Alexander Djiku était mercredi l'invité de « L'Équipe de Greg ». L'international ghanéen est revenu sur les graves incidents survenus lors du choc entre Trabzonspor et Fenerbahçe.
00:00 Avec nous ce soir Alexandre Djikou. Bonsoir Alexandre, merci d'avoir répondu à notre invitation, merci de venir témoigner.
00:06 Alors ça fait un peu scoop journalistique mais j'allais dire pour la première fois depuis les incidents en exclusivité dans l'équipe de Greg,
00:12 on est très heureux de vous accueillir même si on aurait aimé vous accueillir dans d'autres circonstances.
00:16 Ma première question est très simple, quelques jours après comment allez-vous ?
00:20 Bonsoir à tous. Ça va un petit peu mieux parce qu'on va dire que c'est un petit peu retombé.
00:28 Mais bon après on a vu que c'est des incidents très très graves.
00:32 Donc je peux pouvoir vous expliquer comment ça s'est passé, comment ça s'est déroulé.
00:36 Au tout début de match, on a fait un match comme un début de match où les supporters étaient un petit peu hostiles
00:43 mais sans trop de dégâts, ils lançaient des petites bouteilles.
00:46 Donc l'arbitre a continué le match.
00:49 Après en deuxième mi-temps, c'est devenu un petit peu plus grave parce qu'il y avait des fumigènes, des jets de projectiles sur le terrain.
00:56 Mais l'arbitre a essayé de les calmer un petit peu.
00:59 Il y avait aussi des speakers qu'on a entamé dans le stade pour essayer de faire revenir les supporters à la raison.
01:04 Mais malheureusement ça ne s'est pas passé et à la fin, comme les images le montrent, il y a eu cet incident très grave qui s'est produit un peu plus tard.
01:13 Vous avez senti donc la montée en puissance de la violence.
01:17 Si j'ose dire, la fin du match, les incidents, l'interruption des supporters n'étaient pas une véritable surprise pour vous ?
01:25 On l'a vu dès le début, avec des lancers de projectiles.
01:30 Après, comme dans tous les stades qu'il peut y avoir, peut-être au début du match, on va dire que ça se passe dans beaucoup de championnats.
01:37 Mais après, jusqu'à la fin quand même, on trouvait ça un petit peu plus menaçant.
01:43 Après, on l'a vu à la fin du match quand on a célébré, il y a un supporter qui est venu tout seul pour essayer de se battre avec nous clairement.
01:51 Et après, on a vu directement quelques secondes plus tard, ça a dégénéré totalement, qu'on essaie de rentrer au plus vite dans le vestiaire pour avoir le moins de dégâts possible.
02:01 On a vu que ça a duré peut-être une ou deux minutes, mais bon, une ou deux minutes quand c'est une bagarre, c'est très long.
02:05 Mais après, j'ai envie de dire qu'on m'avait déjà parlé de cette forte rivalité depuis 2011 apparemment,
02:14 quand il jouait le titre de champion avec Trappes dans le sport et Fenerbahce, ou Fenerbahce avec les champions à la dernière journée à la différence de but.
02:21 Et du coup, les matchs Trappes dans le sport et Fenerbahce ont cette rivalité.
02:25 Après, il n'y avait jamais eu de débordement à ce point-là, mais on savait qu'avec les supporters quand même qu'il y avait une certaine rivalité.
02:30 Alors, on a vu des images incroyables de Braik Tosai et Samuel ou de Michoudachai se battre avec des supporters.
02:37 Alors, on l'a vu sur les réseaux sociaux, sur l'instant quand ça tombe, certains s'amusaient d'un high kick d'un coup.
02:42 Mais en fait, on découvre très vite qu'ils risquaient leur vie.
02:45 Tout simplement, c'est ce qui est arrivé à votre gardien, Dominic Livakovic, qui prend un coup qui aurait pu être d'une gravité absolue.
02:51 Déjà que c'est impardonnable. On a vu un couteau qui traînait également sur la pelouche.
02:55 Je le dis, je le rappelle pour ceux qui ne le savent pas.
02:58 Est-ce que vous avez conscience à ce moment-là que certaines vies sont tout simplement en danger, Alexander ?
03:04 Je pense que sur le moment, on n'en a pas conscience. Il y a notre gardien qui a été touché à la 80e minute par un jet fumigène, un pétard.
03:13 Donc, on a arrêté pendant une ou deux minutes, le temps qu'il prenne ses exprès.
