4. V13

  • il y a 7 mois
Le 8 septembre 2021 marque l'ouverture du procès des attentats du 13-Novembre avec Salah Abdeslam sur le banc des accusés. Me Olivia Ronen se rend ce jour-là au palais de justice de Paris avec son confrère, Me Martin Vettes. La presse du monde entier est présente. Les journaux parlent du "procès du siècle". Pour cette audience, une salle a été créée spécialement à l’intérieur du Palais de Justice. Olivia Ronen la qualifie "d’énorme boîte". Pour cause, plus de 500 personnes sont présentes ce jour-là. D’un côté, se trouvent les victimes des attaques et les proches, accompagnés par leurs avocats ainsi que des psychologues. De l’autre, dans un box vitré, sont présents les accusés. Olivia Ronen prend place. Derrière ces vitres se trouvent onze hommes, tous accusés d'être liés aux attaques du 13 novembre 2015. Et il y a aussi Salah Abdeslam, le dernier membre encore en vie des commandos. Lorsque le président s’adresse pour la première fois au client d’Olivia Ronen, la réponse du terroriste provoque un choc dans la salle. Pour l’avocate, c’est la douche froide. Comment cacher son ressenti ? Comment ne pas se laisser déstabiliser par ces propos ? Me Olivia sait rebondir mais elle va devoir se battre pour faire entendre la voix de son client. Dans cet épisode du podcast "Le terroriste", Me Olivia Ronen raconte les premiers instants du procès qui va changer sa vie au micro de Noémie Schulz, journaliste judiciaire, également présente au procès.

Le podcast "Le terroriste" est produit par Europe 1 Studio.

[Le 29 juin 2022, Salah Abdeslam a été condamné par la cour d’assises spéciale de Paris pour sa participation aux attentats terroristes du 13-Novembre 2015. Il n’a pas fait appel. Sa peine, la réclusion criminelle à perpétuité incompressible, est définitive. Ce podcast n’a donc pas vocation à refaire le procès. Il s’agit de le raconter avec un point de vue inédit, celui de l’avocate de Salah Abdeslam, Me. Olivia Ronen.]

