SMART BOURSE - Emission du lundi 11 mars

  • il y a 6 mois
Lundi 11 mars 2024, SMART BOURSE reçoit Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain) et François Cabau (Économiste Eurozone, AXA IM)

Category

🗞
News
Transcript
00:00 *Générique*
00:08 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart pour rester à l'écoute des marchés.
00:13 Chaque jour du lundi au vendredi, la grande édition à 17h si vous nous suivez en direct sur Bsmart TV.
00:18 Le lundi en supplément pour une demi-heure à la mi-journée entre 13h30 et 14h, là aussi en direct.
00:24 Toutes ces émissions sont à retrouver évidemment en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:30 Au sommaire de cette édition ce soir, la macroéconomie qui est revenue sur le devant de la scène
00:36 alors que la saison de publication de résultats de l'entreprise est en train de toucher à sa fin.
00:40 La semaine macro sera marquée par la publication dès demain du rapport mensuel sur l'inflation aux Etats-Unis pour le mois de février.
00:49 Et puis nous aurons également des indications concernant la consommation des Américains avec la publication des ventes au détail toujours pour février.
00:56 Au cours de cette semaine, ce jeudi précisément avec notez-le, pendant trois semaines, un décalage horaire réduit à 5h entre la côte Est des Etats-Unis et l'Europe, l'heure de Paris en tout cas.
01:08 Les Etats-Unis sont déjà passés à l'heure d'été et ce sera le cas pour nous en France et en Europe d'ici trois semaines.
01:13 Donc les marchés américains ouvrent à 14h30 heure de Paris et clôturent à 21h30 heure de Paris au cours des trois prochaines semaines.
01:21 L'actualité américaine qui sera évidemment à l'honneur comme chaque lundi, ce sera notre quart d'heure américain dans quelques minutes avec Pierre-Yves Dugas, notre correspondant américain.
01:30 Nous reviendrons sur les enjeux économiques de cette campagne électorale qui verra s'affronter Donald Trump et Joe Biden.
01:37 Et puis nous évoquerons également un candidat potentiel, troisième candidat, no label, qui s'appelle Joff Duncan, que personne ne connaît encore.
01:46 Mais nous en saurons plus avec Pierre-Yves Dugas d'ici quelques minutes.
01:49 Et puis notez que sur le plan des marchés, la semaine commence plutôt tranquillement avec pas mal de prudence.
01:54 On a vu un mouvement de renversement vendredi sur les marchés américains avec une action Nvidia notamment qui est en hausse de 5% qui a terminé la séance en baisse de 5%.
02:04 Autant dire qu'il y a sans doute une logique de prise de profit, de prudence également chez les investisseurs après un run spectaculaire sur les marchés électifs risqués et sur les marchés actions.
02:14 Et au démarrage d'une semaine qui sera une semaine d'échéance également, une échéance mensuelle avec l'expiration attendue ce vendredi de différents produits dérivés, contrats futurs et options sur indice notamment.
02:25 (Générique)
02:35 Mais revenons d'abord sur les enjeux macroéconomiques du moment en pleine séquence.
02:39 Banque centrale, l'ABCU a communiqué la semaine dernière, la réserve fédérale américaine communiquera la semaine prochaine.
02:44 François Cabot est à nos côtés, économiste zonoro chez AXA-IM. Bonjour et bienvenue François.
02:49 Bonjour Grégoire.
02:50 On a encore en tête la conférence de presse de Christine Lagarde jeudi dernier. J'ai l'impression qu'elle est allée au maximum de ce qu'elle pouvait dire aux marchés pour signaler ce que tout le monde a compris comme étant une première baisse de taux au mois de juin.
03:03 En tout cas, toute chose égale par ailleurs. A l'heure actuelle, c'est ainsi que le calendrier se dessine François. Nous en saurons un peu plus en avril et beaucoup plus en juin. De quoi parle-t-elle ?
03:15 Elle parle de la disponibilité de statistiques économiques en zone euro qui est sur une fréquence trimestrielle.
03:22 On a depuis mi-février les données de salaire du quatrième trimestre.