03:16 Mais après, l'arbitre a favorisé le jeu également. On ne voulait pas arrêter le match.
03:21 C'était à 10 minutes de la fin. Sachant qu'on a un calendrier assez chargé, donc peut-être qu'il n'allait pas être reprogrammé assez rapidement.
03:27 On a fait un championnat très important également puisqu'on est côte à côte avec Gata Saray.
03:31 Pour tout ça, il a essayé de finir le match. Le match s'est quand même fini, on va dire.
03:36 Mais après, malheureusement, c'est dommage ce qui s'est passé.
03:38 Parce que eux, par exemple, pour prendre une anecdote, au match aller, ils ont gagné 3-2.
03:43 C'était notre seule défaite de la saison. Ils ont célébré, ils ont lancé le gardien en l'air.
03:46 Il n'y a pas eu de débordement. Tous les joueurs font ça en général dans tous les stades.
03:51 Malheureusement, il y a un supporter qui a pété un plomb clairement.
03:55 Malheureusement, ça a fait venir d'autres supporters et ça a fait ce qui s'est passé sur les images.
04:00 - Parce que si on doit parler de sportif, vous êtes à la lutte pour le titre avec Galatasaray.
04:03 Travzon Sport est troisième avec beaucoup de points de retard. Vous êtes à deux points de Galatasaray.
04:06 Loic, t'as une question pour Alexander.
04:08 - Oui, bonsoir Alexander. Dans quel état d'esprit vous êtes aujourd'hui ?
04:12 Est-ce que vous sentez de retourner jouer sur un terrain turc ?
04:16 Ou est-ce que vous vous dites aujourd'hui "il faut que je quitte le championnat
04:20 et aujourd'hui que j'aille jouer dans un pays un peu plus sécurisé" ?
04:26 - Non, je ne pense pas. Parce que comme on l'a vu, il n'y a pas que en Turquie qu'il se passe ça.
04:32 On a vu les incidents de Marseille-Lyon avec Dimitri Payet.
04:35 On a vu une Islande avec un supporter qui a été tué.
04:38 Donc voilà, en général, dans le sport, je n'ai même pas envie de dire que dans le foot,
04:41 dans le sport, il se passe beaucoup de choses.
04:43 Il faut juste que les supporters prennent conscience que c'est qu'un sport,
04:46 qu'à la fin, il y a un vainqueur et un perdant.
04:49 Et qu'il ne faut pas réagir avec des proportions comme ça.
04:52 Donc voilà, on va continuer. Il faudra qu'on puisse sortir des messages d'alerte pour les supporters.
05:00 Pour qu'ils puissent se calmer, pour que ce genre de choses n'arrive plus, clairement.
05:03 - Romain Haron voulait nous rappeler également un incident qu'avait aussi vécu Alexander.
05:07 - Oui, parce qu'il n'y a pas qu'en Turquie qu'il se passe des choses.
05:09 Alexander l'a dit et il a raison. On revient à un Bastia-Lyon.
05:12 C'était en 2017. Des dizaines de supporters de Bastia envahissent à deux reprises le terrain.
05:17 D'abord à l'échauffement, tout part d'un échange tendu entre même fils de paille et un supporter corse.
05:22 Le néerlandais ne se démonte pas et des fans bastiais se ruent sur la pelouse.
05:26 Le match commence alors avec 50 minutes de retard, le temps de régler la situation.
05:29 Et rebelote à la mi-temps. Tension entre Anthony Lopez et un dirigeant bastiais, Anthony Agostini.
05:34 Nouvel envahissement de terrain, des agressions.
05:37 Et cette fois, le match est définitivement arrêté.
05:39 Bastia qui perdra le match ensuite sur tapis vert, entre autres sanctions on va dire.
05:43 C'est vrai que le football turc est habitué aux violences. Malheureusement, on vient vers vous très vite Alexander.
05:49 Mais il faut expliquer aussi ce qui se passe en Turquie, Alicia.
05:53 Oui, vous aviez évoqué brièvement Greg cet incident avec cet arbitre qui s'était fait frapper au visage.
06:00 C'était en décembre dernier. Il se fait frapper au visage à la fin du match par le président du club d'Angara, Gucu.
06:05 L'arbitre s'était retrouvé à l'hôpital. Et je vous en parle pour notamment parler du verdict.
06:10 Le président lui est banni à vie du football et le club a écopé de 5 matchs à 8 clots et d'une amende d'environ 60 000 euros.