Crédits

Journaliste : Noémie Schulz

Réalisation : Christophe Daviaud avec Clément Ibrahim

Production : Fannie Rascle avec Camille Bichler

Rédaction et diffusion : Lisa Soster

Musique Originale : Sandy Lavallart

Supervision Musicale : The Supervision

Visuel : Sidonie Mangin avec Axelle Maurel

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Transcript
00:00 Le 29 juin 2022, Salah Abdeslam a été condamné par la Cour d'Assis spéciale de Paris
00:05 pour sa participation aux attentats terroristes du 13 novembre 2015.
00:09 Il n'a pas fait appel.
00:11 Sa peine, la réclusion criminelle à perpétuité incompressible, est définitive.
00:17 Ce podcast n'a donc pas vocation à refaire le procès.
00:20 Il s'agit de le raconter avec un point de vue inédit, celui de l'avocate de Salah Abdeslam.
00:27 Pourquoi je suis devenue avocate ?
00:30 Parce que je pense que j'ai été très sensible, je crois, à certains déséquilibres
00:37 que j'ai pu remarquer, comme on peut remarquer dans notre vie quotidienne.
00:42 J'ai été sensible à ces déséquilibres, j'ai été sensible à des sentiments d'injustice.
00:49 Et j'ai eu envie d'essayer d'enrayer la machine
00:54 et de me positionner pour peut-être que ceux qui ne pèsent pas très lourd sur le plateau de la balance
01:02 puissent faire entendre leur voix et puissent se sentir vraiment exister
01:08 et avoir une parole qui porte.
01:11 J'ai trois sœurs et sur ces trois sœurs, il y en a une qui était polyhandicapée.
01:16 Et je pense que j'aurais bien aimé qu'il en soit autrement.
01:21 Cette sœur est décédée il y a 11 ans et aussi peut-être que j'ai vécu ça comme un sentiment d'injustice.
01:27 Alors je faisais déjà du droit avant, mais il est vrai que je pense que je dois avoir quelque part au fond
01:34 l'envie d'enrayer une condamnation d'avance.
01:38 Olivia Ronen, vous la connaissez maintenant.
01:41 Elle a 28 ans quand Salah Abdeslam la contacte pour lui demander d'être son avocate
01:45 pour le procès des attentats du 13 novembre.
01:48 Elle est officiellement désignée en novembre 2020.
01:51 Elle a donc eu 10 mois pour décortiquer les milliers de pièces de ce dossier titanesque
01:55 et être prête pour l'audience.
01:57 Maintenant que débute le procès en lui-même, c'est le moment de vous dire qu'entre nous,
02:01 les chroniqueurs judiciaires, on ne dit pas le procès des attentats du 13 novembre.
02:06 On dit V13 pour vendredi 13.
02:09 Ça sonne un peu comme un nom de code pour tous ceux qui vont le vivre de l'intérieur.
02:14 Je m'appelle Noémie Schultz, vous écoutez Le Terroriste,
02:18 un podcast produit par Europe 1 Studio.
02:20 Épisode 4, V13.
02:23 Le premier jour du procès des attentats du 13 novembre 2015,
02:31 Martin Vettement et moi on arrive un peu tôt.
02:33 On arrive ensemble, on s'est donné rendez-vous un peu avant
02:37 pour marcher jusqu'au palais de justice.
02:40 C'est vrai que pendant les 10 mois de procès, j'ai beaucoup marché.
02:44 Je faisais tout à pied pour pouvoir respirer.
02:48 Ce jour-là, on a respiré un peu.
02:51 Ensuite, on arrive devant le palais de justice.
02:54 Il y a tout un tas de sécurité.
02:56 Il faut montrer son badge spécifique pour le procès.
02:59 Il faut montrer sa carte professionnelle en même temps pour vérifier que tout correspond bien.
03:03 Il faut sourire pour que les choses se passent bien aussi.
03:06 On passe aussi une sécurité technique.
03:08 Il faut passer par les rayons X, les portiques,
03:11 boire dans la bouteille d'eau parce qu'il faut montrer que ce n'est pas un acide qui pourrait être...
03:16 Il y a une sécurité monstre,
03:19 ce qui a instaure un climat un peu particulier.