03:28 Cela veut dire que dans le courant du mois de mai, nous aurons le premier trimestre 2024 et donc le momentum de salaire dans cette année calendaire 2024.
03:37 Je pense qu'il y a ce besoin d'avoir ces données-là. Il y a des données mensuelles, des indices tracker, des éléments statistiques alternatifs.
03:48 Mais je crois qu'il y a vraiment une nécessité, et elle a été très claire là-dessus, sur les salaires d'une part et, elle l'a moins dit mais je pense qu'il est très important, sur les profits de l'autre part.
03:58 On revient sur cette nécessité d'équilibrage sur est-ce qu'on a ou non une boucle prix-salaire ? La réponse pour l'instant est plutôt non.
04:06 On voit effectivement les salaires qui ont largement augmenté, ou en tout cas accéléré et suivi l'inflation passée.
04:10 Donc l'inflation aujourd'hui, c'est un reflux donc on attend effectivement un retrassement de ces salaires dans les prochains trimestres.
04:16 La question c'est est-ce que ce retrassement va aller assez vite ?
04:19 Et dans un deuxième temps, ou en tout cas en parallèle, savoir si effectivement la dynamique de profit,
04:24 et vous l'évoquez, des entreprises qui se sont portées relativement bien jusque-là, ne pourraient pas être un frein supplémentaire.
04:29 Et il faut se rappeler que la communication, en tout cas l'engagement de la BCE, n'est pas de ramener l'inflation à 2%,
04:36 il est de le ramener à 2% le plus vite possible.
04:39 Et donc il y a une question de timing autour de ça, sur lequel la disponibilité de fréquences données en fréquences trimestres pose un frein.
04:46 Et donc il y a effectivement cette nécessité d'en savoir vraiment plus pour vraiment engager cette première baisse d'auto.
04:52 Et je pense que l'élément pour moi finalement le plus important, ce n'est pas qu'est-ce qu'on fait en juin et on baisse les taux,
04:59 c'est ok on va les baisser mais comment est-ce qu'on va le communiquer ?
05:02 Et ce n'est pas tant décider avec les données passées de cette première baisse,
05:06 c'est plutôt qu'est-ce que ces données passées nous rendent confiant sur l'avenir et les rendent confiant sur leurs propres prévisions,
05:12 sur lesquelles ils n'ont pas été très bons finalement ces derniers temps.
05:16 Comment est-ce qu'ils vont communiquer ?
05:19 Sur la suite de la séquence, sur l'ensemble de la séquence, est-ce qu'il va déterminer le rythme des baisses d'auto une fois la première baisse enclenchée ?
05:26 Absolument, parce qu'il y a vraiment besoin d'avoir une rassurance de ce point de vue-là,
05:29 sur laquelle le marché peut converger mais aussi la communication qui jusque-là était très divergente des différents membres de Banque Centrale.
05:39 On a beaucoup entendu en allant de mars jusqu'à juin pour la première baisse d'auto,
05:44 on peut se dire qu'il y a autant de divergences voire plus pour dire où est-ce qu'on va aller jusqu'en septembre, décembre, etc.
05:48 Donc là je pense qu'ils ont vraiment besoin de gérer un compromis et ce compromis-là va se jouer autour des données sur lesquelles ils ont besoin d'avoir une clarté.
05:55 Et il n'y a pas que les salaires, comme vous dites François.
05:58 Quand on regarde les nouvelles projections du staff BCE, on voit que pour la première fois,
06:02 le staff qui a fait ses projections ce trimestre, voit en moyenne 2% d'inflation en 2025.
06:10 Et même quand on regarde trimestre par trimestre, on voit même que l'inflation globale et l'inflation cœur,
06:15 au troisième trimestre 2025, sont affichés à moins de 2%.
06:20 Qu'est-ce qui peut justement entretenir cette confiance affichée par la BCE dans ses projections sur l'idée que l'inflation sera maîtrisée à cet horizon 2025 ?
06:30 Il y a la question des salaires. Est-ce qu'on peut faire des hypothèses sur les marges de profit des entreprises qui absorberaient une partie des salaires ?
