoir des confrontations violentes
21:54 comme celles qu'on voit sur les campus américains.
21:56 Qu'est-ce qu'on veut ?
21:57 Que la violence qu'on voit sur les campus américains arrive en France ?
22:01 Ou est-ce qu'on veut que la France reste une nation de lumière,
22:03 de science, de savoir, d'études, de débats, de tolérance ?
22:08 C'est ça qui se joue actuellement.
22:10 Donc tous ceux qui croient et qui sont l'immense majorité des étudiants,
22:14 évidemment, dans le débat, dans le savoir, dans l'échange d'idées,
22:17 dans la confrontation des idées, doivent respecter les idées des autres,
22:21 admettre le débat et refuser toute forme de violence,
22:25 toute forme d'intimidation, toute forme de blocus.
22:29 L'université c'est libre.
22:31 Ce n'est pas fait pour être bloqué.
22:32 D'ailleurs ça s'appelle l'Institut libre d'études politiques.
22:36 Bruno Le Maire, merci d'être venu répondre à mes questions.
22:38 Vous êtes le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.
22:41 Il est 8h52 sur RMC BFM TV.

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