03:25 On sent que ce n'est pas le procès lambda.
03:27 On le savait, mais ça pose quelque chose.
03:31 Ça pose quelque chose, toute cette sécurité.
03:33 En plus, nous, en tant qu'avocats, normalement, on n'y est pas soumis.
03:36 On n'y est pas soumis parce qu'on est membre du personnel de justice,
03:41 parce que le palais, c'est aussi chez nous,
03:44 et que normalement, on n'a pas à passer toute cette sécurité-là.
03:46 Et là, pour ce procès-ci, il le faut.
03:50 À ce moment-là, toute l'île de la cité est bouclée.
03:53 Pendant neuf mois, aucun bus, par exemple, ne pourra circuler aux abords du palais de justice de Paris.
03:58 Il faut vous l'imaginer, ce vieux palais.
04:01 C'est comme ça qu'on l'appelle depuis qu'un tribunal judiciaire tout neuf a été construit dans le 17e arrondissement.
04:06 Il est tellement imposant, derrière les hautes grilles noires et or.
04:09 Il entoure la Sainte-Chapelle.
04:11 Cette volée de marche qui vous mène à un dédale de couloirs,
04:14 vieux parfois de près de neuf siècles.
04:16 Il paraît qu'il y a 28 kilomètres de galerie.
04:19 Moi, je m'y suis souvent perdue, à la recherche d'une salle d'audience.
04:23 Nous sommes des centaines, le jour de l'ouverture.
04:28 Toute la presse écrite et audiovisuelle française, mais aussi des médias du monde entier.
04:33 Le procès ne commence qu'à 12h30, mais je suis arrivée dès 8h du matin.
04:38 C'est encore une belle journée d'été, il fait chaud.
04:40 Je m'en souviens parce que je porte des sandales ce jour-là.
04:43 Je retrouve mes collègues.
04:45 Il règne cette fébrilité propre au premier jour d'un gros procès d'assises, mais elle est décuplée.
04:50 Les journaux parlent du procès du siècle.
04:53 Par sa durée, le nombre de parties civiles, le profil des accusés.
04:58 Mais ce n'est pas la seule raison.
05:00 L'autre raison, c'est que même sans en avoir été victime directement,
05:03 on a tous été touchés par ces attentats.
05:06 Le 13 novembre 2015, au soir, je suis retournée travailler,
05:09 comme tous les journalistes de Police Justice.
05:11 Je me souviens encore du vertige qui m'a saisi dans le taxi qui traversait un Paris désert.
05:16 On parlait alors d'attentats coordonnés, de dizaines de morts au Bataclan.
05:20 Jamais je n'avais couvert une telle actualité.
05:23 Pendant six ans, j'ai suivi les avancées de l'enquête,
05:26 j'ai rencontré des victimes, j'ai couvert les commémorations.
05:29 Maintenant, le temps du procès est arrivé.
05:32 Et moi aussi, je me mets la pression.
05:35 À 10h du matin, les portes du palais s'ouvrent.
05:37 Je monte les marches, je passe la sécurité.
05:40 Il faut ensuite emprunter un long couloir jusqu'à la salle des pas perdus.
05:43 D'habitude, ça ressemble à un hall immense où les voix résonnent.
05:47 C'est là qu'une salle spéciale a été construite pour V13.
05:50 C'est vraiment une espèce d'énorme boîte dans laquelle on entre encore avec des contrôles.
05:56 Et ensuite, c'est très grand.
05:59 Je n'avais jamais vu de salle d'audience aussi grande.
06:03 Il y a 500 places à l'intérieur pour le public.
06:07 Et lorsqu'on remonte l'allée centrale,
06:10 on arrive ensuite dans une espèce de deuxième partie de salle.
06:15 C'est la partie dans laquelle se passe vraiment le procès
06:18 et où sont les acteurs du procès.
06:21 On a d'un côté les avocats de partie civile,
06:24 qui sont extrêmement nombreux,
06:27 et leur font face les avocats en défense,
06:30 qui sont je pense dix fois moins nombreux,
06:34 et qui ont dans leur dos un box vitré
06:39 dans lequel les accusés comparaissent.
06:43 Au côté de tout un tas de gendarmes.
06:47 Derrière ces vitres se trouvent onze hommes qui sont extraits de prison chaque matin.