06:38 Est-ce qu'on peut faire des hypothèses sur la productivité également François ?
06:42 C'est le travail du conjoncturiste, un peu difficile.
06:45 C'est là où un des points clés, qui était peut-être moins salien dans sa conférence de presse, mais en tout cas qu'on a relevé,
06:52 c'était vraiment ces deux hypothèses clés.
06:55 Il y a les prix d'énergie qui ont beaucoup reflué, qui impactent la dynamique d'inflation sur 2025-2026,
07:03 qui génèrent la révision à la baisse, mais il y a aussi ces deux hypothèses que vous mentionnez.
07:07 Ce sont des facteurs importants dans cette confiance qui est projetée dans le scénario de la baisse.
07:17 Il y a un fact-checking qui est à faire.
07:20 Est-ce que trimestre après trimestre, la session de résultats des entreprises, est-ce qu'on est en ligne, est-ce qu'on est en dessous,
07:27 est-ce que ça absorbe ou pas les coûts salariaux, ou est-ce qu'on est encore sur des dynamiques très bonnes,
07:31 et qui ont plutôt tendance, pas de temps très bon, mais plutôt à surprendre à la hausse ?
07:34 Et donc on se dit que ça tient toujours bien et on peut avoir une espèce de réponse de l'accession des prix sur ces profits qui tiennent bien,
07:41 et des prix qui restent relativement élevés.
07:43 Et ça, malheureusement, en termes de disponibilité de données, on n'a pas beaucoup de choses,
07:46 si ce n'est ces résultats micro et attendre trimestre après trimestre.
07:50 Et là où on a, de mon point de vue, plus d'outils et de jugements, en tout cas, excentés, c'est sur la productivité.
07:57 La BCE anticipe une accélération assez forte de la productivité du travail.
08:03 C'est-à-dire qu'il n'y a pas de perte d'emploi ou d'excessions d'emplois massives,
08:07 mais en tout cas, ils attendent qu'il y ait un rebond, un sursaut d'activité qui permette,
08:12 avec le niveau d'emploi qu'on a actuel ou quasi stable, d'avoir une production qui s'améliore franchement.
08:17 Ce qui est un peu le retour à la norme.
08:19 La question c'est, est-ce qu'on peut vraiment avoir ce retour à la norme ?
08:23 Et on est vraiment en train de débattre, au même titre que si le débat existe aux Etats-Unis,
08:28 sur des valeurs plus alléchantes, plus positives, sur la zone euro, on est en retrait.
08:34 Et on se dit quand même que là, on a des indicateurs conjoncturels qui nous suggèrent une résilience du marché de l'emploi.
08:40 Et quand on regarde les indicateurs avancés de la conjoncture, les PMI, la Commission européenne,
08:44 on a plutôt l'air de stagner, en tout cas à court terme.
08:47 Et que donc du coup, aujourd'hui, attendre en 2025-2026 un rebond de la croissance
08:52 qui serait généré par un rebond de la productivité,
08:55 paraît non pas forcément illusoire, mais vraiment un peu optimiste.
08:59 Et donc là-dessus, on peut d'ores et déjà se dire que, en tout cas de notre point de vue,
09:03 une partie de la désinflation qui est dans les prix, en tout cas dans les prévisions de la BCE,
09:08 sur ce trou même à 1,8, de l'inflation totale au T1 2026,
09:13 donc on a une espèce de petite asymétrie qui commence à se faire,
09:16 donc on pourrait se dire qu'ils auraient pu couper les tours en mars.
09:18 Enfin bon, il y a une petite schizophrénie qui est là, mais on la met de côté pour l'instant.
09:22 En tout cas, sur cette question de la productivité, on peut d'ores et déjà quand même émettre quelques doutes,
09:26 en tout cas de vraiment attentif, parce que ce n'est vraiment pas du tout évident que ça va se produire si vite.
09:30 Il y a une question, alors derrière cette question de confiance,
09:33 qui est mise en avant par la garde et par Powell côté américain,
09:36 il y a le besoin, comme vous le disiez, d'avoir la fiabilité de la décision,
09:40 c'est-à-dire la décision prise sur des données sur lesquelles aujourd'hui on est le plus confortable
09:45 et ces données sont forcément un peu plus retardées que des données de marché ou des données avancées.
