00:00 Nous sommes le jeudi 7 mars. Notre invité politique est le président des Engagés. Maxime Prévost, bonjour.
00:05 Bonjour.
00:06 Alors, Maxime Prévost, première campagne sous la bannière des Engagés. Vous êtes confiant ?
00:10 Je suis confiant, motivé et enthousiaste. Probablement plus encore maintenant qu'il y a un an,
00:16 parce que c'est vrai que quand la transformation a été faite, ça a généré parfois un peu de questionnements,
00:22 de suspicions, de moqueries. Le nom du parti a été utilisé pour toute une série de jeux de mots.
00:29 Mais finalement, ça a contribué aussi à le rendre populaire.
00:33 Je crois que ce n'est pas un nom traditionnel de parti.
00:35 Et surtout, nous ne voulions pas un nom traditionnel de parti, avec comme d'habitude des acronymes
00:43 dont les lettres signifient quelque chose que les gens ne savent pas toujours d'ailleurs.
00:48 Je ne suis pas sûr que beaucoup de gens savent que Écolo veut dire écologiste confédéré pour l'organisation de lutte originale,
00:56 ce qui est très gauchiste comme dénomination. Nous, nous voulions en fait un trait de caractère.
01:03 Et les Engagés, c'est ce que nous sommes. Aujourd'hui, il y a beaucoup de raisons pour les citoyens d'être en colère.
01:10 Exprimer cette colère peut être sain. Encore faut-il la transformer en quelque chose, après, de constructif.
01:18 Et donc aujourd'hui, ce sont les formations d'extrême, de droite comme de gauche,
01:22 qui surfent sur la part d'ombre des citoyens, sur cette colère qu'ils ont, et ils se contentent de s'indigner.
01:32 Mais moi, j'estime que s'indigner, ça ne suffit pas. Il faut s'engager pour trouver des solutions,
01:37 être un acteur de celles-ci, se retrousser les manches, tous ensemble, chacun avec nos profils et avec nos parcours.
01:43 Et c'est pour ça que ma formation politique s'appelle comme ça.
01:46 Mais l'engagement, ça ne devrait pas être la base de tout engagement politique, justement. J'ai repris le même mot.
01:51 Si, mais dans les faits, on remarque que ce n'est pas nécessairement le cas.
01:54 Beaucoup sont mobilisés dans des groupes uniquement pour contester. Mais ça ne fait pas avancer le schmilblick.
02:02 Ce qu'il faut, c'est être dans une démarche beaucoup plus constructive et positive.
02:06 Et moi, je revendique d'être un mouvement qui est beaucoup plus participatif, plus citoyen, mais plus positif aussi.
02:13 Et je revendique aussi d'être un mouvement centriste, pas par défaut ou par dépit,
02:18 pas parce que j'aurais perdu à la courte paille, simplement parce que j'y crois.
02:22 Je pense qu'aujourd'hui, on ne doit plus uniquement servir la soupe à une partie des électeurs, à sa classe électorale de gauche ou de droite.
02:33 On doit vraiment travailler au bien commun, c'est-à-dire faire en sorte que tout le monde puisse progresser.
02:40 Et c'est ce que je reproche à la gauche et à la droite, c'est qu'ils se cramponnent sur leurs acquis ou sur leurs privilèges.
02:46 Et ils ne cherchent pas à travailler suffisamment à l'intérêt collectif.
02:51 Chacun a des discours pour exalter ses partisans, mais ça ne permet pas à un moment donné de faire une œuvre collective cohérente.
02:59 Les sondages vous sont plutôt favorables. On est autour de 13% en Wallonie. C'est pas mal ? Vous vous attendiez à ce score ?
03:05 Près de 14%, d'ailleurs, même au niveau wallon.
03:08 J'espère effectivement qu'on va continuer d'enthousiasmer et d'avoir du public qui nous rejoint, comme ils sont en train de le faire en nombre et de plus en plus fréquemment ces derniers mois.
03:21 Il reste encore 90 jours, donc je n'ai pas pour habitude de vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.
03:27 Mais je suis confiant parce que vous savez, les autres partis traditionnels continuent de défendre des idéologies qui datent parfois de 50 ans, voire un siècle.
03:39 Vous avez des exemples ?
03:41 C'est le cas du PS, c'est le cas du MR, Écolo depuis plusieurs décennies aussi.
03:47 Mais pourtant, ce sont en fait des enjeux nouveaux qui sont apparus ces dernières années et qui n'ont pas été suffisamment intégrés dans les doctrines des partis.
03:56 La révolution climatique, la révolution énergétique, la révolution numérique.
04:03 Ils en parlent tous, pourtant.
04:05 Alors, ils en parlent, mais ils n'ont pas été intégrés dans leurs doctrines.
04:08 Et donc, ce qui est essentiel, c'est d'avoir au contraire, et c'était mon souhait, une capacité d'incarner un projet contemporain, bien en phase avec les réalités d'aujourd'hui et les besoins des générations futures.