06:56 Certains sont accusés d'avoir fait partie de la cellule terroriste
06:59 qui a organisé les attentats du 13 novembre.
07:01 D'autres d'avoir assuré la logistique, par exemple,
07:04 en fabriquant des faux papiers ou en louant des voitures.
07:07 Juste devant eux, assis sur des chaises,
07:10 il y a trois autres accusés qui comparaissent libres.
07:13 Eux sont soupçonnés d'avoir joué un rôle seulement après l'attentat.
07:16 Ils ont aidé Salah Abdeslam à fuir la France et à se cacher en Belgique.
07:20 Dans ce procès, il y a aussi des ombres.
07:23 Six accusés qui sont jugés par défaut.
07:25 Ils sont pour la plupart présumés morts en Syrie.
07:28 Parmi eux, le cerveau des attaques et les voix françaises de la revendication.
07:32 Au total, ça fait donc vingt accusés.
07:35 Et c'est sans compter les fantômes,
07:37 qui sont jugés puisqu'ils sont morts le soir du 13 novembre.
07:40 C'est pour ça que Salah Abdeslam fait figure de principal accusé.
07:44 Parce qu'il est le seul membre des commandos encore en vie,
07:48 présent au procès. C'est lui que tout le monde attend.
07:51 "Il a bien été extrait de sa cellule ce matin,
07:53 on ne sait pas s'il va vouloir s'exprimer, c'est un peu la grande inconnue."
07:56 Pour ce premier jour, nous sommes tellement nombreux
07:58 que tous les journalistes ne peuvent pas s'installer sur les bancs de la presse.
08:01 Ce matin-là, j'ai de la chance.
08:03 Je suis tirée au sort pour y avoir accès pendant la première heure et demie.
08:06 Ensuite, il faudra que je laisse ma place
08:08 et que j'aille dans une des salles de retransmission.
08:10 En attendant, j'y suis.
08:12 Et c'est l'effervescence.
08:14 J'observe les parties civiles.
08:16 On les reconnaît au cordon qu'elles portent autour du cou.
08:18 Vert si elles sont d'accord pour parler à la presse,
08:20 rouge si elles refusent.
08:22 Il y a des dizaines et des dizaines d'avocats dans leur robe noire.
08:26 J'aperçois Olivia Ronen.
08:28 De loin, je la vois échanger à travers la vitre avec son client.
08:31 Je me dresse sur la pointe des pieds
08:33 pour tenter de reconnaître les accusés.
08:35 Salah Abdeslam est à l'extrémité du box,
08:37 tout près de la cour,
08:39 et donc très loin du public.
08:41 On le voit à peine, mais on devine une barbe fournie
08:43 qui dépasse de son masque chirurgical.
08:45 A l'époque, le Covid circule à nouveau beaucoup.
08:48 Salah Abdeslam a les cheveux mi-longs.
08:50 Il porte un t-shirt noir.
08:52 À quelques minutes de l'ouverture des débats,
08:54 il est au cœur de toutes les discussions.
08:56 Va-t-il sortir de son mutisme ?
08:58 Et s'il parle, que va-t-il dire ?
09:00 À 13h17, la sonnerie retentit.
09:02 Tout le monde se lève.
09:04 Le silence, dans cette salle où nous sommes plus de 500.
09:07 La cour entre.
09:09 Elle est composée de 5 magistrats professionnels.
09:12 Car dans les affaires de terrorisme,
09:14 il n'y a pas de juré tiré au sort,
09:16 pas de citoyen comme vous et moi.
09:18 La justice estime qu'il y a trop de risques de menaces ou de pression.
09:21 C'est à ce moment-là que le procès commence vraiment.
09:31 Le président Jean-Louis Péries est un magistrat très expérimenté.
09:34 C'est même son dernier procès avant la retraite.
09:37 Lui aussi a le visage caché par un masque chirurgical.
09:40 Un léger accent en chantant trahit ses origines marseillaises.
09:43 Il ouvre les débats par un court propos introductif.
09:46 Il reconnaît que le procès est historique,
09:49 qualifié par tous de hors norme.
09:51 Mais il ajoute quelques mots essentiels pour les accusés et leurs avocats,
09:54 comme Olivia Ronen.