09:50 Comment réfléchir effectivement à la forme que pourrait prendre la communication une fois la première baisse de taux délivrée ?
09:55 Mais c'est un peu la même question côté américain.
09:57 Là aussi, on sent chez certains banquiers centraux américains une grande vigilance
10:01 par rapport à l'attitude que pourrait avoir le marché une fois la première baisse de taux consommée, si je puis dire, François.
10:08 On sait que les réactions de marché peuvent être très puissantes
10:11 et que ça peut être aussi un vent contraire pour le travail que cherche à faire la Banque Centrale Européenne ou la Réserve Fédérale Américaine.
10:17 Absolument, surtout qu'on vient d'une situation très tendue dans laquelle le marché attendait jusqu'à 150 points de base de baisse de taux
10:24 en décembre 2024 au dernier trimestre 2023.
10:27 On est là sur les deux banques centrales, on a bougé de manière relativement parallèle
10:31 et il faut se dire d'ailleurs que la courbe euro a probablement beaucoup bénéficié de ce qui s'est passé côté US.
10:35 C'est pas que la zone euro en soi qui est... l'histoire n'est pas que de la zone euro.
10:39 Et du coup, ça fait le job quelque part des banquiers centraux, je pense.
10:42 Et Christine Lagarde a été très habile en disant "je ne souhaite pas vraiment m'étendre sur le pricing de marché,
10:52 mais je suis quand même plutôt contente".
10:54 Et c'est là où elle a donné cette phrase qui est très ambigüe et qui donne toute la profondeur, je pense,
11:00 aux discussions qui font lieu au sein du Conseil gouvernement aujourd'hui,
11:03 qui veut dire "on cherche non pas à décider la baisse de taux en juin,
11:06 mais en tout cas revoir la calibration dans son ensemble de l'orientation politique monétaire".
11:12 Et là-dessus, effectivement, on sent bien qu'ils jouent aussi avec le marché,
11:17 mais ils jouent aussi avec leur propre divergence, en tout cas pour la baisseuse,
11:20 avec l'ensemble des conseils gouverneurs.
11:22 Et qu'ils seront, je pense, beaucoup plus rassurés, plus enclins à trouver un compromis
11:25 avec ces données qui vont arriver dans les prochaines semaines, prochains mois.
11:28 Intéressant, comme vous le notiez, que le calendrier pour l'instant anticipé par le marché
11:31 est assez identique quand on regarde le pricing en dollars ou le pricing en euros.
11:35 C'est un joint qui semble se dessiner pour les deux banques centrales pour une première baisse de taux.
11:41 Sur l'idée que ce calendrier puisse dérailler d'un côté ou de l'autre,
11:45 Christine Lagarde est assez claire sur l'idée que la BCE fera ce qu'elle a à faire,
11:49 quand elle a à le faire, et que de ce point de vue-là, rien n'attache la Banque centrale européenne
11:55 à l'ombre de la Fed, si je puis dire, François,
11:59 au-delà du fait qu'on sait que la Fed est une banque centrale leader, mais tout le monde le sait.
12:03 Non, mais je trouve qu'il y a deux choses à dire là-dessus.
12:06 Un, on le voit et on l'évoquait à l'instant sur la question de la productivité,
12:10 il y a vraiment deux cycles très différents côté US, côté Europe.
12:13 Et ce qui nous est arrivé en zone euro, et ce qui a fait que la BCE a été en partie suiveuse de la Fed,
12:19 c'est que les chocs qu'on a eu en zone euro sont provenus des Etats-Unis.
12:22 Donc il y a une certaine logique à cette affaire-là.
12:24 Maintenant, on se rend bien compte que les Etats-Unis et l'Europe sont des situations conjoncturelles
12:27 et apparemment aussi structurelles très différentes.
12:29 Donc il y a d'autant plus finalement de raisons pour lesquelles on pourrait avoir une différenciation.
