Fin des soldes : quel bilan ? Écoutez l'interview de Yohan Petiot, directeur général de l'Alliance du commerce.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin du 06 février 2024 avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin du 06 février 2024 avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau.
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00:02 RTL
00:06 Les trois questions du petit matin.
00:08 Et l'invité d'RTL ce matin est Johan Pethieu, directeur général de l'Alliance du commerce. Bonjour monsieur.
00:13 Bonjour.
00:16 Merci d'être avec nous sur RTL. Donc vous représentez à la fois les grandes marques, les grands magasins également, comme Galerie Lafayette ou
00:24 le Printemps pour ne citer qu'eux. On fait le bilan des soldes avec vous. C'est le dernier jour aujourd'hui. Quel bilan
00:30 vous faites ? Qu'est-ce qu'on vous remonte de vos enseignes cette année ?
00:34 Alors il est un peu tôt pour tirer encore le bilan final. Vous l'avez dit, les soldes se terminent aujourd'hui.
00:41 Mais au terme des trois premières semaines, nous avions un recul de l'activité de l'ordre de 6% par rapport à l'année dernière.
00:49 On révèle des chiffres RTL ce matin, c'est-à-dire que le nombre de transactions reste
00:55 équivalent, voire en légère hausse. Ce serait le panier moyen,
00:58 c'est-à-dire la facture qui diminuerait. Est-ce que vous voyez aussi ce phénomène dans vos enseignes ?
01:03 Non. Alors par rapport à l'année dernière, ce qu'on observe, c'est qu'en
01:11 2023, nous avons eu une baisse d'activité. Nous n'avons pas retrouvé le niveau d'activité de 2022 et encore moins le niveau d'activité de
01:18 2019. Et la tendance se confirme sur cette période de soldes.
01:22 La principale caractéristique, c'est une baisse de la fréquentation de nos magasins. Nous avons sur cette période de soldes
01:28 perdu 7% de trafic. Sur 2023, c'est un client sur cinq que nous n'avons pas retrouvé par rapport à 2019.
01:36 Donc ce que l'on observe, c'est surtout une baisse de trafic en magasins. Mais à l'inverse, nous avons un panier moyen qui augmente lui
01:44 légèrement du fait de l'inflation et d'une légère hausse du taux de transformation. Quand les clients viennent en magasin,
01:51 ils ont tendance à plus acheter qu'avant.
01:53 Comment vous l'expliquez cette baisse de fréquentation et le fait qu'on ne retrouve pas les niveaux de 2019 ?
01:59 C'est un changement de consommation profond depuis la crise sanitaire. D'abord, la montée en puissance de l'e-commerce
02:08 qui depuis la crise n'a fait qu'augmenter.
02:12 Les clients achètent de plus en plus sur internet. Ils viennent de moins en moins en magasin.
02:18 Du fait de la crise sanitaire, on a
02:20 transformé nos comportements d'achat. On prépare davantage la venue en magasin. Mais lorsqu'on vient en magasin, on a tendance à plus acheter.
02:27 Le secteur du textile est en crise. Est-ce que cela se traduit
02:32 le phénomène que vous nous décrivez ? C'est aussi ça la crise du textile.
02:36 On entend beaucoup parler de marques qui sont aujourd'hui en difficulté. On vient d'évoquer le cas de la marque IKKS qui pourrait fermer des magasins.
02:42 On a beaucoup parlé de Camailleux, de Koukaï, de NafNaf. Qu'est-ce qui se passe en ce moment sur ce secteur du textile ?
02:49 On a un double phénomène. On a un phénomène
02:54 structurel. Ça fait maintenant plus de dix ans que notre marché est sur une tendance baissière, donc avec une baisse de l'activité.
03:01 Et un phénomène conjoncturel
03:03 qui accentue
03:05 cette diminution depuis quelques années. La crise sanitaire et l'inflation depuis maintenant deux ans.
03:10 Comment elle se traduit chez nos clients ? Nos clients nous disent "face à l'inflation, je suis obligé de consommer
03:15 moins ou moins cher dans le secteur de l'habillement".
03:18 Donc on a un marché qui continue de diminuer avec des ventes en seconde main qui augmentent.
03:24 Des vendeurs de vêtements à bas prix et notamment sur des plateformes étrangères qui augmentent elles aussi fortement.
03:31 Mais à l'inverse, les acteurs traditionnels connaissent plutôt une diminution de leur marché et donc des difficultés importantes.
03:37 Le message de moins acheter sur internet pour des raisons notamment écologiques,
03:42 à cause des livraisons, à cause de l'impact carbone d'une livraison quand on passe par internet, le message ne passe pas encore totalement ?
03:50 Vous avez cette impression là ?
03:53 Non, il ne passe pas encore totalement parce que d'abord ça fait partie des nouveaux modes de consommation. Les clients
03:59 apprécient la facilité d'achat sur internet et ça fait partie de notre temps, il faut aussi l'accepter. Et puis on l'a dit, nous sommes dans
04:05 une période inflationniste et le prix reste le principal critère d'achat pour le client. Et donc
04:10 malheureusement, beaucoup d'entre eux font d'abord le choix du prix plus qu'un choix écologique.
04:15 Et Armel Lévy qui est notre spécialiste conso ici à Airtel nous révélait que par exemple les chiffres des ventes de jeux vidéo
04:23 sont en nette hausse et d'une manière générale
04:26 tout ce qui est plaisir, voyage, jeux vidéo, ça augmente.
04:30 Comme si les français économisaient d'un côté pour dépenser sur des choses qui leur font plaisir. Vous le remarquez aussi également.
04:36 Et du coup le textile, l'habillement, c'est moins perçu comme un achat plaisir ?
04:40 Sans doute, vous avez raison. En effet, face à l'inflation, il faut faire des choix. C'est d'abord se nourrir, se chauffer, se loger.
04:48 Et puis ce qui reste, on l'arbitre davantage en fonction du loisir et peut-être que les
04:53 habitudes de consommation, les envies des français sont davantage au voyage lorsqu'ils le peuvent, au cinéma, à la restauration
04:59 aussi beaucoup et peut-être un peu moins à s'habiller. En effet, on le constate depuis quelques années maintenant.
05:04 Merci beaucoup Johan Petiot d'avoir été avec nous ce matin sur Airtel. Je vous souhaite une très bonne journée.
05:08 Et je rappelle que vous êtes directeur général de l'Alliance du commerce. On a fait le bilan alors que c'est le dernier jour des soldes
05:14 aujourd'hui.
05:16 Merci à vous.
05:17 Cette interview est à retrouver sur l'appli RTL.
05:19 PRTL.
05:21 [SILENCE]