09:56 Ce qui va être important, dit-il, c'est justement de respecter la norme,
09:59 les droits de chacun, à commencer par les droits de la défense.
10:02 Puis il laisse chaque accusé décliner son identité.
10:05 Lorsqu'il arrive à sa lab d'islam, il lui demande ses noms et prénoms.
10:10 Et il lui demande quel est son métier.
10:13 Et il est vrai que là, il y a une surprise.
10:16 C'est que celui-ci répond qu'il est soldat de l'État islamique.
10:21 Donc, évidemment que ça fait réagir,
10:24 évidemment qu'on sent que ça bruit dans la salle.
10:27 Le président lui répond "c'est bizarre, je pensais que c'était intérimaire".
10:31 À ce moment-là, c'est vrai que ce n'était pas prévu.
10:35 Je pense que ça n'aurait échappé à personne.
10:38 Je me demande un peu ce qui se passe.
10:41 Je ne vous cache pas que je suis un peu dépitée quand ça sort comme ça.
10:46 Je suis un peu dépitée, je me demande en fait
10:50 dans quoi je me suis mise.
10:53 Je me suis dit "mince, ça va être ça, mince".
10:56 Je ne bouge pas.
10:58 Parce que je ne veux pas montrer que je suis troublée par cette réponse.
11:04 Je ne veux pas que l'on puisse voir que ça m'atteint.
11:11 Par contre, il faut penser très vite.
11:14 Et se dire que soit on est dépité
11:17 et se demander dans quoi on s'est fourré.
11:20 Ou alors, essayer de comprendre.
11:24 Essayer de comprendre ce qui est en train de se passer.
11:27 Et arrêter, ne pas paniquer.
11:30 Et dire rationnellement pourquoi il se passe ça.
11:33 J'ai réfléchi et je comprends quand même
11:37 qu'on est face à quelqu'un qui a été à l'isolement pendant 6 années.
11:41 Une personne qui n'a pas vu qui que ce soit pendant 6 ans.
11:46 À part quelques brefs par leur famille.
11:49 Quelqu'un qui n'avait absolument aucun contact
11:52 avec qui que ce soit au sein de la prison.
11:54 C'est-à-dire pas de contact avec d'autres détenus.
11:56 Quelqu'un qui a pu passer plusieurs jours sans dire un mot.
11:59 Alors que ça a pu être considéré par certains comités.
12:03 Notamment le comité de prévention de la torture,
12:05 comme de la torture blanche.
12:07 Cette personne qui sort d'un isolement complet.
12:10 Arrive dans une salle avec 500 pères dieux.
12:15 Tourné vers lui, avec une parole qui est extrêmement attendue.
12:21 Il sait, il sait.
12:24 Peut-être que ça brouille.
12:29 Et c'est tout à fait humain.
12:32 De se dire que quelqu'un qui a vécu aussi seul, aussi longtemps.
12:37 Puisse avoir ce choc thermique d'arriver dans une salle aussi remplie.
12:42 Salah Abdeslam se rassoie.
12:44 Le calme revient.
12:46 Mais un peu plus tard dans l'après-midi,
12:47 un accusé fait un malaise dans le box.
12:49 Et Salah Abdeslam reprend la parole,
12:51 sans y avoir été invité.
12:53 Il dénonce leurs conditions de détention.
12:55 Puis il lance avec provocation,
12:57 "on est traité comme des chiens".
12:59 C'est vrai que comme ça on se dit,
13:00 bon c'est une cellule, il a son lit,
13:02 il a un bureau, il peut écrire,
13:04 il peut faire des choses, il a une fenêtre.
13:07 Imaginez être enfermé dans une salle,
13:11 22h/24,
13:14 parce qu'il y a peut-être 2h où il peut faire un peu de sport,
13:16 où il peut aller essayer de marcher dans une cellule
13:18 qui est un tout petit peu plus grande,
13:20 et dans laquelle on voit à peine le ciel,
13:21 parce qu'il y a trop de barbelés,
13:22 parce qu'il y a trop de choses.
13:24 Et en plus, on a quelqu'un qui nous regarde,
13:27 dans tous nos moments,
13:29 même dans nos moments les plus intimes.
13:31 Voilà, donc on se douche,
13:34 on dort, on va aux toilettes,
13:37 ce que vous voulez, on est filmé.
13:39 Et alors, ce film c'était pour quoi ?