04:20 Nous, nous parlons aussi du burn-out, des enjeux liés à la réorganisation totalement différente de la vie privée et de la vie professionnelle,
04:28 aux enjeux liés aussi, par exemple, à la question des familles monoparentales, qui est devenue une réalité beaucoup plus forte aujourd'hui qu'elle ne l'était hier.
04:38 Et donc, on a voulu un projet qui ne soit pas simplement l'héritage d'un passé, avec des principes à défendre parce qu'on les a toujours défendus,
04:47 mais qui soit capable de pouvoir incarner un avenir.
04:50 Et donc, du coup, c'est appelé à être renouvelé régulièrement à l'avenir. Ce n'est pas un one-shot ici.
04:55 Rien pour ça que le manifeste qui a vu le jour en 2022 a vocation à pouvoir être, tous les 4-5 ans, retravaillé parce que le rôle essentiel du politique,
05:07 s'il veut réduire le fossé avec les citoyens, c'est de continuer à parler à ceux-ci en fonction de leur réalité vécue,
05:14 et pas d'essayer de bourrer le crâne aux citoyens pour les convaincre que l'idéologie qu'on défend depuis 100 ans est la bonne et la meilleure.
05:23 Et moi, j'ai voulu à un moment donné faire tout ce processus de transformation pour quitter un peu nos certitudes, nos zones de confort,
05:31 et être dans une démarche où, plus que d'essayer d'avoir le bras long, on avait surtout une grande oreille pour écouter les réalités de terrain des citoyens
05:38 et leur apporter des réponses contemporaines.
05:40 On parle des sondages, à Bruxelles, on est plutôt autour des 5%. Là, il y a encore une marge de manœuvre. Il faut continuer à convaincre.
05:46 Bien sûr, il y a une réalité bruxelloise qui est encore très différente par rapport à ce que nous connaissons dans le reste de la Wallonie.
05:52 Le vécu de Molenbeek n'est pas celui de Vireton, ça c'est certain.
05:56 Et donc, on doit continuer de montrer cette capacité de rénovation de la vie politique à travers le programme rafraîchi que nous proposons,
06:06 bien en phase aussi avec les réalités du monde économique, en tenant compte aussi d'un impératif de générosité, mais sans verser dans l'assistanat.
06:16 C'est pour ça que moi je suis centriste. C'est que je suis quelqu'un prêt à tendre la main en solidarité aux personnes qui,
06:23 dans un parcours de vie, rencontrent des difficultés parce que ça peut nous pendre au nez à tous.
06:27 Mais je ne veux pas favoriser l'assistanat comme le font les partis gauchistes.
06:33 Je suis très volontariste sur les questions environnementales, mais en évitant les coups de bâton dogmatiques comme écolo.
06:41 Si on veut que cette transition réussisse, il faut qu'elle s'accompagne d'une adhésion des citoyens.
06:46 Et je ne suis pas en phase avec le repli radicalement conservateur qu'incarne aujourd'hui l'EMR, en étant aussi dans l'agressivité et dans la caricature.
06:59 Mais par contre, je suis hyper convaincu que les PME et les indépendants doivent être mieux défendus.
07:05 L'EMR défend plus la FEB ces derniers temps que les PME ou l'UCM. Et ça, c'est une des choses que nous souhaitons faire aussi.
07:14 Et c'est parce que nous voulons d'abord et avant tout rassembler les bonnes volontés, les bonnes idées qui peuvent venir de tous les horizons,
07:22 que nous proposons le projet qui est le plus fort et le plus cohérent.
07:26 Et du reste, on a bien vu avec ce gouvernement qu'allier la gauche et la droite n'a pas généré de politique du centre, équilibrée, porteuse de résultats.
07:37 Ils n'ont fait que se disputer, que d'être dans des bras de fer. Et donc, ça a été la paralysie.
07:42 Il n'a pas été possible d'ailleurs de sortir une grande réforme structurelle dont notre population a besoin, dont notre économie a besoin avec ce gouvernement.
07:52 Et donc, je pense qu'on a besoin plus que jamais d'avoir à nouveau une force centrale et centriste très forte au sein du futur attelage gouvernemental.
08:02 Pour vous, votre parti, c'est un peu le parti qui intègre le compromis, comme on le vend toujours en Belgique.
08:09 Vous faites le compromis entre tous les partis. Vous le rassemblez au sein des engagés.
08:13 C'est le parti qui a l'intelligence de reconnaître qu'il peut y avoir des bonnes idées partout et qui essaye alors de s'en nourrir pour obtenir des solutions pour les gens.
08:20 L'un ou les autres, parfois, se regardent trop le nombril, restent convaincus qu'ils ont raison tout seuls.
08:27 Alors que moi, je pense qu'à un moment donné, pour faire progresser la société, il faut être en capacité d'offrir des solutions.
08:35 Et faire un compromis, c'est noble. Ça ne salit personne. Ce qui, finalement, n'améliore pas le quotidien des gens, c'est l'incapacité de faire des compromis,
08:46 de camper sur ses positions et dès lors de se regarder en chien de faïence sans faire évoluer la situation.
08:52 Ça nous fait une belle jambe si on continue de dire « j'avais raison tout seul », mais si en attendant, rien n'a été amélioré pour chacun.