12:34 Et effectivement, je reviens sur cette histoire de mouvements en parallèle des courbes de taux,
12:39 en soit du pricing de baisses de taux sur la barre de la Fed et de la BCE,
12:42 ça n'a pas beaucoup généré de mouvements sur le change.
12:45 De toute façon, la BCE dira toujours "on regarde ça d'un œil, mais ce n'est pas clé".
12:49 Néanmoins, il y a la...
12:52 Il y a un risque de change limitée, vous dites, pour la Banque Centrale Européenne
12:55 si elle devait agir en avance ou en amont de la Fed ?
12:59 Oui, tout à fait. Mais par contre, je pense qu'il faut rester attentif au fait que l'économie américaine
13:04 continue plutôt bien, plutôt à surperformer.
13:06 Et du coup, le risque est selon moi que la BCE y aille, et pour de bonnes raisons.
13:11 Et qu'aujourd'hui, nous, de toute façon, nous avons un signal de baisse de taux de la Fed en juin,
13:14 comme la BCE, mais que celle-ci puisse être plus retardée.
13:18 Et que du coup, là-dessus, ce n'est pas du tout pressé par le marché
13:20 et que du coup, on puisse avoir un affaiblissement non pas extraordinairement important,
13:26 mais extraordinairement rapide.
13:28 Et donc là, la Banque Centrale est tout autant attentive au niveau où est-ce qu'on va...
13:32 La vitesse, la vitesse, directement.
13:34 Et ça a été, rappelons-le-nous, un élément clé dans la réaction et la décision de la BCE
13:41 sur le marché obligataire pour le TPI en juillet 2022.
13:44 C'était le spread BTP qui monte, qui monte, qui monte, mais surtout la vitesse à laquelle il est monté.
13:49 Je pense qu'il faut quand même rester attentif à ça, parce que les deux courbes qui bougent vraiment parallèlement,
13:53 il y a quand même quelque chose qui se suit, qui fait sens, mais sur lequel il faut rester attentif.
13:57 Quelques grandes voix de Wall Street économique, j'entends,
14:01 commencent à pousser un scénario, effectivement, dans lequel la Réserve fédérale américaine
14:06 ne serait pas en position de baisser ses taux cette année,
14:09 voire, pour citer Larry Summers, que le prochain mouvement sera possiblement un mouvement à nouveau à la hausse.
14:17 Ça reste évidemment des scénarios alternatifs pour le marché,
14:19 mais j'entends à votre histoire américaine que oui, c'est un risque possible aujourd'hui.
14:25 Est-ce que le dernier rapport sur l'emploi est venu quand même calmer un petit peu ses ardeurs ou pas, François ?
14:30 Certainement, à deux titres. Le titre d'une normalisation du nombre de jobs créés,
14:40 la normalisation du taux de chômage, le ralentissement des salaires également.
14:44 Il y a l'ensemble des indicateurs à suivre sur ce rapport sur l'emploi,
14:48 au-delà des chiffres qui tirent les gros titres, finalement, et aller dans le bon sens.
14:55 D'autant plus que, et ça c'est le deuxième aspect, il y a un aspect de divergence qui pose question.
15:01 Je m'explique, il y a deux enquêtes parallèles pour mesurer les créations d'emplois aux États-Unis,
15:08 par un sondage sur les ménages et un sondage par les entreprises.
15:12 Aujourd'hui, en moyenne, de mémoire sur trois mois, on a une création d'emploi,
15:16 de par l'enquête sur les entreprises qui tourne autour de 260 000, quasiment 300 000,
15:20 alors que sur les ménages, on a une perte de création, donc une destruction d'emploi,
15:26 en moyenne, depuis cinq mois de mémoire, qui tourne à un pic, sur le dernier point, autour de 300 000.
15:32 Il y a vraiment une divergence qui est historique, et sur laquelle il y a probablement la justification
15:39 de ce besoin d'attente et d'avoir de l'éclaircissement.
15:42 On retient tous la Fed, on retient généralement l'enquête entreprise,
15:45 mais on regarde également en parallèle l'enquête des ménages.