13:41 C'était pour qu'il arrive vivant à son procès.
13:44 Et pas tellement parce qu'on tenait particulièrement
13:46 à la vie de Salah Abdeslam en tant que tel,
13:49 mais parce qu'on voulait avoir,
13:52 on voulait que le survivant survive,
13:54 jusqu'à l'audience.
13:56 Et qu'il aurait peut-être eu toutes les raisons
13:59 de vouloir mettre fin à ses jours,
14:01 et qu'il fallait surtout éviter ce genre de choses
14:04 pour avoir quelqu'un à se mettre sous la dent au procès.
14:07 Je pense que la manière dont on l'a traité a influé
14:10 sur la manière dont il s'est comporté
14:13 au cours de l'instruction et au procès.
14:15 J'en suis persuadée.
14:17 Dès cette première journée d'audience,
14:21 Olivia Ronen comprend que rien ne va être facile.
14:23 Malgré les promesses du président,
14:25 elle a le sentiment qu'elle va devoir se battre
14:27 pour faire respecter les droits de la défense,
14:29 les droits de son client.
14:31 Et peut-être plus encore parce qu'elle est une femme.
14:33 On a pu, par exemple, me dire
14:35 de parler un peu différemment aux témoins.
14:38 On a pu aussi, notamment dans la presse,
14:41 me qualifier d'insolente.
14:44 Là où d'autres confrères du même âge,
14:47 mais des confrères hommes,
14:49 eux étaient qualifiés de frondeurs,
14:52 talentueux, éloquents, etc.
14:54 Et c'est vrai que ça, c'est quelque chose
14:56 qui m'a marquée.
14:58 Parce que je n'ai pas rencontré
15:00 de difficultés particulières en tant que femme
15:02 dans l'exercice de mon métier depuis que j'ai le barreau.
15:04 Mais il est vrai que dans ce procès,
15:06 on a quand même pu voir qu'il y avait
15:08 certains clichés qui pouvaient perdurer,
15:11 ou qu'il y avait en tout cas des différences de traitement.
15:14 Il y a une différence de traitement.
15:16 Les premiers jours d'audience sont consacrés
15:18 à des questions de procédure.
15:20 Dans un procès classique, on s'intéresse ensuite
15:22 aux accusés, à leur personnalité,
15:24 leur parcours de vie.
15:26 Car après tout, ce sont eux qui sont jugés
15:28 et qui risquent d'être condamnés.
15:30 Mais vous l'avez compris, V13 n'est pas un procès normal.
15:33 Ce sont d'abord les victimes qui vont être entendues.
15:36 Leurs auditions vont durer cinq semaines.
15:39 Vous venez d'écouter Le Terroriste,
15:41 un podcast européen produit par Europe 1 Studio.
15:44 Réalisation, Christophe Daviau avec Clément Ibrahim.
15:47 Production, Fanny Rascal avec Camille Bichler.
15:50 Diffusion et rédaction, Lisa Soster.
15:53 Musique originale, Sandy Lavallart, The Supervision.
15:57 Je vous retrouve très vite pour l'épisode 5
16:00 des carnets pleins de larmes.
16:02 Le plus souvent, je m'empêche de pleurer.
16:05 Et ça n'arrive quasiment pas.
16:07 Une fois avec Gaëlle, parce que je suis fatiguée,
16:10 parce que je sens que c'est un trop-plein
16:12 et que je n'arrive plus trop à gérer.
16:14 On a attendu énormément de témoignages.
16:17 À ce moment-là, on doit être à 3-4 semaines de témoignages.
16:20 C'est très très long, très très dur.
16:22 Que celui-là me touche particulièrement.
16:24 Après, je ne m'écroule pas, je ne m'effondre pas.
16:28 Par contre, des larmes coulent.
16:30 Le Terroriste est disponible sur toutes les plateformes,
16:33 ainsi que sur le site et l'application Europe 1.
16:35 Si vous avez aimé, je vous laisse en parler autour de vous,
16:37 à vos amis, à vos collègues, à vos proches.
16:40 Et vous pouvez cliquer pour vous abonner
16:42 et être averti dès qu'il y a un nouvel épisode.
16:44 C'est gratuit.
16:45 Je vous dis à bientôt.
16:47 [Musique]

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