06:17 Est-ce que ça suffit ou pas ? En tout cas, ce sont les sanctions qui ont été appliquées après cet incident.
06:23 Charlotte Lorgeurie qui est joueuse, défenseur du Racing Club de Lens est à nos côtés également Alexander. Elle a une question pour vous.
06:30 Bonsoir Alexander. Petite question. Au fur et à mesure de la rencontre, vous dites qu'il y avait des tensions qui commençaient à augmenter.
06:36 Est-ce que vous auriez aimé que l'arbitre arrête temporairement la rencontre pour essayer de calmer un peu plus le jeu ?
06:41 Ou vous êtes d'accord avec lui d'avoir laissé le match se dérouler ?
06:46 Bonsoir Charlotte. En premier mi-temps, oui, on a reçu beaucoup de productifs, des bouteilles d'eau, que ce soit nous ou les adversaires.
06:54 Parce qu'il y a également les joueurs de Trabzon. On a vu sur une vidéo qu'il y a un joueur de Fenerbahce qui essaie de protéger le joueur de Trabzon parce qu'il reçoit une bouteille d'eau.
07:01 Après, pour moi, ça aurait peut-être s'arrêter au moment où notre gardien a reçu un fumigène et un pétard.
07:09 Donc là, il avait un peu de sang, on l'a vu au niveau du cou. Donc là, clairement, ça aurait dû s'arrêter.
07:15 Après, voilà, l'arbitre a pris sa décision de continuer le match pour ses raisons qui sont propres à lui.
07:20 Et malgré ça, j'ai envie de dire, on a fini le match sans gros débordement.
07:26 Et après notre célébration, où on fait dans tous les stades, normalement avec nos supporters, mais là, à cause de cette rivalité,
07:34 nos supporters n'ont pas été présents, donc on s'est mis au milieu du terrain. On n'est pas non plus allé devant eux les narguer.
07:39 Et malheureusement, il s'est passé, voilà, comme vous l'avez vu sur les images, les vidéos, je ne peux pas vous en dire plus.
07:43 Et ce qui s'est passé, clairement.
07:45 – Alexander, quelles sont les retombées en Turquie ?
07:48 Parce qu'on avait vu dans l'incident évoqué par Alicia que le président Erdogan était intervenu lui-même, avait évoqué cette situation-là.
07:54 Interruption du championnat, là, ça dit quoi depuis deux jours ?
07:58 – Je n'ai pas énormément d'infos, mais d'après ce que je sais, le président a parlé, notre président,
08:05 et je sais qu'il y a une réunion qui va se tenir dans les prochains jours, je ne sais pas le combien exactement,
08:10 où ils vont justement évoquer tout ce qui s'est passé, un petit peu plus.
08:14 J'ai lu également qu'il y avait un article, notamment vous l'équipe, qui avait dit que Fenerbahce allait se retirer, peut-être l'année prochaine.
08:21 Mais je pense qu'il n'y a rien qui est acté, ils vont en discuter, ils vont en parler dans la prochaine réunion,
08:25 et on en saura plus dans les jours à venir, je pense.
08:27 – Bon, un dernier mot un petit peu plus positif sur le sportif, Alexander.
08:30 Vous êtes à la lutte pour le titre, vous êtes toujours aussi motivé, déterminé à faire plaisir à vos supporters,
08:36 et être capable de passer outre ces événements de ce week-end,
08:39 et de vous sentir même, pourquoi pas, peut-être encore plus fort avec un supplément d'âme ?
08:44 – Oui, exactement, clairement.
08:46 Comme on le dit, nous, c'est huit finales, alors on sait que si on gagne les huit matchs, on sera champion.
08:51 Et on est encore engagé sur trois compétitions, on a la Supercoupe de Tchoukri contre Gatasaray à jouer dans trois, quatre semaines.
08:58 Il y a également la Conférence League contre l'Olympiakos,
09:02 donc ça aussi c'est un objectif important pour le club, et surtout le championnat,
09:06 parce qu'ils n'ont pas été champions depuis maintenant longtemps.
09:09 Donc voilà, on a encore beaucoup de matchs, et beaucoup de matchs importants,
09:13 donc on va se focaliser sur le foot et faire du mieux possible pour nos supporters également.
09:17 – Merci beaucoup Alexander Djikou d'être venu témoigner ce soir dans l'Equidograe,
09:21 témoignage indispensable, après ces images insensées qu'on a vécues, on a eu très peur.