15:48 Mais compte tenu de la divergence, on ne peut que se poser la question, et d'autant plus que,
15:52 et vous mentionnez effectivement cette semaine le point important sur le rapport sur l'inflation,
15:56 mais aussi sur les ventes au détail, parce que les ménages, étant en emploi ou non,
16:02 selon ce qu'ils déclarent, si c'est effectivement eux qui ont le vrai signal et qui ont mis son desque sur son emploi,
16:07 on peut se dire qu'effectivement, ce qui a tenu l'économie américaine aujourd'hui,
16:10 c'était la consommation des ménages et notamment la consommation de biens, donc les ventes au détail.
16:14 Et donc effectivement, de se dire que si ceci est la vraie traduction de la réalité...
16:18 - Ça doit se retrouver dans des chiffres de conso, comme on les aura cette semaine.
16:22 - Exactement, moins fort, et qui remet l'équilibre, et qui justifie de ce point de vue-là une baisse de taux pour gens comme nous l'attendons.
16:30 - Et dans le même temps, les derniers chiffres d'inflation aux Etats-Unis ont provoqué là aussi un petit wake-up.
16:35 On a vu quand même un momentum inflationniste qui était loin de disparaître, à commencer dans la partie services.
16:40 On aura demain la nouvelle révélation de l'inflation américaine pour le mois de février.
16:45 Merci beaucoup François. François Cabot, économiste zone euro chez AXA-IM.
16:49 L'emploi américain, l'économie donc, et bien sûr la politique.
16:58 Nous en parlons chaque lundi avec notre correspondant américain.
17:01 Pour ce quart d'heure américain, Pierre-Yves Duguay est avec nous en visioconférence.
17:05 Bonjour et bienvenue Pierre-Yves.
17:06 - Bonjour.
17:07 - Nous avons commencé à évoquer avec mon invité précédent le dernier rapport sur l'emploi aux Etats-Unis.
17:14 Dans quel sens va-t-il selon vous, Pierre-Yves ?
17:18 Est-ce qu'il va dans le sens d'une économie américaine toujours en surchauffe ?
17:21 Ou est-ce qu'on peut trouver quand même les signes d'une détente progressive de l'économie américaine ?
17:27 - Écouard, mon impression c'est que le marché américain de l'emploi se refroidit.
17:33 C'est une bonne nouvelle, c'est une nouvelle souhaitée parce que nous étions en surchauffe.
17:39 La mauvaise nouvelle c'est que le marché de l'emploi se refroidit.
17:43 Excellente entrée en matière avec notre invité il y a quelques minutes.
17:50 Il faut gratter un petit peu les chiffres qui ont été publiés par le Département du Travail le premier vendredi du mois, la semaine dernière.
18:03 On nous a annoncé 257 000 créations nettes de postes.
18:08 C'est beaucoup plus que prévu mais une fois de plus, on révise et toujours dans le même sens, à la baisse,
18:18 les chiffres des deux mois précédents.
18:21 C'est 167 000 emplois de moins qui finalement ont été créés depuis le mois de décembre
18:28 avec une forte révision en particulier pour le mois de janvier.
18:33 Si début février on nous avait annoncé que pour janvier les créations d'emplois n'étaient pas de 353 000 mais de 229 000,
18:41 si ça a été le cas, croyez-moi, le marché obligataire n'aurait pas réagi de la même manière.
18:46 Donc il y a de bonnes raisons de penser que le marché américain de l'emploi est en train de se refroidir.
18:53 Plusieurs indices, outre ces révisions systématiques à la baisse depuis plusieurs mois,
18:59 il y a cette divergence dont nous parlions à l'instant entre ces deux mesures de l'emploi aux États-Unis.
19:05 Un qui est le sondage réalisé auprès des entreprises, the establishment survey.
19:09 L'autre, the household survey, le sondage réalisé auprès des ménages.
19:14 Mais il y a d'autres indices intéressants.
19:17 D'abord nous avons observé en février un net ralentissement des augmentations de rémunération moyenne du travail hebdomadaire.
19:27 On est passé de +0,5 en janvier à +0,1 en février, c'est deux fois moins que prévu.
19:34 C'est vrai, beaucoup de revalorisation de salaire a été calquée sur le calendrier 1er janvier.
19:41 Ça ne se répète pas donc en février, tant mieux du point de vue du marché obligataire.
19:46 Nous avons une poursuite de la baisse de la durée hebdomadaire de travail.
19:51 On a perdu en un an presque une demi-heure.
19:54 Nous avons également une poursuite de la baisse de la proportion de départ volontaire.
20:02 On a retrouvé le niveau de 2,1 à peu près qui prévalait avant le confinement.
20:08 Voilà des indications intéressantes.
20:10 Et puis il y a la composition sectorielle des créations d'emplois.
20:14 Je suis assez stupéfait de le constater moi-même,
20:19 mais si on regarde en moyenne les créations d'emplois pour les lycées en moyenne mensuelle en 2023,
20:30 on tourne autour de 230 000 en 2023.
20:37 C'est bien joli tout ça, mais en 2023, 78% de ces créations nettes d'emplois sont provenues de trois secteurs seulement.
20:49 Le secteur public, on s'est remis à embaucher des fonctionnaires,
20:53 surtout au niveau des Etats américains, dans l'éducation par exemple.
20:57 La santé, ce qui est une grande constante de l'économie américaine en raison de son vieillissement démographique.
21:04 On embauche dans les maisons de retraite, on embauche dans les hôpitaux, on embauche dans les centres de soins.
21:09 Et le secteur, disons pour simplifier, de l'hôtellerie et de la restauration.
21:15 Si on évacue ces trois secteurs qui ont fait 78% des créations nettes d'emplois l'an dernier,
21:21 on a en moyenne 50 000 créations nettes d'emplois par mois l'année dernière.
21:27 C'est pas beaucoup.
21:28 Et ça laisse pas beaucoup de place à l'industrie manufacturière, dont on est convaincu à Paris,
21:34 j'ai le regret de vous le dire une fois plus mon cher Grégoire,
21:37 que l'Amérique est en plein boom industriel et que la politique formidable protectionniste et nationaliste sous Trump,
21:44 reprise par Joe Biden avec l'appui des syndicats, nous fait exploser l'activité industrielle aux Etats-Unis.
21:50 Ça n'est pas vrai.
21:52 L'indice ISM qui mesure l'activité manufacturière est en dessous de 50 depuis 16 mois maintenant.
22:00 On a quelques signes de redressement, c'est vrai, depuis quelques semaines.
22:04 Mais enfin, 16 mois de contraction de l'activité industrielle, on n'a pas vu ça depuis le début du siècle.
22:08 Et en termes d'emplois, l'emploi manufacturier aux Etats-Unis a très très peu bougé depuis octobre 2022.
22:17 Donc il y a des vraies faiblesses dans ce marché de l'emploi,
22:22 ce qui plaide pour une réduction du taux de la Fed probablement avant le mois de septembre.
22:32 Oui c'est ça, le mois de juin semble être pour l'instant la cible idéale, confirmée encore par les derniers propos de Jérôme Poel.
22:41 Ces données granulaires sur le marché du travail américain expliquent aussi sans doute la faiblesse du sentiment des ménages qu'on peut regarder à travers différentes enquêtes.
22:51 J'en ai une autre qui m'a estomaqué. On a le droit de dire estomaqué sur Bismarck.
22:57 En 2024, oui.
22:59 Parce qu'on a beau être smart, on peut s'estomaquer.
23:04 Depuis 12 mois, 880 000, j'arrondis, 880 000 personnes qui sont nées aux Etats-Unis et qui sont en âge de travailler ne travaillent plus.
23:17 Dans le même temps, 1,5 million qui sont nées en dehors des Etats-Unis sont rentrées dans la population active et travaillent.
23:25 Ça veut dire que l'augmentation de l'activité et les créations d'aide d'emploi sont, une fois de plus,
23:31 liés à l'immigration.
23:34 C'est un point qui a été mis en avant par Jérôme Poel lors de ses auditions au Congrès la semaine dernière.
23:43 Qui est Geoffrey Duncan, Pierre-Yves ? Et pourquoi faut-il s'intéresser à cette personnalité du monde politique américain ?
23:53 Vous ne savez pas qui est Geoffrey Duncan ?
23:56 Je le sais depuis deux heures à peu près.
23:58 Je le sais depuis hier.
24:01 D'ailleurs, c'est ça le problème.
24:04 Il était lieutenant-gouverneur de l'État de Géorgie de 2019 à 2023.
24:12 C'est-à-dire qu'au niveau de la Géorgie, il était le vice-président, si vous voulez.
24:17 Il a quitté ce poste parce que ça a été un des premiers républicains à dire qu'il était inadmissible
24:25 que Donald Trump remette en cause la manière dont nous avons procédé au décompte de voix en Géorgie.
24:30 Il n'y a pas de fraude électorale, il n'y a pas de manipulation électorale.
24:33 Et je suis désolé pour le candidat de mon parti, Donald Trump, mais il n'a pas gagné les élections dans l'État de Géorgie.
24:40 Alors il s'est fait beaucoup d'ennemis chez les trumpistes.
24:42 Il a fini par quitter son poste. Il a écrit un livre. C'est un conservateur.
24:46 Et pour répondre à votre question, pourquoi est-ce qu'on parle de lui tout d'un coup ?
24:50 Parce qu'il est sur la liste des candidats possibles de ce mouvement centriste qui se veut bipartite,
24:58 qui s'appelle "No Labels" et qui part du principe que comme 60% des Américains ne veulent plus ni de Donald Trump ni de Joe Biden,
25:08 ils rêvent d'un affrontement électoral qui fasse émerger une autre personnalité, moins partisane.
25:15 Ce mouvement a en tout cas envisage de proposer le poste de candidat selon un processus qui est sur le point d'être annoncé dans quelques jours cette semaine.
25:30 Il faut que "No Labels" se dépêche de le faire parce qu'il y a un calendrier institutionnel important dans les 50 États américains
25:36 si on veut être présent sur les bulletins pour le vote du 5 novembre.
25:42 Il faut que les choses soient en gros précisées au mois d'avril maintenant pour "No Labels".
25:47 Ce qui est intéressant, c'est que "No Labels" refuse pour le moment de mettre en avant Geoffrey Duncan,
25:54 mais le Wall Street Journal pense que c'est une des personnalités.
26:01 D'abord, il pourrait sortir de Central Casting, il a vraiment l'air d'être un président.
26:05 Il a le look, il a 48 ans, il a l'expérience et il n'est pas trumpiste, donc il peut plaire un petit peu à tout le monde.
26:13 On a trois personnes importantes qui ont refusé d'être le candidat de "No Labels".
26:18 Nikki Haley qui préfère être perdante chez les Républicains qu'être perdante chez les "No Labels".
26:24 Nous avons Larry Hogan qui est mon ancien gouverneur dans le Maryland.
26:30 Je vais pouvoir voter pour quelque chose de différent dans le Maryland cette fois-ci.
26:35 D'habitude, l'élection est systématiquement gagnée d'avance par les démocrates.
26:38 Larry Hogan a dit "Je veux me présenter à la sénatoriale".
26:42 Donc, il n'est pas disponible pour "No Labels".
26:45 Et nous avons Kirsten Sinema, sénatrice indépendante, bien que votant plutôt démocrate, de l'État d'Arizona,
26:51 qui a dit "Je quitte le Sénat, je ne me représenterai pas".
26:55 Donc, tout le monde s'en va, tout le monde fuit l'élection et les pauvres "No Labels" cherchent désespérément un candidat.
27:01 Peut-être Jeffrey Duncan.
27:03 - Bon, on va retenir son nom pour quelques temps au moins, voir effectivement ce qu'il arrive à Jeffrey Duncan
27:08 et au groupe et au parti des "No Labels".
27:11 Merci beaucoup Pierre-Yves.
27:12 Pierre-Yves Dugas avec nous chaque lundi pour ce quart d'heure américain dans Smart Bourse.
27:16 A retrouver évidemment en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
27:21 [Musique]

Recommandée